NOUVELLE PEUGEOT 308

AUGMENTED TECHNOLOGY *

REPRISE ARGUS®
+ 3 600 € (1)

NOUVELLE BOÎTE AUTOMATIQUE 8 RAPPORTS**

NAVIGATION 3D CONNECTÉE ET PEUGEOT CONNECT**

AIDES À LA CONDUITE DERNIÈRE GÉNÉRATION**

* TECHNOLOGIE AUGMENTÉE. ** DE SÉRIE OU OPTION SELON FINITION.

(1) Soit 3 600 €, ajoutés à la valeur de reprise de votre véhicule, d’une puissance réelle inférieure ou égale à celle du véhicule neuf acheté. La valeur de reprise est calculée en fonction du
cours de l’Argus® du jour de la reprise, applicable à la version du véhicule repris, ou le cas échéant à la moyenne du cours des versions les plus proches de celui-ci, ledit cours ou ladite
moyenne étant ajusté en fonction du kilométrage, des éventuels frais de remise en état standard et déduction faite d’un abattement de 15 % pour frais et charges professionnels. Offre
non cumulable, réservée aux particuliers, valable pour toute commande d’une Nouvelle 308, neuve et en stock, hors Acces et Active commandée avant le 31/03/2018 et livrée le mois
de la commande dans le réseau PEUGEOT participant. Offre non valable pour les véhicules au prix Peugeot Webstore.

Consommation mixte (en l/100 km) : de 3,1 à 6. Émissions de CO2 (en g/km) : de 85 à 134.
 L’ÉDITO DONT VOUS ÊTES LE HÉROS

1. Ce mois-ci,
c’est vous la star
du magazine

2. Collez 3. Ecrivez votre

votre photo ici propre édito
Faites-vous
mousser (voir notre
dossier p. 54)

4. Postez votre
texte sur les
réseaux sociaux
et récoltez les
fruits de votre
nouvelle notoriété�!

L’ACTU DE MANAGEMENT : FORMEZ-VOUS EN LIGNE AU MANAGEMENT 3.0

A vec les nouvelles

générations, les attentes
des salariés évoluent. Et le
management aussi�! Si vous
(ou votre boss) avez du mal à
déléguer, pensez à Bill Gates,
qui disait�: «Dans l’avenir,
les leaders seront ceux qui
savent donner le pouvoir aux
autres.» Plus concrètement,
le nouveau cours conçu par
l’équipe du magazine pour
la plateforme d’e-learning
Coorpacademy vous explique
(ainsi qu’à votre boss�!)
le pourquoi et le comment
du management 3.0. Au menu
de cette formation en ligne
d’une dizaine de chapitres�:
tout sur les fondements du
management agile et sur les
nouveaux rôles du manager.
Vous apprendrez aussi à
construire des équipes
performantes et créatives.
www.coorpacademy.com

MARS 2018 3

Pour faire parler de vous... soyez vous�!
C
onnaissez-vous l’histoire de la première publicité
sur Internet ? Le 27 octobre 1994, le magazine amé-
ricain Wired, consacré aux nouvelles technologies,
et donc nécessairement pionnier en la matière, inau-
gure son site. Wired vit alors en grande partie de la publicité
et l’accès à son site est gratuit. Ces concepteurs ont donc logi-
quement l’idée de proposer à des marques de payer pour
s’afficher en ligne. Un espace est créé, sous la forme d’une
bannière en haut de la page Web, et plusieurs marques sont
sollicitées pour l’acheter.
Première société à répondre favorablement : l’opérateur de
télécoms américain AT&T. A l’époque, on n’a aucune idée de
la cible potentielle de cette publicité ni de l’impact qu’elle
pourrait avoir. Il n’existe alors aucun cookie capable de retra-
cer l’origine des internautes, aucun data à recueillir, aucune
mesure d’audience. Pourtant, les commerciaux réussissent à
vendre la bannière pour un mois au même prix qu’une pleine
page de publicité dans le magazine papier, soit 30 000 dol-
lars. Avec un argument plutôt efficace pour convaincre les
annonceurs : «Nous leur avons suggéré d’investir sur le site,
pour qu’ils puissent dire “Hey ! je suis intelligent et je pense
au futur”, relatait récemment Andrew Anker, qui dirigea le
site de 1994 à 1998. Nous ne leur avions pas garanti un
QUE FAISAIT LA RÉDACTION CE MOIS-CI�?
PHOTOS�: DR, FRANK SÉRAC,
JAMES LEYNSE/RÉA
En visite chez Google, Sébastien Pierrot
s’est fait une nouvelle amie...
MARS 2018
ÉDITO
LÉA CRESPI
Lomig Guillo
rédacteur en chef
@lomigg
nombre de visiteurs, poursuivait-il. Nous leur avons simple-
ment expliqué que ces publicités n’allaient pas seulement être
vues par les internautes et qu’elles allaient surtout intéresser
la presse.» Et, effectivement, de nombreux journaux, comme
le New York Times, en ont parlé.
En tout, 14 sociétés acceptent de payer pour être sur le site,
dont le constructeur Volvo et le Club Med ! Et, au final, 44%
des internautes cliquent sur cette première campagne. Un
score largement au-dessus de la moyenne des publicités en
ligne actuelles (le taux de clics moyen était de 0,1% en 2017
pour une bannière en haut de page d’un site).
Cet exemple illustre on ne peut mieux l’une des principales
vérités à connaître lorsqu’on cherche à faire parler de soi,
thème de notre dossier : quoi qu’on fasse, il est capital d’être le
premier. Attention, cela ne signifie pas nécessairement inno-
ver à tout prix. Mais être original, adopter une posture diffé-
rente, rompre avec la grisaille ambiante. En somme, se démar-
quer pour se faire remarquer. Sans tricher ni jouer un rôle.
C’est la seconde vérité : une communication réussie passe par
la sincérité et l’authenticité. Soyez original, tout en restant
vous-même. Et n’oubliez pas, comme le rappelle l’un des té-
moins de notre micro-trottoir, cette citation inspirante d’Oscar
Wilde : «Soyez-vous même, les autres sont déjà pris.» •
Hapsatou Sy capte la lumière... Notre reporter Thomas Lestavel
pour mieux la renvoyer vers les autres ! et l’une des stars d’Avenue Q, à Brodway.
5
Geoffroy Schmitt
Associé PWC en charge de
la transformation et de l’innovation
Flex office, nomadisme, e-working, management par objectifs, co-création, plaisir...
Avec le projet « Workplace of the future », le cabinet d’audit et de conseil a opéré
une transformation culturelle globale sur son site de Crystal Park à Neuilly. Rencontre.

Comment est né le projet « Workplace of the

future » ?
Il répond à deux objectifs : une transformation de
notre entreprise pour répondre aux attentes de nos
clients en recherche d’innovation, mais aussi une
transformation pour répondre à une attente de nos
collaborateurs « millennials » qui souhaitent travail-
ler de façon différente.

Concrètement, quelles sont les innovations

que vous avez mises en place ?
Le projet a été co-créé avec 1 500 de nos collabora-
teurs. L’idée était de les écouter pour savoir comment
ils se projetaient dans cette nouvelle façon de travail-
ler. Nous avons aussi organisé des retours d’expé-
rience : chacun pouvait tester les innovations et dire
ce qu’il en pensait. Les cabines pour téléphoner, le
flex office, les salles de réunions high-tech, les cafété-
rias à chaque étage... ont été co-créés puis testés tout
au long du processus de transformation.

Quelles sont les nouvelles façons de travailler ?

C’est casser les barrières, travailler d’où l’on veut et
quand on le souhaite : chez PWC, nous avons du wifi
partout. On peut être à la cafétéria, dans un bureau,
chez soi, chez un client... les nouveaux outils à dis-
position permettent ce nomadisme qui améliore la
Par exemple, on a des floor services à chaque étage,
un digit hall au rez-de-chaussée pour régler ses pro-
blèmes informatiques, et nous lançons un chatbot
pour qu’en dehors des heures d’ouverture, chacun
puisse avoir accès à l’information : notes de frais, bil-

1500
qualité de vie de chacun. On est passés d’un manage- lets de train, jours de congé... tout doit être premium
ment par la présence à un management par objectifs et facile !
qui valorise les gens.
Pourquoi avoir apporté un tel soin à vos es-
Comment traitez-vous les points de COLLABORATEURS paces cafétérias ?
blocage qui pourraient persister ? ONT ÉTÉ IMPLIQUÉS Historiquement, on allait à la machine à café, on
On est à l’écoute pour apporter des solutions qui DANS « WORKPLACE prenait un café et on s’enfermait dans un bureau
marchent et faciliter la vie de nos collaborateurs. pour passer un coup de fil. C’est fini ! Nos cafétérias
OF THE FUTURE »

COMMUNIQUÉ
 En partenariat avec

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robustesse et facilité
d’utilisation des machines,
suivi commercial dédié sont
autant de bénéfices qui
séduisent les entreprises et
professionnels de l’hôtellerie-
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2

sont chaleureuses, conviviales, comme à la maison, LA QUALITÉ

Qu’est-ce qui vous séduit dans votre D’UN CAFÉ DURABLE
avec une grande table en bois style campagne. Notre partenariat avec Nespresso Professionnel ? Pour garantir un café
vision : c’est dans ce genre d’espaces que l’on partage Comme pour nos locaux, nous avons eu cette d’exception, Nespresso
des idées et que l’on crée de l’innovation. démarche de co-création avec nos collaborateurs s’engage à pérenniser la très
haute qualité des cafés verts
pour nos cafés. Nespresso Professionnel a été
nécessaires à la création
C’est dans cet esprit « easy premium » que vous plébiscité pour son image premium, la diversité des des cafés, tout en préservant
avez conçu votre nouvel espace client ? produits et la qualité des services. C’est ce que l’on l’environnement et en
Oui, nous souhaitions un accueil cinq étoiles pour recherche : du premium qui marche ! Nous avons améliorant les conditions de
nos clients. Feutré mais convivial, avec à disposition décidé d’étendre notre partenariat avec Nespres- vie des caféiculteurs.
une salle d’immersion, des machines à café, des so Professionnel en implémentant de nouveaux 3
réfrigérateurs... Ce qui est important, c’est que tout services, dans un esprit de co-création ! DES SERVICES SUR-MESURE
fonctionne et soit facile. C’est la clé de l’efficacité ! Aménagement d’espaces
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capsules usagées, service
client disponible 7 jours/7,
commande récurrente,
cagnotte en ligne et
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dédié pour faciliter la gestion
au quotidien.

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 SOMMAIRE
MARS 2018 N°261 management.fr

5 I ÉDITO
10 I À VOUS

L’ESSENTIEL
DU MOIS
Les infos à picorer avant
BUSINESS
qu’elles ne s’évaporent 22 I LE PATRON DU MOIS Nicolas Loufrani, le boss de The Smiley Company, a le sourire

PHOTO DE COUVERTURE�: ED ALCOCK POUR MANAGEMENT. HAPSATOU SY A ÉTÉ MAQUILLÉE ET COIFFÉE AVEC LES PRODUITS HAPSATOU SY – SOMMAIRE�: S. CURTY�/�LA GRANDE TERRASSE, GOOGLE, B. DECOUT�/�RÉA POUR MANAGEMENT.
12 I L’actu 28 I REPORTAGE Dans l’usine du futur, on fabrique les moteurs d’avion de demain
Aux États-Unis, 34 I AVENIR Ces start-up qui hackent le marché de la cybersécurité
22 milliards partiront
en fumette… 38 I LA STAR-UP DU MOIS Le Collectionist, ou Airbnb version palace

14 I Les indicateurs 39 I MA DEUXIÈME VIE Soizic transforme en bonbons des fruits invendus
Au boulot, les salariés 40 I SAGA Les boules Quies, une entreprise qui roule
parlent… boulot�! 43 I PROBLÈME-SOLUTION Fnac-Darty�: mettre de la passion dans un mariage de raison
15 I L’observatoire 46 I LES PAGES DU CRÉATEUR Spaces, le nouveau coworking mis en orbite par Regus
du management
Le design thinking, 48 I L’EFFET MACRON Ces entrepreneurs qui reviennent en France…
vous connaissez�? 52 I INSPIREZ-VOUS Regardez des films en 3D depuis votre canapé
16 I Mon boss 53 I MA (VRAIE VIE) D’ENTREPRENEUSE Le client est roi�? C’est vite dit�!
sur Internet
Mark Zuckerberg,

WORK
bâtisseur de mur
18 I Conseils
d’un vieux guerrier
Zapper les pots 72 I REPORTAGE Total fait le plein de digital
au boulot peut nuire 76 I LE DÉCISIOMÈTRE Ne remettez pas la lecture de cette page à demain
à votre carrière
77 I LA BIBLIOTHÈQUE DU MANAGER Pour durer, inspirez-vous de la reine Elizabeth
19 I Ma vie au bureau
78 I ENTRETIEN Et si vous deveniez majordome… chez Google�?
Côté équipements,
on a tout ski vous faut 80 I MA VIE DANS L’OPEN SPACE Pourquoi, même malade, s’obstine-t-on à bosser�?
81 I TRAVAIL SOLIDAIRE L’association qui veut réconcilier les femmes et la science
L E D O S S I E R P. �54 82 I LES GRANDS MANAGERS DE L’HISTOIRE Henri IV, un leader rassembleur
85 I SOYONS PHILOSOPHES Cessons de tergiverser (enfin, peut-être…)

Moi�? Ce sont 86 I VU DE L’ÉTRANGER En Corée, l’after work se doit d’être bien arrosé

les autres 87 I
88 I
UN AVOCAT VOUS RÉPOND A quoi sert le comité social et économique�?
MICRO-TROTTOIR La rencontre pro qui a changé ma vie
qui en parlent 90 I REPORTAGE Dans les coulisses de la comédie musicale culte Avenue Q
le mieux 94 I LE LEADERSHIP DES ANTIHÉROS Vous voulez le pouvoir�? Planifiez sa conquête�!
Nos conseils pour 95 I LE JARGONAUTE Coconstruisons cette rubrique
faire sa pub, réussir
sa com, devenir
populaire… Et le rester.
AFTER WORK
100 I THE PLACE TO BIZ Le JFD Club, un club privé pour femmes connectées
102 I TOURISME Week-ends tonus pour une remise à niveau du corps et de la tête
107 I AUTO Gros plan sur la berline préférée des puissants
108 I SHOPPING Mieux dormir pour mieux vous réveiller
110 I FORME Soulagez votre dos avec les conseils de notre coach
111 I UNE VILLE, UN EXPAT’ Visite guidée dans Zurich la secrète
112 I STYLE Le chic à la française, oui, mais made in France
114 I PENSE-PAS-BÊTE Un festival de filles… et de bonnes idées pour sortir
116 I MANAGEZ VOTRE VIE Faites passer un entretien d’évaluation à votre moitié
68 I Hapsatou Sy, pro 117 I À MÉDITER�! We Work, le coworking convivial
du personal branding
118 I L’OPEN SPACE DES ÉMOTIONS Ce mois-ci David Abiker voit (son) double

8 MARS 2018
 très reposant...
102 I Cet écran diffuse
un programme vraiment

ABONNEZ-VOUS PAGE 33
au vert�! Pour l’instant…
dans ce data center,
34 I Cybersécurité�:
tous les indicateurs sont

LE PROCHAIN NUMÉRO PARAÎTRA LE 15 MARS 2018

de la haute couture�!
d’avion, c’est
l’habillage des moteurs
28 I Chez Safran,

9
Ce numéro comporte 1 encart régional 4 pages Chridami sur Paris RP (kiosques + abonnés Paris IDF) broché entre les pages 42 et 43, 1 encart national 8 pages SCP broché entre les pages 106 et 107,
un Welcome Pack et un tout-en-un abonnement sur une sélection d’abonnés, 1 carte jetée abonnement kiosques France, 1 carte jetée abonnement kiosques Belgique, 1 carte jetée abonnement kiosques Suisse.
 À VOUS
RÉAGISSEZ EN DIRECT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
�Facebook�: /MagazineManagement - �Twitter�: @ManagementMag
ÇA ÉCHANGE SUR TWITTER
EN VIDÉO Découvrez
les coulisses d’une entreprise
libérée avec David Layani,
PDG de Onepoint.
ÇA COMMENTE SUR LINKEDIN…
A propos de la chronique de David Abiker sur «l’envie»
Olivier Bay�: L’inspiration et l’envie
d’avoir envie sont partout où l’on veut
(ou peut) bien les voir… J’aime l’idée
que chacune de nos rencontres soit
des «co-naissances», et que dans ce jeu
de miroir naisse l’envie d’en savoir
plus sur l’autre et sur soi. Si tel est le cas,
alors on devrait «se donner envie».
Véronique Sharayri�: Un article très
inspirant, qui reflète mon ressenti. C’est
pour cette raison que j’ai fait le tour des
séminaires. Je suis plutôt dans les
actions de tous les jours qui font effet
boule de neige par leur simplicité. Merci.
@MarineJouet : Un peu de lecture
pour les prochaines heures�:
@ManagementMag avec en couverture
@DavidLayani, patron de @onepoint,
pour les nouvelles façons de travailler.
#Livepoint, dossier que je vais lire avec
beaucoup d’attention. Sujet passionnant�:
#innovation #futureofwork
@ClaireGoussard : Au vu des chiffres
de l’absentéisme publiés dans
@ManagementMag, il y a encore du
boulot côté qualité de vie au travail
#QVT ! #absenteisme #happyatwork
@FABREMatthieu : Derrière un salarié
en arrêt maladie, il y a systématiquement
un professionnel de santé qui est
rémunéré pour poser un diagnostic.
Un salarié, lui, n’a jamais la possibilité
de «se mettre en maladie»…
@ClaireGoussard : Notons surtout
qu’aujourd’hui le mal-être du salarié au
travail peut peser lourd dans l’activité
d’une entreprise.
besoin de personnalités qui savent
mobiliser le meilleur en chacun de nous
(intelligence et éthique) afin de
continuer à avancer, coûte que coûte
et quelles que soient les difficultés
rencontrées. Pour rendre l’avenir
acceptable, voire désirable, les
personnalités inspirantes croient autant
dans le potentiel intellectuel et
scientifique de chaque individu que dans
la bienveillance et l’altruisme dont l’être
humain est capable.
RÉDACTION
13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers CEDEX.
Tél.�: 01�73�05�45�45. Fax�: 01�47�92�66�85.
Pour joindre votre correspondant, composez le 01 73 05
puis les quatre chiffres figurant entre parenthèses après son nom.
Pour lui envoyer un e-mail, tapez la (ou les) première(s) lettre(s)
de son prénom, son nom et @prismamedia.com.
Rédacteur en chef�:
Lomig Guillo (48 98).
Directeur artistique�:
Frank Sérac (45 93).
Rédaction�: Francis Lecompte (48 46), chef de service,
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Photo�: Claudia Zels (48 16), chef de rubrique.
Secrétariat de rédaction�: Jean-Pascal Comte (48 15),
premier secrétaire de rédaction.
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Comptabilité�: Franck Lemire (45 36).
Fabrication�: Eric Zuddas (49 51), Jean-Bernard Domin (49 50).
Ont collaboré à ce numéro�: Véronique Fuvel, Bernard Redureau ,
Hélène Sonsino, Christine Tambourin, Peggy Tardrew (secrétariat de
rédaction), Véronique Danis, Claire Durovray, Françoise Hérold (révision),
Marie Dethire, Claire Doyhénart (rédactrices graphistes).
PUBLICITÉ
13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers CEDEX.
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MARKETING ET DIFFUSION
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Provenance du papier�: Autriche
Taux de fibres recyclées�: 11%
Eutrophisation�: Ptot 0,007 kg/To de papier
© PrismaMedia 2018. Dépôt légal�: janvier 2018.
Diffusion�: Presstalis - ISSN�: 1627-4792. Date de création�: mars 1995.
Commission paritaire�: 1019 K 85861.

Stanislas Tison�: Ceux qui m’inspirent

En quête
sont ceux qui croient encore qu’il peut d’inspiration, 13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers CEDEX.
advenir quelque chose de bon de cette David Abiker Tél.�: 01�73�05�45�45. Internet�: www.prismamedia.com
considérable et inédite transformation rencontre Société en nom collectif au capital de 3�000�000 d’euros ayant pour gérant Gruner
le moine
DR/ABIKER

(technologique, économique et und Jahr Communication GmbH. Ses trois principaux associés sont�: Média Commu-
bouddhiste nication SAS, Gruner und Jahr Communication GmbH et France Constanze-Verlag
anthropologique) du monde, à laquelle Matthieu GmbH & Co. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des
s’ajoute le défi climatique. Nous avons Ricard. textes ou des photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même
partielle, de tout matériel publié dans le magazine est strictement interdite.

ÇA S’ENTRAIDE SUR FACEBOOK

Céline�: Serait-il possible
d’avoir des conseils ou
des solutions sur la meilleure
façon de gérer un manager
toxique�? Ou sur la manière
de gérer un manager qui ne
manage pas�? L’ėliminer
ne peut pas être une fin en soi,
mais comment réussir à
l’ėcarter et à le contourner
sans nuire à sa motivation�?
Laurence�: Je vous conseille Mon boss est nul, mais
je le soigne, de Gaël Chatelain, un livre qui cartonne.
Je crois que l’unique solution face à une personne
toxique est de s’en éloigner pour se protéger. Si
cela n’est pas envisageable, il faut se recentrer sur
ses valeurs, ses priorités et prendre du recul. La
force de ces tyrans est de toucher à l’intégrité des
collaborateurs les plus sensibles. A ces derniers de
trouver comment faire de leur sensibilité une force,
pour leur propre (sur)vie. Devenir un des «guerriers
de la lumière» chers à Paulo Coelho�? Bon courage.
POUR S’ABONNER ET COMMANDER DES NUMÉROS
Par courrier. Service abonnements. Management. 62066 Arras Cedex 9
Par téléphone. France métropolitaine.
Abonnements et anciens numéros : prismashop.management.fr
www.management.fr (magazine)
Pour un abonnement d’un an/11 numéros FRANCE MÉTROPOLITAINE : 55�€
AUTRES PAYS et DOM-TOM�: nous consulter par téléphone au 00 33 1 70 99 29 52
Pour un abonnement d’un an Management + 4 Hors-Séries /15 numéros
FRANCE MÉTROPOLITAINE : 79,90 €

10 MARS 2018
 12/2017 – Édité par Crédit Agricole S.A., agréé en tant qu’établissement de crédit – Siège social : 12, place des États-Unis, 92127 Montrouge Cedex – Capital social : 8 538 313 578 € – 784 608 416 RCS Nanterre.
Les héritiers
ont bien changé.

Les temps changent, ce que l’on attend d’une banque privée aussi.
On ne la choisit plus simplement pour valoriser et transmettre son patrimoine.
On la choisit aussi pour aider et protéger ses enfants à chaque étape de leur vie :
études, 1er logement, projet professionnel…
Renseignez-vous auprès de votre Caisse régionale ou sur credit-agricole.fr/banque-privee
 L’ESSENTIEL
D E L ’A C T U

54%
DES SALARIÉS des entreprises de plus de
500 personnes estiment que leur supérieur
n’est pas choisi en fonction de son aptitude
à décider. Les salariés des TPE ne sont «que»
INCLUSIVE
Ne dites plus économie sociale, solidaire, collaborative,
31% à penser que leur boss est un indécis. participative ou «durable», mais «�inclusive�»�: après l’écriture non
Source�: Baromètre Ifop-MPI Executive. genrée, c’est l’économie qui s’adapte au mot attrape-tout.

En rayon, Blue
Dream, Sour
Diesel et Girl
Scout cookies�:
le top�3
des variétés
de cannabis
cultivées sur
la côte Ouest.

L’ I M AG E

Le g alized ! La Californie devient le plus gros marché légal du cannabis

à usage récréatif, taxé à 15% et estimé à 7 milliards de dollars en 2020.
En 2021, la fumette pèsera 22,6 milliards de dollars dans l’économie américaine.
QUI A DIT�?
LE LOGO

“Mais qu’est-ce TOUPARGEL AMORCE LE DÉGEL

qu’on va faire de tout

Après dix ans d’hibernation, Toupargel sort du
congélateur. Refonte du marketing, lancement
d’une appli mobile et, bien sûr, nouveau logo�:
le livreur de produits surgelés à domicile

cet argent ?” par camions magasins vise l’équilibre d’ici à

2019 grâce au numérique. Toupargel compte
3�500�salariés pour 293 millions d’euros
de chiffre d’affaires et 5,8 millions de pertes.
ÉRIC LARCHEVÊQUE, PATRON DE LEDGER
CARLOS GHOSN, PDG DE RENAULT-NISSAN
TIM COOK, DG D’APPLE
cryptomonnaies, qui vient de réussir une levée de fonds de 75 millions d’euros.
Avant Maintenant
RÉPONSE. Eric Larchevêque, patron de Ledger, la future licorne française des

12 MARS 2018
 ET SI ON BUVAIT DE L’EAU�? ans. La firme d’Atlanta a encore
Le changement des habitudes baissé de 4% en 2017 et a lancé
de consommation sonne lentement un plan de suppression d’emplois
le glas des sodas dans le monde. en France. Teneur élevée en sucres,
Aux Etats-Unis, les ventes de Coca- aggravant les risques d’obésité,
Cola ont chuté de 25% en vingt recettes «secrètes» et marketing
IL PLEUT DES
GAFA SCHOOLS
E
n route pour le Forum de Davos,
140 grands patrons du monde entier
ont fait un détour par Versailles
début janvier, répondant à l’invitation
d’Emmanuel Macron, pour un banquet
concocté par le chef Alain Ducasse.
Le dessert aux agrumes devait
être succulent�: à l’issue du festin, les PDG se sont
bousculés pour offrir leurs subsides afin de développer
la formation des Français au numérique. Sheryl
Sandberg, numéro 2 de Facebook, a mis 10 millions
d’euros sur la table pour renforcer le laboratoire
parisien du groupe sur l’intelligence artificielle et initier
65�000 Frenchies à l’informatique d’ici à 2019.
Sébastien Missoffe, DG France de Google, a annoncé
qu’il allait créer un centre de recherche sur l’intelligence
artificielle et former 10�000 Français
dans ses ateliers numériques. Satya
Nadella, CEO de Microsoft, va quant
à lui créer quatre data centers en
France et… allez, tiens, une école
d’intelligence artificielle. Le plus gros
chèque est signé SAP, éditeur
allemand de logiciels, qui a annoncé
2 milliards d’investissement sur cinq
ans et l’ouverture d’un incubateur
de start-up. Suivent Novartis, qui
va engager 900 millions
pour son siège de Rueil-
Malmaison, et Toyota,
300 millions dans son
usine du Nord. «France
is back», s’est félicité
M. Macron. Et les
business angels font
•
le printemps�!
Emmanuel Macron
se frotte les mains�:
son dîner a rapporté
3,3 milliards d’euros
et 2�200 emplois.
vieillot, les sodas n’ont plus la cote.
L’époque est aux eaux en bouteille,
aux jus de fruits, au thé et aux
boissons diététiques. Mais les géants
du soda n’ont pas dit leur dernier
mot et diversifient leurs marques.
Un trou peut en
cacher un autre
La Société générale s’est vu
notifier un redressement fiscal
de 2,2 milliards d’euros. Soit
le montant des cotisations
sociales non réglées à la suite
du trou de 4,9 milliards d’euros
laissé par Jérôme Kerviel en
2008. Le fisc a estimé que
cette perte, liée à un défaut
de contrôle interne de la
banque, ne l’exonérait pas du
paiement des cotisations.
Marchand
de sable
Au Japon, Taisei Corporation
fait voler un drone dans ses
bureaux le soir pour inviter ses
salariés retardataires à rentrer
chez eux. Doté d’un système
de reconnaissance faciale, le
T-Frend leur diffuse la chanson
Ce n’est qu’un au revoir. 25%
des salariés nippons font plus
de 80 heures sup par mois.
PODIUM
TOP 5 DES PAYS
OÙ LES GRANDS
PATRONS ONT
LE PLUS D’APPÉTIT
Un PDG français du
CAC 40 gagne en moyenne
2,75 millions de dollars,
soit 70 fois le revenu moyen
des Français, calculé sur
la base du PIB par habitant.
Ce qui place l’Hexagone
en 15e position du
palmarès des écarts de
rémunération dressé
par l’agence Bloomberg,
dont les gagnants sont…
1
LES ÉTATS-UNIS. Avec
un revenu annuel de
14,3 millions de dollars, les
grands patrons américains
gagnent 265 fois plus
que leurs concitoyens.
2
L’INDE. Les patrons indiens
gagnent 1,46 million de
dollars, soit 229 fois plus
que leurs collaborateurs.
3
PHOTOS�: ZUMA/B. CAHN/MAX PPP, COCA-COLA, T. CAMUS/REUTERS, TAISEI, O. BOITET/MAX PPP
LE ROYAUME-UNI.
Avec 7,9 millions de dollars,
les boss britanniques
mangent 201 fois la paie de
leurs plus humbles sujets.
4
L’AFRIQUE DU SUD.
Un dirigeant coté, rémunéré
2,21 millions de dollars,
empoche 180 fois le salaire
de ses employés.
5
LES PAYS-BAS. Un baas
(patron) gagne 171 fois
le salaire de ses bijdragers
(collaborateurs), soit
8,24 millions de dollars.
L’ESSENTIEL 13
 L’ESSENTIEL
EN CHIFFRES

3
DES SALARIÉS FRANÇAIS REFUSENT millions d’euros ont été

80%
D’ÊTRE MANAGERS. Motifs�: 61% redoutent LA LEVÉE levés par StaffMe, start-up qui relie
le stress, 56% la lourdeur administrative et DE FONDS entreprises et jeunes indépendants
42% le manque de reconnaissance. Enquête pour des missions ponctuelles.
BVA pour Audencia Business School auprès DU MOIS 1 000 clients et 25�000 jeunes sont
de 1 �001 salariés (non cadres). déjà inscrits sur la plateforme.

PENDANT LES PAUSES…

LES SALARIÉS PARLENT SURTOUT DE TRAVAIL�!
Le boulot reste au cœur des discussions autour de la machine à café. Selon un sondage
BVA, c’est le premier thème abordé pour 38% des salariés en France.

BAVETTES
DE CHOIX.
A la pause, 18% des
employés aiment
avant tout parler
enfants et famille,
14% commentent
d’abord l’actualité
et la politique, 13%
discutent d’emblée
des relations
92% 36% 42% 23% entre collègues.
Les vacances et
ESTIMENT S’ACCORDENT PENSENT JUGENT la météo ne sont
qu’une pause améliore une récré inférieure que leurs collègues que ces interruptions prioritaires que pour
la qualité du travail. à quinze minutes par se reposent agacent leur manager. une minorité. Et tout
91% pensent que jour et 1% s’offre plus davantage qu’eux�! Mais pour 37% le monde, managers
cela augmente la de deux heures hors 53% croient profiter du des sondés, comme salariés,
productivité et 83% que repas. Les salariés des même temps de le management accepte s’accorde à trouver
cela facilite la diffusion TPE sont ceux qui détente. Et 4% se disent ces breaks d’une façon ces échanges
de l’info en interne. «pausent» le moins. champions de la pause. plutôt bienveillante. bénéfiques.

QUE FAISAIENT LES ENTREPRENEURS

AVANT LA CRÉATION DE LEUR BOÎTE�? 99,74�% ÇA PROGRESSE

+�2�dollars
des décisions que l’on prend
sont inconscientes,
selon Huawei. Chaque jour,
le cerveau humain accomplit
près de 35 000 arbitrages,
mais seuls 0,26% de C’est l’augmentation du

24,4�%
ces actes seraient effectués salaire horaire décidée par
en toute conscience. Pour Walmart. Début janvier,

43,9�%
la firme chinoise, cela prouve
que le fonctionnement
DEMANDEURS de l’intelligence humaine
D’EMPLOI est très similaire à celui
de l’intelligence artificielle,
ÉTAIENT SALARIÉS c’est-à-dire qu’il s’exerce
le géant américain de
la distribution, premier
employeur privé du pays,
a en effet annoncé que
les employés qui travaillent

7,3�% en arrière-plan, afin de ne dans ses rayons (près de

17,1�%
pas perturber notre vie. 1 million) seraient désormais
ÉTUDIANTS payés 11 dollars l’heure,
ENTREPRENEURS contre 9 jusqu’à présent.
1 VOYAGEUR
Employeurs, sachez-le�: 7,3�% D’AFFAIRES ÇA DÉGRAISSE

c’est parmi votre FONCTION- SUR 3

personnel que se trouvent
les big boss de demain.
NAIRES
a profité d’un déplacement
professionnel pour
482 000
prolonger son séjour à titre emplois en moins au
ILLUSTRATIONS�: GRÉGOIRE GICQUEL

Enquête réalisée par Polycom auprès de 25 234 personnes dans 12 pays, dont la France. privé en 2017. Royaume-Uni d’ici à 2030…
Ce serait une conséquence

88%
directe du Brexit, selon une
des directeurs et des managers envisagent d’accorder une augmentation à au étude commandée par
moins un collaborateur au cours des prochains mois, selon une étude du cabinet le maire de Londres auprès
Robert Half. Pour la plupart (17%), ils prévoient une progression de salaire de 2%. de Cambridge Economics.

14 MARS 2018
 L’ESSENTIEL
L ’ O B S E R VAT O I R E D U M A N A G E M E N T

Arrêtez de penser. Designez�!

Méthode d’innovation et de créativité, le design thinking
fait la part belle à l’expérimentation et au prototypage. Une approche
par tâtonnements, centrée sur le client. Par Thomas Lestavel

P
armi les revêtements de sol, le PVC n’a
pas bonne réputation. La société Tarkett
a pourtant réussi à en faire un produit
tendance avec sa nouvelle collection de dalles
colorées, d’une dizaine de formes différentes,
qu’on assemble à sa guise. Une gamme conçue
grâce au design thinking. Depuis trois ans, la
multinationale française a formé 140 collabo-
rateurs (sur 12 000) à cette méthodologie.
En vogue chez Google, Procter & Gamble et
General Electric (lire l’encadré ci-dessous), mais
aussi utilisé par les gouvernements britan-
nique ou singapourien, cette démarche s’ins-
pire des pratiques des designers pour conce-
voir produits et services. A l’origine de cette
idée, le professeur David Kelley, connu pour
avoir participé à la conception d’une des pre-
mières souris d’Apple. Il fonde, en 1991, le
cabinet Ideo, qui produira le Palm Pilot, un
UNE IRM PENSÉE POUR LES ENFANTS
succès mondial. «Penser avec les mains» : voilà
comment Kelley – par ailleurs, créateur de la
d-school de Stanford – résume le concept.
Avec le design thinking, il s’agit en effet de
mettre la main à la pâte. Un nouveau produit
à imaginer ? L’équipe chargée de la conception
se réunit dans un atelier équipé de Lego ou
d’imprimantes 3D pour bidouiller un proto-
type et le soumettre à des utilisateurs poten-
tiels avant même qu’il soit abouti. Les inven-
teurs n’ayant pas eu le temps de s’attacher à
leur création, ils peuvent accueillir les retours
les plus critiques sans broncher.
CRÉATIVITÉ ET BRICOLAGE. «C’est une
approche de bricoleurs, dans laquelle tout est
concentré sur l’action. On essaie, on modifie,
on essaie encore jusqu’à ce que cela fonctionne»,
raconte Pierre d’Huy, professeur en manage-
ment de l’innovation à l’Edhec. La recette se
prête particulièrement bien à la conception de
produits d’équipement et de consommation.
Mais le design thinking trouve aussi des appli-
cations immatérielles. «Un service comptable
peut améliorer le parcours d’une facture du
point de vue du fournisseur en dessinant de
nouveaux circuits de validation», explique Flo-
rian Bougault, directeur artistique chez Tarkett.

