Licence de Mécanique
Notes de cours UV2
Matériaux et propriétés
Yves Berthaud
Janvier 2004
Ces notes sont destinées à fournir un support pour un cours
matériaux d’un volume horaire total (C + TD) de 20h. Le
public est celui d’étudiants en licence de Mécanique à Paris 6.
Elles sont basées sur différents documents personnels (notes
de cours de DEA de M. Moranville Regourd et les ouvrages
cités en référence.
Nous allons dans cette partie de cours nous intéresser essentiellement à la relation qui
existe entre les propriétés de la matière (à l’échelle microscopique) et celles couramment
observées à l’échelle du mécanicien des solides déformables. Cette présentation va ba-
layer aussi bien les matériaux cristallins (métaux en général, certains polymères) que des
matériaux dits amorphes (certains polymères, verres). Les matériaux de construction sont
des systèmes composites comprenant différents solides. Une analyse complète des solides
polyphasés comprend la description de la structure cristalline des différentes phases et de
leur texture.
Les structures cristallines sont construites à partir d’un ensemble d’identités (atomes,
ions, molécules) en position relativement fixe. En faisant une description statique parfaite
on ne prend pas en compte les défauts de l’arrangement qui sont fondamentaux dans la
compréhension de certaines propriétés (cohésion, dureté, plasticité, conductibilité, cou-
leur).
La texture inclut la taille, la forme, l’orientation des cristaux ou des grains de chaque
phase, les interfaces entre grains. La résistance mécanique, l’élasticité dépendent de la
texture. Les interactions entre grains peuvent donner naissance à des matériaux dont les
propriétés sont supérieures à celles des constituants pris séparément.
1. A l’état gazeux : la matière est diluée, désordonnée. A un instant donné les atomes
d’argon de diamètre 0, 2nm se trouvent à une vingtaine de diamètre les uns des
autres et se déplacent à une vitesse de 100ms−1 .
2. A l’état liquide : la matière est plus condensée. Les atomes sont à 0, 4nm et se
déplacent à une vitesse de 10ms−1 . On a déjà un ordre à petite distance puisque les
atomes sont proches les uns des autres.
3. A l’état solide : la matière est condensée et ordonnée. les atomes sont en contact
les uns des autres et rangés périodiquement suivant un réseau tridimensionnel de
symétrie cubique. Ils vibrent autour d’une position moyenne mais ne changent qua-
siment pas de position.
On va donc considérer maintenant deux états ordonnés et désordonnés de la matière.
1. Un atome par noeud : c’est le cas des métaux, du cuivre par exemple.
2. Deux atomes : c’est le cas du chlorure de sodium.
3. Six atomes : on a la cristobalite.
est dans l’atome de chlore. La différence contribue à l’énergie de liaison de N a+ Cl− . Ces
deux atomes sont finalement soumis à des efforts d’attraction.électrostatique de la forme :
q2
F =− (1.1)
4πǫ0 r2
avec : q la charge de chaque ion, ǫ0 la permitivité du vide (F m−1 ) et r la distance
entre les ions. Le potentiel dont dérive cette force est :
q2
U =− (1.2)
4πǫ0 r
ce qui donne la courbe de la figure 1.2.2.
Passage extrait de : Physique des matériaux, p. 21. Ce type de liaison a été imaginé par
Madelung (1910) de la manière suivante : considérons une structure dite cubique à face
centrée (CFC). Dans cette structure chaque Cl− est entouré de n1 N a+ à une distance r1
puis de n2 Cl− à une distance r2 etc. Donc l’énergie (attraction Coulombienne) vaut :
e2 e2 e2
µ ¶
Ec = N −n1 + n2 + ... = −N M (1.3)
r1 r2 r
avec 2N le nombre d’ions du cristal, M la constante de Madelung. Pour N a+ Cl− on
a M = 1, 7476, e = 4, 8 eV d’où Ec = −8, 94 eV.
