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[Cf. reproduction, texte, traduction et apparats complets sous T 291 dans Heraclitea II.A.1, p.
210-213. Nous reprenons ci-dessous la version française originale de notre commentaire* ]
* Nous avons integré dans cette version quelques ajouts effectués par la rédaction du CPF dont la plupart ne
changent rien quant au fond de notre commentaire, mais le rendent mieux intelligible. (Ceux de ces changements
qui ne reflètent pas pleinement notre opinion sont signalés comme tels.) Et nous avons rétabli quelques passages qui
avaient été supprimés dans la version italienne.
¥Åµ Ÿ¢ßµ∑µ…∑» ¥äµ∫», …∑◊ {ı ¶«…`¥Äµ∑§∑ (XIV, 162 ; XIX, 307 ; cf. Schol. et
Eust. in hh. ll. ; Eust. in XIV, 457 = 1769,20 ; Heraclit. All. Hom. 75,7 ; Plut. Sol.
25, 3-4) ; 2) trois passages prouvant que le jour du massacre des prétendants est
jour de fête en l’honneur d’Apollon (XX, 156 ; 275-8 ; XXI, 258-68 ; Schol. et
Eust. in hh. ll.) ; 3) le fait connu de tous que la néoménie est considérée comme un
jour de fête dédié à Apollon et que ce dieu est identique au Soleil, l’astre respon-
sable de la néoménie (Schol D in XX, 155-6 ; Eust. in XX, 156 = 1887,19 ss. ; cf.
[Herod.] VHom 462 et 282 ALLEN ; Apollod. FGrH 244 F *98 = Heraclit.
All.Hom. 6,6 ss. ; Philoch. FGrH 328 F 88 = Procl. Schol. in Hes. Op. 770 + Schol.
D in Od. XX, 156 ; Schol. in Pind. Nem. III, 4, 36 ; Theagen. DK 8 A 2 ; Parmenid.
DK 28 A 20 ; Oenopid. DK 41 A 7 ; etc.) ; 4) le fait scientifiquement établi que les
éclipses solaires ne peuvent avoir lieu que les jours de néoménie (de conjonction)
(Anaxag. DK 59 A 42 ; Thuc. II, 28 ; Plut. Nic. 23 ; Stoici ap. Diog. Laert. VII,
146 ; Hipparch. ap. Heraclit. All. Hom. 75, 5-6 ; Gemin. VIII, 14 ; X, 6 ; Cic. De
republ. I, 16 ; 25 ; etc.).
Si toutes ces conditions étaient ainsi réunies pour qu’une éclipse puisse se
produire le jour de la vengeance d’Odysseus, la prédiction de Théoclymène
(l’« Écoute-Dieu ») n’était sans doute pas seulement destinée à annoncer aux pré-
tendants que π ë≥§∑» è{ä }√§≥Ä≥∑§√|µ (`À…∑±») fl» …|¢µä∂∑¥Äµ∑§» (Eust. in XX,
356-7 = 1895,15), mais aussi l’avènement d’une éclipse solaire véritable.
Ainsi se trouvent expliquées les lignes II (b) 34-43, notamment la mention des
éclipses solaires.
Cette explication est toutefois insuffisante, car elle ne rend pas compte du rôle joué
par le texte restant, celui qui se rapporte (ou semble se rapporter) à Héraclite. Pour
comprendre ce rôle, il faut faire appel à encore un passage d’où semble découler
l’impossibilité d’une telle éclipse : selon Homère (XIV, 457), la première nuit pas-
sée par Odysseus chez Eumée, trois jours et trois nuits avant le massacre des pré-
tendants, avait été «≤∑…∑¥çµ§∑». Sachant que l’intervalle entre la disparition de la
vieille lune et l’apparition de la nouvelle (interlunium) est le plus souvent égal à
trois jours et que la conjonction se produit à peu près au milieu de cet intervalle, la
néoménie (1er jour du mois coïncidant avec la conjonction ou venant juste après) —
et, partant, la prétendue éclipse — ne pouvait pas avoir eu lieu le jour indiqué. Et
effectivement, la scholie D (in XIV, 457) semble interpréter µŒ∂ «≤∑…∑¥çµ§∑» en
tant que nuit même de la conjonction ≤`¢ı íµ å «|≥çµä a√|«≤∫…›…`§ …ï§ √ƒª»
…ªµ ë≥§∑µ « µ∫{›§, ce qui est tout à fait incompatible avec la thèse de l’éclipse
(HASLAM 110).
