Bonnafé Annie. Carlos Miralles et Jaume Portulas, Archilochus and the lambic Poetry. In: L'antiquité classique, Tome 54, 1985.
pp. 316-317;
https://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1985_num_54_1_2165_t1_0316_0000_2
tations symboliques liées aux fêtes carnavalesques du Moyen Âge français ou les
caractéristiques essentielles de certains genres poétiques de la littérature de langue
d'oc.
Le lecteur un peu trop étroitement spécialisé s'en trouvera sans doute dès
l'abord désorienté et peut-être irrité. On peut regretter que les auteurs ne lui aient
pas facilité la tâche en établissant conjointement une bibliographie des travaux très
divers auxquels ils se réfèrent (ceux-ci sont simplement indiqués en notes dans le
corps des chapitres) et, surtout, en tirant des conclusions communes de leurs
puisqu'ils se déclarent d'accord sur toutes les hypothèses qu'ils émettent
séparément dans l'ouvrage.
Portulas dresse d'abord le catalogue des traits qui rapprochent du trickster
mythique (et plus particulièrement, en ce qui concerne le domaine grec, d'Hermès
tel qu'il apparaît dans l'hymne homérique qui lui est consacré) le personnage et
le rôle qu'Archiloque et Hipponax paraissent s'attribuer dans les fragments de
leurs uvres dont nous disposons (ch. I : The iambic poet as a trickster). Malgré
l'absence regrettable d'une ligne de démonstration véritablement ferme et de
explicites, le rapprochement, s'il n'est pas absolument inédit, ne manque
pas d'intérêt. Il apporte en outre certains arguments à l'appui de la thèse déjà
établie de l'aspect «représentatif et non biographique» (Miralles p. 157) du
«je» d'Archiloque et, plus généralement, du «je» de la poésie archaïque. L'étude
suivante (ch. II Miralles : The iambic poet as a wolf) va dans le même sens, ainsi
que l'intéressante interprétation de l'épode de Cologne proposée dans le dernier
chapitre (ch. V Miralles : Archilochus and the young girl from Paros). Dans les
III et IV (III : Miralles : The inscription of Mnesiepes and Archilochus' poetic
initiation ; IV Portulas : The fight of Hermes and Apollo for the lyre), les auteurs
s'appuient sur une comparaison entre l'inscription relatant la rencontre
avec les Muses, l'histoire de Thamyris (77. 2.594-600), le prélude de la
et le premier hymne homérique à Hermès pour essayer de définir le domaine
poétique réservé à l'origine au dieu-trickster et aux poètes iambiques (domaine lié
aux fêtes paysannes organisées dans le cadre du culte de certaines divinités de la
fécondité) ainsi que la manière dont Apollon et les Muses apolliniennes ont pu se
substituer peu à peu à ces divinités et à Hermès pour, finalement, les évincer.
Tout n'est pas également convaincant dans les hypothèses émises, malgré l'intérêt
que présentait par elle-même cette tentative.
Annie Bonnafé.