Remarque : il ne faut pas confondre El avec l’énergie de cohésion Ecoh qui correspond
à une dissociation en atomes N a et Cl. La création de N a+ à partir de N a coûte l’énergie
d’ionisation Ei et la création de Cl− à partir de Cl coûte l’énergie d’affinité Ea . On peut
établir le bilan :
Ecoh = Ei + Ea + El = 5, 14 − 3, 71 + El = −6, 5 d’où El = −7, 9.
Madelung a donc pour éviter cet effondrement imaginé de manière phénoménologique
un terme de répulsion de la forme :
B
Er = (1.4)
rn
Au bilan on se trouve de façon globale avec un terme d’attraction Ec et un terme de
répulsion Er . On a deux conditions :
2
1. L’énergie totale du système est E = Ec + Er = −N er M + B
rn .
A B
U =− + (1.5)
rm rn
dF d2 U
k= = (1.6)
dr dr2
Mais par définition en divisant l’effort par la section unité on obtient la contrainte
moyenne. Sachant qu’il y a r12 liaisons dans cette section on a :
0
1 k r − r0 k
F = k(r − r0 ) =⇒ F 2 =σ= = ǫ (1.7)
r0 r0 r0 r0
Cette expression fait apparaı̂tre à la fois une contrainte et une déformation. Le terme
k
r0 est donc homogène au module recherché. Dans le cas du chlorure de sodium on peut le
k q2
K= = (n − 1) avec n = 0, 58 (1.8)
r0 4πǫ0 r03
Ceci donne avec ǫ0 = 8, 85410−2 F m−1 une valeur de 38GP a qui est proche des résultats
expérimentaux sur ce cristal.
Remarques :
1. Le module d’élasticité est lié à la courbure du potentiel au voisinage de l’équilibre.
Cette dernière est en relation avec les exposants n et m du potentiel d’interaction.
La connaissance des ces exposants donne immédiatement une idée du type de com-
portement élastique.
2. On peut également affirmer que cette courbure sera d’autant plus forte que le puits
de potentiel sera marqué. Ce dernier est par ailleurs relié à l’enthalpie de sublimation.
Il y a donc une relation entre ces quantités.
3. Ce calcul est une estimation qui ne tient pas compte de l’arrangement particulier des
atomes. En particulier aucune information sur l’anisotropie n’est fournie ici. Nous
reviendrons sur ce point plus loin.
4. Plus la température de vaporisation (ou aussi de fusion) est élevée, plus le module
de rigidité est grand.
Vous avez dans le tableau ci-dessous quelques ordres de grandeur (attention ce ne
sont que des ordres de grandeurs car il y a possibilité d’anisotropie parfois très forte).
Nous n’avons jusqu’ici pas pris en compte le terme d’énergie cinétique W lié à l’agi-
tation thermique. On peut supposer qu’un atome vibre entre deux positions extrêmes
dont la moyenne détermine l’évolution des positions d’équilibre avec la température. Ainsi
on comprend que la courbe U (r) n’étant pas symétrique (les coefficients m et n sont
différents) on obtient une variation de la position d’équilibre des atomes lorsque l’on modi-
fie la température. C’est l’origine de la dilatation thermique. Celle-ci sera plus importante
pour un matériau possédant une faible énergie de liaison à l’équilibre (propriété de la
courbe au voisinage de l’équilibre). On s’attend donc - selon ce modèle - à une corrélation
entre module d’élasticité et coefficient de dilatation thermique ce qui est bien vérifié par
l’expérience.
Les cristaux covalents et ioniques sont isolants car tous les électrons sont liés à un
atome et ne peuvent pas se déplacer sous l’action d’un champ électrique extérieur. Par
contre les métaux qui possèdent un nuage d’électrons de valence peuvent se déplacer car
ils ne sont attachés à aucun atome en particulier : un courant électrique traverse le métal.