Cependant, le texte correspondant d’Eustathe (qui m’a été signalé par Daniela
Manetti) est beaucoup plus nuancé et affirme juste le contraire : Eust. in XIV, 457
(1769,18) «≤∑…∑¥çµ§∑» {Å µŒ∂ ∑À¤ b√≥Ë» å a«Ä≥äµ∑», a≥≥d ≤`¢ı íµ å «|≥çµä
a√∑«≤∑…∑◊…`§, Ÿ`«ßµ, }zzß«`«` å≥ß›§ √ƒª» «Õµ∑{∑µ, æ…| ≤`® ¥|…ı ∏≥ßz∑µ
aƒ√`z§¥`ß` z|µ∑¥Äµä Çµäµ ≤`® µÄ`µ √∑§ç«|§, …∑◊ ¥Åµ Ÿ¢ßµ∑µ…∑» ¥äµª» ≤`…d
…ªµ √∑§ä…çµ, …∑◊ {ı ¶«…`¥Äµ∑§∑... æ…§ {Å …∑§`Õ…äµ {|± µ∑|±µ eƒ…§ …éµ
«≤∑…∑¥çµ§∑µ µÕ≤…` {ä≥‡«|§ ≤`® π }Ÿ|∂ï» √∑ ≤`§ƒ∫». Ã√∫≤|§…`§ zdƒ }µ
…∑§`Õ…ä§ …ªµ ıQ{ ««Ä` å¥Äƒ`§ }≤Ÿ`µ¢ïµ`§ …∑±» ¥µä«…§, ≤`¢ı íµ å≥ß›§
« µ∑{|Õ∑ «` «|≥çµä √∑§ç«∑§ fµ Ç≤≥|§‹§µ. Ÿ`µ|±…`§ {Å å …∑§`Õ…ä å¥Äƒ` ¥|…d
…ƒ|±» }Ÿ|∂ï» ∑≠¥`§ µÕ≤…`», ‰«…| å µŒ∂ `—…ä }zzßâ|§ …ï§ « µ∫{›§/ ≤`® ≤`…d
…∑◊…∑ |•≤∫…›» fµ |©ä «≤∑…∑¥çµ§∑».
Ainsi, selon Eustathe et la tradition qu’il représente, la vieille lune pouvait fort
bien avoir disparu même trois nuits avant la conjonction. Il ne nous explique pas
pourquoi. Or c’est justement ce que dit la première citation d’Héraclite (II, 43-47)
et ce que confirme l’astronomie moderne (cf. infra).
De tous les noms cités par le commentateur, il n’y en a qu’un qui fasse problème.
Thalès et Aristarque de Samos se passent de présentations ; Aristonicos est évi-
demment le grammairien alexandrin de l’époque d’Auguste ; il n’y a que pour
Diodore que plusieurs identifications sont possibles. Et si celle qu’a proposée
Lobel (ap. HASLAM, 108) — il s’agirait de l’astronome et mathématicien
d’Alexandrie contemporain de César et de Cicéron [RE V.1 (1903) 710-712, n° 53]
— semble être la plus convaincante, elle n’en demeure pas moins hypothétique.
Plus difficile encore est la délimitation des parties du texte revenant à chacun.
Une chose est sûre : Aristonicos cite Aristarque citant Thalès. Mais qui cite
Héraclite : Aristonicos, Aristarque, Diodore ou notre commentateur ? Qui cite
Diodore : Aristonicos ou le commentateur ?
Comme Héraclite et Diodore vont ensemble (cf. II, 47-48), il semble logique
de penser que cette partie du texte provient d’un commentaire où le second citait le
premier. La source principale du commentateur de POxy 3710 serait alors de toute
évidence Aristonicos (cité plusieurs fois dans le papyrus où il joue un rôle impor-
tant), lequel dépend de façon notoire du matériel exégétique du grammairien
Aristarque de Samothrace (début du IIe s. av. J. C.). L’extrait du papyrus avait cer-
tainement pour source principale l’ouvrage d’Aristonicos sur les «ä¥|±` homé-
riques d’Aristarque, d’où la présence d’une diplê d’Aristarque à la ligne 156, ou-
vrage dont Aristonicos avait repris l’exégèse (situation tout ce qu’il y a de plus
commune dans notre documentation sur l’exégèse homérique antique).
