à l’ostéopathie crânienne
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La plupart des livres d’anatomie sont conçus pour évidentes. L’anatomie prend alors de plus en plus
étudier la médecine ; aucun n’est spécifique à l’étude d’importance dans l’approche ostéopathique et
de l’ostéopathie crânienne. Habituellement, l’ana- son étude devient passionnante.
tomie crânienne, à la différence de l’anatomie des À ce jour, il existe de nombreux ouvrages. Le
autres régions du corps, n’a pas encore été étudiée texte idéal serait probablement une compilation
par les étudiants en ostéopathie crânienne, et cette de tout ce qui a pu déjà être écrit. Toutefois, pour
anatomie semble difficile. La plupart des ouvra- l’ostéopathe, la description de l’anatomie ne peut
ges la présente soit d’une manière très complexe, se réduire à une simple description des structu-
décourageante, ou alors avec des descriptions res ; la structure permet la fonction, et l’anatomie
trop simplifiées, insuffisantes pour l’ostéopathe. ostéopathique doit être avant tout une anatomie
De surcroît, les aspects palpatoire et fonctionnel fonctionnelle. Une parfaite compréhension de la
autant que l’intérêt ostéopathique clinique ne structure et de son rapport avec la fonction per-
sont pas suffisamment valorisés. Dès lors, à voir met à l’ostéopathe de reconnaître une dysfonction,
leur désir de trouver un livre facile à consulter, qui parfois même avant que les symptômes associés à
comporte les bases anatomiques fondamentales cette dysfonction n’apparaissent. En effet, telle
à l’application du concept crânien, les étudiants est la définition de la dysfonction somatique :
m’ont inspiré cet ouvrage. “Impaired or altered function of related compo-
Selon Still, “The osteopath must remember that his nents of the somatic (body framework) system : skele-
first lesson is anatomy, his last lesson is anatomy and tal, arthrodial and myofascial structures, and their
all his lessons are anatomy.” [1] (« L’ostéopathe related vascular, lymphatic, and neural elements.”
doit se souvenir que sa première leçon est l’anato- (« Fonction perturbée ou altérée des composan-
mie, sa dernière leçon est l’anatomie et toutes ses tes associées au système somatique (structure de
leçons sont l’anatomie. ») corps) : squelettiques, structures arthrodiales et
En fait, plus l’étudiant progresse dans la pensée myofasciales et éléments vasculaires, lymphatiques
ostéopathique, plus il comprend l’importance et nerveux qui leur sont rattachés. » [2])
d’une bonne connaissance de l’anatomie. La L’histoire permet bien d’appréhender l’évolu-
multitude des techniques développées ici ou là tion d’une anatomie tout d’abord descriptive vers
dans l’approche thérapeutique manuelle est tou- une anatomie contemporaine plus fonctionnelle.
jours basée sur une solide vérité, à savoir celle de Hippocrate (496-370 av. J.-C.) et Aristote (385-
l’anatomie. La palpation pour la structure et la 322 av. J.-C.) sont souvent les premiers anatomis
palpation pour la fonction sont essentielles au dia- tes auxquels on fait référence ; ils semblent avoir
gnostic ostéopathique. Et nous croyons qu’il est étudié l’anatomie sans dissection humaine. C’est
très difficile de réaliser ces palpations sans connais- Hérophile (environ 300 ans av. J.-C.) qui, le pre-
sance anatomique ou avec une connaissance ana- mier, base ses conclusions sur les dissections du
tomique insuffisante ou imprécise. En revanche, à corps humain [3]. Hérophile décrit le cerveau, les
chaque étape de la progression dans notre étude ventricules, les méninges. Il pratique la vivisection
de l’anatomie, la palpation devient plus facile et et différencie les veines des artères en observant
les liens entre les différentes régions du corps plus la présence ou l’absence de pulsations. Galien
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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X Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
( 130-201), célèbre pour ses interventions sur les da Vinci qui sublime l’art et la précision du des-
gladiateurs romains et partisan d’une solide édu- sin anatomique d’après dissection et ses illus-
cation pour tout praticien, nous laisse un grand trations pourraient toujours être incluses dans
nombre de traités anatomiques. Toutefois, ses un ouvrage contemporain [7]. Pour permettre
écrits basés essentiellement sur des dissections la vision d’une pièce comme si l’on « tournait
animales comportent beaucoup d’erreurs relatives autour », il la dessine sous différents angles avec
à l’anatomie humaine ; pour autant son influence un sens élaboré de la perspective et il est proba-
persiste jusqu’à la Renaissance [4]. blement le premier à présenter des illustrations
En effet, avec l’effondrement de l’Empire romain, de coupes anatomiques [8]. Ses écrits démon-
l’enseignement des sciences médicales est aban- trent une extrême culture, la recherche du détail
donné. Tous les traités médicaux sont en latin, dans ses descriptions anatomiques ; ils valorisent
langue que seuls les religieux sont capables de lire aussi une approche fonctionnelle de l’anatomie
et avec des manuscrits conservés dans les monas- tout autant qu’une approche holistique du corps
tères, c’est l’Église qui devient le dépositaire du humain [9].
savoir médical de l’époque. Au Moyen Âge, ce Avec l’avènement du microscope, puis des moyens
sont donc les moines qui manifestent un regain radiologiques débute une vision de l’anatomie
d’intérêt pour la pratique médicale ; ils y mêlent qui va au-delà des limites visibles à l’œil nu. Plus
connaissances, mysticisme et astrologie, parfois au récemment, les avancées dans les technologies de
détriment de leurs pratiques religieuses [5]. En l’imagerie médicale et de la biologie cellulaire et
1162, pour pallier cet état de fait et éliminer les moléculaire offrent de nouveaux champs d’ex-
ordres religieux de la pratique médicale et chirur- ploration, et permettent une étude de l’anatomie
gicale, le Concile de Tours décrète que “Ecclesia du vivant, une anatomie en fonction. De fait, les
abhorret a sanguine” (« L’Église a horreur du premières descriptions faites dans la Grèce anti-
sang »). Toute dissection devient ainsi difficile et que sont parfois revues, tout comme le sont les
nécessite une permission spéciale de l’Église [6]. descriptions de structures fines altérées par les
Dès lors, trafics, profanations et querelles accom- moyens de conservation employés par le passé.
pagnent l’étude et l’enseignement de l’anatomie Surtout, l’anatomie contemporaine est plus pré-
et c’est seulement après la Révolution et l’Empire cise, les liens entre les différents systèmes mieux
que les Écoles de Médecine disposent de cadavres établis et les fonctions des structures mieux
en nombre suffisant pour étudier l’anatomie au définies.
moyen de dissections. Avec cet ouvrage, nous avons trois objectifs :
Longtemps, l’étude de l’anatomie se limite à l’ob- donner les bases anatomiques fondamentales à
servation, à l’étude des formes, à la différenciation l’application du concept crânien, donner des infor-
des structures ayant un aspect normal de celles qui mations complémentaires pour tout individu dési-
présentent un état pathologique. On comprend reux d’aller plus loin dans cette étude, et décrire
alors que les maladies ne sont plus seulement le l’intérêt ostéopathique clinique des informations
fait d’esprits malins, mais qu’elles sont associées à présentées avec, chaque fois que cela est possible,
des structures pathologiques, à des lésions organi- l’abord pratique des structures. Dans la présen-
ques. Le plus souvent, les anatomistes nomment tation du texte, trois styles différents mettent en
les structures selon leur forme (par exemple : valeur ces différentes données, et bien que l’os-
l’hippocampe), ou leur donne leurs propres téopathie crânienne soit un peu plus que le crâne,
noms (par exemple : la veine de Galien, la trompe nous nous limitons dans cet ouvrage à l’étude des
d’Eustache). structures du crâne.
C’est Gabriel Zerbi (1468-1505), un contem- “Thus it is far better to familiarize your eye and
porain de Leonardo da Vinci (1452-1519), qui hand with the normal before you can approach the
le premier publie un texte où les organes sont abnormal intelligently”. [10] (« Ainsi, c’est beau-
regroupés par systèmes [7]. Pour autant, c’est coup mieux de familiariser votre œil et votre main
Avant-propos XI
avec le normal avant de pouvoir approcher l’anor- [4] Tsafrir J, Ohry A. Medical illustration : from caves to
mal intelligemment. ») cyberspace. Health Info Libr J 2001 ; 18 : 99–109.
[5] Semur F, Seigneuric JB. Naissance de l’art dentaire
Mon souhait est que ce livre soit un ouvrage de moderne au XVIIIe siècle. Le rôle décisif de Pierre
référence en anatomie, facile et agréable à consul- Fauchard. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris).
ter, un outil précieux pour l’étudiant comme pour Stomatologie 2007 ; 22-000-A-10.
le praticien ostéopathe éternellement curieux. [6] Leblond S. Anatomistes et Résurrectionnistes en
France. Can Med Assoc J 1968 ; 99 : 368–70.
[7] Xie C, O’Leary JP. The first anatomists/artists. Am
Références Surg 1999 ; 65 : 899–900.
[1] Still AT. The philosophy and mechanical principles of [8] Tsafrir J, Ohry A. Medical illustration : from caves to
osteopathy. Kirksville, MO : Osteopathic Enterprise ; cyberspace. Health Info Libr J 2001 ; 18 : 99–109.
1986. p. 12. [9] Dunn PM. Leonardo Da Vinci (1452-1519) and
[2] Glossary of Osteopathic Terminology. In : Ward RC, reproductive anatomy. Arch Dis Child Fetal &
Ed. Foundations for Osteopathic Medicine. 2nd ed Neonatal Ed 1997 ; 77 : F249–51.
Baltimore : Williams and Wilkins ; 2003. p. 1249. [10] Still AT. Autobiography of Andrew T. Still. Kirskville,
[3] Dooley D. A dissection of anatomy. Ann R Coll Surg MO : AT Still ; 1908. p. 190. Reprinted, Colorado
Engl 1973 ; 53 : 13–26. Springs, CO : American Academy of Osteopathy ; 1981.
Chapitre 1
Ostéopathie crânienne
et anatomie
Après quelques années, Sutherland définit les cranial concept in the science of osteopathy was his,
mouvements des os crâniens associés au MRP. Ils not mine” [9]. (« Si vous lisez attentivement les
se produisent sur deux temps. écrits du Dr. Andrew Taylor Still, vous verrez que
• Le temps de l’inspiration crânienne, pendant … le concept crânien de la science ostéopathique
lequel les structures médianes démontrent un était le sien et non le mien. »)
déplacement nommé flexion et les structu- Emmanual Swenderborg (1688–1772) semble
res latérales un déplacement nommé rotation aussi avoir inspiré Sutherland [10]. Cet homme de
externe. Pendant ce temps, les dimensions trans- sciences suédois étudie l’anatomie afin de trouver
versales du crâne augmentent et les dimensions l’âme. Dans une de ses publications majeures, The
verticales diminuent ; la flexion basilaire aug- Brain, écrite en 1743–1744, il décrit brillamment
mente au niveau de la synchondrose sphénoba- les mouvements du cerveau qui selon lui consis-
silaire qui s’élève et la base du sacrum se déplace tent en une succession d’expansion et de contrac-
postérieurement dans un mouvement de flexion tion [11]. Pour Swenderborg, cette animation
craniosacrale. rythmique manifeste l’interaction entre l’âme et
• Le temps de l’expiration crânienne, pendant le corps et unifie tous les autres mouvements de
lequel le déplacement des structures média- la vie organique. Dès lors, présente partout, elle
nes est nommé extension et le déplacement contribue au mouvement des membranes dura-
des structures latérales, rotation interne. Les les, à celui des os crâniens et de leurs sutures
dimensions transversales du crâne diminuent et dont l’aspect et les détails comme les interdigita-
les dimensions verticales augmentent. La flexion tions reflètent la variété des mouvements osseux.
basilaire diminue au niveau de la synchondrose Swenderborg décrit aussi les qualités pulsatiles du
sphénobasilaire qui s’abaisse ; la base du sacrum liquide cérébrospinal qui se transmet à l’ensemble
se déplace antérieurement dans un mouvement du corps, qui chemine au travers et entre les raci-
d’extension craniosacrale. nes et les fascicules des nerfs, et qui les accompa-
gne pour se propager à l’ensemble du corps. Pour
La flexion et l’extension craniosacrales décri- cet auteur, chaque artère, chaque veine et chaque
tes dans le MRP diffèrent parfois de la flexion fibre nerveuse suivent le courant du mouvement
et de l’extension anatomiques, avec lesquelles du cerveau [11].
elles ne doivent pas être confondues. Ses remarques sur la dure-mère sont particulière
ment intéressantes : “that by virtue of its elasticity,
and in its capacity as a muscular tendon, it contri-
Mobilité involontaire du sacrum butes in a general way to the reciprocal expansive
entre les iliaques motion of the brain” (« qu’en vertu de son élas-
ticité, et par sa capacité en temps que tendon
Selon Sutherland, le mouvement du sacrum entre
musculaire, elle contribue d’une manière géné-
les iliaques décrit dans le MRP ne résulte pas d’une
rale au mouvement d’expansion réciproque du
activité volontaire. Pour lui, le core-link formé par
cerveau »). Notons que, au xviiie siècle, certains,
la dure-mère spinale qui relie le foramen magnum
comme Pacchioni, considèrent la dure-mère comme
de l’occiput au sacrum transmet et coordonne les
un muscle.
mouvements entre ces deux structures.
Ainsi, pendant la phase d’expansion du cerveau,
la dure-mère est étirée ; inversement pendant la
Swedenborg phase de contraction cérébrale, elle est relâchée.
De cette alternance rythmique, naît une « action
Dans l’élaboration de son concept, Sutherland réciproque », qui fournit à son tour « une puis-
reconnaît plusieurs influences. Tout d’abord celle sance réactive » et affecte le cycle alternatif du
de Still : “If you read the writings of Dr. Andrew mouvement d’expansion et de contraction céré-
Taylor Still carefully, you will find that…the brales [11].
4 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Selon Sutherland : “If you become a mechanic of the Les découvertes actuelles sur les oscillations
cranial mechanism by correcting a cranial lesion, de basse fréquence de la circulation sanguine,
you then become the pharmacist. There is no end to et leur rapport avec le système nerveux auto-
this thought. It is not a new thought. Swedenborg, nome montrent bien leur rôle dans l’homéo-
200 years ago, said there is movement of the brain. stasie [16]. Selon Magoun, “This cycle manifests
Have we anything totally new?” (« Si vous devenez as the cranial rhythmic impulse and represents
un mécanicien du mécanisme crânien en corrigeant a dynamic metabolic interchange in every cell,
une lésion crânienne, vous devenez alors le phar- with each phase of action.” « Ce cycle se mani-
macien. C’est une pensée sans fin. Cela n’est pas feste comme l’impulsion rythmique crânienne
une nouvelle pensée. Swenderborg, il y a 200 ans, et représente un échange métabolique dynami-
a dit qu’il y a un mouvement du cerveau. A-t-on que dans chaque cellule, à chaque phase d’ac-
quelque chose de totalement nouveau ? ») [10]. tion » [17].
En fait, ces oscillations peuvent être perçues au
niveau du crâne, mais aussi sur toutes les parties
Impulsions rythmiques du corps. Chaque structure du corps manifeste un
crâniennes mouvement biphasique en concomitance avec les
phases d’inspiration et d’expiration du MRP. En
Pour l’ostéopathe, la « respiration primaire » peut revanche, en présence d’une dysfonction somati-
être perçue sous la forme d’impulsions rythmi- que, la fréquence et la puissance de cette fonction
ques crâniennes (IRC). Ce terme défini en 1961 biphasique sont perturbées.
par les Woods fait référence à la sensation palpable Dans l’approche holistique d’un traitement
du MRP [12]. Cette composante dynamique, à ostéopathique, toutes les structures anatomi-
différentier de la respiration thoracique, consiste ques impliquées, les membranes, les ligaments,
en une sensation d’expansion du crâne pendant les fascias, les muscles, les os, les articulations
la phase d’« inspiration primaire » et une sensation et les viscères, tout comme le MRP et les IRC
de retour à la position initiale pendant la phase doivent être pris en compte durant le traitement.
d’« expiration primaire ». Les traitements manipulatifs qui utilisent le
Récemment, les IRC sont enregistrées en relation modèle crânien affectent le patient par leur effet
avec une oscillation de basse fréquence présente sur l’anatomie et la physiologie de la région, qui
dans la circulation sanguine : l’oscillation de Traube- visent à normaliser :
Hering-Mayer [13]. Une modulation de fréquence • la fonction nerveuse ;
des IRC de 20 % est objectivée [13] et les traite- • la fluctuation du liquide cérébrospinal ;
ments crâniens modifient cette oscillation [14, 15]. • les stases circulatoires ;
• les tensions membraneuses ;
• les dysfonctions articulaires.
« L’oscillation de Traube-Hering-Mayer a été mesurée
en association avec la pression artérielle, la fréquence De surcroît, ces traitements entraînent une
cardiaque, la contractilité myocardique, le flux sanguin réponse globale sur l’organisme par leur action
pulmonaire, le flux sanguin cérébral et du liquide céré- sur le système nerveux autonome (SNA). Tout
brospinal, et les flux sanguins périphériques prenant en traitement qui influence le MRP influence le
compte les activités thermorégulatrices. Ce phénomène SNA. De fait, les forces biodynamiques inhé-
impliquant tout le corps, avec une fréquence le plus rentes à l’individu sont sollicitées, ce qui résulte
souvent légèrement inférieure, et indépendante de la en une autorégulation globale, tout autant que
respiration présente une ressemblance frappante avec locale, à savoir le niveau précis de la dysfonction
le MRP. » [13].
considérée.
Anatomie
Selon Still : “An osteopath reasons from his
knowledge of anatomy. He compares the work of Fig. 1.1. Plans de l’espace.
the abnormal body with the work of the normal 1. coronal ;
2. transversal ;
body” [18]. (« Un ostéopathe raisonne à partir 3. sagittal médian.
de sa connaissance de l’anatomie. Il compare D’après Richter M, et al., Encycl Méd Chir, Stomatologie.
les actions d’un corps anormal avec celles d’un
corps normal »). “A knowledge of anatomy with
its application covers every inch of ground that is
necessary to qualify you to become a skillful and
• le plan coronal (frontal) dans lequel se trouvent
successful Osteopath…” [19]. (« Une connais-
les axes transversal et vertical ;
sance de l’anatomie et de ses applications couvre
• le plan transversal (horizontal) dans lequel se
chaque pouce du terrain nécessaire afin de vous
trouvent les axes sagittal et transversal ;
qualifier pour devenir un Ostéopathe habile et
• le plan sagittal dans lequel se trouvent les axes
efficace… »).
sagittal et vertical.
Ainsi, lors de l’examen du sujet debout, face à
Langage anatomique l’examinateur, la paume des mains tournée vers
l’avant et les pieds légèrement écartés, la position
En 1955, une nomenclature anatomique inter- d’un repère étudié est :
nationale est adoptée ; elle est révisée en 1998. • craniale lorsqu’elle est déplacée vers le haut ;
Il convient de l’utiliser ; nous indiquons le • caudale lorsqu’elle est déplacée vers le bas ;
plus souvent l’ancienne nomenclature entre • distale lorsqu’elle est éloignée du tronc ;
parenthèses. • proximale lorsqu’elle est rapprochée du tronc ;
Pour décrire l’anatomie, le système de référence • ventrale lorsqu’elle est déplacée vers l’avant ;
utilise trois axes de référence : • dorsale lorsqu’elle est déplacée vers l’arrière ;
• l’axe vertical, qui est perpendiculaire au sol ; • latérale lorsqu’elle est déplacée latéralement ;
• l’axe transversal, qui est horizontal et perpendi- • médiale lorsqu’elle se rapproche de la ligne
culaire au précédent ; médiane.
• l’axe sagittal orienté d’avant en arrière. Ces définitions restent valables quelle que soit la
Ces trois axes permettent de définir les trois plans position du sujet. Ainsi, une grande aile de sphé-
de l’espace (figure 1.1) : noïde déplacée vers le haut est en position craniale
6 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Arcade sourcilière
Os frontal
Incisure
supraorbitaire (foramen)
Glabelle
Processus zygomatique
Nasion (de l’os frontal)
Os nasal
Angle de la mandibule
Mandibule
Corps de la mandibule
Foramen mentonnier
Protubérance mentonnière Tubercule mentonnier
lorsque le sujet est debout ; elle reste en position os occipital, ethmoïde, sphénoïde et frontal ; 2 os
craniale lorsque le sujet est en décubitus dorsal. pairs et latéraux : les os pariétaux et temporaux ;
• le viscérocrâne ou squelette facial formé de 13 os,
parmi lesquels 12 os sont pairs et latéraux : les
Présentation du crâne maxillaires, les palatins, les os zygomatiques, les
os lacrymaux, les os nasaux et les cornets infé-
Crâne vient d’un terme grec qui signifie casque. rieurs ; 1 os est impair et médian : le vomer.
Cela rend bien l’idée de protection qui lui est À ces 21 os, s’ajoute la mandibule qui n’appar-
associée : protection du système nerveux central, tient ni au neurocrâne ni au viscérocrâne, les
mais aussi des viscères de la face. trois osselets pairs de l’oreille moyenne (malleus
Typiquement, le crâne est divisé en deux parties : [marteau], incus [enclume] et stapès [étrier]),
• le neurocrâne formé de 8 os qui entourent et pro- et l’os hyoïde, impair, suspendu sous la base
tègent le cerveau : 4 os impairs et médians : les crânienne, soit un total de 29 os (figure 1.2).
Chapitre 1. Ostéopathie crânienne et anatomie 7
Suture sphénosquameuse
Os pariétal
Ptérion
Suture
pariétomastoïdienne
Os frontal
Suture
lambdoïde
Os lacrymal
Os nasal Astérion
Foramen
zygomaticofacial Os occipital
Os zygomatique
Suture
occipitomastoïdienne
Maxillaire Partie mastoïdienne de
l’os temporal
Processus mastoïdien
Angle
Branche de la mandibule
Corps de la mandibule Processus zygomatique (de l’os temporal)
Canal carotidien
Processus styloïde
Foramen jugulaire
Foramen stylomastoïdien
Processus mastoïde
Incisure mastoïdienne
Partie basilaire de l’os
occipital
Canal hypoglosse
Tubercule pharyngien
Condyle occipital
Foramen magnum
Crête frontale
Crista galli Foramen cæcum
Partie orbitaire (de l’os frontal) Foramens de la lame criblée
Lame criblée
Processus
Fosse hypophysaire clinoïde
postérieur
Dos de la selle
Orifice du canal Foramen
carotidien déchiré
Impression Foramen
trigéminale épineux
Fosse crânienne
moyenne Os sphénoïde
Os temporal
Fosse crânienne
postérieure
Os pariétal
Os occipital
Vertex
Bregma
Stéphanion
Euryon
Ptérion
Ophryon
Glabelle Lambda
Nasion
Inion
Astérion
Prosthion
Entomion
Gnathion
Gonion
Staurion
Hormion
Basion
Opisthion
u
Gnathion : le point le plus bas situé sur la ligne médiane Prosthion : le point médian le plus antérieur à la jonction
de la mandibule. des processus alvéolaires des maxillaires.
Gonion : le point le plus latéral et le plus bas de l’angle Ptérion : de chaque côté, le point à la jonction de la grande
de la mandibule. aile de l’os sphénoïde, de l’écaille de l’os temporal, de la
Hormion : le point médian situé à la jonction du bord face temporale de l’os frontal et de l’angle sphénoïdal de
postérieur du vomer et de l’os sphénoïde. l’os pariétal ; a le plus souvent grossièrement la forme
Inion : le sommet de la protubérance occipitale d’un H, et le ptérion forme la barre horizontale du H.
externe. Staurion : le point médian à la jonction de la suture pala-
Lambda : le point médian situé à la jonction des sutures tine transverse et de la suture intermaxillaire.
sagittale et lambdoïde. Stomion : le point médian de la jonction entre les lèvres
Nasion : le point médian à la jonction de la suture supérieures et les lèvres inférieures lorsque les lèvres
nasofrontale et de la suture internasale. sont jointes.
Opisthion : le point médian du bord postérieur du fora- Stéphanion : point de croisement entre la suture coro-
men magnum. nale et la ligne temporale inférieure.
Ophryon : le point médian intersourcilier. Vertex : point le plus haut de la tête.
12 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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14 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Suture sphénosquameuse
Os pariétal
Ptérion
Suture
pariétomastoïdienne
Os frontal
Suture
lambdoïde
Os lacrymal
Os nasal Astérion
Foramen
zygomaticofacial Os occipital
Os zygomatique
Suture
occipitomastoïdienne
Maxillaire Partie mastoïdienne de
l’os temporal
Processus mastoïdien
Angle
Branche de la mandibule
Corps de la mandibule Processus zygomatique (de l’os temporal)
Fig. 2.1. L’os occipital constitue le tiers postérieur de la base crânienne et la portion postéro-inférieure de la calvaria.
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
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Chapitre 2. Os occipital 15
Partie supérieure
de l'écaille
Ligne d'union
entre les parties
supérieure
et inférieure
de l'écaille
Partie inférieure
de l'écaille
Centre de Kerckring
Fig. 2.4. Os wormiens.
D’après Saxena SK, et al., J Anat 1986.
Partie latérale
(Exocciput)
Partie basilaire
(Basiocciput)
1
2
Fig. 2.3. Os des Incas ou os interpariétal. Fig. 2.5. Corps de l’os occipital : face externe.
D’après Saxena SK, et al., J Anat 1986. 1. fossette notochordale ;
2. tubercule pharyngien.
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16 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Membrane tectoriale
Membrane atlanto-occipitale
antérieure
Ligament de l’apex
Membrane atlanto-occipitale Ligament occipitotransversaire
postérieure
Dent de l’axis
Artère vertébrale
Premier nerf spinal cervical
Arc antérieur de l’atlas
Arc postérieur de l’atlas Cartilage articulaire
Traces du disque intervertébral
Ligament transverse
Ligament Corps de l’axis
transverso-axoïdien
Bord postérieur
2
1 Le bord postérieur constitue la limite antérieure
du foramen magnum. Le milieu de ce bord est le
basion (figure 2.7).
En arrière du ligament occipitotransversaire, le
3 ligament de l’apex de la dent de l’axis relie le bord
antérieur du foramen magnum à l’apex de la dent
de l’axis (figure 2.6).
Parties latérales
Situées entre la partie basilaire et l’écaille, les par-
Fig. 2.7. Corps de l’os occipital : face interne.
1. gouttière basilaire ; ties latérales de l’os occipital limitent latéralement
2. sillon du sinus pétreux inférieur ; le foramen magnum. Elles s’articulent avec l’atlas
3. basion. par leur face inférieure.
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Chapitre 2. Os occipital 17
Ligament transverse
Capsule articulaire de l’articulation Ligament longitudinal
atlanto-axoïdienne postérieur
Ligament
transverso-axoïdien
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18 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 2. Os occipital 19
1 4 4
2
3
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20 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
saillie facilement palpable sur laquelle s’insère le Ces crêtes résultent des tractions produites
ligament nuchal (ligament cervical postérieur). par les muscles de la région postérieure du cou
Pour autant, sa forme très variable limite son inté- (figure 2.16) :
rêt en craniométrie [10]. De cette protubérance • entre les lignes nuchales suprême et supérieure
part une crête médiane verticale, la crête occipi- s’insèrent médialement le trapèze et latérale-
tale externe ; elle relie la protubérance au foramen ment les chefs cléido-occipital et sterno-occipital
magnum, et donne aussi insertion à des fibres du du muscle sterno-cléido-mastoïdien ;
ligament nuchal. • juste en dessous du tiers latéral de la ligne
De chaque côté de l’écaille, de haut en bas, s’ob- nuchale supérieure se fixe le splénius de la tête ;
servent plusieurs crêtes transversales : • entre les lignes nuchales supérieure et inférieure
• les lignes nuchales suprêmes (lignes courbes s’insèrent médialement le muscle semi-épineux
occipitales suprêmes), peu marquées, donnent de la tête (grand complexus) et latéralement le
insertion au ventre occipital du muscle occipi- muscle oblique supérieur de la tête (petit obli-
tofrontal (muscle occipital) ; que de la tête) ;
• les lignes nuchales supérieures (lignes courbes • en avant de la ligne nuchale inférieure s’atta-
occipitales supérieures) s’étendent de chaque chent médialement le muscle petit droit posté-
côté de la protubérance occipitale externe ; rieur de la tête et latéralement le muscle grand
• les lignes nuchales inférieures (lignes cour- droit postérieur de la tête.
bes occipitales inférieures) partent de la crête Sur tout le bord postérieur du foramen magnum,
occipitale externe ; tout d’abord transversa- la ligne d’insertion de la membrane atlanto-occipi-
les, elles se dirigent ensuite obliquement en tale postérieure est bien visible. Cette membrane
bas et en dehors en direction de l’incisure relie le bord postérieur du foramen magnum au
jugulaire. bord supérieur de l’arc postérieur de l’atlas et
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Chapitre 2. Os occipital 21
Fortement concave, cette face semble divisée en Fig. 2.17. Écaille de l’os occipital : face interne.
quatre fosses avec une saillie centrale, la protubé- 1. protubérance occipitale interne ;
rance occipitale interne. De cette protubérance 2. crête occipitale interne ;
part une crête qui se dirige vers le foramen mag- 3. surface vermienne ;
4. sinus sagittal supérieur ;
num, c’est la crête occipitale interne. Près du 5. sinus transverse ;
foramen magnum, sa bifurcation limite une petite 6. angle latéral de l’écaille ;
surface triangulaire en regard du vermix cérébel- 7. bord supérieur de l’écaille ou bord pariétal ;
leux, c’est la surface vermienne. 8. bord inférieur de l’écaille ou bord mastoïdien.
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22 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Au-dessus de la protubérance, un large sillon table interne ; dans son tiers latéral, il est taillé en
médian longe le sinus sagittal supérieur. De part biseau aux dépens de la table externe.
et d’autre de la protubérance partent deux sillons
horizontaux pour les sinus transverses. Le plus Parfois, la suture lambdoïde subit une compression
souvent, le sillon du sinus sagittal supérieur se pendant la vie fœtale, lors de l’accouchement ou après
continue avec le sillon du sinus transverse droit la naissance avec la position de sommeil en décubitus
[14], alors que le sillon du sinus transverse gau- dorsal. Une plagiocéphalie postérieure non synostotique
che continue le sinus droit. Au niveau des angles peut en résulter. Selon l’emplacement de la compres-
latéraux de l’écaille occipitale, les sillons des sinus sion, la plagiocéphalie peut être unilatérale ou bilaté-
transverses se prolongent par les sillons des sinus rale. Lorsque survient une ossification prématurée de la
sigmoïdes qui se terminent au niveau du foramen suture lambdoïde, c’est une craniosynostose ou synos-
jugulaire. tose de la suture lambdoïde avec comme conséquence
une plagiocéphalie postérieure synostotique. (Voir
Sur les berges des sillons transverses s’insère la Chapitre 6, page 88)
grande circonférence de la tente du cervelet ; les
bords du sillon du sinus sagittal supérieur donnent
insertion à la faux du cerveau et ceux de la crête Bord inférieur
occipitale interne au bord postérieur de la faux du
cervelet. Ces cloisonnements dessinent les quatre Le bord inférieur ou bord mastoïdien est oblique en
fosses occipitales : les deux fosses cérébrales au- bas et en avant. Il prolonge le bord supérieur avec
dessus des sillons des sinus transverses et les fosses lequel il forme l’angle latéral de l’écaille. Il s’articule
cérébelleuses au-dessous. avec la partie mastoïdienne de l’os temporal pour
former la partie verticale de la suture occipitomas-
toïdienne (OM). Vers l’avant, il se continue avec le
La protubérance occipitale interne peut être bord latéral de la partie latérale de l’occiput.
visualisée à peu près en regard de la protubé-
rance occipitale externe. Le sinus transverse Notez que la suture OM comporte deux parties
est localisé au moins 1,5 mm au-dessus de la (figure 2.18) :
ligne nuchale supérieure [15]. Fréquemment, • une partie verticale formée par l’articulation entre
le sinus transverse droit est plus haut que le le bord inférieur mastoïdien de l’écaille occipitale
droit [16].
