environnement
Note de contexte
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Objet de la note
La présente note informelle présente quelques généralités sur une vision moderne de
l’assainissement routier, en insistant sur la dimension environnementale. Elle était à l’origine à
l’intention de la Dirif dans le cadre de la déclinaison environnementale du Programme de
Développement et de Modernisation des Itinéraires (PDMI), des références à la Dirif sont toujours
présentes, mais le discours reste valable pour les CG et les grandes CL.
I. Contexte
La nouvelle politique routière en Ile de France doit s'inscrire dans le cadre du Grenelle de
l'Environnement. Elle s'appuie principalement sur la maîtrise des déplacements mais également sur
des infrastructures routières à faible impact environnemental.
L’Île-de-France est considérée comme une région « fragmentée » par les routes dont les rejets
directs ou indirects des réseaux d'assainissement se déversent dans la Seine, l'Oise et la Marne.
Les impacts d'origine routière sont divers, ils affectent la physique, la chimie et la biologie des
cours d'eau et des nappes qui reçoivent les rejets des infrastructures. Pour mémoire, l'Annexe I
résume les perturbations et les pollutions sur la ressource en eau engendrées par une infrastructure.
La problématique de la gestion des sédiments issus des réseaux et surtout des bassins de rétention
est aussi en enjeu important, tant du point de vue environnemental que du point de vue économique.
L'assainissement du réseau national routier en IdF possède aussi certaines particularités, qu'il
est nécessaire de lister avant de définir une politique d'actions:
− les systèmes d'assainissement des infrastructures Francilienne sont particulièrement mal
connus et en mauvais état. Ce constat vaut pour l'assainissement routier en général ; il
s'explique car le système est généralement non visible (réseaux enterrés), annexe à la route,
et dont les dysfonctionnements ont peu d'impact sur l'exploitation de la route, sauf dans de
conditions exceptionnelles de pluviométrie. Une mauvaise exploitation en fonctionnement
courant peut avoir un réel impact sur la qualité du milieu récepteur mais comme cet impact
est peu surveillé, le dysfonctionnement est rarement connu du Maître d'Ouvrage. Il arrive
que des plaintes remontent, généralement dû à une sensibilité accrue d'un des acteurs du
milieu récepteur (syndicat de rivière, association de protection de l'environnement, ...), la
plainte étant parfois sans rapport avec le réel impact des rejets de l'infrastructure. Le relatif
mauvais état de l'assainissement routier Francilien s'explique par la circulation supportée par
les infrastructures et par un environnement de la route très dense et très urbanisé (VRU par
exemple). Cela implique par exemple des déchets (bouteille, boîte de toute origine, ...) et
des incivilités (vols de matériaux et de métaux, ...) plus importants que dans d'autres
régions ;
− sur beaucoup de tronçons, et particulièrement les VRU, il y a une forte inter-connexion entre
le réseau d'assainissement routier et des réseaux urbains voisins (unitaires ou pluviaux).
Cette inter-connexion se fait dans les 2 sens: l'exutoire du RRN est parfois un réseau
communal, inter-communal ou départemental ; et inversement, il arrive que des réseaux
d'autres maîtres d'ouvrages se rejettent dans les réseaux DIRIF. Idéalement, cette inter-
connexion ne devrait pas exister car elle mélange la gestion des flux et leurs responsabilités
(pénalement, le responsable est le maître d'ouvrage du rejet). Dans la pratique et dans
certains territoires très aménagés, il paraît incongru que chaque maître d'ouvrage soit obligé
d'investir et d'entretenir des réseaux et des ouvrages différents. Il existe aussi parfois des
situations historiques dont la remise en cause impliquerait des investissements
disproportionnés en rapport à l'enjeu.
L'intégration environnementale de l'assainissement du réseau routier national en Île-de-
France doit être affichée comme l'objectif à atteindre à plus ou moins long terme en tenant
compte, du linéaire à traiter, de l'étendue du territoire, de la méconnaissance actuelle des réseaux,
des antériorités des opérations et de l'absence de connaissance précise et spatiale de la vulnérabilité
des eaux et des milieux récepteurs. Il est illusoire de planifier voire de programmer des travaux pour
ces 700 kilomètres en quelques années. Par ailleurs, les coûts financiers seraient inacceptables pour
la maîtrise d'ouvrage.
Ouvrages de référence
[1] Guide Technique de la Pollution d'Origine Routière (GTPOR), SETRA, 2007.
[2] Traitements phytosanitaires en milieu routier – guide technique Sétra - novembre 2000 - Réf
B0041.
[3] Nomenclature de la loi sur l'eau - Application aux infrastructures routières - guide technique
Sétra - juin 2004 - Réf. 0412.
[4] Chantiers routiers et préservation du milieu aquatique, Guide Technique SETRA, 2007
Calcul des charges de pollution chronique des eaux de ruissellement issues des plates-formes
routières ; note d’information n°75 du SETRA, 2006 ;
Guide Technique du Drainage routier, SETRA, 2005
Pollution et impact d'eaux de ruissellement de chaussées, rapport de recherche du LCPC, piloté par
M.Legret, 2001
Réhabilitation des voies rapides urbaines, thème Assainissement, guide SETRA, 2001
Fascicule « L'eau et la route », SETRA.
