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3
S É Q U E N C E
Le personnage
de roman
Le personnage par ses intentions, ses motivations
fait progresser l’action. Le lecteur peut se reconnaître en lui,
éprouver à son égard compassion, sympathie ou antipathie.
48 ● le roman et la nouvelle
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°
4 La découverte du portrait du person-
°
chologique du personnage principal. Quels
sont les goûts de Laurie Bloom ? nage principal progresse grâce aux témoi-
gnages. Par déduction, on peut imaginer son
3 Le portrait d’un personnage se construit milieu professionnel. Quelle activité Laurie
°
à travers ses relations avec d’autres. Bloom exerçait-elle ?
MÉTHODES ET TECHNIQUES
°
L’écrivain donne au personnage un nom, un prénom, un surnom, un âge, une
nationalité, un lieu de résidence, une activité professionnelle. Ces indications
permettent au lecteur de situer le personnage dans un milieu. Parfois le nom
comporte même des indices à interpréter.
r Le personnage de FANTOMAS l fantôme l insaisissable.
l as l intelligence l réussite
°
Un personnage peut être décrit par son aspect extérieur, les traits de son
visage, ses vêtements, sa voix, son allure, son teint… C’est le portrait physique.
Il est aussi décrit par ses traits de caractère, ses qualités, ses défauts, ses
goûts, son comportement, c’est le portrait moral ou psychologique.
r « Mademoiselle Mori mesurait au moins un mètre quatre-
vingt, taille que peu d’hommes japonais atteignent. Elle était svelte
et gracieuse à ravir ». (AMÉLIE NOTHOMB).
3 La construction du portrait
°
La caractérisation directe. La description du personnage est faite d’emblée par
le narrateur ou un autre personnage qui font un portrait (en plusieurs lignes).
r « Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on
lui en aurait donné cinquante. » (GUSTAVE FLAUBERT)
La caractérisation indirecte. Les indices qui servent à décrire le personnage
sont fournis de manière indirecte à travers ses gestes, son comportement, ses
paroles, ce qu’on dit de lui. Il revient au lecteur de les interpréter.
r « C’est un type, il est un peu timbré. Noémie l’avait toujours
entendu dire de Jean Peloueyre. » (FRANÇOIS MAURIAC)
4 La fonction du portrait
° Faire vrai
Représenter
une catégorie sociale
50 ● le roman et la nouvelle
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Étudier l’identité
et le nom du personnage
★
Exercice 1
L’auteur choisit soigneusement le nom de ses per-
sonnages, car ce nom suggérera parfois des indica-
tions au lecteur sur le physique, le caractère, le
métier, la région ou l’origine sociale.
Exemple : Boniface Bon i Face
bonté Visage
sympathie figure
personnage qui semble sympathique,
souriant
★
Exercice 2 LOUIS FERDINAND CÉLINE, JACQUES TARDI, Voyage au bout
de la nuit, Éd. Futuropolis, Gallimard, 1992.
Lisez le passage ci-dessous. Il présente un person-
nage. Qu’apprend-on sur son identité ?
1 Il avançait en donnant des coups de pieds
dans la neige épaisse. Un homme dégoûté. Il s’ap-
pelait Svevo Bandini et habitait à trois blocs de là.
Exercice 4 Écriture
En prenant comme modèle le texte de l’exer-
Il avait froid, ses chaussures étaient trouées. Ce cice 3, imaginez les dix premières lignes d’un
5 matin-là, il avait bouché les trous avec des bouts roman. Ce début évoque
de carton déchirés dans une boîte de macaronis. la rencontre entre ces
JOHN FANTE, Bandini, 1983. Éd. Bourgois, deux personnages. Votre
traduction Brice Matthieussent. texte doit indiquer leur
nom, le lieu de la ren-
contre, suggérer une acti-
vité, le lien entre les
★ personnages.
Exercice 3
1. Lisez les premières lignes du roman de Louis SWEN RICHARD BERGH,
Ferdinand Céline : Voyage au bout de la nuit. Nordic Summer evening, 1899.
Indiquez le nom, la profession, l’âge approximatif du
personnage et le lieu de la rencontre.
2. Observez dans la colonne de droite, l’illustration Exercice 5 INTERNET
de ce passage. Quelles autres informations
Lorsqu’il invente un personnage, l’écrivain s’at-
découvre-t-on dans ce dessin ?
tache à lui donner un nom authentique, une
1 Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais adresse réelle, un métier vraisemblable. Imaginez
rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait que l’un de vos héros réside à Rome, qu’il soit
parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, commerçant. Recherchez sur l’annuaire électro-
un camarade. On se rencontre donc place Clichy. nique une adresse possible et attribuez-lui une
identité complète comme le ferait un écrivain.
@
LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932.
Éd. Gallimard.
MÉTHODES ET TECHNIQUES
Analyser le portrait ★★
Exercice 8
physique et psychologique 1. Lisez cet extrait de l’auteur américain Chester
★ Himes. Qui sont les personnages ? Comment sont-
ils ? Que font-ils ?
