BeRliN XviII

- VErSiOn aLPHA -

Univers et jeu original:

Eric Bouchaud, Nicolas Théry, Laurent Trémel,
pour les versions de 1988, 1989, 1993

Auteur : Khelren

Responsable d’édition : Maître Sinh

Illustrations de personnages, badge, logo : Diego Tripodi
Direction artistique et carte : Stéphane Sokol

Remerciements

Benjamin « Macbesse » Kouppi et Xavier Alix.

« Killerklown » pour l’allemand.
Greg Pogorzelski.

Tous droits réservés par leur auteurs et par 500NDG pour la présente version.
La copie et la diffusion est autorisée pour une utilisation personnelle.

Ce document est une version alpha destinée à recueillir des retours de la part des joueurs
et présenter la future nouvelle édition de Berlin XVIII. N’hésitez pas à faire vos retours sur le forum
de 500NDG à cette adresse : http://www.500nuancesdegeek.fr/forum/viewforum.php?f=8
AuslanderBErlinconf-
dentialBerlinerNachtFal
kmanuelFAlKampfBlues
Marxmen12.35Falkhouse
SpeZIalAbteIlungDienst
analyseAustralischAsia-
tischeAllianzZentrum
FrontzurAbweHrderLoka
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TOR-FAltfuA-Motarrad-
fahrerBankenrauber-Falt
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DIenstSonderARbEits
gruppeDenunzierungSpezialAbte
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bERlIN xVIiI
Le rOlE du MJ

Le rOle du MJ
Le Maître de jeu (ou MJ)
à Berlin XVIII est un rôle
à part qu’un des joueurs
devra endosser, comme
dans la grande majorité
des jeux de rôle.
Toutefois, s’il tient un rôle relativement
traditionnel, il convient de le détailler afin que
Guide de maîtrise
Aussi, comment mener à Berlin XVIII ?
Si vous connaissez le système Propulsé par
l’Apocalypse, ce qui suit ne sera normalement
pas une découverte, mais vous pouvez peut-
être malgré tout y apprendre quelques trucs
utiles, ou au moins voir clarifier certains aspects
qui demeuraient flous par ailleurs.
Tout d’abord, lorsque vous menez à Ber-
lin XVIII, vous devez être guidé par les élé-
ments qui suivent. Quand votre tour de parler
vient, vous devez toujours dire :
Ce que vos objectifs et principes exigent
Ce que les règles imposent
Ce que le dossier précise
Ce que l’honnêteté demande
Le rOlE du MJ
vous soyez en mesure de mener une partie de
Berlin XVIII. Car dans Berlin XVIII, le MJ suit des
règles, des règles similaires à celle que doivent
respecter les autres joueurs, et il ne lui est pas
loisible de les enfreindre. Ou plus exactement,
si vous les enfreignez, vous risquez de jouer à
contre-courant et de ruiner votre plaisir de jeu.
Le système de jeu deviendrait alors un obsta-
cle et vous auriez beaucoup de peine à tordre
les règles pour qu’elles aillent dans le sens que
vous souhaitez leur donner.
Il n’y a pas d’ordre de préférence dans cette
liste ; idéalement, lorsque vous menez, vous
suivez ces quatre éléments à la fois.
Nous verrons dans le détail les objectifs et
principes plus loin, mais pour l’instant, ils repré-
sentent ce qui se rapproche le plus de bonnes
pratiques concernant votre maîtrise, de guides
que vous souhaitez suivre au maximum.
Les règles représentent le système de jeu
dans son aspect le plus formel : elles ont été
rédigées de manière à émuler un certain genre
de fiction et les manœuvres, notamment, vont
structurer la conversation que vous avez avec
les joueurs et s’intéresser à ce qui est important
pour ce genre de fiction. Les règles sont impor-
tantes et n’ont normalement pas à être modi-
fiées ou écartées (si tant est que nous avons fait
correctement notre travail de conception !).
I
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bERlIN xVIiI
Le rOlE du MJ
Le dossier représente votre préparation,
ce qui se rapproche le plus d’un scénario tradi-
tionnel. Sauf qu’à Berlin XVIII, l’histoire émerge
de la fiction, vous ne la planifiez pas. Il ne s’agit
pas de totalement improviser et donc d’être lâ-
ché sans filet face aux joueurs : le jeu fournit
des outils pour vous permettre de raconter tous
ensemble cette histoire.
Enfin, en tant que MJ, vous devez être hon-
nête avec vos joueurs : vous n’avez pas à leur
cacher quoi que ce soit, votre but n’est pas de
les prendre au piège, d’omettre des informa-
tions importantes concernant les mécaniques
du jeu. Les secrets dans la fiction sont faits pour
être révélés. En tant que MJ, c’est une philo-
sophie extrêmement importante à tenir et ce-
pendant délicate à atteindre car elle peut aller à
l’encontre de votre pratique. Pourtant, si vous la
suivez, vous découvrirez qu’elle recèle un plaisir
de jeu important en ce que, vous aussi, bien
que vous soyez MJ, pouvez être surpris par la
partie. Vous n’êtes pas le seul sur qui pèse la
responsabilité du plaisir de jeu des autres : la
qualité de la prestation de tous les joueurs à la
table, vous compris, assurera que la partie soit
bonne.
Et ceci est un point important : d’une certaine
manière, vous êtes un joueur comme un autre
à la table de jeu. D’un côté, vous avez certes
la responsabilité de peupler l’univers de jeu et
de décrire le monde, là où les autres joueurs
ne jouent en principe que leurs personnages,
expliquant ce qu’ils font et disent, mais dès lors
que vous arrivez à la table avec les mêmes
connaissances sur ce qu’il va survenir au cours
de la partie, à partir du moment où l’histoire va
tourner autour des personnages des joueurs et
des aspects qui intéressent particulièrement les
joueurs, vous ne pouvez tenir une position de
supériorité face aux autres joueurs à la table.
Puisque la fiction est importante, puisque
nous sommes attablés pour raconter une his-
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toire avant tout, faciliter l’immersion est pri-
mordial. Pour éviter de rompre l’immersion des
joueurs, adressez-vous toujours aux person-
nages, jamais aux joueurs. Demandez : « Koe-
nig, une ombre surgit au coin de ton champ
de vision, un mouvement brusque qui
semble menaçant. Comment réagis-tu  ?
», et pas «  Greg, que fait Koenig ? ». Au ni-
veau des joueurs, certains seront plus à l’aise à
décrire à la première personne et d’autres à la
troisième personne, au discours direct ou indi-
rect, cela n’a en réalité pas d’incidence sur leur
immersion : ils décriront de la manière qui leur
semble la plus naturelle et alterneront même
probablement sans que cela impacte leur im-
mersion.
En tant que MJ, vous avez deux bonnes pra-
tiques à suivre si vous voulez faciliter l’immer-
sion des joueurs. Tout d’abord, lorsque vous
effectuez une de vos manœuvres, ne l’énon-
cez pas explicitement. Ne dites pas : « Greg,
je vais te mettre sous les feux du projec-
teur ! », même si c’est bien ce que vous allez
faire, même s’il s’agit de la manœuvre que vous
allez mettre en jeu. Au lieu de cela, décrivez
comment Koenig se retrouve dans une situa-
tion merdique et demandez ce qu’il va faire
pour s’en sortir.
De la même manière, lorsque vous effec-
tuez une manœuvre, rendez cela aussi invisible
que possible. Idéalement, votre manœuvre
doit naturellement surgir de la fiction. Évitez
par-dessus tout les éléments qui surgissent de
nulle part. Il vaut mieux annoncer au préalable
un élément avant de l’utiliser par la suite lors
d’une de vos manœuvres. Ainsi, cela semble-
ra naturel aux joueurs et ne viendra pas briser
leur immersion. L’idée derrière tout cela est de
créer une illusion de réalité, une simulation, qui
permettra aux joueurs de s’immerger dans le
monde de Berlin XVIII, pas de dissimuler les
agissements de vos PNJ ou les événements du
monde.

Objectifs, principes
et manœuvres de MJ
Ce qui précédait représentait la philosophie
générale du système Propulsé par l’Apoca-
lypse. Voyons à présent ce que le MJ à Berlin
XVIII doit spécifiquement suivre comme règles.
En tant que MJ à Berlin XVIII, vous cher-
chez à atteindre des objectifs particuliers.
Les objectifs sont généraux et simples : ils
servent à vous donner les grandes directions
de votre partie. Venant préciser ces objectifs,
on trouve ensuite les principes. Les principes
correspondent à ce que vous devez avoir tou-
jours en tête et à ce qui doit influencer toutes
vos actions et tout ce que vous dites. En clair, ce
sont vos règles à suivre en tant que MJ à Ber-
lin XVIII. Si jamais vous dites ou faites quelque
chose qui va à l’encontre d’un de vos principes,
vous tapez à côté de la cible et vous voudrez
sans doute effectuer un retour en arrière. Enfin,
les manœuvres du MJ vous permettent d’agir
dans la fiction et de faire évoluer le monde :
ce sont les actions par lesquelles vous agissez
concrètement, tout comme les manœuvres
des joueurs sont leur principal moyen pour s’at-
taquer à la fiction et la faire évoluer.
OBJECTIFS DU MJ
En tant que MJ à Berlin XVIII, vous cherchez
à atteindre des objectifs particuliers. Les ob-
jectifs sont généraux et simples : ils servent
à vous donner les grandes directions de votre
partie. Les voici :
Décrire les contrastes, la violence
et la corruption au sein de Berlin.
Rendre la vie des personnages
intéressante et compliquée.
Jouer pour voir ce qui va se passer.
Décrire les contrastes, la violence et
la corruption au sein de Berlin. Berlin est
une ville de contraste, bordélique pourrait-on
même dire, où le riche côtoie le pauvre, nour-
rie des différentes cultures venues s’y réfugier.
Présentez les PNJ comme des êtres humains,
Le rOlE du MJ
pas comme des monstres. Certains sont dé-
sespérés, sans aucun doute ; certains sont ni-
hilistes, évidemment. Le dealer de drogue du
coin ne souhaite pas la mort de ses clients mais
est obligé de faire son beurre par le biais de ce
trafic parce qu’il n’y a pas d’autre possibilité de
gagner sa vie et de nourrir s famille. L’officier
de la police des polices (du SAD) n’est pas un
emmerdeur mais quelqu’un qui souhaite que la
police demeure intègre et juste. Personne n’est
totalement corrompu, personne n’est totale-
ment parfait. Vos descriptions et vos person-
nages doivent incarner cela en permanence et
dès que vous pouvez rappeler cet état de fait,
vous devez saisir cette opportunité. Nourrissez
votre imagination de punk, de science-fiction
et de polar.
Rendre la vie des personnages intéres-
sante et compliquée. Votre rôle en tant que
MJ est de rendre la vie des personnages inté-
ressante, afin que les joueurs soient eux-mêmes
intéressés évidemment. Cela signifie qu’il faut
les surprendre, les amuser et les immerger. Leur
compliquer la vie, oui ; leur révéler des vérités
déplaisantes, bien sûr. Rappelez-vous que vous
êtes un joueur à la table comme les autres et
que votre but est de raconter une histoire palpi-
tante tous ensemble. Pour la rendre palpitante,
il faudra bien que quelqu’un invente des obsta-
cles et des conflits déchirants, et ça sera votre
rôle. Votre but n’est pas de prendre une posi-
tion d’antagoniste, vous n’êtes pas leur ennemi
et vous n’êtes pas là pour les tuer. Ne ména-
gez pas les PJ. Jamais. Frappez si vous devez
frapper. Et aussi fort que cela semble logique. Si
vous retenez vos coups, les joueurs le sentiront
et perdront tout intérêt en l’histoire. Il s’agit sim-
plement d’honnêteté : la fiction commande ce
coup de bâton. Pas vous.
Jouer pour voir ce qui va se passer. Voici
sans aucun doute l’objectif le plus important du
système Propulsé par l’Apocalypse et il est
repris tel quel dans Berlin XVIII. Ce paradigme
impose de ne pas suivre de scénario, de ne pas
planifier de scènes et plus généralement de ne
pas prévoir quoi que ce soit. Votre rôle n’est pas
de forcer l’apparition de thèmes qui vous sont
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bERlIN xVIiI
Le rOlE du MJ
chers ou d’idées que vous avez eues, votre but Dépeindre la facilité de l’injustice
est de laisser émerger la fiction naturellement et les difficultés de la justice.
et de pousser dans la direction qui semble inté-
resser les joueurs. Cet objectif est d’autant plus Donner aux personnages du pouvoir
compliqué que la vie quotidienne des person- mais insister sur les répercussions.
nages va souvent prendre la forme d’une en- Rendre les affaires sensibles et politiques.
quête et que, traditionnellement, les enquêtes
en jeu de rôle sont fortement dirigistes et li- Faire jouer les luttes internes.
néaires. Dans Berlin XVIII, votre but n’est pas
d’amener les personnages d’un indice A à un Représenter la machinerie qui écrase tout
indice B, afin de découvrir le coupable. Les en- le monde, surtout les plus faibles.
quêtes seront importantes en ce qu’elles com- Emmêler les vies personnelle
poseront la majorité de la vie quotidienne des et professionnelle des personnages.
personnages, mais l’enquête ne doit pas être
aussi simple : trouver le coupable ne sera pas Voir le tableau dans son ensemble.
la chose la plus compliquée ; l’aspect le plus
Regarder Berlin par le prisme
important sera la gestion des conséquences de
des personnages.
l’enquête pour la ville de Berlin et surtout pour
le secteur XVIII. Ou bien au contraire, trouver le Être fan des personnages des joueurs.
coupable sera quasiment impossible (car après
tout, les statistiques ne sont pas du côté des
Falks) mais l’enquête nous en apprendra surtout
Dépeindre la facilité de l’injustice et les
sur le policier, sur sa façon de faire, sur ce qu’il
difficultés de la justice. Le monde est pour-
est prêt à accomplir pour coffrer un criminel et
ri, le monde ne tourne pas rond. Dans Berlin,
surtout sera l’occasion de plonger dans diffé-
il est plus facile de faire le mal que de faire le
rents milieux berlinois et d’en comprendre les
bien, plus facile de détruire, de ruiner que de
problèmes. Aussi, ne prenez pas une enquête
reconstruire, de protéger. Les Falks disposent
comme un défi que les personnages vont de-
de peu de moyens, surtout s’ils respectent ri-
voir relever, semé d’obstacles qu’ils devront
goureusement la loi. Au contraire, mettre dans
franchir. « Réussir » une session de jeu peut
sa poche de l’argent volé ? Rien de plus simple.
très bien prendre la forme d’un échec complet
Tabasser un trafiquant de drogues pour le faire
au niveau de l’enquête : cela suppose que les
parler ? Très efficace. Dès que l’on franchit cette
joueurs se sont simplement amusés à jouer
ligne, on se rend compte que tout va plus vite,
leurs personnages qui sont centraux à l’histoire
tout se révèle plus facile. Pourquoi respecter
que vous racontez. Et puisque vous cherchez
des concepts théoriques comme la justice et la
avant tout à découvrir qui sont ces person-
loi ? Personne ne le fait. Mais lorsqu’on perd ces
nages, il vous est impossible de prévoir quoi
repères, à quel moment devient-on soi-même
que ce soit. Vous arriverez certes les mains
un des criminels que l’on combat ? Explorez
presque vides à la table, mais Berlin XVIII vous
cela avec vos joueurs, tentez de voir jusqu’où
fournit normalement les outils pour vous per-
leurs personnages sont prêts à aller lorsqu’il
mettre d’improviser tout cela.
s’agit de justifier les moyens par la fin.