1 5
En Grèce, 300 ans av. J.-C., Hérophile est un des
premiers anatomistes à baser ses conclusions sur les 2
dissections du corps humain. Il décrit cette zone de
confluence des sinus au niveau de la protubérance occi-
pitale externe, de fait nommée pressoir d’Hérophile ou
torcular. Pour autant, la confluence des sinus n’est pas
3
toujours présente et des cloisonnements dure-mériens
plus ou moins complets peuvent exister [17]. Le drai-
nage du sinus sagittal supérieur dans le sinus trans-
verse droit est identifié dès la vie fœtale [16].
4
Bord supérieur
Fig. 2.18. Suture occipitomastoïdienne (OM) : vue
De chaque côté, le bord supérieur ou bord pariétal inférieure.
s’étend de l’angle occipital supérieur à l’angle occi- 1. partie verticale de l’OM ;
2. pivot CSM ;
pital latéral. Dentelé, il s’articule avec l’os pariétal 3. partie horizontale de l’OM ;
et forme la suture lambdoïde. Dans ses deux tiers 4. processus jugulaire ;
médiaux, il est taillé en biseau aux dépens de la 5. processus mastoïde.
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Chapitre 2. Os occipital 23
et le segment postérieur du bord postérieur occi- De chaque côté du crâne, l’angle latéral est situé
pital de la partie mastoïdienne de l’os temporal ; à la jonction de trois sutures : suture lambdoïde,
• une partie plus horizontale formée par l’articu- suture pariétomastoïdienne et suture OM. Le
lation entre le bord latéral de la partie latérale point de rencontre de ces trois sutures correspond
de l’os occipital, i.e. le segment situé en arrière à l’astérion.
du processus jugulaire, et le segment antérieur
du bord postérieur occipital de la partie mastoï-
dienne de l’os temporal. Dans la procédure de la compression du
4e ventricule (CV4) [19], les éminences thé-
Il peut exister un changement d’orientation des
nars du praticien contactent les angles laté-
biseaux des bords occipitaux et mastoïdiens. Dans raux de l’os occipital, médialement à la suture
la partie verticale de la suture, le bord de l’écaille OM (figure 2.20). Notez que les bords situés
occipitale peut présenter un biseau aux dépens de de part et d’autre du sommet de l’angle
la table externe, alors que dans la partie plus hori- latéral, i.e. la partie latérale du bord pariétal
zontale le biseau du bord inférieur mastoïdien de et le bord mastoïdien de l’écaille occipital,
l’écaille occipitale est plus aux dépens de la table présentent des biseaux aux dépens de la table
interne. Les biseaux sont inversés pour l’os tempo- externe qui autorisent la compression.
ral. Le point où l’orientation des biseaux change
est situé au changement d’orientation dans l’espace
des deux parties de la suture et se nomme le pivot Foramen jugulaire
condylosquamomastoïdien (pivot CSM) [18].
En fait, le foramen jugulaire (trou déchiré pos-
Angles (figure 2.19) térieur) ressemble plus à un canal qu’à un simple
foramen. Il fait communiquer la fosse cérébrale
L’angle supérieur compris entre les deux pariétaux,
postérieure avec l’espace sous-parotidien postérieur.
correspond à la jonction des sutures sagittale et
Situé entre l’os temporal et l’os occipital, ce canal se
lambdoïde. Le sommet de cet angle est le lambda.
dirige vers l’avant, le dehors et le bas. Sa forme varie
considérablement d’un sujet à l’autre [20], autant
que d’un côté à l’autre, et habituellement, le côté
1
droit est le plus volumineux [21–23].
Les orifices endocrânien et exocrânien de ce « canal
jugulaire » sont dans des plans différents [23] :
Os pariétal
Os temporal
Os occipital
Maxillaire
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24 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
• l’orifice endocrânien regarde en arrière, en dedans • Latéralement, le bord postérieur du rocher des-
et en haut. De forme grossièrement triangulaire, sine un tracé irrégulier où le processus intra-
son grand axe est oblique en avant, en dedans et jugulaire de l’os temporal fait saillie. En avant
en haut. Son bord latéral correspond au bord pos- de ce processus, le nerf glosso-pharyngien (IX)
térieur du rocher, et son bord médial au bord laté- creuse une large échancrure sur le bord posté-
ral de la partie latérale de l’occiput (figure 2.14) ; rieur du rocher. En arrière du processus, la fosse
• l’orifice exocrânien regarde en avant et en bas. jugulaire loge le bulbe supérieur de la veine
Parfois comparé à un alambic, il est situé en dehors jugulaire interne.
de l’orifice du canal du nerf hypoglosse, en arrière • Médialement, c’est le bord latéral de la partie laté-
de l’orifice inférieur du canal carotidien et en dedans rale de l’os occipital où le processus intrajugulaire
de la base du processus styloïde (figure 2.21). de l’os occipital fait saillie. Il est visible en avant,
juste au-dessus de l’orifice exocrânien du canal du
Limites nerf hypoglosse. Le sinus pétreux inférieur laisse
son empreinte en avant de ce processus.
• En avant, c’est l’extrémité postérieure de la fis-
sure pétro-occipitale, entre le bord postérieur
Contenu (figure 2.22)
du rocher et le bord latéral de la partie basilaire
de l’os occipital. Le sinus pétreux inférieur che- En 1934, Hovelacque décrit deux compartiments
mine au-dessus de cette suture en direction du au foramen jugulaire : antéromédial, comparti-
foramen jugulaire pour se jeter dans le bulbe de ment nerveux ou pars nervosa et postérolatéral,
la veine jugulaire interne. compartiment veineux ou pars vascularis [23].
• En arrière, le processus jugulaire de l’os occipi- Un pont fibreux, parfois ossifié cloisonne ces
tal s’articule avec la facette jugulaire du rocher. deux compartiments [21], et relie le plus sou-
vent le processus intrajugulaire de l’os tempo-
ral et le processus intrajugulaire de l’os occipital
[24]. En fait, cette division existe au niveau de
6
1
2
3
5
4
Fig. 2.22. Foramen jugulaire : vue endocrânienne du contenu
(côté droit).
1. processus jugulaire de l’os occipital ;
2. processus intrajugulaire de l’os temporal ;
3. pprocessus intrajugulaire de l’os occipital ;
4. golfe de la jugulaire ;
Fig. 2.21. Foramen jugulaire : orifice exocrânien (côté droit). 5. sinus pétreux inférieur ;
1. processus jugulaire de l’os occipital ; 6. artère méningée postérieure ;
2. processus intrajugulaire de l’os temporal ; 7. nerf glossopharyngien (IX) ;
3. processus intrajugulaire de l’os occipital ; 8. nerf vague (X) ;
4. orifice exocrânien du canal du nerf hypoglosse ; 9. nerf accessoire (XI).
5. orifice inférieur du canal carotidien ; D’après Thomassin JM, et al., Encycl Méd Chir, Techniques
6. base du processus styloïde. chirurgicales - Tête et Cou [30].
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Chapitre 2. Os occipital 25
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26 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Sidebending-rotation
Le sidebending-rotation de la SSB consiste en
Fig. 2.23. Mouvement de l’occiput dans la flexion
crânienne. deux composantes, avec pour chacune d’elles des
D’après Sergueef N, Ostéopathie pédiatrique. axes de mouvement différents. Autour de l’axe
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Chapitre 2. Os occipital 27
antéropostérieur qui joint le nasion et l’opis- Fig. 2.25. Mouvement de la synchondrose sphénobasilaire
thion, l’occiput et le sphénoïde tournent dans la dans le sidebending-rotation gauche.
D’après Sergueef N, Ostéopathie pédiatrique.
même direction. Ainsi, lorsque le corps du sphé-
noïde tourne autour de cet axe, un côté est plus
haut que l’autre. La grande aile du sphénoïde est Palpation pour la structure
déplacée vers le haut de ce côté, pendant que la
grande aile de l’autre côté est déplacée vers le La palpation pour la structure consiste en la pal-
bas. Simultanément, l’occiput tourne avec le pation de l’écaille, des muscles qui s’y insèrent, et
sphénoïde, se déplaçant vers le haut du côté de la des sutures occipitomastoïdiennes et lambdoïdes.
grande aile haute et vers le bas de l’autre côté. La palpation du corps de l’occiput et des masses
En même temps, autour de deux axes verticaux, un latérales n’est pas possible.
pour chaque os, l’occiput et le sphénoïde se dépla- Tout d’abord palpez les reliefs de l’écaille, chez
cent dans des directions opposées. Un axe passe l’adulte notez la proéminence des lignes nuchales,
par le centre du corps du sphénoïde, l’autre par l’importance de la saillie de la protubérance occi-
le foramen magnum de l’occiput. La grande aile pitale externe et de son sommet l’inion. L’inion est
du sphénoïde et l’occiput s’écartent l’un de l’autre facilement identifiable presque au milieu de l’écaille
d’un côté ; pour cela la grande aile se déplace vers (figure 2.26). Les lignes nuchales supérieures se pal-
l’avant et l’occiput vers l’arrière. De l’autre côté, pent de chaque côté de la protubérance occipitale
la grande aile et l’occiput se rapprochent l’un de externe. Des reliefs marqués manifestent une traction
l’autre. Cela produit un sidebending entre le sphé- importante des muscles qui s’insèrent sur l’écaille et
noïde et l’occiput au niveau de la SSB, avec comme du ligament nuchal qui s’insère sur la protubérance
résultat une convexité d’un côté et une concavité occipitale externe. L’inion est approximativement à
de l’autre. Le sidebending-rotation est nommé du hauteur de la protubérance occipitale interne et les
côté où la grande aile et l’occiput sont déplacés vers lignes nuchales supérieures à hauteur des insertions
le bas. Par exemple, dans un sidebending-rotation occipitales de la tente du cervelet.
gauche, la partie gauche du corps du sphénoïde et Par la palpation, appréciez la symétrie ou l’asy-
la grande aile gauche se déplacent vers le bas et vers métrie de l’écaille, sa convexité ou inversement
l’avant, alors que la partie gauche de l’occiput se la présence de méplats. Chez le jeune enfant, un
déplace vers le bas et vers l’arrière (figure 2.25). méplat unilatéral signale une plagiocéphalie [34].
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28 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 2. Os occipital 29
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30 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Puis visualisez les différentes articulations de l’oc- [8] Osborn AG, Brinton WR, Smith WH. Radiology of
ciput ; écoutez leur motilité inhérente. Existe-t-il the jugular tubercles. AJR Am J Roentgenol 1978 ;
131 : 1037–40.
des zones de dysfonction ? Visualisez tout d’abord [9] Mintelis A, Sameshima T, Bulsara KR, Gray L,
les condyles occipitaux sur les facettes de l’atlas Friedman AH, Fukushima T. Jugular tubercle :
et appréciez les mouvements de cet espace articu- Morphometric analysis and surgical significance.
laire. Les condyles occipitaux sont situés en avant J Neurosurg 2006 ; 105 : 753–7.
des masses latérales de l’occiput, et dans cette posi- [10] Olivier G. Biometry of the human occipital bone.
J Anat 1975 ; 120(Pt 3) : 507–18.
tion ils sont placés en avant des doigts. Visualisez [11] Rouvière H, Delmas A. Anatomie humaine. 15e éd.
ces condyles convexes et convergents vers l’avant. Paris : Masson ; 2002.
Normalement, ils peuvent se déplacer librement [12] Kadri PA, Al-Mefty O. Anatomy of the nuchal liga-
vers l’avant et vers l’arrière sur les facettes de l’at- ment and its surgical applications. Neurosurgery
las, et autorisent des mouvements de latéroflexion 2007 ; 61(5 Suppl 2) : 301–4 discussion 304.
[13] Mitchell BS, Humphreys BK, O’Sullivan E.
et de rotation. La plupart des sujets présentent Attachments of the ligamentum nuchae to cervical
une dysfonction occipito-atloïdienne qui doit être posterior spinal dura and the lateral part of the occi-
normalisée. Le plus souvent, nous trouvons une pital bone. J Manipulative Physiol Ther. 1998 ; 21 :
inclinaison occipitale plus facile d’un côté combi- 145–8.
née à une rotation du côté opposé. Le glissement [14] Singh M, Nagashima M, Inoue Y. Anatomical varia-
tions of occipital bone impressions for dural venous
latéral des condyles est du côté opposé à celui de sinuses around the torcular Herophili, with special
l’inclinaison. reference to the consideration of clinical signifi-
Visualisez la synchondrose sphéno-occipitale cance. Surg Radiol Anat 2004 ; 26 : 480–7.
(sphéno-basilaire), l’articulation entre le processus [15] Avci E, Kocaogullar Y, Fossett D, Caputy A. Lateral
posterior fossa venous sinus relationships to surface land-
jugulaire de l’os occipital et la facette jugulaire de marks. Surg Neurol 2003 ; 59 : 392–7 discussion 397.
l’os temporal, les sutures lambdoïde et occipitomas- [16] Adams WM, Jones RL, Chavda SV, Pahor AL. CT
toïdiennes. Définissez toute restriction de la moti- assessment of jugular foramen dominance and its
lité inhérente du MRP. Cette visualisation peut être association with hand preference. J Laryngol Otol
confirmée avec des tests de mobilité spécifiques à 1997 ; 111 : 290–2.
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Chapitre 3
Os sphénoïde
Corps
Petite aile
Petites ailes
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34 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Os frontal 4 3
7 1 2
Os ethmoïde 6
5
Os sphénoïde
Os temporal
Os pariétal
Os occipital
10
a
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Chapitre 3. Os sphénoïde 35
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36 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Sinus sphénoïdal
Par son ouverture sur la face antérieure du corps du
De part et d’autre de la crête sphénoïdale, la face sphénoïde, le sinus sphénoïdal se draine dans les cavités
antérieure forme une gouttière qui présente à sa nasales. Les sinusites sphénoïdales constituent 2,7 %
partie supérieure un orifice : l’ouverture du sinus de l’ensemble des sinusites et sont le plus souvent
sphénoïdal. Cette gouttière constitue de chaque révélées par des céphalées. Des irradiations pariétales,
côté la partie postérieure de la voûte de la cavité occipitales, cervicales et rétro-oculaires peuvent être
nasale ; dès lors le sinus sphénoïdal creusé dans présentes. Elles se distinguent par le risque de graves
l’épaisseur du sphénoïde s’ouvre dans la cavité complications infectieuses, neurologiques centrales et
ophtalmologiques du fait de la localisation profonde, au
nasale (figure 3.5).
centre de l’étage moyen de la base du crâne, du corps
Demi-cellules du sphénoïde [15].
Sinus sphénoïdal
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Chapitre 3. Os sphénoïde 37
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38 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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40 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 3. Os sphénoïde 41
temporale et infratemporale, la crête maxillaire les rond fait communiquer les espaces intracrâniens,
faces infratemporale et maxillaire et la crête orbi- en particulier la région latérosellaire, avec la fosse
taire les faces orbitaire et maxillaire. ptérygopalatine et donc les espaces profonds de
la face.
Face interne ou cérébrale (figure 3.12)
Foramen ovale
Elle est concave en haut et en arrière et forme une
Situé entre les racines moyenne et postérieure de
partie de la fosse crânienne moyenne. Diverses
la grande aile, à environ 1 cm en arrière du fora-
impressions répondent aux circonvolutions du
men rond, et beaucoup plus volumineux que lui,
lobe temporal du cerveau. Un sillon oblique en
il mesure entre 6 et 10 mm de diamètre. Il livre
haut et en dehors correspond à la branche anté-
passage au nerf mandibulaire (nerf maxillaire infé-
rieure de l’artère méningée moyenne.
rieur), troisième branche du nerf trijumeau (V3),
Dans sa partie médiale, la face interne (endocrâ- au rameau méningé accessoire de l’artère maxillaire
nienne) présente trois foramens qui sont d’avant interne (artère petite méningée) et à de petites
en arrière et de dedans en dehors les foramens veines émissaires.
rond, ovale et épineux. D’autres foramens sont
inconstants, ce sont les foramens pétreux (trou Foramen épineux
innominé d’Arnold) et veineux (trou de Vésale). Situé approximativement à 2 mm en arrière du
foramen ovale, il livre passage à l’artère ménin-
Foramen rond (grand rond)
gée moyenne et au rameau méningé du nerf
Situé entre les racines antérieure et moyenne de la mandibulaire.
grande aile, le foramen rond n’est pas comme son
nom l’indique un foramen mais plutôt un canal le Foramens pétreux et veineux
plus souvent dirigé antérolatéralement. Il mesure En arrière et en dedans du foramen ovale, le fora-
entre 2,1 et 10,8 mm de long, pour un diamè- men pétreux (trou innominé d’Arnold) contient
tre compris entre 0,8 et 4,4 mm [24] et donne le nerf petit pétreux qui se dirige vers le ganglion
passage au nerf maxillaire (nerf maxillaire supé- otique. En avant et en dedans du foramen ovale
rieur), seconde branche du nerf trijumeau (V2), se trouve le foramen veineux (trou de Vésale). Les
et à de petites veines émissaires. Son orifice anté- foramens pétreux et veineux sont inconstants.
rieur apparaît sur la face exocrânienne de la grande
aile au niveau de la face postérieure de la fosse
On retient que les nerfs ne traversent pas les os. Les
ptérygopalatine (fosse ptérygo-maxillaire). (Voir
nerfs et les structures vasculaires sont présents avant
chapitre 20, figure 20.25.) Dès lors, le foramen le début du développement squelettique, et le crâne
cartilagineux primordial se développe en les entourant.
Ainsi, lorsque les ailes du sphénoïde se rattachent au
corps, des structures canalaires s’organisent autour des
éléments vasculonerveux déjà en place.
De nombreuses variations existent dans la présentation
de ces foramens [25], par exemple le foramen ovale
peut être partiellement ouvert sur le foramen déchiré
1 [26]. Fréquemment, les foramens rond et ovale sont plus
étroits du côté droit du crâne que du côté gauche. Pour
3 certains auteurs, la névralgie du trijumeau résulte d’une
2 possible neuropathie par compression des branches
maxillaire et mandibulaire du nerf trijumeau lors de leur
passage dans les foramens rond et ovale. Dès lors, une
Fig. 3.12. Grandes ailes du sphénoïde : face interne. stimulation mécanique nocive aggrave le phénomène de
1. artère méningée moyenne ; compression lorsque le sujet mobilise la face, par exem-
2. foramen rond ; ple lorsqu’il boit, mange, se rase ou se lave [27].
3. foramen ovale.
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42 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Bord latéral (figures 3.15, 3.16) partie horizontale. Le bord latéral forme un
Le bord latéral ou bord squameux s’articule angle avec le bord postérieur de la grande aile
sur toute sa longueur avec l’écaille du tem- dont le sommet correspond à l’épine du sphé-
poral pour former la suture sphénosquameuse. noïde. Elle donne insertion au muscle tenseur
Concave en arrière, il est taillé en biseau aux du voile du palais et aux ligaments sphénoman-
dépens de la table externe dans sa partie ver- dibulaire (sphénomaxillaire) et ptérygo-épineux
ticale et aux dépens de la table interne dans sa (sphéno-épineux).
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Chapitre 3. Os sphénoïde 43
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44 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Lame médiale
du processus ptérygoïde
Grande aile de l’os sphénoïde
Lame latérale
du processus ptérygoïde
Hamulus ptérygoïdien
Fosse scaphoïde
Lame membranacée
de la partie cartilagineuse Partie pétreuse
de la trompe auditive de l’os temporal
Foramen ovale
Foramen épineux
Épine de l’os sphénoïde Ouverture de la partie osseuse
de la trompe auditive
Canal carotidien Processus styloïde
de l’os temporal
Fig. 3.17. Sphénoïde : face inférieure. La trompe auditive est sous la synchondrose sphénopétreuse.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
Lame médiale
sur l’épine ptérygoïdienne antérieure. Son bord
postérieur donne insertion au ligament ptérygo- Située dans un plan presque sagittal, elle est plus
épineux sur le processus ptérygo-épineux et sur étroite et plus longue que la lame latérale. Son
toute sa hauteur au bord antérieur du fascia extrémité supérieure se continue sur le corps du
interptérygoïdien. sphénoïde par une fine lamelle osseuse, le processus
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Chapitre 3. Os sphénoïde 45
Foramen ovale
Tenseur
du voile du palais
Chef supérieur
du muscle
ptérygoïdien
Élévateur
du voile du palais
Chef inférieur
du muscle ptérygoïdien
latéral (sectionné) Épine du sphénoïde
Lame latérale du
processus ptérygoïde
Ligament
sphénomandibulaire
Hamulus ptérygoïdien
Processus styloïde
Constricteur supérieur
Styloglosse
Fibres profondes
du muscle ptérygoïdien
médial
Canal mandibulaire
Fibres superficielles
du muscle
ptérygoïdien médial
Insertion du muscle ptérygoïdien
Raphé ptérygomandibulaire médial sur la face médiale
de la mandibule
Fig. 3.19. Processus ptérygoïdes : rapports musculaires.
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
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46 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 3. Os sphénoïde 47
• le nerf frontal, branche du nerf ophtalmique La lingula divise ce foramen en deux parties :
première branche du nerf trijumeau (V1) ; • une partie médiale entre le corps du sphénoïde
• le nerf lacrymal, également branche du nerf et la lingula où chemine la carotide interne qui
ophtalmique (V1). sort du canal carotidien intrapétreux, accompa-
Les structures qui pénètrent par la fissure orbitaire gnée de ses plexus veineux et sympathique ;
supérieure puis qui traversent l’anneau tendineux • une partie latérale en dehors de la lingula où
commun sont : passe le nerf du canal ptérygoïdien (nerf vidien)
• les deux branches supérieure et inférieure du et un rameau méningé de l’artère pharyngienne
nerf oculomoteur (III, nerf moteur oculaire ascendante.
commun) ;
• le VI ou nerf abducens (nerf moteur oculaire
externe) ;
Mouvement craniosacral
• le nerf nasociliaire (nerf nasal), branche du nerf
ophtalmique (V1) ; Flexion-extension crânienne
• la racine sympathique du ganglion ciliaire. L’os sphénoïde s’articule avec l’os occipital au niveau
de la synchondrose sphéno-occipitale (sphéno-basi-
Fissure orbitaire inférieure laire ou SSB). En tant qu’articulation de la base crâ-
nienne, la SSB présente normalement chez l’adulte,
Normalement fermée par le périoste orbitaire, un certain degré de flexion qui participe à l’ensem-
elle fait communiquer la cavité orbitaire avec la ble de la flexion de la base crânienne. L’angle entre
fosse ptérygopalatine. Dirigée obliquement en le corps de l’occiput et le corps du sphénoïde est
avant et en dehors, elle est comprise entre la face ouvert vers le bas, avec une légère convexité au
orbitaire de la grande aile de l’os sphénoïde en niveau de la partie endocrânienne de la SSB.
haut, la face orbitaire de l’os maxillaire en bas et
la face orbitaire de l’os zygomatique en dehors. À Pendant l’inspiration crânienne, le mouvement
l’union de son tiers antérieur et de ses deux tiers crânien consiste en une flexion crânienne où la
postérieurs, son bord antérieur est échancré par convexité de la SSB augmente. Lors de l’expiration
le sillon infraorbitaire creusé sur la face orbitaire crânienne, le mouvement crânien consiste en une
du maxillaire dans lequel chemine le nerf maxil- extension crânienne et la convexité de la SSB dimi-
laire (V2) (Voir Chapitre 20, figure 20.25). nue [34]. Les autres parties du crâne accompagnent
ce mouvement crânien de flexion et d’extension.
Pour appréhender les déplacements de l’os sphé-
En arrière de l’os maxillaire, dans la profondeur de la noïde et ses rapports au reste du crâne, une
partie médiale de la fissure orbitaire inférieure, le fora- connaissance de l’anatomie de cet os est indis-
men rond est visible sur la face maxillaire de la grande pensable. Trois parties distinctes forment le
aile du sphénoïde. Le nerf maxillaire (V2) passe dans sphénoïde à la naissance. Le corps et les petites
cet orifice du toit de la fosse ptérygopalatine et après
ailes constituent la partie centrale et, de chaque
un trajet en baïonnette dans l’arrière-fond de la fosse
côté, les parties latérales sont chacune formées
ptérygopalatine emprunte le canal infraorbitaire pour
déboucher à la face externe de l’os maxillaire. par l’association de la grande aile et du proces-
sus ptérygoïde. Typiquement, l’ossification des
synchondroses entre ces trois parties est terminée
entre la première et la deuxième année de la vie.
Foramen déchiré Toutefois, ces zones charnières conservent plus
Le foramen déchiré ou foramen lacerum (trou ou moins un certain degré de flexibilité. Dès lors,
déchiré antérieur) est situé entre la partie latérale le corps du sphénoïde se comporte comme une
du bord postérieur du corps sphénoïdal et l’extré- structure impaire, et les deux unités grande aile-
mité antérieure du rocher de l’os temporal. Il est ptérygoïde, comme des structures paires.
comblé par un tissu fibrocartilagineux, un reste du Le corps de l’os sphénoïde participe au mouve-
chondrocrâne primitif qui ne s’est jamais ossifié. ment de flexion-extension crânienne avec un axe
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48 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
de mouvement transversal horizontal localisé en Dans le plan coronal, les grandes ailes se dépla-
avant et en dessous de la selle turcique. Cet axe cent latéralement avec les parties squameuses des
est à hauteur de la ligne qui relie les deux points os temporaux. Les processus ptérygoïdes se dépla-
pivots sphénosquameux (SS) où les biseaux du cent aussi latéralement avec les os palatins.
bord latéral de la grande aile du sphénoïde chan- Dans le plan transversal, les faces temporales des
gent d’orientation. grandes ailes se déplacent vers l’avant et le dehors,
Pendant la flexion crânienne, la partie antérieure et les fosses temporales semblent comblées. De
du corps se déplace vers le bas, et le dos de la selle chaque côté, l’angle entre les faces orbitaire et
vers le haut, ce qui produit une rotation antérieure temporale des grandes ailes augmente. La fissure
du corps sphénoïdal dans le plan sagittal. Pendant orbitaire supérieure s’élargit.
l’extension crânienne, la partie antérieure du corps Pendant la rotation interne, le mouvement inverse
se déplace vers le haut, et le dos de la selle vers le se produit. Dans le plan sagittal, les grandes ailes
bas, réalisant une rotation postérieure du corps du sphénoïde se déplacent en rotation postérieure
dans le plan sagittal (figure 3.22). en suivant le corps du sphénoïde et les processus
De chaque côté, les parties latérales du sphénoïde ptérygoïdes se déplacent vers l’avant. Dans le plan
démontrent un mouvement plus complexe pen- coronal, les grandes ailes médialement avec les tem-
dant la rotation externe crânienne associée à la poraux, et les processus ptérygoïdes se déplacent se
flexion basilaire et pendant la rotation interne déplacent médialement avec les os palatins. Dans
associée à l’extension. Grossièrement, lorsque le le plan transversal, les faces temporales des grandes
sphénoïde est comparé à une chauve-souris ou à ailes se déplacent en arrière et en dedans, ce qui
un oiseau, les processus ptérygoïdes représentent creuse les fosses temporales, et l’angle entre les faces
les pattes de l’oiseau et les grandes ailes, les ailes de orbitaire et temporale des grandes ailes diminue. La
l’oiseau qui se déplient lorsqu’il prend son envol. fissure orbitaire supérieure diminue de largeur.
En fait, les mouvements de rotations externe et
interne crâniennes des parties latérales du sphé- Comme pour l’occiput, en plus des mouvements de
noïde résultent de la combinaison des déplace- flexion-extension crânienne décrits ci-dessus au niveau
ments dans les trois plans de l’espace. du corps, une expansion latérale est aussi possible. Le
Dans le plan sagittal, les grandes ailes se déplacent sphénoïde se développe à partir de 13 points d’ossifica-
en rotation antérieure en suivant le mouvement tion dont 12 sont pairs et dans le corps du sphénoïde les
sinus sphénoïdaux forment deux cavités séparées l’une
du corps du sphénoïde autour de l’axe reliant les
de l’autre par un mince septum. Les structures impai-
deux points pivots SS. Le mouvement est le plus
res sont souvent des structures paires et se comportent
important au niveau de l’épine du sphénoïde. comme telles avant leur ossification.
Dans le même temps, les processus ptérygoïdes se
déplacent vers l’arrière.
Torsion
Comme l’os occipital en plus des mouvements de
flexion-extension crânienne, l’os sphénoïde parti-
cipe aussi aux mouvements de torsion et de side-
bending-rotation de la SSB.
Pendant la torsion, le sphénoïde tourne autour de
l’axe reliant le nasion et l’opisthion, en direction
opposée à celle de l’occiput. Dès lors, lorsque le
corps du sphénoïde tourne autour de cet axe, un
côté est plus haut que l’autre. Une grande aile est
Fig. 3.22. Mouvement de l’os sphénoïde dans la flexion
crânienne.
déplacée vers le haut, pendant que la grande aile
D’après Sergueef N, Ostéopathie pédiatrique. de l’autre côté est déplacée vers le bas. Dans le
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Chapitre 3. Os sphénoïde 49
même temps, l’occiput tourne en direction oppo- et vers l’avant, alors que la partie latérale gauche
sée, se déplaçant vers le bas du côté de la grande de l’occiput se déplace vers le bas et vers l’arrière.
aile haute et vers le haut de l’autre côté. Normalement, ce mouvement existe symétri-
La torsion est nommée du côté où la grande aile quement avec les déplacements en sidebending-
du sphénoïde se déplace vers le haut. Par exemple, rotation droit et gauche démontrant les mêmes
dans la torsion droite, la partie latérale droite du quantité et qualité. Une différence signale la pré-
corps du sphénoïde et la grande aile droite se dépla- sence d’une dysfonction somatique crânienne.
cent vers le haut, alors que la partie latérale droite
de l’occiput se déplace vers le bas. Normalement,
ce mouvement existe symétriquement. Une dif- Palpation pour la structure
férence dans la qualité des mouvements perçus
entre les déplacements en torsion droite et gauche Au niveau de l’os sphénoïde, la palpation pour la
signale la présence d’une dysfonction somatique structure consiste en la palpation de la face latérale
crânienne. de la grande aile du sphénoïde, de l’extrémité cau-
dale de la lame latérale du processus ptérygoïde
et des muscles qui s’y insèrent. Ce sont les seules
Sidebending-rotation parties de l’os sphénoïde directement palpables.