Exercice 6
2. Quelles informations peut-on tirer à propos de la
1. Au début de son roman Le Père Goriot, Balzac fait psychologie de chaque personnage : lequel domine
de son héros un premier portrait. Reproduisez le l’autre ? Quels indices le montrent ?
tableau ci-dessous et complétez-le avec des élé-
ments tirés du texte. 1 Hank comptait l’argent empilé devant lui. Le
gros paquet. Cent cinquante billets tout neufs de
Nom et prénom
dix dollars. Il dévisagea Jackson d’un œil jaune et
Âge froid.
Ville d’origine 5 – Tu m’en donnes quinze piles, c’est bien
Statut social d’accord ?
Situation financière C’était un individu de petite taille, soigné de
Situation familiale sa personne, brun de peau, le teint brouillé, le
cheveu rare et aplati. Très « homme d’affaires ».
10 – Exact, répondit Jackson. Quinze cents dollars.
2. Pourquoi peut-on dire que Balzac propose ici un
portrait social ?
Très « homme d’affaires », lui aussi.
Jackson était un petit personnage gros et noir,
1 L’une de ces deux chambres appartenait à un aux gencives violettes et aux dents d’un blanc
jeune homme venu des environs d’Angoulême à nacré, faites pour le rire. Mais Jackson ne riait
Paris pour faire son droit, et dont la nouvelle 15 pas. Le moment était trop solennel pour s’aban-
famille se soumettait aux plus dures privations donner à la bonne humeur.
5 afin de lui envoyer douze cents francs par an.
CHESTER HIMES, La Reine des pommes, 1958, Éd. Gallimard,
Eugène de Rastignac, ainsi se nommait-il, était de traduction : Minnie Danzas.
ces jeunes gens façonnés au travail par le malheur,
qui comprennent dès le jeune âge les espérances
que leurs parents placent en eux, et qui se prépa-
10 rent une belle destinée en calculant déjà la portée
★★
Exercice 7
1. Lisez l’extrait suivant. Qu’apporte-t-il de plus au
portrait cité dans l’exercice 6 ?
2. Relevez et classez tous les indices qui constituent
le portrait physique du personnage. Peinture d’ÉTIENNE BOUCHAUD, 1937.
1 Eugène de Rastignac avait un visage tout
méridional, le teint blanc, des cheveux noirs, des
yeux bleus : sa tournure, ses manières, sa pose
habituelle dénotaient le fils d’une famille noble Étudier la construction
5 où l’éducation première n’avait comporté que des
du portrait
traditions de bon goût. S’il était ménager de ses
habits, si les jours ordinaires il achevait d’user les ★★
vêtements de l’an passé, néanmoins il pouvait Exercice 9
sortir quelquefois mis comme l’est un jeune 1. Lisez l’extrait tiré du roman Anna Karenine, de
10 homme élégant. Ordinairement il portait une
l’écrivain russe Léon Tolstoï. Dans le portrait du
vieille redingote, un mauvais gilet, la méchante comte Vronski, quels détails sont fournis par le pro-
cravate noire, flétrie, mal nouée de l’étudiant, un cédé de la caractérisation directe ?
pantalon à l’avenant et des bottes ressemelées. 2. Quels détails sont fournis en caractérisation
HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835. indirecte ?
52 ● le roman et la nouvelle
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Étudier la fonction
du portrait
★★★
Exercice 11
1. Relevez et classez les indices physiques caracté-
risant le personnage décrit dans l’extrait ci-dessous.
2. Quelle est la fonction principale de ce portrait :
faire vrai, illustrer un milieu social ou évoquer des
valeurs ? Justifiez votre réponse.
1 Brun, de taille moyenne et bien proportion- 1 Le Dr Simon, les mains dans les poches, le
née, un beau visage aux traits étonnamment front appuyé au mur de verre de sa chambre,
calmes, tout dans sa personne, depuis ses cheveux regarde Paris, sur lequel le jour se lève. C’est un
noirs coupés très courts et son menton rasé de homme de trente-deux ans, grand, mince, brun.