COMME UN ANTHROPOLOGUE. L’autre

apport majeur du design thinking est l’atten-
tion portée aux besoins et aux habitudes des
futurs clients. Plutôt que de faire appel à des
GE HEALTHCARE

instituts de sondage coûteux, les spécialistes

L’IRM EST UN EXAMEN
MÉDICAL REDOUTÉ DES
PETITS. Pour rendre
l’expérience moins
traumatisante, le fabricant
GE Healthcare a misé sur le
design thinking. La bruyante
machine a été transformée en
navire (bateau pirate, fusée
spatiale…), et des aventures
ont été imaginées dans
lesquelles les enfants tiennent
le rôle principal (ils doivent,
par exemple, trouver un
trésor caché). Résultat�: de
jeunes patients rassurés et
un moindre usage de sédatifs.
Cette même logique – qui
place l’utilisateur du produit
au cœur de la réflexion –
a conduit GE Healthcare
à améliorer l’ergonomie des
appareils de mammographie
en questionnant plus de
400 manipulateurs radio,
médecins et patientes.
du marketing sont invités à réduire la distance
avec l’objet d’étude et à se fondre avec lui. Cela
implique de passer du temps au côté du
consommateur, de l’interroger et d’observer
son comportement. L’empathie est indispen-
sable pour percevoir les non-dits. Comme ce
fut le cas avec une quinquagénaire presbyte
qui n’osait pas avouer qu’elle avait du mal à
lire un packaging… «J’ai animé un atelier avec
une quinzaine de cadres qui devaient imagi-
ner un produit destiné au quatrième âge. Pour
cela, nous avons passé deux heures dans une
maison de retraite», raconte Pierre d’Huy. En
immersion, comme un anthropologue. •
L’ESSENTIEL 15
 L’ESSENTIEL
MON BOSS SUR INTERNET
LE FACEBOOK DE MARK ZUCKERBERG
Par Francis Lecompte
C’est la rentrée�! Rien n’est plus beau que la famille.
Alex Schultz, responsable marketing, fête ses 10 ans de maison.
“Imagine Comment se faire 100 millions d’amis
sur Facebook�? Facile�: en créant
all the Facebook�! Quatorze ans après la
people…” naissance du plus important réseau
social mondial –�plus de 2 milliards
d’inscrits�!�– son créateur reste plus populaire que
jamais. Si la réussite des entrepreneurs du high-
tech peut fasciner, la vie de Mark Zuckerberg
telle qu’il l’expose au public ne semble pourtant
pas hors du commun. Quand il n’endosse pas
son rôle de papa –�l’occasion de constater que le
milliardaire possède au moins deux tee-shirts�–,
il intervient dans une multitude de débats pour
porter la bonne parole que se doit d’incarner tout
jeune patron qui se respecte. Ou toute icône du
rêve américain à qui l’on prête forcément des
ambitions politiques�? Droit des minorités, défense
16 MARS 2018
Sur l’estrade du Facebook Social Good Forum, en novembre 2017.
CAPTURES D’ÉCRAN� FACEBOOK
Avec sa femme Priscilla, en visite sur une plateforme pétrolière.
de l’environnement, responsabilité sociale…�
Zuckerberg a clos, à la fin de l’année dernière,
une tournée en bonne et due forme aux allures
de précampagne électorale. Sa page, gérée par
une équipe de 12 personnes, en rend compte
méthodiquement. De quoi provoquer des ava-
lanches de commentaires dans toutes les langues
et dans tous les alphabets. Ce n’est plus un mur
Facebook, c’est une muraille (de Babel). Peu
expansif sur les sujets qui fâchent, comme
l’influence du réseau sur le Brexit ou les élections
américaines, le patron de Facebook a quand même
annoncé sur son compte que le réseau social
contrôlerait davantage à l’avenir les contenus liés
à la publicité. Qu’on se le dise�: Facebook doit
rester une grande chaîne d’amis qui, tous ensemble,
créeront un monde meilleur. •

CONSEILS D’UN VIEUX GUERRIER
T’AIMES PAS FAIRE
LA FÊTE�? T’ES BIZARRE�!
C
e soir, tu n’es pas à la maison avec ta
copine. Tu es à la soirée mensuelle
du boulot, la soirée hypersympa où,
non contents de travailler ensemble
dix heures par jour, on se la raconte «en mode»
bande de chouettes copains. On se donne à
soi-même un spectacle : celui d’une commu-
nauté professionnelle joyeuse et fraternelle où
l’on peut s’engueuler le matin au bureau et
picoler ensemble le soir au bistrot. Ce soir, tu
aurais bien zappé la cérémonie au profit du
dernier film des frères Coen. Mais, et c’est là
que le bât blesse, cela aurait été mal vu.
Bien sûr, personne ne te l’aurait reproché
directement. Après tout, chacun sa vie. Les
gens sont libres de choisir leurs amis. Libres
aussi de ne pas appartenir à la communauté
professionnelle de cette boîte si jeune et si
conviviale. Libres de s’exclure. On ne va pas
t’envoyer les flics. Mais on te fait quand même
sentir que tu choisis ton camp. Loin, très loin
de ces rencontres gaies et sans soucis, à l’abri
de toute relation hiérarchique. Au bistrot, le
chef deviendrait un pote. Quelle bonne farce !
Tous les groupes humains produisent une
Si l’on décide
d’esquiver
certains rites
de sa boîte,
il faut dire
pourquoi
et, surtout,
s’excuser…
18 MARS 2018
L’ESSENTIEL
conformité et cette conformité s’exprime par
des rituels. Ceux-ci ont été étudiés depuis PAR PIERRE
longtemps par les anthropologues. Leur prin- BLANC-SAHNOUN,
cipale fonction est de permettre aux membres COACH ET CONSEIL
du groupe de faire acte de loyauté. D’affirmer DE DIRIGEANTS
leur appartenance en célébrant la joie d’être
ensemble. En creux se tisse une impalpable
frontière entre ceux qui «en sont» et les autres,
qui revendiquent égoïstement une vie privée
déconnectée de leur travail.
Ce n’est pas une éviction franche, plutôt une
mise à l’écart voilée : des collègues qui partent
déjeuner entre eux, un brusque silence lorsque
l’intéressé arrive, des évaluations mitigées sans
être ostensiblement mauvaises… Toute une
évolution en demi-teinte qui peut mal se ter-
miner. Ainsi, on dira d’un franc-tireur remer-
cié à la fin de sa période d’essai : «La greffe n’a
pas pris.» Comme tout cela se passe dans le
non-dit, ces phénomènes sont, par définition,
difficiles à mettre en mots. La victime se re-
trouve isolée malgré ses efforts pour raccro-
cher les wagons. Voilà pourquoi il faut être at-
tentif aux rituels de groupe, cette partie im-
mergée de l’iceberg des relations de travail.
Pour ne pas sombrer comme le Titanic, trois
principes s’imposent. D’abord, se persuader
que la façon dont les gens se comportent réel-
lement entre eux est plus importante que les
règles sociales qu’ils prônent. Puis, observer
de près tout ce qui concerne les salutations, le
partage de nourriture, les territoires privés,
les mimétismes vestimentaires… et en tenir
compte. Enfin, si l’on décide d’esquiver cer-
tains rites de la boîte, il faut expliquer pour-
quoi et, surtout, s’excuser, sous peine d’être
ILLUSTRATION : STÉPHANE TRAPIER
perçu comme un être arrogant.
Vouloir s’affranchir des coutumes sociales
de l’entreprise condamne, au mieux, à être
toléré, si l’on est par ailleurs hyperperfor-
mant, au pire exclu, d’abord sournoisement,
puis tout à fait ouvertement lorsque le choix
d’un maillon faible devra être effectué. •
 L’ESSENTIEL
MA VIE AU BUREAU

On va bosser tout schuss�!

Quand il fait froid dehors, on est bien au bureau. Surtout si l’on a pris
soin de se concocter une déco cocooning… Par Edouard Devon

1 7

3 6 9

1 Luge de bureau. Malin�: qui contient juste des flocons. Une horloge murale vintage, Bloomingville, 129 €, madein-
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faux livre a été accolé à chacun en verre trempé. Elstron,

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MacBook en roi des pistes…
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intérieure. Une boule à neige
de ces bois… pour que les vrais
tiennent bien en place. The
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L’ESSENTIEL 19
 BUSINESS
LA VIE DES ENTREPRISES

20 MARS 2018
 TEMPS FORTS
22 28 40
LE PATRON DU MOIS COULISSES SAGA
IL A LE SMILE ÇA TURBINE�! QUIES LÀ�?
Nicolas Loufrani a hérité Visite de l’usine Safran du Les boules Quies ont 100 ans,
du sourire de son père… qui Havre, d’où sortent certaines mais elles ne se reposent pas
a déposé le Smiley en 1971. pièces des moteurs d’Airbus. sur leurs lauriers.

PHOTOS�: SMILEY, P. STROPPA/SAFRAN, GARO/PHANIE

BUSINESS 21
 B
L E P AT R O N D U M O I S

NICOLAS LOUFRANI,
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE THE SMILEY COMPANY

Le Smiley en héritage
Installé à Londres avec sa société, le Français Nicolas Loufrani
est à la tête de l’une des 100 premières licences mondiales.
Et déborde d’idées pour la développer. Largement de quoi sourire.
Par Marie Le Tutour

L
’endroit ne pourrait pas être plus
typiquement londonien : c’est au
Leather Market, une ancienne tan-
nerie reconvertie en hôtel d’entre-
prises, à une dizaine de minutes à
pied du London Bridge, que nous
accueille Nicolas Loufrani. Dans son grand bu-
reau de briques chaulées, un tableau attire iné-
vitablement le regard : on reconnaît La Cène de
NICOLAS Léonard de Vinci, à ceci près que les visages du
BIO
dans le journal, grâce à un petit pictogramme
tout simple, un visage rond fendu d’un sourire,
qui a été imaginé en 1963 par un graphiste
américain, Harvey Ball, pour une campagne
publicitaire. L’opération France-Soir, un formi-
dable succès, est bientôt imitée par d’autres
quotidiens européens. Contrairement à Ball,
Frank Loufrani est un businessman avisé et il
a pris soin, auparavant, de déposer sa propre
version du logo. L’effet tirelire est immédiat :

LOUFRANI Christ et des douze apôtres ont été remplacés les produits frappés du visage jaune se multi-
1971 par des bouilles jaunes et rondes. Pas de doute : plient – gadgets, tee-shirts, pellicules photo
Naissance à nous sommes bien à la Smiley Company ! «La Agfa, bonbons Treets, jeans Levi’s…
Neuilly-sur-Seine.
bonne humeur, c’est le moteur de ce que nous
1990 sommes», proclame le patron quadragénaire, DES DÉBUTS DOUX-AMERS. Entre-temps,
Il monte une
entreprise d’import.
tout de noir vêtu mais grand adepte de la pen- le petit Nicolas Loufrani, le fils de Frank, a bien
sée positive. Ces derniers jours, il a même tro- grandi. Entrepreneur dans l’âme comme son
1996 qué La Cène pour une Joconde tout aussi facé- père, il monte à 19 ans une affaire d’import
Il crée avec son père
The Smiley Company, tieuse, preuve qu’il peut garder le sourire : de poissons, avec des amis sénégalais rencon-
pour relancer le logo, quarante-six ans après sa naissance officielle, trés à l’école des Roches, le très chic pension-
déposé en 1971.
le Smiley n’a pas pris une ride. La société, en nat normand où il a décroché son bac. Deux
1997 croissance continue depuis douze ans, compte ans plus tard, cette société périclite et il aban-
Le Smiley devient
expressif. même parmi les 100 premières licences au donne définitivement les cours à l’ISG (Institut
monde, avec plus de 300 millions de dollars de des sciences de gestion) qu’il suivait en paral-
2001
Début d’un conflit de produits Smiley vendus en 2017. lèle. Avec son père, il se tourne vers le lucratif
dix ans avec Walmart, La saga Smiley, c’est d’abord une histoire de business de barter, qui consiste à récupérer
PHOTO�: J.-C. MARMARA�/�FIGARO PHOTO

qui revendique la
propriété du logo.
2005
Loufrani ouvre son
studio de création.
2016
The Smiley Company
obtient la
commercialisation
du Rubik’s Cube.
famille. Elle commence en 1971. Alors que la
France pompidolienne se complaît dans une
douce morosité, le journaliste Franklin
Loufrani, dit Frank, propose à Pierre Lazareff,
patron de France-Soir, le plus grand quotidien
national à l’époque, une grande opération bap-
tisée «Prenez le temps de sourire». Son idée
est de mettre en avant les bonnes nouvelles
des stocks d’invendus auprès de sociétés en
échange d’espace publicitaire.
Un an plus tard, en 1994, il fait la connais-
sance d’Ozwald Boateng, un jeune styliste an-
glais bourré de talent, avec qui il décide de
monter le premier tailleur londonien branché,
sur Savile Row, le temple de la mode british
haut de gamme. Le succès est là, mais les

22 MARS 2018
 NOTRE
MOTEUR, C’EST
L A BONNE
L

HUMEUR…
 B
L E P AT R O N D U M O I S
relations entre les associés dégénèrent, et
Nicolas Loufrani finit par décider de reprendre
ses billes. Il a à peine 25 ans, et l’expérience
lui laisse un goût amer.
SOURIRE CONTRAINT. Pour le remettre
en selle, son père lui propose de relever un nou-
FRANKLIN
veau défi : relancer le Smiley. Depuis le début
LOUFRANI, des années 1990, en effet, la petite bouille
DIT FRANK, jaune a pâli. «Pour moi, Smiley, c’était mort, il
LE PÈRE
FONDATEUR. n’y avait plus de société, plus de structure, à
«Un génie peine une poignée de contrats de licence ac-
relationnel»,
affirme son fils. tifs», se souvient Nicolas Loufrani, qui freine
alors des quatre fers. Mais on ne résiste pas si
facilement à Loufrani père quand celui-ci a une
idée en tête. En 1996, Frank et Nicolas créent
The Smiley Company et donnent enfin un nom
au fameux sourire jaune. C’est le début d’un
vaste plan de redéveloppement, piloté par
Nicolas sous l’œil vigilant du paternel. «Ma
première initiative a été de créer un Smiley en
3D, pour en faire un vrai visage, auquel on
FURAX, TRISTE, AMOUREUX…
C’EST GRÂCE À SES ÉMOTIONS
QUE LA BOUILLE JAUNE SÉDUIT
24 MARS 2018
PHOTOS�: THE SMILEY COMPANY
LA RENCONTRE
de deux sourires qui ont
fait le tour du monde.
DANS LES
LOCAUX
DE LONDRES,
les créatifs
sont majoritaires.
pourrait donner plein d’autres expressions que
le seul sourire qu’on lui connaissait. On a frôlé
le psychodrame, car mon père ne voulait pas
qu’on touche au Smiley original, mais j’ai tenu
bon.» Pour redéployer rapidement la marque,
il décide de frapper fort et fait appel à des
agents de licence dans 50 pays, chargés de dé-
marcher les futures entreprises partenaires.
«On a imaginé de nouvelles catégories de
Smiley : triste, amoureux, sportif, animal…
Cela a permis de relancer l’intérêt et de signer
à nouveau des contrats partout dans le
monde.» Les versions se multiplient, en parti-
culier avec la vague des émoticônes qui déferle
dès la fin des années 1990 sur Internet. Ce qui
est très bon pour la notoriété du Smiley et la
sympathie universelle qu’il suscite… mais ne
rapporte rien à la société !
Raison de plus pour en faire une marque
durable sur le marché de la licence, pourtant
volatil par nature et où une mode chasse
l’autre. En 2005, après trois années de baisse
du chiffre d’affaires, en partie liée à un conflit
juridique avec le géant de la distribution amé-
ricain Walmart sur la paternité du Smiley et à
un épisode personnel de dépression, Nicolas
Loufrani décide d’internaliser tout le proces-
sus de création au sein du studio Smiley.
 POUV O I R D ’A C H AT

ÉVITEZ LES ARNAQUES...

... EN LISANT EN VENTE

À PARTIR DU
22 FÉVRIER

CAPITAL
CAPITAL, LE PLAISIR DE COMPRENDRE L’ÉCONOMIE

capital.fr
 B
Le secteur
alimentaire
L E P AT R O N D U M O I S
est lui aussi
un adepte
du grand
sourire.
Aujourd’hui, deux tiers des 35 salariés de
Smiley sont des créatifs, chargés de repérer
les tendances de couleurs ou de matières et
d’imaginer les produits que la marque propo-
sera à ses partenaires – à charge pour ces der-
niers d’en assurer la fabrication. «C’est assez
SMILEY rare dans l’univers de la licence, où seules des
ET RUBIK’S, entreprises comme Disney travaillent de cette
façon», souligne le patron, qui veille jalouse-
UN MARIAGE ment à la qualité des produits arborant le fa-
ROYAL meux visage jaune. Pas question pour
Smiley d’accorder une licence au pre-
mier gadget venu.
OBJECTIF INTELLIGENCE. Le pa-
tron modifie également sa manière de
recruter. «J’ai arrêté de prendre des
gens qui venaient de la licence et de
cette culture du one-shot pour engager des
personnes issues de groupes comme Adidas
ou IBM…» La commercialisation de la marque
Smiley revient aussi sous son contrôle : fini le
réseau d’agents de licence indépendants du
début, tout est désormais piloté depuis le siège
londonien, qui participe aux plus gros salons
mondiaux de la licence – Las Vegas, Paris,
Londres, Tokyo, Shanghai…
Après s’être développé dans le textile
(Mango, Orchestra, mais aussi des stars du
luxe comme Fendi, Moncler et Moschino), les
accessoires et la maison, Smiley s’attaque de-
puis quelques années à l’alimentaire. Dernière
innovation en date : les chips à l’effigie du smi-
ley cocréées avec son partenaire Intersnack.
«Ils ont travaillé des mois pour trouver le pro-
cédé permettant d’incruster le smiley dans la
chips elle-même.» En vue également, l’édition,
26 MARS 2018
PHOTOS�: THE SMILEY COMPANY, RUBIK’S CUBE
avec le lancement imminent d’une bande
dessinée imaginée avec les éditions Glénat.
«Notre crédibilité nous permet aujourd’hui de
lancer des projets qu’on n’aurait pas pu envi-
sager il y a quelques années», se réjouit Nicolas
Loufrani. Avant d’ajouter très vite : «N’allez pas
imaginer pour autant que c’est facile.
Convaincre nos partenaires de continuer à tra-
vailler avec nous, saison après saison, repré-
sente beaucoup de travail.» Ce patron ne passe
d’ailleurs pas une semaine sans prendre l’avion
pour rendre visite à ces entreprises réparties
dans une centaine de pays ou sans faire appel
à son père, aujourd’hui à la retraite, pour
convaincre les clients les plus difficiles. «Moi,
je suis créatif et organisé, mais lui, c’est un vé-
ritable génie relationnel : il aime profondément
les gens et connaît la terre entière !»
Hyperactif, le quadragénaire n’est pas près
de se reposer sur ses lauriers. Son nouveau
défi : développer la licence, obtenue en 2016,
du Rubik’s Cube – rien moins que le jouet le
plus vendu au monde, avec plus de 450 mil-
lions de cubes écoulés à ce jour ! The Smiley
Company fourmille d’idées : «On va en faire
la marque du développement de l’intelligence
à tous les âges, avec des jeux digitaux, des
livres pour enfants, des jeux de construction
Rubik’s...» révèle le boss. Et d’exhiber fière-
ment la gamme qu’il vient tout juste d’imagi-
ner : Professeur Rubik’s, une série de jeux
rétro destinée à un public d’adultes. «Dans la
vie, comme dans le business, il faut toujours
continuer à avancer et ne jamais rien consi-
dérer comme acquis», conclut-il avec philo-
sophie. Loin de l’optimisme béat du logo qu’il
promeut depuis vingt ans. •
 A chaque curieux son magazine

4 fois par an, une thématique

Le mensuel de la connaissance
décryptée pour toute la famille

Pour tous ceux qui ont décidé Explorer le passé pour

de prendre leur santé en main comprendre le présent

Se poser des questions, fait avancer.

UNE ENTREPRISE VUE DE L’INTÉRIEUR
B

SAFRAN NACELLES

Tout près
du cœur du
réacteur...
Au Havre, entre robotique et intelligence
artificielle, les employés de ce fournisseur
de l’avionneur Airbus s’adaptent
aux exigences de l’usine de demain.
Par Julie Krassovsky
Photos : Benoît Decout/Réa pour Management

28 MARS 2018
 Retrouvez
d’autres
histoires
d’innovation
et de réussite
sur le site
lafrenchfab.fr,
la nouvelle
vitrine des
savoir-faire
industriels
français.

ZÉRO DÉFAUT La qualité

prime sur tout : c’est à la main
que les opérateurs traquent le
plus infime défaut d’usinage.

BUSINESS 29
UNE ENTREPRISE VUE DE L’INTÉRIEUR
B

P
resque entièrement dissimulée TROIS ÉQUIPES SE RELAIENT
sous l’imposante pièce d’avion,
Sophie lisse du bout de son index JOUR ET NUIT POUR HONORER
ganté de blanc un minuscule dé- LES CONTRATS AVEC AIRBUS
faut apparu le long du revête-
ment noir et brillant. Au-dessus
d’elle, le bras du robot qui pose des fibres de
carbone par bandelettes de huit s’est immobi-
lisé. Pour l’opératrice, ce temps de mainte-
nance doit être le plus court possible. Dans
l’usine havraise de Safran Nacelles, en effet,
une course contre la montre est engagée. Le
carnet de commandes du champion français
des nacelles d’avion (l’ensemble support et ca-
pot du moteur) est plus que plein depuis les
contrats signés en 2012 et 2014 pour équiper
l’A320neo (le moyen-courrier vedette remo-
torisé d’Airbus) et l’A330neo. Sur ces avions,
les nacelles se révèlent d’autant plus straté-
giques qu’elles contiennent aussi les inver-
seurs de poussée, produits dans cette usine.
Ces derniers gèrent à la fois l’atténuation
acoustique, le freinage de l’appareil et le main-
tien de sa trajectoire en phase d’atterrissage.
Les exigences d’Airbus quant à la qualité et aux
délais sont donc ultrarigoureuses. Pour y ré-
pondre, l’équipementier a entièrement revu
ses procédés industriels en faisant appel aux
technologies numériques et robotiques les plus POLYVALENCE
Depuis la
récentes. Une salle de réalité virtuelle permet
robotisation,
notamment de concevoir de nouveaux outilla- les opérateurs
ges et de tester la ligne de production en gran- ne sont plus
deur nature avant son installation physique. confinés à un
poste de
BONDS DE PRODUCTIVITÉ. Au Havre, production,
Safran a investi des millions d’euros dans la mais
interviennent
construction d’un hangar ultramoderne de à différents
1 500 mètres carrés, situé au cœur des 68 hec- niveaux du
tares de son site historique et mis en service processus
en 2015. Première machine à y avoir été ins- (ici, le
tallée, le robot de drapage de composites tra- marouflage).
TEST EN GRANDEUR NATURE Dans la salle
vaille deux fois plus rapidement qu’un ouvrier. de réalité virtuelle, on expérimente un nouveau
Maxime Coin, le responsable de l’unité, en chariot qui facilitera la pose des brides en titane.
chante les louanges : «C’est ce robot qui recou-
vre de fibres de carbone la partie fixe interne
de la nacelle (IFS), l’une des pièces principales Pour tenir la cadence, l’atelier tourne donc
des inverseurs de poussée de l’A320neo.» jour et nuit : trois équipes d’opérateurs s’y re-
L’équipe de Maxime Coin, 60 collaborateurs laient, tandis que les machines fonctionnent
et 10 robots en tout, travaille en continu, car, non-stop, sauf en cas de panne. Sophie, qui a
depuis la première livraison de 80 nacelles commencé sa journée à 6 heures du matin,
en juin 2016, le rythme n’a cessé de s’accélé- achève sa vérification et relance le robot de
rer. Et cela va continuer, l’objectif étant de drapage. Dans une petite cabine surchauffée,
produire presque 600 unités en 2019… Une elle observe, sur un écran de contrôle, le mou-
vraie révolution, sachant qu’il aura fallu trente vement régulier et incessant de la tête de pla-
ans à Safran pour atteindre ce niveau de pro- cement tout en surveillant des indicateurs
duction avec les inverseurs de poussée de chiffrés comme la température ou le métrage
l’A320 de première génération ! des bobines de fibre de carbone. Passée de la

30 MARS 2018

TRAVAIL COLLABORATIF A tout moment, l’opératrice peut stopper
le bras du robot pour vérifier l’état des bandelettes de fibre de carbone.
CONFORT ET SÉCURITÉ Avant 2015, ces plaques en matériau
composite tout juste sorties du four étaient transportées à la main.
AIRBUS
PROGRAMME PHARE
Lancé en 2014, l’A320neo
est un gros succès, avec
à ce jour près de 6 000
commandes fermes.
pose manuelle à une activité polyvalente,
comme la plupart de ses collègues, l’opératrice
peut être appelée à assurer aussi le marou-
flage, c’est-à-dire l’application d’une toile de
plastique polyamide sur certains éléments.
ROBOTS ET SÈCHE-CHEVEUX. Chaque
poste bénéficie d’une technologie dernier cri.
Une machine d’usinage permet, par exemple,
de percer 100 000 trous sur la surface de la
même pièce pour augmenter ses performances
acoustiques, avant que deux robots effectuent,
à l’aide de griffes, la pose de la structure d’alu-
minium en nid-d’abeilles qui servira à réduire
encore le bruit. «Avant, on projetait l’emplace-
ment de la plaque sur la pièce et on traçait les
délimitations au feutre pour la pose», explique
Maxime Coin. Autre innovation, un convoyeur
géant télécommandé déplace des éléments à
la manière d’un rail de pressing, le dos des
techniciens étant ainsi épargné. Cer taines
opérations continuent pour tant de
se faire manuellement, comme l’ajustement
très technique des nid-d’abeilles à la paroi.
Armé d’un petit pic et d’un sèche-cheveux
pour détendre l’alliage, le jeune Bruno traque
les petits défauts d’adhésion. La machine n’a
pas encore remplacé cette action soigneuse et
millimétrée. «Mais c’est seulement une ques-
tion de temps…» commente, fataliste, l’un de
ses collègues plus âgé.
L’OMNIMOVE EN FAIT DES TONNES.
De fait, à l’heure de la robotique et de l’intelli-
gence artificielle, le travail se transforme en
profondeur, exigeant des profils qualifiés
et polyvalents, mais forcément moins nom-
breux… même si Safran Nacelles se targue
d’avoir procédé à 400 embauches en quatre
ans. Dans un autre bâtiment du site, où l’in-
dustriel produit des nacelles pour l’A330neo,
on trouve ainsi beaucoup de machines et peu
d’opérateurs. Installé au milieu de la ligne
d’assemblage, un seul robot assure en
BUSINESS 31
UNE ENTREPRISE VUE DE L’INTÉRIEUR
B

quatre heures le perçage, le fraisurage et

le rivetage de 115 fixations en carbone, là où
deux opérateurs avaient besoin de quatorze
heures pour accomplir les mêmes tâches. Un
peu plus loin, le déplacement d’une station de
travail à l’autre du transcowl, la partie mobile
d’un inverseur de poussée, est désormais réa-
lisé par une machine appelée l’Omnimove. Ce
Meccano géant, télécommandé et muni de
quatre gros pneus, est capable de transporter
l’inverseur dans toutes les directions. Son sys-
tème de guidage optique avec marquage au sol
le positionne en permanence au bon endroit.
Finis, le treuil, le pont roulant et les élingues
de levage fixés à plus de 10 mètres de hauteur CHAÎNE DE MONTAGE L’unité d’assemblage final fonctionne
qui menaçaient la pièce de chocs ou même de comme une ligne de production automobile de 145 mètres de long.
chute lors de son déplacement ! Le travail évo-
lue ainsi constamment au rythme des innova- TOUT AU SYSTÈME D
tions techniques intégrées sur le site.
LONG DE Un simple
coton-tige est
EN QUÊTE DE LA CADENCE IDÉALE. LA MOVING le meilleur outil
Pour le fonctionnement des deux lignes d’as- LINE, pour peaufiner
la pose
semblage de l’unité voisine, Safran s’est ins-
piré des méthodes de l’industrie automobile. CHAQUE des joints
d’étanchéité.
Deux rails de 45 mètres de long (la mooving MILLIMÈTRE
line) transportent les inverseurs de poussée de
l’A320neo d’un poste de travail à l’autre en
COMPTE�!
avançant en continu de 8 millimètres à la mi-
nute. Quatorze ajusteurs-monteurs calquent
leurs gestes sur cette cadence hypnotique, po-
sant des joints d’étanchéité et des rivets. En
actionnant un joystick qui commande un bras
articulé, Nadia, l’une des quatre femmes de
l’unité, est capable d’orienter la pièce en tous
sens. «Ainsi, nous n’avons pas à tourner autour POIDS LOURD
ni à nous accroupir. On adapte désormais la L’Omnimove transporte
hauteur de la pièce à notre posture», explique- le transcowl d’un
t-elle en souriant. Depuis l’installation des A330neo, qui pèse
rails, les inverseurs n’ont plus besoin d’être dé- 1,5 tonne avec la
structure de fixation.
placés à la force des bras. Cette action de ma-
nutention, appelée dans le jargon des mana-
gers «une non-valeur ajoutée utile», a donc
définitivement disparu. «Nous gagnons ainsi
en efficacité tout en améliorant les conditions
de travail», se réjouit Sébastien Penneroux, le
responsable de la ligne d’assemblage.
Pour l’instant, pourtant, la cadence idéale
n’est pas atteinte. Alors, quand la moving line
s’immobilise à 18 h 30, les opérateurs conti-
nuent d’y travailler pendant deux heures. «Nous
n’allons pas encore assez vite poste par poste.
Mais nous y arriverons cette année», assure le
chef d’équipe tout en jetant un regard furtif sur
sa montre. En théorie, la vitesse maximale de
cette chaîne d’assemblage peut atteindre 16 mil-
limètres par minute. «Nous n’irons pas jusque-
là», croit-il bon de préciser. Vraiment ?•
32 MARS 2018
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 B
AV E N I R

Cybersécurité
Ces start-up qui
hackent le business
T
Dans un monde out le monde a encore en tête la
spectaculaire attaque du virus
où les objets WannaCry, en mai de l’année
connectés sont dernière, qui a paralysé près de
plus nombreux que 200 000 entreprises pour leur
réclamer une rançon. Depuis,
les humains et les pirates informatiques ont multiplié leurs
où les machines offensives en visant les failles d’entreprises
règlent notre vie d’autant plus vulnérables qu’elles sont en
quotidienne, pleine transformation digitale.
Autres proies ciblées, les millions d’objets
la protection des connectés et le secteur industriel, où les ma-
flux informatiques chines intelligentes communiquent entre elles
devient une dans les usines robotisées. Et ce n’est pas fini :
les cybercriminels concentrent maintenant
priorité absolue. leurs efforts sur les technologies émergentes,
Par Jean-Bernard comme la blockchain, qui stocke et transmet
Gallois les informations, et les intelligences artifi-
cielles. Bref, la surface d’attaque devient gi-
gantesque, et les points d’entrée de ces cyber-
pirates sont démultipliés par la migration
généralisée vers le Cloud. La prolifération des
34 MARS 2018
menaces ouvre un boulevard aux professionnels
de la cybersécurité. Un marché poussé par les
réglementations, notamment le règlement eu-
ropéen sur la protection des données person-
nelles (REPD), qui va obliger, dès le mois de
mai, les sociétés à une mise en conformité. «La
cybersécurité est devenue une des priorités
des comités exécutifs depuis un an», indique
Gabriel Amirault, consultant chez Wavestone,
et la demande explose. Le marché mondial
devrait atteindre les 100 milliards d’euros en
2018, 40 fois plus qu’il y a dix ans.
Leurs services informatiques étant déjà
confrontés à une pénurie de compétences et
de personnel formé, les entreprises devront
implanter des outils d’analyse automatiques,
légers et performants. Précisément ce que sont
en train de développer des start-up françaises
très innovantes. Une centaine d’entre elles
tient tête aux Américains et aux Israéliens,
longtemps leaders dans ce domaine. Voici les
meilleures pistes à suivre.•
 2016
3�000 milliards
de dollars
2013
1�000 milliards
de dollars
SÉCURISER LES OBJETS
CONNECTÉS
C ette année, on
devrait dépasser
les 12 milliards d’objets
connectés dans le monde,
prédit le cabinet Gartner.
«C’est un marché fabuleux
pour les hackers, car on peut
connaître parfaitement
le fonctionnement de ces
appareils, et les possibilités
d’exploiter les vulnérabilités à
distance sont nombreuses»,
explique Christophe Pagezy,
directeur général de Prove
& Run. Après cinq longues
années de développement,
PHOTOS�:� T. TRUTSCHEL�/�GETTY IMAGES, CAPTURE D’ÉCRAN TESLA
cette société, fondée en
2010, a lancé un logiciel
à intégrer dans les
équipements connectés.
«Il s’agit d’un petit système
d’exploitation quasi
inviolable où sont logées
toutes les fonctions de
défense de l’appareil et qui
est placé à côté du système
d’exploitation habituel par
les équipementiers.» Avec
pour clients des géants de
l’automobile, Prove & Run,
qui compte 35 personnes,
pourrait être le gardien
de la sécurité de votre
future voiture autonome.
La voiture autonome
serait particulièrement
vulnérable aux
agressions à distance.
2021 (projection)
6�000 milliards
de dollars
Cybercriminalité�:
un coût en
progression
constante
GARANTIR LE CHIFFREMENT
DES DONNÉES
D
omaine essentiel
de la cybersécurité,
la cryptographie permet de
chiffrer les informations
pour les rendre illisibles par
les attaquants. Elle concerne
tout particulièrement
les applications de banque
à distance ou les réseaux
de distributeurs de billets,
par exemple. Les protections
cryptographiques ont un
défaut�: elles sont fragilisées
par tout changement de
l’architecture des réseaux
informatiques. Chaque fois,
il faut détecter leurs failles
éventuelles. C’est la mission
de Cryptosense, une start-up
créée en 2013, qui emploie
sept personnes. Après
deux ans de développement,
elle a lancé un logiciel
qui «simule les actions d’un
pirate informatique pour
détecter les vulnérabilités
et sécuriser le système avant
que ces dernières ne soient
exploitées», explique
Graham Steel, le fondateur.
Ex de Cambridge et ancien
chercheur à l’Inria, ce
Britannique a choisi la France
pour son exceptionnel vivier
de grosses têtes en maths.
Cryptosense compte une
quinzaine de clients, dont
deux agences nationales de
sécurité informatique, une
référence dans le secteur.
BUSINESS 35

AV E N I R
DÉFENDRE LES SITES
INDUSTRIELS
C omment sécuriser des
sites industriels qui n’ont
pas été conçus pour abriter
des machines intelligentes�?
Et quelles protections
utiliser, capables de s’adapter
aussi bien à une ligne
de métro qu’à une centrale
nucléaire�? Réponse�: des
solutions de surveillance
passives. «Nous plaçons
aux nœuds des réseaux
des sondes qui écoutent les
échanges d’informations
entre les systèmes métiers»,
explique Thierry Rouquet,
fondateur de la start-up
Sentryo. La solution identifie
d’abord les faiblesses du
réseau machine to machine
en réalisant une cartographie
Certaines
solutions aident
les organisations
à s’adapter à
la modernisation
progressive de leurs
infrastructures.
PROTÉGER LES SITES INTERNET
I mpossible de construire
un pare-feu pour tous
les sites�? Pas selon InGen
Security, qui prétend pouvoir
défendre n’importe lequel
d’entre eux en moins de
quinze minutes. Son secret�?
Un modèle d’intelligence
artificielle breveté qui
permet de comprendre
la configuration de tous les
sites. Tout se passe en deux
temps�: l’apprentissage puis
le blocage. Le programme
enregistre toutes les
requêtes d’un utilisateur
légitime naviguant sur le
site et, à partir de là, peut
mettre au point tout seul
la «carapace», les pare-feu
qui vont le protéger. «Notre
36 MARS 2018
B Les informations
sensibles, comme
celles recueillies
ici à la Direction
de l’ordre public
et de la circulation
(DOPC), à la
préfecture de police
de Paris, exigent
des systèmes de
défense de plus en
plus performants.
logique des flux pour
comprendre comment
le réseau industriel est conçu.
«Nous détectons ensuite les
comportements anormaux,
puis nous donnons accès
à tout l’historique de
fonctionnement du réseau
pour identifier la cause
d’une attaque.» C’est alors
aux spécialistes de
la cybersécurité d’analyser
le problème et de le contrer.
Avec 25 personnes, Sentryo
va effectuer sa deuxième
levée de fonds. Thierry
Rouquet veut en faire la
référence européenne pour
titiller les Américains sur
leur terrain, qui génère la
moitié du business mondial.
PHOTOS�:� J. MUGUET�/�HANS LUCAS, G. ROLLE�/�REA, W. XINYANG�/�AFP
NOTER LA
CYBERSÉCURITÉ
programme peut passer
alors en mode blocage et la
carapace devient bouclier»,
DES SOCIÉTÉS
Cyrating est la première
agence européenne
explique Valérian Perret, de notation en Les usines, toujours
PDG d’InGen Security�: cybersécurité. «Nous plus automatisées,
le moteur d’intelligence examinons la protection représentent une
artificielle filtre sur le site cible tentante pour
de la messagerie, les cyberpirates.
toutes les requêtes des sites de l’entreprise,
entrantes, les compare aux des noms de domaine ou
requêtes saines et décide les fuites de données»,
si elles doivent être bloquées explique le cofondateur,
ou acceptées. Avec des François Gratiolet. Puis
dizaines de clients, depuis des notes par catégories
la boîte de com jusqu’à sont attribuées. Les
la grosse capitalisation du entreprises abonnées
CAC 40, la start-up lancée disposent ainsi d’une
en 2015 est en train de lever visibilité sur leurs
1 million d’euros. L’occasion performances pour
pour les trois salariés chaque thématique et
de renforcer l’effectif pour mesurent directement
prospecter plus de clients. l’impact de leurs actions.
 66%

53% Evolution
du pourcentage
d’entreprises
touchées par la
cybercriminalité
en France

32%
28%
2014 2015 2016 2017

FAIRE TESTER SON DÉTECTER LES FAIBLESSES

INFORMATIQUE PAR DES
HACKERS ÉTHIQUES
Y ogosha veut dire
«défense» en japonais.
Un nom tout en maîtrise
pour ne pas affoler les
clients, tel est l’objectif
de Yassir Kazar lorsque, en
2015, il crée sa plateforme
de collaboration entre des
entreprises et des chercheurs
en sécurité informatique.
Cette pratique, qui s’appelle
le bug bounty, consiste
à mettre à contribution des
pirates bien intentionnés,
qui repèrent et corrigent
les failles des systèmes
informatiques. Ce hack légal
permet aux entreprises
de bien se préparer face au
cyber-risque et de disposer
d’un diagnostic personnalisé.
«Nous travaillons avec
200 chercheurs de toutes
les nationalités», indique
le cofondateur, qui s’est
intéressé à la cybersécurité
après s’être fait pirater son
premier site… spécialisé
dans les chansons de boys
bands. Le business model
de Yogosha est simple�:
la start-up prend une
commission sur chaque faille
détectée. Avec plus de
700 chercheurs sur liste
d’attente et une centaine de
clients, Yogosha a réalisé
sa première levée de fonds
en septembre 2017, à
hauteur de 1,2 million d’euros.
DANS LES ANNUAIRES
D’UTILISATEURS
A lsid affirme pouvoir
détecter une faille
avant même qu’elle ne puisse
être exploitée par d’éventuels
pirates. Le rêve pour tout
responsable informatique.
Les fondateurs, des anciens
de la cellule de cybersécurité
de l’Agence nationale
de la sécurité des systèmes
d’information (Anssi),
ont remarqué que les
attaques de grande ampleur
ciblaient toujours
un point névralgique�: les
infrastructures d’annuaires.
«C’est le vrai poumon
informatique, présent dans
95% des grands comptes
et qui assure la gestion des
droits d’accès des utilisateurs
aux réseaux. Si le hacker
arrive à l’atteindre, il a accès
à toutes les données de
l’entreprise», explique
Emmanuel Gras, président
d’Alsid. Sa solution permet
au directeur informatique
de suivre l’évolution des
infrastructures d’annuaires et
d’en connaître les principales
faiblesses à partir d’une
cinquantaine d’indicateurs.
Cette option est en outre
très souple, car elle peut se
déployer en quelques heures
seulement dans une grande
entreprise, sans implantation
en profondeur dans
son système informatique.