1.2.3.4 Conclusions
On a utilisé principalement le modèle électro-statique pour notre raisonnement. En
reprenant les différents réseaux cristallins on peut aisément imaginer que les propriétés
(élasticité, dilatation thermique,...) ne sont plus isotropes mais anisotropes. Les modules
élastiques correspondent à un tenseur d’ordre quatre C alors que les coefficients de dila-
tation sont des nombres appartenant à un tenseur d’ordre deux α. Un cristal triclinique
ne possède aucun élément de symétrie matérielle : en conséquence les tenseurs d’élasticité
et de dilatation thermique n’en auront pas. Par contre un cristal monoclinique possède
un plan de symétrie ; ceci impose que certains éléments des tenseurs respectent cette
symétrie. La conséquence est l’apparition de zéro dans les tenseurs ce qui réduit le nombre
de constantes. On aboutit ainsi aux tableaux de répartition du nombre de constantes
élastiques et de dilatation thermique classique.
On peut montrer que :
1. L’isotropie élastique constatée sur la plupart des matériaux est le résultat de l’ar-
rangement aléatoire des cristaux au sein du poly-cristal.
2. Que d’une façon générale les conditions de symétries matérielles sont plus fortes sur
des tenseurs d’ordre faible que d’ordre élevé. Cela s’observe sur le cristal cubique
qui possède 3 constantes élastiques (la plus faible anisotropie) alors qu’il est isotrope
thermiquement (1 constante).
1.4.1 Polymères
Les polymères sont constitués de grosses molécules, chaı̂nes polymériques (polyéthylène
par exemple) formées par la répétition d’un monomère.(−CH2 − CH2 − (éthylène) par
exemple). On peut voir alors cette chaı̂ne comme sur la figure suivante (Verdu, p.59) et
l’élargir au cas des polymères constitués d’imbrication de chaı̂nes différentes. On trouve
aisément un million d’atomes dans des polymères qui ont des masses molaires de l’ordre
de 105 à 107 g/mole. La molécule peut prendre plusieurs configurations comme une chaı̂ne
articulée se repliant dépliant. Elle est donc de longueur variable.
On a des polymères cristallisés, amorphes et évidemment toutes les possibilités in-
termédiaires avec des polymères semi-cristallins (taux de cristallinité variable).
∂U ∂S
dW = dU − T dS = F dl =⇒ F = −T (1.9)
∂l T ∂l T
Remarques :
1. Dans ce cas on ne sollicite que très peu les liaisons internes de sorte que le premier
terme (élasticité cristalline) reste négligeable devant le second (élasticité entropique).
2. Dans le cas des cristaux la déformation ne modifie pas ou peu l’ordre géométrique
et c’est le second terme qui est négligeable.
Soit une chaı̂ne OM. On sait calculer l’entropie de configuration : à l’équilibre la chaı̂ne
forme une pelote isotrope de rayon r02 = x20 + y02 + z02 = 3x20 . Étudions une conformation
quelconque (le point M a des nouvelles coordonnées (x, y, z)). Si la chaı̂ne est Gaussienne,
la probabilité de présence de M dans un élément de volume dxdydz est donnée par :
3r2
µ ¶
Ωr = Ωx Ωy Ωz = Ω0 exp − (1.10)
2 < r02 >
3RT ρ
E= (1.12)
Mc
avec Mc la masse molaire moyenne d’une chaı̂ne et R la constante des gaz parfaits.
courbe U (r) entre le point U (r0 ) et U (∞). On trouve donc (voir TD) pour un potentiel
2
U = − 4πǫq 0 r2 + rBn :
(µ ¶ 1 )
n+1 n−1
σ=E −1 (1.13)
2
F
τ= cos θ cos κ (1.14)
S
Le terme cos θ cos κ est appelé facteur de Schmid.
Calculons cette contrainte à partir des caractéristiques du réseau atomique (voir TD).
Pour cela on considère un réseau soumis à une contrainte de cisaillement τ . Dans ce cas il y
a glissement d’une partie du réseau par rapport à l’autre dans la direction x. La périodicité
du réseau permet de supposer que la variation de la cission en fonction du déplacement x
est sinusoı̈dale.