Donner aux personnages du pouvoir

PRINCIPES DU MJ mais insister sur les répercussions. Un Falk
est plus qu’un policier. En principe, il ne doit que
Venant préciser les objectifs, on trouve
trouver des preuves et amener un suspect au-
ensuite les principes. Les principes corres-
près du tribunal. Pas rendre la justice lui-même.
pondent à ce que vous devez avoir toujours en
Mais, dans les faits, qui ira vérifier que le sus-
tête et à ce qui doit influencer toutes vos ac-
pect a été abattu sans raison, surtout si c’était
tions et tout ce que vous dites. En clair, ce sont
clairement un criminel ? Surtout si cela évite un
vos règles à suivre en tant que MJ à Berlin XVIII.
procès, de la paperasse, des frais supplémen-
Si jamais vous dites ou faites quelque chose
taires ? Les PJ sont des Falks, une menace, un
qui va à l’encontre d’un de vos principes, vous
croque-mitaine car tout le monde cache des
tapez à côté de la cible et vous voudrez sans
choses, tout le monde est coupable de quelque
doute effectuer un retour en arrière. Les voici :
délit, même mineur. Mais cela signifie aussi que

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leurs décisions pèsent lourdement sur la ville et
ses habitants, que rien n’est anodin. Quand ils
apparaissent dans un quartier, ils génèrent peur
et chaos. Quand ils rendent la justice, des vies
basculent. En tant que MJ, votre travail consiste
à leur présenter les répercussions de leurs
actes, pas à juger si leurs actes ont été justes ou
non. Ils ont coffré un suspect ? Celui-ci subve-
nait aux besoins de sa famille. Ils n’ont pas pu
coffrer le chef d’un gang ? Le gang va semer le
chaos et la mort dans un quartier. Les PJ sont
crevés et rentrent chez eux pour se reposer, re-
portant à plus tard une intervention ? Une vie
innocente ou deux seront soufflées durant ce
délai. Laissez-les se dépêtrer avec le sentiment
de culpabilité et la question de savoir s’ils au-
raient pu mieux faire. Ou peut-être qu’ils s’en
foutent. Dans tous les cas, tant mieux. Conti-
nuez simplement à appuyer.
Rendre les affaires sensibles et politiques.
Berlin est un beau merdier, une fourmilière
capable de dévorer vivant ceux qui creusent un
peu trop dans ses rouages. La corruption est
omniprésente, les élites et les puissants conglo-
mérats, regroupant des fonds privés et pu-
blics, bénéficient de traitements de faveur. Les
hommes politiques songent avant tout à leur
profit et à leur réélection. La police lutte contre
le crime, disposant de si peu de moyens qu’ils
doivent faire preuve d’ingéniosité et savoir trou-
ver des alliés auprès des puissants. Aussi, dans
cet imbroglio d’intérêts, le moindre meurtre qui
apparaît au pas de la porte des PJ risque fort de
les faire sombrer dans des complications et des
machinations insoupçonnées. La prostituée se
révèle être la maîtresse d’un homme politique
important. Le chef d’une organisation crimi-
nelle dispose de nombreux liens financiers avec
des conglomérats. Ne pas coffrer rapidement
le suspect d’une affaire touchant une commu-
nauté particulière engendrerait des émeutes.
Faire jouer les luttes internes. Les gangs,
les bandes organisées, les criminels, tout serait
si simple si la police leur opposait un front uni.
Au lieu de cela, la Justice, la Chancellerie, la po-
lice des polices et la police fédérale comptent
bien mettre des bâtons dans les roues de la
police berlinoise, involontairement ou non. Et
même au sein des Falks, le supérieur des PJ ne
va s’intéresser qu’aux statistiques de résolution
des affaires, pas aux conséquences du dossier
sur le secteur, et encore moins à la vérité. Les
collègues des PJ vont les prendre en grippe ;
peut-être que leurs méthodes diffèrent trop.
Le rOlE du MJ
Peut-être qu’ils leur font de l’ombre. Un lieute-
nant qui comptait mettre sur pied une cellule
spéciale avait besoin que l’affaire des PJ reste au
point mort et ne soit pas résolue. Au contraire,
le capitaine avait besoin que cette affaire soit
bouclée pour bénéficier d’une promotion. Le
commissaire ne peut pas sacquer le supérieur
des PJ et lui a confié une affaire insolvable ; si les
PJ la résolvent malgré tout, ils peuvent compter
sur son éternelle rancune.
Représenter la machinerie qui écrase
tout le monde, surtout les plus faibles. Les
Falks doivent appliquer la loi, impartiale et
surtout aveugle : sur le papier, elle peut avoir
du sens, mais dans les faits, elle va engen-
drer des situations injustes. Ceux qui sont les
moins bien informés, ceux qui ont le moins de
moyens pour appréhender la complexité des
lois, décrets, directives, ordonnances, circu-
laires et autres règlements, sont évidemment
les plus pauvres, les minorités et plus générale-
ment tous ceux qui sont soumis à la tentation
de l’illégalité. Qu’une nouvelle réglementation
touche une population et que les PJ doivent
gérer la réalité de l’application de cette mesure
au jour le jour. Expropriation, renforcement de
la sévérité d’une réglementation, nouvelle taxa-
tion. Plus les situations sont dénuées de sens et
de logique, plus les PJ vont se questionner sur
leur vocation.
Emmêler les vies personnelle et profes-
sionnelle des personnages. Imaginez que
Berlin XVIII est une série télévisée pleine de
drame et d’action. Les Falks sont des flics et
leur journée (ou leur nuit) est principalement
consacrée à ça ; mais ils demeurent humains,
avec une famille, des opinions et des défauts.
Ne tombez pas dans le piège de ne voir les Falks
que comme des policiers et de ne consacrer
des scènes qu’aux enquêtes. Intéressez-vous
à leur vie personnelle et trouvez les liens qu’il
peut y avoir entre celle-ci et le dossier sur le-
quel ils travaillent. Un Falk étranger peut enquê-
ter dans un quartier de sa communauté. Le flic
qui a perdu sa fille tragiquement peut tenter
de résoudre un meurtre d’enfant. Le conjoint
d’un Falk peut se trouver mêlé à un dossier :
que son nom apparaisse dans un listing de sus-
pects potentiels, que le conglomérat dans le-
quel il travaille soit impliqué dans une affaire ou
qu’un criminel rancunier tente de s’en prendre
à lui pour atteindre le Falk. Rendez les choses
personnelles, psychologiques et dramatiques.
Inspirez-vous des séries télévisées et n’ayez au-
I
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bERlIN xVIiI
Le rOlE du MJ
cune honte si la partie finit par ressembler à du
soap opera.
Voir le tableau dans son ensemble. En tant
que MJ à Berlin XVIII, vous avez la charge du
monde dans son ensemble, là où un PJ n’a à
gérer que son personnage. Cela a néanmoins
un avantage certain : vous connaissez les Me-
naces et Fronts de votre campagne, vous in-
carnez les PNJ et connaissez leur psychologie,
vous gérez les intrigues. Aussi, lorsqu’un élé-
ment émerge de la fiction, lorsque par la suite
vous préparez votre session, demandez-vous
quelle est la vérité derrière tout ça et si des liens
peuvent être tracés vers d’autres éléments du
monde. Le but n’est pas de figer le monde en
apportant des réponses à des questions qui ne
se sont pas posées mais de voir si lors de vos
parties, les PJ n’ont pas soulevé un lièvre, si des
questions se sont posées et si vous, avec les
éléments dont vous disposez, vous pouvez y
répondre.
Regarder Berlin par le prisme des person-
nages. Le monde de Berlin XVIII n’est pas figé,
le monde n’est pas prédéfini. Le monde de Ber-
lin XVIII dépend grandement des personnages
que les joueurs vont incarner. Si un PJ est un
immigré turkish ou ostslave, il est probable que
des liens se feront naturellement avec sa com-
munauté. Si un PJ est un flic véreux qui passe
son temps dans les bas-fonds de Berlin, il est
probable que la face sombre de la ville va se
révéler petit à petit. Mais derrière ces aspects,
il y a aussi une part de subjectivité : Berlin est
pourrie parce que le Falk est véreux. Berlin n’in-
tègre pas correctement les communautés eth-
niques parce que le Falk issu de cette commu-
nauté s’occupe souvent des problèmes et des
crimes en lien avec sa communauté. Quoi que
vous décriviez, souvenez-vous que vous regar-
dez Berlin à travers les yeux d’un personnage ;
vous n’établissez pas une vérité universelle, une
réalité objective. Berlin agit comme un révéla-
teur, pas comme un simple décor ; Berlin n’est
pas en soi important, si ce n’est pour ce que
cette ville révèle.
L’autre aspect puisque vous vous intéressez
à un personnage donné est de lui demander
comment il voit Berlin. Pour cela, posez des
questions provocantes et ouvertes, creuser là
où vous sentez qu’il y a quelque chose d’inté-
ressant. Ne demandez pas : « Greg, ton per-
sonnage a-t-il déjà eu des contacts avec
l’imam du secteur XVIIII ? » ; demandez :
10
« Koenig, pourquoi tu peux pas le blairer
l’imam du secteur XVIII ? ». Tenez compte
des réponses mais gardez en tête que ce n’est
que le point de vue du personnage, pas une vé-
rité. Est-ce qu’il a raison de croire ce qu’il croit ?
Probablement. La plupart du temps en tout cas.
Mais pas toujours. Aussi, introduisez des retour-
nements de situation, des surprises. Là encore,
le but n’est pas de contredire le joueur à tous les
coups, mais de réfléchir à ce qui rendrait la fic-
tion plus intéressante. Ce sont ces questions et
les réponses que vont apporter les joueurs qui
vont construire petit à petit votre Berlin. Et res-
tez ouvert à la réponse du joueur, ne forcez pas
dans votre sens : peut-être que Koenig vous ré-
pondra qu’il n’a aucun problème avec l’imam,
qu’au contraire ils sont bons amis. Tenez-en
compte et construisez là-dessus.
Être fan des personnages des joueurs.
Dernier principe et sans doute le plus impor-
tant : soyez fan des personnages des joueurs.
Berlin XVIII n’est pas un jeu tactique où vous
allez tester l’intelligence des joueurs et leur
bonne compréhension des règles. Les joueurs
ne doivent pas protéger leurs personnages à
tout prix, les jouer de manière conservatrice ;
au contraire ils doivent les jouer tels qu’ils sont,
et s’ils sont bruts de décoffrage, ainsi soit-il. Il
n’existe pas de bonne ou de mauvaise réponse
aux questions morales qui vont se poser durant
les parties. Vous voulez voir le PJ ripou faire ses
conneries et vous ne voulez surtout pas que le
joueur ait l’impression que vous désapprou-
vez ce que son personnage accomplit. Bien
au contraire ! Embrassez inconditionnellement
les mauvaises idées ; le but est de révéler les
personnages, d’en apprendre sur eux. Personne
n’est parfait : c’est ennuyeux. Si les personnages
commettent des erreurs, qu’ils en paient les
conséquences, soit, mais qu’ils fournissent du
bon drame dans ce cas. Qu’ils creusent leur
tombe, qu’ils soient emportés dans leur cercle
vicieux. Les PJ sont comme les stars d’une série
télévisée. Et pour que la série soit intéressante, il
leur arrivera sans doute pas mal de galères mais
ne donnez pas l’impression que vous faites cela
par pur sadisme. Vous êtes fan des PJ, aussi
votre rôle est de rendre leur vie intéressante et
compliquée, vous vous souvenez ?
De la même manière, vos personnages, les
PNJ, ne sont pas les stars de la série. Cela si-
gnifie que ces personnages sont là seulement
pour faire avancer l’histoire, pour s’opposer aux
PJ dans le drame ou dans les objectifs, ou pour