BUSINESS 37

Le Collectionist s’impose
dans le tourisme de luxe
La jeune pousse, spécialiste de la location de propriétés de luxe,
a levé 8 millions d’euros pour développer son offre en Europe
et partir à la conquête des Etats-Unis.
Par Constance de Cambiaire
E
nvie d’un cadre d’ex-
ception pour vos pro-
chaines vacances ?
Du château dans le
Médoc au riad à Marrakech,
en passant par un chalet au
pied des pistes à Megève, Le
Collectionist propose sur le
Web plus de 2 000 propriétés
ultrachics à louer dans une
centaine de lieux de villégia-
ture. Le tourisme haut de
gamme est en plein essor, et
l’ambitieuse start-up pari-
sienne, qui compte quelque
40 salariés, veut se tailler la
part du lion. «Le marché de la
location de propriétés de luxe
pèse entre 25 et 30 milliards
de dollars dans le monde», pré-
cise Max Aniort, 31 ans, DG
de la société fondée en 2013
avec deux associés.
BUREAUX LOCAUX. Mais
pas question de comparer leur
entreprise à un Airbnb pour
riches ! «Notre modèle est dif-
férent : nos locataires ne sont
pas en relation avec le pro-
priétaire et, grâce à nos im-
plantations locales, nous gé-
rons nous-mêmes l’accueil et
le suivi de la clientèle.» En
effet, Le Collectionist cha-
peaute une quinzaine de bu-
reaux situés dans des zones
stratégiques comme Saint-
Tropez, Mykonos et Ibiza.
«Nous travaillons avec des in-
dépendants payés à la com-
mission et qui connaissent
bien la région, raconte le DG,
ancien d’HEC. Ils s’occupent
de trouver les propriétés puis
38 MARS 2018
B
L A S TA R T - U P D U M O I S
EN CHIFFRES
10
millions
d’euros, c’est
la somme
totale
levée par Le
Collectionist
depuis 2013.
600�000
euros. C’est
la facture
présentée en
2016 par la
start-up pour
un mois dans
une villa à
Saint-Tropez.
Olivier
Cahané,
Max Aniort
et Eliott
Cohen-Skalli
(de gauche
à droite)
ont lancé Le
Collectionist
en 2013.
PHOTOS : LE COLLECTIONIST
LES DATES CLÉS
2013 de gérer la relation avec les s’ajoutent le fonds Red River
Création de la start-up clients.» Ceux-ci peuvent ré- West (famille Pinault) et deux
par Olivier Cahané
(34 ans aujourd’hui),
clamer cours de yoga, excur- business angels. La start-up a
Max Aniort (31 ans) sions ou services d’un cuisi- profité de cette augmentation
et Eliott Cohen-Skalli nier… facturés en plus. Le de capital pour mettre la main
(26 ans).
Collectionist annonce un pa- sur sa concurrente espagnole
2015 nier moyen de 26 000 euros Bonder & Co, installée à Ibiza.
Le Collectionist lève
2 millions d’euros. pour des séjours de dix jours. «Cette première acquisition
2017 nous permettra de lancer cinq
Deuxième levée LE RÊVE AMÉRICAIN. Le destinations en Espagne», ex-
auprès de XAnge, modèle simple de la start-up plique Max Aniort. La levée,
Partech Ventures,
Red River West (elle se rémunère en prélevant qui aidera la jeune pousse à
(la structure 20% sur le prix des séjours) étoffer son réseau d’agences
de capital-risque
du fonds séduit les investisseurs. Après – elle espère en compter 100
d’investissement avoir levé 2 millions d’euros avant 2020 –, devrait égale-
de la famille
Pinault) et de deux
en 2015, la société a bouclé en ment lui ouvrir les portes des
business angels. 2017 un tour de table de 8 mil- Etats-Unis. L’objectif est
lions auprès de ses investis- double : attirer les Américains
seurs historiques, XAnge et en Europe et proposer des vil-
Partech Ventures, auxquels légiatures sur place.•
 B LE CHIFFRE 77�000
euros.
MA DEUXIÈME VIE Chiffre
d’affaires
réalisé
par Fwee

De la logistique en ONG
lors
de sa
première

à la confection de friandises
année
d’activité,
en 2017.

Et si on transformait les invendus alimentaires en bonbons ?

Soizic Ozbolt a quitté son ancien job de responsable de logistique
dans une ONG pour tenter l’aventure gourmande.
Par Lola Parra Craviotto

C
ette Lyonnaise de
33 ans a mis sur le
marché, fin 2016,
de petites friandises
élaborées à base de surplus de
fruits. Les bonbons Fwee (c’est
leur nom) ont le goût des
pommes, des abricots ou des
fraises que lui vendent les pro-
ducteurs de la Drôme. «Cha-
que année, 45% des fruits et
légumes sont refusés par la
grande distribution, qui juge
leur calibre mauvais. Ils sont
pourtant de bonne qualité !
J’en récupère 200 kilos pour
les transformer», explique

ERIC FRANCESCHI POUR MANAGEMENT

Soizic. Un succès : pour ses dix
premiers mois d’exercice, l’en-
treprise, qui compte deux per-
sonnes, a généré un chiff re
d’affaires de 77 000 €. Soizic
s’est tout de même privée de
salaire et n’a embauché un sa-
larié que la deuxième année.
CUIR DE FRUIT. Son idée
de start-up lui est venue au
Moyen-Orient, où elle travail-
lait comme manager des
achats et de la logistique chez
Acted, une ONG française.
Soizic a conçu Fwee à partir
d’une technique de conserva-
tion ancestrale découverte au
Liban : le cuir de fruit. Grâce
à cette méthode, la conserva-
tion des fruits est prolongée
d’un an. «Alors que je réflé-
chissais à un procédé pour
transformer les fruits perdus,
la déshydratation m’est appa-
rue comme étant la meilleure
option. Ce système, qui est le
moins exigeant en matière
SOIZIC OZBOLT
2007
Diplômée
en commerce d’investissement en matériel
international à et de normes d’hygiène, per-
l’Ecema de Lyon.
met également de réduire les
2008 risques sanitaires.» Soizic
Cogérante de Sablage
de Chaneins, la PME
quitte alors son emploi et
familiale. rentre en France pour démar-
2013 rer son business. Sur son CV
Manager en logistique figure déjà une expérience de
chez l’ONG Acted, au chef d’entreprise : en 2006,
Moyen-Orient.
alors qu’il est à la tête de la
2014 PME familiale (dans la métal-
Fonde Maydine,
l’entreprise détentrice lurgie), son père décède. «A
de Fwee. 22 ans, je me suis retrouvée
patronne malgré moi. Et je le
suis restée pendant un an, le
temps d’assurer la transmis-
sion puis la vente de la société.
Cette expérience a renforcé
ma maîtrise de l’organisation
de la production, du suivi des
commandes, des relations
avec les clients et les fournis-
seurs, ainsi que de la gestion
du personnel.»
Elle finance l’achat de ses
équipements grâce à une cam-
pagne de crowdfunding sur
KissKissBankBank (où elle
récolte 16 500 €) et à un prix
de La Banque postale. Aujour-
d’hui, la marque Fwee est
distribuée en ligne et dans
certaines épiceries fines de
Lyon et de la Drôme. Soizic
Ozbolt envisage une diversi-
fication dans la production de
vinaigre et d’alcool, à base de
fruits invendus, bien sûr ! •
BUSINESS 39
 B
SAG A

Le réveil des belles

endormeuses Présentes depuis cent ans sur la table de nuit des Français,
les fameuses boules Quies ont aujourd’hui l’oreille des consommateurs
de 25 pays. Une affaire qui roule. Par Laure Delangeais

T
elle une Belle au bois dormant, Quies, après presque arrière-grand-père, raconte Olivier Denis du Péage, actuel
un siècle d’existence, semble tout juste s’éveiller à la président du directoire, et il a pris des parts dans la société, qui
modernité. Il aura fallu toutes ces décennies pour va doucement monter en puissance.»
que le fabricant – dénommé aujourd’hui Chabrières
Holding – de ces petites boules salvatrices prenne conscience DE LA BOULE FAÇONNÉE MAIN… Au sortir de la Seconde
du trésor qu’il avait entre les mains : une marque si populaire Guerre mondiale, Quies écoule en tout et pour tout 1 million
qu’elle est devenue un nom générique. Sortie de sa léthargie, de boules. L’entreprise est restée entièrement artisanale. Des
cette société familiale et artisanale accède au rang de spécia- ouvrières chauffent des bandes de cire et du coton sur un pe-
liste des produits auditifs. Au point de fournir des oreillettes tit réchaud puis roulent les boules à la main, sous l’œil impi-
aux gardes du corps du président Macron. toyable des contremaîtres qui vérifient le travail de chaque
«bouleuse». «On entendait alors fuser des “Geneviève, t’es
ASTUCE D’APOTHICAIRE. L’histoire a retenu le nom de trop légère !” ou “Germaine, t’es trop grosse !”», raconte en
l’inventeur des fameuses boules, un certain M. Pascal, mais souriant Olivier Denis du Péage. Les boules, jetées en vrac
pas son prénom… Nous sommes en 1918, ce pharmacien pa- dans des caisses en bois, partent ensuite chez les condition-
risien concocte des bouchons d’oreille à base de coton impré- neuses, qui les roulent dans du coton, avant de les placer dans
gné de cire pour l’une de ses clientes, épouse de l’héritier d’une les boîtes. Jusqu’en 1990, cette tâche sera effectuée par des
riche famille d’horlogers, Louis Henry-Lepaute. Celui-ci, flai- ouvrières à domicile à Chauvigny, près de Poitiers, parce que
rant très vite la bonne affaire, crée avec un juriste de ses amis, l’une des conditionneuses avait un jour déménagé dans cette
Joseph Moreau, la société Quies. «Joseph Moreau était mon ville. La seule concession à la modernité réside alors dans la
présentation du produit : «des boules plastiques composées
d’hydrocarbures saturés», l’époque aime les termes tech-
UN SUCCÈS BÂTI niques. Pour attirer le chaland, Quies fait de la réclame en
SUR UNE TROUVAILLE
JAMAIS BREVETÉE
1918-1921 1946 1964 1985
REMÈDE D’OFFICINE LE MILLION� ! LES TEMPS PREMIERS PAS
Un pharmacien parisien La barre du million de boules Quies MODERNES INFORMATIQUES
dénommé Pascal a l’idée vendues est franchie. Elles sont Yves Denis du Fils d’Yves, l’actuel
de préparer des bouchons d’oreille toujours roulées et conditionnées Péage, lié à la famille dirigeant Olivier Denis
à partir de coton imprégné de manière artisanale. du cofondateur du Péage prend
de cire naturelle. Des clients, Moreau, est nommé la présidence du
les Henry-Lepaute, apprécient. à la tête de la société directoire. Il fait entrer
Avec le juriste Joseph Moreau avec pour mission Quies dans l’ère
(photo), ils créent la société d’industrialiser informatique pour les
Les Laboratoires des boules Quies. la production. flux et les commandes.
PHOTOS�: BOULES QUIES, GARO/PHANIE, DAHMANE

FILLE DE LA RÉCLAME.
Quies a prospéré à partir
permanence, contrairement aux pharmaciens qui n’ont pas de 1945 en multipliant
manqué d’imiter ses protections auditives… qu’aucun brevet les actions publicitaires.
n’a d’ailleurs jamais protégées.

… AU BOUCHON INDUSTRIEL. La réclame permet de officielle, de mécaniser la phase de conditionnement.» Mais le

pratiquement décupler les ventes entre 1945 et le milieu des
années 1960. Entre-temps, le cofondateur Joseph Moreau a
cédé ses parts à son fils Claude, qui est devenu actionnaire ma-
joritaire. En 1964, celui-ci décide de nommer son gendre, Yves
Denis du Péage, à la tête de l’entreprise. Avec une mission :
faire enfin passer les boules Quies à l’ère industrielle. Une am-
bition qui semble aller de soi, mais délicate à mettre en œuvre :
aucun fabricant ne propose ce type de machines-outils dans
son catalogue. Huit ans plus tard, le père de l’actuel dirigeant
peut enfin inaugurer un atelier de fabrication à Gennevilliers,
au nord de Paris. Les petites boules sortent toutes identiques
des machines avant de filer… à Chauvigny chez une quinzaine
de conditionneuses. Il faudra attendre la génération suivante
pour franchir la dernière étape industrielle.
«Quand j’ai pris la direction de la société, en 1985, raconte
Olivier Denis du Péage, mon grand-père suivait toujours
son développement et il m’a conseillé, de manière très
patron de 28 ans veut d’abord rattraper le retard en matière
d’informatique. L’année où Steve Jobs quitte Apple pour fon-
der NeXT, chez Quies, on gère encore les stocks avec un grand
cahier, une règle et une gomme !
UN PRODUIT LONGTEMPS UNIQUE. Enfin, le 1er janvier
1990, le jeune dirigeant lance lui-même les machines à
Palaiseau, dans l’Essonne, où sont réunis la production et le
siège social, sur un site plus adapté à une possible expansion.
Car si son entreprise ne fabrique pratiquement qu’un seul pro-
duit, vendu à un seul client, l’Office commercial pharmaceu-
tique (OCP, l’un des «grossistes» pour les pharmaciens), Olivier
Denis du Péage ne manque pas d’idées pour faire fructifier un
peu plus le trésor familial. La seule innovation alors à l’actif
de Quies a été le lancement, en 1962, d’un masque de relaxa-
tion occultant en tissu, toujours produit. Mais l’arrière-petit-
fils du cofondateur cherche surtout à étendre la diffusion

1990-1998 2012 2016 2018

DÉMULTIPLICATION COUP ACCÉLÉRATION SECONDE
Quies installe son usine à D’ESSAI Ludovic Hardouin NAISSANCE
Palaiseau (91) et diversifie sa Quies (ex-La Brosse et Dupont) Pour son
production avec des bouchons se risque est nommé directeur centenaire,
en silicone et en mousse. dans un général pour accélérer Quies entre
Quies entre en 1990 dans la nouveau domaine le développement. dans une nouvelle
grande distribution. La gamme avec le rachat dimension, avec
s’élargit�: protections pour la des marques Médusyl le rachat de
natation, les voyages en avion, et Médusol, Prod’Embout Technologies
produits d’hygiène de l’oreille. des laits pour la peau. et d’EPI 3D Protection.

BUSINESS 41
 B
SAG A

Stimulé par la grande

distribution, Quies
lance un produit par an
des boules Quies. Il s’en va frapper à la porte de la grande
distribution. Les premiers temps, les ventes chez Carrefour ou
Leclerc ne représentent qu’une part marginale par rapport aux
pharmacies, mais l’entreprise prend progressivement le pli.
Pour garder sa place dans les rayons, elle se met à innover. Un
produit chaque année : un liquide pour calmer les irritations
de l’oreille, un autre pour éliminer les bouchons, puis toute
une gamme de sprays antironflements. TROIS QUESTIONS À
L’HEURE DE LA CROISSANCE EXTERNE. Avant le tour-
OLIVIER DENIS
nant du millénaire, l’entreprise met au point une machine ca- DU PÉAGE
PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE
pable de recouvrir les boules de coton, qui commencera à fonc-
tionner en 1997. Sous la pression de la grande distribution,
Quies se lance alors dans la production de protections en “NOUS UTILISONS
mousse et en silicone, utilisées notamment pour la natation, en DÉSORMAIS
investissant dans de nouveaux appareils. En 2010, la société se
transforme en une holding familiale, Chabrières Holding, plus DES TECHNOLOGIES
appropriée pour racheter des concurrents et créer des gammes DE POINTE”
de produits. Mais ce n’est qu’en 2017, près de cent ans après la MANAGEMENT�: Le bruit est devenu
naissance de la première boule Quies, que Chabrières s’engage une question de santé publique. Quelles
dans une politique de croissance externe, avec le rachat de sont les implications pour vous�?
Prod’Embout Technologies, une société française fondée en O. D. du Péage�: Nous avons toujours respecté
scrupuleusement les réglementations
2002 et spécialisée dans les produits auditifs pour les profes-
sur les protections auditives. Depuis quelques
sionnels – les musiciens ou les sociétés de sécurité, comme celle mois est aussi entré en vigueur un règlement
qui assure la protection du président de la République. Autre européen de protection du grand public,
rachat récent : EPI 3D Protection, un fabricant de protecteurs car le bruit est désormais reconnu comme
auditifs moulés destinés entre autres aux industries très une nuisance, dangereuse pour la santé.
bruyantes et au bâtiment. «Nous allons par exemple chez Cela nous oblige à faire toute une batterie
Michelin prendre les empreintes auriculaires d’une dizaine de tests et de contrôles d’ici à 2020 pour être
en conformité avec ces nouvelles normes.
d’ouvriers et, en quinze jours, nous réalisons pour eux un ap-
Vous avez élargi votre champ d’activité
pareil avec un filtre adapté aux machines sur lesquelles ils tra-
avec le rachat d’entreprises spécialisées.
vaillent.» Le tout à l’aide de scanners et d’impri- O. D. du P.��: Nous restons dans notre domaine
mantes 3D et dans le cadre d’une réglementation de de compétences, l’oreille, mais avec
plus en plus stricte… Forte de 17 millions d’euros de ou au service de produits très sophistiqués,
chiffre d’affaires, la belle endormie a rouvert grands comme des prothèses ou des oreillettes. Nous
les yeux et ne demande qu’à briser le silence.• utilisons des technologies de pointe�: scanners
pour les empreintes d’oreilles, imprimantes
3D, qui fabriquent des embouts en vingt-
quatre heures. Tout cela nous conduit à
toucher de nouveaux clients, donc à renforcer
nos équipes commerciales. Nous envisageons
de nombreuses embauches cette année.
La diffusion de vos produits prend
également un nouvel essor.
PHOTOS�: DAHMANE, I. S. SAVENOK/

O. D. du P.�: Nous sommes présents dans

GETTY IMAGES, F. MARVAUX/RÉA

25 pays et nous produisons 60 millions

DÉBOUCHÉS de boules par an. Dans les années 2000, nous
TOUS PUBLICS Les avions beaucoup investi dans l’informatique
protections auditives pour gérer les commandes et les livraisons,
équipent les industries afin d’assurer les flux avec la grande
bruyantes comme distribution. Ce qui nous a permis de passer
l’amateur de concerts. sans problème à l’e-commerce en 2016. •
42 MARS 2018
 B
PROBLÈME-SOLUTION

Fnac-Darty
Comment
consolider
un mariage
de raison
Pour peser face à Amazon et à Alibaba,
Fnac et Darty coopèrent. Les économies
d’échelle réalisées, reste à tirer le meilleur

ROMAIN GAILLARD�/�RÉA, POUR LA FNAC

parti de deux cultures. Par Pauline Darasse

D
ès 2011, quand François-Henri Pinault, patron de
Kering, annonce vouloir se défaire de la Fnac, une
chose est sûre : quel que soit le nouveau propriétaire,
le réseau de magasins culturels devra trouver d’au-
tres débouchés. Livres, disques, électronique : tous ses marchés
sont menacés par la vague numérique. Alexandre Bompard, son
président, tente en 2016 un énorme coup de poker : racheter
Darty, le très convoité leader français des produits électrodo-
mestiques. Un pari gagné après neuf mois d’une bataille épique.
Et un chèque de 1,16 milliard d’euros. C’est 60% de plus que
l’offre initiale, mais la Fnac double de taille. Reste à faire fruc-
tifier cet onéreux mariage. Après le départ de Bompard chez
ENRIQUE
MARTINEZ ,
directeur
général.
Carrefour, Enrique Martinez, vingt ans de maison et patron de
l’Europe du Nord (France, Belgique et Suisse), s’y colle. Epaulé
par Jacques Veyrat, nommé président du conseil d’administra-
tion et chargé des aspects financiers, Enrique Martinez doit tout
bonnement réussir l’alliance de deux groupes de taille égale, à
la forte personnalité et aux cultures dissemblables. •

TROIS SOLUTIONS S’OFFRAIENT À LUI

1. Fusionner 2. Conserver les deux 3. Faire de l’alliance

les deux entités pour enseignes et profiter un tremplin pour
réduire les coûts des économies d’échelle la croissance externe

L a Fnac a racheté Darty, il serait

logique que celui-ci s’efface
au profit de la première. Faire
B ien que très différents, les deux
vivre une seule enseigne revient
beaucoup moins cher que maintenir
les deux. Mais l’opération est
délicate sur le plan du management
comme sur celui des modes
de fonctionnement, surtout dans
le secteur de la distribution�!
Et serait-il raisonnable de se priver
de la notoriété de Darty�?
groupes peuvent faire jouer
des synergies dans l’immobilier,
les fonctions support, la logistique,
l’informatique… Et même dans
le domaine des achats, puisqu’ils
ont en commun plusieurs familles
de produits, tels les petits appareils
ménagers. Toute la difficulté est de
savoir jusqu’où aller, pour limiter les
conséquences sociales et préserver
la spécificité de chaque partenaire.
A l’heure où les principaux
rivaux s’appellent Amazon ou
Alibaba et ont atteint une taille
démesurée, les spécialistes
comme la Fnac et Darty font figure
de nains mal armés. Alors, pourquoi
ne pas former un vaste pôle
d’enseignes spécialisées�? Le métier
de distributeur spécialiste demande
un vrai savoir-faire dont ne peuvent
se prévaloir ni les gros sites
d’e-commerce ni les hypermarchés.

BUSINESS 43
 B
PROBLÈME-SOLUTION
PHOTOS�: FNAC, S. MENET�/ MAX PPP�/�FNAC, L. JAROUSSE / FNAC

Au cœur de
la Fnac de Lille,
Darty dispose
désormais
de son propre
espace, avec
ses produits
et ses vendeurs.

IL A CHOISI L’OPTION DEUX, LA PLUS PRAGMATIQUE

La recette d’un mariage réussi�?

Se trouver des points communs
et cultiver ses différences

E
n cette fin de septembre 2017 à Paris, gies et la préservation des richesses de chacun
dans les allées de la Fnac des Ternes des deux partenaires forme la base du plan
UNE MINE D’OR et du Darty voisin, directeurs de ma- Confiance +, élaboré pour former un leader
Les cartes gasins et chefs de secteurs se pressent, européen de la distribution, fort de 700 maga-
de fidélité des par petites grappes, pour écouter les messages sins et qui réalise un chiffre d’affaires de
deux enseignes transmis par les responsables de produits. 7,4 milliards d’euros.
enrichissent une
base de données
Chez Darty, Florence détaille pour des équipes
comptant plusieurs de la Fnac les stratégies à suivre pour les UNE DIRECTION PARITAIRE. Dès sa
millions de clients. machines à café : il s’agit de préparer l’entrée, prise de fonctions, en juillet 2017, à la place
imminente, de corners estampillés Darty dans d’Alexandre Bompard, Enrique Martinez a
une quarantaine de magasins Fnac. Enrique d’emblée affiché cette volonté d’équilibre en
Martinez, le directeur général du groupe, tient s’entourant d’un comité de direction paritaire :
à mettre les choses au point : en aucun cas il un tiers des membres sont issus de la Fnac,
ne s’agit là d’un premier pas vers un mélange comme Elodie Perthuisot, directrice commer-
des deux enseignes. ciale, un tiers viennent de Darty, notamment
«Nous allons construire l’ancien directeur général Benoît Jaubert, dé-
un groupe puissant tout sormais directement responsable de l’exploi-
en mettant en valeur les tation des magasins, le dernier tiers venant de
spécificités de chaque l’extérieur, à l’image d’Eric Iooss, qui a la tâche
enseigne», a répété cet délicate d’intégrer les systèmes d’information.
Espagnol de 46 ans aux Le directeur général du nouvel ensemble a
200 managers réunis à également tenu à préserver au maximum ses
la Défense le 5 décembre nouvelles équipes du piège des doublons. Les
Décembre 2017. Enrique Martinez expose à 200 cadres dernier. L’équilibre qu’il employés du siège de Darty ont donc quitté
sa politique d’équilibre entre les deux entités.
cherche entre les syner- Bondy et la Seine-Saint-Denis pour rejoindre

44 MARS 2018

LÉGENDE TITRÉE Portez ce
whisky au juge blond qui fume le
chien sauterait
SERVICES COMMUNS. L’e-commerce
et la livraison rapide gagnent en efficacité.
les locaux de la Fnac à Ivry-sur-Seine, dans la
banlieue sud de Paris, soit 350 personnes au
total, 19 postes étant supprimés.
MUTUALISER POUR MIEUX NÉGOCIER.
Deuxième articulation du plan : faire des
économies en amont. «Séparément, Fnac et
Darty étaient assez peu productifs comparés
à leurs rivaux étrangers, note un expert. Ils
peuvent aujourd’hui acheter des produits en
commun, ce qui permettrait de gagner un
point de marge brute.» Pour les seuls produits
techniques, comme l’informatique ou la télé-
phonie, les deux réseaux pèsent 3,7 milliards
d’euros. Cela devient intéressant pour négo-
cier avec Samsung ou Apple, par exemple.
Visiblement, le plan fonctionne, puisque 60%
des 130 millions d’économies escomptées
grâce aux synergies ont déjà été obtenus, se-
lon Enrique Martinez. «Nous allons chercher
le reste sur la logistique, les services et la
convergence des systèmes informatiques»,
précise le directeur général.
UN PARTENARIAT AVEC CARREFOUR.
L’objectif semble d’autant plus réaliste qu’un
certain Alexandre Bompard est revenu dans
la partie : en décembre dernier, le nouveau pa-
tron de Carrefour a proposé à son ancien col-
lègue un partenariat dans les achats d’appa-
reils électroménagers et électroniques grand
EN CHIFFRES
7,4
milliards
d’euros,
le chiffre
d’affaires
cumulé
des deux
groupes.
(Source : Fnac)
130�millions
d’euros
d’économies
escomptées
grâce aux
synergies.
(Source�: Fnac)
HYBRIDATION. À Biganos, dans la Gironde, les
deux enseignes cohabitent pour la première fois.
public, tels les lave-vaisselle ou les téléviseurs,
produits que les hypermarchés ont toujours
eu beaucoup de difficultés à vendre. Dans les
box des négociations, les grands fabricants
mondiaux se retrouvent donc face au trio
Fnac-Darty-Carrefour. Selon Natixis, le deal
rapporterait au bas mot 50 millions d’euros de
plus. Sauf avis contraire de l’Autorité de la
concurrence, les compères pourraient même
envisager des espaces Fnac-Darty dans les hy- LE RETOUR
Ancien patron
pers Carrefour. «C’est une alliance intéres-
de la Fnac,
sante, note un expert. Chaque Français a un Alexandre
Carrefour à moins d’une demi-heure de chez Bompard
lui, ce qui est loin d’être le cas pour la Fnac ou revient avec
Darty.» Or, pour contrer les Amazon ou Ali- sa casquette
baba, la livraison rapide est une des réponses Carrefour
indispensables. «Dans plus de 400 communes, pour conclure
une alliance
claironne Enrique Martinez, nous savons li-
avec le duo
vrer en une à deux heures.» Fnac-Darty.
200 MAGASINS SUPPLÉMENTAIRES.
Troisième volet du plan Martinez : ouvrir
quelque 200 magasins en trois ans en gardant
les enseignes séparées. Ce qui n’exclut pas de
proposer des assortiments communs, comme
à la Fnac de Biganos, près de Bordeaux, qui
vend de l’électroménager, des livres, des télé- À RETENIR
viseurs et des disques. Mieux que la gamme des
produits, ce sont les portefeuilles clients qu’il
OSER DES
va falloir réunir. «C’est de l’or, souligne Edouard-
ALLIANCES
Nicolas Dubar, à la tête du cabinet de conseil
INÉDITES
LE RACHAT de Darty, puis
Elsinore Search : Fnac et Darty comptent
l’alliance avec Carrefour sont
36 millions de clients, dont 8 millions com- pertinents, surtout en amont,
muns.» Et l’histoire s’accélère. Entré au capital pour mutualiser les achats.
en juillet dernier, Ceconomy est désormais re- Dans les magasins, la greffe
présenté au conseil d’administration de Fnac- prend peu à peu. Reste à tirer
Darty. L’ancienne branche du géant allemand profit des données clients
des deux enseignes, une
Metro possède un millier de magasins. Et
mine d’or, et à transformer
Pieter Haas, son PDG, n’a pas caché son ambi- l’ensemble en un grand
tion de «renforcer sa position de plateforme distributeur européen, avec
européenne leader de l’électronique grand pu- de nombreux magasins,
blic». Enrique Martinez ne dirait pas mieux. • et puissant sur Internet.
BUSINESS 45

Avec Spaces, Regus s’attaque
au coworking parisien
D’ici à la fin de l’année, le numéro 1 mondial
des centres d’affaires aura plus de 38 000
mètres carrés d’espaces de coworking dans
la capitale. Par Sébastien Pierrot
E
t de quatre. Après
Opéra, Bonne-Nou-
velle et Paris Ouest
(Boulogne-Billan-
court), Spaces a ouvert, il y a
quelques mois, un quatrième
espace dévolu au coworking
à Paris. Tout de vitres et de
poutres métalliques, l’immeu-
ble style Art nouveau de la rue
Réaumur, dans le 2e arrondis-
sement, propose des salles de
réunion, une cafétéria, des
salles de sport et de massage,
un salon de coiffure et un bar-
bier, et beaucoup de bureaux
à partager, sur sept niveaux et
près de 5 000 mètres carrés.
Certains de ces bureaux abri-
teront des entreprises en quête
de locaux en centre-ville (BNP,
Alibaba, etc.), d’autres des
travailleurs nomades et indé-
pendants. «Il y a 400 postes de
Franchise�: des rencontres
pour les femmes en reconversion
R econversionenfranchise.com
organise des après-midi de
rencontres gratuits à l’attention
des femmes en reconversion
professionnelle qui envisagent
de rejoindre un réseau de
franchise. «Nous souhaitons
leur faire découvrir que ce
système ne regroupe pas que
des commerçants. Il existe
beaucoup de métiers de service
en B�to�B et en B�to�C, qui sont
peu connus dans cet univers et
que l’on croit souvent réservés
aux hommes, comme le travail
temporaire, l’intermédiation
46 MARS 2018
B
L ’A C T U D U C R É AT E U R
travail, dont les tarifs s’éche-
lonnent de 300 à 600 euros HT
par mois», indique Christophe
Burckart, DG France de Spaces
et Regus (groupe IWG).
MARCHÉ DYNAMIQUE.
Face aux puissants acteurs du
coworking comme WeWork
et Nextdoor, l’enseigne néer-
landaise n’a pas dit son der-
nier mot puisqu’elle a l’inten-
tion d’ouvrir 9 000 mètres
carrés supplémentaires près
de la gare Saint-Lazare au
mois de juillet et, dans la fou-
lée, 18 000  mètres car rés à
la Défense. Ce qui portera à
près de 38 000 mètres carrés
son petit empire du coworking
dans la capitale.
«Le marché est extrême-
ment dynamique, poursuit
Christophe Burckart, et nous
bancaire, la rénovation de
bâtiments et l’automobile»,
précise Corinne Gicquel, la
fondatrice du site à l’origine
de ces demi-journées. Des
franchisées et des responsables
de réseaux tels Temporis
(intérim), Idésia Crédits
(courtage) et Diagamter
(diagnostics immobiliers)
seront donc présents pour
apporter leurs témoignages
et fournir des informations lors
de ces débats organisés en
partenariat avec les chambres
de commerce et d’industrie
Les bureaux de Spaces, rue Réaumur, sont
ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
voulons en profiter pour ou-
vrir de 15 à 20 centres chaque
année en France.»
A côté des bureaux ouverts
par Spaces, Regus possède une
gamme complète d’espaces de
travail flexibles avec les mar-
ques Regus Express, dans les
gares et les aéroports, et Stop
& Work (en partenariat avec
Orange et la Caisse des dépôts),
implantés dans les communes
d’Ile-de-France de deuxième
et de troisième couronne. Ce
qui en fait l’un des tout pre-
miers acteurs du secteur. •
spacesworks.com/fr
(CCI). «La franchise, ajoute
Corinne Gicquel, est une
excellente solution pour les
femmes qui en ont marre du
stress des grands groupes et
ont des projets de création. Elle
apporte un accompagnement
et de la sécurité à celles qui
n’osent pas se lancer seules.»
Six sessions sont prévues dans
les Hauts-de-Seine, les Yvelines,
la Champagne, le Maine-et-
Loire, les Hauts-de-France et la
Haute-Garonne. Informations
•
et inscriptions sur le site. S.�P.
reconversionenfranchise.com
PHOTOS : ARTHUR ENARD, DR
CHRISTOPHE
BURCKART,
DG France de Regus.
AGENDA
Où rencontrer des
créateurs ce mois-ci ?
A Grenoble, au concours
Pitch 333 (3 minutes,3 slides,
3 questions) organisé par
Digital League. Le 1er mars
à l’Imag, à Saint-Martin-d’Hères.
digital-league.org
A Paris, au congrès Big Data.
Les 12 et 13 mars,
au Palais des congrès.
bigdataparis.com
A Paris encore, à l’occasion
du Startup Safari, les
journées portes ouvertes de
l’écosystème des start-up.
Du 15 au 17 mars, dans
plusieurs lieux de la capitale.
paris.startupsafari.com
A Paris toujours, pendant
l’IoT World, le Salon des objets
et des services connectés.
Les 21 et 22 mars, à la porte
de Versailles.
iot-world.fr
 B
L A F I C H E D U C R É AT E U R

LEÇON Fermer son entreprise

NUMÉRO
coûte au moins 2�500 €
27 Faire radier son ex-boîte du registre du commerce et des sociétés revient cher.
Mais il faut en passer par là pour relancer sa start-up l’esprit serein. Par S. Pierrot

S
i, après quelques ANNONCES LÉGALES.
mois d’activité, votre Il faut en publier deux. La pre-
chiffre d’affaires ne mière, après la dissolution de
décolle pas, pensez la société. La seconde après
à fermer votre société. Si vous avoir approuvé le dernier bi-
voulez retenter l’aventure par lan comptable et s’être pro-
la suite, il est préférable de noncé pour la liquidation. Les
faire place nette et d’être au annonces se paient à la ligne.
clair avec l’administration ! Leur tarif varie d’un départe-
Pour cela, entamez une pro- ment à l’autre : de 4,16 euros
cédure de dissolution-liqui- la ligne, dans l’Orne ou dans
dation (ou de dissolution vo- l’Ain, à 5,50 euros à Paris. En
lontaire) auprès du tribunal gros, comptez 200 euros par
de commerce. Seule condi- annonce, soit 400 euros, sauf
tion : être en mesure d’hono- en Ile-de-France où, assure
rer toutes vos dettes. Si vous Philippe Wagner, de Captain
fermez une SAS, une Sasu, Contrat, «on ne paie qu’une
une SARL ou une EURL, les seule fois, les greffes acceptant
frais d’enregistrement et de d’utiliser la même annonce
procédure se montent au mi- pour les deux parutions».
nimum à 2 500 euros.
GREFFE DU TRIBUNAL
PROCÈS-VERBAL. Après DE COMMERCE. C’est lui
être convenus de dissoudre qui enregistre le dossier de
la société, vous devrez faire dissolution et prononce la ra-
enregistrer le procès-verbal diation. Coût : 198,64 euros.
actant votre décision au ser- Ajoutez à cette somme l’en-
vice des impôts des entre- registrement du PV de liqui-
prises. Coût : 375 euros. dation par le Trésor public
LE TÉMOIGNAGE
MATHIEU LADIER,
fondateur de Larz Kitchen
(25 euros) puis par le tribunal
de commerce (14,79 euros).
Soit un total de 1 013 euros.
DROIT DE PARTAGE. S’il
reste de l’argent à l’entreprise
lors de la clôture des comptes
(on appelle ce reliquat le
«boni de liquidation»), vous
devrez verser aux impôts un
«droit de partage entre les as-
sociés». Son montant : 2,5%
du boni. «Si vous êtes seul, il
n’y a pas de partage à effec-
tuer. Vous pouvez donc écrire
au fisc pour en être dispensé»,
souligne Muriel Forest, asso-
ciée juridique chez In Extenso.
FRAIS DIVERS. Pour les ho-
noraires de l’avocat et ceux de
l’expert-comptable, prévoyez
au moins 1 500 euros. Les ta-
rifs de Captain Contrat et des
autres sites de legaltech avoi-
sinent 400 euros, mais tout se
passe en ligne. Et gare aux co-
quilles qui peuvent faire per-
dre du temps et de l’argent !•
LA FERMETURE
D’UNE SAS
EN 5 ÉTAPES
1
DISSOUDRE
Les associés, réunis en
assemblée générale,
prennent la décision de
dissoudre la société.
2
LIQUIDER
Ils nomment un liquidateur
(cela peut être le PDG)
chargé de clore les
comptes de l’entreprise.
3
PUBLIER
Après la dissolution,
la parution d’une annonce
est obligatoire.
Une seconde annonce
devra être publiée
après la liquidation.
4
LIQUIDER (BIS)
Une nouvelle fois
réunis en assemblée
générale, les associés
approuvent le dernier
bilan comptable
de la société et prononcent
sa liquidation.