³ x´
τ = τth sin 2π (1.15)
b
avec τth la valeur de la cission théorique de glissement. En linéarisant et en prenant
un facteur de Schmid égal à 0, 5 on aboutit à une contrainte F/S égale à environ E/10 ce
qui ne permet toujours pas d’expliquer les valeurs expérimentales. L’objet de la suite de
ce cours est d’arriver à expliquer cette différence entre propriétés estimées et mesurées.
1. d’atomes interticiels (de même nature que les atomes du cristal) qui créent une
forte distorsion du réseau,
2. d’atomes manquants (lacunes) dont le nombre est régit par une loi de type
Arhenius dans les métaux. Ces lacunes jouent un rôle important dans les phénomènes
de diffusion,
3. de solutions solides. Un corps pur pouvant dissoudre une certaine proportion d’un
autre corps, on trouve donc deux cas :
– des atomes « étrangers » qui occupent des noeuds du maillage et conduisent à une
distorsion et à des modifications de propriétés électriques,
– des atomes « étrangers » qui sont en insertion. C’est le cas du carbone dans le fer.
Il s’agit de dislocations dont l’existence a été imaginé par Voltera avant même de
pouvoir en observer. Il existe deux types de dislocations : vis et coin.
Dislocation coin. Elle correspond à l’interruption d’un plan atomique le long d’une
ligne ce qui conduit à une forte distorsion du réseau atomique avec des zones en tension
et d’autres en compression. Une dislocation se caractérise par son vecteur de Burgers b.
Celui d’une dislocation coin est perpendiculaire à la ligne de dislocation.
En conséquence le matériau qui recherche à minimiser son énergie interne va donc pri-
vilégier des dislocations dont le vecteur de Burgers est le plus court possible (soit la plus
petite distance inter-atomique
√ en pratique). Dans une structure CFC on a la direction
h110i et une longueur (a 2)/2 alors que pour une structure CC c’est la direction h111i
√
avec une longueur associée (a 3)/2.
Cette relation permet de constater que l’ordre de grandeur ainsi trouvé est de µ/100
à µ/1000 pour la contrainte de cisaillement critique ce qui signifie que ce mécanisme est
probable pour expliquer la plasticité cristalline.
1. Les joints de grains correspondent à la limite entre les différents grains d’un
matériau poly-cristallin. Les joints de grains ont une épaisseur de quelques couches
atomiques, sont des zones fortement distordues ce qui permet l’insertion d’atomes.
Si les grains sont systématiquement élastiquement anisotropes le poly-cristal peut
être isotrope en raison de l’orientation aléatoire des orientations cristallines.
2. Les macles correspondent à des défauts dans l’ordre d’empilement des couches
d’atomes. On peut donc trouver à l’intérieur d’un même grain des traces de ma-
clage.
F = τb
La déformation plastique macroscopique n’est rien d’autre que la conséquence du mou-
vement d’un grand nombre de dislocations.
faite. Si on s’intéresse au même cristal dans lequel plusieurs systèmes de glissement sont
activés alors il y a interaction entre eux et en résulte le phénomène de durcissement ou
d’écrouissage comme le montrent les deux figures suivantes.
D’une façon générale le durcissement est une conséquence d’interactions entre les dis-
locations et des défauts qui peuvent être :
1. des inclusions (figure 1.19)
Remarque : d’autres critères existent de type Tresca qui sont des critères en contrainte.
En fait il n’y a que peu de différence entre Mises et Tresca.
ou effondrement de cavités. Par ailleurs des interactions existent entre la plasticité clas-
sique (du squelette) et l’évolution de la porosité. Il est donc logique de faire apparaı̂tre le
premier invariant du tenseur des contraintes dans le critère qui peut s’écrire ainsi (critère
de Drucker Prager, 1952) :
p
J2 − αI1 − c = 0
Ce critère transforme le cylindre en un cône. Son inconvénient est de ne pas décrire
l’effondrement de la matière sous de fortes pressions hydro-statiques puisque le critère est
ouvert dans ce domaine.