Le sidebending-rotation de la SSB consiste en Tout d’abord, observez l’aspect de la fosse tem-
deux composantes de mouvement impliquant porale. Elle est constituée par cinq os : le frontal,
chacune des axes de mouvement différents. Le la grande aile du sphénoïde, le pariétal, la par-
sphénoïde et l’occiput tournent dans la même tie squameuse du temporal et le zygomatique.
direction autour d’un axe antéropostérieur reliant La face latérale de la grande aile du sphénoïde
le nasion et l’opisthion. Lorsque le corps du sphé- constitue le fond de cette fosse. Dans la flexion-
noïde tourne autour de cet axe, un côté est plus rotation externe crânienne la fosse temporale est
haut que l’autre et la grande aile du sphénoïde pleine ; elle est creusée dans l’extension-rotation
est déplacée vers le haut de ce côté, pendant que interne. Typiquement, dans un schéma de tor-
la grande aile de l’autre côté est déplacée vers le sion de la SSB, l’oreille est décollée du côté de la
bas. Dans le même temps, l’occiput tourne avec le fosse temporale haute, et une combinaison inverse
sphénoïde, se déplaçant vers le haut du côté de la s’observe de l’autre côté. En revanche, lorsque
grande aile haute et vers le bas de l’autre côté. l’oreille est décollée du côté de la fosse temporale
Simultanément autour de deux axes verticaux, basse, avec l’inverse de l’autre côté, un schéma de
un pour chaque os, l’occiput et le sphénoïde se sidebending-rotation de la SSB peut être présent
déplacent dans des directions opposées. L’axe du du côté de la fosse temporale basse.
sphénoïde passe par le centre de son corps et celui Demandez aussi au patient de fermer les yeux,
de l’occiput par le foramen magnum. Ainsi, une observez l’obliquité des lignes de cils. Souvent,
grande aile se déplace vers l’avant et de ce côté ces lignes reflètent de chaque côté la position de la
l’occiput se déplace vers l’arrière. Les deux os grande aile du sphénoïde.
s’écartent l’un de l’autre de ce côté et se rappro- Puis, avec le patient en position de décubitus dor-
chent l’un de l’autre du côté opposé. Cela produit sal, asseyez-vous à la tête du sujet. Placez la pulpe
un sidebending entre le sphénoïde et l’occiput au des index ou des médius de chaque côté au niveau
niveau de la SSB, avec comme résultat une conve- des fosses temporales. Appréciez la qualité des tis-
xité d’un côté et une concavité de l’autre. sus superficiels ; toute modification de la qualité de
Le sidebending-rotation est nommé du côté où la la texture tissulaire peut indiquer une dysfonction
grande aile et l’occiput sont déplacés vers le bas. somatique. Palpez le muscle temporal qui remplit
Par exemple, dans un sidebending-rotation gau- la fosse temporale. Promenez les doigts d’avant en
che, la partie latérale gauche du corps du sphénoïde arrière pour évaluer les faisceaux du muscle. Les
et la grande aile gauche se déplacent vers le bas différences entre le côté droit et le côté gauche
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50 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
reflètent souvent des dysfonctions orofaciales et Pour palper la lame latérale du processus ptéry
manducatrices. goïde de l’os sphénoïde insérez le cinquième doigt
Repérez la grande aile du sphénoïde attentive- d’une main gantée, entre la lèvre supérieure et la
ment. De chaque côté, placez la pulpe d’un index gencive du patient. Longez le bord alvéolaire du
ou d’un médius au niveau des fosses temporales. maxillaire en direction postérieure, puis remontez
Au travers des fibres du muscle temporal essayez légèrement sous le bord latéral de l’os maxillaire,
de différencier la grande aile de l’os sphénoïde, de déplacez le doigt postérieurement jusqu’à sentir le
l’écaille de l’os temporal, de la face temporale de processus ptérygoïde. Comparez avec l’autre côté
l’os frontal et de l’angle sphénoïdal de l’os pariétal. (figure 3.24). Pour palper l’hamulus du processus
Le sommet de la grande aile est la partie osseuse ptérygoïde de l’os sphénoïde, insérez le cinquième
la plus fine de la boîte crânienne, et normalement doigt d’une main gantée sur la surface palatine du
la grande aile peut être repérée à l’endroit où l’os bord alvéolaire de l’os maxillaire. Déplacez l’index
présente la plus grande flexibilité intra-osseuse. en arrière jusqu’à sentir l’hamulus (figure 3.25).
Ces deux dernières palpations doivent être réali-
Le plus souvent, le bord apical de la grande aile qui
sées avec beaucoup de prudence.
s’articule avec l’angle antéro-inférieur du pariétal
au niveau de la suture sphénopariétale est décrit
comme la ligne horizontale d’un H. Ce carrefour Palpation pour la fonction
définit le ptérion. Pour autant, de grandes varia-
tions existent dans la présentation de la suture La palpation pour la fonction de l’os sphénoïde
sphénopariétale (figure 3.14). Habituellement, le permet de définir l’existence de dysfonctions soma-
ptérion est repéré environ 3 à 4 cm en arrière du tiques. Les grandes ailes du sphénoïde sont direc-
processus zygomatique du frontal (figure 3.23). tement palpables, en revanche le corps et les petites
ailes du sphénoïde ne le sont pas. Une connais-
sance approfondie de l’anatomie de la région et
En pratique, il est conseillé de repérer suc-
cessivement les deux grandes ailes, car elles
ne sont pas forcément symétriques. L’erreur
fréquente consiste à trouver un côté, puis
à placer les doigts de la main opposée, à la
même hauteur, sur l’autre côté, sans palper
nécessairement l’os sphénoïde.
Fig. 3.23. Palpation de la grande aile de l’os sphénoïde. Fig. 3.24. Palpation de la lame latérale du processus ptérygoïde.
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Chapitre 3. Os sphénoïde 51
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Chapitre 4
Os ethmoïde
Lame perpendiculaire
Crista galli
4 Aile de la crista galli
1
3
Sillon
ethmoïdal
antérieur Cellules
2 ethmoïdales
Lame
criblée
Sillon
ethmoïdal
postérieur
5
Crête frontale
Crista galli Foramen cæcum
Foramens de la
Partie orbitaire lame criblée
de l’os frontal
Lame criblée
Fig. 4.3. Vue interne de la base crânienne : fosse antérieure. Le foramen cæcum (trou borgne) est situé en avant de la crista
galli.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
Lame perpendiculaire (figure 4.4) • un bord supérieur fixé sur la ligne médiane de la
face inférieure de la lame criblée, en continuité
Fixée sous la face inférieure de la lame criblée,
avec la crista galli ;
cette lame osseuse constitue la partie antéro-supé-
• un bord antéro-supérieur qui s’articule en haut
rieure du septum nasal et, comme la crista galli,
avec l’arête postérieure de l’épine nasale de l’os
elle est fréquemment déjetée d’un côté ou de
frontal et en bas avec l’arête d’union des deux
l’autre. Mince et aplatie, elle s’épaissit au niveau
os nasaux ;
de ses bords antérieur et supérieur, et de forme
• un bord antéro-inférieur oblique en bas et en
pentagonale elle présente cinq bords :
arrière, qui s’unit au bord postérieur du car-
tilage septal ;
• un bord postérieur presque vertical, qui s’arti-
Épine nasale de l’os frontal
cule avec la crête sphénoïdale (crête sphénoïdale
Lame perpendiculaire de l’os ethmoïde antérieure) ;
• un bord postéro-inférieur oblique en bas et en
Os nasal Sinus sphénoïdal avant, qui s’articule dans le sillon des trois
Fosse hypophysaire
(ou pituitaire) quarts supérieurs du bord supérieur du vomer.
Cartilage Les deux faces de la lame perpendiculaire sont
septal
recouvertes par la muqueuse olfactive. Dans leur
partie supérieure, l’empreinte de sillons vasculo-
nerveux est bien visible.
Crista galli
Labyrinthe
ethmoïdal
Fig. 4.9. L’os ethmoïde : face postérieure.
Crista galli 5 6 1
Aile
4 F
de la crista galli
3
Cellules Lame
aériennes orbitale S E
ethmoïdales
antérieures P
L N
M
Cornet
moyen 2
Lame
perpendiculaire Processus unciné
Fig. 4.12. L’os ethmoïde : face latérale, vue orbitaire.
Fig. 4.10. L’os ethmoïde : face latérale. E. os ethmoïde ; F. os frontal ; S. os sphénoïde ; M. os
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy. maxillaire ; P. os palatin ; N. os nasal ; L. os lacrymal.
1. suture ethmoïdofrontale ; 2. suture ethmoïdomaxil-
laire ; 3. suture ethmoïdolacrymale ; 4. suture sphéno
ethmoïdolale ; 5. foramen ethmoïdal postérieur ;
6. foramen ethmoïdal antérieur.
D’après Olver J, Colour Atlas of Lacrimal Surgery.
Fig. 4.11. L’os ethmoïde : face latérale. Face médiale (figures 4.13 et 4.14)
La face médiale ou face nasale du labyrinthe eth-
planum) qui lui est parfois attribué. Sa surface lisse, moïdal constitue la plus grande partie de la face
légèrement convexe, forme la plus grande partie de la latérale de la cavité nasale ipsilatérale. En raison de
face médiale de l’orbite. Elle présente quatre bords : la présence des cornets nasaux ethmoïdaux supé-
• le bord supérieur s’articule avec l’os frontal rieur et moyen cette face est parfois nommée lame
au niveau de la suture ethmoïdofrontale. Deux des cornets. De structure complexe, elle peut être
petites échancrures constituent avec les échan- divisée en deux parties :
crures correspondantes de l’os frontal les fora- • au-dessus du cornet nasal supérieur, une sur-
mens ethmoïdaux antérieur et postérieur : ce face rugueuse où le nerf olfactif (I) creuse de
sont les orifices des canaux ethmoïdaux déjà nombreux sillons verticaux. Ils proviennent de
décrits ; la muqueuse ethmoïdale et se dirigent vers les
• le bord inférieur répond sur presque toute son orifices de la lame criblée ;
étendue au bord médial de la face orbitaire • au-dessous de cette surface, deux lamelles sont
du maxillaire, au niveau de la suture ethmoïdo- recourbées sur elles-mêmes en forme de cornet :
maxillaire. En arrière, ce bord s’articule avec le ce sont les cornets nasaux supérieur et moyen.
60 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Os lacrymal
Os frontal
Lame criblée
Cornet supérieur
Sinus frontal Récessus sphéno-ethmoïdal
Cornet moyen
Os nasal
Partie basilaire
de l’os occipital
Foramen sphénopalatin
Lames médiale et latérale du processus ptérygoïde
de l’os sphénoïde
Hamulus ptérygoïdien de l’os sphénoïde
Lame perpendiculaire de l’os palatin
Processus unciné
de l’os ethmoïde
Sinus frontal
Cornet supérieur
Sinus sphénoïdal
Os nasal
Récessus
sphéno-ethmoïdal Cornet moyen
Méat nasal Os lacrymal
supérieur Face médiale
du maxillaire
Hiatus semilunaire
Foramen
sphénopalatin
abouchent. C’est aussi là que s’ouvrent les sinus au-dessous de l’insertion de la partie moyenne
sphénoïdaux. du cornet nasal moyen. En fait, c’est l’expansion
Le méat moyen est localisé sous le cornet moyen. Dans d’une cellule ethmoïdale moyenne et sa taille peut
ce méat, s’abouchent le canal nasofrontal, les cellules varier. À sa partie inférieure, la bulle est séparée
ethmoïdales antérieures et le sinus maxillaire. du processus unciné par une gouttière antéro-
postérieure, le hiatus semilunaire (gouttière
Le méat inférieur situé sous le cornet inférieur
uncibullaire) qui débouche latéralement sur l’in-
draine la voie lacrymale.
fundibulum ethmoïdal. Cet entonnoir draine les
Sur la face médiale du labyrinthe, au-dessous de cellules ethmoïdales antérieures et, pour au moins
la ligne d’insertion des cornets, se trouvent les 50 % des individus, il fait communiquer directe-
ostiums des cellules ethmoïdales. Ces orifices laissent ment les sinus frontaux avec le méat nasal moyen
communiquer les cellules ethmoïdales et les méats [15]. Dans les autres cas, le sinus frontal se vide
nasaux et de la sorte les cellules ethmoïdales avec plus médialement directement dans la partie anté-
la cavité nasale. rieure du méat nasal moyen.
Agger nasi
L’agger nasi est une proéminence située sur la Cellules ethmoïdales
paroi latérale de la cavité nasale, à hauteur de la
partie supérieure de la face médiale du labyrinthe Seuls les humains, les chimpanzés et peut-être
ethmoïdal, entre le méat nasal moyen et la face les orangs-outans présentent une pneumatisation
médiale du processus frontal du maxillaire. Elle est de l’ethmoïde avec création d’un sinus ethmoïdal.
constituée par la muqueuse qui recouvre la crête Le bipédisme et le déplacement antérieur de l’os
ethmoïdale (crête turbinale supérieure) du maxil- ethmoïde, qui va de pair, pourraient en être la
laire où s’articule le cornet nasal moyen [15]. cause [8].
En fait, c’est dès le 6e mois de la vie intra-utérine
Bulle ethmoïdale (figure 4.15) que les cellules ethmoïdales commencent la pneu-
La bulle ethmoïdale est une saillie arrondie située matisation des labyrinthes ethmoïdaux. Alors sous
sur la face médiale du labyrinthe ethmoïdal forme de petits diverticules, elles s’arrondissent à
Cavité crânienne
Lame orbitaire
Lame criblée Crista galli
de l’os frontal
Orbite Orbite
Cellules ethmoïdales
Lame orbitaire moyennes
du labyrinthe ethmoïdal
Bulle ethmoïdale
Lame perpendiculaire
Cornet nasal moyen
Cavités nasales
Sinus
maxillaire Sinus
maxillaire
Processus unciné
la naissance avec un diamètre de 2 à 5 mm. De l’exception de la zone olfactive, recouverte par l’épi-
dimension, de forme et de nombre très variables, thélium olfactif. La physiologie normale des sinus
entre 7 et 10 de chaque côté [16], c’est vers la paranasaux repose sur les fonctions de ventilation
puberté que se termine leur développement. et de drainage. Cela suppose des ostiums sinusaux
Typiquement, elles ont alors des formes ovalaires libres et une muqueuse saine, qui sécrète un mucus
ou polygonales et peuvent être incomplètement de qualité satisfaisante et qui démontre une fonction
divisées par de fines lamelles osseuses. de balayage mucociliaire adaptée. La fréquence du
Dans chaque labyrinthe, trois à cinq cellules eth- battement des cils respiratoires est d’environ 1 000
moïdales sont alignées les unes derrière les autres par minute [18]. Dès lors, un mouvement constant
sur deux ou trois étages. Leur partie inférieure du mucus propulse les sécrétions vers l’arrière, en
répond aux méats de la cavité nasale et un ostium direction du nasopharynx. De multiples influences,
de 2 à 5 mm permet leur drainage. Habituellement, telles que, l’hypoxie, les changements de tempéra-
ces cellules sont disposées en deux séries bien dis- ture, la déshydratation, les infections, les irritants
tinctes l’une de l’autre par la racine cloisonnante environnementaux et les allergènes peuvent res-
du cornet nasal moyen. Ce sont les cellules eth- treindre cette fonction, avec stase et accumulation
moïdales antérieures, en plus grand nombre qui de sécrétions dans les cavités nasales. Une dysfonc-
s’ouvrent dans le méat nasal moyen par l’infun- tion somatique de l’os ethmoïde et la perte de sa
dibulum, et les cellules ethmoïdales postérieures qui motilité inhérente favorise la stase mucociliaire. Une
s’ouvrent directement dans le méat nasal supé- dysfonction du système nerveux autonome contri-
rieur et suprême. Les cellules ethmoïdales les plus bue aussi aux troubles de la fonction mucociliaire.
postérieures sont appelées cellules d’Onodi et, par Dans ce cas, la normalisation du viscérocrâne et des
leur partie latérale, elles sont en rapport avec le structures en rapport avec l’innervation autonomi-
nerf optique. Ainsi, la transmission des variations que de la muqueuse des voies respiratoires supérieu-
de pression intrasinusienne peut exposer le nerf res, en particulier la colonne cervicale et thoracique
optique au risque d’ischémie nerveuse [17]. supérieure, doit être envisagée.
Alors que certaines cellules restent ethmoïda-
les, d’autres se prolongent dans les os adjacents
et forment ainsi des cellules ethmoïdofrontales, Mouvement craniosacral
ethmoïdosphénoïdales, ethmoïdomaxillaires, eth-
moïdolacrymales et ethmoïdopalatines. Comme toutes les structures crâniennes, l’os eth-
moïde participe au mouvement de flexion-exten-
sion du mécanisme respiratoire primaire. C’est un
Parce que l’ostium des cellules ethmoïdales os médian ; toutefois, il présente une partie médiale,
est situé au niveau de leur base, pour profiter la lame verticale et deux parties latérales, les laby-
de la gravité, le drainage des cellules ethmoï- rinthes ethmoïdaux. Dès lors, comme nous l’avons
dales comme celui du sinus frontal est plus proposé pour l’os sphénoïde, la partie médiale se
efficace dans la position assise.
comporte comme une structure impaire qui se
déplace dans un mouvement de flexion-extension
et les parties latérales comme des structures paires
Le sinus de l’os ethmoïde est phylogénétique-
qui se déplacent dans un mouvement de rotation
ment, embryologiquement, anatomiquement, et
externe ou de rotation interne.
fonctionnellement complètement différent des
autres sinus paranasaux, car chez l’être humain, de
par sa position centrale il contrôle la ventilation et Flexion-extension
le drainage de tous les autres sinus [8]. L’absence
de dysfonction à son niveau est essentielle.
crânienne (figure 4.16)
La totalité de la surface nasale de l’os ethmoïde est Le mouvement de flexion-extension crânienne
recouverte par une muqueuse de type respiratoire à de la partie médiale de l’os ethmoïde se produit
64 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Pour la palpation pour la fonction, des positions [9] Sergueef N. Ostéopathie pédiatrique. Paris :
alternatives sont possibles. Par exemple, en restant Elsevier ; 2007. p. 38.
[10] Sutherland WG. Teachings in the science of
sur le côté du sujet placez l’extrémité des index et Osteopathy. Fort Worth, TX : Sutherland Cranial
des médius de la main caudale sur l’arête du nez. Teaching Foundation, Inc. ; 1991. p. 82.
Visualisez l’ethmoïde en arrière du cartilage nasal. [11] Speransky AD. A Basis for the Theory of Medicine.
En restant à la tête du sujet, vous pouvez aussi New York, NY : International Publishers ; 1943.
p. 111.
placer la pulpe des index très délicatement et le [12] Johnston M, Zakharov A, Papaiconomou C,
plus postérieurement possible sur les processus Salmasi G, Armstrong D. Evidence of connec-
frontaux des os maxillaire. Cette prise facilite la tions between cerebrospinal fluid and nasal lym-
perception du mouvement des labyrinthes. phatic vessels in humans, non-human primates
and other mammalian species. Cerebrospinal Fluid
Res 2004 ; 10 ; 1: 2.
[13] Walter BA, Valera VA, Takahashi S, Matsuno K,
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rôle morphogénétique sur la face humaine en crois- basis of clinical practice. 39th ed. Edinburgh :
sance. Applications. Rev Stomatol Chir Maxillofac Churchill Livingstone ; 2004.
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Chapitre 5
Os frontal
Os impair, l’os frontal est l’os le plus antérieur du limite entre les deux faces. Deux cavités sont conte-
neurocrâne. Il forme le front, le bord et le toit nues dans l’os frontal, ce sont les sinus frontaux.
des cavités orbitaires. Il consiste en deux parties,
verticale et horizontale, séparées l’une de l’autre
par le bord antérieur de l’os frontal (crête orbi- Face exocrânienne
tonasale). La partie verticale appartient à la voûte
Deux parties constituent la face exocrânienne : ce
crânienne dont elle constitue la partie la plus anté-
sont l’écaille et la partie orbitonasale. Elles sont
rieure, c’est l’écaille frontale ; l’autre partie, hori-
séparées par la crête orbitonasale.
zontale, appartient à la base crânienne dont elle
forme la partie la plus antérieure, c’est la partie
Écaille (figures 5.2 et 5.3)
orbitonasale.
Totalement sous-cutanée et palpable, cette partie
du frontal forme le front ou écaille frontale. C’est la
Ostéogenèse partie la plus antérieure de la calvaria. Convexe, et
normalement plus large que haute, l’écaille présente
de chaque côté, une bosse frontale située à l’empla-
À part l’épine nasale d’origine cartilagineuse,
cement des centres d’ossification de l’os frontal.
l’os frontal d’origine membraneuse se développe
à partir de deux centres d’ossification, un à cha- Sur la ligne médiane, au-dessus du bord nasal, les
que emplacement des futures bosses frontales. vestiges de la suture frontale ou suture métopique
Ces centres apparaissent dans le mésenchyme
embryonnaire vers la 8e semaine de gestation. Fontanelle antérieure
Description
Classiquement, on décrit deux faces à l’os frontal, Tubérosité frontale
une face exocrânienne et une face endocrânienne Fig. 5.1. Os frontal à la naissance : vue antérieure.
ou face cérébrale. Le bord circonférentiel marque la D’après Standring S, Gray’s Anatomy, 39th edition.
5 7
1 2 6
3 5 8
1 4
2 Fig. 5.3. Os frontal : écaille.
1. pilier latéral ;
Fig. 5.2. Os frontal : écaille. 2. pilier médial ;
1. bosse frontale ; 3. ligne temporale ;
2. nasion ; 4. stéphanion ;
3. glabelle ; 5. ligne courbe inférieure ;
4. ophryon ; 6. bord nasal ;
5. arcade sourcilière. 7. épine nasale ;
8. incisure supraorbitaire.
peuvent être présents. Chez le nouveau-né, cette Environ 1 cm au-dessus du bord nasal, une émi-
suture partage le frontal en deux moitiés qui se nence est bien palpable sur la ligne médiane, c’est
comportent alors comme des os pairs. Dès l’âge la glabelle ou zone glabre entre les sourcils. Juste
de 3 mois, des signes de fusion de la suture méto- au-dessus de la glabelle, toujours sur la ligne
pique peuvent apparaître [3]. L’âge de son ossifi- médiane se trouve l’ophryon.
cation varie selon les individus et selon les auteurs, Latéralement, de part et d’autre de la ligne
avec une fourchette d’âge comprise entre 2 ans [4] médiane et au-dessus des sourcils, les arcades
et 8 ans [5]. Pour autant, cette ossification peut sourcilières dessinent un relief normalement plus
être incomplète et parfois chez l’adulte quelques marqué chez l’homme que chez la femme [7].
vestiges de suture sont toujours présents sur quel- Cette différence résulterait de l’action des muscles
ques millimètres au-dessus du nasion. En fait, chez faciaux et masticateurs [8].
9 % des adultes, cette suture n’est pas ossifiée [5].
Au-dessus du processus zygomatique du frontal,
une crête à concavité postérieure, la ligne tem-
porale (ligne courbe supérieure) de l’os frontal
Une ossification prématurée ou synostose de la suture monte jusqu’au bord antérieur de l’os pariétal vers
métopique existe dans environ 7 % des cas de cranio- le stéphanion, i.e. à la jonction du tiers latéral et
synostoses. Plus souvent présente chez les garçons que
des deux tiers médiaux de la suture coronale. Elle
chez les filles, son phénotype couvre un large spectre,
se prolonge sur l’os pariétal avec la ligne tempo-
depuis la simple proéminence de la suture métopique
jusqu’aux sévères trigonocéphalies où l’avant du crâne rale supérieure. La ligne temporale de l’os frontal
de forme triangulaire présente un risque de compres- constitue la partie antérieure de la ligne temporale
sion pour les hémisphères cérébraux. Fréquemment, on supérieure et donne insertion au fascia temporal.
observe un hypotélorbitisme (rapprochement anormal Au-dessous de la ligne temporale, l’écaille frontale
des yeux) et parfois l’association d’une synostose inter- est légèrement aplatie et de forme grossièrement
nasale et intermaxillaire. Les synostoses de la suture triangulaire ; c’est la face temporale de l’os frontal
métopique peuvent exister isolément ou faire partie de qui constitue la partie la plus antérieure de la fosse
syndromes impliquant aussi les structures prosencépha-
temporale. Une deuxième ligne courbe, la ligne
liques et rhinencéphaliques [6].
courbe inférieure, part du processus zygomatique
Chapitre 5. Os frontal 71
Droit médial
Droit supérieur
Droit latéral
Os zygomatique Os lacrymal
Fig. 5.5. Os frontal. La trochlée du muscle oblique supé- Fissure orbitaire inférieure Os palatin
rieur de l’œil est située en dessous et en arrière du bord Os maxillaire
orbitaire de l’os frontal.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1 edition.
st
Fig. 5.6. Os frontal : pilier médial.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
Crête frontale
Crista galli Foramen cæcum
Foramens de la
Partie orbitaire lame criblée
de l’os frontal
Lame criblée
Bord circonférentiel
Le bord circonférentiel consiste en deux parties,
supérieure ou demi-circulaire, qui correspond à Fig. 5.9. Les surfaces sphénofrontales de l’os frontal.
l’écaille du frontal, et inférieure ou horizontale en ¢ côté latéral du triangle articulaire de la suture sphé-
rapport avec la partie orbitonasale. nofrontale latérale (frontosphénoïdale) ;
¢ côté médial du triangle articulaire de la suture sphé-
nofrontale latérale (frontosphénoïdale) ;
Bord de l’écaille ¢ base du triangle articulaire de la suture sphénofron-
tale latérale (frontosphénoïdale ;
Le bord de l’écaille est palpable sur sa plus grande ¢ bord orbitonasal articulaire avec la petite aile pour
partie. Il consiste en trois parties, le bord pariétal former la suture sphénofrontale médiale ou suture
au centre et un bord sphénoïdal de chaque côté. orbito-sphéno-frontale.
Bord orbitonasal
Le bord orbitonasal n’est pas palpable. Il repré-
sente la limite postérieure de la partie orbitona-
sale. De part et d’autre de l’incisure ethmoïdale, Sinus
le bord orbitonasal se dirige obliquement en avant frontaux
et toujours soumise à la poussée du mésethmoïde, peut conserver, plus ou moins, selon les individus,
se détache de la table interne. Ce clivage entre les un certain degré de compliance intraosseuse qui se
tables interne et externe de l’os frontal correspond manifeste par des mouvements de rotation externe
à l’emplacement du sinus frontal [18]. et des mouvements de rotation interne.
De forme très variable, les sinus frontaux présen- Classiquement, dans le modèle proposé par
tent une hauteur d’environ 2 à 3 cm pour une Sutherland, un axe de mouvement relie grossiè-
profondeur de 1 à 2 cm. Ils peuvent se continuer rement un point situé au centre de chaque face
en direction des processus zygomatiques, et de la orbitaire à la bosse frontale ipsilatérale de l’écaille.
voûte orbitaire. Chaque sinus frontal communi- Chaque moitié du frontal tourne autour de ces
que avec la cavité nasale et se draine dans le méat deux axes, et le mouvement de rotation externe
moyen. L’ouverture du sinus frontal (canal fron- est associé à l’effacement de la suture métopique
tonasal) a parfois la forme d’un canal en forme et au déplacement vers l’avant des processus zygo-
d’entonnoir de 1,5 à 2 cm de hauteur qui consti- matiques. Les déplacements opposés sont décrits
tue la portion intra-ethmoïdale du frontal : c’est dans la rotation interne.
l’infundibulum ethmoïdal. En fait, la description du mouvement autour
L’innervation des sinus frontaux provient de la bran- d’un axe est un modèle mécanique excessivement
che frontale du nerf ophtalmique (V1). Une de ses simplifié où les mouvements ne se produisent
branches terminales, le nerf supraorbitaire (frontal que dans un seul plan de l’espace. En revanche,
externe) émerge au niveau du foramen ou de l’in- la description du mouvement autour d’un point,
cisure supraorbitaire. Il constitue un point réflexe qui devient le centre du mouvement est plus satis-
important dans les sinusites et leur traitement par faisante. Dans ce cas, ce point peut être le centre
une approche manuelle, telle la stimulation du nerf d’ossification à partir duquel se développe chaque
trijumeau proposée par Bailey en 1922 [19, 20]. moitié du frontal. Dès lors, le mouvement com-
plexe de l’os frontal peut être décrit par rapport
Parce que l’ostium du sinus frontal est situé aux trois plans de l’espace :
au niveau de sa base, pour profiter de la gra- • dans le plan sagittal, l’os frontal démon-
vité, le drainage du sinus frontal est plus effi- tre une rotation antérieure ou une rotation
cace dans la position assise. postérieure ;
• dans le plan coronal, l’ensemble du frontal se
déplace caudalement mais à un plus grand degré
Mouvement craniosacral au niveau de la partie médiale que de la partie
latérale ou inversement l’ensemble du frontal se
Embryologiquement, l’os frontal consiste en déplace céphaliquement mais à un plus grand
deux parties qui, à la naissance, sont séparées par degré au niveau de la partie médiale que de la
la suture métopique au niveau de l’écaille de l’os partie latérale ;
frontal. Pour cette raison, l’os frontal est considéré • dans le plan transversal, la suture métopique
comme un os pair dans le concept crânien. On lui s’efface quand les processus zygomatiques du
décrit donc des mouvements de rotation externe frontal se déplacent vers l’avant ou inversement
pendant l’inspiration crânienne associée à la flexion la suture métopique avance quand les processus
de la synchondrose sphénobasilaire (SSB), et des zygomatiques reculent.
mouvements de rotation interne pendant l’expira- Ainsi, dans le mouvement de rotation externe qui
tion crânienne associée à l’extension de la SSB. résulte de la combinaison des mouvements dans
les trois plans de l’espace, la suture métopique se
Flexion-extension crânienne déplace vers l’arrière quand les processus zygo-
matiques du frontal se déplacent vers l’avant et le
Après l’ossification de la suture métopique qui sur- dehors. Les bosses frontales s’effacent, le bregma
vient le plus souvent entre 6 et 8 ans, l’os frontal se déplace vers l’arrière et vers le bas, le bord
Chapitre 5. Os frontal 77
postérieur des parties orbitonasales descend en crânienne associée à la flexion de la SSB ou d’ex-
même temps que l’incisure ethmoïdale s’élargit. piration crânienne associée à l’extension de la
Dans la rotation interne, les déplacements opposés SSB. Le crâne est une structure où les pièces sont
se produisent, la suture métopique avance quand articulées selon des rapports complexes et tout
les processus zygomatiques se déplacent vers l’ar- mouvement comme la torsion ou le sidebending-
rière et le dedans. Les bosses frontales sont plus rotation de la SSB nécessite la prise en compte
proéminentes, le bregma se déplace vers l’avant et d’un certain degré de flexibilité des structures
le haut, le bord postérieur des parties orbitonasa- osseuses crâniennes.
les monte en même temps que l’incisure ethmoï- Dans le mouvement de torsion, le frontal démon-
dale diminue de largeur. tre des mouvements comparables à ceux de rota-
tion externe et de rotation interne. Du côté de
la torsion, le processus zygomatique du frontal se
Torsion déplace latéralement et la bosse frontale s’efface.
Avec le sphénoïde et les autres os qui constituent
Comme toute structure paire, en plus des mou- la cavité orbitaire, l’os frontal contribue à l’ap-
vements de rotation externe crânienne décrits parence plus large de cette cavité. La moitié de
pendant la phase d’inspiration crânienne, ou de l’incisure ethmoïdale située du côté de la torsion
rotation interne pendant l’expiration crânienne, s’élargit, ce qui participe au mouvement global
l’os frontal participe aux mouvements de torsion des os de la face, en rotation externe du côté de
et de sidebending-rotation de la synchondrose la torsion. La respiration nasale est plus facile de
sphénobasilaire. côté.