“CELA REVIENT BIEN PLUS CHER 5

QUE D’OUVRIR SA SOCIÉTÉ” RADIER

P our fermer leur start-up, Mathieu Ladier affirme que son

associé et lui ont déboursé beaucoup plus que pour la lancer�:
«Nous en sommes à plus de 2 200 euros�: 1 260 euros pour
Une demande de
radiation est déposée
au Centre de formalités
Captain Contrat, qui s’occupe des démarches administratives et des entreprises (CFE) ou
de la rédaction des PV�; 500 euros d’honoraires d’expert-comptable au greffe du tribunal de
pour la clôture des comptes et 472 euros de boni de liquidation commerce. Quelques
aux impôts. En effet, nous avions remporté 25 000 euros au semaines plus tard, celui-ci
concours 101 Projets, en 2013. Comme il restait 19�000 euros, nous prononce la radiation
avons dû payer cette taxe de 2,5%.» En tout, il leur a fallu trois de l’entreprise du registre
mois pour faire radier la société du registre du commerce. du commerce et des
«Et encore, nous n’avons jamais vraiment démarré d’activité.» • sociétés (RCS).
DR

BUSINESS 47
 B
EFFET MACRON�?

C E S P A T R ON S
QU I R E N T R E N T
E N F RANC E
Le retour au pays d’entrepreneurs expatriés s’accélère,
notamment dans la tech. L’élection du nouveau Président
a été un déclic. Par Bruno Askenazi

48 MARS 2018
 DATE CLÉ
2016
Un an avant
son élection,
Emmanuel
Macron a su
séduire les
start-uppeurs
et les
convaincre
qu’il serait
leur allié.
Pari gagné�!

P
aris, ambassade de
Grande-Bretagne,
12 mai 2016. Michael
Amar, fondateur de
Ifeelgoods (une pla-
teforme Web de ges-
tion d’opérations de
promotion pour les
professionnels), par-
ticipe à la soirée du
Founders Forum, qui
rassemble le gratin
mondial de la nou-
velle économie. Parmi deux cent cinquante
happy few, un invité d’honneur, Emmanuel
Macron, qui vient de lancer son mouvement
politique En marche ! A la cantonade, Michael
Amar l’apostrophe : «Si vous devenez prési-
dent, je reviens en France !» Aujourd’hui, le
dirigeant, qui s’est expatrié neuf ans en
Californie pour y développer sa start-up, a
tenu sa promesse. Depuis l’été dernier, il par-
tage son temps entre sa résidence d’Aix-en-
Provence et la filiale parisienne de sa société
américaine (10 millions d’euros de chiffre d’af-
faires). Cet entrepreneur expérimenté antici-
pait son retour pour des raisons familiales
depuis plusieurs années déjà. Mais le climat
hexagonal morose l’arrêtait. L’élection du
Président, en mai 2017, a changé la donne.

UN PRÉSIDENT POPULAIRE. En effet,

depuis cette date, le regard sur l’Hexagone de
l’écosystème californien et de sa kyrielle d’en-
trepreneurs français a changé. Dans le monde
de la tech, passer de la Californie à la France
était auparavant vécu comme une régression,
comme une équipe de foot qui serait rétrogra-
dée en division inférieure. Aujourd’hui, c’est
fini. «Il y a toujours eu des retours au pays,
mais au compte-gouttes. Depuis quelques
mois, il y en a trois à quatre fois plus qu’avant,
OLASER�/�GETTY IMAGES

et ils ne sont pas liés à des échecs de création.

Il n’y a plus de honte à retourner à Paris. On
quitte la nation qui a élu Donald Trump, per-
sonnage impopulaire sur la côte Ouest, pour
un pays qui, avec Macron, a retrouvé le

BUSINESS 49
 B
I N S P I R E Z-VO U S

Ciné VR�: pour vivre les films JULIEN

en 3D comme au cinéma
NICAULT,
DG DE
CINÉMUR.
Sa start-up,
qui défie
Grâce à un casque de réalité virtuelle, l’application reproduit AlloCiné sur
son terrain,
l’ambiance d’une salle de cinéma pour regarder chez soi des films voit de plus en
plus grand.
en VOD. Un concept venu d’Amérique. Par Bruno Askenazi

S
’immerger dans une
salle de cinéma en 3D
sans quitter son ca-
napé, c’est désormais
possible avec un casque de
réalité virtuelle et l’application
Ciné VR. Une technologie que
l’on doit à la start-up française
Cinémur. Son fondateur,
PHOTOS�: CINÉVR, DR, OCULUS RIFT�

Julien Nicault, en a eu l’idée en

testant un dispositif de l’amé-
ricain Oculus VR, abandonné
depuis. En revanche, pour la L’expérience
jeune pousse parisienne, qui 3D comme
en salle, où
crée déjà des plateformes de vous voulez.
vidéo à la demande (VOD), il
était intéressant de dévelop- que celle d’Oculus. «On peut n’impor te
per cette solution qui l’aidait à choisir son siège, l’ambiance quelle plate-
différencier son offre. d’une salle classique (avec de forme de VOD.
faux rires !) ou celle d’une FnacPlay est la pre-
AMBIANCE PLAGE. Com- projection en plein air, dans mière à avoir adopté sa
mercialisée depuis l’an der- un décor de plage tropicale ou technologie. Cinémur en-
nier et compatible avec la de nuit, à la belle étoile, et in- visage à présent de l’étendre
plupart des casques VR pour viter des amis à partager la à d’autres sites de VOD, voire
smartphones, l’application est séance», détaille Julien de la vendre à des produc-
nettement plus sophistiquée Nicault. Ciné VR s’intègre à teurs de contenus. •

TROIS AUTRES BONNES IDÉES À ADAPTER EN FRANCE

1 DES ÉTIQUETTES
ANTIGASPI
La start-up américaine Wasteless
2 DU BOOKING EN RÉALITÉ
VIRTUELLE
Navitaire, spécialiste espagnol des
3 DES CHIPS À L’ORIGINE
TRANSPARENTE
Le fabricant américain de chips
adapte le prix des produits logiciels de réservation, a présenté Kettle Brand rassure ses clients en
alimentaires à leur date limite de un concept faisant appel à la réalité les informant de la provenance de
consommation. Plus ce moment virtuelle. Equipé d’un casque VR, ses ingrédients. Un code à 10 chiffres
fatidique approche, moins la denrée l’utilisateur choisit sa destination imprimé à l’arrière du paquet permet
est chère. La technologie s’appuie sur un globe terrestre. Après avoir de retrouver, sur le site Web de la
sur un calculateur de valeur découvert le site en 3D, il peut marque, le nom de l’agriculteur
en temps réel, un système de radio- réserver son vol, son hôtel et payer et le lieu de production des pommes
identification et des étiquettes sa facture en ligne. Le dispositif de terre. L’effet est triple�: cela dope
électroniques installées sur peut même indiquer au voyageur les visites sur le site Internet, met
les étagères des rayons. Une arme les pays prisés par ses «amis» en valeur les cultivateurs et permet
antigaspi qui pourrait intéresser sur Facebook. A quand des casques de jouer la carte de la transparence
plusieurs enseignes françaises. chez Nouvelles Frontières�? vis-à-vis des consommateurs.
wasteless.co navitaire.com kettlebrand.com

52 MARS 2018

MA (VRAIE) VIE D’ENTREPRENEUSE
LE CLIENT EST ROI�!
OUI, MAIS DE QUOI�?
D
ans nos petites boîtes, quand un
client n’est pas content, on le sait
tout de suite. Déjà, nos rapports
avec lui sont assez directs : nous fai-
sons en sorte qu’il n’hésite pas à exprimer son
ressenti. Et puis nous, en face, on est à l’écoute,
on fait tout pour lui répondre, pour trouver
une solution. Des clients, on n’en a pas des mil-
liers, on a parfois du mal à les décrocher, et la
base de toute relation commerciale consiste à
s’en occuper, à les satisfaire et à se plier en
douze pour eux. Bien sûr, cela présente son lot
d’inconvénients, de remises en question et, de
temps à autre, soyons sincères, de pilules à
avaler. Mais c’est la règle : le client est roi.
En outre, il peut aussi se montrer capricieux,
voire de mauvaise foi. Ainsi va la loi des af-
faires et chacun d’entre nous est finalement
toujours le client de quelqu’un. Or je suis tou-
jours très étonnée de constater qu’il arrive
même aux grands groupes de se prendre les
pieds dans le tapis du parcours client et de
manquer de bons sens. Imaginez, par exemple,
qu’avec un géant des télécoms, votre problème
tombe par malchance à côté des process : la
situation peut vite devenir absurde !
Si vous êtes
“client pro”
et que votre
06 tombe
en rade, il
faut vous
attendre à
être traité
comme un
pro… blème.
B
Puisqu’on parle télécoms, je veux évoquer ici
un problème technique survenu sur un télé-
phone portable (le mien) et qui n’a jamais
trouvé de solution. En effet, pour ce qui me
concerne, l’année s’est achevée dans le silence. PAR SOPHIE BAILLOT
Mon 06 a choisi de s’éteindre quelques heures À LA TÊTE D’UNE AGENCE
avant fin 2017. Rest in peace. Or je n’ai qu’un DE COMMUNICATION,
téléphone. Oui, pardon : avec tous les trucs que ELLE NOUS FAIT PARTAGER
je dois gérer au quotidien, je ne m’imagine pas TOUS LES MOIS SON
une minute avec deux mobiles. QUOTIDIEN ET NOUS
DÉVOILE LES COULISSES,
«Rien de grave», me suis-je pourtant dit au
PARFOIS ROSES,
début. Rien… si ce n’est l’incongruité de ma
PARFOIS GRINÇANTES,
situation : une directrice d’agence de commu-
DE LA VIE DE PATRON.
nication qui est soudain injoignable au moment
des vœux ! Adieu téléphone, SMS, e-mails, ré-
seaux sociaux («La vie, quoi !» dirait mon ado
de fille). Un terreau pour tous les malentendus
possibles. Et pourtant, à ce moment précis,
j’ignorais que le pire était à venir.
Persuadée qu’il s’était éteint pour un banal
problème de batterie, je me suis rendue dès le
premier jour ouvrable – et du pas confiant du
client qui paie – dans une boutique de mon
opérateur. Là, on m’a invitée, en ma qualité
de client pro, à contacter plutôt les services par
téléphone ! A partir de là, j’ai été baladée de
service en service. Huit interlocuteurs en une
semaine avec, en prime, le rendez- vous télé-
phonique «en urgence mais dans cinq jours»…
à 8 heures le matin. Un horaire ultrapratique,
il faut en convenir. En définitive, on m’a pro-
posé de remplacer l’appareil dans six mois.
Evidemment, ce n’est pas comme s’il s’agissait
d’un outil de travail !
Pourquoi mettre des offres pros en catalo-
gue et ajouter cette dénomination au parcours
client si c’est pour proposer des services d’ac-
ILLUSTRATION : STÉPHANE TRAPIER
compagnement absolument incohérents ?
Pourquoi cela devrait-il être plus compliqué
parce qu’on est des clients pros ? Au moins,
avec de petites boîtes comme la nôtre, même
si l’on n’est pas des géants dans notre secteur,
nos clients peuvent s’attendre à un maximum
d’écoute et de célérité dans l’action. •
BUSINESS 53
 D
LE DOSSIER

Guillaume
Gibault

Thomas
Pesquet

Moi ? Ce sont
qui en parlent
56 62 64 68
PERSONAL BRANDING LE BIZ DU BUZZ COM DE CRISE INTERVIEW
HUIT FAÇONS DE CES MARQUES FONT SAVOIR RÉAGIR HAPSATOU SY,
CRÉER UN EFFET DE PARLER D’ELLES QUAND VOS PHOTOS SES RECETTES POUR
HALO POUR FAIRE ET C’EST BON POUR DE VACANCES FONT RÉUSSIR UN COUP
BRILLER VOTRE AURA LEUR BUSINESS LA UNE DES RÉSEAUX DE COM EN BEAUTÉ

54 MARS 2018
 LE CHIFFRE

15%
DES LYCÉENS AMÉRICAINS SONT “POPULAIRES”,
SELON LEURS CAMARADES… ET, EN PLUS,
Donald ILS ONT LES MEILLEURS RÉSULTATS SCOLAIRES�!
Trump (Source�: Mitchell Prinstein, université de Caroline du Nord)

Lele
Pons

Elon
Musk

les autres
le mieux !
Devenir populaire, ça s’apprend. Ensuite, ça se cultive. Tous nos conseils
pour susciter la curiosité, attirer la sympathie, choisir la bonne stratégie pour vendre
votre profil comme une marque… et laisser les autres chanter vos louanges.
Dossier coordonné par André Mora
Textes : Christine Régnier, Marie-Madeleine Sève
Illustrations : Damien Vignaux

DOSSIER 55
 Le
guide
du
personal branding
Que ce soit pour booster sa carrière, asseoir une légitimité, récupérer
des marges de manœuvre ou gagner en influence, maîtriser l’art de
faire parler de soi est indispensable. Voici huit techniques imparables
pour devenir le centre de l’attention. Par Marie-Madeleine Sève

Elon Musk
Qu’il évoque
l’intelligence
artificielle ou
la planète Mars,
des millions
de fans boivent
les paroles du
gourou de
Tesla et SpaceX.
 D
FA I R E PA R L E R D E S O I
P
our se faire repérer, sortir de sa
routine s’impose. Emprunter
des chemins de traverse, trans-
gresser un chouia le système et
créer un halo positif autour de
soi. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi prendre
en main sa propre communication, sans hu-
milité ni arrogance. Cultiver son image en évi-
tant les faux pas de l’insincérité ou de la bour-
souflure de l’ego. Enfin, trouver les bons relais
d’influence est indispensable : «Tout l’art du
personal branding consiste à savoir faire savoir
ce que l’on fait», résume Jean-Louis Muller,
expert en management auprès de Cegos.
Inutile, pour cela, de vous égosiller sur les
réseaux sociaux : pour accroître votre noto-
riété, mieux vaut laisser les autres parler de
vous. A une époque où l’on est de plus en plus
jugé sur ses actes, en permanence scrutés par
les autres via Internet, l’autopromotion trouve
rapidement ses limites. Les témoignages de
vos collègues, voisins, clients (ce que les
Anglo-Saxons nomment endorsement), ont
bien plus d’impact sur votre popularité que vos
proclamations personnelles. Mais comment
répandre autour de vous l’envie de se faire
l’écho de vos exploits ? Voici huit techniques
pour mobiliser la bonne volonté de vos collè-
gues, clients ou voisins de coworking.
� 1 �PARTICIPEZ
À DES
PROJETS TRANSVERSAUX
V ous craignez de vous retrouver noyé dans
la masse anonyme des collaborateurs ?
Pour sortir du lot et de votre bureau, la bonne
stratégie consiste à… prendre la tangente.
Portez-vous volontaire pour participer à tous
les projets transversaux qui passent à votre
portée. Groupe de travail sur les nouvelles pro-
cédures comptables, atelier sur la numérisa-
tion des services ou mise en place de méthodes
collaboratives : foncez. Le but est double : vous
faire remarquer au-delà de votre sphère et ré-
véler vos talents à gérer des sujets complexes.
«Sortir de sa boîte permet de se frotter à
d’autres concepts, d’autres métiers, et de valo-
riser son expertise. Les collaborateurs d’un
autre service auront un regard neuf et parle-
ront de vous différemment», explique Jean-
Louis Muller. Ils pourraient même chanter vos
louanges : «Heureusement que Luc était là, il
Inutile
de vous
nous a bien tirés d’affaire !» Si, en plus, le projet égosiller
touche de hautes instances, c’est le jackpot. En
prime, vous aurez étoffé vos contacts dans les
sur les
services adjacents. «Les entreprises ont besoin réseaux
de collaborateurs capables de jouer à saute-
frontière», ajoute Jean-Louis Muller. Un bon sociaux :
plan pour les jeunes diplômés… et les quin-
quas en mal d’autonomie !
laissez
LE CONSEIL. Choisissez un projet à la mesure agir l’effet
de vos talents et de vos envies. Il ne s’agirait
pas d’aller vous casser les dents sur un sujet de halo !
que vous ne maîtrisez pas�! Avec vos nouveaux
interlocuteurs, ne commettez pas l’erreur
de vous faire mousser�: faites-les parler de
leurs projets et de ce que vous leur apportez.
Et glissez-vous dans le rôle�: c’est le meilleur
moyen de faire parler de vous. En bien.
� 2 �TRANSFORMEZ-VOUS
EN BÊTE À CONCOURS
L aurence Alsac s’est lancée dans l’aventure
de la création d’entreprise alors qu’elle
était encore conseillère d’orientation. Elle a
imaginé un jeu de lettres cousin du Scrabble,
Octoverso, axé sur les mots à double sens.
«Pour l’éditer, il fallait que je me fasse
connaître», raconte-t-elle. En 2010, elle ob-
tient le premier prix du Salon du jouet et du
jeu, qui lui apporte un référencement dans les
enseignes spécialisées. Pour élargir son au-
dience, elle parie sur le concours Lépine, qui
la couronne par deux fois à la Foire de Paris :
en 2012 pour Octoverso et en 2013 pour un
autre jeu, Qamoki. A la clé : couverture média-
tique nationale pour l’inventrice de l’année et
un chiffre d’affaires en hausse de 20% à
chaque trophée. «Le bouche-à-oreille a très
bien fonctionné dans les deux cas et j’ai pu
apposer le macaron officiel du concours sur
mes produits», dit en souriant la créatrice.
LE CONSEIL. Sélectionnez les concours
qui valoriseront le mieux votre savoir-faire
ou votre personnalité et dont l’impact sera
maximal dans votre domaine.
� 3 �DEVENEZ
PROVIDENTIEL
L a tuile ! Une simple erreur d’emballage a
contraint cet industriel de l’agroalimen-
taire à organiser le retour de ses produits par
camions entiers, pour un coût direct
DOSSIER 57
 D
FA I R E PA R L E R D E S O I
monstrueux. Et un coût indirect tout aussi
salé, avec une réputation en miettes. Comment
éviter la débâcle ? Lors d’une réunion de crise,
le responsable industriel lève la main : «Je n’y
connais rien au commercial ni au marketing,
mais je peux essayer de rencontrer les clients ;
j’écouterai, j’expliquerai nos processus, je ver-
rai les choses de façon moins passionnelle.»
Fichus pour fichus, on retient l’idée. Tournée
des popotes, rendez-vous clientèle… le direc-
teur industriel réussit à conserver les plus gros
clients en leur tenant un discours de vérité.
Une prouesse qui l’a fait remarquer dans tous
les concours qualité de l’année. «Dans ce type
de situation, le succès n’est pas fondamental,
souligne Yvon Berl, coach chez Zathinoé.
C’est le courage d’affronter les faits, votre dis-
ponibilité et votre motivation à agir pour l’in-
térêt général qui vont impressionner.» Vous
rendez service à votre hiérarchie, qui évite,
grâce à vous, de se retrouver en première
ligne. Et en dépassionnant le débat, vous fa-
cilitez la recherche d’une solution. Vous voilà
gagnant sur tous les tableaux !
LE CONSEIL. Déminez les conflits internes,
positionnez-vous comme un intermédiaire
de confiance en cas de clash avec un client
ou un fournisseur. Dans ce rôle de médiateur,
qui n’est pas le vôtre, vous n’avez rien
à perdre. Attention tout de même de ne pas
vous retrouver entre le marteau et l’enclume�:
contentez-vous d’essayer de rapprocher
les points de vue sans prendre parti.
� 4 �MARQUEZ LES ESPRITS
AVEC UN COUP D’ÉCLAT
P lus de 26 millions de personnes touchées
grâce au Web, une interview sur Europe 1,
des articles dans Sud-Ouest, Le Parisien,
L’Equipe, des reportages sur France 3, TF1 et
M6… L’opération «Offrez-vous un joueur pour
trois heures !» a fait le buzz en 2012. Aux ma-
nettes, Mathieu Rousset, jeune diplômé de
l’ESC Pau, alors en CDD dans un petit club de
rugby des Landes, en mal de visibilité et de
sponsors. «J’ai conçu une vente aux enchères.
Pour les lots, les joueurs amateurs du club of-
fraient de leur temps. A la ville, ils étaient
plombier, garagiste, maçon… La recette allait
aux Restos du cœur, un choix en phase avec
les valeurs de solidarité du rugby.» Mathieu
réalise et diffuse une vidéo présentant onze
58 MARS 2018
Vendre
des
des joueurs et poste leurs photos sur les réseaux rugbymen
sociaux, pendant trois semaines, une à une,
avec leurs compétences pros «pour faire
pour
monter la sauce». La vente se déroule en avril, renflouer
devant une salle pleine de 700 personnes. Les
retombées financières, 4 645 euros, vont au- son club ?
delà des attentes du jeune homme. Mais, sur-
tout, la vidéo du making-of tourne sur la Toile,
Plus c’est
devenant rapidement virale, et attire les spon- fou, plus
sors, qui viennent en nombre à la rescousse du
club. Le Grand Prix du communicant aquitain ça marche !
2012 distingue Mathieu pour ce coup à deux
bandes. Remarqué par ses pairs, le jeune
homme décroche un mois plus tard un contrat
de prestation et, dans la foulée, monte son
agence de communication, Mayoko. «Prendre
aussi vite la lumière comporte des risques, re-
lève Alain Bosetti, cofondateur du cabinet de
coaching En Personne. Il faut savoir faire fruc-
tifier ces instants de célébrité avec constance,
sans se reposer sur ses lauriers.» En clair : ne
prenez pas la grosse tête !
LE CONSEIL. Un coup d’éclat ne demande
pas forcément d’énormes moyens. Il réclame
en revanche une véritable implication.
Ce n’est pas une technique que vous mettez
en scène, mais vous-même. Le timing
et la préparation doivent être irréprochables.
� 5 �PARTAGEZ
VOTRE PASSION
L a passion rend… passionnant. Partager,
donner à voir, à entendre ou à goûter ses
hobbies est un puissant vecteur pour se démar-
quer dans son univers professionnel et rayon-
ner au-delà. «Je me souviens de ce cadre, api-
culteur le week-end, qui possédait cinq ruches,
raconte le coach Yvon Berl. Il vendait son miel
au bureau, le faisait goûter, discutait de la vie
des abeilles. En montrant une autre facette de
sa personnalité, il s’est construit une renom-
mée singulière, décalée, qui lui a permis
d’avoir l’oreille de tous les dirigeants…»
Autre exemple : Anne-Catherine Péchinot,
directrice générale de Rent A Car, numéro 1 de
la location de véhicules en France, et sportive
accomplie. A 47 ans, la dirigeante aligne un
impressionnant palmarès : tour du Mont-Blanc
sans étape, course de 300 kilomètres en forêt
sans GPS, record national de 212 kilomètres
en vingt-quatre heures sur un rameur en
Guillaume
Gibault
Le fondateur
du Slip français
a surfé sur
la campagne
présidentielle
de 2012 pour
proposer au
pays de changer
de caleçon.

salle… La dame reste pourtant discrète sur cet
aspect de sa personnalité. «Je n’en parle pas
dans l’entreprise, mais ça se sait, confie-t-elle
en souriant. Mes collaborateurs voient que j’ai
des ampoules, des tendinites ou que je boite de
temps à autre.» Elle participe à des conférences
en dehors de son entreprise : «Quand j’ai
quelque chose à dire sur l’endurance, la concen-
tration ou la préparation mentale.» Une façon
élégante de mettre en valeur sa différence sans
l’imposer à ses collaborateurs.
LE CONSEIL. Surprenez en entrebâillant
la porte de votre jardin secret, sans forfanterie
et sans écraser les autres de votre supériorité.
Méprises et fous rires ont eu tôt fait d’apaiser
les tensions. Et le jeu de Cathy a fait un véri-
table carton : de l’aide-soignante au chef de
service, cinquante blouses blanches y ont par-
ticipé durant plusieurs jours. Rebelote, six
mois plus tard : il s’agissait cette fois de dégus-
ter des eaux minérales et de partager son avis
sur les panneaux d’affichage. «La jeune femme
est devenue populaire, raconte le coach Yvon
Berl. Aux yeux de tous, elle est la personne ca-
pable de créer du lien parmi le personnel.» Une
façon de bodybuilder sa réputation !
LE CONSEIL. Laissez-vous guider par votre
intuition pour trouver la bonne idée
qui fédérera l’équipe. Explorez les attentes

� 6 �FÉDÉREZ
non exprimées du groupe�: besoin
EN CRÉANT de convivialité, de reconnaissance mutuelle
L’ÉVÉNEMENT ou, tout simplement, d’un peu de fun�!

D ans cet hôpital parisien, plus personne

ne se parlait. De querelles de services en
désaccords sur l’organisation, chacun était sous
pression. C’est alors que Cathy, infirmière, a or-
� 7 �SOYEZ ACTIF SUR
LES RÉSEAUX SOCIAUX
ganisé… un concours de photos de classe ! Tout
le monde s’est fendu de son vieux cliché. Les
murs de la salle commune en ont bientôt été
A vez-vous un bon quotient de conversa-
tion sociale (QCS) ? Cet indice, calculé à
partir de votre nombre de followers et de likes
recouverts et chacun devait reconnaître ses sur les réseaux sociaux, évalue votre capacité
collègues parmi les visages d’adolescents. à interagir avec une audience numérique.

DOSSIER 59
 Lele Pons Cette post-ado
américano-vénézuélienne
raconte sa vie en photos et
en vidéos. Résultat�: 22 millions
d’abonnés sur Instagram.

Selon Fadhila Brahimi, coach en personal

branding qui a adapté pour le public franco-
raire du xxie siècle ! Je réserve LinkedIn au
dialogue avec mes pairs et j’y poste des articles Vous avez
phone Moi 2.0 (Leduc.S Editions, 2011), de
Dan Schawbel, le QCS émerge de plus en
lorsque j’ai des convictions à partager.» En
2017, elle a ainsi diffusé sur sa page d’accueil
eu la chance
plus comme un critère de recrutement. Vous une tribune fustigeant la sollicitation de vous
devez, en clair, soigner votre e-reputation. La
meilleure façon d’être populaire sur Internet
outrancière de commerciaux sur le réseau pro-
fessionnel. Elle a recensé 44 000 vues… et planter ?
consiste désormais à «feuilletonner un sujet
sur votre LinkedIn ou votre fil Twitter, le
quelques centaines de commentaires. Le dé-
but d’une solide e-réputation et d’un bon QCS.
Ne ratez
thread, affirme Thierry do Espirito, consultant LE CONSEIL. Disciplinez votre prise de surtout pas
en stratégie digitale. A la différence du blog,
qui permettait de “faire autorité” sur un sujet
parole. En vous faisant rare, vous gagnerez
en légitimité. Et, surtout, prenez-y du plaisir, l’occasion
mais ne suscitait pas forcément le partage ou
le commentaire, le thread “engage” l’audience
c’est contagieux�!
d’en faire
qui aura tendance à réagir et interagir davan- un succès !
tage avec vous».
Fan de Twitter et LinkedIn, Cécile Paillard,
� 8 �FAITES LE RÉCIT
DE VOS ÉCHECS
directrice de la communication de SPIE ICS,
entreprise du numérique, raconte : «Sur Twit-
ter, je discute de sujets techniques en rapport
S teve Jobs, Bill Gates, Richard Branson,
J. K. Rowling, Steven Spielberg, Oprah
Winfrey ou Hapsatou Sy (lire p. 68)… Ils sont
avec mon secteur. C’est un peu le salon litté- nombreux, parmi les stars, à avoir essuyé de

60 MARS 2018
 D LE CHIFFRE

FA I R E PA R L E R D E S O I 85%
DES RECRUTEURS GOOGLISENT
LES CANDIDATS�: SOIGNEZ VOS RÉSEAUX�!
(Source�: RegionsJob 2017 )

Les recettes
du “self branding”
Manager votre carrière
comme si vous étiez une
marque commerciale�:
c’est tout l’enjeu du self
branding. Une stratégie
efficace, à condition d’utiliser
les ingrédients idoines et
d’acquérir le bon tour de
main. Petit récapitulatif en
six étapes d’une campagne
réussie de marketing
personnel. Par M.-M. S.
Définir son offre
Cela paraît évident, mais
mieux vaut tout de même
le rappeler�: vous ne pouvez
pas «vendre» ce que vous
ne connaissez pas. «L’idée
n’est pas de rechercher la
notoriété à tout prix, affirme
Thierry do Espirito, consultant
en stratégie digitale, mais de
savoir quels projets personnels
vous allez mettre en avant
afin de montrer en quoi vous
êtes unique.» Vous devez
définir votre offre et votre
positionnement sur le marché.
Prenez votre temps. Cette
étape est primordiale.
S’exercer à parler de soi
Autre point capital, explique
le consultant, s’entraîner à
la prise de parole. «Cela vise
à renforcer la confiance en soi.
Il faut accepter de se montrer
et de se valoriser en images,
en mots, en actions.» Faites
la part des choses entre
les personnages public et
privé. Pointez la singularité
qui fait de vous un être
différent. Puis exercez-vous à
discourir, sur vous ou un thème
d’expertise, par oral et par
écrit, devant un public ami
et bienveillant. Vous vous
sentez un peu timide�? Prenez
des cours de théâtre,
cela ne peut que vous aider.
Adapter le message
Vous tenez votre argumentaire.
Il vous faut maintenant définir
vos cibles�: s’agit-il de séduire
un recruteur, d’attirer un client,
de convaincre un collaborateur,
de mobiliser une audience
sur les réseaux sociaux�?
Commencez par exprimer
clairement votre objectif
auprès de chacune de ces
cibles. Mettez en regard
le besoin de votre interlocuteur
ou de votre auditoire. Puis
construisez votre discours
de façon à concilier les attentes
de la cible et votre objectif
personnel. Personnalisez votre
message en valorisant une
information adaptée à chacune
de vos cibles. Un recruteur
ne réagira pas sur les mêmes
choses qu’un pair ou un
contact réseau. Tous trois sont
pourtant les relais dont
vous avez besoin. Dans votre
storytelling, n’omettez pas
les erreurs dont vous avez
su tirer les leçons. L’important,
c’est de rester authentique.
Choisir le bon levier
Marquer les esprits
ou transmettre une info�?
Adaptez votre stratégie
au but recherché. S’il s’agit de
frapper un grand coup, sans
doute faut-il organiser
un événement. S’il s’agit
d’interagir avec votre audience,
poster un message ou une
vidéo sur les réseaux sociaux
sera plus efficace. Les deux
procédés, bien sûr, ne
s’excluent pas. Sachez quel
aspect de votre personnalité
vous voulez exposer et qui
vous voulez toucher�: le patron,
des sommités, le grand
public�? Choisissez aussi votre
moment�: une prise de parole
au cours d’une réunion amplifie
vos propos et votre visibilité.
Une rencontre inopinée, dans
l’ascenseur ou à la cafétéria,
facilite un échange informel.
Avancer par étapes
L’exploit se construit sur
la durée. Testez en petit comité
les animations, les laïus,
les publications que vous
envisagez. Expliquez vos
projets à des proches, écoutez
leurs avis sur le fond et
la forme, positifs comme
négatifs. Corrigez le tir et
refaites un tour de piste pour
affiner votre présentation.
Nourrir son storytelling
Une fois votre campagne
lancée, vous ne devez pas
cesser de l’alimenter. La
visibilité est à ce prix. Mais
n’assommez pas votre public�!
Faites le tri entre l’accessoire
et l’essentiel. Ne retenez dans
les nouveautés que ce qui a du
sens pour vous et pour votre
cible. Intégrez dans vos billets
le dernier cri de l’actualité, en
y ajoutant votre regard et vos
commentaires avisés. Et laissez
toujours entrevoir une suite
à votre dernier billet. Vous
créez ainsi l’essentiel�: l’attente.

cinglants revers de carrière. Plus ardu est
d’oser les rendre publics, surtout avant d’avoir
pu rebondir. Pourtant, cette stratégie se révèle
payante pour redorer son image, donner à voir
un autre visage ou attirer l’attention sur soi.
En 2001, par exemple, Nicolas Riou immor-
talise son fiasco dans Comment j’ai foiré ma
start-up (Editions d’Organisation). Le livre
fait date, au point qu’on en parle encore en
2018. «C’était un nouvel univers dont je ne
connaissais pas les codes : j’ai adopté la pano-
plie sans forcément avoir le mode d’emploi.
Mais ce fut une expérience extrêmement en-
richissante. J’ai appris à manager une équipe,
à diriger une entreprise, à travailler avec les
investisseurs», confiait à l’époque celui qui di-
rige désormais l’institut d’études Brain Value,
qu’il a fondé en 2003 après avoir retrouvé un
job chez Euro RSCG. Preuve que cet employeur
a apprécié, voire valorisé, son parcours et sa
confession retentissante. «Raconter un échec
atteste qu’on a du cran, assure Alain Bosetti.
A condition, bien sûr, d’avoir compris le méca-
nisme du dérapage et de l’avoir soigneusement
analysé et digéré. Dire ses failles, ses fragili-
tés, rend humain. Dans le fond, c’est une dé-
monstration de force.» Une narration sincère
frappera les imaginations, vous donnera du
relief et de la profondeur : vous avez surmonté
l’épreuve. «Le sentiment d’échec est intéres-
sant, justement parce qu’il est subjectif et qu’il
amène des questions, analyse le philosophe
Charles Pépin, auteur de l’essai Les Vertus de
l’échec (Allary Editions, 2016). Un échec ques-
tionné est souvent plus riche qu’un succès non
questionné.» A vous d’en tirer le meilleur
parti… et de le rendre profitable à d’autres. •
LE CONSEIL. Evitez de vous identifier
à votre erreur ou à votre plantage. Faites bien
la distinction entre «être un raté» et «avoir
raté», afin de trouver la bonne distance pour
relater la chose… avec une pointe d’humour.