1.6.1 Élasticité
Un matériau a un comportement élastique si et seulement si il y a réversibilité de
la courbe contrainte déformation. Les principales caractéristiques d’un comportement
élastique sont :
1. Linéaire ou non. En fait tout dépend des matériaux. Dans de nombreux cas, la
linéarité est observée (métaux) à température ambiante. Les élastomères, les sols sont
clairement des matériaux élastiques non linéaires.Dans ce cas il faut des fonctions
pour décrire l’élasticité (souvent des formes exponentielles ou puissance).
2. Isotropie. Dans ce cas le nombre des constantes (dans le cas linéaire) à identifier
est de 2 (module de compressibilité et de cisaillement). De nombreux matériaux
cristallins obtenus par fonderie sont isotropes (aciers, alliages d’aluminium).
3. Anisotropie (hypothèse de linéarité pour simplifier). Le degré d’anisotropie est
variable. Il est faible pour des cristaux de symétrie cubique (3 constantes élastiques),
élevé pour des cristaux tricliniques (aucune symétrie donc 21 constantes). On peut
pour les matériaux distinguer les principaux cas suivants :
– isotropie transverse (5 coefficients). Il y a un axe de symétrie (intersection de plans
de symétrie). Dans ce cas on a isotropie dans le plan perpendiculaire à l’axe de
symétrie.
– orthotropie (9 coefficients). C’est le cas d’un matériau possédant 3 plans de symétrie
perpendiculaires. Le bois est localement orthotrope.
– Les autres cas ne sont que de peu d’intérêt compte tenu du nombre de constantes
à identifier.
1.6.1.1 Identification
Pour mesurer les constantes élastiques on peut utiliser des méthodes différentes :
1. Jauges de déformation. Ce sont des fils résistifs (le plus souvent ; parfois ils sont
piezo résistifs) collés sur la surface dont on veut mesurer les déformations. La va-
riation de résistance du fil est proportionnelle à l’allongement. On a dans le cas de
n brins en parallèle R = ρ nl S avec ρ la résistivité du matériaux et S sa section. Si
on veut mesurer des déformations dans différentes directions il faut coller plusieurs
jauges.
2. Méthode de vibration. Dans ce cas on utilise les relations entre des fréquences de
résonance et les caractéristiques élastiques du matériau. On fait souvent l’hypothèse
que le coefficient de Poisson est connu et vaut 0, 3 pour les métaux.
3. Méthode de propagation d’ondes ultra-sonores. La vitesse des ondes de vo-
lume est une fonction des modules élastiques et de la masse volumique. Dans le cas
d’un matériau isotrope on a deux ondes dites L (longitudinale) et T (transversale).
E(1 − υ)
ρVL2 =
(1 + υ)(1 − 2υ)
E
ρVT2 =
2(1 + υ)
L’ordre de grandeur des vitesses est 1500ms−1 pour l’onde longitudinale dans l’eau,
6000ms−1 pour les autres matériaux et la moitié (en première approximation) pour
l’onde de cisailleement. Si le matériau est anisotrope, des mesures dans différentes
directions permettent de calculer le tenseur complet (21 constantes, thèse M. François
UPMC).
1.6.2 Thermo-élasticité
On a vu qu’une variation de température a pour conséquence une dilatation thermique
(via l’agitation thermique). Il est alors aisé de déterminer le coefficient de dilatation qui
prend les valeurs suivantes selon les matériaux :
Remarques :
1. Ce coefficient ne demeure constant que dans une gamme de température pour la-
quelle le matériau ne subit aucune transformation métallurgique. Dans les autres cas
(changement de phase) il peut y avoir des changement brutaux.
2. Le béton armé est composé de deux matériaux très différents : le béton et des arma-
ture métalliques (acier). Néanmoins les coefficients de dilatation des deux matériaux
sont les mêmes ce qui permet leur assemblage.
