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S94 Abstract / La Revue de médecine interne 31S (2010) S84–S193

Discussion.– Nous avons recensé six cas de SGS primitif après CA027
exposition à la silice dans la littérature (en plus de nos deux Gougerot-Sjögren, sarcoïdose ou les deux ? Intérêt
observations). La physiopathologie n’est pas clairement définie.
du phénotypage lymphocytaire sur la biopsie des
Les mécanismes pouvant favoriser l’auto-immunité sont la rup-
ture de la tolérance du système immunitaire par les particules de glandes salivaires
silice qui jouent un rôle d’adjuvant (superantigène), des anoma- H. Savini a , B. Coulibaly b , G. Thomas a , B. Matta a , A. Brescianini a ,
lies d’apoptose mais aussi la lymphopénie. L’atteinte silicotique J.-M. Cournac c , R. Jean a , J.-R. Harle a , J.-M. Durand a , L. Chiche d
a Service de médecine interne, hôpital de la Conception, Marseille,
précède le SGS dans 100 % des cas avec un délai de survenue
variable. Sur le plan clinique, ils ne répondent pas tous aux critères France
b Service d’anatomo-pathologie, CHU la Timone, Marseille, France
consensuels européens de 2002. Nous retrouvons fréquemment c Service de médecine interne, CHI Toulon–La Seyne-sur-Mer, Toulon,
des manifestations systémiques extra-glandulaires comme des
atteintes neurologiques ou articulaires (60 % des cas). Il est parfois France
d Service de médecine interne et maladies systémiques, hôpital de la
difficile de différencier les manifestations pulmonaires du SGS et
de la silicose. Conception, Marseille, France
Conclusion.– Nous rapportons deux observations associant un SGS Introduction.– Bien que la sarcoïdose soit classiquement un cri-
primitif et une silicose pulmonaire. La fréquence des connecti- tère d’exclusion du syndrome de Gougerot-Sjögren, plusieurs cas
vites et perturbations immunologiques après l’exposition à la silice d’authentiques associations entre ces deux pathologies ont été rap-
renforce l’hypothèse d’une corrélation étroite entre ces deux patho- portés [1,2]. Nous rapportons l’observation d’un patient suivi pour
logies. une sarcoïdose chez lequel le typage lymphocytaire sur biopsie des
Pour en savoir plus glandes salivaires a contribué au diagnostic de Gougerot-Sjögren.
[1] Puisieux F, et al. Rev Med Interne 1994;15:575–9. Patients et méthodes.– Un homme de 71 ans, aux antécédents de
[2] Sanchez Roman J, et al. Ann Rheum Dis 1993;52:534–8. sarcoïdose pulmonaire et ganglionnaire diagnostiquée à l’âge de
doi:10.1016/j.revmed.2010.03.110 36 ans (histologie ganglionnaire), était exploré pour une paroti-
dite bilatérale récidivante et douloureuse, ayant débuté quelques
années auparavant. Il existait une xérophtalmie modérée sans
xérostomie associée ainsi qu’un antécédent de bloc auriculo-
CA026 ventriculaire ayant nécessité la pose d’un pacemaker. Une nouvelle
évaluation de l’activité de sa sarcoïdose était non informative
Manifestations pulmonaires au cours du en dehors de la présence d’anticorps anti-nucléaires positive au
syndrome de Gougerot-Sjögren 1/400 sans spécificité (présents au 1/150e huit ans auparavant) et
F. Ajili , S. Bellakhal , A. Mersni , N. Ben Abdelhafidh , I. Gharsallah , d’une cryoglubulinémie mixte oligoclonale sans consommation du
L. Metoui , J. Laabidi , R. Battikh , F. Msadek , B. Louzir , S. Othméni complément et avec un facteur rhumatoïde à peine positif. La biop-
Service de médecine interne, hôpital militaire principal d’instruction, sie salivaire montrait des remaniements non spécifiques. Les autres
Tunis, Tunisie causes de parotidite bilatérale étant écartée, cette nouvelle atteinte
était reliée à la sarcoïdose. L’évolution était cependant défavorable
Introduction.– Le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS) est une
malgré une corticothérapie à 1 mg/kg (rapidement baissée devant
affection auto-immune caractérisée par une infiltration lympho-
l’apparition d’un zona), l’adjonction d’antipaludéens de synthèse
cytaire des glandes exocrines. L’existence d’atteintes viscérales lui
puis de méthotrexate (15 mg/semaine).