DOSSIER 61
 D
FA I R E PA R L E R D E S O I

Faire du biz
avec du buzz
Certaines marques se sont fait une spécialité d’utiliser
le marketing viral pour augmenter leurs ventes. Et si on s’en
inspirait pour faire mieux ? Par Christine Régnier

U
n buzz se travaille avec la pré-
cision d’un horloger suisse.
Condition essentielle pour es-
pérer émerger ? Arriver au
bon moment avec un produit
qui répond à un véritable besoin. Evidemment,
«l’idéal serait d’être le premier dans son do-
maine, voire le seul», énonce Remy Roulier,
marketeur, infopreneur, coach et auteur de
livres aux titres accrocheurs comme Créer un
site Web lucratif en 4 semaines (Amazon
Media). Règle numéro un : démarquez-vous
de vos concurrents. A l’image de Burberry, le
tailleur chic qui a fait le buzz en devenant la
première marque de luxe à ouvrir des comptes
Twitter et Snapchat. Vous n’êtes pas seul sur
le coup ? Qu’importe. Compensez ce handicap
en faisant preuve d’ingéniosité, souligne l’in-
fopreneur. Comment ? «En détournant une
tendance, par exemple.» C’est ce que lui-
même a fait en surfant sur la mode des cahiers
de coloriage pour adultes : «Au lieu de propo-
ser des mandalas, j’ai édité une collection de
carnets de gros mots à colorier pour se défou-
ler ! Et le buzz a été au rendez-vous», dit-il en
souriant. Dans ce même état d’esprit – surfons
sur la tendance –, Amazon a profité de la folie
des drones pour réaliser une vidéo truquée
où l’on voyait livrer les colis de la marque par
la voie des airs. Non seulement tout le monde
associe désormais Amazon à ce mode de li-
vraison (qui, rappelons-le, n’existe pas en-
core), mais le buzz a incité tous les fabricants
de drones à chercher le moyen de construire
ces futurs appareils de livraison. Pas mal pour
une fake news !
Pariez sur l’émotion. Pour générer du
bouche-à-oreille, la clé, c’est l’émotion. Rire,
surprise, tristesse, compassion… peu importe.
Ce qui compte, c’est de «toucher la fibre émo-
tionnelle de votre public», affirment tous les
experts en médias sociaux. D’où l’exigence
d’un storytelling puissant. Une stratégie que
les porteurs de projets sur les plateformes de

6 techniques de buzz qui ont fait leurs preuves

MONTER UN CANULAR,
COMME MALIK
BENTALHA
Pour promouvoir son spectacle
à l’Olympia, l’humoriste a fait croire
qu’on lui avait volé son portable
et piraté son compte Twitter.
Sur Twitter, les «pirates» jettent
en pâture les numéros de portable
de ses potes Gad Elmaleh et Alain
Chabat. Message : «Si tu appelles pour
Bentalha, arrête. Mais si tu veux aller
le voir à l’Olympia, c’est en octobre.»
Résultat : 2 millions de vues
en une heure pour un compte
suivi par 15�000 fans.
MISER SUR SOI
VIA INSTAGRAM
Cofondatrice de la marque de
vêtements Faubourg 54, Virginia
Mangia est une «instapreneuse». Elle
a lancé sa marque via le réseau social.
L’inspiration�? Avec son tube
de rouge, elle avait écrit «Jamais sans
rouge à lèvres» sur son sweat
et posté l’image. Pour rigoler.
Le succès est immédiat, ses fans
veulent toutes le sweat.
Résultat : une campagne
de crowdfunding sur Kickstarter pour
développer la gamme en profitant
de l’audience créée.
SE FAIRE RARE,
À L’IMAGE D’ALPINE
Faire son buzz en jouant sur
la discrétion, c’est la stratégie
d’Alpine, marque du groupe Renault,
qui est réapparue en 2018.
Une présence sur les réseaux
sociaux. Mais des posts
au compte-gouttes et des teasers
vidéo de quelques secondes.
Une application mobile pour
réserver dès aujourd’hui les premières
voitures sorties des chaînes.
Résultat : des fans chauffés à
blanc qui assurent un carton
d’audience à chaque post.

62 MARS 2018
 LE CHIFFRE

4
UNE VIDEO DIFFUSÉE SUR FACEBOOK EST
4 FOIS PLUS PARTAGÉE QUE SUR YOUTUBE.
(Source�: quintly, 2017)

financement participatif comme Ulule ou
Kickstarter doivent impérativement maîtriser
pour sortir du lot : «Une communication poli-
cée, lisse ou passe-partout ne va pas être re-
marquée. Il faut un travail de séduction pour
réussir sa levée de fonds », indique un expert
d’une plateforme participative. Racontez une
belle histoire et soignez les petits cadeaux
offerts aux donateurs. Une levée de fonds est,
en soi, une campagne de com (lire ci-dessous
l’exemple du Slip français).
Faites-vous relayer. Les associations et les
ONG jouent sur l’impact émotionnel de leur
message : elles optent pour des slogans chocs
à la place de rapports didactiques que per-
sonne ne lira ni ne partagera. La dernière cam-
pagne Facebook de SOS Amitié, conçue par
l’agence Buzzman, est un modèle du genre.
Chaque vidéo montre la vie d’un personnage
en apparence bien dans sa peau, mais en cli-
quant une seconde fois sur le clip, sa vie réelle
et sa détresse cachée apparaissent… Une cam-
pagne pensée pour les réseaux sociaux : for-
mat ultracourt, émotion intense et partage
maximal. Il est vrai que Buzzman sait flairer
la bonne idée qui ne coûte rien mais rapporte
gros en visibilité. Ainsi de la campagne
#joyeux noelsully pour Burger King. Sullyvan
K., client régulier du restaurant de Bordeaux
Mérignac et fan de la page Facebook du
groupe, s’est vu offrir… un an de burgers gra-
tuits avec une place de parking réservée, un
plateau à son nom et une table VIP. Coût de
l’opération : une vidéo sur la surprise de
Sullyvan postée sur YouTube (45 171 vues en
deux semaines) et un relais gratuit dans une
foule de médias, eux aussi à la recherche d’in-
fos à clics pour assurer leur audience…
Proposez un message, pas un produit.
Si le buzz met un coup de projecteur sur une
marque, il ne peut pas tenir lieu de stratégie
de communication à long terme : «Le plus pé-
renne est de créer du contenu régulièrement
pour se faire connaître et bâtir une audience Surfez
durable», analyse Michel Fantin, expert en
marketing de contenu. Si Le Slip français sur le buzz
maintient en éveil l’attention du public, c’est
aussi parce que sa solide base de fans sur les
pour faire
réseaux sociaux sert de caisse de résonance à décoller
ses coups de com marrants. Le contenu dif-
fusé doit proposer un regard et un message votre
sur l’univers de la marque, au-delà de ses pro-
duits. Le gérant d’un restaurant locavore n’hé-
audience
sitera pas, par exemple, à réaliser des vidéos
de ses producteurs pour valoriser son établis-
sement. «L’idée, c’est de partager des expé-
riences, des histoires qui font rayonner la
marque, expose Nelly Chantelat, experte en
marketing de contenu. Puis de vous faire re-
marquer par les blogueurs et youtubeurs stars
dans votre domaine pour qu’ils partagent à
leur tour ce contenu. Une des meilleures fa-
çons d’amorcer la création de votre audience.»
Et de buzzer longtemps. •

DÉCALER L’OBJET, TOUCHER LE CERVEAU JOUER LE COLLABORATIF,

FAÇON LE SLIP FRANÇAIS
Le roi français des dessous masculins
a inventé son propre style de com.
Recette de sa dernière opération
de financement sur Kickstarter.
PHOTOS�:� TEAM B/E-PRESS PH0TO, Y. BROSSARD/RENAULT,
REPTILIEN, COMME EDEKA
Le numéro un du commerce de détail
en Allemagne s’est offert un joli buzz
pour Noël en jouant sans pitié avec
les émotions de ses clients.
À LA MANIÈRE DE LEGO
Le géant danois du jeu de
construction a toujours su faire parler
de lui en s’adressant aux enfants.
Une plateforme, Lego Ideas,

L’idée�: vous ne financez pas
l’ouverture d’une boutique
à Los Angeles, mais le voyage
de Léo, le mannequin de vitrine, qui
veut retrouver sa petite amie Sherry.
Un slogan�: «Ne laissons pas
tomber Léo», et des photos du
LE SLIP FRANÇAIS, LEGO
Un timing�: miser sur les fêtes
de Noël et les retrouvailles en famille.
Une vidéo�: un homme annonce
à sa famille sa mort prochaine.
Enfants et petits-enfants déboulent…
et sont accueillis par le faux mourant,
qui leur a préparé un beau repas.
invite chaque enfant à proposer
idées, personnages, modèles, boîtes…
Quand un projet atteint
10�000 votes, il est amélioré par
les designers et lancé en production.
Le gagnant est crédité sur la boîte,
touche 1�% des ventes et a

voyage des deux amoureux. Résultat�: émotion sur les réseaux, un personnage à son effigie.
Résultat�: un joli buzz et le prix de message positif sur l’importance Résultat�: 2�200 projets
la meilleure com à l’export en 2017. de la famille et big buzz à l’arrivée. sont en lice�!

63
 D
FA I R E PA R L E R D E S O I

Réagir en cas
de bad buzz
Parfois, on aimerait bien qu’on ne parle pas de nous… Mais
pas question de rester inactif lorsqu’on est victime d’une crise
de réputation. Conseils d’experts. Par Christine Régnier

U
ne explosion. «Le nombre de
crises vécues par les marques
ou par les personnalités est en
croissance exponentielle», note
Jeremy Benmoussa, expert en stratégie digi-
tale. Photos de soirées alcoolisées, tweets
rageurs, blagues sexistes et autres lointaines
erreurs de jeunesse représentent autant
d’épées de Damoclès pour vous. «La crise de
réputation survient souvent parce qu’on a
négligé ces signaux faibles», affirme Thierry
Portal, associé du cabinet Nitidis, expert en
e-réputation. Ne pas faire attention à ce que
vous semez au hasard du Net, c’est courir le
risque de vous trouver un jour au cœur d’une
e-tempête. Ainsi que l’expliquent les anges
gardiens de votre e-réputation, le temps du
«vivons heureux, vivons cachés» est bien fini.
Mais pas d’inquiétude : il y a une solution pour
chaque cas. La preuve en cinq histoires. •

Donald
Trump
Le «président
twittos» a
trouvé la parade
au bad buzz�:
le provoquer
lui-même
et surenchérir
pour allumer
un contre-feu.

64 MARS 2018

Un post
maladroit,
une photo
private
joke...
et une
e-tempête
se lève
CE QU’ON EN RETIENT
Même une réputation de
coupeur de têtes, ça se
modifie�! Les clés�: confiance
en son positionnement et
patience, beaucoup
d’informations sur le contexte
et une forte dose de pensée
positive pour mettre en avant
les bénéfices d’une expérience
plutôt que ses coûts.
LE CHIFFRE
71%
AUGMENTATION DU NOMBRE DE BAD BUZZ
D’ENTREPRISES EN FRANCE EN 2016.
(Source�: MMC 2016)
Donner des preuves
�LE CAS. Florian Silnicki, fondateur de LaFrenchCom, agence
de communication de crise, a connu une fin d’année chargée�:
«Le hashtag “Balance ton porc” m’a donné beaucoup de travail»,
avoue-t-il. Nombre d’entreprises clientes ont été visées par
des délations anonymes. Comme ce DG, accusé sur Twitter
d’agissements douteux. «C’est sa femme qui a donné l’alerte.
Les communicants de sa boîte n’osaient pas lui en parler�!»
Une pudeur problématique quand chaque minute compte.
«En un quart d’heure, le billet avait été relayé partout et arrivait
en troisième position sur Google lorsqu’on tapait le nom du DG.»
Deux jours plus tard, le présumé innocent était convoqué par
son conseil de surveillance pour s’expliquer. «Lorsque ce type
d’accusation tombe, toute la boîte est touchée.»
LA SOLUTION. Heureusement pour lui, l’homme n’a aucune
difficulté à prouver son innocence grâce à des tickets de carte CE QU’ON EN RETIENT�
Bleue et autres factures. Suffisant pour le blanchir auprès de ses On adopte le PIMS, méthode
pairs, contraindre Twitter à supprimer le billet et faire effacer élaborée par LaFrenchCom�:
toutes traces de la rumeur sur Google, en vertu du droit à l’oubli. Préparer, Illustrer, Maîtriser
L’essentiel est sauf. Mais mieux vaut rester sur ses gardes�: et Simplifier. «Le piège
«Dans l’esprit du public en général, en dépit des preuves, il y aura serait de s’enfermer dans la
toujours un réflexe “pas de fumée sans feu”. La présomption langue de bois. Il faut assumer
d’innocence vole en éclats. Le conseil de surveillance a renouvelé les faits et s’expliquer»,
sa confiance à ce DG, mais il n’a plus droit à l’erreur.» L’intéressé conseille Florian Silnicki.
en est conscient�: «C’est comme si j’avais taché ma chemise et Une façon de rassurer sans
utilisé un détachant�: il reste une auréole.» noyer le poisson�!
Comment les Jivaros
ont changé leur image
LE CAS. Cost killer, coupeur de têtes, faucheux… Il n’y a pas
si longtemps, l’accueil d’un manager de transition au sein d’une
entreprise était glacial. «Notre profession a souffert d’une image
très dégradée, se souvient Anthony Baron, dirigeant d’Adequancy,
cabinet de management de transition. Une image qui n’avait
rien à voir avec celle de professionnels de haut niveau, désireux
de mener à bien leur mission, avec savoir-faire mais également
empathie et humilité.» Mais comment casser cette réputation
de cost killer que la profession se traîne comme un boulet�?
LA SOLUTION. «Nous avons appris à communiquer sur
les aspects positifs de notre métier», poursuit Anthony Baron.
Pour cela, chacun des 2�000 membres de cette agence a été
coaché sur sa com, en situation, mais aussi pour son CV et son
usage de LinkedIn. Avec, pour mot d’ordre, positiver�: assumer
ses actes et faire valoir les effets bénéfiques d’une action. Par
exemple, gérer une transition, ce n’est pas seulement couper des
têtes ou un budget, c’est mettre de l’ordre dans une comptabilité
anarchique, insuffler du collectif dans une équipe en souffrance,
accompagner une entreprise en pleine croissance… Lorsque
le plan social est inévitable, les managers de transition sont invités
à positiver�: «On met en avant le nombre d’emplois sauvés, le
nombre de personnes reclassées et accompagnées.» Pari réussi�:
les entreprises ne se cachent plus lorsqu’elles font appel à un
manager de transition. «Avant, nos clients n’assumaient pas,
affirme Anthony Baron. Aujourd’hui, ils revendiquent le besoin
d’un regard extérieur.» Il est vrai que 90% des sociétés qui ont
aujourd’hui recours à un manager de transition sont confrontées…
à une croissance trop rapide�! Plus simple à faire accepter.
DOSSIER 65

CE QU’ON EN RETIENT�
Adoptez la méthode TEM�:
Transparence, Empathie
et Mobilisation. «Il faut
désamorcer la rumeur en
l’affrontant», assure Florian
Silnicki. Comme Emmanuel
Macron, évoquant en plein
meeting son homosexualité
supposée�: «Il a répondu
en public et avec humour�!
La rumeur s’est arrêtée net.»
CE QU’ON EN RETIENT�
Il ne faut pas hésiter
à parler de soi sur Internet,
à créer du contenu valorisant
sur LinkedIn ou à poster
des photos maîtrisées sur
Instagram… Bref, s’habituer
à ne pas vivre caché�: si vous
ne publiez pas d’informations
sur vous, Google en trouvera
quand même. Le moteur de
recherche a horreur du vide�!
66 MARS 2018
D
LE DOSSIER
Face au
Rétablir la vérité danger
LE CAS. Ce petit imprimeur de province a cru que le ciel
lui tombait sur la tête lorsque l’un de ses fournisseurs lui exprima
d’une
sa sympathie�: «J’ai appris, pour ta liquidation judiciaire… J’espère fake news,
que ce n’est pas trop dur�!» Interloqué, il lui demande d’où il tient
cette info. «Mais de ton concurrent, bien sûr�!» Tout à coup, sortez
tout s’éclaire�: ces clients qui diminuent leurs commandes, ces
annulations récurrentes… «Ce sont les conséquences d’une fake les grands
news, s’emporte Florian Silnicki, qui a accompagné l’imprimeur
dans sa gestion de crise. La force de la fausse information, moyens
c’est qu’elle vous met en situation de danger immédiat.»
LA SOLUTION. D’abord, récolter de l’information. «On a
recueilli les témoignages de tous les clients», précise l’expert.
Ensuite, affronter le corbeau�: «On l’a sommé d’arrêter. Il s’est
exécuté.» Mais le venin s’est déjà répandu�: les salariés, les
banques, les fournisseurs sont inquiets… Troisième temps�:
adapter sa communication à chacune de ces parties prenantes.
Par exemple, ne pas envoyer un mail groupé à ses salariés,
mais les réunir pour leur expliquer la situation. Aller voir
en personne son banquier et chaque interlocuteur concerné.
Bref, personnaliser son message pour rassurer tout le monde.
Assumer la faute
LE CAS�. Condamné pour plagiat�! Une ligne judiciaire qui fait
tache dans le CV de ce jeune humoriste. Comment faire passer
la pilule auprès du public�? C’est à cette mission que s’est attelé
il y a quelques années Eric de Barry, dirigeant d’AlterBuzz,
conseil en e-réputation�: «Quand on tapait son nom sur Google,
ce n’était plus l’humoriste qui apparaissait, mais le plagiaire.» CE QU’ON EN RETIENT�
DEUX SOLUTIONS. La plus répandue consiste à faire de Inutile d’essayer de cacher
l’enfouissement, en clair à produire des contenus positifs pour un problème à l’heure des
repousser le portrait peu élogieux en page 2 ou 3 des résultats réseaux sociaux. «Si on est de
de recherche. «Une e-réputation se joue d’abord sur la page 1 bonne foi, il faut se défendre
de Google», confie l’expert. Mais on peut aussi choisir d’assumer bec et ongles, affirme Eric de
la bourde tout en la minimisant. «Après en avoir discuté, c’est Barry. Quand on a commis
la solution qu’on a choisie. On l’a aidé à créer le sketch, à expliquer une bêtise, mieux vaut faire
l’enchaînement de petites lâchetés et de hasards qui l’ont amené profil bas, expliquer, minimiser
à s’approprier une pièce qu’il n’avait pas écrite.» Un acte assumé, et détourner l’impact.
un bon sketch… et un public qui pardonne�: mettre les rieurs de L’essentiel, c’est de ne pas
son côté, serait-ce à vos dépens, est toujours une bonne stratégie. ajouter le déni à la faute.»
Occuper le terrain
LE CAS. A la suite d’une erreur informatique, une jeune
et brillante avocate a eu la surprise de se découvrir en
micromaillot de bain dans le top 6 de Google Images�! «Elle avait CRÉDITS DES PHOTOS
DU DOSSIER�: B.Décout/REA,
posté cette photo en croyant qu’elle resterait privée… Quand O.Roller/Divergence, P. Falour/
Starface, B.Stafford/Nasa/
on tapait son nom, le cliché arrivait en haut des résultats Abaca, J.Lo Scalzo/EPA/Max
PPP, A.Leiva/Zuma/Max PPP,
de recherche», raconte Bertrand Girin, CEO de Reputation Vip. C.Kaster/AP/Sipa, D.Mills/NYT
Redux/REA, Future Image/
LA SOLUTION. Occuper le terrain pour diminuer l’impact. Zuma/REA, S.Marcus/Reuters,
A.Sokolow/DPA/Abaca,
«Il y avait très peu de contenu sur elle sur les réseaux sociaux. K.Schlueter/NYT/Redux/REA,
D.Mills/NYT/Redux/REA,
Nous avons donc créé du contenu.» Soit six images, habillées Broadimage/KCS, K.Nakamura/
AP/Sipa, L.Sharrett/NYT/
et «toutes différentes, car Google a horreur du copier-coller», Redux/REA, J. C.Sounalet/
Max PPP, Instagram de Lele
précise l’expert, postées sur les réseaux sociaux, relayées Pons, M.Aubry/stock.adobe.
sur des sites partenaires et boostées par quelques ficelles com, M.Theiler/UPI/Max PPP,
M.Reynolds/EPA/Max PPP,
secrètes. Résultat�: les photos clean arrivent désormais T.Breton/Panoramic, Veeren/B
estimage, Novapix/Leemage,
en première page des résultats de Google. Magie du Net ! G.Gorassini/Bestimage
 D
LES MOTS

INFOMOTION
Ce néologisme remplace peu à peu infotainment
(l’information divertissante). L’idée�: créer et partager

Personal branding
une information qui provoque une émotion.
«L’infomotion vise le cerveau limbique, siège des
émotions», explique Julien Pélabère, fondateur de
l’INGCR, Institut de négociation et de gestion de
Se considérer comme une marque, c’est éviter
crise. Parvenir à le toucher, c’est susciter l’empathie
et jouer sur les émotions, positives ou négatives, qui que d’autres ne parlent de vous avec de mauvaises
sont les clés d’une communication réussie. intentions. Alors, mettez à jour votre LinkedIn�!

Thomas Pesquet
Le cosmonaute français, a réuni des
millions de fans avec ses photos
BUZZ
Le buzz est
de la Terre diffusées sur le Net.
un phénomène
de bouche-

BAD à-oreille
qui se propage

BUZZ
Une tempête
tel un virus
sur les réseaux
sociaux.
médiatique A ne pas
négative à confondre
gérer au plus avec le
vite. Avec mème (du
pour origine grec mimesis,
des propos «imitation»),
incompris qui désigne
ou une bête la vidéo,
faute de goût. l’image,
L’écrasante la phrase ou
majorité le mot repris
des bad buzz en boucle
provient sur Internet.
d’erreurs
de l’émetteur
lui-même.
LIGNE
ÉDITORIALE
UNIVERS Oui, vous
Un bon devez, tel
communicant un média,
cherche décider quels
à créer et sujets vous
à mettre en aborderez sur
avant un vos réseaux,
univers fort. trouver des

Ultrapersonnalisation
Onirique, idées en phase
féminin, avec votre
humoristique… personnalité
peu importe. et avec
La clé�: qu’il L’autre nouveau graal des services de marketing et du e-commerce�: offrir à un client votre cible.
soit puissant ce qu’il souhaite pile au bon moment. Objectif�: qu’il se sente unique�! L’exploitation massive Mais aussi
et clair�! des données personnelles multiplie les possibilités d’hyperpersonnalisation des services. choisir un ton,
un univers

Expérience
Aujourd’hui, on ne se borne plus à faire découvrir
un produit. Il faut surtout faire vivre une expérience.
D’où l’importance du storytelling et de l’infomotion,
qui sont les clés d’une UX (user’s experience, dans
la langue de Donald Trump) réussie.
STORYTELLING
graphique…
Bref, mettre
en scène
votre actualité.
L’art de dramatiser puis de scénariser une information
pour la transformer en histoire efficace et émouvante,
prête à être partagée sur les réseaux sociaux. Plutôt
qu’un plat CV, par exemple, déroulez le récit de votre
storytelling personnel lors d’un prochain entretien.

DOSSIER 67
 IL FAUT SORTIR
LE GRAND JEU
CHAQUE JOUR !
Comment transformer
en destin une aventure
entrepreneuriale ?
La leçon de storytelling
d’Hapsatou Sy, créatrice
d’entreprise, auteure
et animatrice télé.
Propos recueillis
par André Mora
Photo : Ed Alcock
pour Management

D
es plateaux télé à son
showroom parisien, où
qu’elle soit, Hapsatou Sy
capte la lumière avec une
aisance surnaturelle. A
37 ans, elle en impose par
son charisme, sa sincérité, la force de son
discours libérateur. Entrepreneuse avant tout,
elle a connu l’échec, mais a su rebondir sans
jamais perdre le lien avec son public ni l’atten-
tion de ses clients. Et si le secret pour se faire
aimer des projecteurs était tout simplement
d’éclairer les autres ?

MANAGEMENT�: Comment
réussit-on à attirer l’attention
en créant sa boîte à 24�ans�?
HAPSATOU SY�: En frappant un grand coup !
Lorsque j’ai ouvert mon premier salon de
beauté sur l’île Saint-Louis, à Paris, je croyais “L’idée, c’est de
que l’emplacement suffirait à attirer les clients.
Au bout de quinze jours sans la moindre visite,
dire aux femmes
j’ai commencé à me creuser les méninges. J’ai
appelé des copines, qui ont appelé des copines,
que ce qu’elles
et on s’est retrouvées à une cinquantaine de
supernanas sur les Champs-Elysées. On a dé-
font et créent
barqué dans la boîte de nuit de Cathy Guetta les rend belles”
68 MARS 2018
 WORK
M A V I E DA N S L’ E NTR E P R I S E

70 MARS 2018
 TEMPS FORTS
72 82 90
IMMERSION DANS LES GRANDS MANAGERS LES DESSOUS
LA VALLEY DE L’HISTOIRE D’UN MÉTIER
TOTAL S’ÉCLATE�! HENRI 4X4 MUPPETS CHAUDS
Le parcours initiatique des Henri IV sut s’adapter La mécanique très bien huilée
salariés du groupe pétrolier à une époque chahutée. d’Avenue Q, l’un des shows
chez les géants du Web. Un roi tout-terrain. les plus délirants de Broadway.

PHOTOS�: WHATSAPP, AKG, P.J. ZIELINSKI

WORK 71
 R E P O R TAG E
Total fait le plein
de digital
Depuis trois ans, le pétrolier poursuit sa mue numérique en instillant
dans son groupe une culture de l’innovation. Nous avons suivi neuf salariés
en immersion chez Google, en Californie. Par Sébastien Pierrot
U
n sol dont les dalles s’éclairent aux
couleurs de Google quand on les
foule ; des escaliers lumineux où dé-
filent en affichage LED et en temps
réel les mots-clés les plus pianotés sur le nu-
méro 1 des moteurs de recherche ; un mur
connecté sur lequel apparaissent, encadrées,
les photos obtenues après une requête dans
Google Images. Et une cafétéria qui sert toute
la journée, gratuitement, comme tous les res-
taurants du campus, des boissons et des mets
salés ou sucrés. Le Google Partner Plex, l’im-
meuble où Google accueille ses hôtes de
marque, à son siège social de Mountain View,
installé à 45 kilomètres de San Francisco, a tout
pour séduire les invités. Les salles de sport ré-
servées aux Googlers (les employés de la firme)
sont pleines à craquer dès 8 heures. Une heure
à laquelle, dans le parc, résonnent déjà les cris
d’un match de beach-volley tandis que, sous le
soleil californien, un coach de kick-boxing
prodigue des conseils avisés à ses élèves.
NEUF NATIONALITÉS EN STAGE. Pour
le moment, ce sont les colaborateurs de Total
qui se régalent et s’amusent des «attractions»
à leur disposition. Bientôt, il faut retourner en
salle de réunion. Un passage express par les
toilettes, à l’entrée desquelles des chargeurs
d’ordinateurs proposent de regonfler le cœur
électronique de vos appareils le temps de se
soulager et, vite, les conférences reprennent.
«J’apprends, j’apprends et j’apprends. Je suis
comme une éponge. C’est une chance en
Union Square,
à San Francisco, argent, presque en or, d’être ici», s’enthou-
le centre-ville siasme Memory, originaire du Zimbabwe, res-
du centre mondial
du high-tech. ponsable communication IT, employée depuis
72 MARS 2018
deux ans chez Total, qui met pour la première
fois les pieds aux Etats-Unis. Entre les neuf
salariés de neuf nationalités sélectionnés par
la firme, six femmes et trois hommes, l’am-
biance est bon enfant mais ils sont là pour
bûcher. Ni collaborateurs à fort potentiel ni
cadres, plutôt jeunes et issus de toutes les fonc-
tions, ces «stagiaires» ont été choisis parmi des
candidats originaires de 17 pays. Ils achèvent
dans le nord du Golden State une formation
de trois mois axée sur la transformation
numérique des entreprises.
AU PARADIS DE LA TECH. Ce cursus les
a d’abord conduits au siège du géant du gaz et
du pétrole à la Défense, près de Paris. Pendant
plus de dix semaines, ils s’y sont initiés aux fa-
çons de travailler en vigueur dans les start-up
et les grands groupes de la tech : méthode
agile, design thinking, UX (pour expérience
utilisateur), etc. La dernière semaine, ils la
passent en immersion dans la Silicon Valley
(la fameuse learning expedition, très en vogue
dans ce genre de formation). Le gratin du high-
tech de la Silicon Valley leur a ouvert ses
portes. Google, mais aussi Facebook, le spé-
cialiste de la gestion de la relation client
Salesforce, LinkedIn et le réseau social d’entre-
prise Yammer (appartenant tous deux à Micro-
soft), les bureaux de R&D de Renault-Nissan
et d’Orange, ainsi que l’université de Stanford.
PHOTOS�:� SÉBASTIEN PIERROT, WHATSAPP
Au cours de ce séjour très dense, à raison
d’une ou deux visites par jour, ils ont pu par-
faire leurs connaissances sur de nombreux
sujets et outils numériques tels que «le web-
marketing, le référencement naturel, le big
data, l’intelligence artificielle, le machine
 R E P O R TAG E

La signalétique
des toilettes
du siège social
de Google, clin
d’œil à Android.

learning, la réalité augmentée, la réalité surtout, aux nouveaux business. Bref, pour
virtuelle, la blockchain, etc.», détaille Adejoke, qu’elle soit capable de bien négocier le virage
responsable de la communication institution- du numérique. Et pour Total le temps presse.
nelle de Total Nigeria. Si la compagnie pétro-
lière consacre autant de temps à former ces PRÉVENIR L’UBÉRISATION. «Nous allons
stagiaires, c’est qu’elle veut en faire ses futurs devoir prendre une vague que l’on n’a encore
«champions digitaux». Des référents ou des jamais surfée. Le numérique est une révolution
ambassadeurs de la culture numérique, complète, il va tout bouleverser. La vraie ques-
capables de la diffuser dans l’entreprise afin tion n’est pas le timing, c’est l’ampleur des chan-
que celle-ci puisse s’adapter aux nouvelles gements qui nous attendent, car tout le fonc-
exigences de la concurrence et des clients et, tionnement de l’entreprise est affecté», insiste
Valérie Laugier, responsable innovations digi-
tales de la branche Marketing et services de la
compagnie (stations-service et lubrifiants), qui
DES GÉANTS FRANÇAIS MATURES pilote ce projet. Comme pour tous les groupes
FACE À LEURS VOISINS du CAC 40 et du SBF 120, la mue digitale est un
En matière de et stratégie au cabinet progresse vite. En 2015, enjeu majeur pour Total, qui doit réinventer son
transformation de conseil BearingPoint. il a nommé Gilles business model et ses métiers afin de ne pas se
numérique, les grands «Ils font même preuve Cochevelou au poste faire ubériser par une start-up ou un acteur de
groupes français ne sont de maturité. Après avoir de chief digital officer l’e-commerce. Après avoir formé ses cadres su-
PHOTOS�:� SÉBASTIEN PIERROT, WHATSAPP

pas en retard sur leurs formé leurs cadres, ils (CDO) et reçu en 2017 périeurs, l’entreprise initie depuis 2015 le reste
homologues américains forment leurs salariés. le Trophée eCAC40 des de ses collaborateurs au numérique. «Les
et anglais, et sont La transformation Echos Executives, qui
plutôt en avance sur digitale n’est plus un récompense la maturité
grands groupes n’ont pas la culture des nou-
les Allemands. Telle est effet de mode. Tout le numérique des grandes veaux business. Leurs salariés travaillent de
l’analyse de Frédéric monde est concerné.» entreprises (en 2015, manière cloisonnée : une personne employée
Gigant, associé Digital Le géant pétrolier il était vingt-deuxième). au marketing fait des campagnes d’e-mails,

74 MARS 2018
 LES SALARIÉS DE TOTAL
DÉCOUVRENT LES VERTUS
DU “TEST AND LEARN”
point à la ligne. Or, tout le monde doit être
impliqué dans le business pour pouvoir ima-
giner les nouveautés qui seront les relais de
croissance de l’entreprise. Sinon, ces groupes
risquent la disruption. Regardez comment
Netflix a dépoussiéré un marché que l’on pen-
sait pourtant verrouillé comme celui de la
télévision», interpelle Julien Masson, le PDG de
Whyers, un cabinet conseil qui aide les grands
groupes à se métamorphoser en y faisant inter-
venir des fondateurs de start-up aguerris.
L’une des leçons que les stagiaires retiennent
de la Silicon Valley est son état d’esprit. «Ici, les
gens sont à l’écoute des clients. Et ils vont vite.
Quand ils ont une idée, ils la testent tout de suite
et savent ainsi si elle peut se transformer en
innovation ou si elle va échouer», souligne Lisa,
jeune Allemande entrée à la division ebusiness
de Total il y a sept ans. Une mentalité aux anti-
podes de ce qui a fait jusqu’à présent l’esprit du
pétrolier. «Nous sommes une entreprise d’ingé-
nieurs avec une forte culture d’excellence :
jusqu’ici, jamais nous n’avons lancé un produit
ou un service qui ne soit pas irréprochable.
L’intérêt du bootcamp est de présenter à nos
jeunes collaborateurs des entreprises dont la
culture est différente, où le personnel du mar-
keting et des technologies de l’information tra-
vaille ensemble pour tester des services ou des
fonctions auprès des clients, même s’ils ne sont
pas tout à fait finis», reprend Valérie Laugier.
«Découvrir le monde des start-up permet aussi
d’apprendre leur vocabulaire. C’est indispen-
sable de pouvoir bien communiquer si l’on a
besoin de coopérer», ajoute Arnaud, ingénieur
produit, seul Français du lot.
RÉSEAUTAGE INTERNE. Outre l’ouver-
ture à une autre culture, les participants se
félicitent des liens qu’ils ont pu nouer avec les
collègues chargés des dossiers de technolo-
gies de l’information (IT). «Nous avons une
connaissance plus claire du groupe, une meil-
leure vision de ce que chacun fait. A présent,
nous avons un accès direct aux gens et aux res-
sources. Cela va faciliter les collaborations fu-
tures», se réjouissent Joy, responsable marke-
ting, venue de Chine, et Chris, chargé du
marketing digital, venu du Royaume-Uni. Ce
stage aura permis de tisser des connexions
bien utiles pour réseauter en interne. Un atout
non négligeable dans un groupe de 98 000 sa-
lariés. «Au Zimbabwe, nous cherchions à créer
une appli permettant de répertorier certains
bugs informatiques. A la Défense, je me suis
aperçu qu’elle existait dans un autre pays. On
Dans le Google
Plex, une va pouvoir la dupliquer», raconte Memory.
maquette du En quittant ce soir-là le campus de Google,
SpaceShip, la
navette spatiale les stagiaires passent devant le tyrannosaure
de sir Richard de carton-pâte qui se dresse dans le parc.
Branson.
«C’est un peu un avertissement, dit en sou-
riant Miguel, brand manager originaire du
Mexique. Comme les dinosaures, si les entre-
prises ne s’adaptent pas, elles meurent.» C’est
là tout l’objet de leur parcours initiatique. •
WORK 75
 DÉCISIOMÈTRE

POUVEZ-VOUS REPORTER
CETTE TÂCHE À DEMAIN�?
Oui, il y a certaines choses qu’on peut remettre au lendemain, plutôt
que de les faire le jour même. On vous aide à identifier lesquelles.
Par Lomig Guillo

EST-CE QUE QUELQU’UN

OUI ATTEND CE TRAVAIL�? NON

Le lui rendre
en retard Avez-vous quelque Entre-t-il
va-t-il lui chose de plus urgent dans vos
NON OUI attributions�?
poser un à faire�?
problème�?

NON
Ce travail
OUI attendra. OUI
Privilégiez une
tâche plus
Vous pourriez urgente !
L’avez-vous attendre, mais NON
prévenu�? OUI pourquoi
ne pas vous
y mettre tout
NON de suite ?
Quelqu’un
remarquera-t-il qu’il
n’est pas fait�?
Pouvez-vous dégager
du temps pour faire ce Peut-il faire sans�?
OUI NON
travail dans la journée�?
NON
OUI Le résultat de ce
travail sera-t-il utile
NON pour l’entreprise�?
OUI NON
Quelqu’un
peut-il le faire Risquez-vous d’avoir NON
OUI des ennuis�?
OUI
à votre place�?

OUI
Et pour
NON vous�?

OUI

NON

Faites-le tout Et si vous confiiez Ça peut attendre !

de suite
Vous en serez
débarrassé et vous
ne bloquerez pas
les autres inutilement.
Laissez tomber
ce travail Visiblement, ce travail peut être Assumez le fait
remis à demain, voire à que ce travail n’a pas
à quelqu’un après-demain. Mais intégrez-le d’intérêt…
d’autre ? dans votre planning afin qu’il
ne soit pas reporté indéfiniment.
et n’y pensez plus�!

