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Procédure civile 2018-2019.

Professeur : A.Mikou.

Séance 2 : 07/02/2019.

11- Révision des conditions d’accès aux professions judiciaires et juridiques et mise à
niveau des acteurs de ces professions ;
12- Révision des législations régissant les professions judiciaires et juridiques dans le
sens du renforcement de leur indépendance ;
13- Elaboration par le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire et par les ordres des
différentes professions judiciaires et juridiques des codes d’éthiques contentant des
règles éthiques et professionnelles auxquels doit être soumis les membres de ces
professions ;
14- Assainissement du système judiciaire des déliquescences ce qui nécessite en
particulier outre la transparence connue par la généralisation de l’usage des
nouvelles technologies et la communication avec les professionnels de la justice ;
15- Incitation matérielle et morale des membres du corps judiciaires et leurs auxiliaires ;
16- La fermeté dans l’application des sanctions en observant les garanties juridiques à
l’encontre de tous ceux qui travaillent et exercent dans le domaine de la justice et
tout en rendant public les sanctions ;
17- Instauration de la transparence dans l’exercice des missions judiciaires en
permettant aux justiciables à la faveur d’un mécanisme responsable de dénoncer
tout comportement inapproprié provenant d’un acteur ou d’un intervenant dans le
système judiciaire au Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire ;
18- Mobilisation de l’opinion publique et sensibilisation des citoyens aux dangers des
mauvaises pratiques.

A ce jour des textes importants sur l’indépendance du pouvoir judiciaire ont été adoptés et
certains sont même entrés en vigueur ainsi en publiant au BO du 18 Août 2016 les lois
organiques relatives au Dahir sur le conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le statut des
magistrats. Il est à noter que les membres du CSPJ ont été déjà installés le 06 Avril 2017 et
devront élaborer un code de déontologie en leur qualité de garant des droits des magistrats.
Le Président délégué du CSPJ Mustapha Fares a annoncé en 2017, 21 dossiers disciplinaires
ont été ouverts dont 15 ont été retenus. Après délibération, le Conseil a prononcé plusieurs
sanctions stipulées dans la loi organique fixant le statut des magistrats.

-Un magistrat a été définitivement révoqué ;

- Un deuxième mis à la retraite ;

-2 autres magistrats ont fait objet d’exclusion temporaire de 6 mois assortie de privation de
rémunération ;

-Tandis qu’un autre, exclusion de 4mois.

Enfin le Conseil s’est contenté de prononcer des blâmes et avertissements à l’encontre de 4


Juges. Parallèlement, le Conseil a fait bénéficier 340 Magistrats d’un avancement de grade

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en 2017, parmi eux 80 se sont vu attribué grade exceptionnel, 133 au premier grade et 127
au deuxième grade.

Le 07 Octobre 2017, le Ministère Public a vu son indépendance consacrée par rapport au


ministère de la justice. C’est ainsi que le Parquet est placé sous l’autorité du Procureur
Général du Droit auprès de la Cour de Cassation qui gère 1000 procureurs sous son autorité.

Enfin, le 02 Mars 2018, a été créé à Rabat la Commission de Coordination tripartite entre le
ministère de la justice, le CSPJ et le ministère public. Lors de la première émission de la
conférence internationale de la justice tenue à Marrakech du 02 au 04 Avril 2018, le Roi a
adressé des messages forts interpellant les magistrats sur la probité, l’indépendance et la
transparence. L’un des messages phares de la lettre royal a porté sur l’impératif d’accroitre
la confiance en la justice. L’importance que consacre à ce dossier s’exprime dans un passage
fort du discours « Garant de l’indépendance du Pouvoir Judiciaire, nous veillant tout
particulièrement que ce principe constitutionnel soit placé au service des citoyens, au
service du développement et au service de l’Etat. Les magistrats, principaux acteurs de la
réforme sont particulièrement interpellés » Le Roi a rappelé « qu’il est du devoir du juge de
se plier aux exigences d’indépendance et d’intégrité et de se prémunir contre toute forme
d’influence ou tentation sous peine de tomber sous le coup de procédure disciplinaire ou
pénale. Le message souligne que « Le principe a ainsi créé un droit pour les justiciables et
un devoir pour les magistrats » Le Juge est ainsi appelé à ne fonder ses décisions « que sur
les règles de droit et statuer exclusivement son âme et conscience guidées par ses seules
convictions… et rendre la justice dans des délais raisonnables. Le monde de l’entreprise
figure aussi au cœur des préoccupations royales et ce dans les termes suivants « La sécurité
juridique et judiciaire doit être assurée pour améliorer le climat des affaires, donner aux
investisseurs une impulsion vigoureuse et contribuer en définitive au développement du
pays »

Au niveau de l’axe d’efficience, le bilan de 2018 des tribunaux traduit un impact positif des
nouvelles reformes entrées en vigueur. C’est ainsi que 2.901.975 dossiers ont été enregistrés
dont 85% attribués aux tribunaux de première instance et 15% attribués à la Cour de
Cassation et la Cour d’Appel. Le bilan indique que le total des affaires en cours de jugement
est nettement plus élevé en atteignant 3.666.281 dossiers. S’agissant de la cadence de
jugement, le bilan indique que 147.000 attendent le verdict final.

Les tribunaux de commerce ont été parfaitement actifs au niveau de la cadence et arrivent
en tête du tableau avec plus 88% des affaires jugées en 2018. S’agissant des trois Cour
d’Appel commerciales, c’est Casablanca qui arrive en tête avec 6614 des affaires jugées et
suivie de 2400 à Marrakech.

Quant aux délais du jugement il varie de 166 jours pour les juridictions commerciales à 330
jours pour les juridictions d’appel.