composer le décor. Vous n’êtes pas là pour
voler la vedette aux PJ avec vos personnages.
Et si vous devez sacrifier un PNJ, pour une rai-
son dramatique ou logique, faites-le sans la
moindre hésitation ; ils sont faits pour cela.
Enfin, limitez-vous à votre sphère de pou-
voir : vous gérez le monde et les personnages
qui le peuplent, à l’exception des personnages
des joueurs. Ceux-ci ont tout pouvoir sur leurs
personnages et ce sont eux qui disent quelles
émotions ils ressentent, quelles pensées leur
passent par la tête, pas vous. N’annoncez ja-
mais à un joueur que son personnage a peur
ou est triste ou tombe amoureux d’untel ou
quoi que ce soit d’autre. Si le joueur visualise
son personnage comme un roc qui fait face
au chef de la pègre locale sans ciller, alors ainsi
soit-il. Hochez la tête en silence et soyez fan de
cette confrontation, tout simplement.
MANŒUVRES DU MJ
Enfin, les manœuvres du MJ vous per-
mettent d’agir dans la fiction et de faire
évoluer le monde : ce sont les actions par
lesquelles vous agissez concrètement, tout
comme les manœuvres des joueurs sont leur
principal moyen pour s’attaquer à la fiction et la
faire évoluer. Les voici :
Annoncer des emmerdements futurs.
Placer quelqu’un sous les feux
du projecteur.
Faire monter la pression.
Soumettre au stress.
Ajouter une complication.
Offrir une opportunité, avec ou sans prix
à payer.
Annoncer les conséquences possibles
et redemander.
Jouer une manœuvre d’un Dossier,
d’une Menace ou d’un Quartier.
Demander, après chaque manœuvre,
« Que faites-vous ? »
Comme vous pouvez le voir, les manœuvres
sont purement narratives : il s’agit d’actions
Le rOlE du MJ
que vos personnages ou plus généralement
le monde accomplissent dans la fiction. Rap-
pelez-vous que vous n’annoncez pas des em-
merdements futurs explicitement, vous décri-
vez simplement ces emmerdements et laissez
les joueurs déduire les répercussions négatives
qu’ils vont subir. De manière générale, tentez
de privilégier la manœuvre qui fait le plus sens
dans la fiction, celle qui pourrait survenir dans
la logique de la fiction.
En tant que MJ à Berlin XVIII, souvenez-vous
que votre rôle est plus encadré : vous n’interve-
nez pas sans arrêt, vous ne jouez pas librement
et quand bon vous semble, ce qui là aussi di-
verge des jeux de rôle plus traditionnels. Vous
intervenez dans trois cas :
Lorsque les joueurs sont passifs, qu’ils
se tournent vers vous car ils ne savent pas
comment faire avancer l’histoire et qu’ils
vous laissent la parole.
Lorsque les circonstances fictionnels
l’appellent logiquement.
Lorsque les joueurs ratent un jet (c’est-
à-dire qu’ils obtiennent un résultat de 6-).
Quel que soit le cas concerné, il est préfé-
rable autant que possible de laisser une oppor-
tunité de réaction aux joueurs, et après avoir
joué votre manœuvre de leur demander « Que
faites-vous ? ». Cette phrase est même ins-
crite dans les manœuvres pour que vous vous
rappeliez que l’intérêt de la partie est de savoir
comment les personnages vont réagir, pas
d’imposer unilatéralement des événements.
Ceci dit, vos manœuvres doivent idéalement
amener la possibilité d’autres manœuvres,
que ce soit les vôtres ou celles des joueurs.
Plus exactement, elles doivent naturellement
faire escalader la tension au sein de la fiction.
En cela, annoncer des emmerdements futurs
est votre passe-partout générique avec lequel
vous ne pouvez pas vous tromper.
Lorsque c’est à vous de jouer, vous pouvez
accomplir votre manœuvre d’une manière
aussi sévère et irrévocable que vous le souhai-
tez, avec ce que nous venons de voir ci-dessus
qui vient cependant vous tempérer. Toutefois,
il est un cas où vous serez en droit de pousser
la sévérité et l’irrévocabilité, et c’est lorsqu’un
joueur obtient un 6-. Dans pareil cas, vous vous
voyez offert sur un plateau la possibilité d’agir
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Le rOlE du MJ
et vous devez ne pas hésiter à vous saisir de
cette opportunité pour faire avancer à grands
coups la fiction. Rappelez-vous que vous n’êtes
pas l’adversaire des PJ mais que lorsque vous
parlez, les joueurs vont rarement l’apprécier.
De manière générale, vos manœuvres sont
suffisamment évocatrices : elles annoncent
explicitement ce que vous devez faire. Quand
vous placez quelqu’un sous les feux du pro-
jecteur, c’est exactement ce que vous faites,
vous le placez sous les feux du projecteur. Pour
plus de clarté, les voici dans le détail et avec
quelques exemples :
Annoncer
des emmerdements futurs
Annoncer des emmerdements futurs est
la manœuvre par défaut à Berlin XVIII : elle vous
permet en tant que MJ d’amener des compli-
cations en toute logique, dans le respect de la
fiction établie, de faire peser une épée de Da-
moclès sur la tête des PJ. Bien sûr, vous n’em-
ploierez jamais le terme d’ « emmerdements
futurs » à proprement parler, souvenez-vous
que cela dérangerait l’immersion des joueurs,
vous direz : « Y a un bleu-bite qui doit débar-
quer sous peu directement de l’Académie,
vous remarquez près de la machine à café
les gars qui parient quelques biftons pour
savoir sur quelle équipe le morveux va bien
pouvoir tomber. Vous voulez parier ? » ou
bien « Depuis vos fenêtres blindées, vous
jetez un coup d’œil péniblement réveillé sur
le secteur XVIII. Tout semble comme d’ha-
bitude, le crachin grisâtre, l’horizon sinistre
de gratte-ciels, à part peut-être ce début
d’attroupement à l’entrée de la Falkhouse.
Que faites-vous ? ». Avec cette manœuvre,
vous présentez le fusil de Tchekhov et vous
vous permettez alors de le mettre en jeu par
la suite à n’importe quel moment. Quand vous
ne savez pas quelle manœuvre jouer, quand
vous êtes pris au dépourvu, vous ne pouvez
pas vous tromper avec annoncer des emmer-
dements futurs.
Placer quelqu’un
sous les feux du projecteur
Souvenez-vous que vous émulez une série
télévisée : vous placez donc un personnage
dans une scène et le confronter à une situation
délicate pour voir de quelle manière il va réagir.
12
Vous pouvez ainsi dire : « OK, Koenig, tu fais
ta ronde habituelle dans le quartier et tu
tombes sur le gang des Dubliners, une sale
engeance de racaille irlandaise. Vous êtes
sur le même trottoir, tu vas les croiser. Tu
fais quelque chose de particulier ? » ou bien
« Vous êtes pris sous le feu ennemi, planqué
derrière vos bagnoles. Les vitres explosent
et vous priez pour que les balles ne soient
pas perce-blindage et n’atteignent pas le
réservoir d’essence, ce genre de conneries.
Koenig, tu vois Groth qui a salement mor-
flé. Une balle dans le torse, ça pisse le sang,
le pauvre gars tente d’empêcher l’hémorra-
gie mais peine perdue. Il est à peine à trois
mètres de toi, trois mètres sans couvert, et
tu pourrais lui venir à l’aide. Qu’est-ce que
tu fais ? ». Au passage, rappelez-vous qu’il n’y
a pas de bonnes réponses et que Koenig peut
tout à fait valablement décider de laisser Gro-
th clamser. Par la suite, vous rappelez à sa mé-
moire Groth pour voir s’il éprouve de la culpa-
bilité, mais votre rôle n’est pas de forcer Koenig
à sauver les miches de Groth.
Faire monter la pression
Les actions des Falks dans Berlin ne passent
pas inaperçues et cela doit avoir des répercus-
sions : les citoyens voient ce qu’ils interprètent
comme des injustices policières, le quartier
devient plus chaud, plus tendu et au final les
citoyens sont moins serviables. Faire monter
la pression vous permet mécaniquement de
faire escalader la situation, les conflits, et d’aug-
menter vos Horloges. Par exemple, suite à un
6-, vous direz : « Vous faites votre descente,
vous chopez les mecs, les sortez de leur
piaule misérable et les plaquez au sol. Ils ont
les menottes au poignets. Sans problème.
Sauf que toi, Koenig, tu repères que le voi-
sinage a été rameuté par tout votre barouf.
Tu vois des visages hostiles, les gens ne
comprennent pas. Tes tripes te disent qu’il
faudra éviter ce quartier pendant quelques
temps. Que faites-vous ? »
Soumettre au stress
Soumettre au stress est sans doute la
manœuvre la moins intéressante pour la fic-
tion, aussi n’en abusez pas. Fondamentalement
soumettre au stress, c’est infliger des dégâts
aux personnages puisque c’est leur Horloge de
stress qui leur sert grosso-modo de points de