Aristarque de Samothrace pouvait avoir eu comme source immédiate l’astro-
nome Aristarque de Samos avec les citations de Thalès et d’Héraclite. Mais il pou-
vait aussi avoir ajouté la citation d’Héraclite à cette source, où seul Thalès aurait
été cité. Et Aristonicos lui-même aurait ensuite ajouté le commentaire de Diodore.
En ce cas le commentateur anonyme du papyrus n’aurait eu recours qu’à
Aristonicos chez qui il aurait trouvé toute sa documentation. Mais l’addition de
Diodore pouvait également venir de lui, si elle ne figurait pas déjà chez
Aristononicos.
Hypothèse alternative (proposée par L. Lehnus) : tout le matériel astrono-
mique (citation d’Aristarque de Samos incluse) proviendrait de Diodore et aurait
été ajouté en tant que complément au commentaire plus restreint d’Aristonicos.
Elle présente l’avantage de préserver l’unité de la tradition astronomique, tout en
réduisant considérablement le rôle d’Aristonicos et de la tradition alexandrine qu’il
représente. Or, même abstraction faite du rôle exceptionnel, déjà signalé, que joue
Aristonicos dans notre papyrus, la présence de ce genre d’observations dans notre
commentaire reflète un sujet de préoccupation tout à fait alexandrin : le problème
de la chronologie interne du poème et en particulier des événements dont il est
question au livre XX. Non seulement nous possédons de nombreux parallèles (à
partir de Zénodote), mais il en reste de nombreuses traces dans les propres scholies
d’Aristonicos (cf. NICKAU, «Zenodotos» 2 : RE X A [1972] 36-38). [À cet argu-
ment avancé par la rédaction du CPF nous en ajouterions un second : le rôle de
pièce décisive du dossier que devait avoir joué la citation d’Héraclite en tant que
preuve de la durée parfois exceptionnelle de l’interlunium (cf. infra).]
Et voici un argument en faveur d’Aristarque de Samos en tant que la source
des deux citations présocratiques : II 38 π ¥Åµ J`≥ï» appelle 43 <π {ı>
ˆHƒc≤≥|§…∑» (Haslam 107) et 42 ∑¶ ¥Åµ... ∑¶ {Å semblent se rapporter, le premier,
à Thalès (cf. Diog. Laert I, 24) et le second, à Héraclite (cf. 45). Par contre (à
moins qu’il s’agisse d’un autre Diodore), l’astronome Aristarque ne pouvait avoir
cité son cadet de deux siècles l’astronome Diodore. Les explications de ce dernier
auraient alors été ajoutées par Aristonicos ou notre commentateur après coup, ce
qui signifierait qu’elles étaient non des commentaires suscités par le texte d’Héra-
clite, mais des données scientifiques utilisées (par Aristonicos ou le commentateur)
pour interpréter celui-ci.
S’il en a réellement été ainsi (d’autres schémas sont également concevables),
cela permettrait peut-être d’expliquer une particularité curieuse du papyrus : les
diplai qu’on trouve aux extrémités des lignes II 43 et 44, 51 et 54 et III 10 (cf. en-
core I 31, 42, 48) et les barres inclinées qu’on peut distinguer dans la marge, à
gauche des lignes II 44-45 (à peine visible) et III 7-8 (très nette).
Ces signes présentent un double intérêt. Sachant que les lignes II 43-47
contiennent une indéniable citation textuelle d’Héraclite, et les lignes III 7-11 une
autre citation textuelle très probable du même (cf. infra), il est logique, primo, de
suspecter une troisième citation dans ce qui nous reste des lignes II 51 ss. (où faute
de marge — elle ne s’est pas conservée —, il est impossible de vérifier si là aussi il
y avait une barre inclinée à gauche), et secundo, de s’interroger sur la signification
exacte de ces signes.