5 frais jusqu’à son ample tunique neuve, décelait 5 Il est vêtu d’un gros pull à col roulé, couleur pain
une élégante simplicité. brûlé, un peu déformé, usé aux coudes, et d’un
– Vronski ! cria quelqu’un comme celui-ci sortait. pantalon de velours noir. Sur la moquette, ses
– Qu’y a-t-il ? pieds sont nus. Son visage est mangé par les
– Tu devrais te faire couper les cheveux ! boucles d’une courte barbe brune, la barbe de
10 Une calvitie précoce affligeait Vronski. Il sourit 10 quelqu’un qui l’a laissée pousser par nécessité. À
de la plaisanterie, et avançant sa casquette sur son cause des lunettes qu’il a portées pendant l’été
front pour cacher l’endroit fatal, il sortit. polaire, le creux de ses yeux apparaît clair et fra-
LÉON TOLSTOÏ, Anna Karenine, 1877. gile, vulnérable comme la peau cicatrisée d’une
blessure. Son front est large, un peu caché par les
★★ 15 premières boucles des cheveux courts, un peu
Exercice 10 Écriture bombé au-dessus des yeux, traversé par une pro-
1. Dans La Princesse de Clèves, l’auteur fait un fonde ride de soleil. Ses paupières sont gonflées,
portrait élogieux du duc de Nemours sans préci- le blanc de ses yeux est strié de rouge. Il ne peut
sion sur son physique. Relevez les termes positifs plus dormir, il ne peut plus pleurer, il ne peut pas
utilisés dans le portrait. 20 oublier, c’est impossible…
2. Intégrez dans le texte, aux emplacements indi- RENÉ BARJAVEL, La Nuit des temps, 1968.
qués, plusieurs phrases qui apportent des détails Éd. Presses de la Cité.
sur la physionomie et les vêtements du duc.
1 Ce prince était un chef-d’œuvre de la
nature ▲ ; ce qu’il avait de moins admirable,
c’était d’être l’homme du monde le mieux fait Exercice 12 Écriture
et le plus beau ▲. Ce qui le mettait au-dessus 1. Travaillant pour un roman, l’écrivain Émile Zola
5 des autres était une valeur incomparable et un a répertorié dans ses Carnets d’enquêtes des
agrément dans son esprit, dans son image et notes relevées lors d’une visite dans un pays de
mines. À travers ces notes, quelles seront les
dans ses actions que l’on n’a jamais vu qu’à lui
fonctions des portraits dans le roman ?
seul ▲.
2. Transformez ces notes en portraits que l’on
MADAME DE LA FAYETTE, La Princesse de Clèves, 1678.
pourrait insérer dans le roman.
1 Vêtement des hommes : habillé : pantalon et
chapeau plat gilet noir, redingote mal taillée. Chapeau haut.
chemise plissée Des gens endimanchés. Cravates très voyantes.
et échancrée Pour les tournées du dimanche, veston noir, ou
pourpoint 5 plutôt veston de flanelle à carrés noirs et violets,
tête nue ou casquette.
casaque
Vêtement des femmes : habillée : jupe neutre,
haut de caraco noir, bonnet noir à fleurs. Les filles ont des
chausse robes à taille, bleue, violette. Elles vont en taille.
genouillère
10 L’hiver, châle ou fichu. Bonnet noir, et le plus sou-
vent tête nue.
chaussure en Notes pour la préparation du roman Germinal, 1885.
pied d’ours
LECTURE MÉTHODIQUE
L’entrée du personnage
La première apparition du héros est l’occasion pour le lecteur de faire
sa connaissance. Le portrait indique alors ses caractéristiques phy-
siques et morales. C’est donc un passage important dans le récit.
Alain-Fournier
1 M a mère n’écoutait plus. Elle fit même signe à la dame de se taire ;
et déposant avec précaution son « nid1 » sur la table, elle se leva silen-
(1886-1914) cieusement comme pour aller surprendre quelqu’un…
C’est en 1913 qu’Henri Alban Au-dessus de nous, en effet, dans un réduit où s’entassaient les
Fournier qui se fait appeler Alain-
Fournier publie Le Grand Meaulnes.
5 pièces d’artifice noircies du dernier Quatorze Juillet, un pas inconnu,
Ce premier roman est son seul assuré, allait et venait, ébranlant le plafond, traversait les immenses gre-
roman. En effet, mobilisé un an plus niers ténébreux du premier étage, et se perdait enfin vers les chambres
tard, en 1914, comme lieutenant, le
jeune romancier meurt au combat d’adjoints abandonnées où l’on mettait sécher le tilleul et mûrir les
dans les champs de bataille de la pommes.
Meuse. Il a alors vingt-huit ans. Il
avait eu juste le temps de passer une
10 « Déjà, tout à l’heure, j’avais entendu ce bruit dans les chambres du
enfance tranquille en Sologne avec bas, dit Millie à mi-voix, et je croyais que c’était toi, François, qui étais
des parents instituteurs, puis de pré- rentré… »
parer le concours d’entrée à l’École
normale. Ses premiers écrits sont des Personne ne répondit. Nous étions debout tous les trois, le cœur
essais, des poèmes qui traduisent les battant, lorsque la porte des greniers qui donnait sur l’escalier de la cui-
doutes d’un homme jeune, disparu
avant d’avoir pu choisir son destin. À
15 sine s’ouvrit ; quelqu’un descendit les marches, traversa la cuisine, et se
ce titre, Le Grand Meaulnes est un présenta dans l’entrée obscure de la salle à manger.
roman d’initiation émouvant qui « C’est toi, Augustin ? » dit la dame.