vie. Soyez imaginatif puisqu’il ne s’agit pas seu-
lement que de blessures physiques et ne visez
pas seulement les PJ, attaquez-vous aussi aux
gens auxquels ils sont liés ou qu’ils apprécient
en tant que personnages. Par exemple : « Koe-
nig, tu as cette putain de horde de journa-
listes qui se presse contre toi, tendant leur
micro, leur enregistreur sous le bras, tels des
vampires assoiffés de sensationnalisme. Ils
n’arrêtent pas de te poser des questions sur
la mort du petit Christoph et savoir si tu au-
rais pu la prévenir. Tu manges 1-stress mal-
gré tout. Qu’est-ce que tu fais ? » ou bien «
C’est un matin pas trop dégueu pour une
fois, la café avait été bon, un petit soleil
perce le dôme de pollution, le gris du ciel
se colore d’un bleu timide, et y a une fraî-
cheur dans l’air pas désagréable. Koenig, tu
patrouilles avec Groth pour une fois et, du-
rant votre pause-déjeuner à un stand, il est
en train de te raconter comment il a serré
une minette de dix ans de moins lorsqu’il
est stoppé net dans sa phrase. C’est le mo-
ment où tu entends la détonation, un petit
calibre. Tu te tournes vers Groth, d’instinct,
et tu vois qu’il se tient le bide, les mains en-
sanglantées. C’est lui qui a ramassé la balle
et les 2-stress qui vont avec. Faut croire
qu’il n’avait pas mis son gilet pare-balles
réglementaire. Qu’est-ce que tu fais ? »
Ajouter une complication
Vous vous souvenez que vous devez rendre
la vie de vos PJ intéressante ? Vous la rendez
intéressante en ajoutant des complications, des
imprévus, des choses qui se déroulent moins
bien que prévu. Parfois, les plans seront sans ac-
croc et ce sera tant mieux pour les PJ, mais par-
fois vous pourrez mettre votre grain de sel. Que
cela soit des vices de procédure qui permette
à un criminel d’être immédiatement relâché,
ajouter des casseroles au cul des PJ, se faire un
nouvel ennemi, obliger à couper les ponts avec
une relation ou bien être dans le collimateur
de son supérieur, de la police des polices, voire
de la police secrète, vous ne manquez pas de
possibilités. Berlin XVIII est un univers sombre
et désespéré, alors noircissez le trait. Ainsi,
vous pourrez par exemple dire : « Le Sergent-
Chef Groth s’approche de toi, Koenig, et il
te serre la main. Une poignée de main un
peu trop forte. Et il te dit ‘Félicitations pour
votre promotion, lieutenant Koenig.’ – Il in-
siste sur lieutenant – ‘Je suis ravi de vous
Le rOlE du MJ
avoir aidé dans votre affaire. Ce qui est con,
c’est que du coup la place de lieutenant
qui m’avait été promise, vous est attribuée.
Mais bon, rien qui vous empêchera de dor-
mir, n’est-ce pas ?’ Et il tourne les talons
avant même que tu répondes. Ça jette un
sacré froid dans l’assistance. Qu’est-ce que
tu fais ? » ou bien « Koenig, ta femme tra-
vaillait bien pour Zeitgeist Gmbh, n’est-ce
pas ? Devine ce que tu trouves dans les pa-
piers de Kinski. La pègre berlinoise semble
rincer pas mal de monde. Et Zeitgeist en fait
visiblement partie. Qu’est-ce que tu fais ? ».
Ajouter une complication est une manœuvre
à savoir doser : vous aurez des questions de
rythme à prendre en compte. Si vous souhaitez
jouer une session courte, n’en ajoutez pas trop
pour que l’affaire demeure simple. Si vous avez
le sentiment que l’affaire cache quelque chose
de plus ou bien que les PJ pourraient en baver
un peu plus, rajoutez une strate de complica-
tion.
Offrir une opportunité,
avec ou sans prix à payer
Parfois vous annoncerez des complica-
tions, des emmerdes, mais parfois aussi, pour
rompre la monotonie, vous offrirez des oppor-
tunités, des possibilités d’agir, gratuitement, des
chances inespérées. Et parfois, l’offre sera à du-
rée limitée ou demandera un sacrifice ou autre.
Soyez de temps en temps généreux, du mo-
ment que cela rend l’histoire plus intéressante.
Ainsi, vous pourrez dire : « Il y a cet instant
d’éternité, cette pause dans les battements
de ton cœur, Koenig. Tu peux l’abattre, là,
maintenant, tout de suite, et du coup vous
seriez en supériorité numérique et vous
surprendriez les autres. Ou tu peux respec-
ter le règlement, le laisser sonner l’alerte,
faire tes deux sommations comme un bon
flic et au final devoir quand même l’abattre.
À toi de voir, champion. Qu’est-ce que tu
fais ? » ou bien « Hey, tu sais que tu es à la
bonne avec ce capitaine de la police se-
crète. Tu pourrais laisser tomber un nom ou
deux, genre des collègues qui te dérangent
ou qui pourraient te voler une promotion.
C’est clair que ça faciliterait les choses pour
toi, même si c’est un jeu dangereux. Qu’est-
ce que tu fais ? ». Offrir une opportunité est la
manœuvre idéale pour tester la moralité d’un
personnage et comme vous êtes fan des PJ,
vous avez envie de savoir quelles sont les fron-
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Le rOlE du MJ
tières de leur intégrité. Souvenez-vous qu’il est
toujours plus facile de faire preuve d’injustice
que de respecter les lois.
Annoncer les conséquences
possibles et redemander
Parfois vous imposerez des choses dans la
fiction et parfois vous aurez envie d’avertir le
joueur de ce qui pend au nez de son person-
nage. Rappelez-vous que vous n’êtes pas là pour
dissimiler ou prendre au piège. Vous voulez que
le joueur puisse prendre une décision en toute
connaissance de cause, plutôt que de le frustrer
inutilement. Le but n’est pas de dire au joueur
qu’il commet une action que vous considérez
comme stupide, mais simplement de lui préci-
ser quels risques probables il encourt s’il sou-
haite à tout prix agir. Aussi vous direz : « Koenig,
tu es éveillé depuis combien de temps ? Ça
doit bien faire une journée non-stop que tu
es sur cette affaire, non ? Je veux bien que
tu fasses encore quelque chose, mais dans
ce cas, tu vas tôt ou tard récolter 1-stress à
cause de toutes ces heures sup’, on est d’ac-
cord ? » ou bien « Vous pouvez poursuivre
les suspects mais vous arrivez dans le sec-
teur XVII. Même si vous sortez de votre ju-
ridiction, si vous les arrêtez, c’est légal, pas
de problème. Non, c’est plus les collègues
de ce secteur qui pourraient l’avoir mau-
vaise et vous le faire sentir. Vous continuez
quand même ? ». Cette manœuvre est pour
vous l’occasion de ne pas prendre en traître
les joueurs et de leur demander sciemment de
faire payer des innocents pour atteindre leurs
fins. Par exemple, vous direz : « Ce salaud de
Kinski est acculé mais il serre contre lui
l’otage. Des mois que vous le traquez et il
est là, à ta portée. Sa limo blindée est juste
derrière lui, portière ouverte, le moteur qui
tourne, le chauffeur aux aguets, et Kinski
continue de s’approcher prudemment. Tu
peux tirer sinon il va encore s’enfuir, mais
tu risques de toucher l’otage. Est-ce que tu
tentes le coup ? »
Jouer une manœuvre
d’un Dossier, d’une Menace
ou d’un Quartier.
Certains Dossiers, Menaces ou Quartiers
14
possèdent des manœuvres spécifiques. Cela
ajoute certes une touche de complexité pour
vous, car vous devez gérer des manœuvres
supplémentaires, mais si vous commencez à
être à l’aise avec vos manœuvres, cela vous
permettra de faire ressortir la spécificité de ces
éléments plus aisément.
Demander,
après chaque manœuvre,
« Que faites-vous ? »
Toujours finir par « Que faites-vous ? ».
Comme vos manœuvres sont fictionnelles,
il est parfois délicat pour un joueur de savoir
si vous avez fini de décrire votre action. Cette
phrase-clef a le mérite de repasser claire-
ment la main aux PJ. Ainsi vous pouvez dire :
« Vous avez pénétré dans l’immeuble dé-
labré, tagué du sol au plafond, une odeur
atroce d’urine vous prend les naseaux.
Tout se déroulait bien jusqu’à ce qu’une
grenade vienne rouler à vos pieds. » « Je
plonge à couvert ! » « Oh non non, déso-
lé, c’est encore à moi. La grenade explose
à quelques mètres de vous. Groth prend le
gros du souffle et – c’est amusant – l’ins-
tant d’avant, il était là, l’instant d’après c’est
un pantin désarticulé qui est éparpillé aux
quatre coins de la pièce. Toi, Koenig, tu
prends 4-stress. Toujours vivant ? Cool.
Qu’est-ce que tu fais ? ». Si vous vous étiez
arrêté au moment où la grenade roulait seu-
lement, votre manœuvre aurait été sans doute
placer quelqu’un sous les feux du projecteur,
mais vous ameniez juste dans la fiction une rai-
son logique pour soumettre au stress (ou plus
probablement effectuer une manœuvre spéci-
fique d’une Menace).
Souvenez-vous également que vous êtes
fan des PJ, que vous n’êtes pas là pour dérou-
ler un scénario, mais bien pour voir ce qu’ils
vont faire, comment ils vont gérer les merdes
qui leur tombent dessus. Vous êtes là pour leur
compliquer la vie, pas pour leur voler la vedette.
Vous avez joué votre manœuvre, et c’est dé-
sormais à leur tour de jouer. Bien sûr, la forme
de cette question peut varier, mais dans tous
les cas, ne supposez pas ce que va faire le PJ,
laissez-lui le champ aussi libre que possible et
préparez-vous à être surpris.

Quelques conseils
Sans que ce qui suit soit véritablement des
principes qu’il vous faut suivre coûte que coûte,
voici quelques conseils qui peuvent améliorer
vos sessions et que nous vous invitons sincè-
rement à suivre pour tirer parti des qualités du
système Propulsé par l’Apocalypse.
Dessiner des plans aussi souvent que
possible. Si nous ne vous fournissons
pas de plan pour le commissariat par
exemple, cela ne signifie aucunement qu’il
ne faut pas que vos joueurs ne s’amusent
pas à dessiner le plan eux-mêmes. Les
Falks sont pris dans une embuscade dans
une ruelle obscure ? N’hésitez pas à faire
un rapide croquis et à placer l’impasse
sombre, la porte de derrière d’un bar
louche, la voiture abandonnée ou une
plaque d’égout. Les Falks se rendent au
sein du territoire d’un gang en lutte avec
un autre gang dont le quartier général
se situe deux rues plus loin ? Sortez une
carte et situez tout cela. De manière
générale, dès que possible, vous ou les
joueurs devriez dessiner des aides de jeu,
des plans, prendre des notes… enrichir
l’univers et se l’approprier tout simple-
ment.
Gérer le rythme. Évitez les lenteurs et les
séances de roleplay qui s’allongent sans
rien apporter. Imaginez que vous êtes le
réalisateur d’une série télévisée : le rythme
doit être nerveux et aller droit au but
autant que faire se peut. Jouez quelques
scènes d’exposition de temps en temps
n’est évidemment pas un problème en
soi, mais pour autant essayez de garder
en tête le conflit central de la présente
scène et de vous focaliser à le faire avan-
cer, voire à le résoudre. Les manœuvres
sont en cela de superbes outils : elles
sont conçues pour faire avancer la fiction,
en ajoutant des complications ou des
rebondissements. Le système Propulsé
par l’Apocalypse permet de gérer avec
aisance des scènes où tous les PJ ne sont
pas réunis. Songez cependant au joueur
hors-jeu et veillez à ce que la scène ne
s’éternise pas. Cela ne veut pas dire que
Le rOlE du MJ
vous n’allez pas pouvoir faire des scènes
où les personnages sont séparés (et cela
risque d’arriver d’autant plus qu’un des PJ
deviendra un gradé et les autres de-
meurent sur le terrain), mais cela signifie
qu’il faut inclure autant que possible l’en-
semble de la table, y compris les absents,
lors de chaque scène. N’hésitez pas à
couper une scène, sur un cliffhanger ou
bien juste avant un lancer de dés, même
si celle-ci n’est pas terminée, pour y re-
venir plus tard. Ce genre d’aller-retour est
très utile en ce qu’il permet aux joueurs
de souffler un peu et de songer à ce qu’ils
feront lorsque cela sera à leur tour de
jouer.
Rendre les personnages pas si compli-
qués que cela et placez-les dans des
triangles relationnels. Lorsque vous
présentez un personnage, surtout si c’est
un personnage qui n’est pas interprété par
un joueur et donc qu’il risque de ne pas
bénéficier d’un temps à l’écran extrême-
ment développé, focalisez-vous sur un
aspect de sa personnalité, que cela soit un
défaut ou un trait de caractère marquant.
Donnez-lui un nom et un but simple. Ne
cherchez pas à faire compliqué, et sur-
tout pas lors de sa première apparition.
Développez les personnages au fur et à
mesure si vous constatez que les joueurs
réagissent avec intérêt par-rapport à ce
personnage. Donnez à vos personnages
une préoccupation ou des intérêts qui
convergent vers les PJ. Idéalement créez
des triangles entre vos PNJ et les PJ. Que
chaque PJ voit un aspect différent d’un
même PNJ, que certains l’apprécient et
que d’autres le détestent.
Accepter la possibilité de conflit entre
PJ. Berlin XVIII est un monde violent,
corrompu et les Falks ont parfois des opi-
nions divergentes sur la manière de l’aider,
quand ils ne se tirent pas carrément dans
les pattes. Si les PJ forment une équipe,
ils n’ont pas à être complètement soudés.
Quand ils se feront tirer dessus par des
criminels, sans doute qu’ils s’épauleront
bien sûr. Mais une fois la menace pas-
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15
bERlIN xVIiI
Le rOlE du MJ
sée, peut-être reprendront-ils leur rivalité
ou leur dissension. Les joueurs doivent
incarner des personnages réalistes et cela
signifie qu’ils peuvent finir par ne plus trop
s’apprécier. Veillez activement quoi qu’il
en soit que le conflit se situe au niveau
des personnages et pas des joueurs. Si
un joueur est mal à l’aise en raison de ce
type de conflit, demandez à ce que de tels
conflits ne soient pas amenés à la table.
Et insistez sur le fait que les personnages
démarrent ensemble au moins comme
des coéquipiers, pas comme des bêtes
assoiffés de sang prêtes à s’entre-tuer. Les
conflits n’ont pas toujours à céder à la
violence qui plus est ; les conflits entre PJ
peuvent être sociaux, idéologiques voire
personnels.
Focaliser sur les détails si et seulement
si ceux-ci sont importants. Les détails
dans une histoire vont rendre l’univers
plus riche. Pour autant, ne perdez pas
de temps à détailler les aspects les plus
triviaux si cela n’apporte rien à l’histoire.
Si un joueur pose une question concer-
nant l’univers, il en a sans doute besoin
pour se l’imaginer et auquel cas, il faut
lui répondre. De même, ajoutez un détail
anodin, comme autant de petites touches,
lors d’une description générale, rend
l’univers plus réaliste et intéressant. Mais
ne perdez pas votre temps sur des détails
Laborieux : un PJ a oublié de préciser
qu’il avait pris son arme avec lui ? Bien sûr
qu’il a son arme sur lui. Un plan de bataille
pour mener l’assaut sur le quartier général
d’une organisation criminelle ? Pas besoin,
Préparation
À Berlin XVIII, vous ne déroulez pas un scé-
nario, vous ne prévoyez pas de scènes, vous
ne faites que suivre l’évolution des différents
Fronts de votre campagne. « Front » est véri-
tablement employé ici dans son sens militaire,
comme dans « mener deux fronts à la fois » ;
cette idée de multitude et de ne pas pouvoir
tout gérer est d’ailleurs importante. Les PJ pour-
raient devoir faire des choix, privilégier un Front,
laisser pourrir la situation pour un autre.
16
les PJ sont supposés être des flics compé-
tents, ils auront prévu les grandes lignes
les plus logiques et il est hors de question
de passer du temps sur le moindre impré-
vu qui pourrait survenir. L’imprévu surgira
et à ce moment-là les PJ devront le gérer.
Soyez généreux avec eux en tant que MJ,
votre but n’est pas, encore une fois, de les
piéger au jeu du plus malin. De la même
manière, n’hésitez pas à faire des ellipses
sur les aspects les moins intéressants et
au contraire à décomposer une scène
importante.
Savoir dire stop et pause. Lorsqu’une
session est bonne et que tout le monde
s’amuse, il est parfois difficile de sortir
de la partie, de savoir prendre le temps
de faire une pause. Pourtant les pauses
sont importantes car elles permettent
de souffler et de se ressourcer, d’éviter
une fatigue créative, de prendre un peu
de recul afin d’avoir un idée concernant
la suite. De la même manière, n’essayez
pas de tirer sur la corde, simplement
parce que vos sessions sont bonnes. Il est
important que l’histoire se termine par
un point final. Ne cédez pas au désir de
reprendre une campagne, chérissez vos
souvenirs mais ne tombez pas dans le
piège du « allez, encore un petit dernier ».
Plus généralement, communiquez entre
joueurs, dites-vous ce qui vous amuse ou
ce qui vous dérange et respectez l’opinion
des autres et leurs limites, quand bien
même – et même surtout si – vous n’avez
pas les mêmes.
Les Fronts disposent de quelques méca-
niques de jeu mais fondamentalement il s’agit
de simples concepts et c’est sans doute la
chose la plus délicate à assimiler si vous n’avez
pas l’habitude du système Propulsé par l’Apo-
calypse. Voyez-les comme des éléments qui
vont peut-être composer l’histoire ou simple-
ment la toile de fond, mais c’est en jouant que
vous saurez s’ils prennent une place impor-
tante ou non dans la fiction. Vous dessinez les
grandes lignes, mais vous vous laissez le plaisir