Nb: tous ces ouvrages sont téléchargeables sur le site Intranet (i2) du SETRA: http://intra.setra.i2/
Annexe I à la note: perturbations et pollutions d'une
infrastructure routière sur la ressource en eau
Il est utile de rappeler que les perturbations et pollutions engendrées par les infrastructures
concernent tant les eaux superficielles que les eaux souterraines.
Les perturbations
La dimension et la linéarité des infrastructures routières perturbent la biodiversité par des
effets de coupure. Les trames bleues (corridors naturels autour des rivières à haute valeur
écologique) sont interrompues par le caractère artificiel et brutales des traversées hydrauliques des
infrastructures. Le ruissellement sur les infrastructures routières par temps de pluie produit
des débits qui perturbent le fonctionnement naturel des cours d'eau. Ces débits peuvent
accroître les risques d'inondations à l'aval du rejet, et le choc hydraulique du rejet routier peut avoir
un impact fort sur le fonctionnement écologique du cours d'eau en période d'étiage. Des bassins de
rétention sont donc parfois aménagés au niveau des rejets afin de réguler les débits rejetés.
Les pollutions
Concernant les pollutions des rejets, 4 types sont distingués ([1]):
I. La pollution chronique qui est rejetée dans le ruissellement dés qu'il pleut sur
l'infrastructure. Elle est liée essentiellement au trafic (gaz d'échappement, fuites de fluides,
usure de divers éléments) mais également à l'infrastructure routière (usure de la chaussée,
corrosion des équipements de sécurité et de signalisation…). La nature physico-chimique
des polluants est très variable et les eaux de ruissellement sont contaminées par les
carburants (hydrocarbures, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques : HAP), par des
métaux lourds (zinc, cuivre, cadmium, le plomb a pratiquement disparu des rejets) et par des
huiles, du caoutchouc, des phénols. Une partie de ces polluants est soit projetée sur les bas-
côtés de la chaussée, soit prise dans les mouvements de l'air et transportée au loin, tandis
qu'une autre partie se dépose sur la chaussée et s'accumule en période sèche avant d'être
lessivée par les eaux de ruissellement. La majorité de la pollution chronique se fixe sur les
matières en suspension (MES) qui proviennent essentiellement de l'usure des pneumatiques,
de la corrosion des véhicules et de l'usure des chaussées. Le traitement de cette pollution
consiste à retenir les matières en suspension soit par décantation seule, soit par décantation
et filtration. Différents ouvrages sont proposés pour traiter cette pollution, leurs
performances respectives figurent dans le document [1]. L'ouvrage traditionnel est un
simple bassin de rétention qui permet une décantation ;
II. La pollution saisonnière est due aux rejets liés à la viabilité hivernale (sels de
déverglaçage) ou à l'utilisation de produits phytosanitaires d'entretien. Les fondants
hivernaux les plus couramment utilisés sont le chlorure de sodium et le chlorure de calcium.
Les sels apportent un ajout en ions sodium et chlorure dépassant rarement les seuils de
potabilité des eaux de nappes (sauf dans le cas de dépôts de sels non protégés). Ils peuvent
cependant avoir un impact significatif sur les cours d'eau peu minéralisés ou d'une sensibilité
spécifique. La présence de végétation aux abords des routes et autoroutes peut nécessiter
l'emploi de produits phytosanitaires (désherbants, désherbants sélectifs, débroussaillant,
ralentisseurs et inhibiteurs de croissance,…) pour l'entretien et la gestion des dépendances
vertes routières (cf. [2]). Les quantités de produits phytosanitaires ou de déverglaçage
répandues par les services d’exploitations varient selon les régions, la rigueur de l'hiver et le
niveau de service de l'infrastructure (voir [3] pour une estimation de la concentration en
sel) ;
III. La pollution accidentelle est consécutive à un accident de circulation au cours duquel sont
déversées des matières polluantes voire dangereuses, avec des conséquences plus ou moins
graves sur la ressource en eau, selon la nature et la quantité du produit déversé. La nature de
cette pollution est bien évidemment très variable. La prévention de cette pollution consiste,
si nécessaire, en i) détecter une pollution accidentelle, ii) isoler la pollution dans un espace
ou ouvrage adéquate, et iii) la retirer ;
IV. La pollution en phase de travaux. Les chantiers perturbent parfois très fortement les
milieux ([4]), sous l'effet du décapage des sols, de leur érosion par les eaux de pluie, de la
chenalisation temporaire ou définitive des cours d'eau, des dérivations temporaires opérées
pour exécuter des ouvrages d'art, de l'utilisation de liants hydrauliques, de l'entretien des
engins de travaux, de la présence de centrales de fabrication ou de la réalisation de déblais
ou de trémies, etc... Les perturbations qui surviennent sont essentiellement des dépôts de
fines et des transformations des qualités physico-chimiques des cours d'eau, des altérations
des propriétés de la couverture géologique, des modifications des conditions d'écoulement et
des régimes hydrauliques, des migrations de substances dangereuses (hydrocarbure
essentiellement), des variations de la piézométrie de la nappe, des problèmes suscités par le
stockage, le réemploi et la forme (blocs, boues, …) de certains matériaux extraits.