raconte à la fois une histoire
d’enfance et une histoire d’amour C’était un grand garçon de dix-sept ans environ. Je ne vis d’abord de
inaccompli. lui, dans la nuit tombante, que son chapeau de feutre paysan coiffé en
20 arrière et sa blouse noire sanglée2 d’une ceinture comme en portent les
écoliers. Je pus distinguer aussi qu’il souriait…
Il m’aperçut et, avant que personne eût pu lui demander aucune
les mots du texte explication :
1 Que signifie le mot « réduit » (l. 4) ? « Viens-tu dans la cour ? » dit-il.
2 Sur quel mot l’adjectif « anguleuse » 25 J’hésitai une seconde. Puis, comme Millie ne me retenait pas, je pris
est-il formé (l. 28) ? Trouvez d’autres ma casquette et j’allai vers lui. Nous sortîmes par la porte de la cuisine
mots de la même famille.
3 Proposez un antonyme (mot de sens et nous allâmes au préau, que l’obscurité envahissait déjà. À la lueur de
contraire) pour « anguleuse ». la fin du jour, je regardais, en marchant, sa face anguleuse au nez droit,
4 Donnez un adverbe synonyme de « for- à la lèvre duvetée.
mellement » (l. 42) et de « vivement »
(l. 44). 30 « Tiens, dit-il, j’ai trouvé ça dans ton grenier. Tu n’y avais donc
jamais regardé ? »
54 ● le roman et la nouvelle
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Il jeta son chapeau par terre et je vis qu’il avait les cheveux complè- pose comme une scène capitale.
Elle permet d’en faire le portrait.
tement ras comme un paysan. Il me montra les deux fusées avec leurs
● L’entrée du personnage est jus-
40 bouts de mèche en papier que la flamme avait coupés, noircis, puis tifiée par la situation. Par
abandonnés. Il planta dans le sable le moyeu3 de la roue, tira de sa exemple, on demande au person-
poche – à mon grand étonnement, car cela nous était formellement nage de s’approcher. Il est convo-
qué ou attendu…
interdit – une boîte d’allumettes. Se baissant avec précaution, il mit le
● L’entrée du personnage oblige
feu à la mèche. Puis, me prenant par la main, il m’entraîna vivement en les autres à se positionner : cer-
45 arrière. tains seront ses alliés, d’autres
Un instant après, ma mère qui sortait sur le pas de la porte, avec la seront opposants. Elle provoque
mère de Meaulnes, après avoir débattu et fixé le prix de la pension, vit chez tous un choc affectif.
● L’apparition du personnage est
jaillir sous le préau, avec un bruit de soufflet, deux gerbes d’étoiles
souvent mise en valeur par divers
rouges et blanches ; et elle put m’apercevoir, l’espace d’une seconde, procédés :
50 dressé dans la lueur magique, tenant par la main le grand gars nouveau – le cadrage : il doit passer par un
venu et ne bronchant pas… endroit précis, il est à la fenêtre,
Cette fois encore, elle n’osa rien dire. à la porte… ;
ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913. – l’effet d’attente : on ne le voit
Librairie Arthème-Fayard, 1986. pas immédiatement, il fait
sombre, on le voit une première
fois très rapidement…
1. « nid » : désigne le chapeau de Madame Seurel. Posé sur la table, il ressemble à un nid.
2. sanglé : serré.
3. moyeu : partie centrale d’une roue où se loge l’essieu.
LECTURE MÉTHODIQUE
L’évolution du personnage
Dans un roman, le personnage s’affronte aux événements, si bien qu’il
est en constante modification. De conquête amoureuse en promotion
professionnelle, il se transforme et se révèle à chaque étape de son
évolution.
la fille Walter
Suzann épouse
Walter de Mme
F/mois
le jour jour
70 000 F =
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Duroy re
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parlait ainsi, à lui. Et il sentait derrière son dos une foule, une foule un personnage comme réel, les
auteurs des romans réalistes du
illustre5 venue pour lui. Il lui semblait qu’une force le poussait, le sou- e
XIX siècle – Balzac, Stendhal,
30 levait. Il devenait un des maîtres de la terre, lui, lui, le fils des deux Flaubert, Maupassant, ou Zola –
pauvres paysans de Canteleu. lui attribuent des caractéristiques.
Il les vit tout à coup dans leur humble cabaret, au sommet de la ● Un nom : le nom suscite une
côte, au-dessus de la grande vallée de Rouen, son père et sa mère, don- impression de réalité. Exemple :
Albert Duroy dans Bel-Ami.
nant à boire aux campagnards du pays. Il leur avait envoyé cinq mille
● Un passé : l’action du person-
35 francs. (…) nage s’explique par son histoire.
L’encens répandait une odeur fine de benjoin6, et sur l’autel le sacrifice ● Un langage : la langue carac-
divin s’accomplissait ; l’Homme-Dieu, à l’appel de son prêtre, descendait térise le milieu du personnage.
sur la terre pour consacrer le triomphe du baron Georges Du Roy. Par exemple, dans Boitelle de
Maupassant, les personnages ont
GUY DE MAUPASSANT, Bel-Ami, 1885.
l’accent du paysan normand.