d’improviser les détails en cours de jeu.
Quoi qu’il en soit, vous créez vos Fronts
entre les sessions de jeu, à tête reposée, en re-
pensant à ce qui a été joué et en formalisant
les éléments qui ont émergé de la fiction. Si
les PJ ont enquêté sur un laboratoire pharma-
ceutique, même si ça n’avait en réalité aucun
lien avec l’affaire, vous allez peut-être vouloir
creuser cet aspect et vous demander si ce labo
ne cache pas quelque chose (et il cache forcé-
ment quelque chose, n’est-ce pas ?).
Rédiger vos Fronts demandent de s’interro-
ger sur la fiction qui a été créée et de prendre
des décisions. Des décisions importantes qui
ont un impact sur le monde que vous imagi-
nez. Et de s’y engager, pas de changer en cours
de route parce que les PJ ont découvert avec
trop de facilité ce que vous aviez préparé et que
vous ne pouvez décemment pas leur rendre la
vie aussi simple. Bien sûr, cela ne signifie pas
non plus que vous devez avoir tout préparé,
tout rédigé, que vous ne pouvez pas laisser des
zones encore floues que vous détaillerez plus
tard. Peut-être que vous ne connaissez pas en-
core les réelles intentions du criminel que re-
cherchent les PJ, vous savez juste que c’est un
criminel, point barre ; peut-être que ça viendra
plus tard. Mais si vous avez une idée qui émerge
et qu’elle vous plaît, dans ce cas, notez-la et es-
sayez de vous y tenir.
Comme toujours, préparer et jouer vos
Fronts signifient simplement proposer des
choses intéressantes aux PJ. Ne visez pas for-
Types de Menace
Chaque Front rassemble une ou plusieurs
Menaces liées. Les Menaces ne visent pas
forcément les PJ directement mais elles s’op-
posent à eux dans la fiction, au sens où il s’agit
d’antagonisme, de conflit potentiel, et les PJ de-
vraient naturellement vouloir les empêcher de
se réaliser. Les Menaces d’un même Front sont
liées entre elles par leur concept, c’est-à-dire
qu’elles émergent d’une même situation me-
naçante, mais cela ne signifie pas pour autant
qu’elles sont forcément coordonnées les unes
avec les autres.
Le rOlE du MJ
cément les choses les plus compliquées, les
plus tortueuses. Parfois la première idée est la
bonne, la simplicité est votre alliée, si l’idée der-
rière est suffisamment forte. Parfois les clichés
ont du bon. Privilégiez l’évidence : « Mais c’est
bien sûr ! Évidemment que leur enquête va
déranger une puissante organisation cri-
minelle ! ».
L’instant où vous créez vos Fronts est le mo-
ment où vous êtes le scénariste de votre série
télévisée, aussi soyez créatif, demandez-vous
ce qui apparaîtrait dans votre série télévisée ou
votre film préférés. Soyez enthousiaste par-rap-
port à cette création. Si tel est le cas, c’est bon
signe. Pour autant, ne forcez pas l’histoire à aller
dans ce sens si rien ne concorde. Très souvent,
vous aurez de grands pans de votre préparation
qui seront inutiles ou que vous changerez ou
préciserez par la suite. Vous aurez sans doute
joué une partie de votre préparation dans votre
tête et ça n’est pas un problème. Ça le devient
si vous tentez de forcer ce que vous avez joué
dans votre tête à la table, que vous forcez les
joueurs à suivre ce que vous aviez prévu. Vous
préparez, vous ne planifiez pas. La distinction
est importante.
L’avantage est qu’une préparation ne de-
vrait pas vous prendre plus de trente minutes,
et sans doute moins lorsque vous n’aurez plus
grand-chose à ajouter ou inventer et que vous
mettrez simplement à jour votre préparation en
fonction des événements de la session précé-
dente.
Il existe six types de Menace. Chacune possède
un profil, c’est-à-dire ce que les Falks dressent
succinctement comme profil psychologique
et ce qu’ils emploient pour interagir avec elle,
au risque d’être surpris lorsqu’elle agit sans le
respecter ; un penchant, c’est-à-dire ce que
vous ferez avec elle en cas de doute, si vous ne
savez pas quoi faire d’autre, si vous vous de-
mandez ce qu’elle pourrait bien faire ; et des
manœuvres de MJ spécifiques qui lui permet-
tront d’agir dans la fiction en accord avec ce
qu’elle est.
I
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Le rOlE du MJ
ORGANISATION
CRIMINELLE
Les organisations criminelles berlinoises sont
rares mais puissantes. Ce sont des groupes
capables de réunir jusqu’à plusieurs centaines
d’individus et possédant des liens dans certains
milieux influents. Il s’agit d’une criminalité orga-
nisée, bien installée, voire « respectable » pour
certaines. Dans tous les cas, il s’agit de groupes
à ne pas prendre à la légère et qui nécessiteront
des mois d’enquête avant de pouvoir les faire
couler.
Les Profils les concernant sont les suivants :
Mafia (penchant : imposer le silence
et respecter un code d’honneur criminel)
Secte (penchant : recruter des fidèles
et influencer insidieusement)
Gang (penchant : agresser ceux qui n’en
font pas partie)
Conglomérat (penchant : chercher
le profit)
Conjurés (penchant : déstabiliser
le pouvoir en place)
Les Manœuvres de MJ spécifiques les
concernant sont les suivantes :
Organiser une attaque violente, rapide,
inattendue.
Submerger par le nombre et attaquer.
S’emparer d’une chose ou d’une personne
chère, à fin de levier.
Gagner de l’influence, du territoire
ou des parts de marché.
Accepter de négocier, acheter le silence
ou la coopération.
CRIMINEL
Les criminels sont, au contraire des organi-
sations criminelles, des individus isolés. Ils pos-
sèdent moins de moyens, mais ont l’avantage
d’être plus difficilement repérables, de pouvoir
se fondre dans la masse. Là où les organisations
existent parce qu’elles ont toujours existé, les
18
criminels possèdent parfois un but précis, une
raison d’être ou un code d’honneur particulier.
Les Profils les concernant sont les suivants :
Professionnel (penchant : accomplir
sa mission)
Fanatique (penchant : terroriser
les masses)
Psychopathe (penchant : s’attaquer
indistinctement aux innocents)
Tyran (penchant : imposer sa volonté)
Cerveau (penchant : manipuler les
individus et planifier son prochain coup)
Les Manœuvres de MJ spécifiques les
concernant sont les suivantes :
Organiser une attaque précise, discrète
ou sanglante.
Jouer au chat et à la souris.
Faire passer un message, publiquement
ou en privé.
Effacer ses traces.
S’infiltrer quelque part ou passer à travers
les mailles du filet.
AUTORITÉ
Les autorités représentent les différents
services publics d’Europa. Dans un monde
idéal, cela devrait être des alliés naturels des
Falks mais la réalité est tout autre car chacun
a trop peur de mal faire et d’être pointé du
doigt comme responsable de mauvaises déci-
sions ou résultats désastreux. Le plus effrayant
est que leur pouvoir de nuisance est dès lors
presque illimité.
Les Profils les concernant sont les suivants :
Militaire (penchant : intervenir dans les
affaires des autres en employant la force)
Police fédérale (penchant : s’emparer
des affaires des autres en employant la loi)
Politique (penchant : conserver
et accroître son pouvoir)
Justice (penchant : ne voir que la légalité

d’une affaire)
Les Manœuvres de MJ spécifiques les
concernant sont les suivantes :
Organiser une attaque discrète, indirecte
ou imparable.
Corrompre ou acquérir un allié.
Faire subir des désagréments
administratifs.
Espionner, obtenir des informations.
Utiliser la loi pour servir ses intérêts.
FALKAMPFT
Tout le monde sait que même entre Falks,
on se tire parfois dans les pattes. Chacun es-
saie égoïstement de faire son beurre et si cela
doit être sur le dos des autres, ainsi soit-il. Plus
on grimpe les échelons au sein de la maison et
plus cela se transforme en un nid de vipères.
Les Profils les concernant sont les suivants :
Supérieur (penchant : demander
des résultats pour avant-hier)
Rival (penchant : faire mieux et plus)
Subordonné (penchant : envier
et manigancer)
Collègue (penchant : imposer
les traditions de la maison)
Police interne (penchant : demander
une intégrité sans faille)
Les Manœuvres de MJ spécifiques les
concernant sont les suivantes :
Ridiculiser, lancer des rumeurs ou ragots.
Fourrer son nez, astucieusement ou ma-
ladroitement, jusqu’à découvrir la vérité.
Voler la vedette ou s’accaparer la réussite
de quelqu’un d’autre.
Ne pas respecter le règlement et s’en tirer.
Agir selon ses préjugés et forcer quelqu’un
d’autre à faire de même.
Le rOlE du MJ
CITOYEN
Les Falks seront confrontés souvent à des
criminels mais dans ce monde, tous les ci-
toyens sont quelque part un peu des criminels
eux-mêmes. Puisqu’ils ont quelque chose à se
reprocher, ils seront forcément peu désireux de
voir débarquer un groupe de Falks dans leur
quartier.
Les Profils les concernant sont les suivants :
Classe moyenne (penchant : travailler
avec acharnement)
Bas-fonds (penchant : vivre
dans la semi-légalité)
Classe supérieure (penchant :
être méprisant et sûr de son droit)
Étranger (penchant : s’intégrer
et conserver ses racines)
Indic (penchant : se foutre dans la merde)
Les Manœuvres spécifiques de MJ les
concernant sont les suivantes :
Rechercher auprès des Falks
une assistance, une protection
ou ce qu’il pense être juste.
Fournir des informations tronquées,
mensongères ou erronées.
Être présent au mauvais endroit
au mauvais moment.
Créer du désordre ou enfreindre la loi,
petitement ou dans les grandes largeurs.
Présenter un bouc-émissaire
ou un suspect idéal.
CRISE
La vie dans Berlin XVIII est en général mer-
dique mais parfois elle trouve quand même le
moyen d’empirer. Dans ce cas, il s’agit d’une
Crise.
Les Profils les concernant sont les suivants :
Catastrophe (penchant : faire
d’innombrables victimes)
Révolte (penchant : se propager
I
19
bERlIN xVIiI
Le rOlE du MJ
et prendre de l’ampleur)
Attentat (penchant : frapper de manière
inattendue)
Mauvaise presse (penchant : monter
en épingle un incident isolé)
Mesure gouvernementale (penchant :
exiger des résultats)
Les Manœuvres de MJ spécifiques les
Horloges
L’outil principal que vous utiliserez en
tant que MJ à Berlin XVIII seront les Hor-
loges. Les Horloges sont exactement ce que
leur nom suggère : un compte à rebours com-
posé de plusieurs segments représentant l’état
d’un Front ou d’une Menace. Votre monde évo-
luera ainsi en fonction de leur avancement.
Les Horloges débutent à 12h00, et font un
tour complet jusqu’à 00h00. Elles ne sont com-
posées cependant que de six segments afin de
simplifier leur gestion : le premier segment s’ar-
rête à 15h00, le second à 18h00, le troisième à
21h00, le quatrième à 22h00, le cinquième à
23h00 et enfin le dernier à 00h00 donc.
Une de vos manœuvres est de cocher un
segment. Plus l’heure avance et plus le Front ou
la Menace affermit sa progression, se concré-
tise de plus en plus. Il est d’ailleurs important
de noter qu’avant d’atteindre le segment de
22h00, la Menace peut toujours être évitée ; à
partir de 22h00, elle devient inévitable et seules
les répercussions peuvent être minimisées.
Enfin, l’évolution des Horloges est à la fois
descriptif et prescriptif : cela signifie que l’état
d’une Horloge indique où se situe l’évolution
du Front, mais également que si le Front évolue
jusqu’à un certain stade dans la fiction, l’Hor-
loge sera mise à jour pour en être le miroir fidèle.
Afin de faciliter le suivi des Horloges, chaque
segment plutôt que de se résumer simplement
à une heure se voit attribuer une description de
l’état d’avancement qu’il représente. Ainsi, en
un coup d’œil, vous avez l’indication de ce que
vous devez décrire à vos joueurs si le besoin
20
concernant sont les suivantes :
Désorganiser le travail des forces
de l’ordre.
Rendre la population hostile
aux représentants de l’ordre.
Appeler à plus de fermeté et de sévérité.
Détruire quelque chose, de concret
ou de symbolique.
Montrer le malheur, la misère ou le déclin.
s’en fait sentir. Et n’oubliez pas durant la partie
de pointer dans vos descriptions le plus sou-
vent possible les changements dans la situation
de ces menaces : vous ne voulez pas que vos
joueurs découvrent qu’une Menace s’est réali-
sée sans avoir bénéficié de signes avant-cou-
reurs. Vous voulez qu’ils aient eu la possibilité
de la contrer mais qu’ils aient choisi de ne pas
le faire, notamment pour pouvoir se concentrer
sur un autre Front.
Les Horloges sont utilisées pour suivre l’évo-
lution des Menaces, mais les Dossiers, les Quar-
tiers et le Stress des personnages possèdent
également une Horloge.
MENACE
Que cela soit une organisation criminelle, un
criminel isolé, une autorité gouvernementale
ou même simplement une catastrophe, natu-
relle ou non, tous ces dangers sont représentés
par une Horloge. En général, il s’agit d’un but à
plus ou moins court terme, comme de s’em-
parer d’un quartier ou de prendre le contrôle
d’une activité criminelle, voire d’éliminer une
importante figure politique. C’est également
avec de telle Horloge que vous suivrez les
coupes budgétaires imposées au service des
personnages ou la nouvelle loi qui décrétera
l’état de siège et les terribles répercussions sur
la vie des citoyens que cela impliquera. Grâce à
cette polyvalence et à son détachement avec
une affaire spécifique, vous utiliserez ces Hor-
loges pour suivre les grandes intrigues de votre
campagne.