L’os frontal s’articule avec le sphénoïde au niveau Du côté opposé à la torsion, le frontal démontre
des sutures sphénofrontale latérale et orbito- un mouvement comparable à la rotation interne,
sphéno-frontale, mais ne présente aucune arti- et les déplacements contraires se produisent. Le
culation avec l’os occipital. Il subit donc plus processus zygomatique se déplace médialement, la
directement l’influence de l’os sphénoïde que celle bosse frontale est plus proéminente, la cavité orbi-
de l’os occipital. Dans la torsion, le sphénoïde et taire semble plus étroite et la moitié de l’incisure
l’occiput tournent en directions contraires autour ethmoïdale située de ce côté diminue de largeur.
d’un axe antéropostérieur qui relie le nasion à Ce mouvement s’associe au mouvement global
l’opisthion. Lorsque le sphénoïde tourne autour des os de la face, dans le sens de la rotation interne
de cet axe, un côté est plus haut que l’autre et la du côté opposé à la torsion. La respiration nasale
grande aile se déplace vers le haut de ce côté, pen- est plus difficile de côté.
dant que la grande aile controlatérale se déplace
vers le bas. Dans le même temps, l’occiput tourne
en sens contraire et se déplace vers le bas du côté Sidebending-rotation
de la grande aile haute et vers le haut de l’autre Deux composantes de mouvement sont présentes
côté. La torsion est nommée du côté où la grande dans le sidebending-rotation de la SSB, avec pour
aile du sphénoïde se déplace vers le haut et, en chacune d’elles des axes de mouvement différents.
l’absence de dysfonction somatique crânienne, L’occiput et le sphénoïde tournent dans la même
les mouvements de torsion droite et de torsion direction autour de l’axe antéropostérieur qui relie
gauche sont possibles avec la même quantité et la le nasion et l’opisthion et lorsque le sphénoïde
même qualité de déplacement. tourne autour de cet axe, un côté est plus haut
Pendant les mouvements de torsion et de side- que l’autre et la grande aile se déplace vers le haut
bending rotation, les déplacements du fron- de ce côté, pendant que la grande aile de l’autre
tal sont comparables mais non identiques aux côté se déplace vers le bas. L’occiput tourne du
mouvements de rotation externe ou de rotation même côté que le sphénoïde. Simultanément,
interne décrits pendant les phases d’inspiration autour de deux axes verticaux, l’occiput et le
78 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
sphénoïde tournent en direction opposée et d’un chaque moitié de l’écaille frontale. Recherchez la
côté la grande aile du sphénoïde se déplace vers suture métopique sur la ligne médiane ou ses ves-
l’avant quand l’occiput se déplace vers l’arrière, tiges si le sujet est adulte, puis sur les côtés palpez
alors que de l’autre côté, la grande aile et l’occiput les processus zygomatiques. Un schéma associé
se rapprochent l’un de l’autre. Le sidebending qui à la flexion-rotation externe est présent lorsque
en résulte entre le sphénoïde et l’occiput au niveau la(les) bosse(s) frontale(s) est(sont) effacée(s),
de la SSB, produit une convexité d’un côté et une l’écaille plus aplatie, la suture métopique estom-
concavité de l’autre. Le sidebending-rotation est pée et le(les) processus zygomatique(s) plus
nommé du côté où la grande aile et l’occiput sont latéral(aux). Dans l’extension-rotation interne, les
déplacés vers le bas. déplacements inverses sont palpés.
L’os frontal suit les déplacements de l’os sphénoïde Postérieurement, le bord pariétal de l’os frontal
et démontre un mouvement comparable à la rota- s’articule avec les deux os pariétaux au niveau de
tion interne du côté du sidebending-rotation et un la suture coronale. De chaque côté du bregma le
mouvement comparable à la rotation externe du bord pariétal est taillé en biseau aux dépens de la
côté opposé. Toutefois, on se souviendra que pen- table interne de l’os frontal et recouvre l’os pariétal.
dant les mouvements de sidebending-rotation, les Au niveau du stéphanion, les biseaux s’inversent,
déplacements du frontal ne sont pas exactement le bord pariétal de l’os frontal est taillé en biseau
identiques aux mouvements de rotation externe aux dépens de la table externe, et il est recouvert
ou de rotation interne décrits pendant les phases par le pariétal. Le stéphanion est situé à la réunion
d’inspiration ou d’expiration crâniennes. de la ligne temporale de l’os frontal avec la suture
coronale. Notez que le stéphanion correspond à la
ligne d’insertion du fascia temporal.
Palpation pour la structure Essayez de repérez la suture coronale et le bregma
en son centre, souvent reconnaissable par une
La palpation pour la structure consiste en la palpa- légère dépression. Chez l’enfant, la suture coronale
tion de l’écaille et de la crête orbitonasale de l’os peut être le siège de chevauchement des os.
frontal. La partie orbitonasale n’est pas palpable. Placez la pulpe des index ou des médius en arrière
Normalement, la palpation pour la structure des processus zygomatiques du frontal, au niveau
confirme les informations obtenues par l’obser- de la face temporale de l’os qui forme la partie la
vation. L’écaille du frontal est sous-cutanée et plus antérieure de la fosse temporale. Cette surface
palpable à travers les fibres du muscle occipito ainsi que la face postérieure du processus zygomati-
frontal. Ce muscle s’insère par un ventre occi- que donne insertion au muscle temporal, plus spé-
pital au-dessus de la ligne nuchale supérieure et cifiquement aux fibres les plus verticales du muscle
sur la face externe des processus mastoïdes, puis temporal, fortement impliquées dans la mastication.
il se continue en avant par la galéa aponévrotique Existe-t-il une différence entre les deux côtés ? Le
(aponévrose épicrânienne), et par le ventre fron- cas échéant, considérez l’éventualité d’une masti
tal du muscle qui se termine au niveau du derme cation unilatérale pour expliquer cette asymétrie.
supraorbitaire. C’est le muscle qui mobilise le cuir Recherchez l’emplacement de la glabelle, environ
chevelu et élève les sourcils. Veillez donc à installer 1 cm au-dessus du bord nasal de l’os frontal, puis
le sujet en position de confort, pour relâcher ce au-dessus définissez la situation de l’ophryon.
muscle et faciliter la palpation. Comparez la densité intraosseuse de ces deux
Palpez tout d’abord les reliefs de l’écaille qui est points. Normalement, cette densité est moindre
globalement convexe et notez les différences entre au niveau de l’ophryon. Visualisez la faux du cer-
les deux côtés. L’écaille est-elle plus antérieure veau qui s’insère sur la face endocrânienne de la
d’un côté que de l’autre ? Existe-t-il une différence suture métopique. À partir de la glabelle, dépla-
dans la convexité ? De chaque côté, recherchez cez les index ou les médius de part et d’autre de
les bosses frontales situées presque au centre de la ligne médiane, au-dessus des sourcils et palpez
Chapitre 5. Os frontal 79
les arcades sourcilières. Elles sont plus horizonta- par la palpation pour la fonction pour identifier
les et semblent longues dans le mouvement de la une dysfonction somatique. Dans tous les cas, la
flexion-rotation externe ; inversement elles sont connaissance anatomique permet une analyse des
plus convexes et semblent moins longues dans le informations perçues. La palpation pour la fonc-
mouvement d’extension-rotation interne. Notez tion de l’os frontal consiste en tests de mobilité,
que le tracé des sourcils du sujet, s’ils ne sont pas parmi lesquels les tests d’écoute sont privilégiés.
épilés, suit cette forme. Procédez tout d’abord à une écoute globale de
Puis palpez la crête orbitonasale. Comparez les l’os frontal. Le sujet est en position de décubi-
deux côtés en promenant la pulpe de l’index de tus dorsal, le praticien est assis à la tête du sujet.
haut en bas sur le bord supraorbitaire qui forme Placez les deux mains sur le frontal, les doigts en
le rebord supérieur de l’orbite. Il paraît plus mar- direction caudale, avec :
qué et déplacé vers l’avant dans la flexion-rotation • les deux index de part et d’autre de la suture
externe ; inversement il semble émoussé dans l’ex- métopique ;
tension-rotation interne. • la pulpe des médius au milieu du bord
Au niveau du bord nasal, recherchez de chaque supraorbitaire ;
côté, l’articulation de l’os frontal et de l’os nasal, • les annulaires sur la face antérieure du processus
médialement au niveau de la suture frontonasale, zygomatique ;
et l’articulation de l’os frontal et du processus • les auriculaires sur la face temporale de l’os
frontal du maxillaire, latéralement au niveau de frontal, en arrière des processus zygomatiques ;
la suture frontomaxillaire. Notez les différences • les talons des mains reposent souplement sur la
entre les deux côtés, ces surfaces sont situées dans partie supérieure de l’écaille frontale ;
un plan plus frontal dans le mouvement de rota- • les avant-bras reposent sur la table avec de bons
tion externe, et dans un plan plus sagittal dans le appuis pour faciliter la perception des mouve-
mouvement de rotation interne. ments par les mains.
L’incisure ou foramen supraorbitaire se palpe Percevez-vous quelque chose ? Existe-t-il un mou-
approximativement à l’union du tiers médial et vement ? L’inspiration et l’expiration crâniennes
des deux tiers latéraux du bord supraorbitaire. sont-elles satisfaisantes qualitativement et quan-
Cette zone qui livre passage aux vaisseaux et au titativement ? Essayez de définir d’où provient la
nerf supraorbitaires est sensible, procédez délica- sensation perçue : structures cutanées, sous-cuta-
tement, comparez les deux côtés et notez toute nées, musculaires, osseuses, membraneuses, liqui-
différence dans la qualité tissulaire. diennes, ou nerveuses. Apprenez à percevoir par
l’écoute, les structures propres à chacun de ces
Latéralement, le processus zygomatique oblique
niveaux. Pour évaluer le niveau le plus superficiel,
en bas et en dehors est facile à palper. Il forme un
la pression des mains et des doigts est extrême-
pilier qui fait saillie. Comparez les deux côtés. Le
ment légère, puis elle augmente au fur et à mesure
pilier est plus antérieur et latéral dans le mouve-
que l’on explore les couches les plus profondes,
ment de flexion-rotation externe et plus postérieur
tout en restant très légère. Le niveau d’écoute
et médial dans le mouvement d’extension-rotation
varie surtout selon l’intention mentale et la visua-
interne. Repérez la limite inférieure du processus
lisation du praticien.
zygomatique et son articulation avec le processus
frontal de l’os zygomatique au niveau de la suture Évaluez le mouvement crânien : existe-il une alter-
frontozygomatique. nance de rotation externe et de rotation interne
associées à l’inspiration et à l’expiration crânienne,
ou un mouvement de torsion, de sidebending,
Palpation pour la fonction de strain latéral ou vertical ? Dans la rotation
externe, une expansion latérale des deux moi-
L’anamnèse, l’observation et la palpation pour tiés de l’écaille est perçue au niveau des doigts,
la structure doivent toujours être confirmées mais aussi au niveau des paumes de la main. Les
80 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
of trigonocephalies and associated hypoteleorbitism. [14] Amanou L, Van Den Abbeele T, Bonfils P. Sinusites
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Chapitre 6
Os pariétal
Os plat, pair, le pariétal (du latin pariet, paroi) se réunissent rapidement. L’ossification continue
forme la partie supérolatérale du crâne, de chaque de manière excentrique autour d’eux, ce qui expli-
côté de la ligne médiane (figure 6.1). que la présence de fontanelles au niveau des angles
de l’os pariétal, les dernières parties à s’ossifier.
Ostéogenèse
Description
Chaque os pariétal se développe à partir de deux
points d’ostéogenèse qui apparaissent dans le Quadrangulaire, convexe en dehors, il présente
tissu membraneux vers la 7e semaine de gestation. deux faces, externe et interne, quatre bords et
Localisés au niveau de la future bosse pariétale, ils quatre angles.
3
Face externe (figure 6.2)
2 Convexe, la face externe (face exocrânienne) de
l’os pariétal est lisse. À sa partie moyenne, elle
4 3
1
2 5
1 7
6
4
5
Fig. 6.2. Os pariétal : face externe.
1. bosse pariétale ;
Fig. 6.1. Os pariétal : vue supérieure. 2. ligne temporale supérieure ;
1. suture sagittale ; 3. ligne temporale inférieure ;
2. suture coronale ; 4. bord sagittal ;
3. bregma ; 5. bord frontal ;
4. lambda ; 6. bord squameux ;
5. foramen pariétal. 7. bord occipital.
présente une voussure assez marquée qui consti- chevelu par des tractus fibreux, et qui sépare le
tue la bosse pariétale. Généralement plus marquée pariétal de la peau. Tout près du bord supérieur,
chez le jeune enfant que chez l’adulte, cette bosse aux environs de l’union de ses trois quarts anté-
correspond aux extrémités du plus grand diamètre rieurs et de son quart postérieur, un orifice de
transversal de la calvaria. petite taille, le foramen pariétal, livre passage à
Deux lignes courbes à concavité inférieure traver- une veine émissaire.
sent l’os pariétal sur toute sa longueur. Ce sont les
lignes temporales (lignes courbes temporales) supé- Face interne (figure 6.4)
rieure et inférieure. La ligne temporale supérieure
se prolonge en avant sur l’os frontal. Elle donne La face interne (face endocrânienne) de l’os parié-
insertion au fascia du muscle temporal (figure 6.3). tal est concave. À sa partie moyenne, la conca-
La ligne temporale inférieure donne insertion au vité est plus marquée, c’est la fosse pariétale qui
muscle temporal. Ce muscle s’insère aussi sur toute répond à la bosse pariétale.
la surface de l’os pariétal située au-dessous de la Sur cette face, se devinent les empreintes des gyrus
ligne temporale inférieure. cérébraux habituellement peu marquées. Les
Dans sa partie médiale, au-dessus de la ligne sillons vasculaires profonds, bien visibles sont les
temporale supérieure, l’os pariétal est recouvert sillons des branches de l’artère méningée moyenne
par la galéa aponévrotique (aponévrose épicrâ- et des veines qui les accompagnent. Souvent au
nienne), une lame fibreuse qui adhère au cuir nombre de trois, ils sont dirigés de bas en haut :
Temporal
Ptérygoïdien latéral
Masséter
Corrugateur du sourcil
Orbiculaire de l’œil
Stylopharyngien
Mentonnier
Stylohyoïdien
Abaisseur de la lèvre inférieure
Temporal
Abaisseur de l’angle de la bouche Styloglosse
Platysme
Masséter
Crête frontale
Os frontal
Fossettes granulaires
Sillons pour l’artère
méningée moyenne
Suture sagittale
Os pariétal
Suture lambdoïde
Os occipital
Lambda
sur la face médiale ou cérébrale de la partie mas- Bords (figures 6.2 à 6.8)
toïdienne de l’os temporal. La tente du cervelet
s’insère sur les lèvres de ce sillon. Au nombre de quatre, ce sont les bords sagittal,
frontal, squameux et occipital.
Sinus droit
Sinus intercaverneux
Veine ophtalmique
Fig. 6.6. Os pariétal : face interne. Faux du cerveau et sinus sagittal supérieur.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
Table externe
Diploé Crâne
Dure-mère
Table interne
Bord occipital
Bord squameux
Le bord squameux (bord inférieur ou temporal)
est le plus court des quatre bords de l’os pariétal.
Angles
Il est taillé en biseau aux dépens de la table externe Les deux angles supérieurs sont des angles presque
de l’os et présente trois segments : droits ; les deux angles latéraux sont plus aigus.
• en avant, une courte portion s’articule avec le Chez le nouveau-né, ces angles correspondent à
bord antérieur de la grande aile de l’os sphé- l’emplacement des fontanelles. Parfois, des os wor-
noïde, dans sa partie la plus latérale, avec laquelle miens fontanellaires persistent à ces emplacements.
il forme la suture sphénopariétale. Cette suture
participe à la constitution du ptérion ; elle est Angle frontal
décrite comme la ligne horizontale d’un H formé
par la réunion de la grande aile de l’os sphénoïde, L’angle frontal (angle antéro-supérieur) est formé
de l’écaille de l’os temporal, de la face temporale par la réunion de la suture sagittale et de la suture
de l’os frontal et de l’angle sphénoïdal de l’os coronale ; le sommet de l’angle définit le bregma.
pariétal. Pour autant, ces rapports varient sou-
vent (Voir Chapitre 3, page 42). Angle occipital
• au centre, la portion la plus large, à concavité L’angle occipital (angle postéro-supérieur) est
inférieure, s’articule sur toute sa longueur avec formé par la réunion de la suture sagittale et de
le bord pariétal de l’écaille du temporal pour for- la suture lambdoïde ; le sommet de l’angle définit
mer la suture squameuse (temporo-pariétale) ; le lambda.
Chapitre 6. Os pariétal 89
Torsion
Mouvement craniosacral
Lors de la torsion de la SSB, les os pairs comme
Flexion-extension crânienne l’os pariétal, accompagnent les déplacements des
os occipital et sphénoïde, avec une tendance vers
L’os pariétal est un os pair. Il présente donc des la rotation externe du côté de la torsion, et vers la
mouvements de rotation externe pendant l’inspi- rotation interne de l’autre côté. Pour autant, on se
ration crânienne associée à la flexion de la synchon- souvient que pendant les mouvements de torsion
drose sphénobasilaire (SSB), et des mouvements les déplacements de l’os pariétal ne sont pas exac-
de rotation interne pendant l’expiration crânienne tement les mêmes que les mouvements de rotation
associée à l’extension de la SSB. externe décrits pendant l’inspiration crânienne
Pendant la flexion-rotation externe crânienne, l’os associée à la flexion de la SSB, ou de rotation
pariétal participe à l’augmentation de la dimension interne pendant l’expiration crânienne associée
transversale du crâne. Il présente un mouvement à l’extension. Des changements accommodatifs
qui résulte de la combinaison des déplacements surviennent dans les composantes mineures du
dans les trois plans de l’espace : mouvement.
90 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
aponévrotique ou osseux ? Est-il bilatéralement de brain : differentiation from dural sinus disease. AJNR
qualité et de quantité égale ? En cas de restriction Am J Neuroradiol 1996 ; 17 : 1523–32.
[4] Le Gros Clark WE. On the Pacchionian Bodies. J
de la motilité intracrânienne, définissez la ou les Anat 1920 ; 55(Pt 1) : 40–8.
structure(s) anatomique(s) auxquelles se rattache [5] Turner L. The structure of arachnoid granulations
cette restriction. Visualisez mentalement les qua- with observations on their physiological and patho-
tre bords de l’os pariétal et toutes les sutures qui logical significance. Ann R Coll Surg Engl 1961 ; 29 :
leur sont associées. Évaluez les rapports articulai- 237–64.
[6] Kapoor KG, Katz SE, Grzybowski DM, Lubow M.
res du pariétal avec les os qui l’entourent, i.e. les os Cerebrospinal fluid outflow : an evolving perspec-
frontal, sphénoïde, temporaux, occiput ainsi que tive. Brain Res Bull. 2008 ; 77 : 327–34.
les rapports des deux pariétaux entre eux. Pensez [7] Johnston KD, Walji AH, Fox RJ, Pugh JA, Aronyk KE.
à l’influence des fascias qui peuvent donner une Access to cerebrospinal fluid absorption sites by
sensation de déplacement caudal et à celle de mus- infusion into vascular channels of the skull diplö. J
Neurosurg 2007 ; 107 : 841–3.
cles temporaux hypertoniques qui tendent à abais- [8] Arbuckle BE. The selected writings of Beryl E.
ser les os pariétaux. Arbuckle, DO, F.A.C.O.P. Newark OH: Am Acad
Puis visualisez les structures intracrâniennes et leur Osteopathy ; 1971.
influence sur les os pariétaux. Visualisez les mem- [9] Todd TW, Lyon DW. Endocranial suture closure.
Its progress and age relationship. Part I. Adult males
branes dure-mériennes très intimement adhérentes and white stock. Am J Phys Anthropol 1924 ; 7 :
à la face interne des os pariétaux et leurs rapports 325–84.
avec les sinus sagittaux et sigmoïde. Existe-il des [10] Todd TW, Lyon DW. Cranial suture closure. Its
zones de restriction ? Essayez de définir leur niveau progress and age relationship. Part II. Ectocranial
de profondeur. C’est l’appréciation de la motilité closure in adult males of white stock. Am J Phys
Anthropol 1925 ; 8 : 23–45.
inhérente des structures étudiées qui renseigne au [11] Moss ML, Greenberg SN. Post-natal growth of the
travers des impulsions rythmiques crâniennes, de human skull base. Angle Orthodontist 1955 ; 25 :
leur qualité, amplitude et puissance. Si nécessaire, 77–84.
normalisez. [12] Persson M, Thilander B. Palatal suture closure in
man from 15 to 35 years of age. Am J Orthod 1977 ;
72 : 42–52.
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nulations on contrast-enhanced CT and MR of the 1966. p. 122.
Chapitre 7
Os temporal
« I call the temporal bone the ‘mischief maker’ or crânienne, l’os temporal représente un des os les
the ‘clown’ in the cranial articular mechanism. plus importants.
This comment points to the fact that I have found
more trouble originating from problems with that
little temporal bone than from any other in the Ostéogenèse
cranium. » [1]. (« Dans le mécanisme articulaire
crânien, j’appelle l’os temporal le « vilain » ou le L’os temporal est à la fois d’origine cartilagi-
« clown » du mécanisme articulaire crânien. Ce neuse et membraneuse. Il dérive de trois par-
commentaire illustre le fait que j’ai trouvé plus ties principales, les os squamosal, tympanal et
d’ennuis ayant leur origine dans des problèmes de pétreux. Les parties squameuse et tympanale
ce petit os temporal que dans n’importe lequel des sont d’origine membraneuse. La partie pétreuse
autres os crâniens. ») est d’origine cartilagineuse. À cela s’ajoute
Os pair, l’os temporal est situé de chaque côté du une quatrième partie, le processus styloïde qui
crâne entre l’os sphénoïde en avant et l’os occipital dérive de la partie cartilagineuse du deuxième
en arrière. Il participe à la constitution de la base arc pharyngien. Ainsi, à la naissance, les os
crânienne et de la calvaria, et contient les organes temporaux comportent chacun quatre parties
de l’audition et de l’équilibration. En ostéopathie (figure 7.1).
Suture
squamomastoïdienne
Eminentia
arcuata
Processus
Fosse
mandibulaire Partie Fosse zygomatique
mastoïdienne subarcuata
Tegmen tympani
Foramen
stylomastoïdien
Anneau tympanal Aqueduc
de la cochlée
a Fenêtre du vestibule Dépression b Méat acoustique interne
pour le processus styloïde
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94 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 95
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96 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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7
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Chapitre 7. Os temporal 97
Face antérosupérieure (figure 7.3) • près de l’apex pétreux, à sa partie médiale, l’em-
preinte trigéminale où loge dans le cavum de
Oblique en bas, en dehors et en avant, elle parti-
Meckel le ganglion trigéminal (ganglion de
cipe à la formation de la fosse crânienne moyenne
Gasser) du nerf trijumeau (V) ; en arrière le
(étage moyen de la base du crâne). Elle s’étend
tubercule rétrogassérien fait parfois saillie lors-
du bord supérieur du rocher en dedans à la fissure
que la dure-mère est ossifiée à cet endroit.
pétrosquameuse supérieure en dehors et présente
les structures suivantes :
• à l’union de ses deux tiers antérieurs et de son tiers La localisation de l’eminentia arcuata correspond
postérieur, l’eminentia arcuata, une saillie formée approximativement à celle du canal semicirculaire anté
par le canal semicirculaire antérieur (supérieur) ; rieur mais des variations individuelles existent dans cette
relation topographique [4].
• en avant de l’eminentia arcuata, le hiatus du
Les données de l’imagerie scanographique précisent ces
canal du nerf grand pétreux (hiatus de Fallope) rapports lorsque la chirurgie est indiquée pour des patholo
pour le passage du nerf grand pétreux (grand gies fonctionnelles (neurotomie vestibulaire dans la mala
nerf pétreux superficiel), branche du nerf facial die de Ménière) ou tumorales et qu’une voie suspétreuse
(VII) (figure 7.5) ; (VSP) ou voie de la fosse moyenne est considérée [5].
• en dehors du précédent, le hiatus du canal du
nerf petit pétreux (hiatus accessoire) pour le pas-
sage du nerf petit pétreux (petit nerf pétreux Le nerf trijumeau (V) émerge du tronc cérébral à l’union
du tiers supérieur et des deux tiers inférieurs de la face
superficiel), également une branche du nerf
antérieure du pont (protubérance annulaire). Les fibres
facial (VII) ;
sensitives et motrices suivent une direction oblique en
• en avant et en dehors de l’eminentia arcuata, le teg- haut et en avant en direction de la pointe du rocher et du
men tympani qui s’étend au-delà de la fissure pétros- cavum trigéminal (cavum de Meckel).
quameuse supérieure et qui forme un toit osseux Le nerf quitte la fosse crânienne postérieure par le porus
de fine épaisseur pour la cavité tympanique ; trigeminus, i.e. l’orifice d’entrée du cavum trigéminal,
situé à midistance entre le pore acoustique interne et le
dos de la selle. Ici, le nerf est juste audessous du bord
libre de la tente du cervelet, du sinus pétreux supérieur,
et du ligament pétroclinoïdien [6].
Par le porus trigeminus les fibres nerveuses pénètrent
dans le cavum trigéminal. Ce cavum est « une loge
fibreuse, constituée par une évagination en doigt de gant
de la duremère et de l’arachnoïde de la fosse crânienne
postérieure vers l’avant, accolée à la partie postérieure
de la paroi latérale de la loge caverneuse » [7].
Face postérosupérieure
Oblique en bas, en dedans et en arrière, elle par-
ticipe à la formation de la fosse crânienne posté-
rieure (étage postérieur de la base du crâne). Elle
Foramen ovale s’étend du bord supérieur du rocher en dehors
à son bord postérieur en dedans et présente les
Sillon et hiatus du nerf
grand pétreux structures suivantes :
• un large orifice, le pore acoustique interne (ori-
Sillon et hiatus du nerf
fice du conduit auditif interne), orifice d’entrée
petit pétreux du méat acoustique (canal auditif) où chemi-
Fig. 7.5. Hiatus des nerfs grand et petit pétreux. nent les nerfs cochléovestibulaire (VIII), facial
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition. (VII) et intermédiaire (VII bis) ;
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98 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
• au-dessus et en arrière du pore acoustique vers le haut, à sommet antérieur, elle s’applique sur
interne, la fossa subarcuata au fond de laquelle la face antérieure de la pyramide pétreuse et forme
se trouve le foramen du canal pétromastoïdien ; la paroi antérieure du méat acoustique externe. Sa
• approximativement 1 cm en arrière du pore face externe constitue la partie postérieure non
acoustique interne, la fossette unguéale qui abrite articulaire de la fosse mandibulaire (fosse tympa-
dans sa partie supérieure l’orifice endocrânien nale) dont elle est séparée par la fissure tympa-
de l’aqueduc du vestibule. nosquameuse inférieure. Cette face se prolonge
autour de la base du processus styloïde et forme la
Face antéro-inférieure crête vaginale ou gaine du processus styloïde.
(figures 7.6, 7.7 et 7.8) En avant, la lame osseuse tympanique constitue le
processus tubaire qui forme la paroi latérale de la
De forme triangulaire à sommet antérieur, la face
trompe auditive osseuse (trompe d’Eustache) (figure
antéro-inférieure consiste en deux parties : une
7.8). Juste au-dessus, la fissure pétrotympanique
partie postérieure formée par l’os tympanal et une
forme un canal complété par un petit sillon situé sur
partie antérieure pétreuse.
le prolongement inférieur du tegmen tympani dans
lequel chemine la corde du tympan. La fissure pétros-
Partie tympanique
quameuse est visible en dehors du prolongement
La partie tympanique constitue les deux tiers pos- du tegmen tympani. Les fissures pétrosquameuse
térieurs de la face antéro-inférieure. Cette fine
lame osseuse provient de l’os tympanal fœtal.
Grossièrement en forme de demi-cornet ouvert
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Chapitre 7. Os temporal 99
Face postéro-inférieure
10
D’aspect irrégulier, cette face comporte des struc-
13 11 tures capitales (figure 7.9) :
15 14
• en avant du processus mastoïde, le foramen mas-
toïdien, orifice inférieur du canal facial (canal de
Fig. 7.8. Os temporal droit : face antéro-inférieure de la Fallope) qui livre passage au nerf facial (VII) ;
partie pétrotympanique.
1. pore acoustique externe ;
2. fissure tympanosquameuse inférieure (scissure de
Glaser) ;
3. fissure pétrosquameuse ;
4. prolongement inférieur du tegmen tympani ;
5. fissure pétrotympanique ; 2
6. sillon de la corde du tympan ;
7. orifice du canal du muscle tenseur du tympan ;
8. orifice externe de la trompe auditive osseuse ;
9. sillon de la trompe auditive cartilagineuse ;
10. processus tubaire ;
11. pore acoustique interne ;
12. bord antérieur de la partie pétrotympanique ;
13. incisure mastoïdienne ;
14. éminence juxtamastoïdienne ;
15. sillon de l’artère occipitale.
Partie pétreuse 1
3 7
La portion pétreuse de la face antéro-inférieure est 6
4
creusée d’un sillon qui forme avec le bord posté-
5
rieur de la grande aile de l’os sphénoïde le sillon de
la trompe auditive (gouttière tubaire) qui répond Fig. 7.9. Os temporal droit : face postéro-inférieure de la
à la portion cartilagineuse de la trompe auditive. partie pétrotympanique.
1. foramen mastoïdien ;
En avant du processus tubaire de la portion tympani- 2. processus styloïde ;
que, s’ouvrent deux orifices qui sont de haut en bas : 3. facette jugulaire ;
• le canal du muscle tenseur du tympan (muscle du 4. fosse jugulaire ;
marteau), entre l’écaille et le bord antérieur du 5. orifice du canalicule mastoïdien ;
6. orifice du canalicule tympanique ;
rocher ; 7. orifice externe du canal carotidien ;
• la trompe auditive dans sa partie osseuse. 8. orifice interne du canal carotidien.
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100 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 101
Bord postérieur
7 6 Situé entre les faces postéro-supérieure et pos-
téro-inférieure, ce bord présente en arrière la
facette jugulaire déjà décrite avec la face postéro-
5 inférieure. Cette surface rugueuse s’articule avec
le processus jugulaire de l’os occipital. En avant
4
de cette surface, une large échancrure limite avec
une échancrure similaire du bord latéral des par-
3 ties latérales de l’os occipital le foramen jugulaire
(trou déchiré postérieur) (figure 7.11). Cette
échancrure est divisée en deux parties par la saillie
2 du processus intrajugulaire de l’os temporal :
1
• une partie postérieure, la plus volumineuse, qui
répond à la fosse jugulaire de la face postéro-
Fig. 7.10. Os temporal gauche : vue médiale. inférieure du rocher et qui abrite le bulbe supé-
1. bord supérieur ;
2. bord postérieur ;
rieur de la veine jugulaire ;
3. échancrure du nerf glossopharyngien ; • une partie antérieure plus étroite, subdivisée
4. échancrure du nerf trijumeau ; en deux autres parties par un faisceau fibreux
5. échancrure du nerf abducens ; plus postérieur qui relie le processus intrajugu-
6. empreinte trigéminale ;
7. bord antérieur.
laire de l’os temporal au bord latéral de la partie
latérale de l’os occipital. C’est dans cette partie
antérieure que passent le nerf glossopharyngien
temporal un angle rentrant : l’incisure sphénoïdale (IX), le nerf vague (X) et le nerf accessoire (XI).
(figure 7.10). Ce bord s’articule le bord sphénoï- Le nerf glossopharyngien (IX), le plus antérieur
dal de l’écaille au niveau de la synchondrose sphéno- des trois, creuse une échancrure sur le bord pos-
pétreuse, sauf à son extrémité antérieure où il limite térieur du rocher. À cette hauteur une fossette,
en arrière le foramen déchiré ou foramen lacerum
(trou déchiré antérieur).
Les deux tiers postérieurs du bord antérieur sont
cachés et correspondent à la fissure pétro-tym-
pano-squameuse qui unit la partie pétrotympa-
nique à l’écaille. Cette fissure comporte plusieurs
segments :
• en arrière l’écaille et la partie tympanique for-
ment la fissure tympanosquameuse inférieure,
bien visible dans la fosse mandibulaire qu’elle
divise en une partie antérieure squameuse, arti-
culaire et une partie postérieure tympanique,
non articulaire ;
• en avant l’écaille et la partie tympanique s’écar-
tent l’une de l’autre séparées par un débor-
dement latéral du tegmen tympani, la crête Fig. 7.11. Foramen jugulaire : vue inférieure. Côté droit.