● Une longévité : le même per-
sonnage présent dans plusieurs
1. Il portait beau : il avait belle allure. romans semble doté d’une vraie
2. cambra : redressa. vie. Eugène de Rastignac, après
3. gargote : petit restaurant. Le Père Goriot de Balzac revient
4. prélat : haut dignitaire. dans La Peau de chagrin.
5. illustre : formée de célébrités.
6. benjoin : parfum qui rappelle la résine.
LECTURE MÉTHODIQUE
mois seulement que j’ai été nommé dans le quartier. résumé de parole permet d’accé-
lérer le récit, de ne pas répéter
Il attendait, prêt à prendre des notes. des faits que le lecteur connaît
45 – Mon mari est Norbert Monde. Vous avez sans doute entendu parler déjà. Exemple : « J’entendais tout
de la maison Monde, commission et exportation, dont les bureaux et ce qui se disait. » (Sacha Guitry)
les dépôts sont situés rue Montorgueil ? ● Les paroles commentées. Les
Il acquiesça, plutôt par politesse que par conviction4. paroles sont souvent accompa-
gnées d’indications sur la voix, les
– Mon mari est né dans cet hôtel particulier de la rue Ballu qu’il a gestes, les mimiques, les regards,
50 toujours habité et que nous habitons encore. l’état psychologique. Les indica-
Il s’inclina une fois de plus. tions permettent de caractériser
le personnage. Par exemple,
– Il était âgé de quarante-huit ans… J’y pense tout à coup : il avait « articula-t-il » indique que le per-
ses quarante-huit ans le jour même où il a disparu… sonnage parle avec soin.
– Le 13 janvier… Et vous n’avez pas la moindre idée… ● Les résumés de pensées. Il y a
55 Sans doute la raideur de la visiteuse et son air pincé signifiaient-ils ce que les personnages disent et
qu’elle n’avait aucune idée. les réflexions qu’ils se font. Par
cette technique du monologue
– Je suppose que vous désirez que nous entreprenions des intérieur, le lecteur a accès aux
recherches ? pensées des personnages et du
GEORGES SIMENON, La Fuite de Monsieur Monde, 1946. narrateur.
Éd. de la Jeune Parque.
Groupement de textes
L’enquêteur,
héros de roman policier
Un meurtre à élucider, de vrais gangsters, des marginaux, un
détective qui n’a rien d’un héros, qui fume trop ou qui boit
trop, des décors modernes à la périphérie des villes : le roman
policier offre une évasion assurée au lecteur.
60 ● le roman et la nouvelle
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Harry Dickson,
La Bande de l’Araignée,
Éd. Art & BD.Sprl. 6. Lisez l’encadré concernant le person-
nage du « privé ». Dans quel texte, A, B, ou
Les lieux C, le personnage est-il détective privé ?
1. Dans le texte A, la scène se déroule dans Quelles sont ses caractéristiques ?
le train. Où se passe la scène racontée dans
le texte B ? Justifiez votre réponse par un Le regard de l’enquêteur
indice tiré du texte. 7. Chaque enquêteur est confronté à une
2. Dans le roman policier, le décor est décrit situation problématique qu’il va essayer de
de manière réaliste, c’est-à-dire avec de nom- résoudre. Par quoi Maigret est-il intrigué ?
breux détails précis qui font vrai. Justifiez 8. Bien qu’il soit sous l’emprise de l’alcool,
cette affirmation pour les textes B et C. Tarpon fait preuve du sens de l’observation.
Quels détails remarque-t-il chez son visiteur ?
Le statut de l’enquêteur
3. Chaque enquêteur a sa propre identité.
Indiquez le nom de chacun d’eux. Écriture
4. Les trois hommes n’ont pas la même place Attribuez les caractéristiques du détective privé
dans la société. Quelle fonction occupe cha- à Maigret et transformez le personnage du
cun d’eux ? texte A. Vous pouvez opérer des suppressions,
5. Comparez Maigret et Tarpon. Peut-on dire ajouter des éléments, utiliser la première per-
qu’ils sont tous deux des hommes d’expé- sonne, comme dans le texte B.
rience ? Pourquoi ?
ÉTUDE DE LA LANGUE
Observer
1. Dans l’extrait de L’Assommoir d’Émile Zola, quels verbes signalent qu’il s’agit
de paroles rapportées ?
2. Quels passages citent les paroles prononcées sans aucune modification ?
3. Quels signes de ponctuation encadrent ces paroles rapportées ?
1 Vers onze heures et demie, un jour de beau soleil, Gervaise et Coupeau, l’ouvrier
zingueur, mangeaient ensemble une prune, à l’Assommoir du père Colombe. Coupeau,
qui fumait une cigarette sur le trottoir, l’avait forcée à entrer comme elle traversait la
rue, revenant de porter du linge ; et son grand panier carré de blanchisseuse était par
5 terre, près d’elle, derrière la petite table de zinc…
« Oh ! c’est vilain de boire ! » dit-elle à demi-voix. Et elle raconta qu’autrefois, avec
sa mère, elle buvait de l’anisette, à Plassans. Mais elle avait failli en mourir un jour, et ça
l’avait dégoûtée.