DOSSIER
Chaque enquête confiée aux personnages
possédera une Horloge, principalement afin
de suivre la temporalité de ce dossier : plus
le temps passe et plus l’affaire est froide et ne
pourra être résolue. Ou bien plus les criminels
sont alertés et prêts à recevoir la police. Ou bien
le coupable efface de plus en plus ses traces
avant de disparaître.
En tant que MJ à Berlin XVIII, ce sera votre
principal outil pour suivre avec facilité l’évolu-
tion d’une affaire. Bien évidemment, une af-
faire peut posséder plusieurs Horloges selon
sa complexité et son enchevêtrement avec
d’autres dossiers. Souvenez-vous que les per-
sonnages peuvent enquêter sur une affaire qui
possède des liens avec d’autres dossiers, et cela
est encore plus vrai si votre groupe de person-
nages enquête sur des affaires séparées. Après
tout, les Falks dans Berlin XVIII sont notoirement
débordés.
Il faut insister sur un point et d’autant dans
le cas des Horloges de Dossier, c’est que ces
Horloges indiquent ce qu’il risque de se passer
et sont fonction d’un instant donné. Entre les
sessions, votre préparation devra revoir chaque
Horloge et éventuellement les modifier si les
circonstances ont changé leur déroulement.
QUARTIER
Chaque quartier au sein du secteur XVIII de
Berlin est représenté par une Horloge. Celle-ci
incarne l’état d’agitation et de chaos qui règne
Le rOlE du MJ
au sein de ce quartier et la façon dont les Falks
seront accueillis. En clair, plus elle est avancée
et moins les citoyens seront bienveillants à
l’égard des Falks. Le rôle de ces derniers sera
alors d’améliorer les relations entre la police et
ce quartier, peut-être par des opérations mé-
diatiques. Ou bien de s’en foutre totalement et
de se sentir comme un poisson dans l’eau au
sein de cette jungle hostile.
STRESS
Comme nous l’avons vu, les PJ possèdent
chacun leur Horloge de stress. Mais en théorie,
les PNJ en possèdent également une. N’utilisez
toutefois une Horloge que si cela est vraiment
utile. Certes, ils subissent du stress, comme les
PJ, mais une explosion de grenade à 4-stress les
tuera très certainement, là où un PJ peut s’en
sortir s’il était indemne. De manière générale, le
stress impacte avec plus de violence les PNJ. Et
comme vous n’êtes pas là pour les protéger si
un PNJ écope d’une balle à 3-stress, il pourrait
bien être mort sans autre forme de procès. Ou
bien vous pouvez décider que vous offrez une
chance de le sauver à un PJ, mais que s’il ne la
saisit pas, vous rayez le nom du PNJ. Ou bien
vous pouvez créer spécifiquement une Hor-
loge pour suivre la maladie ou la blessure d’un
PNJ important aux yeux des PJ. Les PJ vont-ils
parvenir à sauver un coéquipier, victime d’une
blessure par balle, à l’amener à l’hôpital avant
que l’hémorragie ne l’emporte ? Pour répondre
à cette question, créez une Horloge. Si elle at-
teint 22h00, il tombe dans le coma. Et si elle
atteint 00h00, c’en est fini de lui.
21
bERlIN xVIiI
JoUeR
Jouer
MISE EN PLACE
Une fois les personnages
créés, prenez le temps
de parcourir le chapitre
concernant le contexte
de Berlin XVIII. Encore une
fois, le but n’est pas de figer
l’univers, le monde doit
émerger à partir des PJ
et vous ne devriez explorer
et répondre qu’aux questions
soulevées en jeu, durant
les sessions, par la fiction
et par les PJ. Mais il est
néanmoins utile d’avoir une
connaissance, même vague,
du contexte de Berlin XVIII afin
d’avoir une vision commune
de cet univers et de son
ambiance.
Vous pouvez faire prendre connaissance aux
joueurs du chapitre concerné en son entier ou
bien simplement leur lire le résumé suivant :
« La dystopie telle que décrite par Ber-
lin XVIII ne ressemble pas à notre histoire.
Pas exactement du moins. C’est un monde
sombre, violent, et désespéré, un monde
malade qui n’en finit pas de se battre pour
22
ne pas clamser. Europa est une chandelle
dans la nuit. Et Berlin en est devenue le
cœur vibrant : une immense cité tentacu-
laire, regorgeant de millions d’habitants
entassés les uns sur les autres, étendue sur
plus de 70 secteurs. Parmi ceux-ci, le sec-
teur XVIII est le pire.
Il n’y a plus véritablement de délimita-
tions entre les anciens pays européens,
tous font partie de la fédération d’Europa.
La fin de la mondialisation, la dislocation
des grandes puissances, soixante-dix ans
auparavant, ont contribué à une unification
jadis jugée impensable.
Vous êtes les derniers remparts de la
Justice, même si ce terme ne veut plus rien
dire.
Vous êtes un Falkampft. »
Mettez-vous d’accord si vous comptez jouer
sur une période temps étendue, une cam-
pagne ou au moins plusieurs sessions de jeu,
ou sur un format plus court comme une ses-
sion unique ou seulement quelques sessions.
Dans ce dernier cas, un chapitre ultérieur est
consacré au one-shot, fournissant conseils et
un dossier spécifique pour se lancer immédia-
tement dans une partie. Autrement, un chapitre
est présent dans ce livre pour vous offrir par
la suite de nombreuses affaires pouvant venir
étayer une campagne.

Épisode pilote
Concernant cette première session de jeu, il
faut l’imaginer comme l’épisode pilote d’une
série télévisée, vous allez devoir :
Donner du temps d’écran à l’ensemble
des personnages.
Poser tout un tas de questions
pour comprendre qui est qui.
Repérer les éléments qui vont amener
du bon drame par la suite.
Faire un effort supplémentaire
pour décrire l’univers dans lequel vivent
les personnages.
Et pourquoi pas suivre une intervention
des Falks sur le terrain.
N’essayez pas tout de suite d’enchaîner
les scènes d’action et de drame intenses.
Privilégiez des scènes de routine. Que cela soit
le calme avant la tempête. Que Berlin souffle un
petit peu. Que les criminels ne tiennent un tout
petit peu à carreau pour une fois. Le monde
dans lequel vivent les personnages ne doit pas
être un enfer, sinon ils l’auraient quitté depuis
longtemps. Donc il nous fait le voir à l’écran,
pour comprendre en quoi les personnages y
sont attachés. Bien évidemment, ils n’ont au-
cune idée que des événements dramatiques
s’apprêtent à fondre sur eux. Qu’ils vont être les
protagonistes d’une histoire.
Allez même plus loin que ça : rappelez tout
d’abord aux joueurs que jusqu’à présent leur
tâche a été facile puisqu’ils ont juste eu à créer
leurs personnages mais que votre tâche va être
désormais plus compliquée puisque vous allez
devoir gérer tout un monde et le décrire de ma-
nière riche et cohérente. De plus, vous n’avez
aucune idée de ce à quoi ressemble ce monde
JoUeR
dans le détail et vous n’avez aucune piste d’in-
trigue. Aussi, pour cette première session, vous
allez simplement suivre les personnages et voir
à quoi ressemble une journée standard pour
eux. Journée standard pour un Falk du secteur
XVIII de Berlin ne signifie aucunement journée
tranquille et sans le moindre danger. Le but
pour toute la table est double : apprivoiser le
système de jeu et faire connaissance avec les
personnages, PJ comme PNJ.
Si les joueurs n’ont pas trop l’habitude du
système Propulsé par l’Apocalypse, vous
aurez sans doute besoin de les guider un peu,
pour qu’ils enclenchent des manœuvres. Expli-
quez que les manœuvres permettent à la fic-
tion d’avancer et que votre rôle est de rendre les
« échecs » (les 6-) intéressants, pas de taper sur
les doigts des joueurs. Assurez-les que la mé-
canique est là pour créer de la fiction et du rôle,
pas l’inverse. Certains joueurs peuvent éprou-
ver de la gêne, notamment à basculer entre la
fiction et la mécanique lorsqu’une manœuvre
s’enclenche. Normalement avec un peu d’ha-
bitude, cette gêne devrait disparaître. Dans
tous les cas, soyez curieux et enthousiaste, de-
mandez « En faisant ça, tu enclenches cette
manœuvre, n’est-ce pas ? » mais n’imposez
pas si ce n’est pas ce que le joueur veut faire
finalement.
Posez des questions concernant les person-
nages pour encourager les joueurs à creuser
leur psychologie et à développer leurs rapports
personnels entre eux. N’hésitez pas à poser
des questions concernant leur passé, même
lointain : « Volker, t’as déjà tabassé un type
aussi violemment ou là t’étais particulière-
ment remonté contre ce salaud ? » ou bien
« Ceyda, visiter ce quartier turc, ça te rap-
pelle pas ton enfance ? T’as toujours vécu
à Berlin ou tu as des souvenirs, petite, de la
Turquie ? »
I
23
bERlIN xVIiI
JoUeR

Berlin
À part les PJ, l’autre personnage impor-
tant de Berlin XVIII est… Berlin. Mais pas
n’importe quelle Berlin. Votre Berlin. Au cours
de cette première session, vous allez brosser
son portrait, et par la suite, vous le détaillerez.
Dans ses grandes lignes, Berlin est un monde
post-apocalyptique où l’apocalypse fût écono-
mique. Embrassez le mouvement punk, soyez
certain qu’aucun futur bienveillant ne vous at-
tend, que la guerre et la folie des hommes fi-
niront par tous vous exterminer. Enfin, brassez
Berlin avec un mélange de toutes les cultures et
peuples : faites-en le dernier bastion, le refuge
de prospérité et de sécurité.
Mais passées ces grandes lignes, Berlin sera
votre Berlin. Inspirez-vous du Berlin que vous
avez peut-être réellement visité ou du dernier
film de science-fiction sombre ou d’anticipa-
tion désespérée que vous avez pu visionner.
Les seuls éléments que vous ne voulez pas voir
apparaître dans ce Berlin sont une cybertech-
nologie délirante et de l’occulte-fantastique. La
part de fantastique ne doit jamais être centrale,
elle peut servir à porter un thème, à l’amplifier,
mais elle ne servira jamais de thème en soi ; ou,
autrement dit, le thème ne sera jamais le fan-
tastique. Rappelez-vous : vous essayez de voir
ce qu’il va advenir à ces policiers, projetés dans
un monde légèrement différent du nôtre, voir
ce à quoi ils vont être confrontés et comment
ils vont y réagir.
En-dehors de cela, les détails sont à décou-
vrir au cours de votre campagne et notamment
lors de cette première session. Pour favoriser
cette émergence et si prendre part à la créa-
tion du monde fait partie des attentes de vos
joueurs, vous pouvez poser un certain nombre
de questions générales au cours de cette pre-
mière session, puis, lorsque le besoin s’en fera
sentir sur un point précis, tout au long de la
campagne.
Quelle communauté s’est récemment
réfugiée dans Berlin en raison de conflits
au sein de son pays ?
À quoi voit-on que Berlin est une cité
monstrueuse ? Berlin est-elle une cité
tentaculaire, étendue, ou au contraire
tout en hauteur avec d’innombrables
gratte-ciels ?
Quel est le monument ou le lieu qui sert
d’icône à Berlin en 2090 ?
Quel lieu ou monument a-t-il été touché
par un récent attentat ?
Qui en serait à l’origine ?
MANŒUVRE
SPÉCIALE :
PRENDRE
L’AUTOBAHN
Quand tu prends l’Autobahn, dans
l’urgence, pour te rendre quelque part,
lance+RUE.
Sur un 10+ : tu atteins ta destination,
sans le moindre problème.
Sur un 7-9, choisis 1 parmi la liste sui-
vante :
Des embouteillages te retardent.
Tu es pris dans un accident dan-
tesque.
Des connards font un carton sur
les bagnoles qui passent, et donc
la vôtre. Répartis 3-stress entre tous
les occupants du véhicule.

En quoi peut-on voir au sein de Berlin

des préparatifs de la guerre imminente
avec la Russie ?