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102 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 103
Origines Temporal
Insertions
Ptérygoïdien latéral
Masséter
Corrugateur du sourcil
Orbiculaire de l’œil
Stylopharyngien
Mentonnier
Stylohyoïdien
Abaisseur de la lèvre inférieure
Temporal
Abaisseur de l’angle de la bouche Styloglosse
Platysme
Masséter
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104 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 105
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106 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Auricule
Cartilage
Pharynx
auditif) (VIII) qui sort de la partie pétreuse de Antre de la mastoïde Aditus ad antrum
l’os temporal par le méat acoustique interne, puis Tegmen tympani
pénètre dans la boîte crânienne. Récessus
épitympanique
Le labyrinthe membraneux contient un liquide,
l’endolymphe, et la périlymphe circule entre le
labyrinthe membraneux et le labyrinthe osseux.
Cavités mastoïdiennes
De volume et de taille très variables, les cavités
mastoïdiennes appartiennent à l’oreille moyenne. Trompe auditive
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Chapitre 7. Os temporal 107
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108 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Artère Élévateur
carotide du voile du palais
Nerf facial (VII) Fenêtre de interne
Trompe auditive
la cochlée
Nerf tympanique Branche du nerf carotidien
Foramen stylomastoïdien (collatérale du nerf
glossopharyngien [IX])
Tendon du muscle stapédien
Stapès Promontoire
Fosse jugulaire
Plexus tympanique
Fig. 7.17. Cavités mastoïdiennes. Paroi médiale de l’oreille moyenne (côté droit).
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
promontoire (figure 7.18). Au-dessous du pro- (fenêtre ronde), sépare la caisse du tympan, de la
montoire, un petit orifice, l’orifice du canalicule cavité sous-vestibulaire de l’oreille interne, la rampe
tympanique (canal de Jacobson), livre passage au tympanique de la cochlée. Cette fenêtre est comblée
nerf tympanique (nerf de Jacobson), branche du par une membrane fibreuse, le tympan secondaire.
nerf glossopharyngien (IX). Sur la paroi postérieure de la caisse du tympan, en
En arrière et au-dessus du promontoire on aper- arrière du promontoire et au-dessus du niveau de
çoit la fossette de la fenêtre vestibulaire. Au fond la fenêtre de la cochlée, une petite saillie conique
de celle-ci la fenêtre vestibulaire (fenêtre ovale), un est visible : c’est l’éminence pyramidale. Un canal
orifice de 2,1 mm de long sur 1,2 mm de haut en creusé sur toute la longueur de l’éminence pyra-
moyenne [29], sépare la caisse du tympan, du ves- midale et qui se prolonge dans le rocher abrite le
tibule de l’oreille interne. Cette fenêtre est com- muscle stapédien (muscle de l’étrier). Les fibres de
blée par la base de l’étrier. ce muscle naissent des parois du canal osseux et
En arrière et au-dessous du promontoire la fossette son tendon sort par l’orifice de l’éminence pyra-
de la fenêtre de la cochlée au fond de laquelle un midale pour aller s’insérer sur la tête du stapès.
orifice de 2 mm de diamètre, la fenêtre de la cochlée Au-dessous de l’éminence pyramidale se trouve
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Chapitre 7. Os temporal 109
Aditus ad antrum
de la mastoïde
Trompe auditive
Fenêtre du vestibule
(fenêtre ovale)
Nerf de la corde
du tympan
Plexus sympathique
l’ouverture tympanique du canalicule de la corde réunissent entre eux. En fait, certains ligaments
du tympan, entre les parois postérieure et latérale sont simplement des replis de la muqueuse qui
de la caisse du tympan. La corde du tympan che- recouvre l’ensemble de l’oreille moyenne.
mine dans ce canalicule qui descend en avant du
canal du nerf facial pour rejoindre le nerf, environ Malleus
6 mm au-dessus du foramen mastoïdien. C’est le plus long des trois osselets, de 7 à 9 mm,
le plus latéral et le plus antérieur. Comme son nom
Chaîne ossiculaire l’indique, il est en forme de massue. On lui décrit
La chaîne ossiculaire consiste en trois osselets, qui une tête, un col, un manche et deux processus,
sont de la superficie vers la profondeur, le malleus latéral et antérieur.
(marteau), l’incus (enclume) et le stapès (étrier) La tête loge dans le récessus épitympanique. De
(figure 7.19). Placés entre la membrane tympa- forme arrondie, avec un diamètre compris entre
nique et la fenêtre vestibulaire, ils jouent un rôle 2 et 3 mm [30], elle présente à sa partie postéro-
essentiel dans la transmission sonore. Leur fonc- médiale une surface qui s’articule avec l’incus au
tion est assurée par deux muscles tympaniques, le niveau de l’articulation incudomalléaire. Le liga-
muscle tenseur du tympan et le muscle stapédien, ment supérieur du marteau unit le sommet de la
auxquels s’ajoutent plusieurs ligaments qui les sus- tête à la paroi supérieure de la caisse du tympan
pendent aux parois de la caisse du tympan et les (figures 7.20 et 7.21).
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110 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Manche du marteau
Trompe auditive
Élévateur
du voile du palais Corde
Corde du tympan du tympan
Processus mastoïde
Artère carotide interne
Nerf facial (VII)
Membrane tympanique
Veine jugulaire interne Processus lenticulaire de l’incus
Fig. 7.19. Chaîne ossiculaire. Paroi latérale de l’oreille moyenne (côté droit).
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
Le col est la partie aplatie qui supporte la tête. Sa facilement deviner en vue endoscopique. Dès lors,
face latérale donne insertion au ligament latéral du toute force agissant sur le tympan est transmise au
marteau dont l’extrémité latérale s’attache au bord marteau. Près de l’extrémité supérieure du bord
inférieur du récessus épitympanique au-dessus de médial, se fixe le tendon du muscle tenseur du
la membrane tympanique. Son bord médial donne tympan qui émerge de son canal par le processus
insertion au muscle tenseur du tympan qui est cochléariforme (bec de cuillère).
aussi fixé sur la base du crâne, au niveau de l’épine Le processus antérieur (apophyse antérieure)
du sphénoïde et du cartilage tubaire. est long et fragile. En fait, c’est une épine d’in-
Le manche est situé au-dessous du col et s’oriente sertion pour le ligament antérieur du mal-
obliquement en bas, en dedans et en arrière. Son leus qui se prolonge vers l’avant dans la fissure
extrémité distale, élargie en spatule, est en rapport tympanosquameuse.
avec l’ombilic de la membrane tympanique. À cet Le processus latéral (apophyse externe) est une
endroit, le manche du marteau est très adhérent courte éminence conique de 1 mm, qui naît sur
à la membrane du tympan (umbo) et se laisse la face latérale du col. I1 se porte en dehors et
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Chapitre 7. Os temporal 111
Branche courte
Col du malleus
Processus Corps
latéral de l’incus
Processus antérieur
Branche longue
a b
Manche du malleus
Base du stapès
(platine)
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112 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
verticalement dans la caisse du tympan. Son extré- tympanique, en variations de pression dans les
mité inférieure se courbe et se termine par le pro- compartiments liquidiens de l’oreille interne. Pour
cessus lenticulaire, en forme de petit condyle qui ce faire, l’impédance du milieu extérieur aérien
s’articule avec la cavité glénoïde du stapès pour doit être adaptée au milieu intérieur cochléaire
former l’articulation incudostapédienne. liquidien, et les vibrations de basse pression et les
grands déplacements de l’air transformés en vibra-
Stapès
tions de haute énergie avec de faibles déplacements
Le stapès est le plus petit et le plus léger des osse- permettant une conduction dans les liquides laby-
lets. Situé dans la caisse du tympan, en dedans rinthiques [38].
de l’enclume, il se couche entre le processus
L’arrangement des structures osseuses et ligamen-
lenticulaire de l’incus et la fenêtre vestibulaire.
taires de la chaîne ossiculaire participe à ce méca-
Typiquement comparé à un étrier, il consiste en
nisme, où les forces appliquées sur la membrane
une tête, une base et deux branches.
tympanique sont retransmises sur la platine du sta-
La tête est creusée sur sa face latérale d’une petite pès avec une augmentation de la pression et pour
cavité glénoïde qui s’articule avec le processus len- autant un déplacement du stapès inférieur à celui
ticulaire de l’incus. Sa face médiale se continue par du marteau.
un col qui relie la tête aux branches.
Le manche du malleus, très adhérent à la mem-
La base (platine) est une mince lame osseuse plus brane du tympan, suit tous les mouvements de
ou moins ovalaire qui répond à la fenêtre vesti- cette dernière. Le malleus et l’incus tournent
bulaire. Sa surface vrillée est comparée à une ensemble autour d’un axe de rotation schémati-
hélice. Sur son pourtour, les fibres du ligament que qui relie la branche supérieure et le ligament
annulaire l’enchâssent entre les bords de la fenêtre postérieur de l’incus au ligament antérieur du
vestibulaire. malleus. Ainsi, à chaque déplacement médial de
Les branches antérieure et postérieure relient la la membrane du tympan correspond un déplace-
tête à la base et forment l’arc stapédien. La bran- ment similaire du malleus qui mobilise l’incus et
che antérieure est plus courte et moins incurvée pousse la base du stapès au niveau de la fenêtre
que la postérieure. vestibulaire vers le labyrinthe et sa périlymphe. De
fait, ce déplacement de la périlymphe provoque
L’articulation incudomalléaire est une diarthrose, où par une saillie de la membrane fibreuse qui comble la
emboîtement réciproque le versant postérieur de la tête fenêtre de la cochlée, i.e. le tympan secondaire. Le
du marteau s’articule avec la face antérieure du corps déplacement latéral de la membrane du tympan
de l’enclume. Un ménisque complète l’articulation et entraîne les déplacements opposés.
l’élasticité de ses tissus participe à la transmission des Cette description est schématique ; la réalité est
vibrations sonores [36]. Après la puberté, cette articula
plus sophistiquée. Ainsi, l’axe de rotation n’est pas
tion peut s’ossifier.
fixe mais varie en fonction de la fréquence. De plus,
L’articulation incudostapédienne est une énarthrose
entre le processus lenticulaire de l’incus et la cavité glé comme pour toute articulation, les mouvements
noïde de la tête du stapès. C’est une articulation fragile, sont rarement purs et les rotations peuvent s’ac-
qui reste mobile chez l’adulte, et qui peut se luxer dans compagner de translation. Par exemple, lors des
les traumatismes crâniens [37]. grands déplacements de la membrane du tympan,
Dans l’otospongiose, une surdité de transmission est l’incus s’adapte par simple glissement au niveau de
due à la fixation de la base du stapès dans la fenêtre l’articulation incudomalléaire, ce qui prévient la
vestibulaire par un foyer otospongieux. désarticulation de la base du stapès au niveau de la
fenêtre vestibulaire. Le jeu combiné des osselets,
de leurs ligaments et des muscles tenseur du tym-
Déplacements de la chaîne ossiculaire pan et stapédien, résulte en un système dans lequel
L’oreille moyenne transforme les vibrations sono- la base stapédienne ne fonctionne pas au niveau
res aériennes qui arrivent contre la membrane de la fenêtre vestibulaire comme un simple piston.
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Chapitre 7. Os temporal 113
Plutôt, cette base tourne et présente des mouve- Trompe auditive osseuse
ments de charnière autour des zones d’épaississe- Le cône postérolatéral de la trompe auditive est
ment de son ligament annulaire, mouvements qui localisé dans la partie pétreuse de l’os temporal,
varient selon l’intensité sonore. en avant de la caisse du tympan : c’est le protym-
panum [40]. L’ostium tympanique de la trompe
Par sa contraction, le muscle tenseur du tympan attire le auditive est visible sur la paroi antérieure de la
manche du malleus médialement, ce qui tend le tympan. caisse du tympan au-dessous du canal du muscle
Simultanément, ce mouvement pousse médialement tenseur du tympan. Il mesure environ 5 mm de
l’enclume et l’étrier à l’intérieur de la fenêtre vestibulaire
hauteur et 3 mm de large (figure 7.18).
(ovale), ce qui augmente la pression intravestibulaire.
Ainsi, le muscle tenseur du tympan concoure à assour Sur toute sa longueur, la trompe auditive osseuse
dir les bruits violents. Il est innervé par le nerf du muscle est située au-dessous du canal du muscle tenseur
tenseur du tympan, une branche du nerf mandibulaire du tympan ; elle est comprise entre la face antéro-
(V3). inférieure de l’os pétreux et la face profonde du
L’antagoniste du tenseur du tympan est le muscle du processus tubaire de l’os tympanal. Ce court seg-
stapès. En attirant l’étrier latéralement, il détend le tym ment de 11 à 12 mm, approximativement un tiers
pan et diminue la pression intravestibulaire. La chaîne de la longueur de la trompe auditive, se termine
ossiculaire peut ainsi s’adapter à l’écoute des bruits fai
sur la face exocrânienne de la base du crâne, juste
bles et lointains. Le muscle du stapès est innervé par un
rameau du nerf facial (VII).
en arrière du foramen épineux (trou petit rond).
Bien visible sur un crâne sec, l’orifice antérieur de
ce segment est situé juste au-dessous de l’extrémité
Trompe auditive antérieure de la synchondrose sphénopétreuse ;
La trompe auditive (trompe d’Eustache) consiste c’est l’orifice à grand axe vertical juste au-dessous
en deux structures de nature différente, une partie de celui du canal du muscle tenseur du tympan.
osseuse à l’intérieur de l’os temporal et une par-
tie fibrocartilagineuse située à l’extérieur de l’os. La Nomina Anatomica désigne sous le terme de canal
L’ensemble forme un conduit qui fait commu- musculotubaire l’accolement du canal de la trompe
niquer la caisse du tympan avec le nasopharynx osseuse avec celui du muscle tenseur du tympan, à
(rhinopharynx). Ainsi, à chaque déglutition, l’air la manière des canons d’un fusil [37]. La fine lamelle
qui pénètre dans la caisse du tympan équilibre la osseuse de séparation entre les deux est nommée sep
pression atmosphérique de part et d’autre de la tum du canal musculotubaire.
membrane tympanique.
Les deux portions de la trompe auditive ont
Trompe auditive fibrocartilagineuse
chacune la forme d’un cornet aplati dans le sens
transversal. Ces deux cônes se réunissent par leurs Les deux tiers antérieurs de la trompe auditive
sommets tronqués au niveau de l’isthme de la sont fibrocartilagineux. Ce segment est oblique en
trompe auditive. C’est l’endroit le plus étroit où bas, en avant et en dedans, dans le prolongement
la trompe mesure 2 mm de hauteur sur 1 mm de des autres cavités de l’oreille moyenne et il s’étend
large ; médialement, elle répond au canal caroti- depuis l’isthme de la trompe auditive jusqu’à
dien et latéralement, à l’ATM. son orifice pharyngien sur une longueur de 20 à
24 mm (figure 7.22).
C’est en 1563 que Bartolomeo Eustachio décrit la trompe En fait, le cartilage tubaire consiste en deux lames
d’Eustache. C’est aussi lui qui donne une description du cartilagineuses qui forment une gouttière ouverte
muscle tenseur du tympan et montre que la corde du vers le bas que complète une lame fibreuse : la lame
tympan est une branche du nerf facial. Il contribue à la membranacée. La lame médiale constitue la paroi
description de l’oreille interne et postule que la chaîne médiale du canal de la trompe auditive cartilagineuse.
ossiculaire et le muscle du tympan sont impliqués dans
C’est elle qui dessine la lèvre postérieure de l’orifice
la transmission sonore [39].
pharyngien de la trompe auditive (torus tubaire) au
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114 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 115
Labyrinthe osseux
of the cartilaginous portion would be in the
same fixation and the mouth of the eustachian Le labyrinthe osseux est un ensemble de cavi-
tube would be either wide-open or closed. » [43]. tés localisées dans le rocher qui communiquent
(« En cas de fixation lésionnelle du mouve- les unes avec les autres. Il contient le labyrinthe
ment de la portion pétreuse, le mouvement membraneux, organe de perception des impres-
de la portion cartilagineuse serait fixé de la sions auditives et vestibulaires et point de départ
même façon et l’orifice de la trompe d’Eusta- des deux parties cochléaire et vestibulaire du
che soit béant soit fermé »).
nerf cochléovestibulaire (VIII) (figure 7.24).
Pour Magoun : « With an external rotation Labyrinthe membraneux et labyrinthe osseux
lesion of the temporal, the tube may be held
sont séparés par un liquide dont la composition
continuously open, and the patient complains
of a low-pitched roar. With internal rotation, it
est proche de celle du liquide cérébrospinal : c’est
may be held closed, accompanied by high-pitched la périlymphe. L’endolymphe remplit le labyrinthe
humming or buzzing. » [44] (« Avec une dys- membraneux.
fonction de rotation externe du temporal, la Le labyrinthe osseux consiste en trois parties :
trompe peut être maintenue continuellement • au centre, le vestibule osseux ;
ouverte, et le patient se plaint d’un mugisse- • en arrière, les trois canaux semicirculaires ;
ment dans les graves. Avec la rotation interne, • en avant, la cochlée osseuse.
elle peut être maintenue fermée, avec un bour-
donnement ou un murmure dans les aigus »). Vestibule
Au repos, les parois de la trompe auditive
Placé au centre du labyrinthe osseux, le vestibule
sont normalement rapprochées. Ainsi, elles
font barrage à toute infection rétrograde
est situé entre l’oreille moyenne et le fond du
en provenance du nasopharynx [45]. Pour méat acoustique interne (figure 7.25). Il est aussi
autant, l’ouverture de la trompe auditive dans en arrière de la cochlée, en avant des canaux semi-
la déglutition, les pleurs ou le bâillement est circulaires et en dedans de la paroi médiale du
nécessaire pour permettre à l’air d’entrer ou cavum tympanique. Il communique avec la cavité
de sortir de la cavité tympanique, et ainsi crânienne par un petit canal, l’aqueduc du vesti-
d’équilibrer le gradient de pression entre l’at- bule. Plus ou moins ovoïde, aplati transversale-
mosphère et la cavité tympanique. Lorsque ment, il mesure environ 5 mm d’avant en arrière,
l’ouverture tubaire n’est pas efficace, comme 5 mm de haut en bas et 3 mm de large, et présente
c’est le cas par exemple dans la déglutition à décrire six parois : antérieure, postérieure, supé-
dysfonctionnelle, les parois de la trompe
rieure, inférieure, latérale et médiale.
auditive sont continuellement effondrées. La
pression négative dans l’oreille moyenne et la La paroi antérieure répond en haut à la première
rétraction de la membrane tympanique qui en portion du canal facial et au-dessous à la cochlée. À
résulte, avec risque d’aspiration des sécrétions sa partie inférieure, un orifice fait communiquer le
nasopharyngiennes dans l’oreille moyenne, vestibule avec la rampe vestibulaire de la cochlée.
sont des facteurs de risque pour une otite.
Les parois postérieure et supérieure présentent les
Plusieurs muscles s’insèrent sur la trompe cinq orifices des canaux semicirculaires osseux.
auditive ; ce sont de chaque côté, les muscles -
tenseur du voile du palais, dilatateur tubaire, La paroi inférieure ou plancher vestibulaire laisse
élévateur du voile du palais et salpingopharyn- voir l’origine de la lame spirale de la cochlée fixée
gien. Ces muscles participent à la fonction de sur sa partie médiale. Son bord latéral est libre et
la trompe et il est admis que la contraction laisse communiquer la cavité vestibulaire avec la
des muscles tenseur du voile du palais [46, 47] cavité sous-vestibulaire, qui est en fait le début du
et dilatateur tubaire [48] augmente la lumière tube cochléaire.
tubaire et donc ventile l’oreille moyenne. Pour
cette raison, toute dysfonction de ces muscles
La paroi latérale répond à la paroi médiale de
et des os sur lesquels ils s’insèrent, i.e. le tem- la caisse du tympan. La fenêtre vestibulaire est
poral et sphénoïde, doit être normalisée. visible sur la partie supérieure de cette paroi ;
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116 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Ouverture de la
trompe auditive
Nasopharynx
Palais mou
classiquement décrite en « gueule de four » elle est le récessus elliptique (fossette semi-ovoïde ou
reçoit la base de l’étrier fixée à la fenêtre par le utriculaire) qui répond à l’utricule ; la dépression
ligament annulaire. La deuxième partie du canal inférieure, le récessus sphérique (fossette hémis-
facial est dans cette paroi latérale, au-dessus du phérique ou sacculaire) qui répond au saccule ;
niveau de la fenêtre vestibulaire. • la dépression postéro-inférieure est le récessus
La paroi médiale répond à la moitié postérieure cochléaire.
du fond du méat acoustique interne par où le ves- Sur cette paroi médiale se trouvent les orifices des
tibule et les canaux semicirculaires envoient les deux aqueducs de l’oreille interne : l’aqueduc du
filets d’origine du nerf vestibulocochléaire (VIII). vestibule au-dessus et un peu en arrière du récessus
Elle présente trois dépressions, deux antérieures, elliptique et l’aqueduc de la cochlée ou canalicule
la dernière postéro-inférieure : cochléaire au niveau de l’étage sous-vestibulaire.
• deux dépressions antérieures sont l’une au- L’aqueduc du vestibule est un canal osseux très fin,
dessous de l’autre et séparées par la crête vestibu- qui s’étend du vestibule à la face postérosupérieure
laire qui se termine antérieurement en une saillie, du rocher dans la cavité crânienne. Il naît à la
la pyramide vestibulaire. La dépression supérieure limite postérieure de la fossette ovoïde, du fond
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Chapitre 7. Os temporal 117
Saccule
Ampoule
Utricule
Stapès contre la fenêtre
du vestibule
(fenêtre ovale) Hélicotréma
Vestibule
Cochlée
Membrane tympanique
Rampe vestibulaire
Conduit cochléaire
Rampe tympanique
Fenêtre de la
cochlée (fenêtre ronde)
Trompe auditive
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118 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 119
Ampoule du canal
semicirculaire
latéral
Fenêtre
du vestibule
Ductus
reuniens
Fenêtre
de la cochlée
Canal endolymphatique Canal Ampoule du canal
Sac endolymphatique utriculo-sacculaire semicirculaire
postérieur
La cochlée osseuse est située juste en avant et spirale similaire à la ligne d’enroulement du
en dedans du vestibule sur 5 à 6 mm de hau- canal spiral de la cochlée : c’est le tractus spi-
teur et 9 mm de diamètre à la base. Elle est ral criblé. Les faisceaux de protoneurones de la
formée par un tube osseux enroulé en spirale, voie cochléaire qui forment le nerf cochléaire
d’une longueur de 30 mm et d’un diamètre de (VIIIc) passent par ces orifices qui se prolon-
1 à 2 mm : le canal spiral de la cochlée. Ce tube gent par de fins canalicules, lesquels se termi-
est enroulé en spirale en 2 tours et demi de spire nent dans le canal spiral du modiolus (canal spiral
autour d’un axe : le modiolus (columelle), et la de Rosenthal) (Voir Chapitre 20, page 30). Les
face externe apparente du tube constitue la lame corps cellulaires des fibres nerveuses forment le
des contours. Le canalicule cochléaire (aqueduc ganglion spiral (organe de Corti) à l’origine du
de la cochlée) fait communiquer la cochlée et la nerf cochléaire.
cavité crânienne. Le canal spiral de la cochlée est cloisonné par la
Le modiolus est un cône creux couché dont lame spirale osseuse en deux tubes secondaires :
l’axe presque horizontal est oblique en avant • la rampe tympanique placée vers la base en com-
et latéralement, presque perpendiculairement munication avec la fenêtre de la cochlée ;
à l’axe du rocher. Son sommet est en rapport • la rampe vestibulaire placée vers l’apex en com-
avec le protympanum et sa base perforée de munication avec la fenêtre du vestibule.
multiples orifices répond au quadrant antéro- C’est sous le vestibule que débute la lame spirale.
inférieur du fond du méat acoustique interne. En fait, elle en constitue le plancher, puis elle
D’autres petits orifices sont présents sur la s’enroule autour du modiolus et se termine sous
surface interne du modiolus selon une double la coupule du vestibule par un crochet, le crochet
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120 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
de la lame spirale. Cela constitue un passage, l’hé- • la fossette postérieure, l’aire vestibulaire supé-
licotréma, qui fait communiquer les deux rampes rieure (fossette utriculaire) située à hauteur de
(figure 7.25). l’utricule du vestibule comporte de nombreux
petits orifices par lesquels passent les fibres utri-
culaires du nerf vestibulaire.
Le modiolus où passe le nerf cochléaire fait communi
quer la cochlée avec les espaces sousarachnoïdiens et
Étage inférieur
constitue une voie de diffusion des atteintes méningées
au labyrinthe [53]. Une crête verticale divise aussi cet étage en deux
fossettes antérieure et postérieure, auquel s’ajoute
le foramen singulaire (foramen de Morgagni) pour
Pour certains, la suture pétrooccipitale joue le rôle d’un le passage d’une branche du nerf vestibulaire, le
amortisseur entre le rocher et la base crânienne. Ainsi, les nerf ampullaire postérieur.
forces transmises depuis la colonne vertébrale jusqu’à la • la fossette antérieure, l’aire cochléaire (fossette
base du crâne sont amorties, ce qui protège les structures cochléaire), située à hauteur de la base du modio-
de l’oreille interne. En raison de l’importance des rapports lus est déprimée et présente de nombreux orifi-
anatomiques et fonctionnels du « complexe pétroocci ces que traversent les fibres du nerf cochléaire ;
pital », l’ossification de la suture pétro-occipitale pourrait • la fossette postérieure, l’aire vestibulaire inférieure
être sous la double influence de forces biochimiques et
(fossette sacculaire), située à hauteur du saccule
biomécaniques. Chez l’homme de plus de 60 ans, cette
du vestibule livre passage aux fibres sacculaires
suture peut être complètement ossifiée. Dès lors, plu
sieurs facteurs contribuent aux pertes d’audition asso du nerf vestibulaire.
ciées à l’âge : une modification des rapports osseux, une
altération du flux liquidien cérébrospinal autour du canali Canal facial
cule cochléaire, et une diminution de l’amortissement des
vibrations qui arrivent sur la partie pétreuse [17]. Compris entre le fond du méat acoustique interne
et le foramen mastoïdien, deux fois coudé sur
Méat acoustique interne lui-même, le canal facial (aqueduc de Fallope)
présente trois segments.
Creusé dans le rocher en dedans du labyrinthe osseux,
le méat acoustique interne est un canal osseux par- Premier segment
couru par les nerfs vestibulo-cochléaire (nerf auditif,
Ce segment labyrinthique de 3–4 mm est le plus
VIII), facial (VII) et intermédiaire (nerf intermé-
court. Il commence au fond du méat acoustique
diaire de Wrisberg, VII bis). Oblique en avant et en
interne et se dirige obliquement en avant et en
dedans, presque cylindrique, il mesure environ 8 à
dehors, perpendiculaire à l’axe du rocher. Il répond
l0 mm de long, pour une largeur de 4 à 5 mm. I1 se
en dehors et en arrière au canal semicirculaire
termine sur la face postéro-supérieure du rocher par
antérieur, et en dedans et en avant à la cochlée. Le
le pore acoustique interne (figure 7.3).
canal facial livre passage au nerf facial (VII) et au
Le fond du méat acoustique interne répond en nerf intermédiaire (7 bis) (figure 7.27).
avant à la base du modiolus, en arrière à la face
médiale du vestibule. La crête transverse le divise Deuxième segment
en deux étages, supérieur et inférieur. Après un virage de 75–80° dans le plan hori-
zontal, le segment tympanique est pratique-
Étage supérieur
ment parallèle à l’axe du rocher, donc oblique
Une crête verticale divise cet étage en deux fosset- en arrière, en bas et en dehors. À l’angle formé
tes, antérieure et postérieure : entre les segments labyrinthique et tympanique,
• la fossette antérieure, l’aire faciale (fossette le canal facial présente une fossette pour le gan-
faciale), livre passage au nerf facial et au nerf glion géniculé. Le nerf intermédiaire arrive sur
intermédiaire ; ce ganglion d’où part le nerf grand pétreux. À
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Chapitre 7. Os temporal 121
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122 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
• dans le plan sagittal, l’os temporal démontre une l’attachement supérieur est plus antérieur et que
rotation antérieure ou une rotation postérieure. l’attachement inférieur est plus postérieur d’un côté
Dans la rotation antérieure le bord supérieur de de la tête que de l’autre. Inversement, un attache-
l’écaille du temporal se déplace vers l’avant et ment supérieur plus postérieur et un attachement
vers le bas, le processus zygomatique se déplace inférieur plus antérieur laissent penser à une rotation
vers le bas, et la pointe du processus mastoïde postérieure de l’os temporal, une composante du
vers l’arrière et vers le haut ; l’inverse se produit mouvement de rotation interne. Dans tous les cas,
dans la rotation postérieure ; l’observation doit être confirmée par la palpation
• dans le plan coronal, l’os temporal réalise une pour la structure et la palpation pour la fonction.
abduction du bord supérieur de la partie squa-
meuse et une adduction de la pointe du pro-
cessus mastoïde ou une adduction du bord Torsion
supérieur de la partie squameuse associée à une
abduction de la pointe du processus mastoïde ; En plus des mouvements de rotation externe et
• dans le plan transversal, l’ensemble du tempo- de rotation interne crâniennes, l’os temporal par-
ral se déplace latéralement mais à un plus grand ticipe aux mouvements de torsion et de sideben-
degré au niveau de la partie postérieure que de ding-rotation de la synchondrose sphénobasilaire.
la partie antérieure, ou inversement l’ensem- Dans la torsion, le sphénoïde et l’occiput tournent
ble se déplace médialement toujours à un plus en directions opposées autour d’un axe antéropos-
grand degré au niveau postérieur qu’au niveau térieur reliant le nasion à l’opisthion. Un côté du
antérieur. sphénoïde est plus haut que l’autre, et l’occiput
Ainsi, dans le mouvement de rotation externe qui est bas du côté de la grande aile haute et haut de
résulte de la combinaison des mouvements dans l’autre côté. Le côté où la grande aile du sphénoïde
les trois plans de l’espace, le bord supérieur de se déplace vers le haut définit la torsion. En l’ab-
la partie squameuse se déplace vers l’avant, vers sence de dysfonction somatique crânienne, le mou-
le dehors et vers le bas, et la pointe du processus vement de torsion est possible des deux côtés.
mastoïde vers l’arrière, vers le dedans et vers le L’os temporal logé dans l’espace compris entre le
haut. Pendant la rotation interne crânienne, les os corps et la grande aile du sphénoïde en avant et
temporaux réalisent les déplacements opposés et le l’os occipital en arrière subit leurs deux influences
bord supérieur de la partie squameuse se déplace qui dans la torsion sont contradictoires. L’écaille
vers l’arrière, vers le dedans et vers le haut, et la temporale d’origine membraneuse s’articule en
pointe du processus mastoïde vers l’avant, vers le avant avec la grande aile sphénoïdale, et la mas-
dehors et vers le bas. toïde d’origine cartilagineuse s’articule en arrière
Dans l’observation du patient, il est classique de avec l’os occipital. De fait, dans les conditions nor-
regarder l’auricule pour avoir une idée du mouve- males, l’os temporal accompagne les mouvements
ment de l’os temporal. Une oreille décollée laisse de l’os occipital. Dans une torsion droite où l’oc-
supposer une rotation externe de l’os temporal ciput tourne se déplaçant vers le bas du côté droit
ipsilatéral, et une oreille plaquée contre le côté de et vers le haut du côté gauche, l’os temporal droit
la tête laisse supposer une rotation interne. Cette démontre une rotation externe et l’os temporal
observation est valable pour étudier la composante gauche une rotation interne. Inversement, avec
du mouvement située dans le plan coronal. Pour une torsion gauche où l’occiput se déplace vers le
autant, parfois la composante dans le plan sagittal bas du côté gauche et vers le haut de l’autre côté,
prédomine et dans ce cas, l’observation de la posi- l’os temporal droit démontre une rotation interne
tion relative des attachements supérieur et inférieur et l’os temporal gauche une rotation externe.
de l’auricule est plus satisfaisante pour définir le Dans les mouvements de torsion et de sideben-
mouvement des os temporaux. Une rotation anté- ding rotation, les os pairs se déplacent en rota-
rieure de l’os temporal, composante du mouve tion externe ou en rotation interne. Toutefois, ces
ment de rotation externe, est probable lorsque déplacements ne sont pas exactement identiques
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Chapitre 7. Os temporal 123
aux mouvements de rotation externe décrits pen- Il en résulte un sidebending entre le sphénoïde et
dant la phase d’inspiration crânienne associée à la l’occiput au niveau de la SSB, avec d’un côté une
flexion de la synchondrose sphénobasilaire (SSB), convexité et de l’autre une concavité.
ou de rotation interne pendant l’expiration crâ- Les principes décrits ci-dessus concernant l’adap-
nienne associée à l’extension de la SSB. Ainsi, tation de l’os temporal aux mouvements de tor-
dans le mouvement de torsion de la SSB, la por- sion s’appliquent également aux mouvements de
tion mastoïde de l’os temporal subit l’influence de sidebending-rotation. Le temporal situé du côté
l’os occipital, en principe la plus forte, quand la du sidebending suit les déplacements vers le bas
partie squameuse subit l’influence de l’os sphé- de l’occiput et du sphénoïde, ce qui résulte en
noïde. Les deux mouvements sont de direction une rotation externe. En même temps, il subit les
opposées : l’occiput se déplace vers le haut quand influences contradictoires des déplacements vers
le sphénoïde se déplace vers le bas et vice-versa. l’arrière de l’occiput et vers l’avant du sphénoïde.