ÉMILE ZOLA, L’Assommoir, 1877.
Retenir
Comment rapporter des paroles au discours direct ?
Le discours direct rapporte avec exactitude les paroles telles qu’elles ont été
prononcées, sans les modifier. Il est parfois introduit par un verbe de parole
comme dire, demander, annoncer. Le texte est à la première personne (je), au
présent, au passé composé ou au futur. Il se distingue, le plus souvent, par des
guillemets ou des tirets.
Le discours direct traduit un souci d’authenticité et de fidélité aux paroles pro-
noncées en respectant le niveau de langue. Il révèle le caractère, l’éducation,
le milieu social de celui qui parle.
r « Oh ! c’est vilain de boire ! » dit-elle à demi-voix.
★
Exercice 1 Exercice 3 Écriture
1. Quel extrait est au discours direct ? Lequel est au Inventez le dialogue de ces deux personnages pen-
discours indirect ? dant leur partie de cartes. Votre texte doit conte-
2. Repérez toutes les différences entre les deux nir du discours direct et du discours indirect.
versions.
Extrait A
1 « J’ai commencé à m’intéresser à
la photographie avec Anny. Elle
quittait rarement son Leica. Cela
m’a servi d’apprentissage et m’a
5 donné le goût du cadrage. J’ai réalisé
Extrait B
1 Le comédien Bernard Giraudeau
nous a confié que c’était à travers
Anny Duperey qu’il s’était intéressé
à la photo, parce qu’elle ne quittait
5 que rarement son Leica et que cela
lui avait servi d’apprentissage, et lui JACK VETTRIANO, « The Duellists » 1997.
avait donné le goût du cadrage. Il a ajouté qu’il
avait réalisé quatre films et trois documentaires,
mais que, malgré cela, la photo restait pour lui un
10 art à part entière. Il a précisé qu’il voyageait beau-
coup, que les paysages lui servaient de toile de
Exercice 4 Écriture
fond, mais qu’il aimait surtout saisir un regard, 1. Modifiez le récit ci-dessous en mettant au dis-
une attitude. cours direct les deux passages qui sont au dis-
cours indirect.
2. Récrivez le texte en ajoutant aux endroits indi-
qués (∆) quelques échanges de paroles au dis-
★★ cours direct entre le narrateur et sa femme.
Exercice 2
1 J’avais travaillé un an pour me payer cette
Que révèle le discours direct sur le caractère, l’édu- voiture. Une année entière à monter et des-
cation, le milieu social des personnages ? cendre des caisses. Je me rappelle, je l’ai achetée
le 1er juillet. Elle était vieille, mais le vendeur
1 – Ça fait bien, mais si tu te tenais un peu plus 5 m’affirmait qu’elle nous enterrerait tous. Quand
,,
Atelier
Atelier dd écriture
écriture
Créer un personnage de roman réaliste
Votre objectif :
il s’agit de raconter l’apparition de deux personnages.
Vos deux héros doivent être les plus vraisemblables possibles.
Démarche
Étape 1 : Étudier le texte à transformer
Votre texte aura les mêmes caractéristiques que celui de John Steinbeck (document 1).
Relevez, dans l’extrait, et classez les différences entre les deux personnages.
Personnage 1 Personnage 2
Taille
Allure
Visage
…
Les deux personnages ont aussi des ressemblances. Sur quoi portent-elles ?
Comment leur description est-elle introduite ?
Étape 2 : Donner une identité aux personnages
Choisissez deux personnages qui s’opposent fortement dans les portraits (document 2).
Notez et imaginez, sous forme de tableau, toutes leurs différences physiques.
Étape 3 : Caractériser les personnages
Sélectionnez, dans la liste des traits de caractère (document 3), des adjectifs qui s’oppo-
sent afin de construire des personnages psychologiquement différents.
Étape 4 : Rédiger la description
À la manière de John Steinbeck, rédigez un texte présentant un couple de personnages qui
n’ont ni le même physique, ni le même caractère. Votre texte se situe au début du roman,
il s’agit de la première apparition des deux héros.
Document 1
Le texte à transformer
1 Ils avaient descendu le sentier à la file indienne, et, même en terrain découvert, ils
restaient l’un derrière l’autre.
Ils étaient vêtus tous les deux de pantalons et de vestes en serge de coton bleue à
boutons de cuivre. Tous deux étaient coiffés de chapeaux noirs informes, et tous deux
5 portaient sur l’épaule un rouleau serré de couvertures. L’homme qui marchait en tête
était petit et vif, brun de visage, avec des yeux inquiets et perçants, des traits marqués.