Quelle communauté a été particulière- LE SECTEUR XVIII

ment mise en avant suite à des incidents Berlin XVIII focalise ses histoires sur les Falks
récents ? opérant au sein du secteur XVIII de Berlin ;

24

maintenant que Berlin a été dessinée à grand
traits, il va falloir regarder plus finement et s’in-
téresser à cette zone plus précisément.
Le secteur ne comprend ainsi qu’un seul
commissariat, malgré certaines études in-
ternes qui démontrent que la charge de travail
des Falks de ce secteur soit supérieure à bien
d’autres secteurs mieux lotis ou plus calmes.
C’est également un secteur découpé en de
nombreux quartiers, souvent majoritairement
peuplés d’une minorité ethnique particulière,
et encerclé par de nombreux secteurs (les sec-
teurs I, VI, XVII, XIX, XXI et XXIV), ce qui n’est pas
sans poser problème, notamment lorsqu’il est
question de juridiction. Il n’est en effet pas rare
que les collègues d’un secteur voisin déplacent
un cadavre dans le secteur XVIII, si la scène du
crime n’est pas trop éloignée, afin que leurs sta-
tistiques de meurtres et surtout de crimes irré-
solus demeurent dans des bornes raisonnables.
Au contraire, les Falks du secteur XVIII doivent
souvent se rendre dans un secteur voisin pour
poursuivre une enquête, les criminels ayant
compris depuis longtemps que mener des
opérations sur plusieurs territoires engendrait
d’appréciables perturbations au sein des forces
de l’ordre, et pour cela doivent faire preuve de
force diplomatie pour se voir autoriser à opérer
temporairement et sans surveillance. Quand ils
ne subissent pas ouvertement les obstructions
et autres malveillances de la part de leurs col-
lègues.
Quel important conglomérat a
de nombreux intérêts, et en conséquence
pas mal de pouvoir, dans ce secteur ?
Quelle communauté du secteur XXIV
déborde sur le secteur XVIII, créant pas
mal de tension dans la rue et avec
les collègues du secteur voisin ?
Quelle emmerde avec la haute société
du secteur I provoque actuellement
des migraines au Commissaire ?
Pourquoi les collègues du secteur XVII
se considèrent-ils comme supérieurs
aux Falks du secteur XVIII ?
En début de campagne, définissez d’un
commun accord les traits marquants du
secteur XVIII. Par défaut, le secteur XVIII est
de taille modeste, composé principalement de
JoUeR
classe moyenne, et densément peuplé. La cri-
minalité y est certes présente mais les gangs
demeurent de petite taille, armés d’armes de
poing de petit calibre. Les relations avec les
secteurs voisins sont peu cordiales sans que
cela soit pour autant la guerre, il n’y a donc au-
cune raison de se plaindre.
Choisissez 1 avantage :
§§ Le secteur XVIII est essentiellement
un quartier résidentiel, qui se vide le jour.
La nuit, les habitants sortent, font la fête
car ils en ont les moyens. De nombreux
hypermarchés et centres commerciaux
sont bien achalandés. Aucune pénurie
notable n’est à noter.
§§ Le secteur XVIII possède un Quartier
prestigieux, habité par des stars des
médias et des riches individus. C’est une
communauté isolée, entourée de murs,
possédant sa propre milice privée qui y
assure la sécurité. Accéder au haut du
panier, avec les avantages afférents
comme un petit job occasionnel de garde
du corps pour le Falk désargenté, y est
donc relativement aisé.
§§ Un immense parc recouvre une partie
du secteur XVIII. Le jour, les habitants de
Berlin viennent s’y promener et profiter
d’un air relativement respirable. La nuit,
le secteur sert de terrain neutre pour
des pourparlers entre gangs auxquels
les forces de l’ordre se mêlent parfois
pour obtenir des tuyaux.
§§ Un Quartier « rouge », où prostitution
et drogue y sont légales, est géré par
divers gangs de force à peu près égales.
Le travail des Falks y est alors simplifié :
ils doivent simplement surveiller les lieux
et peuvent faire le tour de leurs indics
sans risquer de se faire tirer dessus. Les
juteux revenus provenant de ce Quartier
permettent de financer de nombreux
services publics et notamment les forces
de l’ordre.
Et choisissez 2 inconvénients :
§§ Le secteur XVIII est entouré d’un
périphérique routier qui engendre
I
25
bERlIN xVIiI
JoUeR
un véritable bordel au sein du secteur.
Le trafic est rarement fluide, les embou-
teillages accablent le secteur et il est très
fréquent d’être bloqué ou d’être longue-
ment retardé à cause de cela.
§§ Le secteur XVIII est industrialisé au-delà
du raisonnable. La pollution est catastro-
phique, il y pleut sans arrêt, un fin crachin
merdique. Le smog y restreint la visibilité
et provoque des problèmes récurrents
de santé pour ses habitants.
§§ Le chômage atteint des taux colossaux
au sein du secteur XVIII. La criminalité y
est omniprésente. Le moindre petit crimi-
nel possède des armes lourdes, la drogue
coule à flots dans les rues sombres et
tortueuses du secteur, la criminalité y est
organisée en bandes importantes
et son influence se fait sentir lourdement.
§§ Le secteur XVIII est extrêmement pauvre.
Aucun commerce ne parvient à fleurir.
Les pénuries, notamment concernant
la nourriture ou les vêtements, sont
fréquentes. Se nourrir ou payer son loyer
devient un enjeu jour après jour.
§§ Un important stade de Mörderball
accueille chaque samedi une foule
de supporters dévoués. Des rixes, des
dégradations, des violences ont lieu
à chaque fois. C’est une journée noire
pour les Falks du secteur qui s’en tirent
rarement sans mal.
§§ Un Quartier du secteur XVIII est aux mains
d’une puissante organisation criminelle,
ancrée depuis tant d’années qu’elle y est
clairement indéracinable. Les Falks n’y
sont pas les bienvenus et on tire à vue
sur le moindre uniforme.
La Falkhouse
Enfin, un dernier lieu mérite toute votre
attention puisque la moitié des scènes environ
devrait s’y dérouler : le commissariat du secteur
XVIII, autrement appelé la Falkhouse par ses ré-
sidents.
Nous ne fournissons pas de plan pour cet
immeuble, mais nous vous encourageons à
26
§§ D’innombrables gangs parcourent
les rues du secteur XVIII et rackettent
les commerces et les habitants. Sitôt
une tête coupée, une autre repousse ;
sitôt un gang démantelé, une guerre pour
s’accaparer son territoire se livre entre
plusieurs autres groupes. Il est impossible
de ne pas croiser un membre de gang
lors de la moindre intervention, laisser
sa bagnole de patrouille sans surveillance
est le plus sûr moyen pour la retrouver
incendiée. Les emmerdes pleuvent très
facilement, à la première étincelle.
§§ Une importante caserne militaire se situe
dans le secteur XVIII. L’Armée contrôle
les allers et venues de certaines rues si-
tuées à sa proximité, tirent à vue sur ceux
qu’ils considèrent comme coupables de
crimes, voire de délits graves et de
manière générale empêchent les Falks
de faire leur boulot correctement.
§§ Une zone désaffectée, sans électricité ni
eau chaude, compose comme une sorte
de tumeur au sein du secteur XVIII.
Entourée de murs et de barbelés, seuls
y vivent des pauvres, des punks et des
marginaux. Aucun Falk n’y foutrait les
pieds, pourtant y sévissent impunément
des déviants et des criminels. Les médias
s’intéressent énormément à ce Quartier
et aucune intervention ne peut y avoir
lieu sans que la moindre bavure
ne se retrouve en une des journaux.
§§ Une prison occupe une partie du secteur
XVIII. Décidez s’il s’agit d’une prison de
haute sécurité ou d’une prison politique.
La population aux alentours de la zone vit
à juste titre dans la crainte d’une attaque
du complexe pénitentiaire.
en dessiner vous-mêmes les éléments les plus
marquants, par exemple l’étage où travaillent
les PJ. Ceci dit, la structure du commissariat est
relativement simple. Un ou plusieurs policiers,
souvent des débutants ou au contraire des
Falks s’étant spécialisés dans la prise en charge
et le dispatching, ou plus rarement des officiers

ayant récemment subi un blâme, sont chargés
de s’occuper de l’accueil du public au rez-de-
chaussée. C’est également à cet endroit que les
visiteurs ou les témoins ne nécessitant pas de
faire preuve de discrétion attendent d’être reçus.
Au premier sous-sol se situent les différentes
cellules de garde à vue et la cellule de dégrise-
ment. Un accès direct vers le parking permet
d’assurer de manière simple et sécurisée le
transport de prisonnier. C’est également à ce
niveau que l’on trouve la morgue et les bureaux
des légistes.
Plusieurs étages comprennent les bureaux
en open space des équipes de Sergents, entou-
ré par les bureaux (aimablement appelés « les
aquariums ») de leurs Sergents-Chefs. Le bu-
reau du Lieutenant en charge de cette équipe
se trouve en général un peu à l’écart, bien que
certains Lieutenants préfèrent parfois prendre
un bureau de Sergent-Chef pour garder leurs
troupes à l’œil et pouvoir les motiver. Chaque
étage se trouve sous la responsabilité d’un
Capitaine dont le bureau se situe en angle et
possède une vue sur la ville (ou plutôt sur les
gratte-ciels voisins), et possède entre deux et
quatre salles d’interrogatoire ou d’identification,
ainsi qu’une salle de repos.
L’avant-dernier étage est consacré aux archives,
services informatiques et autres services de la
police scientifique, sans doute encore plus débor-
dés que leurs collègues.
Le dernier étage est consacré à la salle de
conférence pour la presse, aux différentes
équipes de communication, services comp-
tables et administratifs, et au prestigieux bureau
du Commissaire.
Nous vous invitons à poser des questions à
vos joueurs pour détailler leur Falkhouse.
Un déménagement a récemment
contraint de changer de Falkhouse.
Qu’est-il advenu de l’ancienne Falkhouse ?
Qu’est-ce qui a été laissé derrière,
pour l’instant du moins ?
En quoi la nouvelle Falkhouse n’est-elle
pas encore parfaitement adaptée à sa
fonction ? En quoi l’emménagement
récent dans ce nouvel immeuble
se ressent-il le plus ?
Quel est le bureau « maudit », pourquoi,
et qui l’occupe actuellement ?
JoUeR
Quelle tradition, génération de Falks après
génération de Falks, stupide pour certains,
importante pour d’autres, a-t-elle lieu au
sein de cette Falkhouse ?
Quelle est la ressource insolite qui est
depuis toujours recherchée et disputée
au sein de cette Falkhouse ?
Quelle communauté est particulièrement
mal vue, à juste titre au vu des statistiques
et des problèmes qu’elle cause, par les
Falks de ce secteur ?
En début de campagne, définissez d’un
commun accord les traits marquants de votre
Falkhouse. Par défaut, elle comprend une ving-
taine d’hommes (1 Commissaire, 1 Capitaine, 3
Lieutenants, 5 Sergents-Chefs et 10 Sergents),
un assemblage de bleus et de vétérans. Elle
comporte une koffemachin décente, des lo-
caux dans un état correct mais sans plus, et on
peut s’y sentir relativement en sécurité, aucun
criminel minable ne cherchera à l’attaquer. Les
véhicules de patrouille, des De Mauer Fugazzi,
sont des vieilleries blindées qui roulent encore
raisonnablement (1-armure), une radio à son
bord permet de communiquer avec le Central.
Les opérateurs de télécommunication font ce
qu’ils peuvent avec les moyens à leur dispo-
sition mais certains sont facilement débordés
tandis que d’autres sont très procéduriers, on
ne sait jamais sur qui on va tomber.
Choisissez 2 avantages :
§§ La Falkhouse comprend de nombreux
Falks, environ une quarantaine (1 Com-
missaire, 2 Capitaines, 5 Lieutenants,
12 Sergents-Chefs et 19 Sergents).
Des renforts seront en général disponibles
et proches de la zone d’intervention.
§§ La Falkhouse est bien équipée.
Les patrouilles possèdent quelques Vogel
Wagen de chez Von Strohem, des voitures
à moteur antigravitique (volant, 2-armure)
au lieu des véhicules de patrouille
standard (1-armure).
§§ La Falkhouse dispose de drones de
surveillance, capables de neutraliser
un suspect par une décharge électrique
(volant, assommant) et d’assurer
I
27
bERlIN xVIiI
JoUeR
une reconnaissance sans exposer
la sûreté des Falks.
§§ Les effectifs de la Falkhouse sont
essentiellement composés de vieux
de la vieille, des mecs sûrs, bien entraînés
et sur lesquels on peut compter, même
sous le feu ennemi.
§§ L’armurerie de la Falkhouse est bien
achalandée. Les Falks sont équipés de
Marxmen 17.12 (3-stress, courte, rafale, id)
au lieu de leur Marxmen 15.23 (3-stress,
courte, recharge, enrayage).
§§ La Falkhouse est protégée par un individu
ou un groupe puissant. Lorsque quelqu’un
dépose une demande officielle, il gagne
+1 sur son jet si le protecteur intervient.
§§ La Falkhouse dispose de financements
décents et paie bien ses Falks en consé-
quence. Les locaux sont propres et bien
agencés, les Falks démarrent avec 1-euro-
mark supplémentaire.
§§ La Falkhouse dispose de moyens
de communications avancées. Les Falks
sont équipés de talkie-walkie et plus
seulement d’une radio à bord du véhicule
de patrouille. Les opérateurs de télécom-
munication du Central sont compétents
et professionnels.
Et choisissez 3 inconvénients :
§§ La Falkhouse ne dispose pas d’assez
d’hommes pour le secteur qu’elle doit
gérer. Les effectifs ont chuté jusqu’à
ne plus comprendre qu’une quinzaine
d’hommes (1 Commissaire, 1 Capitaine,
2 Lieutenants, 4 Sergents-Chefs et
7 Sergents). Appeler des renforts est
en général voué à l’échec.
§§ Les effectifs de la Falkhouse sont essen-
tiellement composés de bleus, prompts
à commettre des bavures ou à merder
sous le feu ennemi.
§§ La Falkhouse est située en plein dans
28
un Quartier pourri. Des émeutes ont
souvent lieu, les tensions avec les
membres de cette communauté sont
fréquentes. L’Horloge de ce Quartier
démarre à 15h00.
§§ La Falkhouse est au bord de la faillite.
Des pièces d’équipement sont souvent
manquantes ou indisponibles (gilet pare-
balles, véhicule, matériel scientifique).
§§ Les systèmes de communication de
la Falkhouse sont désuets et peu fiables.
Les opérateurs de télécommunication du
Central sont incompétents ou caractériels.
§§ La sécurité de la Falkhouse est pour
le moins lacunaire. Des individus peuvent
s’introduire, assurer la défense en cas
d’attaque armée du commissariat serait
délicat, et une évasion de la détention
provisoire est toujours possible.
§§ La Falkhouse subit les attentions parti-
culières de la police des polices car de
nombreux ripoux dans les rangs de cette
maison entachent sa réputation. Les jets
d’enquête interne se font à -1 continu.
§§ Les rangs de la Falkhouse ne sont com-
posés que des pires salauds qu’Europa ait
jamais porté. Esprit de corps ne permet
jamais de récupérer du stress.
§§ La paperasserie légale n’est pas le point
fort de la Falkhouse. Le Procureur
divisionnaire assigné à la Falkhouse est
incompétent ou corrompu, tout comme
les richters du secteur qui libèrent les
criminels à moins de blinder plutôt deux
fois qu’une les dossiers. Quoi qu’il en soit,
les jets de rédiger son rapport se font à -1
continu.
Lorsqu’un PJ atteint le grade de Capitaine,
il peut choisir un avantage et un inconvénient
supplémentaires.
Lorsqu’un PJ atteint le grade de Commis-
saire, il peut choisir d’effacer un inconvénient
et d’ajouter un nouvel avantage.