L’os temporal est sollicité en torsion, et ce sont les Comme pour la torsion, dans les conditions nor-
zones les plus souples qui s’adaptent. À ce titre, males, l’os temporal accompagne les mouvements
l’écaille temporale d’origine membraneuse offre le de l’os occipital et sa partie squameuse accom-
plus grand potentiel d’accommodation. mode ceux de l’os sphénoïde.
Sidebending-rotation
Palpation pour la structure
Dans le sidebending-rotation de la SSB, deux
composantes de mouvement sont présentes avec La palpation pour la structure consiste en la palpa-
pour chacune d’elles des axes de mouvement dif- tion de l’écaille, de la partie mastoïdienne, du pro-
férents. Un axe antéropostérieur relie le nasion cessus zygomatique, du pore acoustique externe,
et l’opisthion, et autour de cet axe, l’occiput et des muscles temporal et masséter, et des sutures
le sphénoïde tournent dans la même direction. squameuse, pariétomastoïdienne, occipitomastoï-
Simultanément, autour de deux axes verticaux, un dienne, temporozygomatique et ATM. La palpa-
pour chaque os, l’occiput et le sphénoïde se dépla- tion de la partie pétreuse de l’os temporal n’est
cent dans des directions opposées. pas possible.
Ainsi, lorsque le corps et la grande aile du sphé-
noïde tournent autour de l’axe antéropostérieur
et se déplacent vers le bas d’un côté et vers le haut Écaille
de l’autre, l’occiput tourne dans le même sens et Tout d’abord, palpez les reliefs de l’écaille tem-
tourne avec le sphénoïde, se déplaçant vers le haut porale sur les côtés de la tête, au dessus des auri-
du côté de la grande aile haute et vers le bas de cules. Notez les différences entre les deux côtés.
l’autre côté. En même temps, lorsque l’occiput Avez-vous la sensation que d’un côté l’écaille est
et le sphénoïde se déplacent autour des deux axes plus antérieure que l’autre, plus convexe, plus
verticaux qui passent l’un par le centre du corps latérale, ce qui est associée à un mouvement de
du sphénoïde et l’autre par le foramen magnum de rotation externe de l’os temporal. Inversement,
l’occiput, la grande aile du sphénoïde et l’occiput dans la rotation interne, l’écaille semble plus plate
s’écartent l’un de l’autre d’un côté, et se rappro- et médiale. Chez l’adulte, notez l’importance de
chent l’un de l’autre de l’autre côté. Le sideben- la tension des muscles temporaux.
ding-rotation est nommé du côté où la grande aile
et l’occiput sont déplacés vers le bas. Pour un side-
bending-rotation droit, la partie droite du corps Partie mastoïdienne
du sphénoïde et la grande aile droite se déplacent
vers le bas et vers l’avant, alors que la partie droite Puis continuez la palpation en promenant la pulpe
de l’occiput se déplace vers le bas et vers l’arrière. des doigts sous la zone libre des auricules vers
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124 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
l’arrière et vers le bas, vous arrivez sur la partie musculaires. Ce sont essentiellement le mus-
mastoïdienne. Toute sa face latérale est palpable cle sterno-cléido-mastoïdien (SCM) et juste en
en arrière du pore acoustique externe, en arrière arrière le muscle splénius de la tête. La différen-
et au-dessous de l’écaille. Ici, l’os temporal est ciation de leurs faisceaux d’insertion peut être
plus proche de la surface cutanée qu’il ne l’est au facilitée en sollicitant une participation active du
niveau de l’écaille. Notez les différences entre les sujet, avec le cas échéant un léger mouvement
deux côtés. contre résistance. Le SCM est sollicité par une
Essayez alors de repérer le bord supérieur des par- inclinaison ipsilatérale à la zone d’insertion mas-
ties mastoïdiennes. Dans leur moitié antérieure, toïdienne associée à une rotation controlatérale.
ils correspondent à la crête supramastoïdienne sur Le splénius de la tête est actif lors de l’inclinai-
laquelle se fixe le fascia temporal. Cette crête est son et de la rotation ipsilatérales à la zone d’in-
située dans le prolongement postérieur du bord sertion mastoïdienne. Appréciez leur tension, et
supérieur du processus zygomatique. Comparez leur réponse à la sollicitation. Dans le cas d’un
les deux côtés ; le côté le plus haut correspond déséquilibre, vérifiez les zones d’insertion à dis-
normalement au côté où le temporal est en rota- tance de ces muscles. Elles sont potentiellement
tion externe. responsables de ce déséquilibre musculaire, avec
comme effet secondaire une dysfonction crâ-
Continuez la palpation de la crête supramastoï-
nienne de l’os temporal. Pour le SCM, vérifiez le
dienne en direction postérieure, vous arrivez sur
manubrium sternal et la clavicule ; pour le muscle
la moitié postérieure du bord supérieur des parties
splénius de la tête vérifiez C7 et les trois ou qua-
mastoïdiennes qui s’articule avec le pariétal pour
tre premières vertèbres thoraciques.
former la suture pariétomastoïdienne ; elle se ter-
mine en arrière par l’astérion, point de rencontre
des sutures pariétomastoïdienne, lambdoïde et
occipitomastoïdienne. En haut de ce point, vous
Processus zygomatique
êtes sur l’os pariétal, en arrière sur l’os occipital La partie antérieure libre du processus zygoma-
et en avant sur la portion mastoïde de l’os tempo- tique est facilement palpable. Placez la pulpe de
ral. La perception tactile au niveau de ces trois os l’index et du médius juste en avant du tragus et du
est différente. La surface de l’os pariétal est plus pore acoustique externe. Vous êtes au niveau de
régulière que celle de la portion mastoïde, et c’est l’ATM. Demandez au sujet d’ouvrir doucement
l’occiput qui offre la plus grande résilience. la bouche ; normalement, vous sentez le condyle
Promenez la pulpe des doigts sur la portion mas- mandibulaire se déplacer vers l’avant sous la face
toïde en dessous de la crête supramastoïdienne ; inférieure du processus zygomatique. Par l’inter-
cette surface est relativement lisse. Déplacez les médiaire d’un ménisque, le condyle de la man-
doigts en direction du processus mastoïde où la dibule répond à la fosse mandibulaire lorsque la
surface osseuse est plus rugueuse. La limite entre bouche est fermée et au tubercule articulaire lors-
les deux est la fissure pétrosquameuse. Notez que la bouche est ouverte. Palpez très délicate-
la position respective des processus et des por- ment le bord latéral de la fosse mandibulaire et
tions mastoïdes. Dans le mouvement de rotation le tubercule articulaire ; comparez les deux côtés.
externe de l’os temporal, l’extrémité inférieure Une asymétrie dans la position des temporaux
du processus est plus postérieure, plus médiale et peut contribuer à une dysfonction de l’ATM. Le
plus haute, et la portion mastoïde est plus latérale. tubercule articulaire est souvent sensible à la pal-
Dans le mouvement de rotation interne, l’extré- pation ; c’est parce que la petite saillie palpée sur
mité inférieure du processus est plus antérieure, sa partie latérale, i.e. le tubercule zygomatique
plus latérale et plus basse et la portion mastoïde antérieur, donne insertion au ligament latéral de
plus médiale. l’ATM.
Les rugosités présentes sur la face latérale de Déplacez les doigts vers l’avant, palpez la face
la portion mastoïde sont les zones d’insertion latérale du processus zygomatique. Légèrement
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Chapitre 7. Os temporal 125
convexe avec un bord supérieur mince et tran- le plus superficiel à cet endroit. Le faisceau profond
chant qui donne insertion au fascia temporal et du muscle masséter se fixe sur la face médiale du
un bord inférieur plus épais qui donne insertion processus zygomatique, et se situe plus en profon-
au faisceau moyen du muscle masséter. Comparez deur. Notez les différences entre les deux côtés.
la position dans l’espace de ces deux bords. Dans Interrogez le sujet sur ses habitudes manducatrices,
le mouvement de rotation externe de l’os tem- et considérez l’éventualité d’une mastication unila-
poral, le bord supérieur semble plus éversé et le térale comme source de dysfonction temporale.
bord inférieur plus effacé. Inversement, dans le
mouvement de rotation interne, le bord supé-
rieur semble plus effacé et le bord inférieur plus Pore acoustique externe
éversé.
Procédez avec beaucoup de délicatesse. Évaluez
Continuez la palpation du processus zygomatique s’il existe une différence de hauteur entre les deux
de l’os temporal jusqu’à son extrémité antérieure côtés. Comparez la taille des deux pores. Dans le
et son articulation avec le processus temporal de mouvement de rotation externe de l’os temporal,
l’os zygomatique. Essayez de définir cette suture le pore acoustique externe est plus bas et sem-
qui présente à la palpation un léger décrochage. ble plus ouvert, dans le mouvement de rotation
Biseautée aux dépens du bord inférieur, le bord interne, il est plus haut et semble plus fermé.
sutural du processus zygomatique de l’os tem-
poral recouvre le processus temporal de l’os
zygomatique. De fait, l’extrémité supérieure de Palpation pour la fonction
la suture semble plus antérieure que l’extrémité
inférieure. Notez les asymétries entre les deux La palpation pour la fonction se pratique après
côtés. Comparez la position de l’extrémité anté- l’observation et la palpation pour la structure.
rieure des deux processus zygomatiques. Dans le Ces étapes complètent l’anamnèse et permettent
mouvement de rotation externe de l’os temporal, d’identifier une dysfonction somatique. La palpa-
elle est plus basse, dans le mouvement de rotation tion pour la fonction de l’os temporal comporte
interne, elle est plus haute. les tests d’écoute et les tests de mobilité.
Évaluez la sensation de continuité entre les proces- Le sujet est en position de décubitus dorsal et le
sus zygomatiques des os temporaux et les proces- praticien est assis à la tête du sujet. Commencez
sus temporaux des os zygomatiques. Notez que le toujours par une écoute globale des os temporaux
temporal et l’os zygomatique se déplacent ensem- et pour ce faire placez les pouces et les index sur les
ble en rotation externe ou en rotation interne bords supérieur et inférieur des processus zygoma-
dans tous les mouvements de flexion-rotation tiques, les médius au niveau des pores acoustiques
externe, d’extension-rotation interne et de tor- externes, les annulaires sur les pointes des pro-
sion. Dans ces mouvements les processus zygoma- cessus mastoïdes, et les auriculaires sur les parties
tiques et temporaux tournent dans le même sens. mastoïdiennes. C’est la prise à cinq doigts qui
En revanche, l’os temporal et l’os zygomatique permet une excellente écoute de l’os tempo-
ont des déplacements en sens contraire dans le ral dans sa globalité (figure 7.28). Existe-t-il un
sidebending-rotation. Ainsi, dans le sidebending- mouvement ? Les deux côtés bougent-ils autant ?
rotation droit, l’os temporal se déplace en rotation Le mouvement est-il symétrique ? En cas de res-
externe alors que l’os zygomatique se déplace en triction de la motilité intracrânienne, définissez
rotation interne. Habituellement, une dysfonction la ou les structure(s) anatomique(s) auxquelles se
au niveau de la suture temporozygomatique est rattache cette restriction. Visualisez les membranes
palpable, avec une sensation de non-continuité. dure-mériennes et leurs rapports avec le temporal,
Palpez les fibres du muscle masséter sous le bord en particulier la tente du cervelet au niveau de la
inférieur du processus zygomatique. Le faisceau partie pétreuse. Existe-il des zones de restriction ?
moyen du muscle masséter s’insère sur ce bord, c’est Mentalement visualisez chacune des sutures et
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126 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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Chapitre 7. Os temporal 127
imaginez mentalement l’anatomie de la zone pal- [5] Darrouzet V, Franco-Vidal V, Lavieille JP,
pée et les mouvements à tester. Prenez toujours le Liguoro D. Chirurgie du méat auditif interne. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgi-
temps de laisser revenir en position neutre avant cales - Tête et cou. 46–010, 2007.
de tester le mouvement opposé. [6] Kapila A, Chakeres DW, Blanco E. The Meckel cave :
Très grossièrement, le mouvement du temporal computed tomographic study. Part I : Normal ana-
peut être testé au niveau des écailles. De chaque tomy ; Part II : Pathology. Radiology 1984 ; 152 :
425–33.
côté, placez la pulpe des index, médius et quatrième [7] Benoudiba F, Hadj-Rabia M, Iffenecker C,
doigt, sur l’écaille de l’os temporal. Très douce- Fuerxer F, Bekkali F, Francke JP, et al. Variantes
ment, introduisez une légère poussée vers l’avant anatomiques du cavum de Meckel en IRM. J
d’un côté puis de l’autre en sollicitant l’écaille de Neuroradiol 1998 ; 25 : 201–6.
l’os temporal et non pas seulement les tissus sous- [8] Bafaqeeh SA. Eagle syndrome : classic and carotid
artery types. J Otolaryngol 2000 ; 29 : 88–94.
cutanés ; comparez les réponses. Laissez revenir à [9] Başekim CC, Mutlu H, Güngör A, Silit E,
la position neutre, puis effectuez le même test en Pekkafali Z, Kutlay M, et al. Evaluation of styloid
sens inverse. En l’absence de dysfonction, l’écaille process by three-dimensional computed tomogra-
temporale doit pouvoir répondre au mouvement phy. Eur Radiol 2005 ; 15 : 134–9.
vers l’avant et vers l’arrière, avec la même qualité de [10] Prabhu LV, Kumar A, Nayak SR, Pai MM,
Vadgaonkar R, Krishnamurthy A, Madhan Kumar
mouvement. En cas d’asymétrie, l’os temporal est SJ. An unusually lengthy styloid process. Singapore
généralement en dysfonction de rotation externe du Med J 2007 ; 48 : e34–6.
côté où le mouvement est le plus facile vers l’avant, [11] Eagle WW. Elongated styloid process : report of two
et en dysfonction de rotation interne du côté où le cases. Arch Otolaryngol 1937 ; 25 : 584–6.
mouvement est le plus facile vers l’arrière. [12] Savranlar A, Uzun L, Uğur MB, Ozer T. Three-
dimensional CT of Eagle’s syndrome. Diagn Interv
Pour autant, les tests d’écoute sont plus satisfai- Radiol 2005 ; 11 : 206–9.
sants à de nombreux égards. Ils permettent une [13] Zaki HS, Greco cm, Rudy TE, Kubinski JA.
évaluation rapide de la fonction étudiée, tout Elongated styloid process in a temporomandibular
disorder sample : prevalence and treatment out-
autant qu’une évaluation des diverses parties de
come. J Prosthet Dent 1996 ; 75 : 399–405.
l’os sans modification nécessaire du placement [14] Prabhu LV, Kumar A, Nayak SR, Pai MM, Vadgaonkar R,
des doigts du praticien. Dans les tests d’écoute, le Krishnamurthy A, et al. An unusually lengthy styloid
praticien observe simplement les forces inhérentes process. Singapore Med J 2007 ; 48 : e34–6.
au mécanisme respiratoire primaire avant le trai- [15] Madeline LA, Elster AD. Suture closure in the
human chondrocranium : CT assessment. Radiology
tement. Cela ne dérange pas le sujet, ce qui en
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fait une méthode de choix chez toute personne [16] Mann SS, Naidich TP, Towbin RB, Doundoulakis SH.
sensible. Normalement, la normalisation suit les Imaging of postnatal maturation of the skull base.
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Chapitre 7. Os temporal 129
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Chapitre 8
Os zygomatique
Os pair, l’os zygomatique (du grec ζu’ γωμα : il forme un arc-boutant solide, l’arcade zygoma-
joug) aussi nommé os jugal ou os malaire (du tique où s’insère un muscle masticateur puissant,
latin mala : joue) est situé sur la partie supérola- le masséter.
térale du squelette de la face (figure 8.1). Parce
qu’il joint le viscérocrâne au neurocrâne, il est
considéré comme un os clé. Ainsi, en ostéopa-
thie crânienne, l’évaluation de sa motilité per-
Ostéogenèse
met d’appréhender rapidement la fonction des
structures crâniennes, aussi bien celles apparte- Chaque os zygomatique se développe à par-
nant au viscérocrâne que celles appartenant au tir d’un seul point d’ostéogenèse qui apparaît
neurocrâne. Facilement palpable, il constitue une dans du tissu membraneux vers la 8e semaine de
interface irremplaçable entre l’os sphénoïde et le gestation. Parfois, une suture horizontale par-
maxillaire et entre l’os temporal et le maxillaire. tage l’os zygomatique en moitiés supérieure et
Avec le processus zygomatique de l’os temporal, inférieure.
Description
De forme quadrilatère, l’os zygomatique présente
à décrire trois faces : jugale, temporale et orbitaire,
quatre bords et trois processus : frontal, temporal
et maxillaire.
Face jugale
Globalement, la face jugale ou face cutanée de l’os
zygomatique est lisse et convexe. Elle regarde en
dehors, et forme la portion la plus saillante de la joue.
Cette face donne insertion à plusieurs muscles :
•• le muscle masséter s’insère sur le bord postéro-
Os zygomatique inférieur ;
•• le muscle grand zygomatique se fixe à la partie
moyenne et latérale de l’os zygomatique sur une
légère dépression presque horizontale ;
•• le muscle petit zygomatique s’attache en avant du
Fig. 8.1. Os zygomatique. muscle grand zygomatique, très légèrement en
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy. dessous de lui (Voir Chapitre 7, figure 7.12).
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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132 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Un petit orifice, le foramen zygomaticofacial (trou Parmi les six branches collatérales du nerf maxillaire
malaire) s’observe près du rebord orbitaire (figure (V2), le rameau orbitaire qui naît en avant du foramen
8.2). C’est l’orifice antérieur du canal zygomati- rond, est celui qui s’anastomose avec un rameau du nerf
cofacial (temporo-malaire), où passe le rameau lacrymal (V1). C’est de cette anse anastomosique que
zygomaticofacial du nerf zygomatique (nerf tem- part le nerf zygomatique. Puis par le foramen zygoma-
poro-malaire), branche du nerf maxillaire (V2), tico-orbitaire, il pénètre à l’intérieur de l’os zygomatique
accompagné du rameau zygomatique de l’artère où il se divise en deux rameaux et chemine ainsi dans
lacrymale (artère temporo-malaire). un canal en Y, le canal zygomatico-orbitaire (canal tem-
poro-malaire). Deux rameaux sont donc issus du nerf
zygomatique, le nerf zygomaticofacial et le nerf zygoma-
Face temporale ticotemporal qui assurent l’innervation des téguments
des régions zygomatique et temporale.
La face temporale de l’os zygomatique est globa-
lement concave transversalement. Sa surface est tue la paroi antérolatérale (plancher) et la paroi
lisse et constitue la limite antérieure de la fosse latérale de la cavité orbitaire.
temporale. Sur cette face, près du bord médial se C’est sur cette face que l’on peut apercevoir l’ori-
trouve un petit orifice : c’est le foramen zygomati- fice d’entrée du canal zygomatico-orbitaire, i.e.
cotemporal qui correspond à l’orifice postérieur du le foramen zygomatico-orbitaire. Le nerf zygo-
canal zygomaticofacial (temporo-malaire) décrit matique et la branche zygomatique de l’artère
ci-dessus (figure 8.3). Le rameau zygomatico- lacrymale cheminent dans ce canal (figure 8.4).
temporal (rameau temporal) du nerf zygomatique
passe dans ce canal.
Bord orbitaire
Face orbitaire Lisse et concave, le bord orbitaire regarde en haut
et en dedans. Il constitue la partie inférolatérale
Située à la partie supérieure de l’os zygomatique, du rebord orbitaire. Il est compris entre les angles
la face orbitaire est lisse et concave. Elle consti- supérieur et antérieur de l’os zygomatique. Sa
1 4
1
3
2
5 3
Fig. 8.2. Os zygomatique droit : vue antérieure. Fig. 8.3. Os zygomatique droit : vue postérieure.
1. foramen zygomaticofacial ; 2. bord orbitaire ; 1. foramen zygomaticotemporal ; 2. processus tempo-
3. bord temporal ; 4. bord massétérin ; 5. bord maxillaire. ral ; 3. processus maxillaire ; 4. éminence orbitaire.
Chapitre 8. Os zygomatique 133
Processus frontal
Situé à la partie supérieure de l’os zygomatique
(figure 8.4), le processus frontal s’articule à sa
partie supérieure avec le processus zygomatique
de l’os frontal pour former la suture frontozygoma-
1
tique. Son bord postérieur fortement déchiqueté
s’articule avec la crête zygomatique de la grande
aile de l’os sphénoïde pour former la suture sphé-
nozygomatique. Au-dessous de cette surface, une
courte portion de l’os zygomatique reste libre et
correspond à l’extrémité antérieure de la fissure
orbitaire inférieure.
Sur la face orbitaire du processus frontal, à environ
1 cm de son extrémité supérieure, un petit tuber-
Fig. 8.4. Os zygomatique : face orbitaire. cule, l’éminence orbitaire (tubercule orbitaire de
1. foramen zygomatico-orbitaire ; 2. processus frontal.
Whitnall), donne insertion au ligament palpébral
latéral, à l’expansion latérale de l’aponévrose du
palpation est facile et typiquement il est épais et muscle releveur de la paupière supérieure et du
mousse (figure 8.2). muscle droit latéral de l’œil (figure 8.3).
Processus maxillaire
Torsion
Le processus maxillaire de l’os zygomatique présente
sur sa face médiale un champ rugueux qui s’articule L’os zygomatique concourt aux mouvements de
avec le sommet tronqué du processus zygomatique torsion et de sidebending-rotation de la synchon-
du maxillaire pour former la suture maxillozygoma- drose sphénobasilaire. Il est très influencé par les
tique. Parfois, le sinus maxillaire se prolonge dans mouvements de l’os sphénoïde en avant duquel il
cette suture jusqu’à l’os zygomatique (figure 8.3). est placé.
Dans la torsion, les déplacements des os sphénoïde
et occipital autour d’un axe antéropostérieur reliant
Mouvement craniosacral le nasion à l’opisthion sont des rotations en direc-
tions opposées. Un côté du sphénoïde est plus haut
Flexion-extension crânienne que l’autre, et l’occiput est bas du côté de la grande
aile haute et haut de l’autre côté. La torsion est
Les os zygomatiques sont des structures paires. définie par le côté de la grande aile haute, et nor-
De ce fait, pendant la rotation externe crânienne, malement en l’absence de dysfonction somatique
les os zygomatiques affichent des mouvements crânienne, le mouvement est facile des deux côtés.
qui résultent de la combinaison des déplacements
Dans un mouvement de torsion droite où l’os
dans les trois plans de l’espace.
sphénoïde tourne en se déplaçant vers le haut du
Dans le plan sagittal, ils se déplacent de telle manière côté droit et vers le bas du côté gauche, l’os zygo-
que les bords orbitaires vont vers l’avant et le bas, et matique droit manifeste une rotation externe et
les bords massétérins vers l’arrière et le haut. Ainsi, l’os zygomatique gauche une rotation interne.
dans ce mouvement, les pommettes, qui indiquent Réciproquement, en torsion gauche, l’os zygo-
la partie inférieure des faces jugales, sont effacées. matique droit démontre une rotation interne et
Dans le plan coronal, le mouvement des os zygo- l’os zygomatique gauche une rotation externe.
matiques concourent à l’élargissement général du On se rappelle que les os pairs suivent les mou-
crâne et des cavités orbitaires. Les deux bords supé- vements de torsion et de sidebending-rotation en
rieurs, les bords orbitaire et temporal, se déplacent se déplaçant en rotation externe ou en rotation
latéralement, et les deux bords inférieurs, les bords interne. Pour autant, ces déplacements ne sont pas
massétérin et maxillaire, médialement. exactement identiques aux mouvements de rota-
Dans le plan transversal, l’ensemble de l’os zygo- tion externe ou interne décrits pendant la phase
matique se déplace latéralement. Pour autant, le d’inspiration crânienne associée à la flexion de la
Chapitre 8. Os zygomatique 135
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Fig. 8.5. Palpation pour la fonction des os zygomatiques. 2007 : 348.
Chapitre 9
Os maxillaire
Os pair, qui appartient au massif facial, le maxil- 3e mois de développement et se continue jusqu’aux
laire (maxillaire supérieur) est le plus volumineux décennies moyennes de la vie [1]. La fissure qui les
des os de la face. Il participe à la constitution des sépare fait l’objet de débats quant à sa définition.
cavités buccale, nasale et orbitaire. Il est creusé Les éléments sont insuffisants pour démontrer son
d’une large cavité, le sinus maxillaire, qui occupe rôle en tant que site de croissance [2], dès lors le
les deux tiers supérieurs de l’os et constitue le plus terme de suture est contesté [3]. Pour autant, elle
grand des sinus paranasaux (figure 9.1). est souvent nommée suture prémaxillaire ou suture
incisive et reste visible sur le palais osseux jusqu’à
l’âge de 12 ans [4] (figure 9.2).
Ostéogenèse Pendant la croissance, le maxillaire se comporte
comme une structure composite où chacune des
L’os maxillaire s’ossifie à partir du mésenchyme et parties de l’os présente un modèle de croissance
dérive de deux centres d’ostéogenèse principaux qui lui est spécifique. Au final, cela permet un
qui peuvent apparaître pendant la 7e semaine de accroissement de la taille de l’os dans plusieurs
la vie fœtale et forment le maxillaire et l’os incisif directions de l’espace [5].
(prémaxillaire). Leur fusion commence au début du
Description
Formé essentiellement d’os compact à l’excep-
tion du bord alvéolaire, du processus palatin et
du sommet du corps constitués d’os spongieux,
le maxillaire présente à décrire un corps et qua-
tre processus : les processus zygomatique, frontal,
palatin et alvéolaire (figure 9.3).
Corps
Classiquement décrit en forme de pyramide cou-
chée horizontalement avec une base médiale et
un sommet latéral tronqué, le corps du maxillaire
présente quatre faces. Ce sont les trois faces de
la pyramide : antérieure ou faciale, postérieure ou
infratemporale, supérieure ou orbitaire, et une
Maxillaire face pour la base de la pyramide : face médiale ou
Fig. 9.1. Os maxillaire.
nasale. Le sommet de la pyramide est le processus
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy. zygomatique (apophyse pyramidale).
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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138 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Sillon nasolacrymal
Sillon Sinus maxillaire
infraorbitaire Processus frontal Pour l'os palatin
Os incisif
Processus
zygomatique
Processus
palatin
a b c
Processus
zygomatique
Temporal
Muscle releveur superficiel
Droit inférieur de la lèvre supérieure et de l’aile du nez
Oblique inférieur Muscle releveur profond de la lèvre
supérieure et de l’aile du nez
Grand zygomatique
Releveur de l’angle Petit zygomatique
de la bouche Masséter
Sterno-cléido-mastoïdien
Transverse du nez
Stylopharyngien
Temporal
Abaisseur du septum nasal Masséter
Buccinateur
Platysme
Abaisseur de l’angle de la bouche
Abaisseur de la lèvre inférieure
Mentonnier
Fig. 9.4. Os maxillaire : insertions musculaires.
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
Articulation
avec l’os frontal
Sillon lacrymonasal
Articulation
avec l’os ethmoïde
Processus Face orbitaire
frontal Sillon infra-orbitaire
Processus
zygomatique,
articulation
Foramen avec l’os
infraorbitaire zygomatique
Orifices
Incisure des canaux
nasale alvéolaires
Épine
nasale
antérieure
Jugum de la
canine Tubérosité
1
Face médiale ou nasale
Non palpable, la face médiale correspond à la base
de la pyramide du corps du maxillaire. Un pro-
Fig. 9.9. Os maxillaire droit : vue supérieure.
1. sillon infraorbitaire ; 2. incisure lacrymale. cessus horizontal, le processus palatin, la divise en
deux parties : les trois quarts supérieurs forment
un segment nasal et le quart inférieur un segment
oral (figures 9. 10 et 9.11).
Le bord postérieur de la face supérieure est lisse. Il
forme le bord antérieur de la fissure orbitaire infé- Segment supérieur nasal
rieure dont la face orbitaire de la grande aile de Elle contribue à former la paroi latérale de la cavité
l’os sphénoïde forme le bord postérieur. La fissure nasale. En haut et en arrière, un large orifice, le
fait communiquer la cavité orbitaire avec la fosse hiatus maxillaire, de forme grossièrement trian-
ptérygopalatine (Voir Chapitre 10, Figure 10.6). gulaire, avec une base supérieure et un sommet
142 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Sillon
lacrymonasal Crête
Hiatus maxillaire
ethmoïdale
Articulation Méat nasal
avec la lame moyen
perpendiculaire
de l’os palatin Crête
conchale
Sillon grand
Méat nasal
palatin
inférieur
Épine
nasale
Articulation antérieure
avec la lame
perpendiculaire
de l’os palatin
Fissure palatine
Processus palatin
inférieur communique avec le sinus maxillaire. En arrière du hiatus maxillaire, dans l’angle pos-
Partant du sommet, la fissure palatine est oblique térosupérieur de la face médiale, une facette arti-
en bas et en arrière ; le processus maxillaire de l’os culaire triangulaire s’articule avec le processus
palatin s’insinue dans cette fissure. En avant de la orbitaire de l’os palatin, c’est le trigone palatin.
fissure palatine, une large surface répond au méat Cette facette palatine déborde sur la face posté-
nasal inférieur. rieure du maxillaire (figure 9.6).