Aristonicos, avons-nous dit, était un spécialiste des signes critiques introduits
par ses prédécesseurs, en particulier par Aristarque de Samothrace (cf. ses ouvrages
√|ƒ® …˵ «ä¥|ß›µ dans l’Iliade, l’Odyssée et la Théogonie hésiodique) et il n’est
pas étonnant qu’il s’en soit servi lui-même. La barre inclinée signale parfois, dans
les papyrus, les citations de textes ne provenant pas de l’ouvrage commenté (celles
qui en proviennent sont signalées par des paragraphoi), cf. e. g. PBerol 9782
(Anonym. in Pl. Theaet.) [et TURNER, GMAW2, 14-15 et n. 76]. Les diplai, comme
on sait, sont couramment utilisées en début de ligne pour marquer les renvois à des
hypomnemata ne faisant pas bloc avec le texte (V. GARDTHAUSEN, Gr. Paläogr. II
[1913] 411 ; TURNER GP 117-8), mais aussi en fin de ligne, apparemment pour
marquer le discours direct (V. GARDTHAUSEN, Die Schrift, Unterschriften und
Chronologie II, 406 ; cf. E. MAUNDE THOMPSON, An Introduction to Greek and
Latin Palaeography [Oxford, 1912] 63), ou encore comme simple paragraphoi
(MAUNDE THOMPSON 58). Ici, le plus probable est que nous avons affaire à un
cas mixte : à des renvois (non compris comme tels ?) se rapportant à des parties de
citations et placés (pour cette raison ?) à la fin des lignes. D’où cette hypothèse :
la, ou les, citation(s) d’Héraclite aurai(en)t d’abord été copiée(s) par Aristonicos
(d’après Aristarque de Samothrace), puis il leur aurait ajouté, sans doute en marge,
des « notes » puisées dans Diodore, en marquant au moyen de diplai le début et la
fin du passage commenté. Notre commentateur à nous (qui était un compilateur
invétéré, mais aussi certainement un abréviateur énergique qui, par exemple, a
supprimé sans pitié tout l’encadrement logique des citations) aurait combiné les
unes et les autres, en les faisant alterner dans le corps du texte, en conservant aussi
bien les signes « critiques » au bout des lignes que les barres dans la marge qu’il a
sans doute interprétées comme de simple « quotation marks » (cf. MAUNDE
T HOMPSON 63). [On pourrait aussi repousser toute cette opération d’un cran en ar-
rière, en supposant que les marginalia diodorienne figuraient déjà en tant que telles
chez Aristarque de Samothrace, voire chez un Zénodote — contemporain aîné
d’Aristarque de Samos —, à condition d’abandonner l’identification lobélienne de
Diodore et de reculer d’un ou deux siècles l’époque du nôtre.]
Dans cette hypothèse, les diplai des lignes II 43 et 44 marquaient le début
(« µ§∫µ…›µ) et la fin (Ÿ`ßµ|…`§) du texte commenté et renvoyaient à l’explication
48 } √ | ® — 50 å≥ß∑ ; la d i p l ê de la ligne III 10 marquait la fin
(…|««`ƒ|«≤`ß{|≤`) du texte commenté (celle qui en marquait le début — 7 ¥|®»
— ne s’est pas conservée) et renvoyait à l’explication 11 |• zdƒ — 19 å¥|ƒËµ. Et
c’est compte tenu aussi de cette hypothèse que nous avons tenté de reconstruire la
citation et l’explication des lignes II 52-55 (cf. apparat III ap. II.A.1, p. 213) : la
diplê de la ligne 51 y marque le début (52 }√® ¤ƒ∫µ∑µ) et celle de la ligne 54 la fin
(¥|ß») du texte commenté1 (avec la glose intrusive supposée …∑ …&Ä«…§ %Ÿ`ßµ|…`§)
et elles renvoyaient à l’explication 54 æ…`µ etc. dont nous ne possédons que le dé-
but. (Cette reconstruction demeure naturellement conjecturale à l’extrême ; cf.
infra.)
[Nous omettons ici la partie du commentaire consacrée aux lignes II, 37-40 contenant le
témoignage d’Aristarque de Samos sur Thalès ; cf. CPF I/1** (1992) 238-9.]