1.6.3 Hydro-élasticité
En fait pour la matériaux tels que le bois on sait qu’il existe un relation entre la teneur
en eau et la géométrie. Ce phénomène est en tout point semblable à la thermo-élasticité en
remplaçant la variable température par la variable humidité. Tous les matériaux poreux
présentent ce même caractère (bétons, roches, bois, argiles, polymères...). Dans certains cas
les variations dimensionnelles peuvent être spectaculaires : des argiles peuvent en présence
d’eau tripler leur volume apparent !
1.6.4 Visco-élasticité
Il s’agit de la dépendance des modules d’élasticité avec la vitesse de sollicitation qui
conduit à des courbes de comportement contrainte déformation dépendantes du temps.
C’est pour les polymères que ce point est particulièrement important Pour les autres
matériaux il faut en général une température élevée pour l’obtenir. On caractérise ce
phénomène par différents types d’essais :
1. spectrométrie de fréquence,
2. fluage,
3. relaxation.
1.6.4.2 Fluage
Dans un essai de fluage on impose une contrainte constante et on observe l’évolution
des déformations. On obtient le graphe suivant (Figure 1.25) :
1.6.4.3 Relaxation
Il s’agit de l’essai inverse du précédent. On déforme l’échantillon et on observe la
relaxation (diminution) des contraintes.
1.6.5 Elastoplasticité
Ce comportement est commun à la plupart des matériaux métalliques aux polymères.
1. l’élasticité linéaire ou non (comportement réversible),
2. suivie d’un phase au cours de laquelle des transformations irréversibles naissent au
sein du matériau (multiplication et interaction des dislocations). Dans cette seconde
phase il y a en raison des interactions entre dislocations et défauts du matériau un
écrouissage (augmentation de la limite d’élasticité apparente du matériau).
3. Lors d’une décharge on retrouve des déformations permanentes appelées déformations
plastiques. Une recharge permet de constater que le domaine d’élasticité a augmenté
en raison de l’écrouissage.
Remarque : La zone de transition entre élasticité et plasticité permet d’identifier
l’évolution de la surface de charge (domaine d’élasticité) du matériau.
Remarques :
– On fait dans ce calcul l’hypothèse d’incompressibilité plastique et on néglige les
déformations élastiques devant les déformations plastiques (voir TD).
– On peut utiliser une autre méthode beaucoup plus simple dite de dureté ou d’in-
dentation. On pose sur la surface du matériau une bille (ou un cône ou une pyra-
mide selon les méthodes) que l’on enfonce en mesurant l’effort. Des déformations
plastiques sont alors imposées localement ; elles donnent naissance à une empreinte
sphérique (cas de la bille). On réalise de fait un essai de compression complexe. Le
rapport de l’effort à la surface projetée de l’empreinte (mesure sous microscope)
donne une quantité appelée H (hardness dureté) homogène à une contrainte qui
dans le cas des métaux donne
HB ∼
= 3σl
Considérons une plaque infinie percée d’un trou de rayon quelconque. On sait grâce
à l’élasticité linéaire que la contrainte locale de traction est 3 fois plus grande que la
contrainte appliquée à l’infini. Considérons un défaut géométrique à la surface d’un matériau
soumis à une contrainte nominale de traction σnom . De la même manière qu’en mécanique
des fluides, on imagine un flux des contraintes qui admet des concentrations au voisinage
du défaut. On peut montrer que :
µ r ¶
a
σ = σnom 1 + (1.19)
r
avec a la profondeur de la fissure, r le rayon de courbure
pen ¢ pointe de fissure et σ
a
¡
la contrainte de traction en pointe de fissure. Le terme 1 + r est appelé facteur de
concentration de contrainte.
Exemple : dans le cas d’une rayure d’un millième de millimètre ce facteur vaut 140
pour un rayon de courbure donné par la distance inter-atomique (0, 2nm). La vitesse de
propagation de cette fissure est alors donnée par la vitesse des ondes de Rayleigh soit 40%
de la vitesse des ondes longitudinales environ (2000ms−1 ).
K
σ≈√ f (θ) (1.20)
2πr
expression donnée en coordonnées polaires dans laquelle K représente le facteur d’in-
tensité des contraintes. Ceci signifie que les contraintes sont infinies dans le cas d’une fissure
de rayon de courbure nul en pointe. En fait dans la réalité il existe une zone plastifiée en
pointe de fissure.