Au-dessus du hiatus maxillaire, la face médiale Le sillon grand palatin est visible au-dessous de
est creusée de deux ou trois demi-cellules. Elles la facette palatine. Oblique en bas et en avant, ce
répondent aux demi-cellules de la face inférieure sillon forme le canal grand palatin (canal palatin
du labyrinthe ethmoïdal. postérieur) avec un sillon analogue de la lame ver-
En avant du hiatus maxillaire, le sillon lacrymo- ticale de l’os palatin, où cheminent le nerf grand
nasal est bien visible. Un sillon analogue sur la palatin (nerf palatin antérieur) en provenance du
face latérale de l’os lacrymal le transforme en ganglion ptérygopalatin (ganglion sphéno-palatin)
canal. En arrière du sillon lacrymonasal, le bord et l’artère palatine descendante. Deux champs
antérieur du hiatus maxillaire forme une petite rugueux articulaires avec l’os palatin bordent le
lamelle qui se recourbe vers l’avant : c’est la sillon grand palatin : en avant pour l’articulation
lunule lacrymale qui contribue à fermer le sillon avec la lame perpendiculaire de l’os palatin et en
lacrymal. En avant, la crête lacrymale du pro- arrière pour la face antérolatérale du processus
cessus frontal de l’os maxillaire limite le sillon pyramidal de l’os palatin.
lacrymonasal.
En avant du sillon lacrymal, une crête rugueuse Segment inférieur oral
légèrement oblique en bas et en avant, la crête Situé au-dessous du processus palatin, le segment
conchale (crête turbinale inférieure) s’articule inférieur est concave médialement. De faible
avec le cornet nasal inférieur. Au-dessous de hauteur, il est limité en dehors et en avant par le
cette crête, la face nasale répond au méat nasal processus alvéolaire dont le bord inférieur, l’ar-
inférieur. cade alvéolaire, présente 8 alvéoles dentaires. Le
Chapitre 9. Os maxillaire 143
Processus palatin
Le processus palatin (apophyse palatine) s’unit Bord médial
au processus palatin controlatéral au niveau de Épais et saillant sur sa face supérieure, le bord
la suture palatine intermaxillaire. Ils forment le médial forme une arête qui constitue avec celle
palais osseux qui sépare la cavité nasale de la cavité du côté opposé la crête nasale. À sa partie supé-
orale. Chaque processus palatin forme une lame rieure, la crête est creusée d’un sillon dans lequel
qui s’étend postérieurement jusque vers le som- s’articule le bord inférieur du vomer pour former
met du hiatus maxillaire et présente une face supé- la schindylèse voméropalatine. Antérieurement, le
rieure et une face inférieure. bord médial est beaucoup plus épais et présente
Face supérieure
Lisse et concave, elle forme le plancher de la cavité Cavités nasales
Paroi latérale Toit de la cavité orale
nasale. La crête nasale est située sur le bord médial (joue) (palais dur) Palais mou
de la face supérieure du processus palatin ; elle forme
avec la crête opposée un sillon pour le vomer.
Isthme
Face inférieure pharyngien
Chez le sujet jeune, c’est sur cette face que la Trachée Œsophage
fissure entre le maxillaire et l’os incisif (pré-
maxillaire) peut être observée. Elle relie les
espaces situés de chaque côté entre les incisi-
ves latérales et les canines (figure 9.2). Fig. 9.12. Palais mou et palais dur (osseux).
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
Chapitre 9. Os maxillaire 145
Fosse incisive
Suture intermaxillaire Processus palatin du maxillaire
Hamulus du processus
ptérygoïde de l’os sphénoïde Lame horizontale de l’os palatin
Vomer
Lame médiale du processus
Portion fibrocartilagineuse
Os temporal ptérygoïde
de la trompe auditive
Insertion de l’élévateur Foramen déchiré
du voile du palais
Choanes
Cavité orale
Lame horizontale
de l’os palatin Processus pyramidal
Lame ptérygoïdienne de l’os palatin
médiale de l’os Crête nasale des os
sphénoïde maxillaire et palatin
Crête incisive Vomer
Fig. 9.14. Orifices postérieurs des cavités nasales ou
choanes. Fig. 9.15. Paroi médiale des cavités nasales.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition. D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
Chapitre 9. Os maxillaire 147
Processus latéral
du cartilage septal
Épine spinale de l’os frontal processus palatins des os maxillaires composent les
Lame criblée deux tiers antérieurs, et les lames horizontales des
Ouverture du sinus palatins le tiers postérieur.
sphénoïdal
Os nasaux Aile du vomer
mouvement de rotation externe. Globalement, des parties médiales. Les parties latéropostérieures
durant cette phase, les dimensions transversales présentent toujours le plus grand mouvement. De
crâniennes augmentent et les dimensions verti- fait, le palais est plus étroit, et les faces latérales des
cales diminuent. Le crâne s’élargit et l’arrière du processus frontaux se sagittalisent.
crâne s’élargit plus que l’avant. La voûte du crâne
s’abaisse, comme les voûtes orbitaire et palatine,
et la descente est plus importante en arrière du Torsion
crâne qu’en avant.
La torsion de la SSB est un mouvement qui se
Pendant la phase d’expiration crânienne associée
produit autour d’un axe antéropostérieur. Cet axe
à l’extension, les os pairs démontrent un mouve-
relie le nasion et l’opisthion. Autour de cet axe,
ment de rotation interne. Durant cette phase, les
le sphénoïde et l’occiput tournent en directions
dimensions transversales du crâne diminuent, et
opposées. Lorsque le sphénoïde tourne, un côté
les dimensions verticales augmentent.
du corps sphénoïdal est plus haut que l’autre. De
Dès lors, pendant la flexion crânienne les os maxil- ce côté, la grande aile du sphénoïde est dépla-
laires démontrent des mouvements de rotation cée vers le haut, et de l’autre côté la grande aile
externe qui résultent de la combinaison des dépla- est déplacée vers le bas. Simultanément, l’occi-
cements dans les différents plans de l’espace. De put tourne et se déplace vers le bas du côté de la
fait, comme pour tous les os pairs, un seul axe de grande aile haute et vers le haut de l’autre côté. La
mouvement ne peut être envisagé. Les os maxil- torsion est nommée du côté où la grande aile du
laires sont des structures composites où chacune sphénoïde se déplace vers le haut.
des parties présente un degré de flexibilité parti-
Au niveau des os pairs, des déplacements se pro-
culier. Dans le mouvement de rotation externe,
duisent pour accompagner la torsion de la syn-
chaque os maxillaire pivote autour de la suture
chondrose sphénobasilaire, avec une tendance
frontomaxillaire.
vers la rotation externe du côté de la torsion, et
Dans le plan sagittal, les os maxillaires se déplacent vers la rotation interne de l’autre côté. Ainsi, dans
vers le bas. La partie postérieure des os présente un une torsion droite, le maxillaire droit a tendance à
déplacement plus grand que la partie antérieure. se placer en rotation externe.
Dans le plan coronal, ils se déplacent latéralement.
Ce mouvement est de plus grande amplitude au
niveau de la partie latérale des os maxillaires ; la Sidebending-rotation
concavité palatine diminue et l’espace interincisif
augmente. Les dents sont en vestibuloversion. Le sidebending-rotation de la SSB consiste en deux
Dans le plan transversal, les os maxillaires se dépla- composantes, avec des axes de mouvement diffé-
cent vers l’arrière avec un plus grand déplacement rents pour chaque composante. Autour d’un axe
des parties médiales. Globalement, les parties antéropostérieur reliant le nasion et l’opisthion,
latéropostérieures présentent le plus grand mou- l’occiput et le sphénoïde tournent dans le même
vement et le palais s’élargit. Dans le même temps, sens. Donc un côté du corps du sphénoïde est plus
les faces latérales des processus frontaux se rappro- haut que l’autre et, de ce côté, la grande aile est
chent du plan coronal. déplacée vers le haut, alors que la grande aile de
Pendant la rotation interne crânienne, dans le l’autre côté est déplacée vers le bas. Dans le même
plan sagittal, les os maxillaires se déplacent vers temps, l’occiput tourne avec le sphénoïde et se
le haut. Le déplacement est plus grand en arrière déplace comme lui vers le haut du côté de la grande
qu’en avant. Dans le plan coronal, ils se déplacent aile haute et vers le bas de l’autre côté.
médialement. Le palais se creuse, l’espace interin- De surcroît, les deux os se déplacent simultané-
cisif se resserre et les dents sont en linguoversion. ment dans des directions opposées autour de deux
Dans le plan transversal, les os maxillaires se dépla- axes verticaux, un pour chaque os, qui passent par
cent vers l’avant avec un plus grand déplacement le centre du corps du sphénoïde et par le foramen
Chapitre 9. Os maxillaire 149
magnum. De ce fait, la grande aile du sphénoïde Observez le visage, les dépressions et les asymé-
et l’occiput s’écartent l’un de l’autre d’un côté, car tries présentes. Notez l’harmonie des proportions
de ce côté la grande aile se déplace vers l’avant et entre les trois étages du visage :
l’occiput vers l’arrière. De l’autre côté, la grande • supérieur, frontal, au-dessus de l’ophryon ;
aile et l’occiput se rapprochent l’un de l’autre. • moyen, nasal, de l’ophryon au point sous-nasal ;
Cela produit un sidebending entre le sphénoïde et • inférieur, buccal, du point sous-nasal au gnathion.
l’occiput au niveau de la SSB, avec comme résul- Regardez le nez, ses proportions. La largeur de
tat une convexité du côté de l’écartement et une l’orifice piriforme correspond à la distance inter-
concavité de l’autre. Le sidebending-rotation est canine. Observez l’aspect des processus frontaux
nommé du côté où la grande aile et l’occiput sont des maxillaires. Le processus se rapproche du plan
déplacés vers le bas. coronal dans la rotation externe du maxillaire ;
Au niveau des os pairs, des déplacements se il se rapproche du plan sagittal dans la rotation
produisent pour accompagner le sidebending- interne. Comparez la profondeur et l’obliquité
rotation de la synchondrose sphéno-basilaire. Sur des sillons nasolabiaux. En présence d’une aug-
le côté du sidebending-rotation, où la grande mentation de leur profondeur, suspectez une
aile se déplace vers le bas, les os influencés par rotation externe ipsilatérale du maxillaire et/ou
le sphénoïde comme le maxillaire ont tendance de l’os zygomatique, inversement suspectez une
à démontrer une rotation interne. Les espaces rotation interne en présence d’une diminution de
anatomiques comme la fissure orbitaire inférieure leur profondeur.
permettent aussi une adaptation au mouvement Étudiez la bouche, les lèvres. Normalement, en
de sidebending-rotation. situation de repos, les lèvres sont jointives et sans
tension musculaire. Une dysmorphose sous-jacente
telle une proalvéolie incisive produit une incom-
Palpation pour la structure pétence labiale. Notez la forme et la direction
de la lèvre supérieure ; elle reflète la position du
Après l’observation, la palpation pour la structure maxillaire. Du côté de la rotation externe de l’os
permet de chaque côté de palper le corps, les pro- maxillaire, la lèvre semble plus large, alors que du
cessus zygomatique, frontal, palatin et alvéolaire. côté de la rotation interne elle semble plus étroite.
Tout d’abord, observez globalement le crâne puis Typiquement, les lèvres sont étroites lorsque leurs
le visage du patient. Notez leurs caractéristiques, extrémités sont à l’aplomb des ailes du nez, elles
le type morphologique, le schéma crânien. La sont larges lorsque leurs extrémités sont à hauteur
flexion produit une augmentation de la largeur des verticales pupillaires.
crânienne et l’extension une diminution. Pour Observez le philtrum, qui est le sillon situé
autant, cela peut correspondre à un type morpho- au-dessus de la lèvre supérieure, et ses berges.
logique définit par l’index céphalique : diamètre L’orientation des sillons nasolabiaux tout comme
transverse/diamètre sagittal x 100. Le type bra- celle des berges du philtrum suit le schéma des
chycéphale présente un index supérieur à 80, et le maxillaires. Plus ces repères s’horizontalisent, plus
type dolichocéphale un index inférieur à 75. la rotation externe est probable ; plus ils se verti-
Dès lors, chez le patient de type brachycéphale, les calisent, plus la rotation est interne. Là encore, les
structures crâniennes et donc les maxillaires sem- informations obtenues par l’observation doivent
blent plus larges alors que l’inverse s’observe chez être vérifiées par la palpation pour la fonction. La
le patient de type dolichocéphale. Seule la palpa- majorité des individus démontrent quelque degré
tion pour la fonction permet de différencier un d’asymétrie, avec un maxillaire en rotation externe
type morphologique d’une dysfonction somatique et l’autre en rotation interne.
crânienne, où la modification des paramètres crâ- Évaluez les différentes fonctions musculaires de la
niens est associée à une restriction de la mobilité face. Aussi bien celles des muscles peauciers qui
des structures considérées. s’apprécient au travers de la mimique du sujet, que
150 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
celles des muscles masticateurs qui peuvent s’éva- pommettes du sujet. Insérez de préférence le cin-
luer par la palpation. quième doigt entre la lèvre supérieure et la gencive
Confirmez les observations précédentes en pal- du patient. Longez le bord alvéolaire du maxillaire
pant les repères observés. Le sujet en position de en direction postérieure jusqu’à sentir la convexité
décubitus dorsal, praticien assis à la tête du sujet, de la tubérosité.
promenez délicatement la pulpe des index, médius Éventuellement, et avec beaucoup de finesse, pal-
et annulaires à la surface des os maxillaires ; appré- pez la face inférieure du processus palatin (apo-
ciez la qualité des tissus. Tout changement dans physe palatine) de chaque os maxillaire. Comparez
la qualité tissulaire reflète une dysfonction soma- la hauteur, la largeur et la concavité de ces deux
tique. Repérez le foramen infraorbitaire situé processus. Promenez le doigt sur la suture pala-
8 mm au-dessous du rebord infraorbitaire et envi- tine intermaxillaire. Notez toute proéminence, un
ron 3 cm en dehors de la ligne médiane ; palpez « torus palatinus » qui, dans les cas extrêmes, peut
cette zone très délicatement, en particulier chez refléter une dysfonction vomérienne.
les sujets qui souffrent de sinusite ou de névralgie
trigéminale. Notez tout changement dans la tex-
Les palpations intraorales sont délicates.
ture tissulaire.
Veillez à ne pas ouvrir exagérément la bou-
Placez la pulpe des index, médius et annulaires de che du sujet. La mise en tension des muscles
chaque côté du nez. Par la palpation, comparez les ptérygoïdiens médiaux qui en résulte diminue
deux maxillaires. Les faces antérieures ont-elles la considérablement la motilité inhérente des
même convexité ? Les bords orbitaires sont-ils symé- tissus et rend la palpation plus difficile.
triques ? Palpez les processus frontaux, recherchez
là encore une différence entre les deux côtés, défi-
nissez les déplacements des processus vers les plans
coronal ou sagittal. Palpez les deux processus zygo- Palpation pour la fonction
matiques, définissez leur position dans l’espace.
Demandez au sujet d’ouvrir la bouche pour Les informations obtenues par l’observation et la
observer les processus palatins des maxillaires. palpation pour la structure doivent être vérifiées
Du côté de la rotation externe, le palais semble par la palpation pour la fonction.
plus bas et aplati, et les dents peuvent être légè- La palpation pour la fonction comporte les tests
rement en vestibuloversion. Du côté de la rota- d’écoute et les tests de mobilité [14]. Ils per-
tion interne, le palais apparaît plus étroit, plus mettent de préciser la présence éventuelle et la
haut et ogival, et les dents légèrement en linguo- localisation d’une ou de plusieurs dysfonctions
version. Notez la coïncidence ou la déviation des somatiques.
incisives médianes, i.e. la position des incisives Le sujet en position de décubitus dorsal, praticien
maxillaires par rapport aux incisives mandibulai- assis à la tête du sujet, commencez par une écoute
res et leur situation par rapport au plan sagittal globale des maxillaires. Placez les index, médius et
médian. éventuellement les annulaires souplement allon-
Procédez ensuite très délicatement à la palpation gés de part et d’autre du nez, la pulpe des doigts
intraorale. L’ouverture buccale doit toujours res- au contact des processus alvéolaires (figure 9.18).
ter confortable. Promenez subtilement la pulpe Veillez à placer les doigts en dedans de la suture
de l’index ou de l’auriculaire d’une main gantée maxillozygomatique et à bien distribuer les points
au-dessus du bord alvéolaire de chaque maxil- de contact sur les bords alvéolaires pour une éva-
laire. Notez les différences entre les deux côtés. luation satisfaisante.
Latéralement, palpez la concavité du processus Écoutez la motilité intracrânienne. L’inspiration et
zygomatique et comparez les deux côtés. l’expiration crâniennes sont-elles harmonieuses avec
Les tubérosités maxillaires peuvent être pal- des mouvements de rotations externe et interne de
pées sous les os zygomatiques et donc sous les chaque maxillaire ? En présence d’une restriction,
Chapitre 9. Os maxillaire 151
Références
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tal, and mental foramina related to gender and side.
définissez la ou les structure(s) anatomique(s) aux- J Oral Maxillofac Surg 2005 ; 63 : 800–4.
quelles se rattache cette restriction. Visualisez les [8] Nelson KE, editor. Somatic Dysfunction in
différents os avec lesquels les maxillaires s’articu- Osteopathic Family Medicine. Baltimore, MD :
Lippincott Williams & Wilkins ; 2007. p. 223.
lent ; écoutez la motilité inhérente de ces sutures. [9] Bailey JH. Osteopathic treatment of the eye, ear,
Existe-t-il des zones de dysfonction ? nose and throat in hay fever, asthma, bronchitis,
Puis déplacez la pulpe des index sur les processus catarrhal deafness and allied conditions. Lecture 13.
Osteopathic treatment of hay fever. Philadelphia :
frontaux des maxillaires. Procédez à une écoute et
Author ; 1922.
étudiez les rapports entre les processus frontaux [10] Kaluza CL, Sherbin M. The physiologic response
des maxillaires, les os frontal, nasaux, lacrymaux of the nose to osteopathic manipulative treatment :
et ethmoïde. preliminary report. J Am Osteopath Assoc 1983 ;
82 : 654–60.
Les tests d’écoute peuvent s’appliquer sur les tubé- [11] Park HS, Lee YJ, Jeong SH, Kwon TG. Density of
rosités maxillaires soit en plaçant la pulpe d’un the alveolar and basal bones of the maxilla and the
ou deux doigts sous les pommettes du sujet, soit mandible. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2008 ;
par une approche intraorale comme celle décrite 133 : 30–7.
ci-dessus. [12] Lawson W, Patel ZM, Li FY. The development and
pathologic processes that influence maxillary sinus
Demandez au sujet d’ouvrir la bouche et placez pneumatization. Anat Rec (Hoboken) 2008 ; 291 :
la pulpe de vos index gantés sur la face inférieure 1554–63.
des processus palatins. Après avoir défini s’il existe [13] Nanda R, Hickory W. Zygomaticomaxillary suture
une différence entre les deux processus, si l’un est adaptations incident to anteriorly-directed for-
ces in rhesus monkeys. Angle Orthod 1984 ; 54 :
plus concave ou plus convexe que l’autre, faites 199–210.
une écoute de ces processus. Normalisez toute [14] Sergueef N. Ostéopathie pédiatrique. Paris :
dysfonction trouvée. Elsevier ; 2007. p. 196.
Chapitre 10
Os palatin
« The palatine bones fit in between the sphenoid and perpendiculaire présente un autre processus : le
maxillae and function as ‘speed-reducers’ to retard processus pyramidal.
the movement between the sphenoid and maxillae. » Nous étudierons donc successivement la lame per-
[1] (« Les os palatins s’intègrent entre le sphé- pendiculaire, la lame horizontale, et les trois pro-
noïde et les maxillaires et fonctionnent comme cessus, orbitaire, sphénoïdal et pyramidal.
des ‘réducteurs de vitesse’ pour retarder le mou-
vement entre le sphénoïde et les maxillaires. »)
Petit os pair, l’os palatin a longtemps été pris pour Lame perpendiculaire
une partie de l’os maxillaire, tant il est difficile de
Aplatie de dehors en dedans, la lame perpendicu-
le désarticuler sans le briser [2]. Placé entre l’os
laire (lame verticale) est légèrement inclinée en
sphénoïde et l’os maxillaire, il participe à la consti-
avant et en dehors, dans un plan presque sagit-
tution de la cavité nasale, de la cavité orale et par
tal. Elle est grossièrement quadrilatère et présente
un tout petit processus, au plancher de la cavité
deux faces, médiale et latérale, et quatre bords.
orbitaire. De surcroît, il contribue à la formation
de la fosse ptérygopalatine.
Face médiale
La face médiale ou face nasale de l’os palatin
Ostéogenèse participe à la constitution de la face latérale de la
cavité nasale (figure 10.1). Elle présente de haut
Chaque os palatin se développe à partir d’un seul en bas :
point d’ostéogenèse qui apparaît dans le tissu • approximativement au niveau de l’insertion des
membraneux à la 8e semaine de gestation. À la processus qui dominent son bord supérieur, une
naissance, la dimension de la hauteur de la lame crête horizontale, la crête ethmoïdale (crête tur-
perpendiculaire de l’os palatin est la même que binale supérieure), qui s’articule avec la queue
celle de la largeur de la lame horizontale. Chez le du cornet nasal moyen (figures 10.2 et 10.3) ;
sujet adulte, elle est deux fois plus grande [3]. • au-dessous de la crête ethmoïdale, une gout-
tière qui appartient au méat moyen ;
• à l’union de son tiers inférieur et de son tiers
Description moyen, une autre crête horizontale assez
saillante, la crête conchale (crête turbinale infé-
Deux lames osseuses très minces constituent l’os rieure), qui s’articule avec la queue du cornet
palatin : l’une est verticale, c’est la lame perpen- nasal inférieur ;
diculaire ; l’autre est horizontale, c’est la lame • au-dessous de la crête conchale, une autre gout-
horizontale. Ces deux lames sont réunies à angle tière qui répond au méat nasal inférieur.
droit. Deux processus flanquent la partie supé-
Face latérale
rieure de la lame perpendiculaire : le proces-
sus orbitaire en avant et le processus sphénoïdal La face latérale ou face maxillaire de l’os palatin est
en arrière. Enfin, la partie inférieure de la lame articulaire avec les processus ptérygoïdes de l’os
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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154 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Os lacrymal
Os frontal
Lame criblée
Cornet supérieur
Sinus frontal Récessus sphéno-ethmoïdal
Cornet moyen
Os nasal
Partie basilaire
de l’os occipital
Foramen sphénopalatin
Lames médiale et latérale du processus ptérygoïde
de l’os sphénoïde
Hamulus ptérygoïdien de l’os sphénoïde
Lame perpendiculaire de l’os palatin
Processus sphénoïdal
Incisure sphénopalatine
Processus orbitaire
Crête ethmoïdale
Processus maxillaire
Crête conchale
Lame horizontale
Processus pyramidal
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Chapitre 10. Os palatin 155
sphénoïde en arrière et avec la face nasale de l’os et forme la paroi médiale de la fosse ptérygopala-
maxillaire en avant. La face latérale peut être divisée tine (arrière-fond de la fosse ptérygomaxillaire)
en quatre parties relativement verticales. D’avant (figure 10.6). La partie inférieure du sillon consti-
en arrière, ce sont les segments sinusien, maxil- tue le sillon grand palatin, qui forme le canal grand
laire, inter-ptérygo-maxillaire et ptérygoïdien. palatin (canal palatin postérieur) avec un sillon
analogue de la face nasale du maxillaire. Dans ce
Segment sinusien canal, cheminent le nerf grand palatin (nerf palatin
En avant de la face latérale, le segment sinusien antérieur) et l’artère palatine descendante.
recouvre en partie le hiatus maxillaire. Près du Un petit orifice, l’ostium du canal petit palatin
bord antérieur de la face latérale, une crête osseuse (canal palatin accessoire) livre passage à une bran-
recourbée en arrière forme un crochet qui agrafe che de l’artère palatine descendante et aux nerfs
l’os palatin au bord du hiatus. petits palatins (nerfs palatins moyen et postérieur)
qui proviennent du ganglion ptérygopalatin et
Segment maxillaire
traversent le processus pyramidal en direction de
En arrière du segment sinusien, le segment maxil- sa face inférieure.
laire rugueux s’articule avec la face nasale du
maxillaire, sur la surface située en avant du sillon Segment ptérygoïdien
grand palatin. Ce segment rugueux s’articule avec la face médiale
Segment inter-ptérygo-maxillaire de l’aile médiale du processus ptérygoïde.
Le segment médian est le segment inter-ptérygo-
Bord supérieur
maxillaire où un sillon inter-ptérygo-maxillaire des-
cend obliquement en bas et en avant (figures 10.4 Le bord supérieur ou bord sphénoïdal est sur-
et 10.5). La partie supérieure de ce sillon est large monté par le processus orbitaire en avant et le
Processus sphénoïdal
Incisure sphénopalatine
Processus orbitaire
Processus
maxillaire
Sillon grand
palatin
Processus pyramidal
Fig. 10.4. Os palatin gauche : vue latérale.
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy. Fig. 10.5. Os palatin droit : vue latérale.
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156 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Foramen sphénopalatin
Canal palatovaginal
Canal ptérygoïdien
Canal palatin
Os palatin
Os maxillaire b
Foramen alvéolaire
a
Fig. 10.6. Fosse ptérygopalatine. A. Vue antérolatérale. B. Vue latérale.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.
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Chapitre 10. Os palatin 157
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158 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Face orbitaire
Processus orbitaire
Incisure sphénopalatine
Processus
sphénoïdal
Lame perpendiculaire
Crête conchale
Lame horizontale
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Chapitre 10. Os palatin 159
Processus
sphénoïdal
Lame perpendiculaire
Crête conchale
Lame horizontale
Articulation avec la lame
Articulation médiale de la ptérygoïde
avec la lame
Os zygomatique Os lacrymal
Os palatin latérale Processus pyramidal
Fissure orbitaire de la ptérygoïde
inférieure
Os maxillaire Fig. 10.10. Os palatin gauche : vue postérieure.
D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
Fig. 10.9. Cavité orbitaire.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1 edition.
st
Processus sphénoïdal
Dans le prolongement de la lame perpendicu-
laire, le processus sphénoïdal est une fine lamelle
osseuse incurvée de telle sorte qu’elle présente
deux faces, l’une concave inféromédiale, l’autre
convexe supérolatérale, et quatre bords (figu-
res 10.10 et 10.11).
Face inféromédiale
Concave, elle contribue à la constitution de la
paroi supérieure de la cavité nasale. Elle est limitée
en bas par la crête ethmoïdale.
Face supérolatérale
La face supérolatérale supporte le sphénoïde. Elle
s’adosse contre la face médiale de la lame médiale
du processus ptérygoïde et sur le processus vagi-
nal de ce processus, avec lequel elle limite le canal
palatovaginal (canal ptérygo-palatin). C’est dans
ce canal que cheminent le rameau pharyngien du
nerf ptérygopalatin (nerf pharyngien de Böck) et
l’artère pharyngienne supérieure (artère ptérygo-
palatine). Fig. 10.11. Os palatin droit : vue postérieure.
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160 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
L’incisure sphénopalatine est localisée entre le La face inférieure prolonge la face inférieure de
processus orbitaire et le processus sphénoïdal de la lame horizontale. Les petits orifices des canaux
l’os palatin (figure 10.6). La face inférieure du petits palatins sont visibles sur cette face. Ils che-
corps de l’os sphénoïde qui repose sur les deux minent du sillon grand palatin au palais osseux en
processus transforme ainsi l’incisure sphénopala- traversant le processus pyramidal de l’os palatin.
tine en foramen sphénopalatin.
Le foramen sphénopalatin permet une communi-
cation entre la fosse ptérygopalatine où siègent le Mouvement craniosacral
ganglion ptérygopalatin et la cavité nasale. De fait,
l’artère sphénopalatine, les rameaux nasaux posté- Flexion-extension crânienne
rieurs, supérieurs et latéraux du ganglion ptérygo-
Placés entre les os maxillaires et l’os sphénoïde, les
palatin (nerfs nasaux supérieurs ou sphénopalatins
os palatins sont généralement considérés comme
externes) et le nerf nasopalatin (nerf sphénopala-
des « réducteurs de vitesse », i.e. des amortisseurs
tin interne), branches efférentes du ganglion pté-
du mouvement entre les maxillaires et le sphénoïde.
rygopalatin, passent dans cet orifice.
Pour autant, situés en arrière des maxillaires, ils
en suivent les déplacements dans la flexion-rota-
Processus pyramidal tion externe de la synchondrose sphénobasilaire
(SSB), comme dans l’extension-rotation interne.
Le processus pyramidal prolonge la moitié infé- Ces mouvements doivent prendre en compte la
rieure de la face latérale de la lame perpendicu- flexibilité des structures osseuses crâniennes chez
laire. De forme pyramidale comme l’indique son le sujet vivant.
nom, il est oblique en bas, en arrière et en dehors.
Durant la rotation externe, ils manifestent un
Il complète l’espace situé entre les extrémités infé-
mouvement qui résulte de la combinaison des
rieures des deux ailes du processus ptérygoïde et
déplacements dans les trois plans de l’espace.
présente trois faces, postérieure, antérolatérale et
Dans le plan sagittal, ils se déplacent vers le bas.
inférieure (figures 10.10 et 10.11).
La partie postérieure de l’os présente un dépla-
Face postérieure cement de plus grande amplitude que la partie
antérieure. Dans le plan coronal, comme c’est le
Triangulaire et oblique en bas et en arrière, la face cas pour les os maxillaires, ils se déplacent laté-
postérieure présente trois segments. Les deux parties ralement. Ce mouvement est plus important au
latérales, rugueuses, s’articulent avec le bord anté- niveau de la partie postérolatérale des os pala-
rieur des deux lames du processus ptérygoïde. La tins. Dans le plan transversal, comme pour les
partie médiane comble l’incisure ptérygoïdienne qui maxillaires, ils se déplacent vers l’arrière avec
sépare les deux lames du processus ptérygoïde. Cette un plus grand déplacement des parties média-
face donne insertion au muscle ptérygoïdien médial. les. Il en résulte un élargissement de l’arrière
du palais.
Face antérieure
Lors de la rotation interne, dans le plan sagittal,
Plus ou moins triangulaire, la face antérieure regarde les deux os se déplacent vers le haut, la partie pos-
en avant et en dehors. Sa surface rugueuse s’articule térieure dans une plus grande amplitude que la
avec la tubérosité de l’os maxillaire, au niveau de la partie antérieure. Dans le plan coronal, ils se dépla-
surface située en arrière du sillon grand palatin. cent médialement et le mouvement est plus grand
Le bord postérieur de la face antérieure donne à la partie postérolatérale des os palatins. Dans le
insertion au muscle ptérygoïdien latéral dans sa plan transversal, ils se déplacent vers l’avant avec
partie supérieure et au muscle ptérygoïdien médial un plus grand déplacement des parties médiales.
dans sa partie inférieure. De ce fait, le palais est plus étroit.
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Chapitre 10. Os palatin 161
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162 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
concavité. Promenez le doigt sur la suture palatine tension de ces muscles limite la motilité inhérente
médiane. Notez toute proéminence exagérée. du sphénoïde et des palatins.
Si cela reste confortable, notez l’aspect de la limite Le sujet est en position de décubitus dorsal, le pra-
postérieure du palais osseux. Il se continue en ticien est assis à la tête du sujet. Glissez l’index ou
arrière par le palais mou dont la fonction peut être de l’auriculaire d’une main gantée dans la cavité
influencée par une asymétrie dans la position des orale, pour placer la pulpe de ce doigt contre la
os palatins. face inférieure de la face palatine de l’os palatin.
Laissez la pulpe de ce doigt épouser délicatement
la surface palatine. Pratiquez un test d’écoute.