confère un caractère systémique. Parmi ces atteintes, l’atteinte pul-
Observation.– Avant d’initier un traitement par anti-TNF, une biop-
monaire occupe une place importante.
sie parotidienne était réalisée révélant l’absence de granulome et
Patients et méthodes.– Vingt patients ayant un SGS et répondant aux
un infiltrat lymphocytaire péri-canalaire (stade III de Chisholm). Le
critères européens ont été inclus.
phénotypage des lymphocytes sur biopsie montrait une majorité
Résultats.– L’atteinte pulmonaire était retrouvée chez 5/20 patients
de lymphocytes TCD4+. Le diagnostic de syndrome de Gougerot-
(25 %) : 4 femmes et 1 homme.
Sjögren était retenu et un traitement par rituximab était proposé
Le SGS était primitif dans 4/5 cas (80 %) et secondaire dans 1/5 cas
au patient.
(20 %). L’âge moyen était de 50,8 ans. Les principales manifesta-
Discussion.– La prévalence de la sarcoïdose chez les patients atteints
tions cliniques étaient la toux chez 3/5 patients (60 %) et la dyspnée
de syndrome de Gougerot-Sjögren primitif est de l’ordre de 1 %
d’effort chez 4/5 patients (80 %).
[1,2]. Dans la moitié des cas, la sarcoïdose précède le diagnostic
La radiographie du thorax a objectivé un syndrome interstitiel
de syndrome de Gougerot-Sjögren primitif d’un délai médian de
dans 4/5 cas (80 %). Les explorations fonctionnelles respiratoires
huit ans. La présentation clinique est celle d’un syndrome sec (90 à
ont montré un syndrome restrictif chez un patient et un syndrome
100 % des cas) et d’une parotidomégalie (32 % des cas). Les anticorps
mixte chez un autre patient.
anti-nucléaires sont présents dans 79 % des cas et leur présence
Le scanner thoracique a révélé une atteinte interstitielle chez
face à un tableau évocateur de sarcoïdose doit faire rediscuter ce
3/5 patients (60 %), une atteinte parenchymateuse chez un
diagnostic [2]. Finalement, la difficulté diagnostique est accentuée
patient (20 %) et une atteinte bronchiolaire chez un patient
par la coexistence possible de ces deux pathologies qui possèdent
(20 %).
des similitudes cliniques. En cas d’absence de lésions spécifiques, le
Tous nos patients ont été mis sous Hydroxychloroquine® et
phénotypage des lymphocytes des glandes salivaires constituerait
corticothérapie orale. Une seule patiente a reçu en plus un immuno-
un élément d’orientation supplémentaire, les lymphocytes étant
suppresseur. Après un suivi moyen de 43,6 mois, 4 patients étaient
majoritairement de type TCD8+ et TCD4+ respectivement dans la
stables et une patiente était décédée dans un tableau de tampon-
sarcoïdose et le syndrome de Sjögren [1].
nade.
Conclusion.– Sarcoïdose et Gougerot-Sjögren peuvent être diagnos-
Conclusion.– L’atteinte pulmonaire doit être systématiquement
tiquées chez un même patient. Le phénotypage lymphocytaire sur
recherchée dans l’évaluation du SGS. Dans notre série cette atteinte
biopsie de glande salivaire pourrait être une aide au diagnostic
est présente chez près de 25 % des patients, elle est le plus souvent
différentiel de ces deux pathologies.
interstitielle. La stratégie thérapeutique au cours des manifesta-
Références
tions pulmonaires repose sur la corticothérapie associée ou non
[1] Gal I, et al. J Rheumatol 2000;27:2507–10.
aux immunosuppresseurs.
[2] Ramos-Casals M, et al. Medicine 2004;83:85–95.
doi:10.1016/j.revmed.2010.03.111
doi:10.1016/j.revmed.2010.03.112

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