σ2
Wél = πa2 σε = πa2 (1.21)
E
La variation d’énergie en fonction de da est donnée par :
σ2
dWél = 2πa da (1.22)
E
Mais pour que la propagation soit possible il faut donner l’énergie nécessaire à la
rupture des liaisons atomiques. On note γs l’énergie de surface du matériau ce qui donne :
dW
≤0 (1.25)
da
D’où en reprenant les expressions précédentes :
r
2Eγs
σnom ≥ (1.26)
πa
Exprimée en terme d’énergie la condition de Griffith peut s’interpréter comme suit : en
dessous de la valeur ac il n’y a aucun risque alors que dans le cas contraire, l’énergie libérée
étant supérieure à l’énergie nécessaire pour créer de nouvelle surface il y a propagation
instable de la fissure.
1.7.1.4 Ténacité
Sa mesure correspond à la mesure de l’énergie nécessaire pour rompre un matériau.
Son unité est le Jm−2 . On constate que selon le comportement ductile ou fragile cette
quantité est très variable et que cette notion de ténacité est différente de celle de rigidité
ou de ductilité. On la mesure pratiquement grâce au mouton de Charpy (1901) qui donne
la résilience du matériau.
1. Mettre les défauts de surface (rayures) en compression par des traitements ther-
miques.
2. Renforcer le matériau par des inclusions (granulats, fibres) qui constituent des obs-
tacles à la propagation et qui augmentent de fait l’énergie de surface.
3. Utiliser la plasticité qui augmente cette énergie et qui modifie la géométrie de la
fissure.
On remarque trois stades dit de fluage primaire qui concerne une toute petite partie
de la vie du matériau, une phase de fluage secondaire au cours de laquelle la vitesse
de déformation est constante et une phase de fluage tertiaire qui conduit à la rupture.
Pendant cette dernière phase on constate une accélération de la vitesse de déformation.
Selon la valeur de la contrainte imposée ou la température de l’essai on constate une
activation de ces phénomènes ce qui permet d’écrire pour le fluage secondaire :
dǫ
= Bσ n pour T = cste
dt µ ¶
dǫ −Q
= C exp pour σ = cste
dt RT
Si on combine ces deux équations on obtient l’effet simultané des deux variables (loi
de Norton) :
µ ¶
dǫ ³ σ ´n −Q
= ǫ0 exp (1.27)
dt G RT
Pendant le fluage secondaire les dislocations sous l’effet de la contrainte et de la
température s’accumule aux joints de grains ce qui finit par créer des fissures (ou des
porosités) intergranulaires qui conduisent à la rupture. Cette rupture est appelée rupture
intergranulaire.
S
1−D = (1.28)
S0
Si D vaut 0 le matériau est sain, si D vaut 1 alors il est totalement endommagé donc
rompu. Si on considère que dans les essais c’est le plus souvent un effort qui est imposé et
non une contrainte alors on peut écrire :
µ ¶n µ ¶n
dǫ F σ
=B =B (1.29)
dt S 1−D
Au début du fluage tertiaire D vaut 0 et on retrouve la loi initiale, au cours du fluage
tertiaire on a une évolution de l’endommagement qui augmente la contrainte effective et
permet de décrire l’augmentation de la vitesse de déformation.
1.8 Références
1. Bailon J-P. et J.M. Dorlot, des matériaux, 3e édition, Presses internationales poly-
techniques, 2000.
2. Douin, Mécanique des milieux continus, introduction à la plasticité des matériaux,
Diderot arts et sciences, 1997.
3. Quéré, Physique des matériaux, Ellipses.
4. Verdu J., dans Introduction à la mécanique des polymères, G’sell and J.M. Haudin
ed., INP Lorraine, 1995.
5. Asbhy M.F. and D.R.H. Jones, matériaux, Dunod, 1991.
6. http ://gallica.bnf.fr/themes/SciXVIIII7.htm