« Malalignments of the palatine bones are Essayez de sentir les déplacements vers le dehors,
usually secondary to those of the maxillae and le bas et l’arrière de l’os palatin pendant la rota-
sphenoid. They are readily diagnosed by obser- tion externe ou vers le dedans, le haut et l’avant
vation through the mouth. » [8] (« Les désali- pendant la rotation interne. Définissez les zones
gnements des os palatins sont habituellement de restriction et normalisez toute dysfonction
secondaires à ceux des maxillaires et du sphé-
trouvée.
noïde. Ils sont rapidement diagnostiqués par
l’observation intraorale »).
Références
[1] Sutherland WG. Contributions of thought. Fort
Worth, TX : Sutherland Cranial Teaching Foundation,
Inc. ; 1998. p. 169.
Palpation pour la fonction [2] Cruveilhier J. Traité d’anatomie descriptive. 5e éd
Paris : Librairie de la Faculté de Médecine ; 1871.
Comme pour la palpation pour la structure, la [3] Williams PL, Ed. Gray’s Anatomy. Churchill
Livingstone : Edinburgh 38th ed. ; 1995.
palpation pour la fonction est intraorale et doit [4] Rodenstein DO, Stanescu DC. Soft palate and oronasal
être pratiquée avec beaucoup de délicatesse. Les breathing in humans. J Appl Physiol 1984 ; 57 : 651–7.
tests d’écoute sont recommandés et, s’ils s’avèrent [5] Ajmani ML. Anatomical variation in position of the
insuffisants, les tests de mobilité avec induction greater palatine foramen in the adult human skull.
doivent être les plus légers possibles. Le plus sou- J Anat 1994 ; 184(Pt 3) : 635–7.
[6] Magoun HI. Osteopathy in the cranial field.
vent, une visualisation mentale du mouvement à Kirksville, MO : The Journal Printing Company ;
produire est suffisante. 1951. p. 36.
La bouche du sujet ne doit pas être excessive- [7] Sutherland WG. Contributions of thought. Fort
ment ouverte. Rappelez-vous que les muscles Worth, TX : Sutherland Cranial Teaching Foundation,
Inc. ; 1998. p. 100.
ptérygoïdiens médiaux s’insèrent sur les processus [8] Sutherland WG. Contributions of thought. Fort
ptérygoïdes de l’os sphénoïde et sur le processus Worth, TX : Sutherland Cranial Teaching Foundation,
pyramidal des os palatins. Dès lors, toute mise en Inc. ; 1998. p. 182.
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Chapitre 11
Os lacrymal
Os pair, l’os lacrymal est le plus petit os de la Articulation avec l’os frontal
face. C’est un os délicat, avec la ténuité et par- Face orbitaire
fois même la forme d’un ongle, ce qui explique Sillon lacrymonasal
(pour le sac lacrymal)
le nom d’unguis qu’on lui a aussi donné [1]. Il Articulation
participe à la formation de la paroi médiale de avec l’os
ethmoïde
l’orbite (cavité orbitaire) et de la paroi latérale de Articulation
Crête lacrymale avec le maxillaire
la cavité nasale. postérieure
Hamulus lacrymal
Description
De forme grossièrement quadrilatère et aplati de
dehors en dedans, l’os lacrymal présente deux
faces, latérale et médiale et quatre bords, anté-
rieur, postérieur, supérieur et inférieur.
Face latérale
La face latérale, ou face orbitaire de l’os, constitue
la partie antérieure de la paroi médiale de l’orbite.
Une crête verticale, la crête lacrymale postérieure,
la divise en portions antérieure et postérieure
(figures 11.1 et 11.2).
Portion antérieure
C’est la portion lacrymale, la plus étroite et celle
qui descend le plus bas. Elle regarde en avant et en Fig. 11.2. Os lacrymal gauche : face latérale.
Points lacrymaux
Canalicule lacrymal Crête lacrymale postérieure
La crête lacrymale postérieure est très saillante dans
sa partie supérieure. Le ligament palpébral médial s’y
insère et en arrière de lui la partie lacrymale du mus-
cle orbiculaire de l’œil (orbiculaire des paupières).
Sa partie inférieure se recourbe en un petit pro-
cessus en forme de crochet, l’hamulus lacrymal.
Ce processus se dirige vers l’avant et le dehors
pour s’articuler avec l’incisure lacrymale du bord
médial de la face orbitaire du corps du maxillaire,
et délimitant ainsi l’ostium supérieur du canal
lacrymonasal.
Conduit lacrymonasal
Le sac lacrymal mesure de 12 à 15 mm de longueur.
Canalicule lacrymal
Situé dans la fosse formée par l’os lacrymal, le pro-
Sac lacrymal
cessus frontal du maxillaire et le fascia lacrymal, il se
Fig. 11.3. Sac lacrymal. prolonge caudalement dans le canal lacrymonasal. De
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition. surcroît, la membrane muqueuse qui le tapisse conti-
nue celle de la conjonctive de l’œil par les canaux
lacrymaux, et celle de la cavité nasale par le canal
dehors et présente un sillon sur toute sa hauteur, le
lacrymonasal.
sillon lacrymonasal. Ce sillon abrite le sac lacrymal En superficie, le sac lacrymal est recouvert par une
(figure 11.3). Elle consiste en deux parties : extension du périoste orbitaire, le fascia lacrymal, et le
• une partie supérieure qui appartient à la paroi ligament palpébral médial. Sa face profonde est croi-
médiale de l’orbite ; elle comporte un sillon com- sée par la partie lacrymale du muscle orbiculaire de
plété en avant par le Un sillon lacrymonasal creusé l’œil qui s’insère sur la crête lacrymale postérieure de
sur la face latérale du processus frontal du maxil- l’os lacrymal. En fait, ce muscle se fixe sur le pourtour
laire. Ici, l’os lacrymal associé au processus frontal orbitaire, avec des insertions sur l’os frontal, le proces-
du maxillaire forme la fosse du sac lacrymal ; sus frontal du maxillaire et l’os lacrymal (Voir Chapitre
• une partie inférieure où le sillon lacrymonasal de 9, figure 9.4). Ainsi, quand il se contracte, comme
lorsqu’on cligne des yeux, une compression du sac
l’os lacrymal répond à un sillon analogue creusé
lacrymal se produit, ce qui expulse les sécrétions dans
sur la face nasale du maxillaire pour former avec
le canal lacrymonasal et les draine dans le méat inférieur
lui le canal lacrymonasal. Ce canal lacrymonasal de la cavité nasale [2].
se prolonge caudalement pour se drainer dans le La dacryosténose est une obstruction congénitale du
méat nasal inférieur. canal lacrymonasal qui résulte d’une anomalie dans le
système du drainage lacrymal ou d’une infection. Elle
Portion postérieure est souvent associée à une dysfonction des os qui for-
ment le canal osseux qui abrite le canal lacrymonasal,
Cette portion de la face latérale est plus large que c’est-à-dire le maxillaire, l’os lacrymal et le cornet nasal
la précédente. Sa surface lisse regarde en dehors. inférieur. Typiquement, nous trouvons une compression
Elle consiste en deux parties comme la portion de l’os frontal en direction des os de la face, et(ou) un
précédente : strain vertical inférieur de la synchondrose sphénoba-
• une partie supérieure, orbitaire, qui prolonge en silaire. Les dysfonctions des os frontaux, maxillaires et
avant la lame orbitaire de l’os ethmoïde et participe lacrymaux restreignent le drainage des sécrétions du
à la constitution de la paroi médiale de l’orbite ; canal lacrymonasal. La physiologie du muscle orbicu-
• une partie inférieure, maxillaire, en rapport avec laire de l’œil peut aussi être affectée par modification
des rapports entre ses points d’insertion et donc ses
la face nasale du corps de l’os maxillaire, dont elle
bras de levier.
comble parfois une partie du hiatus maxillaire.
Chapitre 11. Os lacrymal 165
Le sujet en position de décubitus dorsal, le prati- du mouvement, des asymétries, comme cela pour-
cien assis à la tête du sujet ou sur le côté, à hau- rait être le cas avec un mouvement de torsion ou
teur de la tête. Placez la pulpe du pouce et de de sidebending-rotation de la SSB ?
l’index d’une main de chaque côté de la racine du S’il existe une restriction de la motilité inhérente,
nez, sur les os nasaux. Très délicatement dépla- définissez la ou les structure(s) anatomique(s)
cez le bout des doigts en direction postérieure. auxquelles se rattache cette restriction. Bien sou-
Visualisez les os nasaux, puis en arrière des os vent, la normalisation de l’os frontal est nécessaire
nasaux les processus frontaux des os maxillaire, pour améliorer la fonction de l’os lacrymal.
puis les os lacrymaux.
Percevez-vous un mouvement ? Avez-vous un Références
mouvement de rotation externe et de rotation
[1] Cruveilhier J. Traité d’anatomie descriptive. 5e éd.
interne dans les trois plans de l’espace ? L’inspiration Paris : Librairie de la Faculté de Médecine ; 1871.
et l’expiration crâniennes sont-elles de quantité et [2] Williams PL, Ed. Gray’s Anatomy. 38th ed. Edinburgh :
de qualité satisfaisantes ? Sentez-vous des restrictions Churchill Livingstone ; 1995.
Chapitre 12
Os nasal
Os lacrymal
Os frontal
Lame criblée
Cornet supérieur
Sinus frontal Récessus sphéno-ethmoïdal
Cornet moyen
Os nasal
Partie basilaire
de l’os occipital
Foramen sphénopalatin
Lames médiale et latérale du processus ptérygoïde
de l’os sphénoïde
Hamulus ptérygoïdien de l’os sphénoïde
Lame perpendiculaire de l’os palatin
Description
De dimension et d’inclinaison très variables, il a
grossièrement la forme d’un quadrilatère. On lui
décrit deux faces, antérieure et postérieure et qua-
tre bords : supérieur, inferieur, antéromédial et
postérolatéral.
Face antérieure
La face antérieure de l’os nasal est la face superfi- Fig. 12.2. Os nasal droit : face antérieure.
cielle. Elle regarde en avant, en haut et en dehors
(figure 12.2). Légèrement concave de haut en bas,
et convexe d’avant en arrière, elle est plus large à sa nez et se termine dans la peau de la région inter-
partie inferieure qu’à sa partie supérieure. Le mus- sourcillère. Il abaisse les téguments de la région
cle procérus (muscle pyramidal du nez) s’insère dans intersourcillière.
la moitié médiale de la partie inférieure de cette
face. Il s’insère aussi sur les cartilages latéraux du
Face postérieure
Les fractures des os du nez sont parmi les fractures les
plus fréquentes des os de la face. Elles doivent être trai-
La face postérieure est la face profonde
tées avec attention pour éviter toute séquelle esthétique ou (figure 12.3). Sa partie la plus supérieure répond
fonctionnelle qui nécessiterait ensuite une rhinoplastie. à l’épine nasale de l’os frontal. Sa partie inférieure,
En fait, les os nasaux sont des os relativement fragiles car
ils s’appuient en arrière et en dehors sur des structures
osseuses compactes. En arrière, c’est l’échancrure nasale
de l’os frontal et l’épine nasale très épaisse. En dehors,
ce sont les processus frontaux des maxillaires, zones
de résistance qui participent à la constitution des piliers
canins. Les lésions nasales peuvent affecter le squelette
nasal tout autant que les structures de soutien [3].
Depuis l’Antiquité (1 600 av. J.-C.), des pratiques de
repositionnement des os nasaux sont décrites, comme
par exemple l’insertion dans les cavités nasales de
tampons de lin imbibés de graisse et de miel. En rai-
son des blessures fréquentes qui accompagnent les
activités athlétiques de l’époque, Hippocrate (500 av.
J.-C.) applique aussi ces pratiques. Anecdotiquement,
il laisse des descriptions détaillées des traitements pour
contusions et traumatismes de la face [4]. Plus tard, un
médecin byzantin, Paul d’Aegina (625–690) adopte ces
principes et définit les bases de la rhinologie [5].
Fig. 12.3. Os nasal droit : face postérieure.
Chapitre 12. Os nasal 171
constitue la partie antérieure du toit de la cavité • la partie supérieure, le dorsum, s’appuie sur les
nasale et la muqueuse olfactive la recouvre. Le os propres du nez ;
rameau nasal externe (nerf nasolobaire) du nerf • la partie moyenne coïncide avec la charpente
ethmoïdal antérieur (nerf nasal interne) chemine cartilagineuse ;
sur la partie inférieure de cette face. • la partie inférieure, la pointe du nez, est la por-
tion souple et mobile.
La charpente cartilagineuse consiste en trois car-
Bords tilages principaux, et quelques cartilages acces-
Le bord supérieur est court, épais et dentelé. Il soires. Les cartilages principaux sont le cartilage
s’articule avec le bord nasal de l’os frontal pour septal, les cartilages latéraux et les cartilages des
former la suture frontonasale. ailes du nez (alaires).
Le bord inférieur, plus long, s’articule avec les Le cartilage septal (cartilage de la cloison) est une
cartilages du nez. Il situe la limite supérieure de lame cartilagineuse verticale et médiane, grossiè-
l’orifice piriforme (orifice antérieur des fosses rement quadrilatère, placée en avant de la lame
nasales). perpendiculaire de l’os ethmoïde et du vomer
(figure 12.4). À sa partie la plus supérieure, son
Le bord antérieur s’articule avec le bord antérieur
bord antérosupérieur s’articule avec la partie infé-
de l’os nasal voisin pour former la suture interna-
romédiale des os nasaux. Au-dessous de cette
sale. Il est épais et taillé en biseau aux dépens de la
union, le cartilage septal est placé entre les bords
face profonde, de telle sorte que le rapprochement
antérieurs des deux cartilages latéraux et, de fait,
des deux os nasaux forme un sillon où logent
se trouve aussi en rapport avec la peau jusqu’au
l’épine nasale de l’os frontal à la partie supérieure
lobule du nez (figure 12.5). Le bord postérosu-
et le bord antérieur de la lame perpendiculaire
périeur s’articule avec le bord antéro-inférieur de
de l’os ethmoïde en dessous (Voir Chapitre 11,
la lame perpendiculaire de l’os ethmoïde, alors
figure 11.6).
que le bord postéro-inférieur du cartilage septal
Le bord postérieur est mince, plus long et légère- s’insinue entre les deux lames du bord antérieur
ment concave latéralement. Biseauté aux dépens du vomer avec lesquelles il s’unit. Plus en avant, il
de la face superficielle, i1 s’articule avec le bord s’appuie sur l’épine nasale antérieure.
antérieur du processus frontal du maxillaire pour
Les cartilages latéraux, de forme triangulaire,
former la suture nasomaxillaire.
sont situés de part et d’autre de la ligne médiane
(figure 12.5). Ils façonnent les faces latérales
du nez au-dessus des ailes et au-dessous des os
Le point le plus médial du bord supérieur de nasaux. En avant, ils fusionnent plus ou moins
l’os nasal est le nasion. Il est situé au croise- avec le bord antérosupérieur du cartilage septal.
ment des sutures métopique, internasale et De chaque côté, une lame fibreuse sépare leur
frontonasale. Ce point craniométrique est très bord inférieur des cartilages alaires.
fréquemment utilisé dans toutes les études
céphalométriques de la face. Chaque narine est galbée latéralement par un car-
tilage alaire. Ce sont de fines lamelles osseuses,
extrêmement souples, qui par leur forme recour-
bée modèlent les orifices narinaires. Des cartilages
Cartilages nasaux accessoires comblent les intervalles laissés libres
entre les cartilages alaires et les cartilages latéraux.
Le nez apparaît comme une pyramide triangulaire, L’ensemble de ces cartilages est soutenu par la
ostéocartilagineuse, d’aspect extrêmement variable membrane fibreuse du nez, en continuité avec le
[6], où le sommet correspond à la racine du nez et périoste des os et le périchondre des cartilages [7].
la base aux deux orifices narinaires. Généralement, Normalement planes, les surfaces du cartilage sep-
on divise la structure du nez en trois parties : tal peuvent être déviées d’un côté ou de l’autre.
172 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Sinus sphénoïdal
Fosse hypophysaire Os nasal
Vomer
Lames médiale
et latérale du processus ptérygoïde de l’os sphénoïde
Os nasal
Lame orbitaire de l’ethmoïde
Os lacrymal
Sillon lacrymonasal
Processus frontal
de l’os maxillaire
Processus latéral
du cartilage septal
Bord supérieur
du cartilage septal
Grand
cartilage alaire
Cartilage septal
Cartilages alaires
Narine accessoires
Fig. 12.5. Cartilages nasaux.
D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students,1st edition.
Chapitre 12. Os nasal 173
Il en résulte une concavité du cartilage d’un présentent le plus grand déplacement. De fait,
côté et une convexité de l’autre. C’est la dévia- les os nasaux se frontalisent. Ils suivent en cela le
tion de la cloison. Dans les cas extrêmes, du côté déplacement des branches qui forment le V du
de la convexité, la surface du cartilage septal se bord nasal de l’os frontal. Ce déplacement contri-
rapproche excessivement de la paroi latérale de la bue à l’augmentation de la dimension transversale
cavité nasale et du cornet inférieur, ce qui entrave des cavités nasales.
le flux aérien. Parfois, cela explique la perception Pendant le déplacement en rotation interne asso-
d’une obstruction nasale. De surcroît, la déviation cié à la phase d’expiration crânienne et à l’exten-
du septum nasal s’associe à une diminution de la sion de la SSB, les mouvements sont en direction
clairance mucociliaire du côté de la concavité du contraire. Dans le plan sagittal, les os nasaux font
septum. En effet, de ce côté, la muqueuse est atro- une rotation antérieure : leur bord antérieur se
phiée et l’inflammation plus importante [8]. dirige vers le bas et le bord postérieur vers le haut.
La déviation du cartilage septal peut s’inscrire dans Dans le plan coronal, les os nasaux se rapprochent
un tableau plus global où l’ensemble des structu- l’un de l’autre et le mouvement est plus important
res du nez sont affectées. De fait, le nez est dévié ; au niveau de leur bord inférieur. Dans le plan trans-
on le nomme aussi nez crochu ou nez scoliotique. versal, les os nasaux se sagittalisent ; la face latérale
Plusieurs schémas lésionnels sont possibles où se orbitaire regarde plus latéralement et la dimension
produisent soit une angulation entre les os nasaux transversale des cavités nasales diminue.
et les cartilages, soit une courbure des cartilages,
soit une déviation des os nasaux et des cartilages
dans la même direction [9]. Dans les cas sévères, Torsion
une septoplastie peut être nécessaire.
Pendant le mouvement de torsion de la SSB, l’os
nasal se déplace d’une manière similaire au mou-
vement de l’os lacrymal, de la face latérale du laby-
Mouvement craniosacral rinthe ethmoïdal et de la face latérale du processus
frontal de l’os maxillaire. Du côté où la grande aile
Flexion-extension crânienne de l’os sphénoïde s’est déplacée vers le haut, ce
qui définit le côté de la torsion, l’os nasal présente
De la même manière que les autres os pairs, l’os des mouvements comparables à ceux décrits lors
nasal démontre un mouvement de rotation externe de la rotation externe. Inversement, des mouve-
pendant la phase d’inspiration crânienne associée à la ments comparables à ceux décrits lors de la rota-
flexion de la synchondrose sphénobasilaire (SSB), et tion interne s’observent du côté opposé.
le mouvement résulte de la combinaison des dépla-
cements dans les trois plans de l’espace. Le mouve-
ment est très similaire à celui de l’os lacrymal. Sidebending-rotation
Dans le plan sagittal, les os nasaux font une rota- Pendant les mouvements de sidebending-rotation de
tion postérieure, comme les os lacrymaux, les la SSB, l’os nasal se déplace d’une manière identique
faces latérales, orbitaires des labyrinthes ethmoï- au déplacement de l’os lacrymal, de la face latérale
daux et les faces latérales des processus frontaux du labyrinthe ethmoïdal et de la face latérale du pro-
des os maxillaires. Le bord antérieur des os nasaux cessus frontal de l’os maxillaire. En conséquence, du
se déplace vers le haut, le bord postérieur vers le côté où la grande aile de l’os sphénoïde s’est dépla-
bas. Dans le plan coronal, les os nasaux s’éloignent cée vers le bas, ce qui définit le côté du sidebending-
l’un de l’autre et le mouvement est plus grand au rotation, l’os lacrymal accomplit des déplacements
niveau de leur bord inférieur. comparables à ceux décrits lors de la rotation interne.
Dans le plan transversal, les os nasaux manifes- Inversement, il effectue des déplacements compara-
tent un déplacement où la face latérale s’oriente bles à ceux décrits lors de la rotation externe du côté
vers l’avant et le dehors. Les bords postérieurs opposé au sidebending-rotation.
174 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Ostéogenèse
Bord inférieur
Comme l’os ethmoïde, les cornets nasaux inférieurs Fig. 13.1. Cornet nasal inférieur droit : face médiale.
dérivent des bords inférieurs des parois latérales D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
des capsules nasales cartilagineuses. Chaque cor-
net se développe à partir d’un seul point d’ossifica-
tion qui apparaît au 3e mois de la vie intra-utérine.
Description
Bien que complètement formé de tissu osseux
compact, le cornet nasal inférieur consiste en une
lamelle osseuse très mince plus ou moins triangu-
laire, recourbée sur elle-même et fixée à la paroi
latérale des cavités nasales par son bord supérieur.
Son plus grand diamètre est antéropostérieur. Il
Fig. 13.2. Cornet nasal inférieur gauche : face médiale.
présente deux faces, médiale et latérale, et deux
bords, supérieur et inférieur.
Face latérale
Face médiale Plus ou moins concave en dehors, selon le degré
Convexe, la face médiale regarde la cloison des d’enroulement du cornet, la face latérale limite
cavités nasales (figures 13.1 et 13.2). Une crête en dedans le méat nasal inférieur. C’est dans ce
antéropostérieure inconstante démarque une méat, à sa partie antérosupérieure, que se draine le
partie supérieure lisse d’une partie inférieure plus canal lacrymonasal (figures 13.3 et 13.4).
rugueuse.
La convexité du cornet nasal inférieur varie d’un Bord supérieur
sujet à l’autre et chez le même sujet entre les deux
côtés. Lorsque cette convexité est très marquée, le Convexe dans le sens antéropostérieur, le bord
cornet peut contacter la cloison des cavités nasales. supérieur est irrégulier. C’est le bord articulaire
Articulation
avec l’os palatin
Processus maxillaire
Bord inférieur
Os lacrymal
Os frontal
Lame criblée
Cornet supérieur
Sinus frontal Récessus sphéno-ethmoïdal
Cornet moyen
Os nasal
Partie basilaire
de l’os occipital
Foramen sphénopalatin
Lames médiale et latérale du processus ptérygoïde
de l’os sphénoïde
Hamulus ptérygoïdien de l’os sphénoïde
Lame perpendiculaire de l’os palatin
Cartilage latéral
Mouvement craniosacral
Torsion
Flexion-extension crânienne
Du côté où la grande aile de l’os sphénoïde s’est
Selon Sutherland : “See the turbinates on the side déplacée vers le haut, c’est-à-dire du côté de la tor-
of the nose as they are in the living body, curling sion de la synchondrose sphénobasilaire (SSB), le
and uncurling during inhalation and exhalation.” cornet nasal inférieur démontre des mouvements
178 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Os impair et médian, le vomer (du latin vomer : soc Articulation avec l’os ethmoïde
Articulation
avec l’os
de charrue) est une lame osseuse verticale, mince sphénoïde
et aplatie qui forme la partie postéro-inférieure du Articulation avec
le cartilage septal
septum nasal.
Ailes
Ostéogenèse
Articulation avec les maxillaires et les os palatins
L’ébauche du septum nasal primordial prend Fig. 14.1. Vomer : face latérale gauche.
forme à partir d’une lame cartilagineuse. Une D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
partie de cette lame devient la lame perpendicu-
laire de l’os ethmoïde, et une autre portion, la
partie antéro-inférieure forme le cartilage septal
du nez. Au 2e mois de gestation, dans une cou-
che de tissu conjonctif située de part et d’autre
de cette lame primitive, deux points d’ostéoge-
nèse apparaissent à partir desquels se développe le
vomer. De ce fait, deux lames se développent, que
divise un cartilage médian. Au cours du dévelop-
pement, le cartilage médian disparaît et les deux
lames osseuses fusionnent. Toutefois, cette fusion Fig. 14.2. Vomer : face latérale droite.
est incomplète au niveau des bords antérieur et
supérieur du vomer [1, 2].
est concave. Occasionnellement, on observe une
angulation entre le vomer et la lame perpendicu-
Description laire de l’os ethmoïde.
De petits sillons vasculaires et nerveux parcourent
De forme quadrilatère, on lui décrit deux faces et les faces du vomer. L’un d’entre eux, plus marqué
quatre bords (figures 14.1 et 14.2). que les autres, suit le bord antérieur ; il abrite le
nerf nasopalatin.
Faces
Bords
Normalement, les faces du vomer sont planes.
Bord supérieur
Pour autant, il existe assez fréquemment une
déviation du vomer d’un côté ou de l’autre de la Épais, légèrement incliné en bas et en arrière, le
ligne médiane, de telle sorte que l’une des faces bord supérieur est parcouru sur toute sa longueur
est plus ou moins convexe, tandis que l’autre par un sillon limité par deux lamelles déjetées en
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
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180 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Processus vaginal
de la lame ptérygoïdienne
médiale Canal vomérosphénoïdal
Canal palatovaginal Aile du vomer
Processus sphénoïdal Vomer
de l’os palatin
Pendant la flexion crânienne, l’angle situé entre les Palpation pour la structure
bords antérieur et inférieur du vomer se déplace
vers le haut, alors que l’angle situé entre les bords La palpation du vomer pour la structure ne peut
supérieur et postérieur se déplace vers le bas. Le se faire directement. Toutefois, la palpation intra-
mouvement global du vomer ressemble à une rota- orale renseigne sur la position du bord inférieur
tion postérieure. Ainsi, le bord supérieur du vomer qui s’articule avec la crête nasale formée dans les
se déplace avec la crête sphénoïdale en direction deux tiers antérieurs du palais osseux par l’union
postéro-inférieure (figure 14.4). des processus palatins des maxillaires et dans le
Pendant l’extension crânienne, les mouvements tiers postérieur du palais par les lames horizontales
opposés se produisent. L’angle situé entre les des os palatins.
bords antérieur et inférieur du vomer se déplace Le sujet est en position de décubitus dorsal et le
vers le bas et l’angle situé entre les bords supérieur praticien est assis sur le côté de la table, à hauteur
et postérieur vers le haut. Globalement, le vomer de la tête. Demandez au sujet d’ouvrir la bouche
se déplace en rotation antérieure et le bord supé- confortablement. Introduisez la pulpe de l’in-
rieur du vomer s’oriente avec la crête sphénoïdale dex ou de l’auriculaire d’une main gantée dans
en direction antéro-supérieure. la cavité orale, orientez la pulpe du doigt vers
la surface palatine du palais osseux. D’avant en
arrière, promenez le doigt sur la suture palatine
Torsion intermaxillaire et notez toute proéminence. Une
proéminence exagérée au niveau de la suture,
Le vomer participe également aux mouvements
le « torus palatinus », signale une dysfonction
de torsion et de sidebending-rotation de la SSB.
vomérienne.
Placé sous l’os sphénoïde, le vomer en subit
directement l’influence et normalement il en suit
le déplacement. Dans la torsion, le sphénoïde
tourne autour d’un axe antéropostérieur qui relie
Palpation pour la fonction
le nasion à l’opisthion, et il s’incline du côté qui
par définition est le côté opposé à la torsion. La palpation du vomer pour la fonction fait
rationnellement suite à une anamnèse précise
et à l’observation pour identifier toute dysfonc-
tion somatique. Dans le cas du vomer, la palpa-
Sidebending-rotation tion pour la fonction repose spécialement sur la
Comme dans le mouvement de torsion, le connaissance anatomique, car elle est pratiquée
vomer subit aussi l’influence de l’os sphénoïde indirectement. Elle consiste en tests d’écoute et
dans le sidebending-rotation de la SSB. Pour en tests de mobilité.
chacune des deux composantes de mouvement Le sujet est en position de décubitus dorsal et le
du sidebending-rotation, il existe des axes de praticien est assis sur le côté de la table, à hau-
mouvement différents. Le sphénoïde tourne teur de la tête. Après avoir évalué la SSB, avec une
autour d’un axe antéropostérieur qui relie le attention particulière à l’os sphénoïde, demandez
nasion à l’opisthion et s’incline du côté qui par au sujet d’ouvrir la bouche en restant dans une
définition est le côté du mouvement de side- plage d’aisance. Introduisez la pulpe de l’index ou
bending-rotation. Simultanément, le sphénoïde de l’auriculaire d’une main gantée dans la cavité
tourne autour d’un axe vertical et avance d’un orale, et placez la pulpe du doigt au niveau du
côté et recule de l’autre. Généralement, dans le staurion, i.e. au croisement entre les sutures pala-
mouvement de sidebending-rotation, le vomer tine médiane et transverse. Procédez à une écoute.
suit les deux composantes de mouvement du Existe-t-il un mouvement ? L’inspiration et l’ex-
sphénoïde. piration crâniennes sont-elles présentes en qualité
182 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
Ostéogenèse
Description
Au milieu de la 5 semaine de la vie fœtale, en même
e
temps que se développent les nerfs et les vaisseaux La mandibule consiste en trois parties, un corps
mandibulaires, un cartilage apparaît dans la région et deux branches, les branches de la mandibule
mandibulaire, c’est le cartilage de Meckel [1]. Pour ou ramus mandibulaires (branches montan-
autant, la mandibule procède d’une ossification de tes). Ces trois parties sont réunies par les angles
membrane [2, 3]. En effet, à la différence des os mandibulaires.
longs, l’ossification commence dès la 6e semaine par
apposition osseuse autour du cartilage de Meckel
qui régresse à la fin de la vie fœtale [1]. Un centre
Corps
d’ostéogenèse apparaît près du foramen menton- En forme de fer à cheval à concavité postérieure,
nier, à partir duquel l’ossification progresse pour le corps de la mandibule est presque horizontal.
former le corps mandibulaire et le ramus. Il présente deux faces, latérale et médiale et deux
En revanche, les condyles procèdent d’une ossi- bords, supérieur et inférieur.
fication endochondrale. Un cartilage secondaire
condylien s’organise, qui s’étend caudalement en Face latérale
direction du ramus et contribue au développe- Symphyse mandibulaire
ment de sa hauteur. Un autre cartilage secondaire
se forme au niveau du processus coronoïde. Ils Sur la ligne médiane, la symphyse mandibulaire
s’ossifient avant la naissance. Les centres cartilagi- (symphyse mentonnière) forme une crête qui relie
neux qui se développent au niveau de la symphyse le bord supérieur au bord inférieur du corps. C’est
mandibulaire s’ossifient avant la fin de la première le vestige de la soudure des deux moitiés primiti-
année de la vie [4]. ves de la mandibule (figure 15.1).
En bas, la symphyse mandibulaire se termine par
une saillie de forme triangulaire, plus ou moins
Vers la fin du 2e mois de la vie fœtale, la mandibule est
proéminente : c’est la protubérance mentonnière
réduite à son corps, i.e. région symphysaire et parties
horizontales du corps qui continuent leur développement (éminence mentonnière). Le sommet du triangle
vers l’arrière en dehors du cartilage de Meckel, autour est supérieur et les angles de la base constituent les
tubercules mentonniers. De chaque côté se trouve
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184 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne
4 5
Fig. 15.2. Mandibule : sujet édenté.
1. foramen mentonnier.
3 1
2
Fig. 15.1. Mandibule : vue antérieure. corps de l’os, on trouve le foramen mentonnier.
1. symphyse mandibulaire ; C’est l’orifice inférieur du canal mandibulaire
2. protubérance mentonnière ; (canal dentaire inférieur) où émergent l’artère men-
3. tubercules mentonniers ;
4. foramen mentonnier ; tale (artère mentonnière) et le nerf mentonnier.
5. ligne oblique.<