76 MARS 2018
 LA BIBLIOTHÈQUE DU MANAGER

DIRIGER POUR DURER

Dans la Constitution britannique, le monarque incarne la dignité, PAR JEAN
le Premier ministre, l’efficacité. Au premier, la vision du temps long, GRIMALDI
D’ESDRA,
au second, l’art de la prise de décision rapide et l’action. directeur
associé de

L
Formadi,
a série télévisée The La reine
directeur
Crown, sur Netflix, nous Elizabeth II, pédagogique
personnage à l’Edhec
montre la future reine principal de Management
Elizabeth  II, enfant, qui se la série télé
Institute
The Crown.
rend au collège d’Eton pour y
suivre les leçons particulières
du vice-recteur de l’établisse-
ment. Celui-ci lui transmet
l’esprit et les règles de fonc-
tionnement des institutions
anglaises. Ils étudient notam-
ment Walter Bagehot, un des
premiers éditorialistes du
journal The Economist, qui, en
1867, a écrit un essai sur la
Constitution britannique.
Selon cet intellectuel, deux

ROBERT VIGLASKY�/�NETFLIX
éléments de pouvoir coexis-
tent en Grande-Bretagne :
l’efficacité et la dignité. Le
premier guide les actes du
Premier ministre et de son
gouvernement quand l’autre
accompagne le rôle pérenne de la monarchie. de performance peut en effet faire oublier que
En légitimant les actions importantes – celles le sens de l’action est le vrai levier dans le long
qui s’inscrivent dans le temps –, la dignité per- terme. Trop souvent, donc, la notion de dignité
met la longévité des pouvoirs. est absente. Plus personne n’est là pour rappe-
ler les valeurs fondatrices de l’entreprise lors-
ATTELAGE BICÉPHALE. Dignité et effica- que des décisions ou des virages importants
cité vont de pair. Mais il est difficile de les doivent être pris. Plus personne ne peut porter
confondre dans une même personne ou une le témoignage de l’histoire de la communauté.
même entité. Elles relèvent de deux ordres et
de deux logiques différents, mais si complé- GAGE DE PÉRENNITÉ. N’avons-nous pas
mentaires... Sans la dignité, le dirigeant donne intérêt à favoriser ce couple efficacité-dignité
la priorité au temps court. Il fait aussi dispa- pour rendre équilibre et sérénité aux pouvoirs
raître la fonction d’arbitre, pourtant indispen- institués dans les entreprises ? A l’image de
sable. En entreprise, trop de PDG ont tendance ce qui se fait plus aisément dans les PME fami-
à n’être habités que par des préoccupations d’ef- liales, les dirigeants seraient bien inspirés d’in-
ficacité et des visées «court-termistes». Rester tégrer cet attelage conceptuel so british, gage
les yeux rivés sur les chiffres et les indicateurs de pérennité pour leurs sociétés. •
LES LECTURES DE LA RÉDACTION
MANAGEMENT : CAP SUR SOCIAL CALLING
LE GRAND L’OCÉAN BLEU Journaliste à LCI, Emilie
RETOUR DU RÉEL Retour d’expériences sur Vidaud a enquêté sur une
Un vibrant plaidoyer les projets Océan bleu nouvelle génération de
pour le retour du lancés il y a une trentaine patrons. Leur but�? Etre
bon sens et de l’humain d’années par W. Chan Kim utiles à la société et donner
dans les organisations. et Renée Mauborgne. du sens à leurs actions.
18�€, VA Press 31�€, Pearson 17�€, Fayard

WORK 77
 ENTRETIEN
Les élèves
hôteliers séduisent
même Google
L’hôtellerie ne connaît pas le chômage et offre de belles perspectives de carrière.
Pourtant, elle peine à séduire. Michel Jauslin, vice-président régional de Hyatt, revient
sur ce paradoxe. Propos recueillis par Marie Peronnau - Illustration : Julien Couty
MANAGEMENT�: Pourquoi avoir créé, en
2008, le Hyatt Student Prize, le prix du
Meilleur manager hôtelier de demain�?
MICHEL JAUSLIN�: A mon époque, la res-
tauration comme l’hôtellerie étaient des sec-
teurs mal considérés. Même si des formations
prestigieuses existaient déjà, elles pâtissaient
d’un manque de notoriété. Quand j’ai annoncé
à mon père que je comptais abandonner mes
études de droit pour intégrer l’Ecole hôtelière
de Lausanne (NDLR : l’EHL est un établis-
sement de réputation mondiale), je me suis
heurté à cette méconnaissance. Il était stupé-
fait de mon choix… Aujourd’hui, les cuisiniers
bénéficient d’une meilleure image grâce, no-
tamment, aux actions de communication me-
nées par Paul Bocuse. Quant aux métiers de
l’hôtellerie, ils restent mal perçus et ils n’at-
CECIL MATHIEU
tirent pas assez de talents, et cela à tous les
niveaux de la hiérarchie. Hyatt a lancé ce prix
pour encourager les jeunes à s’engager dans
MICHEL JAUSLIN, cette voie et pour soutenir la formation. En
VICE-PRÉSIDENT
RÉGIONAL
France, par exemple, il faudrait multiplier les
OPÉRATIONS - filières d’hospitality management.
FRANCE HYATT
HOTEL RESORTS,
supervise l’ensemble Le secteur de l’hôtellerie embauche-
des hôtels de la t-il toujours autant�?
chaîne en France.
Dans le groupe
M. J.�: Chez nous, l’emploi est garanti ! Même
américain depuis si les études dans les institutions renommées
1977, il a occupé sont très onéreuses, le retour sur investisse-
plusieurs postes à
l’étranger. Il est ment est proportionnel. D’autant plus que, de-
aussi le fondateur puis une dizaine d’années, des entreprises
du Hyatt Student
Prize, destiné à étrangères à l’hôtellerie s’intéressent à nos
encourager les étudiants. Aujourd’hui, si vous entrez dans
jeunes à s’orienter
vers les métiers
ces établissements, vous ne deviendrez pas
de l’hôtellerie. forcément hôtelier ! Ainsi, 60% des diplômés
78 MARS 2018
de l’Ecole hôtelière de Lausanne finissent par
se diriger vers d’autres secteurs comme l’avia-
tion, l’automobile ou le consulting. Les acteurs
du luxe aussi sont très présents sur les cam-
pus depuis quelques années. Même Apple et
Google apprécient ces profils. Cette année, le
président d’honneur du Hyatt Student Prize
est d’ailleurs Carlo d’Asaro Biondo, président
des opérations EMEA chez Google.
Comment expliquez-vous l’intérêt
d’entreprises a priori très éloignées
de l’hôtellerie pour ces profils�?
M. J.�: Ces écoles délivrent un enseignement
qui allie l’excellence et la rigueur, et qui est en-
tièrement axé sur le service. Pour la petite his-
toire, sachez que les élèves ne peuvent pas as-
sister aux cours s’ils ne respectent pas les codes
vestimentaires de l’institution – le port de la
cravate est obligatoire, par exemple. Idem
pour la ponctualité. La porte de la classe est
fermée cinq minutes après le début des cours.
Vous pouvez être sûr qu’il n’y a pas beaucoup
de retardataires ! Au-delà de cet apprentis-
sage, ces jeunes acquièrent une expertise en
relation client et en marketing, ils se forgent
une connaissance très fine du luxe. Ce sont des
personnes qui sauront aussi comprendre et
parler à une clientèle exigeante.
Quel type de leadership récompensez-
vous avec ce prix�?
M. J. : Aucun type en particulier ! On détecte
chez les candidats un potentiel, en sachant
que chacun l’exprimera différemment. Il y a
évidemment un socle de qualités communes :
l’aisance relationnelle, l’exemplarité, la vo- lièrement agile et flexible. Mais, d’un autre
lonté et la capacité de bien s’entourer (un lea- côté, ces jeunes dépourvus d’objectif man-
der reste un généraliste qui laisse ses parte- quent d’une colonne vertébrale structurante.
naires déployer leurs facultés). Mais ce que Je les encourage vivement à imaginer ce qu’ils
nous voulons avant tout, c’est mettre en lu- veulent devenir professionnellement. Tout en
mière des talents spécifiques, des personna- faisant évidemment la promotion de l’hôtelle-
lités uniques, qui pourront devenir les mana- rie de luxe ! Car ce secteur peut combler leurs
gers de demain. Nous ne couronnons donc pas attentes en matière de nouveauté et de mobi-
les postulants pour leurs compétences tech- lité. En près de quarante ans de carrière chez
niques – les finalistes sont tous excellents –, Hyatt, j’ai ainsi eu l’occasion de diriger plu-
mais pour leur savoir-être. C’est un atout in-
dispensable pour satisfaire la clientèle et en-
sieurs hôtels, dans le monde entier.•
traîner ses collaborateurs avec soi.
THE HYATT STUDENT PRIZE
Les jeunes d’aujourd’hui ont-ils les L’AUDITION DES FUTURS LEADERS
mêmes aspirations professionnelles
Pour sa dixième jury d’observer le problème cocasse
qu’il y a dix ans�? édition, le prix comportement des auquel ils devaient
M. J.�: Quand je leur demande ce qu’ils veulent du Meilleur manager candidats. Premier test�: apporter une solution
faire plus tard, rares sont ceux qui me ré- hôtelier de demain soutenir une thèse en professionnelle. Cela
pondent avec précision. Ce n’était pas le cas, il a vu onze jeunes 180 secondes ou permet d’évaluer le sens
y a dix ans. Aujourd’hui, les étudiants ne finalistes s’affronter, comment emporter du collectif, la créativité
savent même pas s’ils souhaitent se diriger les 14 et 15 janvier. Au rapidement l’adhésion et l’empathie des
programme�: networking, d’un auditoire par son postulants. Enfin, chaque
vers l’hôtellerie entrepreneuriale ou intégrer échanges et mise en éloquence, son humour, aspirant manager
un groupe. Ils ont du mal à se projeter dans compétition. Trois son expertise. Les élèves a dû exposer ses qualités
l’avenir, ils sont persuadés que rien ne dure. épreuves ont ainsi hôteliers ont ensuite au cours d’un exercice
Cet état d’esprit rend leur génération particu- permis aux membres du été confrontés à un de speed dating.

WORK 79
 M A V I E D A N S L’ O P E N S P A C E

PHOTOS�: ZOONAR/ELNUR AMIKISH/AGE FOTOSTOCK/

MÊME MALADE,

WAVEBREAK MEDIA/AGE FOTOSTOCK

JE VAIS
AU BOULOT
On tousse, on éternue. Avec un plâtre ou des crampes au ventre,
on va pourtant au boulot, vaille que vaille. Est-ce bien raisonnable ?
Propos recueillis par Gaël Le Bellego

LE REGARD DE LA PSYCHOLOGUE LE REGARD DU SOCIOLOGUE LE REGARD DE L’ADO

“On imagine être un héros
alors qu’on risque
juste d’y laisser sa peau…”
Marie Pezé,
psychanalyste, psychologue, auteur
du Burn-out pour les nuls (First)
“Les gens hésitent “Rater une journée, ça veut
à s’arrêter par peur dire bosser deux fois
de perdre leur emploi” plus ensuite pour rattraper”
Denis Monneuse, Oscar,
directeur du cabinet Poil à gratter, auteur 14 ans, élève de troisième
du livre Le Surprésentéisme (De Boeck) en région parisienne

«L’hyperprésentéisme est visible depuis
cinq-six ans dans les statistiques de la
Cnam ou de la Dares. Il concerne de 17
à 24 % de la population active selon les
études et les années. La plupart des
gens ont peur de perdre leur travail s’ils
posent des arrêts maladie, a fortiori en
période de crise, quand on bosse à flux
tendu et en sous-effectif. Ils craignent
de ne pas être remplacés et de se
retrouver submergés à leur retour. Et
savent qu’ils s’exposent aux remarques
acerbes de leurs collègues, du genre
“Ça va, c’était bien tes vacances ?”. Ces
arrêts ne sont donc pris le plus souvent
qu’en cas de force majeure, y compris
dans le public. La réticence à s’absenter
s’observe dans toutes les catégories.
Chez le salarié, qui peut voir sa paie
réduite. Chez les artisans et les
commerçants, qui vont travailler avec
un plâtre, dès le lendemain d’une
opération… Et chez le cadre supérieur,
la posture héroïque étant de mise, il y a
la peur d’écorner l’image du chef. Les
conséquences sont terribles : travailler
“malgré tout” fait le lit de l’épuisement
professionnel, des infarctus, de la
consommation de tabac… C’est une
dérive du culte du présentéisme bien
français, entretenu par les directions :
toute la logique managériale
conduit à des journées à rallonge,
où le présentéisme reste la règle.»
«Déjà, au xixe siècle, les mineurs qui
avaient un rhume ne s’arrêtaient pas…
Aujourd’hui, après l’ampleur de
l’épidémie de grippe H1N1, les
entreprises ont pris conscience que ce
n’était pas dans leur intérêt de faire
venir leurs salariés malades. Mais il y a
une corrélation forte avec la situation
économique du pays. Quand le taux de
chômage augmente, le surprésentéisme
grimpe. Les gens hésitent à s’absenter
par peur de perdre leur emploi, a
fortiori s’il est précaire (intérim,
CDD…), ou de voir leur rémunération
baisser (commerciaux…). Mais les
managers sont aussi touchés. L’arrêt
maladie serait assimilé à un signe
de faiblesse. S’y ajoute la culpabilité,
surtout au sein des petites équipes, où
une absence accroît la charge de travail
des collègues. Dans tous les cas, les
études montrent que travailler en étant
malade expose à des aggravations,
donc à un arrêt de travail plus long.
C’est contre-productif. Et comme la
qualité du travail s’en ressent (on est
moins performant), chefs et collègues
peuvent s’en plaindre. On fait un effort,
et c’est la double peine. Pourtant, les
DRH n’osent pas tenir un discours
compatissant et préventif, “Restez chez
vous et soignez-vous”, car elles
redoutent l’absentéisme. Le stéréotype
du Français tire-au-flanc est tenace.»
«Au collège, comme on vit en
collectivité, c’est dur de traverser un
hiver sans tomber malade. On est
exposés à tous les virus. Les copains
toussent sans mettre la main devant
la bouche, et on reçoit tous leurs
microbes. Comme chaque année,
juste avant Noël, j’ai chopé à la fois
une gastro et une rhinopharyngite.
J’aurais pu rester une semaine au lit,
à me remettre. Mais je n’ai été absent
qu’un jour. D’abord, ma mère n’aime
pas, quand elle va au travail, me savoir
tout seul à la maison une journée
entière. Elle a peur que je glande, que
j’en profite pour jouer à la Wii non-stop.
Mais surtout, décembre, c’est une
période compliquée. Il y a les conseils
de classe, plein d’interros. Il faut se
montrer au top, décrocher des bonnes
notes. Et puis rater une journée, ça veut
dire bosser deux fois plus ensuite pour
rattraper. Et c’est difficile de récupérer
les cours, surtout qu’après c’est
les vacances. Alors, je me soigne, mais
je vais en cours. Parfois, mes profs
m’engueulent et m’envoient une heure
à l’infirmerie. La chance que j’ai,
c’est qu’à mon âge ça passe vite. Au
bout de deux ou trois jours, je vais
déjà mieux. C’est alors mon voisin
qui tombe malade, et ainsi de suite.
On fait tourner les virus ! Chacun
en profite à tour de rôle !»

80 MARS 2018

Objectif�: former nos futures
(grandes) scientifiques
Les femmes sont encore trop peu nombreuses à exercer
un métier scientifique. Les bénévoles de l’association
Femmes & Sciences agissent pour encourager la gent féminine
à choisir cette voie et à s’y épanouir. Par Muriel Jaouën
E
lles représentent 47%
des effectifs en termi-
nale S et 30% dans
les prépas scientifi-
ques et les écoles d’ingénieurs.
«Quand ils se jugent très bons
en mathématiques, huit gar-
çons sur dix se dirigent vers des
filières scientifiques, contre
seulement six filles. Celles-ci
s’orientent aussi vers la biolo-
gie ou la santé plutôt que vers
la physique, les mathéma-
tiques ou l’informatique», com-
mente Sylvaine Turck-Chièze,
astrophysicienne et présidente
de Femmes & Sciences. Cette
association, créée en 2000,
vise à promouvoir l’image des
sciences chez les femmes.
Intervention dans les collèges
et lycées, organisation de
colloques, plaidoyer auprès
des pouvoirs publics : près de
300  bénévoles agissent en
France, sur tous les fronts.
ÉCHANGE ET CURIOSITÉ.
Caroline Champenois est
chercheuse au laboratoire de
Physique des interactions io-
niques et moléculaires (CNRS/
université d’Aix-Marseille).
Elle a rejoint l’association il y
a cinq ans. Son terrain d’ac-
tion : les lycées de la région
Paca. Six fois dans l’année, elle
s’y rend à la demande des
établissements ou du rectorat
pour sensibiliser les jeunes
au  poids des stéréotypes et
éveiller la curiosité des filles
pour la recherche scientifique.
Pas toujours évident… «On se
retrouve souvent face à des
T R AVA I L S O L I DA I R E
L’ASSOCIATION
EN CHIFFRES
adolescentes qui semblent
300 indifférentes à notre démar-
membres,
12 personnes morales che. Mais quand je vois que j’ai
(associations, fait naître quelque chose, ne
institutions ou
grandes écoles). serait-ce que chez une seule
d’entre elles, je suis satisfaite»,
8�000 déclare-t-elle. Mais parler aux
jeunes rencontrés
en 2017. jeunes ne suffit pas car le choix
50�000 d’une filière est fortement
euros de budget conditionné par l’entourage.
de fonctionnement.
Il faut donc s’adresser aux
parents, mais également aux
conseillers d’orientation et aux
enseignants.
MENTORING ET RÉSEAU.
Côté bénévoles, l’association
porte bien son nom. Ses mem-
bres sont majoritairement des
femmes ayant mené une belle
carrière scientifique. Pour
nombre d’entre elles, l’envie
de s’engager a été déclenchée
après qu’elles eurent été vic-
times ou témoins d’une discri-
MARC CHAUMEIL�/�DIVERGENCE
L’Ecole
polytechnique
–�dirigée par
une femme�–
ne compte
que 67 filles sur
500 élèves.
mination. «Cela permet aussi
de s’immerger dans un milieu
moins masculin que nos envi-
ronnements professionnels.
Cela fait du bien», dit en sou-
riant May Morris, biochimiste,
directrice de recherche au
CNRS de Montpellier. Membre
du conseil d’administration
de l’association, elle a créé et
anime dans la préfecture de
l’Hérault un programme de
mentoring pour accompagner
les doctorantes dans leur thèse
et les femmes en poste dans
leur progression de carrière.
«Nous avons mis en place un
réseau d’une cinquantaine de
mentors, issus de la sphère
académique ou travaillant
dans des entreprises privées»,
explique-t-elle. Un réseau
presque exclusivement fémi-
nin puisque quatre hommes
seulement en font partie. •
WORK 81
 L E S G R A N D S M A N A G E R S D E L’ H I S T O I R E

HENRI IV (1553-1610)

Un leader
rassembleur
Premier souverain de la dynastie des Bourbons, Henri IV accède au trône
en pleines guerres de Religion. Diplomate, il réussit à rétablir la paix dans
un royaume déchiré. Par Annes Vermès, avec Yann Harlaut

D
ans une vieille chanson populaire,
Henri IV est célébré comme un sou-
verain qui avait «le triple talent/de
boire et de se battre/et d’être un
vert galant». Séducteur et épicurien, ce mo-
narque était en effet amateur de femmes et de
ANNE vin. Mais ce serait ne pas lui rendre justice que
VERMÈS
Dirigeante de le réduire à un bon vivant. Ce personnage
du cabinet de s’est également montré un roi conquérant et
conseil Traits pacificateur dans une période troublée en
d’unions,
elle a publié
France, celle des guerres de Religion. Malgré
de nombreux les difficultés à gouverner un royaume dé-
ouvrages chez chiré, il a fait preuve d’un sens aigu de la poli-
Eyrolles, dont�: tique. Il fut un remarquable monarque, sou-
�Fédérer
O
à la Cour avec son père, qui va l’initier aux ma-
nières princières. Et à 10 ans, il participe au
grand tour de France organisé pour le roi
Charles IX par sa mère, Catherine de Médicis.
Lors de ce périple, le souverain parcourt le
royaume à la rencontre de ses sujets. Pour le
jeune Béarnais – qui fait partie des 15 000 per-
sonnes composant le cortège –, c’est l’occasion
de découvrir la France dans sa diversité.
A cette époque, le contexte politique est ex-
trêmement tendu : quand la première guerre
de Religion éclate, Henri a seulement 8 ans.
La France entière se déchire, et ses parents ne
font pas exception : ils sont notamment en dé-

comme cieux des affaires de l’Etat, dirigeant avec saccord sur l’éducation religieuse à prodiguer
Mandela pragmatisme et empirisme, sans négliger pour à leur fils. Si le père d’Henri est resté fidèle au
O
�Piloter un autant les plaisirs de la chair. catholicisme, sa mère, elle, a adopté la foi ré-
projet comme
Gustave Eiffel
formée et souhaite lui inculquer les principes
�Motiver
O UN ENFANT DU SUD-OUEST calvinistes. Finalement, celle-ci obtient gain
comme ÉLEVÉ AVEC LES PAYSANS de cause et Henri devient protestant.

N
Nicolas é à Pau en 1553, le futur Henri IV est le
Fouquet
fruit d’une alliance matrimoniale entre UN PRINCE HUGUENOT
deux familles prestigieuses. Son père, Antoine EN TERRAIN CATHOLIQUE
CONFLIT RELIGIEUX de Bourbon, est premier prince du sang (des-
C omme tout jeune prince, Henri reçoit une
VISUELS�: DE AGOSTINI�/�LEEMAGE, AKG - ILLUSTRATION�: STÉPHANE TRAPIER

Protestants et cendant direct de Saint Louis, il peut préten-
catholiques se dre à la couronne de France) ; quant à sa mère,
déchirent. Ici, le Jeanne d’Albret, elle possède une grosse for-
massacre de la Saint-
tune et un domaine considérable dans le Sud-
Barthélemy, en 1572.
Ouest (elle est reine de
Navarre). Henri passe son
enfance dans le Béarn,
jouant avec les enfants
des domestiques et des
paysans. Homme de ter-
rain, il cherchera d’ail-
leurs tout au long de sa
vie à nouer des contacts
directs avec ses sujets…
A 7 ans, il part séjourner
éducation militaire et montre très tôt des
aptitudes à mener les hommes au combat.
A 16 ans, il prend ainsi le commandement
d’une armée protestante. Lorsque sa mère dé-
cède, en 1572, il devient, à 19  ans, roi de
Navarre et chef du parti huguenot.
Pour tenter d’apaiser les tensions entre les
deux communautés, on le marie avec la sœur
de Charles IX, Marguerite de Valois (la «reine
Margot»). Le mariage est célébré le 18 août
dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, mais
sans le principal intéressé qui – en raison de
sa religion – n’est pas autorisé à suivre la messe.
Le climat est explosif. Quelques jours après la
célébration, des milliers de protestants

82 MARS 2018
“Si vous perdez
vos enseignes,
ralliez-vous
à mon panache
blanc”
HENRI IV À SES SOLDATS, LE 14 MARS 1590,
AVANT DE LIVRER BATAILLE À IVRY (EURE)

Chef de guerre
respecté,
Henri IV mena
de nombreux
combats
pour asseoir
son pouvoir.
 L E S G R A N D S M A N A G E R S D E L’ H I S T O I R E

sont massacrés lors de gues et difficiles, ce traité met fin – pour un

FAVORITE ET
BÂTARDS ROYAUX
Gabrielle d’Estrées
(représentée enceinte,
à droite) fut le grand
amour d’Henri IV. Ils
auront trois enfants.
la Saint-Barthélemy. Epar-
gné, Henri est contraint de
se convertir. Dès lors, il est
surveillé de près par les ca-
tholiques de la Cour. Il par-
vient pourtant à s’enfuir et
à rejoindre ses partisans.
Abjurant la foi catholique,
il renoue alors avec le pro-
testantisme. Les deux par-
tis se radicalisent et s’af-
frontent lors de batailles
sanglantes. Mais, en 1589,
l’assassinat d’Henri  III,
frère de Charles IX, per-
met au Béarnais d’accéder
au trône. Agonisant et sans descendance, le
dernier Valois désigne Henri de Navarre
comme son héritier légitime et demande à
l’assistance de prêter serment.
UN MONARQUE DÉCIDÉ
À PACIFIER LE ROYAUME
temps – aux guerres de Religion en établissant
l’égalité civile entre catholiques et protestants
et les conditions de leur coexistence pacifique
(même si la pratique du culte réformé reste li-
mitée). Après des années de lutte, les nobles
et le peuple français se rallient à Henri IV.
A la même période, le roi obtient l’annula-
tion de son mariage avec Marguerite de Valois
qui ne lui a donné aucune descendance (et avec
qui il ne s’est jamais entendu). A 47 ans, il
épouse Marie de Médicis, dont il aura cinq en-
fants. Huit autres naîtront – naturels et légiti-
més – de plusieurs maîtresses différentes, dont
la belle Gabrielle d’Estrées.
UN ROI BIEN SECONDÉ POUR
REDRESSER L’ÉCONOMIE
L a paix revenue, Henri IV se concentre sur
la reconstruction de la France, exsangue
et ruinée par trente années de guerre civile.
Avec l’aide de son principal ministre, le bril-
lant Sully, le monarque axe sa politique sur le
développement de l’agriculture. Il commande

H enri devient roi sous le nom d’Henri IV.

Avec lui commence la longue dynastie des
Bourbons. Mais les catholiques de la Ligue ainsi
que la majorité des Français refusent de se sou-
mettre à ce souverain hérétique. Finalement,
en 1593, il se décide à abjurer sa religion (défi-
nitivement cette fois !). Un événement associé
à la légendaire formule «Paris vaut bien une
messe». Il se fait ensuite sacrer à Chartres et
obtient l’absolution du pape un an et demi plus
tard. Des actes symboliques forts, qu’Henri
sait indispensables pour calmer la méfiance
des catholiques – qui sont majoritaires – et en-
treprendre la pacification du royaume. Autre
fait notable : il confirme le catholicisme
comme religion d’Etat, mais signe aussi l’édit
de Nantes en 1598. Après des négociations lon-
notamment une étude sur ce sujet à l’agronome
Olivier de Serres. Intitulé Le Théâtre d’agricul-
ture et mesnage des champs, cet ouvrage inspi-
rera à Sully sa célèbre devise : «Labourage et
pâturage sont les deux mamelles de la France.»
Sous son gouvernement, l’industrie (du luxe
notamment) et le commerce reprennent des
couleurs, tandis que les finances publiques
redeviennent excédentaires.
Malgré ce bilan positif, Henri IV devra faire
face à des complots pendant toute la durée de
son règne. Il meurt assassiné, le 14 mai 1610,
par François Ravaillac, un catholique fana-
tique. «Le bon roi Henri» – comme on le sur-
nomme – transmet un royaume pacifié à son
fils, Louis XIII, et à sa seconde épouse, la ré-
gente Marie de Médicis. •

INSPIREZ-VOUS D’HENRI IV
POUR APAISER LES CONFLITS
ASSUMEZ UN RÔLE DE pédagogie en expliquant d’optimisme et de confiance
MÉDIATEUR. Henri IV a su la nécessité d’adopter des en soi comme envers les
établir un dialogue ouvert et compromis, en particulier autres. Dernière leçon du
COLLECTION PARTICULIÈRE / AKG
VISUELS�: ERICH LESSING / AKG,

constructif avec ses plus
farouches opposants de la
Ligue catholique mais aussi
avec les protestants, peu
enclins à accepter la
conversion de leur chef.
Il a entretenu des relations
directes avec les deux
parties et fait preuve de
ceux instaurés par l’édit de
Nantes. Le monarque n’a pu
parvenir à ce résultat qu’en
mettant de côté sa colère
et sa rancœur. On pourrait
même parler à propos
d’Henri IV d’aptitude au
«lâcher-prise»�: loin de toute
passivité, il s’agit d’un acte
souverain : ne pas tergiverser.
Face à une difficulté,
il savait imaginer des
solutions à mettre en œuvre
rapidement. Dans un conflit,
il est en effet impératif
d’intervenir sans tarder afin
d’éviter que les problèmes Le Vert-galant aimait manger, boire, faire
ne s’enveniment. la fête… et séduire les femmes.

84 MARS 2018
 SOYONS PHILOSOPH E S

CESSEZ DE TERGIVERSER�!
FIXEZ UN CAP ET MAINTENEZ-LE
Il est difficile parfois de décider… Pourtant, malgré toutes les options
qui s’offrent, il convient de sortir de la perplexité et d’assumer nos choix.
Par Fabien Trécourt – Illustration : Catherine Meurisse

L
ongtemps, les forêts ont constitué des
zones de non-droit, des espaces obscurs
où régnaient les plus terribles dangers.
Aucun chemin rectiligne ne les traversait.
Une fois égaré dans ces lieux, il était difficile
d’en sortir… Dans son Discours de la méthode,
publié en 1637, René Descartes use de cette
image pour évoquer l’homme face à la prise
de décision et aux actions à mener. Dans la
vie, nous empruntons rarement des voies
droites et toutes tracées. Comme jadis dans
les forêts, nous avançons sans connaître for-
cément l’issue de nos démarches. Notre exis-
tence est parsemée de choix à faire et de dis-
positions à prendre, alors que nous sommes
souvent dans l’incertitude. Et même quand
nous savons d’où nous venons et où nous vou-
lons aller, le chemin pour y parvenir n’est
vraiment pas évident à trouver ! miné dans vos entreprises, quelles qu’elles
soient. Vous pouvez donc tout à fait rester sur
LA MÉTAPHORE DE LA FORÊT. En uti- place ou aller de l’avant, refuser une promo-
lisant la figure de l’individu déboussolé, le phi- tion ou saisir un nouveau poste… L’essentiel
losophe dresse ce constat : «Les voyageurs (…) est de bien réfléchir en amont, de peser le pour
se trouvant égarés en quelque forêt ne doivent et le contre, puis, votre
pas errer en tournoyant tantôt d’un côté tan-
tôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une
décision prise, de ne pas
dévier de l’axe que vous “Ma seconde
place, mais marcher toujours le plus droit
qu’ils peuvent vers un même côté.» A faire une
vous êtes fixé. Lorsqu’on
est en proie à l’incerti-
maxime était
lecture trop littérale de ce passage, on pour- tude – ce qui reste notre d’être le plus
rait penser que Descartes nous enjoint de ne
pas rester immobile et d’avancer coûte que
lot quotidien –, le pire
est de changer d’avis
ferme et le plus
coûte. Mais le philosophe a d’abord pris soin toutes les cinq secondes résolu en mes
de préciser : «Ma seconde maxime était d’être
le plus ferme et le plus résolu en mes actions
et de tourner en rond. Il
faut donc choisir un cap actions que
que je pourrais.» En résumé : il faut être déter- •
et s’y tenir. je pourrais.”
RENÉ DESCARTES, DISCOURS
DE LA MÉTHODE, 1637

LE POINT DE VUE D’UN PHILOSOPHE D’AUJOURD’HUI

SUIVRE SES PRINCIPES EN LES AJUSTANT AU CONTEXTE
Selon le docteur en – notamment dans l’œuvre opportun et les moyens guider nos choix, d’où l’intérêt
philosophie Joël Figari, nos d’Aristote –, de nombreux appropriés. De choisir la pour les entreprises d’élaborer
valeurs morales ne sont pas travaux ont ainsi valorisé des moins mauvaise configuration, des chartes qui puissent servir
toujours adaptées à la réalité�: principes souples, comme la en quelque sorte.» Pourtant, de référentiel.» Pour être
«Ce que l’on appelle l’éthique prudence ou la sagacité. estime Joël Figari, cela ne utiles, ces documents doivent
est né pour dépasser des «L’essentiel est de discerner revient pas à vivre dans mettre en avant des valeurs
règles de conduite trop les possibilités d’action liées l’improvisation permanente. concrètes, comme la solidarité
rigides.» Dès l’Antiquité à une situation, le moment «Un code moral continue de ou l’esprit d’équipe.

WORK 85

EN CORÉE, ON N’HÉSITE PAS À
TRINQUER POUR SIGNER�!
Les Coréens ont l’habitude de boire jusqu’à l’ivresse entre collègues ou
avec des clients. Laissez-vous aller : refuser un verre serait mal perçu.
L
’alcool et le business ne
font pas toujours bon
ménage. Dans certains
pays, au contraire, mieux vaut
avoir une bonne descente pour
faire des affaires ! C’est le cas
en Corée, comme l’a découvert
Jean-Philippe, directeur com-
mercial dans un groupe phar-
maceutique. L’objectif de son
séjour à Séoul ? Finaliser la
signature d’un contrat avec un
gros client coréen. Le premier
jour, les discussions furent très
difficiles : le Français n’arrivait
pas à convaincre ses parte-
naires de la pertinence de ses
propositions. Jusqu’à ce qu’il
accepte, le soir même, de pas-
ser une soirée avec eux...
Pendant le dîner, l’ambiance
est détendue entre tous les par-
ticipants et le repas bien ar-
rosé. La soirée se poursuit dans
un bar où les clients de Jean-
Philippe se montrent prompts
à lever le coude et à lui offrir
des verres. Les convives se
quittent tard et dans un état
d’ivresse plus ou moins avancé
selon les individus. Lorsqu’il
rentre à l’hôtel, Jean-Philippe
Après une
soirée bien
arrosée,
la confiance
peut enfin
s’établir
86 MARS 2018
V U D E L’ É T R A N G E R
PAR
ERIN MEYER,
professeure
ILLUSTRATION : STÉPHANE TRAPIER
à l’Insead,
auteure de
La Carte des
Illustration : Diego Aranega différences
culturelles.
Huit clés pour
travailler à
l’international
(Diateino)
se demande si les échanges ne avec des clients ou des collè- permet aux individus d’établir
sont pas sortis du cadre pro- gues n’est donc pas du tout mal des relations de confiance.
fessionnel. Le lendemain, à sa vu. Même trait culturel au
grande surprise, les Coréens pays du Soleil-Levant, dans LA SOLUTION. Si vous vous
se montrent beaucoup plus lequel les salarymen japonais rendez en Asie, acceptez sans
chaleureux et coopératifs : les se retrouvent fréquemment hésitation les invitations qui
discussions reprennent, mais dans les bars après le travail vous sont adressées. Surtout
dans un état d’esprit bien plus pour fêter la signature d’un s’il s’agit de sorties le soir. Et
constructif que la veille. contrat ou l’arrivée d’un nou- ne refusez pas les verres que
veau collaborateur dans l’en- l’on vous propose. Ce sera un
L’EXPLICATION. En Corée, treprise... en trinquant. Dans moyen pour vous de nouer des
quand on boit beaucoup – au- les pays asiatiques, de manière liens intimes avec vos interlo-
delà des limites du raison- générale, une personne qui cuteurs. Si vous ne buvez pas,
nable –, c’est que boit montre aux autres son jouez quand même le jeu en
l’on n’a rien à ca-
cher ! Finir ivre
vrai visage et prouve la sincé-
rité de ses intentions. Cela
vous montrant le plus détendu
et ouvert possible. •
AUX ÉTATS-UNIS, LIBRE DE BOIRE UN VERRE
PAS D’ALCOOL AU TRAVAIL EN ARABIE SAOUDITE
Les Français ont longtemps eu Tout le monde sait que l’alcool est
l’habitude d’organiser des déjeuners
d’affaires bien arrosés. Une bonne
strictement interdit en Arabie saoudite
et que sa consommation est réprimée.
bouteille de vin pendant le repas et,
pour finir, un digestif. Inimaginable aux
Mais dans les milieux privilégiés (parmi
les diplomates, les hommes d’affaires…),
Etats-Unis�! Les Américains ne boivent il n’est pas rare que l’alcool circule.
jamais pendant leurs heures de travail, Ne soyez donc pas surpris si l’on vous
ni avec des collègues ni avec des clients, propose du vin ou un verre de whisky
et surtout pas avec des prospects. Pour et n’imaginez pas qu’on vous tend
eux, c’est une question de respect de un piège�! Sentez-vous libre d’accepter
l’interlocuteur et de professionnalisme. ou de refuser. Dans les deux cas, votre
L’alcool ne sort pas du cadre privé. hôte ne vous en tiendra pas rigueur.
 U N AVO C AT VO U S R É P O N D

ILLUSTRATION : STÉPHANE TRAPIER

I N S TA N C E S R E P R É S E N TAT I V E S

À QUOI SERT LE PAR

COMITÉ SOCIAL
LUCIEN
FLAMENT,
avocat

ET ÉCONOMIQUE�? au cabinet
Valmy

L
’ordonnance n°2017-1386 du 22 sep- donc la réduction du nombre des représentants
tembre 2017 a fusionné les délégués du du personnel et des réunions ; la centralisation
personnel (DP), le comité d’entreprise des consultations et une simplification des
(CE) et le comité d’hygiène, de sécurité et des processus électoraux.
conditions de travail (CHSCT) au sein d’une Rappelons que le CSE doit être informé et
nouvelle instance, le comité social et écono- consulté sur les mesures de nature à affecter le
mique (CSE). Celui-ci doit être mis en place volume ou la structure des effectifs ; sur les
dans toutes les entreprises de 11 salariés et modifications de l’organisation économique ou
plus avant le 1er janvier 2020 (art. 9, II, de la- juridique de l’entreprise ; sur les conditions
dite ordonnance). Globalement, les attribu- d’emploi, de travail (notamment la durée de ce
tions du CSE restent identiques à celles des dernier) et sur la formation professionnelle ; sur
instances qu’il remplace. l’introduction de nouvelles technologies et sur
En effet, ce comité reprend les missions du tout aménagement modifiant les conditions de
CE relatives à l’organisation, à la gestion et au santé, de sécurité ou de travail. Il peut procé-
fonctionnement géné- der à l’analyse des risques auxquels les travail-
La fusion des ral de l’entreprise, et il
récupère les préroga-
leurs sont exposés et déclencher toute initia-
tive qu’il juge utile (actions de prévention en
trois instances tives du CHSCT dans les matière de harcèlement moral, sexuel et de
représentatives champs de la santé, de
la sécurité et des condi-
comportements sexistes, notamment). Il peut
enfin formuler des propositions en vue d’amé-
doit être mise tions de travail. Les liorer les conditions de travail, d’emploi et de
en place avant le principales conséquen-
ces de cette fusion sont
formation des salariés ainsi que leurs condi-
tions de vie dans l’entreprise.•
1er janvier 2020

CONFIDENTIALITÉ
UN COLLÈGUE
PEUT-IL DIVULGUER
MON SALAIRE�?
L a responsable administrative
d’une entreprise du bâtiment
de la région parisienne vient d’être
licenciée pour faute grave. Elle
prenait, semble-t-il, un malin plaisir
à moquer certains salariés à cause de
leurs revenus modestes, mais aussi
à semer la zizanie entre collègues
en dévoilant lesquels avaient touché
des primes. La sanction prise à son
encontre a été confirmée par la cour
d’appel de Versailles, puis par la Cour
de cassation (Cass. soc., 22/11/2017).
Les juges ont considéré que la
responsable avait manqué aux
règles de confidentialité inhérentes
à ses fonctions et avait divulgué des
informations de nature à créer des
•
difficultés au sein de la société.
I N T R A P R E N E U R I AT
PUIS-JE CONCURRENCER L’ACTIVITÉ
DE MON EMPLOYEUR ?
M ême si l’exercice est à la mode,
une affaire récente est venue
montrer qu’il ne fallait pas se
précipiter lorsqu’on voulait créer son
entreprise. Certes, en l’absence de
clause de non-concurrence dans son
contrat de travail, rien n’empêche un
salarié qui a déjà quitté son entreprise
de lancer une société exerçant
une activité similaire à celle de son
ancien employeur. Mais tant qu’il
n’a pas mis fin à son contrat de travail,
c’est une tout autre chanson�!
Dans l’affaire qui nous occupe, un
salarié, ingénieur dans une société
de nettoyage de la région parisienne,
a été licencié pour faute grave
parce qu’il avait créé une société
concurrente de son employeur, sans
l’en avoir informé et alors qu’il se
trouvait encore à son service. Devant
les juges, l’ingénieur a contesté son
licenciement en faisant valoir que son
contrat de travail ne comportait pas
de clause d’exclusivité et qu’aucun
acte de concurrence n’avait été
caractérisé. D’abord débouté par
la cour d’appel de Paris, le plaignant
l’a de nouveau été par la Cour de
cassation : cette dernière a considéré
qu’en créant sa société le salarié avait
manqué à son obligation de loyauté,
et que cela suffisait à constituer une
faute grave, même en l’absence
d’actes de concurrence déloyale ou
de détournement de clientèle (Cass.
soc., 30/11/2017). En conséquence,
la sanction le privant du préavis
et de l’indemnité de licenciement
a été confirmée. •
WORK 87
 M I C R O -T R OT TO I R

“La rencontre
professionnelle qui
a changé ma vie”
Sur leur route, ils ont croisé un mentor, un ange gardien,
celle ou celui qui a su les faire progresser, grandir, changer. Récits.
Propos recueillis par Gaël Le Bellego

COLL. CHRISTOPHE L.