Tout en lui était défini : des mains petites et fortes, des bras minces, un nez fin et
osseux. Il était suivi par son contraire, un homme énorme, à visage informe, avec de
grands yeux pâles et de larges épaules tombantes. Il marchait lourdement, en traînant
10 un peu les pieds comme un ours traîne les pattes. Ses bras, sans osciller, pendaient bal-
lants à ses côtés.
JOHN STEINBECK, Des souris et des hommes, 1978, Éd. Gallimard.
64 ● le roman et la nouvelle
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Document 2
Personnages de Hugo Pratt.
TRISTAN FARIAS
BATAM PASOS VIOLA
AVOCAT KERSTER
BANSHEE
ANTONIO O’DANANN
SORRENTINO
JEREMIAH STEINER
SEMAS
BARON HASSO O’HOGAIN
VON MANTEUFFEL
SOLEDAD
LOKÄARTH
VENEXIANA STEVENSON
an S.A. Vocabulaire
Casterm
du portrait
Les cheveux. Courts. Longs. Raides.
Ondulés. Bouclés. Crépus. Soyeux.
Document 3 Blonds. Bruns. Auburn. Chatains.
Cendrés. Roux.
Les traits de caractère
Les yeux. Perçants. Vifs. Brillants.
Sombres. Froids. En amande.
Grands.
flexible enthousiaste impatient violent pensif Le nez. Droit. Grec. Busqué. Aquilin.
têtu affable autoritaire pratique sociable Pointu. Retroussé. En trompette.
La bouche. Large. Étroite. Pincée.
gai ouvert organisé coopérant aigri Rieuse. Expressive. Sensuelle.
sûr de soi agressif timide prudent stable L’allure, le corps. Élancé. Souple.
réceptif enjoué raisonneur pessimiste conformiste Grand. Frêle. Mince. Svelte. Obèse.
Trapu. Ramassé. Bien proportionné.
créatif suspicieux dynamique impulsif soumis Élégant.
négatif calme sérieux chaleureux réservé Le caractère. Doux. Docile. Aimable.
Sociable. Ombrageux. Agressif.
persuasif énergique docile drôle opiniâtre Emporté. Volontaire. Déterminé.
aimable gentil vif féminin vigoureux Tenace. Faible. Violent. Timide.
Discret. Réservé. Malicieux. Rusé.
dominateur optimiste hostile masculin déterminé Orgueilleux.
PRÉPARATION AU BEP
Répondre à une question
sur la construction d’un texte
Lorsqu’une question porte sur la construction d’un texte, la réponse doit
expliquer de quelle manière le texte est organisé, son plan, et sa
progression. Elle doit s’appuyer sur des exemples tirés du texte.
Méthode
1. Repérer les références, le genre et le type de texte
Les références : le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage, la date de publica-
tion constituent des indications précieuses.
Le genre : le texte peut être tiré d’un roman, d’une pièce de théâtre, d’un
recueil de poèmes, c’est ce que l’on appelle le genre d’un texte.
Le type de texte : le texte peut être narratif, descriptif, explicatif, argumenta-
tif, c’est ce que l’on appelle le type de texte.
2. Relever les indices de construction
Situation d’examen
Question d’examen
Comment s’organise le portrait de Meaulnes, le héros du
roman d’Alain-Fournier (page 54) ?
Réponse
Dans le roman d’Alain-Fournier, le portrait de Meaulnes se 1. Présentez le texte.
construit en trois temps. Dans une première étape, le narrateur Répondez à la question.
entend Meaulnes avant de voir « un grand garçon de dix-sept ans »
(l. 18). Dans une seconde étape il procède à une description générale 2. Expliquez votre réponse.
des vêtements, un « chapeau, une blouse noire » (l. 20). Dans une
troisième étape il s’attache au visage « nez droit » (l. 28) et aux che- 3. Illustrez en citant
veux « complètement ras » (l. 38). le texte.
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★ ★★★
Exercice 1 Exercice 4 Écriture
Le texte proposé à l’examen peut appartenir au
Un sujet de BEP comportait la question de lecture
roman, au théâtre ou à la poésie. Analysez les ques-
suivante : Comment s’organise l’article de
tions suivantes. Pour chacune d’elles, précisez à
presse ? À quel passage de l’article correspondent
quel genre appartient le texte proposé à l’examen.
les photographies ?
A. Relevez les éléments constitutifs du décor ainsi
Lisez la réponse du candidat. Formulez cinq cri-
que les accessoires présents dans cette première
tiques et récrivez ensuite le paragraphe de
scène.
réponse comme il convient.
B. Au début du texte, le narrateur partage avec son
père un moment privilégié qu’un incident vient inter- Le texte
rompre. De quel incident s’agit-il ? 1 « Les lycéens ? Ils s’habillent tous
pareils ! » Jugement définitif. La dame est com-
C. Relevez une métaphore et une comparaison
dans la seconde strophe. merçante dans la rue Saint-Rome à Toulouse,
où se trouve une succession de boutiques fré-
★★ 5 quentées par les jeunes.