1 Mal traduit en italien par del testo eracliteo au lieu de del testo commentato.
À Athènes, selon les observations visuelles effectuées en 1859-1880 par Julius
Schmidt, l’intervalle de temps entre l’heure de la conjonction et celle de la première
apparition du croissant lunaire (intervalle à peu près égal à la moitié de la durée
totale de l’interlunium, période entre l’heure de la disparition du croissant mourant
et la première apparition du croissant naissant) oscille entre 15,25 heures minimum
et 76,0 (voire 82,2) heures maximum, ce qui correspond à un interlunium de 1 nuit
dans le premier cas et de 6 nuits dans le second. Plus généralement, sur un total de
59 observations, J. Schmidt a enregistré 1 cas de « demi-interlunium » de moins de
24 heures (= interlunium d’une seule nuit), 41 cas de plus de 24 et moins de 48
heures (2 ou 3 nuits), 15 cas de plus de 48 heures et moins de 72 heures (4 ou 5
nuits) et 2 cas de plus de 72 heures (6 nuits) [F.J. SCHMIDT : Astronomische
Nachrichten 71 (1868) nr. 1693, 202 ss. ; ID . ap. Aug. MOMMSEN, Chronologie.
Unteruchungen über das Kalendarwesen der Griechen (Leipzig, Teubner, 1883)
68-80 ; cf. GINZEL, loc. cit. : les chiffres de 29 heures maximum et 63 heures
minimum indiquées par Ginzel — et non 23 et 69 comme incorrectement reproduit
par Bickermann et Klimiäin — correspondent aux moyennes de toutes les
observations faites par Schmidt pour le mois où l’intervalle est le plus court et celui
où il est le plus long, autrement dit reflètent l’amplitude moyenne des variations et
non l’amplitude maximale dont la périodicité est de près de 9 ans ; cf. KLIMIáIN
35-36].2
Ces données modernes sont d’ailleurs confirmées par les observations an-
ciennes rapportées par Géminos qui notait (pour Rhodes ?) trois dates possibles
d’apparition du croissant nouveau : le 1er (…ï§ µ∑ ¥äµß`§), le 2 et le 3 (…ï§ …ƒß…ä§)
par rapport à la conjonction (c’est-à-dire au dernier jour du mois précédent, le 29
ou le 30, dont la date était établie en fonction de la durée moyenne du mois syno-
dique : 29,533 jours), ce qui correspond respectivement à des interlunia de 1, de 2
ou 3 et de 4 ou 5 nuits, selon que la conjonction a lieu le jour ou la nuit (Gemin. IX,
14-16 [cf. VIII, 1] ; Aug. MOMMSEN in h. l. 63-9).
La latitude d’Éphèse étant à peu près la même que celle d’Athènes et ne diffé-
rant que de deux degrés de celle de Rhodes, l’interlunium devait aussi y durer de 1
à 5 (ou 6) nuits.
Ainsi, le plus important dans cette citation, c’était la deuxième phrase qui
confirmait un fait observable, quoique rarement, à savoir que l’intervalle entre la
première nuit «≤∑…∑¥çµ§∑» et la nouvelle lune pouvait être supérieur à trois jours.
Chose curieuse, le commentaire de Diodore (48-51) ne concerne, lui, que la
première phrase d’Héraclite et ne nous propose qu’une explication qualitative du
phénomène : l’obscurcissement de la lune par les rayons du soleil.
La deuxième citation d’Héraclite (52-54) telle que nous l’avons reconstruite (cf.
T 291 traduction et app. III = vol. II.A.1 p. 212-213) faisait sans doute suite à la
première et décrivait la réapparition du croissant aµ…® …˵ `Àz˵ (?), sur le fond
plus sombre des premières lueurs de l’aube. [Sur une façon de concilier cela avec
Diog. Laert. IX, 9-10 (T 204 = T 705) et la théorie héraclitéenne des «≤cŸ`§, cf.
CONCHE HF (1986) 3102 et l’hypothèse attribuée à Bérose par Vitruve IX, 2, 1
Addendum
M. W. HASLAM (éd.), The Oxyrhinchus Papyri LIII (1986) 96-99 (cf. 89-91 ; 106-110)
M. L. WEST, « A new fragment of Heraclitus » : Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 67
[1987] 16.