Meryl Streep
en patronne
à la fois inspirante
et écrasante dans
Le diable s’habille
en Prada.

A l’époque, je bossais pour la com J’ai eu une enfance assez

d’un grand groupe. L’équipe�: cinq femmes. compliquée. Autodidacte,
Et moi, un homme de 34 ans. Le discours j’ai arrêté l’école en 4e. Pour
vivre, j’ai été groom dans
ambiant était très antimecs. Et un jour, une un hôtel pendant quelque
nouvelle boss est arrivée. Bien au-dessus temps, puis je me suis retrouvé
des chicaneries, elle a su me faire à nouveau à la rue. Grâce au réseau
aimer travailler avec des femmes ! � d’un ami qui m’hébergeait, je
DAVID, 39 ANS suis devenu l’assistant d’un
chanteur, payé des clopinettes
pendant six ans. Jusqu’au
jour où j’ai brigué un poste

88 MARS 2018
de vendeur showroom pour
une marque de prêt-à-porter.
J’ai été reçu par le DG
de la filière France, qui,
malgré mon drôle de
parcours, n’a pas hésité
à m’embaucher. Je suis
resté vingt ans dans la boîte,
jusqu’à devenir responsable
commercial. Cet homme
a su me donner ma chance,
m’écouter. C’est tellement
rare aujourd’hui.
JÉRÔME, 45 ANS
Après une école
de commerce, j’ai
posé ma candidature
auprès de la directrice
d’une boîte de conseil.
Elle n’avait pas de
poste ouvert, mais
créait une cellule de
formation ayant pour
pouvait agacer, cette femme
a su m’inspirer et me redonner
confiance, car je vivais une
période difficile sur le plan
personnel. Elle m’a aussi
appris à cultiver ma curiosité.
Auprès d’elle, je me
suis recentrée et j’ai
retrouvé mon équilibre.
D’elle, il me reste cette citation
d’Oscar Wilde, qu’elle aimait
répéter, tel un mantra�: «Soyez
vous-même, les autres sont
déjà pris.»
BLANCHE, 42 ANS
En 2015, j’ai monté ma
boîte. Une aventure géniale…
et épuisante. On me parle
alors d’un poste qui pourrait
m’intéresser, dans une
grosse PME. Je décroche un
rendez-vous avec le boss.
Pour la première fois,
je rencontre quelqu’un
qui voit mon énergie
Après un master en marketing du luxe,
j’ai rencontré une chasseuse de têtes. Elle m’a
expliqué que le secteur était bouché, mais
m’a informé que son assistante venait de partir.
Bingo�! J’étais au bon endroit au bon
moment. J’ai accepté le poste, et adieu
marketing�! Je suis dans le recrutement depuis
quatorze ans et ça m’éclate.
KARINE, 41 ANS
Ma boss dans l’imprimerie
ne cessait de me harceler.
Un jour, je suis allée en parler
au DG et j’ai démissionné.
Un mois plus tard, il m’offrait
le poste juste au-dessus
d’elle�! En fait, c’est une
rencontre pro négative
qui a bouleversé mon
parcours. Car cette femme,
si odieuse fût-elle, m’a appris
à oser, à me dépasser.
ROZEN, 37 ANS

objectif de travailler et mon expérience

sur le sell out des
commerciaux. Cette
femme intuitive
a pris un risque en
confiant les rênes
de ce projet à
la débutante que
j’étais. Je n’avais
que trois mois pour
comme un atout et non
comme une ambition
dangereuse. Cette relation
m’a permis de croire de
nouveau au rapport Laissez-vous transformer
hiérarchique –�moi qui avais
créé ma boîte pour y
échapper�! Au côté de cette par un nouveau métier
personne, j’ai vu pousser
mes ailes de manager.
AURÉLIEN, 40 ANS

convaincre. Boostée
par la confiance qu’elle
m’accordait, j’ai bossé
comme une dingue
et ai obtenu le poste.
Je suis donc un parfait
contre-exemple�: celui
de la personne qui
n’a pas le profil, mais
qui fait l’affaire.
MARIELLE, 28 ANS
Après une décennie
passée entre start-up et milieu
Arrivé à Paris à 19 ans,
je suis devenu, par chance,
l’assistant d’une artiste
connue pour ses travaux sur
le corps. A l’époque, elle
exposait des vêtements en
Espagne. Problème�: comment 4 mois
les mettre en scène�? C’est de cours en centre
alors que, timidement, j’ai
+ 4 mois
proposé de les disposer sur les
d’application pratique en entreprise
bras ouverts de mannequins
assis sur des chaises Ghost,
de Starck. Conquise, elle m’a 91%* de nos stagiaires en formation cadre ont trouvé
pris sous son aile. Durant
notre collaboration, un nouvel* emploi ou accédé à un nouveau poste en 2017
(*) Étude emploi pour le ministère des PME

de l’entertainment, j’ai eu elle aimait répéter�: allez

l’occasion de rejoindre une
maison de joaillerie en tant
que bras droit de la directrice
de création. C’était une
droit au but, ne vous
laissez jamais influencer. www.ifocop.fr
Aujourd’hui, je suis senior
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de formation adultes

personnalité authentique,
j’applique à la lettre cette 01 56 34 69 91
leçon de vie.
fantaisiste et très originale.
Malgré son côté diva qui
ARMANDO, 29 ANS
IFOCOP, FAÇONNEUR D’AVENIR S
L’IFOCOP est qualifié ISQ-OPQF pour la garantie d’un engagement de prestation de qualité
Photos : © Ifocop Axel Saxe - Fotolia.com
 R E P O R TAG E
Dans les loges, avant la
représentation, chaque comédien
prépare sa marionnette.

Dans les coulisses

d’une comédie
culte de Broadway
Les musicals américains sont des machines de précision.
Dans Avenue Q, acteurs et marionnettes partagent la scène.
Par Thomas Lestavel - Photos : James Leynse/Réa

S
ur la 50e rue, à Broadway, dans la salle
du New World Stages, Avenue Q fait
salle comble à chaque représentation.
Voilà quinze ans que cette comédie
musicale tourne à New York. Ce show a la par-
ticularité de mettre en scène des marionnettes
manipulées par des comédiens visibles du pu-
blic. Les 11 personnages sont des jeunes tout
juste débarqués à Manhattan, en proie aux
dilemmes qui accompagnent le passage à l’âge
adulte. Fraîchement diplômé, Princeton cher-
che un sens à sa vie. L’institutrice Kate rêve
d’un autre job. Rod n’arrive pas à assumer son
homosexualité. La psychologue japonaise
Christmas Eve ne trouve pas de client. Quant
au monstre Trekkie, il passe son temps en-
fermé dans sa chambre à regarder du porno.
CHAUFFER LA VOIX. «Les répliques sont
tellement bien écrites que nous n’avons pas
besoin d’improviser. Le public rit volontiers.
Cela nous facilite la tâche !» se félicite Ben
Durocher, l’acteur qui anime Rod (le gay re-
foulé). Toute la troupe connaît le texte par
cœur pour l’avoir déjà interprété des cen-
taines de fois. Inutile de le relire avant le
show. Chacun doit en revanche bien préparer
sa voix. «C’est notre instrument, rappelle Ben.

90 MARS 2018

Nous devons en prendre soin. Avant chaque
représentation, je fais quelques vocalises et je
bois un jus d’ananas. C’est bon pour la gorge.»
Jouer une comédie musicale exige des in-
terprètes une discipline de fer. Jason Jacoby,
un des manipulateurs de Trekkie, l’obsédé
sexuel, confie : «Je m’organise pour dormir
au moins huit heures par nuit, car la fatigue
a des répercussions sur mon timbre. Quand
je suis fatigué, je suis obligé de passer en voix
de tête pour les notes aiguës, afin de ménager
mes cordes vocales. Ce n’est pas idéal.»
LA MAGIE DU SHOW. La prise en main des
marionnettes se révèle aussi plus complexe
qu’il n’y paraît. «On utilise des muscles qu’on
ne sollicite jamais au quotidien, et il nous faut
gérer un déséquilibre entre les deux bras», ex-
plique Ben. Pour manœuvrer le monstre Trek-
kie, par exemple, deux personnes doivent syn-
chroniser parfaitement leurs gestes. «C’est la
partie la plus délicate, affirme Jason. Avec
Karine, la comanipulatrice, nous avons appris
à travailler de façon fluide. On dirait une
danse à trois.» Dans le monde d’Avenue Q, les
humains sont des assistants au service de leurs
poupées. «Quand j’interagis avec Kate (la
jeune institutrice amoureuse de Princeton),
c’est elle que je regarde et pas la comédienne
qui la tient, témoigne Danielle K. Thomas, qui
interprète la gardienne d’immeuble. Je me suis
attachée à cette marionnette. Si je vois qu’elle
a un poil dans l’œil, je le lui enlève immédia-
TRAVAIL D’ÉQUIPE
Une représentation
mobilise une vingtaine
d’acteurs et de techniciens.
J. BERMAN�/�GETTY IMAGES
SHOW DEVANT
Quelque
tement. C’est la magie de ce show : des objets 50 comédies
inanimés prennent vie !» Danielle adore son musicales
métier – «J’ai une chance folle de divertir les sont jouées en
gens»  –, mais elle confesse que jouer à permanence
Broadway implique quelques sacrifices. à Broadway.
MARATHON. Le show se donne en effet tous
les soirs (sauf le mardi), et les acteurs en-
chaînent deux séances le samedi et le di-
manche. Soit huit représentations par se-
maine. Un vrai marathon… «Je prends très
peu de vacances et je travaille toujours le soir
de Noël», explique la comédienne.
Comment ces artistes parviennent-ils à
conserver la fraîcheur et l’enthousiasme du
premier jour sans céder à une certaine forme
de lassitude ? C’est là qu’intervient Jen
WORK 91
AVENUE Q
TIENT L’AFFICHE
DEPUIS
QUINZE ANS

Chaque
comédien
joue en
symbiose
avec sa
marionnette.

A la régie,
la metteuse
en scène, Bender, la directrice en résidence qui re-
Christine Daly,
contrôle crute les comédiens et s’assure qu’ils se don-
le son et les
lumières. nent à 100%. «Je donne mon regard extérieur
sur la prestation des acteurs. S’ils perdent un
peu en rythme, si cela devient moins incisif,
je le leur signale. Dans une équipe de basket-
ball, je serais à la fois l’entraîneuse et la cheer-
leader», estime la jeune femme.
Jen est secondée par la metteuse en scène
Christine Daly, qui gère les plannings et coor-
donne tout le travail de l’ombre : du son à la
lumière en passant par la logistique des décors
et la gestion du stock de marionnettes. «Elle
sait parfaitement où les comédiens doivent se
trouver à chaque seconde du spectacle, expli-
que Jason Jacoby. Et elle a une mémoire im-
pressionnante : quand un nouvel acteur nous
rejoint, elle l’entraîne sur scène et joue les
autres personnages pour le faire répéter.»

DOUBLURES EN ALERTE. Pièce maîtresse

PUPPETS PRIMÉS Inspiré du Muppet Show et de Sesame Street,
Avenue Q a reçu un Tony Award pour son scénario.
du dispositif, la metteuse en scène pilote égale-
ment le calendrier des doublures. Ces hommes
et femmes, dont chacun est capable de rempla-
cer trois comédiens différents, assistent à la re-
présentation depuis les coulisses et se tiennent
prêts à intervenir en cas d’urgence. «Il arrive
qu’ils entrent sur scène après l’entracte, voire
en cours de spectacle, si un comédien a un pro-
blème», précise Christine Daly. Avec des répli-
ques comme «Le porno est le seul investissement

92 MARS 2018
 R E P O R TAG E
sûr dans un marché volatil» (Trekkie, encore
lui) et des chansons provocatrices telles que
«Tout le monde est un peu raciste», Avenue Q
s’est fait une place de choix dans la culture po-
pulaire new-yorkaise. «Un spectateur m’a
confié un soir qu’il venait de perdre un membre
de sa famille et que nous avions réussi à lui
faire oublier sa tristesse pendant les deux
heures du spectacle, se réjouit Danielle. Cela
Le maquillage, m’a fait chaud au cœur. Pour un comédien, c’est
un moment de la meilleure des reconnaissances.»
concentration
pour Dana
Steingold
avant d’entrer ENTRETENIR LE BUZZ. Le succès est au
en scène. rendez-vous pour Avenue Q. Mais cela n’em-
pêche pas le spectacle d’avoir besoin de conti-
nuer à faire parler de lui, en entretenant le buzz
notamment. Ainsi, pendant l’affrontement
entre Donald Trump et Hillary Clinton lors de
la dernière présidentielle, Rick Lyon, l’homme
qui fabrique ces marionnettes, a conçu les
doubles des deux candidats… qui se sont re-
trouvés sur scène : Trekkie, le fan de sites hot,
discute avec Hillary de la meilleure façon d’ef-
facer un historique de navigation Web (allu-
sion à l’enquête du FBI sur la messagerie privée
de l’ex-première dame). Puis Trekkie demande
à Trump s’il risque d’être arrêté parce qu’il est
est «une créature de fourrure», ce à quoi Trump
répond : «Peu importe que vous soyez un
Mexicain, un Oriental ou un monstre… Vous
retournerez d’où vous venez !»
TENSION ET ÉCHAUFFEMENT. Avant la
levée du rideau, la tension monte en coulisses.
Les assistants courent dans tous les sens, les
techniciens effectuent les derniers ajuste-
ments. Devant un écran qui retransmet en di-
rect le spectacle, le pianiste, la saxophoniste
et le batteur règlent leurs instruments. Quant
aux comédiens, ils sont tous dans leur loge.
Ben Durocher se chauffe la gorge grâce à un
diffuseur de vapeur d’eau. Danielle K. Thomas
saute sur place pour se donner de l’entrain. A
travers un trou pratiqué dans le rideau, elle
regarde le public s’installer. «La salle est
pleine», souffle-t-elle. Dans quelques minutes,
les 500 spectateurs du New World Stages vont
rencontrer les habitants d’Avenue Q. •
 LE LEADERSHIP DES ANTIHÉROS

VOUS VOULEZ LE POUVOIR�?

PLANIFIEZ SA CONQUÊTE�!
PAR YAËL
GABISON,
Ces personnages de série qui ne s’encombrent d’aucun scrupule coach
pour atteindre leur but ont beaucoup à nous apprendre. et fondatrice
du cabinet
Ce mois-ci, Cersei Lannister, la reine sans pitié de Game of Thrones. Smartside

A
 
ssoiffée de pouvoir, Cersei Lannister – une des hé-
roïnes de la série Game of Thrones – n’a qu’une idée
en tête : placer son fils sur le trône de fer. La reine
connaît les règles impitoyables qui gouvernent
Westeros. Elle sait qu’elle joue gros face à des adversaires qui
ne reculeront devant rien pour l’empêcher d’arriver à ses fins.
C’est ce qu’elle explique à son ennemi, le gouverneur du Nord,
Eddard Stark, dans un épisode de la première saison : «Quand
on joue aux jeux de pouvoir, soit on gagne, soit on meurt. Il n’y
a pas de juste milieu.» Le désir de puissance peut déchaîner les
passions à Westeros comme dans la vraie vie et éveiller les plus
vils instincts, même chez les individus qui ont l’air d’être inof-
fensifs au premier abord… Lorsqu’on veut gagner les sommets,
il faut être prêt à traverser de sévères turbulences.

DÉFINIR UNE QUÊTE ULTIME. Quelle que soit votre am-

bition – intégrer un cercle d’influence, diriger une organisa-
tion, une multinationale –, préparez-vous à un parcours semé

PHOTO�: HELEN SLOAN/HBO. L’INTÉGRALE DE LA SÉRIE «GAME OF THRONES» EST DISPONIBLE EN REPLAY SUR OCS GO. ILLUSTRATION�: STÉPHANE TRAPIER.
d’embûches. Et sachez que tous vos actes devront être subor-
donnés à la réalisation de votre dessein : il faudra parfois im-
poser un silence stratégique à vos désirs profonds, brider vos
réactions naturelles, votre sensibilité et même votre ego.
Chacune de vos décisions devra être prise dans l’intérêt de
votre projet. Avant d’entamer votre ascension, il est donc im-
pératif de définir trois choses : votre but ultime, vos objectifs
intermédiaires et vos valeurs. Ainsi, quand une occasion se
présentera, vous pourrez examiner froidement en quoi la sai-
sir vous rapprocherait (ou vous éloignerait) de ce triptyque.
Dans la saison 7,
la belle et cruelle
Cersei semble SE PRÉPARER À LA CHUTE. Une fois cette dynamique
parvenue lancée, pas question d’avoir de coup de mou ni de baisser la
à ses fins�: régner
sans partage. garde une seule seconde ! La marche vers le pouvoir oblige à
prendre des risques toujours plus grands et à nouer des al-
liances de plus en plus subtiles. Aussi abstenez-vous de jouer
si vous n’avez pas l’endurance d’un marathonien… Car même
parvenu au sommet, il faudra encore défendre votre territoire
contre des rivaux plus rusés ou plus robustes, obsédés par l’idée
de vous évincer. Ayez également toujours à l’esprit que la chute
fait partie du jeu. Et qu’il n’y aura personne pour vous relever.
Vous serez seul face au cortège narquois des pré-
AVANT D’ENTAMER dateurs dont vous aurez excité la jalousie pendant
votre règne. Petit exemple à méditer : celui de
VOTRE ASCENSION, Jean-Marie Messier, ancien patron de Vivendi.
FIXEZ-VOUS Après avoir été encensé par la presse dans les an-
DES OBJECTIFS nées 1990, il a fini, dix ans plus tard, abandonné
par son conseil d’administration, méprisé par les
INTERMÉDIAIRES salariés et poursuivi en justice. •
94 MARS 2018
 LE JARGONAUTE

PAR
ALEXANDRE

TOUT DES ISNARDS,

auteur du
Dictionnaire

RÉSIDE DANS du nouveau

français

LE “CO”
(Ed. Allary)

A
esio et la Macif ont fait part de leur
intention de coconstruire un nou-
veau groupe mutualiste multimé-
tier», rapporte l’Agence fédérale
d’information mutualiste. Pourquoi utiliser un
verbe si horrible à entendre et qui ne sonne
pas du tout Silicon Valley ? Pourquoi ne pas
dire tout simplement «construire» ?
Tout réside dans le «co». Du latin cum (qui
signifie «avec», «ensemble»), ce préfixe permet
d’ajouter une dimension collective à un projet.
Dimension sans cesse revendiquée par les
grands groupes, qui tentent de nous persua-
der qu’ils ont changé et sont passés à l’ère du
collaboratif. Ainsi, la manager du pôle trans-
formation digitale de Renault tweete que
«Renault va ouvrir un espace dédié à l’inno-
vation au deParis#leSquare#lab#coCons-
truire#startUp». Coconstruire est le mot clé
de la rhétorique du partage innovant.
Construire n’est pas le seul verbe à s’affu-
bler d’un « co». Vous pouvez aussi cobrander
un produit (apposer une marque avec d’autres
partenaires) ; cofonder une entreprise (avec
l’émergence des start-up, on ne compte plus
les cofondateurs) ; ou encore coworker, même
si, dans les espaces de coworking, on travaille
rarement ensemble (ce sont surtout les mètres
carrés que l’on partage). Mais le terme donne
la sympathique impression d’une tribu de
digital workers œuvrant en symbiose.
De tous ces verbes, «coconstruire» est le plus
riche. Il évoque une promesse d’unité et d’har-
monie. A l’heure où il n’a jamais été aussi dif-
ficile de fédérer des acteurs autour d’un pro-
jet, c’est précieux. Ainsi, pour promouvoir son
ILLUSTRATION : STÉPHANE TRAPIER

nouveau siège social, prévu en 2020, Orange

promet de «mener des concertations avec les
salariés pour coconstruire ensemble ce lieu et
en faire une vitrine du mieux-travailler».
Construire ensemble, c’est bien. Coconstruire
ensemble, c’est fusionnel ! Pourtant, un démé-
nagement est toujours un projet... clivant. •

WORK 95
 LA CHRONIQUE DU CHANGEMENT
RIEN NE SERT DE
DIGITALISER SANS FORMER
D
e 8 milliards d’objets connectés
aujourd’hui, nous devrions passer à
20 d’ici à 2020. Enceintes, véhicules
ou maisons connectés, intelligence
artificielle, robots ou assistants vocaux vont,
dans les années à venir, transformer nos vies
de consommateurs, mais aussi de profession-
nels. Le mouvement est si brutal et si rapide
que rien ne paraît devoir enrayer sa marche
en avant. Adtech, agritech, fintech, foodtech,
healthtech, edtech, retailtech… symbolisent
le progrès et les start-up qui travaillent dans
tous ces domaines réunissent inventeurs et
promoteurs dans des salons spécialisés pour
valoriser leurs avancées.
Pourtant, ces changements dépendent
– jusqu’ici, car cela pourrait aussi évoluer à
l’avenir – d’un facteur essentiel : notre capa-
cité à les intégrer. Or nous avons toujours un
temps de retard. Pour le consommateur ou
l’usager, tout va un peu trop rapidement. Il en
est de même pour le salarié et le manager, qui
essaient, parfois à grand-peine, de suivre les
démarches de digitalisation menées dans leur
entreprise. Si chief digital officer est aujourd’hui
Il y a
aujourd’hui
plus de
bruit que de
résultats
dans
le domaine
de la
digitalisation
96 MARS 2018
un poste stratégique et que les termes «multi-
canal», «social selling», «big data» ou «block-
chain» semblent constituer l’alpha et l’oméga PAR ERWAN NABAT,
du discours sur l’avenir des dirigeants, la réa- DIRECTEUR ASSOCIÉ
lité est souvent tout autre. Une récente étude DU GROUPE ALTER&�GO
montrait ainsi que la digitalisation n’arrive
qu’en septième position des changements
qu’ont connus les salariés français. Et, il faut
bien le reconnaître, nos bureaux ne sont pas
devenus les autels à objets connectés que les
prophètes du digital nous prédisaient. Mis à
part le bracelet de forme offert lors du sémi-
naire de fin d’année et vite relégué dans le ti-
roir des gadgets, les salariés perçoivent aujour-
d’hui plus de bruit que de résultats dans le
phénomène de la digitalisation.
Derrière ce décalage, il y a la désormais
fameuse «révolution des usages» : l’innovation,
notamment lorsqu’elle couvre des besoins mul-
tiples, ne peut aller plus vite que la capacité
des femmes et des hommes à la digérer.
Celle-ci progresse, il est vrai, mais pas à la
vitesse des technologies. Dans un des premiers
chapitres de son ouvrage de référence, Diffu-
sion of Innovations (malheureusement non tra-
duit en français), Everett Rogers décrivait com-
ment la solution pour prévenir le scorbut, qui
décimait marins et prisonniers, fut découverte
en 1601… mais ne fut généralisée qu’en 1795,
soit presque deux cents ans plus tard. Entre-
temps, que de morts et de souffrance !
Aujourd’hui, la vitesse d’appropriation par
un individu ou un collectif d’un Slack ou d’un
Snapchat – dont l’utilité sociale est relative-
ment faible si on la compare à la guérison du
scorbut – est extrêmement rapide. Il n’empêche
que des pans entiers de la population ne se
ILLUSTRATION : STÉPHANE TRAPIER
familiariseront jamais avec ces outils. «Nos
progrès en tant que nation dépendront de nos
progrès en matière d’éducation. L’esprit hu-
main est notre ressource fondamentale», di-
sait J. F. Kennedy. La révolution de nos appren-
tissages serait-elle finalement le seul vrai défi
•
de la digitalisation ?
 La sélection du service commercial de MANAGEMENT
T E N D A N C E S
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et même aux enfants. La marque fait montre de Fruit d’un long vieillissement de 12 années en fûts de Bourbon, Glen
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enrichies en Pro-Vitamine B5, sans paraben ni une finale persistante avec des pointes épicées de miel. Elaboré dans les
silicone, et surtout qui font la part belle à des Highlands, au cœur de l’Ecosse, ce Single Malt est l’expression d’un savoir-
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MA VIE APRÈS LE BOULOT

98 MARS 2018
 TEMPS FORTS
102 107 111
TOURISME AUTO UNE VILLE, UN EXPAT’
SPA MAL… LA GRANDE CLASSE SWISS MODE
Pour se remettre les idées La nouvelle Classe S Un Français vivant sur place
au clair, rien de tel qu’un bon de Mercedes est un concentré nous fait découvrir Zurich,
bain chaud… et salé. d’innovations et de technologie. plus animé qu’il n’y paraît !

PHOTOS�: THE GAINSBOROUGH SPA, DAIMLER AG, A. BRETSCHER / ZUERICH TOURISM

AFTERWORK 99
 The place to biz

JFD Club Un réseau social “en vrai”

pour networker entre femmes
Dans cet appartement chic, entrepreneuses et femmes du numérique
se retrouvent pour échanger points de vue, conseils et expériences. Pour que
le monde digital de demain soit plus féminin. Par Marie Lannelongue

C
’est juste un détail, mais il en dit long
sur ce nouveau club ultra-féminin.
Tout au fond du couloir, côté cou-
lisses, sur une étagère, une dizaine
de paires de souliers chics se tiennent au
garde-à-vous, témoins glamour du tourbillon
qu’est la vie de Delphine Remy-Boutang, la
fondatrice du JFD Club. Inauguré à la rentrée
2017, ce lieu est le prolongement physique de
la Journée de la femme digitale, un événement
créé en 2013 par cette quadra au féminisme
assumé afin de promouvoir la place des fem-
mes dans le numérique. «Seulement 28% de
femmes dans ce secteur, et 13,5% dans l’intel-
ligence artificielle, vous trouvez ça normal ?»

FEMMES D’INFLUENCE. On vient dans ce

vaste appartement parisien pour tisser des 5
liens, networker avec ces femmes influentes
(déjà 200 membres) qui acceptent de mentorer
les jeunes pousses du digital dans un esprit de 2
«partage, de bienveillance, et d’innovation».
Entre une conférence sur le jargon du code, une
posture de yoga et une projection, on y rencon-
trera des pédégères du public, de start-up, une
sportive de haut niveau. Une liste ni exhaustive
ni partisane. Car le cœur du réacteur est ail-
leurs. Comme dans cette phrase de Madeleine
K. Albright, affichée à l’entrée, qui rappelle à
qui passe le seuil que l’entraide entre femmes
n’est pas accessoire. On se le tient pour dit. •
Delphine
Remy-
Boutang 1
a lancé la
Journée de
la femme
digitale
en 2013.

100 MARS 2018

 1 Déco 50’s
L’éditeur de mobilier Vitra
pour partenaire, des pièces
signées Charles et Ray
Eames, cela donne, à deux
pas du Trocadéro, à Paris,
un espace de 300 m2 clair
et chaleureux, au design
fifties sans fausse note.
3 inspiratrice du prix Margaret,
2 Beauty Bar
On s’y repoudre le nez
avant une interview
et l’on y teste au passage
les produits signés Lancôme,
Saint Laurent ou Sephora,
partenaires du JFD Club.
Les membres du club
ne valent pas moins.
4 is a special place in hell
3 Ultraconnecté
Dans cet espace voué
à la connexion sous toutes
ses formes, on ne manquera
ni de réseau ni de bornes pour
recharger tablette et mobile.
Celles-ci sont signées Bubbles,
une start-up soutenue par le
club. Solidarité, on vous dit�!
4 Programmation VIP
Conférences, expos en visite
privée, ateliers de travail,
projections en avant-première,
privilèges VIP… le JFD Club ne
lésine pas sur la programmation
et les «expériences à vivre».
Et si l’on ne fait pas partie
des happy few, on peut toujours
s’inscrire à la prochaine JFD
(le 6 mars, à Paris), pour faire
le plein de bonnes ondes.
5 Marraines
illustres
Chaque pièce porte le nom
d’une femme pionnière.
Sur des affiches, des citations
de Simone Veil, Simone
de Beauvoir, Rosa Parks
ou encore Margaret Hamilton,
codeuse de la Nasa et
remis chaque année à la
Journée de la femme digitale.
A l’entrée, les mots de
Madeleine K.Albright claquent
comme un étendard: «There
for women who don’t help
other women.»
6 Cotisations solidaires
Parmi les 200 membres,
on compte Delphine Ernotte
(PDG de France Télévisions),
Fabienne Dulac (directrice
exécutive d’Orange France)
ou Sarah Ourahmoune
(championne de boxe).
Pour entrer dans le sérail,
il faut acquitter une somme
rondelette�: 4�500 euros
par an (dont une partie
versée à Epic Foundation,
start-up à but non lucratif
luttant contre les inégalités
qui touchent les enfants).
Traitement de faveur pour
les start-up, avec un ticket
d’entrée à 3�500 euros.
PHOTOS�: FRANCIS AMIAND
L’adresse
 JFD Club
11, boulevard Delessert,
75016 Paris
lajourneedelafemmedigitale.fr
AFTERWORK 101
 Tourisme

Remise à niveau
du corps et de la tête
Spa, thalasso, yoga… Vous rêvez de détente et de bien-être ?
Voici quelques pistes pour retrouver forme
et sérénité, tout en douceur. Par Bérénice Debras

Châtelaillon-Plage
ESPACE NUXE ET SPA MARIN, HÔTELS LA GRANDE TERRASSE MGALLERY ET IBIS STYLES

D u bleu plein les yeux et

de l’iode sur la langue…
L’hôtel La Grande Terrasse
MGallery by Sofitel offre une
échappée entre ciel et océan,
à 15 kilomètres de La Rochelle.
Pierre Gagnaire y a installé
son restaurant, Gaya, et Nuxe,
un spa consacré aux soins
de beauté et à la détente.
Situé à deux pas, l’hôtel Ibis
Styles, autre établissement
du groupe Accor, donne accès
aux espaces de remise en
forme du nouveau spa marin,
ouvert en début d’année.
�Le soin. Le package Forme
du spa marin inclut 15 soins
(gommage, séance de cardio
coachée, aquafitness, bain
à la gelée d’algues, hydrojet,
massages et masques) sur 5 jours
et 5 nuits à l’hôtel MGallery,
avec petits déjeuners, à partir
de 947,50 € par personne.
la-grande-terrasse.com
�Après le soin. Filer au bout
du monde, ou presque, et
déguster des fruits de mer à la
bonne franquette aux Huîtres de
Trousse-Chemise, sur l’île de Ré
(route de la Levée-Verte, après le
terrain de golf, Les-Portes-en-Ré).
Puis s’offrir une balade magique
avec la Ligue pour la protection
des oiseaux. ile-de-re.lpo.fr

102 MARS 2018

 A Châtelaillon-
Plage, Nuxe
a posé son spa
juste au bord
de l’océan.

Se ressourcer
dans l’espace
spa des
Etangs
de Corot…

Ville-d’Avray …�et se détendre face

aux pièces d’eau qui
ont inspiré le peintre.
SPA CAUDALIE
AUX ÉTANGS
DE COROT

C et hôtel plein de charme,

à quinze minutes de Paris,
se reflète dans les étangs
PHOTOS�: LA GRANDE TERRASSE, SYLVIE CURTY, LES ÉTANGS DE COROT�

si chers au peintre Corot.

Avant ou après un moment
de décompression au spa,
un verre en terrasse, un
repas à sa table étoilée, suivi
d’une nuit enchanteresse
suffiront à vous requinquer.

�Le soin. Destiné aux hommes

(mais pas seulement), le «rituel

du sommelier» inclut un massage
vigneron, un «bain barrique»
à la vigne rouge ou au marc
de raisin et un «gommage
friction merlot». A partir de
320 € la demi-journée. Une fois
le corps détendu, cultivez
votre esprit en profitant des
«dimanches culturels», rencontres
L’entrée de La Grande Terrasse peut littéraires et conférences
vous mener au spa marin, assez sportif, organisées à l’hôtel durant l’hiver.
comme à l’espace Nuxe, plus cocoon. etangs-corot.com
�Après le soin. Poursuivez
votre expérience sensorielle en
visitant l’exposition «L’Expérience
de la couleur» (jusqu’au 2 avril),
à la Cité nationale de la céramique
de Sèvres. Au menu�: bleu céleste,
rose Pompadour, orange Sottsass.
sevresciteceramique.fr
Si vous préférez une activité
plus sportive, offrez-vous une
balade jusqu’aux jardins de
Versailles, à 6 kilomètres environ
(prêt de vélos à l’hôtel).
Escapades zen
S’aérer la tête au soleil (ou pas)…
Sur l’île de Formentera, le Gecko
Hotel & Beach Club propose un
forfait de 4 jours et 3 nuits avec petit
déjeuner healthy et cours de yoga
inclus à partir de 705 €, dès
le 18 avril. geckobeachclub.com/fr
Partez en «voyage d’exploration
intérieure», grâce aux retraites
itinérantes organisées par
Les Merveilles. lesmerveilles.fr
Ou faites le plein de sérénité
avec une Yuj Yoga Expérience
proposée par Hélène Duval,
fondatrice de Yuj (vêtements de
yoga). yujyogastudio.com

AFTERWORK 103
 Tourisme

Tons sobres
sur fonds
blancs�: au
White Spa,
tout participe
au calme
des lieux.