Exercice 2 « Tous pareils : des jeans, des sweat-shirts,
Le texte proposé à l’examen appartient à un type des blousons. Et tenez : dès que je propose un
précis : narratif, descriptif, explicatif, argumentatif. À dessin original, sur un tee-shirt, il me reste sur
partir des indices contenus dans les questions, pré- les bras ! Ils veulent tous les mêmes motifs. »
cisez quel type de texte est proposé à l’examen. Il est vrai qu’à la sortie des lycées on
10
A. Quels problèmes de société le journaliste retrouve, un peu partout, les mêmes sil-
expose-t-il dans son article ? houettes. À présent, les vêtements qui indi-
B. Pour convaincre, Maupassant utilise un certain quaient auparavant une appartenance sociale,
nombre de figures de style. Identifiez-en deux et idéologique ou musicale peuvent être portés
illustrez-les. 15 avec la même indifférence que les paréos tahi-
C. Quelles sont les caractéristiques de cette cité tiens ou les jupes « gitanes ». Il n’est plus ques-
évoquée par J.-M.G. Le Clézio ? Quelle atmosphère tion d’être catalogué par les vêtements.
y règne-t-il ?
D’après BRIGITTE DYAN, Le Monde de l’éducation.
D. Quel titre pouvez-vous proposer pour résumer la
situation initiale ?
★★
Exercice 3
Identifiez le type de texte de chaque extrait. Justifiez
vos réponses.
Extrait A
1 Deux mètres devant moi, le spectacle de son
visage était captivant. Ses paupières baissées sur
ses chiffres l’empêchaient de voir que je l’étudiais.
Elle avait le plus beau nez du monde, le nez japo-
5 nais, ce nez inimitable, aux narines délicates et
Extrait B
1 Enfin, la chasse commença.
J’étais fou de joie. Le sang battait à mes
tempes. Comme toujours, je vivais la chasse La réponse à critiquer
intensément. Tout à coup, alors qu’ils montaient La photo illustre le texte qui comporte trois
5 les pentes de Troussequine, les sangliers rompi-
paragraphes. Ça va de la ligne 1 à la ligne 7
rent1 et, en trombe, revinrent. Chacun pour soi, quand elle dit « tous pareils : des jeans, des
ils rabattirent brutalement sur nous. sweat-shirts, des blousons ». Dans le texte,
HENRI VINCENOT, Du Sang, de la vanité et de la mort, 1967, elle fait parler une commerçante pour dire que
Éd. Hachette. les élèves se ressemblent tous. Après elle parle
1. rompirent : se séparèrent.
des différents styles.
SUJET de BEP
Le texte
1 Nous étions à l’Étude, quand le Proviseur entra suivi d’un nouveau habillé en bour-
geois et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se
réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître
5 d’études :
– Monsieur Roger, lui dit-il à mi-voix, voici un élève que je vous recommande, il
entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les
grands, où l’appelle son âge.
Resté dans l’angle, derrière la porte, si bien qu’on l’apercevait à peine, le nouveau
10 était un gars de la campagne, d’une quinzaine d’années environ, et plus haut de taille
qu’aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre
de village1, l’air raisonnable et fort embarrassé. Quoi qu’il ne fût pas large des épaules,
son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures2 et laissait
voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en
15 bas bleus, sortaient d’un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de
souliers forts3, mal cirés, garnis de clous.
On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif
comme au sermon, n’osant même croiser les cuisses, ni s’appuyer sur le coude, et, à
deux heures, quand la cloche sonna, le maître d’études fut obligé de l’avertir, pour qu’il
20 se mît avec nous dans les rangs.
Nous avions l’habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre afin
d’avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le
banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière ; c’était là
le genre4.
25 Mais, soit qu’il n’eût pas remarqué cette manœuvre ou qu’il n’eût osé s’y soumettre,
la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C’était
une de ces coiffures d’ordre composite5, où l’on retrouve les éléments du bonnet à poil,
du chapska6, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de
ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d’expression comme
7 8
30 le visage d’un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines , elle commençait par trois bou-
dins circulaires ; puis, s’alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours
et de poils de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone
cartonné, couvert d’une broderie en soutache9 compliquée, et d’où pendait, au bout
d’un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d’or, en matière de10 gland. Elle
35 était neuve ; la visière brillait.
– Levez-vous, dit le professeur.
Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.
Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d’un seul coup de coude, il la
ramassa encore une fois.
GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, 1857.
68 ● le roman et la nouvelle
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Histoire du roman
Le genre romanesque s’inspire de la réalité et, tout à la fois, explore les
possibilités de l’imaginaire. Balzac, Zola, Voltaire dans ses nouvelles,
Simenon, Modiano dans leurs romans, témoignent de leur époque, cha-
cun avec son originalité. La personnalité des héros, la construction du
récit permettent aux romanciers de mettre en place des univers à la fois
familiers et fascinants.
70 ● le roman et la nouvelle
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