Il est à noter que le suivi à distance des affaires en cours de jugement n’a pas encore donné
l’effet escompté. C’est ainsi qu’en 2017, 47% des parties des litiges ont pu suivre à distance

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le cours de leurs dossiers, ce pourcentage est tombé à 30% en 2018. Pour améliorer
l’efficacité d’accès à la justice, 33 nouvelles juridictions ont été créés en 2016-2017 et 10
programmées dans la loi de finance de 2019.

L’ouverture de l’année judiciaire 2019 a été marquée par un réquisitoire à l’égard du


ministère de la justice, lors de la séance d’ouverture le 30 Janvier 2019 au siège de la Cour
de Cassation à Rabat. Les points de discorde ont été ouvertement expliqués. Le premier
président de la cour de cassation n’a pas manqué de poser la problématique de la formation
et de recrutement des magistrats qui est toujours sous la supervision du ministère de la
justice. Il a considéré qu’il n’est pas besoin de techniciens de droit mais de personnalité de
magistrat, de son éthique, sa formation, son audace et son indépendance. A cet effet, il a
rappelé que les solutions sont attendues notamment pour le remplacement du président de
l’Institut Supérieur de la Magistrature qui est dirigé actuellement par le ministre de la
justice, il a plaidé pour que cette présidence revienne au CSPJ qui dispose de cette
prérogative de part de la constitution. Cette solution est partagée par le chef du parquet qui
estime que des blocages sont rencontrés notamment au niveau de la formation continue des
procureurs au cours de l’année. De plus, il a souligné le déficit important du nombre des
procureurs en notant en 2018 seul 30 Magistrats ont été affectés au parquet alors que le
besoin s’élève à 400 procureurs et procureurs généraux.

Enfin, il a plaidé pour l’accélération des textes réglementaires pour la mise en œuvre de la
loi organique de 2016 sur le statut des magistrats et qui a institué à leur faveur des
indemnités diverses.

Il a conclu que l’indépendance du pouvoir judiciaire ne sera complète que par la réalisation
de l’indépendance financière et matérielle des juridictions.

Enfin le chef de parquet a regretté que le ministère public ne contrôle pas les réseaux
informatiques utilisés par le parquet et ne dispose même pas de statistiques judiciaires.

Dans l’attente de la finalisation et de l’entrée en vigueur de l’ensemble des textes et surtout


du code de procédure civile indiquant les effets de ces réformes avec les nouvelles
orientations ,la procédure civile demeure régie par le code de procédure civile en vigueur tel
qu’il a été remanié. Ce code est composé de 528 articles répartis en 10 titres :

 Titre I comporte des dispositions préliminaires et le rôle du ministère public devant


les juridictions civiles ;
 Titre II sur la compétence des juridictions ;
 Titre III la procédure devant les juridictions de première instance ;
 Titre IV les procédures en cas d’urgence l’injonction de payer ;
 Titre V les procédures spéciales ;
 Titre VI les procédures devant la Cour d’Appel et les chambres d’appel de première
instance ;
 Titre VII la Cour de Cassation ;
 Titre VIII la rétractation ;

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 Titre IX les voies d’exécutions ;


 Titre X quelques dispositions générales.

Le conseil de gouvernement du 19 février 2016 a adopté un projet de loi 38-15 relatif à


l’organisation judiciaire du royaume. Ce projet de loi intervient dans le cadre du chantier
global de la réforme de la justice, il insiste en particulier sur le renforcement des droits des
justiciables en prévoyant notamment le principe de bénéficier de l’assistance judiciaire et de
percevoir des dommages-intérêts en cas d’erreur judiciaire. Aussi, il accorde une importance
à l’exécution du jugement et des procédures auprès des tribunaux de manière à garantir un
procès équitable ainsi que le respect des droits de la défense et le prononcé des jugements
dans un délai raisonnable. Le projet de loi prévoit également des dispositions tendant à
faciliter l’accès à l’information juridique et judiciaire en permettant aux justiciables de suivre
leur procédure à distance dans le respect des données personnelles des individus et l’emploi
d’un langage accessible.

S’agissant des règles de fonctionnement des instances judiciaires, le projet met l’accent sur
la nécessité d’un fonctionnement régulier des tribunaux permettant d’assurer la continuité
de services et la tenue des audiences. Il confirme la langue arabe comme la langue de
formulation de la plaidoirie et de la formulation du jugement tout en tenant compte des
dispositions constitutionnelles relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue
Amazigh. Le projet de loi met l’accent sur la nécessité de motiver les jugements qui ne
doivent être prononcé qu’après rédaction finale.

Par ailleurs, les jugements doivent consignés l’avis divergeant d’un juge dans l’exposé des
motifs afin de mieux déterminé les responsabilités dans le cas où celle-ci est engagée par
suite d’erreur judiciaire.

Quant à l’organisation interne, le projet élargi le rôle de l’Assemblée Générale en imposant


un certain nombre de nouveautés dans le cadre de la gestion administrative c’est ainsi qu’il
instaure l’unification des greffes au niveau des tribunaux et la création de fonction de
secrétaire général du tribunal chargé de la gestion administrative de la juridiction avec la
mise en place d’un mécanisme de coordination général. Par ailleurs, s’agissant des
composantes des tribunaux le projets de loi supprime les chambres d’appel au sein des
tribunaux de première instance et institue la possibilité de créer par décret la consultation
du CSPJ des sections spécialisées en matière de justice commerciale et administrative.

Il a également élargi le principe du juge unique dans le domaine de la famille pour inclure
notamment les affaires de divorces par consentement mutuel, la pension alimentaire,
l’indemnité pour la garde des enfants.

Enfin, le projet élargi le domaine d’application de la justice collégiale au sein des tribunaux
de première instance en incluant des affaires correctionnelles

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Bon courage

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