PHOTOS�:� GRAND HOTEL TRIESTE & VICTORIA, STEFANIA GIORGI, MOULAY YACOUB VICHY
Trieste
WHITE SPA, GRAND HÔTEL TRIESTE & VICTORIA

Inauguré en 2017 par le

groupe GB Thermæ Hotels,
ce spa épuré de 3 600 mètres
carrés est une invitation au
bien-être – avec espaces de
fitness intérieurs et extérieurs,
parcours Kneipp et piscines.
Côté chambres, le Grand Hôtel
Trieste & Victoria, en cours de
rénovation, propose déjà des
suites très contemporaines.
�Le soin. Le forfait Fango
& Forme inclut une consultation
médicale et un programme
personnalisé, 6 applications de
boue mature (argile bio-
thermale), 6 bains thermaux
à l’ozone et aux hydro-essences
aromatiques, 6 massages Deep
Tissue Method®, soit 6 jours
de cure et 7 nuits en pension
complète, à partir de 1�554 € par
personne (chambre double).
gbhotelsabano.it/fr
�Après le soin. Vous vous
sentez déjà en pleine forme…
C’est l’occasion de parcourir
Trieste, ville italienne aux
influences slaves et viennoises.
Partez à la découverte de ses
monuments antiques ou offrez-
vous une balade littéraire dans
les pas de James Joyce, Italo
Svevo ou Rainer Maria Rilke…
Vous aurez bien mérité
un café sur la piazza dell’Unita
d’Italia, face à l’Adriatique.

Chambre avec vue sur

une des piscines de l’hôtel.

A suivre…
Vichy multiplie ses sources. D’ici au printemps, le groupe
devrait ouvrir un complexe thermal au Maroc, à 20 kilomètres de
Fès, dans le village de Moulay-Yacoub. Les eaux y sont réputées
pour leurs vertus thérapeutiques et leur riche minéralisation
chlorurée et sulfurée. Le Vichy Thermalia Spa Hôtel comptera un
spa, un centre pour le dos et un espace thermal de 6 000 mètres
carrés. moulay-yacoub-vichy-thermalia-spa-hotel.fr/fr
Au choix après le soin�: randonnée, partie de golf ou déambulation
dans les ruelles de la médina de Fès jusqu’au restaurant Ruined Garden,
au style à la fois chic et décontracté. ruinedgarden.com

104 MARS 2018

 9 MOIS
APRÈS
JE PROFITE
ENCORE
DES EFFETS
DE MA CURE

18 JOURS DE CURE, DES MOIS DE BIEN-ÊTRE

Agence MEESTERS - Crédit photo : Marielsa Niels

DOULEURS ARTICULAIRES, JAMBES LOURDES,
DIFFICULTÉS RESPIRATOIRES, MAL DE DOS, OBÉSITÉ.
Soulager vos douleurs, diminuer vos médicaments et prévenir
les récidives, les 1 200 médecins thermaux, kinésithérapeutes,
hydrothérapeutes, préparateurs physiques et diététiciens de nos
20 centres se mobilisent pour préserver durablement votre santé.
Neuf mois après leur cure thermale, 70 % des curistes
interrogés par l’Observatoire de la Chaîne Thermale du Soleil,
témoignent d’une amélioration de leurs symptômes et de leur
état de santé.
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prouvée par de récentes études cliniques.

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Chasser
l’insomnie à Bali
Comment retrouver le sommeil�?
Peut-être grâce à cet atelier balinais
mené par Tristian Kelly dans le cadre
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Le forfait de 6 jours et 5 nuits,
du 17 au 22 mai, comprend
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une consultation individuelle,
un massage de 60 minutes et deux
cours collectifs quotidiens,
de 90 minutes chacun,
à partir de 4 360 €.
La piscine
du spa,
alimentée
par des
sources
d’eau
chaude.
106 MARS 2018
Tourisme
Bath
SPA VILLAGE BATH, HÔTEL GAINSBOROUGH BATH SPA
B ath a conservé un décor
unique, comme figé
dans le temps, idéal pour
déconnecter de la vie 2.0.
Ouvert en 2015, l’hôtel
Gainsborough Bath Spa,
membre du réseau Leading
Hotels of the World et bardé
de prix, déroule 99 chambres
et suites à l’élégance très
british et dispose d’un spa
aux eaux de sources chaudes.
�Le soin. Une fusion des savoir-
faire malaisien et indonésien
et des cures européennes
traditionnelles. L’éventail est
donc large, allant de sessions
de yoga à des exercices dans
l’eau (avec un thérapeute) en
passant par des massages et
des gommages. Forfait d’une
nuit au Gainsborough Bath
Spa avec petit déjeuner, un soin
de 90 minutes au Spa Village
Bath et une entrée à la piscine,
à partir de 485 € par personne.
thegainsboroughbathspa.co.uk
�Après le soin. On visite les
bains romains, l’abbaye de
Bath ou son musée de la Mode. S’offrir un teint
de rose anglaise
fashionmuseum.co.uk au Gainsborough
Avant l’incontournable thé au Hotel de Bath.
Bath Priory. thebathpriory.co.uk
PHOTOS�:� THE GAINSBOROUGH SPA
 Auto
VITRINE
Fidèle à sa
réputation, la
dernière Classe S
est un concentré
d’innovations
technologiques.

Mercedes Classe S, l’indémodable

S’il est une berline qui résiste à l’irrésistible progression des SUV, c’est
bien elle ! Avec 4 millions d’exemplaires vendus en quarante-cinq ans,
la Classe S demeure le mètre étalon des limousines. Par Benjamin Cuq

C
hefs d’Etat ou de gouvernement et
top managers ne jurent que par elle :
la Classe S. Pour Mercedes, cette li-
mousine est une vitrine de son savoir-
faire : d’une génération de modèle à l’autre, le
constructeur de Stuttgart a mis à profit chaque
évolution pour réaffirmer sa force et son avance
technologique. Dernière en date : la seconde
phase de la Classe S de… dixième génération.
Elle constitue à ce jour sur le marché l’expres-
sion la plus aboutie de la conduite autonome.
HAUT LES MAINS�! La nouvelle Classe S est
capable de régler sa vitesse sur celle des autres
véhicules, tout en respectant les limitations
grâce à la lecture automatique des panneaux et
aux indications du GPS. Elle se charge ainsi de
ralentir aux abords des ronds-points et des vi-
rages. Mieux, elle gère seule les dépassements
et les changements de direction. Sur route ou
autoroute, il suffit de mettre le clignotant et elle
double après avoir vérifié qu’aucun véhicule ou
obstacle ne menace la sécurité de la manœu-
vre. Lorsqu’un parcours a été programmé, une
fois le clignotant enclenché, elle ralentit et se
déporte à l’approche de l’intersection à em-
prunter. Dans les bouchons, elle ralentit et ac-
célère sans intervention du conducteur. Celui-ci
peut même lâcher le volant trente secondes
avant que la voiture ne le rappelle à l’ordre.
Si elle nous a épatés par son agrément de
conduite, son confort digne d’un salon (sièges
massants, purificateur d’air, hi-fi premium…)
et sa consommation (5,6 l/100 km), la S400
diesel de notre essai n’est pas à la portée de tous
(98 700 euros). Mais quand on sait que la mar-
que inaugure sur sa limousine toutes les techno-
logies qu’elle installera ensuite sur le reste de
sa gamme, on prend son mal en patience ! •
En week-end
PHOTOS : DAIMLER AG, VOLKSWAGEN AG
Polo GTI. Apparues en 1976 sur la dans la calandre et projecteurs anti-
Golf, les trois lettres GTI (Grand brouillard de série, il se distingue à
Tourisme Injection) sont aujourd’hui l’intérieur par des sièges en tissu tartan
apposées sur la VW Polo. Véritable Clark et par une instrumentation
5-places, ce modèle est équipé d’un entièrement digitale et programma-
moteur turbo 2 l de 200 ch et d’une ble. Avec un malus de seulement
boîte automatique DSG. Il grimpe de 540 euros, cette sportive compacte
0 à 100 km/h en 6,7 s et affiche une offre l’un des meilleurs ratios
vitesse de pointe de 237 km/h. Pare- performances/émissions du marché !
chocs avant spécifiques, liseré rouge Prix : A partir de 27 300 euros.

AFTERWORK 107
 Shopping

Endormez-vous…
Préparez-vous à mieux dormir et à mieux vous réveiller en suivant
ces quelques conseils et à l’aide de ces objets. Par Gwénola Froment

L
e secret du sommeil ? La régularité ! Ainsi,
évitez de modifier vos heures de réveil
et de coucher. En effet, si vous soumettez
votre organisme à de trop fortes variations
(coucher 23 heures en semaine, 4 heures
du matin le samedi, lever 14 heures, etc.),
le repos sera de plus en plus difficile à trouver.
Par ailleurs, votre rythme biologique se règle
sur la luminosité. Lorsque vos yeux perçoivent
de la lumière, votre cerveau libère de la
sérotonine, l’hormone qui vous maintient en
éveil. Au contraire, dans la pénombre, il sécrète
de la mélatonine, qui assure l’endormissement.
Par conséquent, une exposition intense à
la lumière bleue artificielle des écrans dérègle
l’organisme. Mieux vaut éteindre vos appareils,
ordinateurs et smartphones, deux heures avant
d’aller au lit. Un dîner léger, un bon matelas et
pourquoi pas un massage sont aussi les atouts
d’un sommeil de qualité.

PHOTOS�: DR, TIRIVOLO, DODOW, ULLYS, JURA, DAVID KEN, SPIRTONIC, GIGI ROBB

2 3 4 5

1 Tapis de fakir. Le principe
du Champ de fleurs est simple.
Vous vous allongez sur un
matelas recouvert de 221 fleurs
composées chacune de
25 pétales pointus. Ces picots
stimulent les zones réflexes
du dos, soulagent les tensions
et conduisent naturellement
à la détente. Champ de fleurs,
99 €, Bioloka. 2 Doudou.
Dormir sur des cailloux�? Bof�!
Mais s’endormir à l’aide d’une
pierre, pourquoi pas�? La
calcite bleue aurait des vertus
antistress et favoriserait ainsi
le sommeil profond. La calcite
bleue, 96 €, cristaux-bien-etre.
com 3 Tisane épicée. Ce
concentré de plantes est idéal
pour se calmer. La recette allie
la camomille, la verveine,
la cannelle de Chine et le clou
de girofle. Le Tranquille,
16,90 €, herbaldrinkersclub.
com 4  Relaxation. Ce drôle
d’objet à poser sur votre table
de chevet projette au plafond
un faisceau lumineux sur un
rythme lent et régulier. En vous
concentrant sur ce halo, vous
ralentissez votre flux de
pensées et votre respiration.
Dodow, 49 €, mydodow.com
5  Comme une fleur. Ce spray
associe six Fleurs de Bach.
Chacune cible une émotion
particulière. Recommandé
en cas de nuits agitées. Rescue
nuit, 18,90 €, en pharmacie.

108 MARS 2018

 Réveillez-vous !

2 3 4

5 6 7

1 Café de rêve. Equipée de
son propre broyeur, cette
élégante machine moud
les grains pour vous préparer
un café digne des meilleurs
bars. Jura A1, 599 €, jura.com
2  Déca vitaminé. Ce
décaféiné permet de faire
face au stress grâce à l’action
du safran, du magnésium et de
la vitamine B6. Zen Espresso,
24,90 €, fitalety.com 3  Potion
magique. L’association de
la spiruline, du guarana et
de l’acérola réveille le corps
et l’esprit. Spirtonic, 9,50 €,
akalfood.com 4 Au boulot�!
Ce mélange de maté, sauge,
menthe, fenouil, poivre
et cardamome stimule la
concentration. Le Prodige,
16,90 €, herbaldrinkersclub.com
5  Réveil en douceur.
En reproduisant le spectre
lumineux de l’aube, ce
simulateur prépare votre
organisme au réveil.
Lumie 250, 135,90 €, celyatis.
com 6  Fer et fibres. La
racine de maca est réputée
pour ses vertus fortifiantes.
Maca, 19,90 €, dplantes.com
7  Caleçon présidentiel.
Confort et élégance
pour booster votre journée.
Le caleçon Ullys est
confectionné dans les Hauts-
de-France. Brigitte Macron
en a même offert un à
son époux�! Ullys, 38 €, ullys.fr

AFTERWORK 109
 Forme

Soulagez votre dos

en étirant votre psoas
Détendre ce muscle rattaché aux lombaires aide à combattre les blocages
vertébraux liés à une station assise prolongée. Par Gwénola Froment

COACH
Fred Coelho
Préparateur
physique
auprès de
la Fédération
française
de golf.

1 2 3

1 Grandissez-vous 2 Etirez-vous 3 Travaillez au sol

Debout, genoux souples,
allongez la colonne vertébrale
en levant le sommet du crâne
vers le plafond. Garder la
position 3 secondes puis
relâcher. Répéter dix fois.
Faites un pas vers l’avant
en tendant la jambe arrière.
Genou avant fléchi, buste
et épaules alignés, soufflez
en gainant vos abdominaux.
Tenez au moins 30 secondes.
Démarrez à quatre pattes.
Avancez le pied droit pour que
le tibia soit perpendiculaire au
sol. Descendez le bassin côté
gauche, en relâchant les mus-
cles. Répéter de l’autre côté.

Une lunch-box crétoise

pour une remise en forme printanière
Bon pour la santé, le régime crétois permet aussi de perdre du poids en
diminuant la consommation des aliments gras, sucrés et transformés.

L e régime crétois repose sur

une alimentation riche en
fruits, en légumes frais ou secs,
et en céréales. L’huile d’olive,
le citron et les aromates se
substituent avantageusement
aux matières grasses animales
et à l’utilisation excessive du
PHOTOS : FRÉDÉRIC ALBERT POUR MANAGEMENT,
et augmenter le bon (HDL),
l’huile d’olive vierge de
première pression à froid est
concentrée en vitamine E et
en polyphénols antioxydants.
Les poissons gras (sardines,
anchois…) fournissent des
oméga 3, qui protègent

sel. Réputée réduire le les artères grâce à leur effet

mauvais cholestérol (LDL) anti-inflammatoire. G.�F.
BRUNO MARIELLE POUR MANAGEMENT

1 betterave râpée crue, aux pommes, avec du persil et 1 cuillère

à soupe d’huile d’olive.
� Des filets de sardines en boîte (riches en oméga 3)
� Des lentilles corail, avec des courgettes et 1 cuillère d’huile d’olive.
� 1 yaourt de brebis
� 1 grand verre d’eau

110 MARS 2018

 Une ville, un expat’

FANNY
REBMANN,
31 ans, habite
à Zurich depuis
neuf ans.
Que faites-vous à Zurich�?
Je suis manager RH pour
une société de médias,

Zurich
mais je vais bientôt travailler
dans l’industrie du chocolat.
Je préside aussi
l’association Les Jeudis
Un Français installé à l’étranger nous fait partager ses meilleures (jeudis.ch), qui aide les
adresses. Ce mois-ci, rendez-vous à Zurich, l’un des secrets les mieux francophones à s’intégrer
dans la ville grâce à des
gardés de Suisse. Par Bérénice Debras afterworks, des brunchs
ou des dîners entre filles…
Balade urbaine Ecouter, voir Pourquoi cette ville�?
et sortie bucolique «Je vais souvent près de Bâle (à moins d’une Il y a dix ans, j’ai passé un
«Avec des amis de passage, ma balade favo- heure en train de Zurich, NDLR), à la Fondation semestre en Suisse et
rite commence à Römerhofplatz. Là, un vieux Beyeler (fondationbeyeler.ch), qui propose de j’y ai rencontré mon ami.
très belles expos. Ou à la Tonhalle de Zurich A la fin de mes études
funiculaire, le Dolderbahn, monte au Dolder
en France, j’ai décidé de
Grand (thedoldergrand.com), un palace aux (tonhalle-orchester.ch), dont les concerts sont
le rejoindre et de chercher
airs de château de Disney. La vue sur la ville plus abordables que mon premier emploi
est splendide. Puis on descend par de petites ceux donnés à l’Opéra. à Zurich. Je voulais devenir
rues jusqu’à Bellevue. Je les emmène aussi au J’apprécie la salle et son très vite indépendante
lac de Pfäffikon, à vingt minutes de Zurich.» décor à l’ancienne.» PHOTOS�: ALEX BUSCHOR�/�ZUERICH TOURISM, ADRIAN BRETSCHER�/�ZUERICH TOURISM, ELISABETH REAL�/�ZUERICH TOURISM, DR financièrement et je m’étais
NOTRE SPOT QUI donné trois mois pour
NOTRE ÉVASION EN VILLE
RÉJOUIT LES MIRETTES décrocher un job. Je l’ai
THERMALBAD & SPA. Déconnexion totale
MUDA. Un fascinant trouvé en un mois et demi.
et vue magnifique depuis la piscine perchée
sur le toit. thermalbad-zuerich.ch musée d’art numérique. Qu’aimez-vous ici�?
Tout près des super Le cadre de vie, très
expos du site Toni-Areal agréable. La ville est aussi
Quartiers branchés MODERNITÉ AU MUDA
(museum-gestaltung.ch) très sécurisante, stable
«Le Kreis 4, autrement dit le quatrième arron- muda.co/zurich financièrement. Zurich
dissement, s’est développé vers la Langstrasse, et sa région ont beaucoup
le Red Light District. C’est un Zurich alterna- Gourmandises à offrir. Et la Suisse est
un pays central en Europe.
tif, plein de bars, de magasins vintage, de stu- «Fork & Bottle (forkandbottle.ch) offre le Cher, certes, mais
dios de designers. J’aime aussi me promener brunch le plus convivial de la ville, le long de les salaires suivent.
parmi les boutiques du Markthalle im Viadukt.» la Sihl où, après le repas, on peut faire une
NOTRE SHOPPING COUP DE CŒUR balade digestive. Très couru à midi, le Coco
FREITAG. Sur la Geroldstrasse, les deux frères (restaurant-coco.ch), sur Paradeplatz, pro-
qui ont créé la marque exposent leurs sacs en pose quatre ou cinq plats et un très bon ser-
bâche dans des conteneurs. freitag.ch POUR Y ALLER
vice, une rareté en Suisse. En été, son jardin Paris-Zurich (4 heures),
sous la vigne vierge est très agréable. Le soir, aller-retour à partir de 60�€.
tgv-lyria.com
on va déguster les plats très sains, et souvent
Le tout nouveau Marktgasse
végans, de The Artisan (theartisan.ch). Hotel, design et cosy, propose
NOS DOUCEURS À PRIX SLIM une chambre double à partir
de 234�€, hors petit déjeuner.
ÄSS-BAR. Dans cette boutique, tout est «frais
marktgassehotel.ch
de la veille». Elle propose à moitié prix les
Plus d’infos�: suisse.com
invendus des boulangeries partenaires
A lire�: Lost in Zurich, un guide
(parmi lesquelles les meilleures de la ville�!).
de bonnes adresses
Pain, sandwichs, salades… Il y en a pour tous sélectionnées par des locaux
LES ARCHES DU MARKTHALLE IM VIADUKT les goûts. aess-bar.ch (en anglais). lostin.com

AFTERWORK 111
 Style

Comment je m’habille pour...

bosser dans le made in France
Par Sébastien Febvre

Pour
lui
1 Esprit sportif. Un teddy
très trendy confectionné dans
l’Aube. Le Slip français, 290 €,
leslipfrancais.fr 2  Haut
de France. Un air de dandy
cool avec ce sweat conçu
dans le Nord. La Gentle
Factory, 60 €, lagentlefactory.
com 3 Jacques addict. Une
montre parisienne à l’effigie
du grand Jacques, période
maire de la capitale. Laps,
120 €, laps.fr 4 Sens 1 2
de l’adaptation. Une ceinture
tressée, donc réglable
instantanément à votre taille,
made in Maine-et-Loire.
L’Aiglon, 79 €, aiglon.fr
5 Peuchère. Un jean
Stretch brut dans la tradition
artisanale fabriqué à Marseille. 4
Kaporal, 139 €, kaporal.com
6 French flair. Coup de jus
garanti grâce au dernier-né de
la gamme sport. Dior homme
Sport, eau de toilette, 65,95 €
les 50 ml, en parfumerie.
7  15 pouces. Un sac
mi-business mi-reporter
confectionné dans l’Aveyron.
Bleu de Chauffe, 299 €, 3
bleu-de-chauffe.com
8 Les pieds sur terre.
Des souliers robustes et stylés 5
fabriqués dans l’Isère.
Paraboot, 335 €, fr.paraboot.

6 7 8

112 MARS 2018


1
4 5
PHOTOS�: LE SLIP FRANÇAIS, LA GENTLE FACTORY, LAPS, PRESTIGE, KAPORAL, DIOR, BLEU DE CHAUFFE, PARABOOT, SAINT-
JAMES, REPETTO, ARMOR LUX, Q. BERTOUX / HERMÈS, LARUZE, FRENCH APPEAL, LE TANNEUR, L’UNIFORM, A. DELA GENTE
Pour elle
1 Made in Normandie. Un blazer preppy
grâce à ses liserés s’inspirant de la marine.
Saint-James, 239 €, saint-james.com
2 Bien dans vos pompes. Souplesse et
confort de la ballerine version sneakers
conçue en Dordogne. Repetto, 265 €,
repetto.fr 3 �Nouvelle vague. L’inusable
marinière au graphisme modernisé à
2
3
6 7
Quimper. Armor Lux, 55 €, armorlux.com
4 Ondes sensuelles. La dernière fragrance
de la maison de luxe. Twilly d’Hermès, eau
de parfum, 90 € les 50 ml, hermes.com
5 A la bonne heure. Design et coquette,
une montre conçue entre l’Auvergne et
Paris. Laruze, 179 €, laruze.com 6 Classe
affaires. Porte-documents tricolore
QUID DU CHIC
À LA FRANÇAISE
VERSION 2018 ?
M ix d’élégance, de sobriété
et de nonchalance, le
style vestimentaire français a
toujours tiré son épingle du
jeu. Fort de ces acquis, on ne
déroge pas à cette règle en
2018 et on y ajoute fraîcheur
et dynamisme pour coller à
l’époque ! Dans un cadre for-
mel, réveillez les éternels
costumes et tailleurs avec des
accessoires au design mo-
derne subtilement colorés. Un
contexte plus souple sera, lui,
propice au mélange de pièces
chics et de prêt-à-porter dé-
contracté, à l’image de notre
sélection qui reflète le savoir-
faire et la créativité sur le
mode French touch ! •
8
dessiné à Paris. Le Tanneur, 395 €,
letanneur.com 7 Seconde peau. Un jean
Stretch conçu entre Paris, la Normandie
et Le Mans. French Appeal, 89 €,
frenchappeal.com 8 Pop moderne. Du
peps à votre silhouette avec cette ceinture
toile et cuir fabriquée à Carcassonne.
L/Uniform, 100 €, luniform.com
AFTERWORK 113
 Pense-pas-bête

10 choses à voir, lire

ou écouter ce mois-ci
BD, cinéma, roman… Des idées pour s’aérer la tête, briller
dans les dîners et se cultiver sans y penser.
Par Ariane Dollfus et Florence Rajon

PHOTOS�: FRÉDÉRIC LEMAÎTRE, LAURA ANDALOU, LES FEMMES S’EN MÊLENT, LAURIE SPARHAM�/� FOCUS F, DR
F E S T I VA L

La tournée de la femme
A l’origine événement d’un soir associé à la Journée internationale de la femme,
ce festival est devenu une grosse machine. Sa particularité, une programmation
exclusivement féminine d’artistes issues de la scène indépendante. Virginie
Despentes, Mélissa Laveaux et Miët sont à l’affiche de la 21e édition, qui réunit
29 chanteuses. Concerts dans 18 villes de France, en Belgique et en Suisse.
LES FEMMES S’EN MÊLENT, du 15 mars au 5 avril, renseignements sur https://lfsm.net

DOCUMENT ROMAN

Patron au bord de la crise éco Un meurtre au paradis

P hilippe Joffard, PDG de Lafuma pendant trente
ans, raconte sa vie de patron, comment il a vécu
la crise de 2008, puis la cession de sa société : les
O rphea, une petite cité balnéaire américaine
des Hamptons, trop proprette pour être
honnête, ses secrets de famille… Vingt ans après
contacts avec les banquiers, l’hypothèque de ses un crime, une journaliste révèle que le coupable
biens, les contraintes du CAC 40, les trahisons, les arrêté ne serait pas le bon, puis disparaît. De quoi
nouvelles aventures… Sobre, concret et humain. passer quelques bonnes nuits blanches.

JOURNAL DE BORD D’UN PATRON, LA DISPARITION DE STEPHANIE MAILER,

Philippe Joffard, François Bourin, 165 p., 18�€. Joël Dicker, De Fallois, 640 p., 23�€. Sortie le 7 mars.

114 MARS 2018

 CINÉMA MUSIQUE

Un génie pénible Une playlist 100%

made in France
D ans les années 1950, à Londres, Reynolds Woodcock
règne sur la haute couture. L’arrivée dans sa vie d’Alma,
une muse déterminée, va bouleverser le quotidien de ce tyran DÉLICAT
autocentré. On entre à pas feutrés dans ce splendide film Toute latitude, Dominique A
signé Paul�Thomas Anderson (There Will Be Blood), inspiré par Capter la beauté, la poésie là où on
la vie et l’œuvre du grand Balenciaga. L’élégance de chaque ne les attend pas�: toute la subtilité
de Dominique A se retrouve dans
image régale les yeux, tout comme la composition de Daniel
ce douzième album pop et lyrique.
Day-Lewis, parfait génie tourmenté. Subtil et fascinant.
Sortie le 9 mars, (Cinq7)
PHANTOM THREAD, Paul Thomas Anderson, en salles le 14 février.

PLANANT
H+, Jean-Benoît Dunckel
Lorsqu’il ne sort pas de disque
avec Nicolas Godin, son complice
du groupe Air, Jean-Benoît
Dunckel enregistre des chansons
atmosphériques, chantées
d’une voix douce et légère. Tout
en charme et en volupté, H+
est son second album en solo
après Darkel, paru en 2016.
SCOTCHANT
Cure, Eddy de Pretto
Une voix puissante, des textes
parfois bouleversants : le rappeur
et chanteur de Créteil est une
révélation. Un diamant brut !
Sortie le 2 mars (Universal)
ENVOÛTANTE
J’aime pas la chanson, Juliette
Avec sa voix de conteuse,
Juliette raconte de petites histoires
faussement simples, qui oscillent
entre drame et cocasserie.

Sortie le 16 mars (Sony Music) Sortie le 9 février (Universal)

T H É ÂT R E

Qui vivra Vera ?

P our son grand retour sur les planches,
Karin Viard, campe avec brio
une wonder woman en déroute. Vera, une
directrice de casting parvenue au
sommet, adulée et redoutable qui, tentant
le tout pour le tout, se vend à une
concurrence… plus rusée qu’elle. S’amorce
alors une lente descente aux enfers. Une
satire de l’ambition et du capitalisme sans
foi ni loi, par le dramaturge et cinéaste tchèque Petr Zelenka.

VERA, à partir du 13 mars au théâtre de Paris, 15, rue Blanche, Paris 9e.

BD

Noir c’est noir

A daptée de Baltimore, le roman-fleuve de
David Simon, Homicide plonge dans l’âpre
quotidien des policiers d’une des villes les plus
violentes des Etats-Unis. Avec son découpage
cinématographique et ses dessins noir et blanc,
Philippe Squarzoni signe une BD haletante.

HOMICIDE – Une année dans les rues de Baltimore,

tome 3, Philippe Squarzoni, Delcourt, 160 p., 18,90�€.
Sortie le 28 février.
 Managez votre vie
Un entretien d’évaluation
pour recadrer votre moitié
Les techniques managériales au service de l’harmonie
du ménage. Ce mois-ci, notre coach vous explique comment ce
moment de vérité annuel peut sauver votre couple… ou pas.
LA TECHNIQUE
L’entretien d’évaluation
C ’est le climax de l’année. Instant de par-
tage suprême dans la relation manager-
managé, l’entretien annuel d’évaluation est un
concerto d’émotions entrelacées. Une chanson
que l’on se fredonne les yeux dans les yeux,
revisitant à quatre mains le film des meilleurs
moments, mais aussi des pires, effleurant les
non-dits, purgeant le souvenir des tragédies
évitées, se jurant le meilleur pour l’avenir.
C’est l’heure du pardon et des règlements de
comptes, des vœux que l’on dépose sur l’autel
et des promesses d’un amour réenchanté.
LA PRATIQUE
Faire progresser le conjoint
V u sous cet angle, quoi de plus naturel que
de faire passer un petit entretien d’éva-
luation à la personne qui partage votre exis-
tence ? Tant de couples se détricotent faute
d’avoir su se dire les choses en toute franchise
avant que survienne la catastrophe finale…
Rien de tel donc pour les contraindre à com-
muniquer qu’un bon vieux process validé par
des experts en sciences managériales et porté
par une matrice Excel multicritère aux allures
de cockpit d’Airbus A380.
Jauger ses compétences de couple
Faites asseoir madame ou monsieur dans une
salle sans WiFi ni enfants et servez-lui la des-
cription dépassionnée de ses points forts et de
ses points à améliorer, avec note de 1 à 5 sur
les compétences de couple les plus cruciales à
vos yeux : présence à l’autre, efficacité domes-
tique, minimisation de l’emmerdement, maî-
trise de l’évolution de la silhouette ou encore
performances en chambre…
Etre prêt à moduler sa notation
Surtout, soyez sincère. Donnez des exemples
factuels pour appuyer votre diagnostic et mon-
trez-vous prêt, à l’instar des managers agiles,
à négocier un brin la notation pour trouver le
terrain d’entente le plus large possible.
116 MARS 2018
ILLUSTRATION�: STÉPHANE TRAPIER
PAR
BENJAMIN
FABRE,
ex-consultant
en stratégie,
écrivain et
coach en
management.
Supporter les retours qui piquent
Inutile de dire que vous ne couperez pas au
360 degrés. Et qu’il vous sifflera un peu plus
aux oreilles qu’en entreprise. Mais le radar
Excel opportunément placé entre vous permet-
tra un débat séquencé, rationalisé, presque
technique. Sachez accueillir les découvertes
peu flatteuses, c’est aussi le but du voyage.
Suggérer des mesures correctives
Les meilleurs entretiens, soucieux de conclure
sur une note harmonieuse, font la part belle aux
plans d’action et autres mesures d’accompagne-
ment pour améliorer l’avenir. S’il ne vous a pas
encore étranglé, suggérez à votre conjoint les
mesures correctives qui vous semblent néces-
saires : réallocation des tâches ménagères, pres-
cription d’un week-end à Vérone, relooking
complet, régime sans féculents, voire peeling
intégral, selon les priorités du moment.
Se préparer à l’électrochoc
Moins compassé que son homologue d’entre-
prise, l’entretien de couple fera sans doute vo-
ler les noms d’oiseaux et retentir les éclats de
voix, mais un électrochoc n’est-il pas préférable
à un naufrage sans vagues ? Comme dirait
l’écrivain suisse Max Frisch : «Pire que le bruit
des bottes, le silence des pantoufles.»
A retrouver sur Facebook�: benjaminfabre2000.
•
Auteur de Comment triompher au bureau (Robert Laffont).
L’entretien
est le moment
du pardon
et des
promesses
d’un amour
réenchanté
LAUREN KALLEN�/�WEWORK
C’est où ? Dans un lieu de coworking
de l’est de Londres. WeWork a reconverti
en bureaux (à partir de 350 £/400 €
par mois) un entrepôt occupé à l’origine
par la Compagnie des Indes.
A méditer !
Ça veut dire quoi ? La devise
«Better together» («Ensemble, on est
meilleurs») appelle au rassemblement
et au travail collaboratif. Ou comment
allier coworking et networking.
Ça sert à quoi ? A affirmer que le
coworking ne consiste pas uniquement
à partager des mètres carrés, mais
aussi, en principe, à faire des rencontres
et à rompre l’isolement.
AFTERWORK 117
 L’open space des émotions
BINÔME, MA SŒUR, MON
FRÈRE PROFESSIONNEL(LE)
Q
uelqu’un m’a récemment demandé
quelles étaient les périodes de ma
vie professionnelle qui m’avaient
le plus épanoui. J’ai réalisé que
c’étaient les moments où je travaillais en duo.
A l’armée, j’avais un binôme, Aurélien, dont je
partageais le bivouac. Par – 10 °C, en forêt, on
est content d’être deux. Devenu consultant, je
PAR DAVID ABIKER fus heureux de démarcher avec Serge, on se
ANCIEN DRH, JOURNALISTE sentait moins seuls quand on nous claquait la
À EUROPE 1 ET CANAL+. porte au nez. J’ai adoré battre la campagne
RÉAGISSEZ À CETTE avec lui ou débriefer, devant une entrecôte,
CHRONIQUE SUR dans des restaurants pour routiers au bout de
TWITTER @DAVIDABIKER nulle part (j’aimais l’entendre parler de vin).
OU SUR LINKEDIN J’ai formé par la suite d’autres couples profes-
sionnels. Et pour être honnête, à l’exception du
mariage, de la fratrie et éventuellement des
cours de tango, il n’y a que dans le boulot que
l’on peut constituer un de ces duos fusionnels,
réunis pour le pire et souvent pour le meilleur.
Je repense donc à Aurélien, Serge, plus récem-
ment à Loïc et aujourd’hui à Eloïse. Je ne peux
m’empêcher de comparer ces associations aux
duos de choc qui m’ont fait rêver : John Steed
et Emma Peel, Batman et Robin, Dean Martin
et Frank Sinatra, Baloo et Mowgli (si, si, quand
j’étais petit !). Se rassurer quand on a pris une
taule, essuyer ensemble une engueulade du
patron, brainstormer des heures durant en
fumant et en dévorant des pizzas, célébrer les
ILLUSTRATION�: STÉPHANE TRAPIER
PHOTO�: DR/ABIKER
CONQUÉRANT de l’inutile, David Abiker porte
secours à son alter ego, menacé d’engelures.
118 MARS 2018
succès et savourer le sentiment du devoir
accompli, crâner, parce qu’à deux on se sent un
peu les meilleurs. Et, parfois, révéler un secret
sans rapport avec le boulot. Je me suis interrogé
sur LinkedIn : pourquoi le binôme ? Comme
d’autres demandent : «Pourquoi le Brésil ?»
Travailler en binôme procure courage, force,
bonne humeur et optimisme, ai-je posté. Cela
vous rend autonome ensemble, vous affranchit
du regard du chef, donne des ailes ! Un binôme
qui marche, c’est comparable à la fraternité
qu’on n’a pas connue, à l’amitié féconde, par-
fois même à une sorte d’amour dont l’unique
objet serait de bien faire et de construire.
Résultat : 1 300 likes. Je ne suis pas seul à van-
ter les mérites du Pacs professionnel. Jacques,
qui a repris la marque Courrèges, m’a confié :
«Quand on a quitté Sup de Co avec Frédéric
(son associé dans la pub puis dans le prêt-à-
porter), on s’est dit qu’on voulait faire notre vie
professionnelle ensemble. Ça dure depuis
trente ans, on ne s’est jamais engueulés, on est
interchangeables et on s’aime.» Ces deux-là ont
probablement passé plus de temps ensemble
qu’avec leurs moitiés respectives. Pourquoi
donc est-ce si précieux d’être deux face à l’ou-
vrage ? Regardons changer le monde du tra-
vail. Bougeotte, précarité, désengagement, re-
lâchement des liens avec l’entreprise au profit
de rapports client-fournisseur, tout cela rend
d’autant plus précieuse cette relation si parti-
culière dont on se souvient avec des trémolos
dans le CV. Ce n’est pas seulement un réflexe
nostalgique et défensif. Qui n’a jamais déclaré,
les yeux brillants d’envie : «Un jour, je le sens,
on va bosser ensemble» ou bien : «Tirons-nous
d’ici et associons-nous». J’ai souvent cette
vision absurde en forme de strip humoris-
tique : un manager a sur son bureau une photo
de sa femme et de ses enfants ; le même, le soir,
éteint sa veilleuse : sur la table de nuit, celle de
son binôme et de leurs dossiers en cours. •
 30 mai au 1 er juin 2018

La Baule

LE FESTIVAL DES CRÉATIONS VIDÉO À L’ÈRE DU DIGITAL

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INSCRIVEZ VOS VIDÉOS SUR LE SITE
AVANT LE 9 AVRIL 2018 !

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