Matériel
ÉQUIPEMENT
Armes de contact :
Matraque-taser (assommant, contact).
Couteau à cran d’arrêt (2-stress, contact,
discret).
Machette, barre à mine, batte de base-ball,
etc. (3-stress, contact).
Armes à feu de courte portée :
Marxmen 15.23 (3-stress, courte, recharge,
enrayage). Pistolet standard des Falks.
Marxmen Special 16.08 (4-stress, courte,
bruyant, recharge).
Marxmen 17.12 (3-stress, courte, rafale, id).
Fusil à pompe Vindikator (4-stress, courte,
zone, salissant, recharge).
Armes à feu à longue portée :
Pistolet-mitrailleur G&K Tarentula (3-stress,
courte/longue, rafale, bruyant).
Fusil d’assaut G&K Sandman (3-stress,
longue, rafale).
Fusil de précision G&K Goliath (4-stress,
longue, recharge, lent).
Protections :
Blouson de cuir (1-armure).
Gilet pare-balles (2-armure, inconfortable).
ÉTIQUETTES
Les étiquettes sont pour la plupart fic-
tionnelles : elles viennent simplement donner
de la couleur aux objets. Par contre, en tant que
JoUeR
PJ, vous devez tenir compte des étiquettes de
l’objet pour agir dans la fiction. Impossible ainsi
de tuer à longue distance quelqu’un avec un
simple couteau. De même, le MJ peut activer
les désavantages de vos objets lorsqu’il doit
effectuer une de ses manœuvres. Une arme
+bruyante attirera l’attention, une arme avec
+enrayage deviendra inutilisable, etc.
n-armure. Soustrait n points à tout stress
reçu.
n-stress. Inflige n points de stress à la
cible.
assommant. L’arme n’inflige pas de
dégâts à proprement parler mais étourdit
ou neutralise la cible.
bruyant. L’arme est particulièrement
bruyante.
contact. L’arme est destinée au combat
au corps-à-corps.
courte. L’arme possède une portée
courte, idéale pour les tirs à bout portant.
discret. L’arme peut être dissimulée sur
soi et ne peut être découverte à moins
d’une fouille sérieuse.
enrayage. L’arme a tendance à s’enrayer.
Si cela arrive, il faut alors la démonter
et la remonter avant de pouvoir s’en servir
à nouveau.
id. L’arme dispose d’une lecture de code
génétique et ne peut être utilisée que par
son propriétaire enregistré.
inconfortable. La protection ou le vête-
ment est désagréable à porter, restreint
les mouvements, et il est impossible de se
reposer avec.
lent. L’arme demande du temps pour
être utilisée, par exemple demandant
de s’installer ou de viser.
longue. L’arme est destinée aux tirs
de longue portée et son maniement est
délicat dans des espaces étroits.
I
29
bERlIN xVIiI
JoUeR
perce-armure ou pa. Ne tient pas
compte de l’armure pour infliger du stress.
rafale. L’arme peut tirer une rafale,
permettant de toucher plusieurs cibles
d’un coup.
recharge. L’arme a besoin d’être
rechargée manuellement après
chaque utilisation.
salissant. L’arme manque de subtilité
et provoque des blessures graves.
Progression
Gagner en expérience est une progres-
sion mécanique pour les PJ : à chaque fois
que quelqu’un gagne en expérience, il coche
une case d’expérience. Lorsqu’il a coché sa cin-
quième case, il efface son expérience et gagne
un avancement dans la liste suivante.
Mais au-delà de cela, il s’agit également d’une
progression fictionnelle : si un personnage
gagne une manœuvre, est-ce qu’il vient de
découvrir quelque chose de nouveau ou bien
a-t-il toujours su faire cela mais n’y a-t-il encore
jamais eu recours ? Si le personnage gagne un
point dans une stat, quelque chose l’a-t-il rendu
plus fort ou plus malin ? Si le personnage prend
du galon, est-ce justifié par un acte héroïque
ou n’est-ce qu’en raison de son ancienneté ? Si
le personnage change de réputation, quel évé-
nement dramatique avez-vous vu se dérouler
durant la session qui permet d’expliquer un tel
changement ?
Dès le premier avancement, les options
suivantes peuvent être choisies :
Prendre une manœuvre spéciale de ré-
putation. Le PJ choisit alors une nouvelle
manœuvre de sa réputation, en plus de celles
qu’il possédait déjà.
Prendre une manœuvre spéciale d’une
autre réputation. Le PJ choisit alors une
manœuvre d’une réputation autre que la
sienne. Idéalement, n’allez pas piocher une
manœuvre d’une réputation jouée par un autre
joueur déjà présent à la table.
Prendre du galon. Le PJ grimpe alors dans
30
silencieux. L’arme est dotée d’un
silencieux qui rend son utilisation peu
perceptible.
volant. Le véhicule se déplace en volant,
lui assurant une manœuvrabilité supé-
rieure à un véhicule roulant.
zone. L’arme touche toutes les cibles dans
une même zone.
la hiérarchie des Falkampfts. Il doit pour cela
déposer une demande officielle de promotion,
suite à une affaire résolue. S’il était Sergent, il
devient Sergent-Chef ; s’il était Sergent-Chef, il
devient Lieutenant. Procédez à une petite cé-
rémonie officielle. Le PJ gagne immédiatement
les manœuvres liées à son nouveau grade.
Gagner +1 à une stat (maximum +2). Le PJ
gagne un bonus d’un point, permanent, dans
la stat de son choix, sans pouvoir toutefois dé-
passer +2.
Et à partir du sixième avancement, les op-
tions suivantes deviennent accessibles :
Gagner +1 à une stat (maximum +2). Le PJ
gagne un bonus d’un point, permanent, dans
la stat de son choix, sans pouvoir toutefois dé-
passer +3.
Prendre du galon. Le PJ continue de grim-
per dans la hiérarchie des Falkampfts. S’il était
Sergent-Chef, il devient Lieutenant ; s’il était
Lieutenant, il devient Capitaine ; s’il était Capi-
taine, il devient Commissaire. Procédez à une
petite cérémonie officielle. Le PJ gagne immé-
diatement les manœuvres liées à son nouveau
grade.
Retirer son personnage en sécurité et en
créer un nouveau. Le PJ peut par exemple
partir à la retraite, ou bien être muté dans un
secteur plus calme ou au sein d’une autorité
publique sans danger. Dans tous les cas de fi-
gure, il disparaît et ne peut revenir comme une
Menace. Aucun mal ne peut lui être fait. Il sort

tout simplement de l’histoire. Créez un nou-
veau personnage en suivant les règles de créa-
tion, qu’il soit un nouveau-venu ou au contraire
un ancien qui demeurait au second plan depuis
le début de vos sessions de jeu.
Changer de réputation. Le PJ change de
JoUeR
réputation, abandonnant son ancienne répu-
tation. Conservez ce qui fait sens dans la fic-
tion pour le personnage, notamment son nom,
son apparence, son historique, et adoptez de
sa nouvelle réputation ce qui fait sens, notam-
ment les manœuvres et l’équipement.
31
32
bERlIN xVIiI
Europa, 2090

Europa, 2090
Ce chapitre sert de contexte
à Berlin XVIII : il contient des
détails sur son univers et plus
spécifiquement sur la vie des
Falkampfts.
Son but est de permettre à tous les joueurs
à la table de partager la même vision et de se
faire une idée relativement juste de l’ambiance
de Berlin XVIII. Son but n’est aucunement de
répondre à toutes les questions et de figer
l’univers : l’histoire part des personnages et les
réponses surviennent en cours de partie, en
fonction de la logique de ce que vous avez déjà
pu observer dans la fiction. Les grandes lignes
utiles de la chronologie précédent la situation
de départ sont également fournies.
CHRONOLOGIE
INDICATIVE
1993-2020
Formation et élargissement, malgré quel-
ques à-coups, de l’Union Européenne. Au
niveau international, les crises économiques
endémiques et politiques s’enchaînent et se
ressemblent, encore pires que les précédentes.
Les courants politiques prônant l’isolationnisme
et le nationalisme gagnent en influence, provo-
quant la rupture de certains traités de coopé-
ration économiques et politiques. Les grandes
puissances essaient de mettre en place des
mesures anti-pollution pour ralentir les effets
Europa, 2090
écologiques, mais sans succès. Leurs industries
doivent respecter des normes sévères, les ren-
dant incapables de faire face à la concurrence
au niveau international. La mise en place de
mesures protectionnistes intervient trop tard :
de nombreuses entreprises mettent la clef sous
la porte et le taux de chômage des classes
moyennes augmente grandement, poussant
une partie de la population sous le seuil de la
pauvreté et l’amenant vers la clandestinité. Au
niveau mondial, début d’un nouvel effondre-
ment économique ; au niveau européen, faillite
de certains États-membres de la fédération.
2014-2045
Guerre contre la Russie. Bien que le conflit
ait connu durant ces trois décennies des mo-
ments d’accalmie et que les débuts de ce conflit
touchèrent des États-frontières de l’Union Eu-
ropéenne, cette guerre a lourdement influencé
la formation de la fédération d’Europa. Durant
toute cette période, un état d’urgence est main-
tenu avec un couvre-feu et des rationnements.
La situation est désespérante et seule la nomi-
nation d’un gouvernement militaire permet à
Europa de ne pas sombrer corps et âme. Des
dissensions dans leurs rangs occasionnent ce-
pendant par la suite des troubles regrettables :
certains généraux sont ainsi assassinés et des
populations civiles, notamment dans les zones
frontières avec la Russie sont opprimées ou
victimes de frappes militaires. Introduction
de l’euromark qui sauve l’économie d’Europa
autrement en grave péril. Nombreux mouve-
ments de population : Berlin voit sa population
enfler de manière disproportionnée, sans qu’il
soit possible de raisonner son développement
I
33
bERlIN xVIiI
Europa, 2090
urbain. Les économies du reste du monde,
notamment des pays dits « émergents »,
connaissent des effondrements spectaculaires.
2035-2065
Datation approximative du début de la
pré-ère glaciaire : Europa commence à
connaître des températures plus froides et un
accroissement notable des précipitations.
2050
Après une période de trouble, un gouver-
nement de juges reprend le pouvoir, soutenu
par les citoyens d’Europa. Création de la fédéra-
tion d’Europa. S’en suit une période où la dé-
mocratie recouvre de ses blessures, petit à pe-
tit. Des émeutes entre civils et forces de l’ordre
émaillent la deuxième moitié du XXIe siècle.
Depuis 2070
Des échanges commerciaux avec les
pays australasiatiques font connaître un lé-
ger boom économique à Europa et une arrivée,
pour l’instant réservée aux élites ou aux réseaux
de contrebande, de technologies avancées. Eu-
ropa essaie également de jouer un rôle diplo-
matique au niveau international afin de sécuri-
ser ses frontières, notamment en Afrique, dans
la zone du Proche et du Moyen-Orient et en
Australasie.
2090
Aujourd’hui.
SORTIE D’EUROPA
Un des pays européens est sorti de l’Union
Européenne, avant la formation d’Europa, en
pleine période de doutes et de crises. Choisis-
sez-en un dans la liste suivante et annoncez les
conséquences que cela a eu sur la fédération
actuelle :
La France ne fait pas partie d’Europa,
créant des pénuries alimentaires im-
portantes, notamment sur des produits
essentiels comme le lait ou le blé. De plus,
la protection sociale, notamment concer-
nant les soins médicaux, a été réduite.
En jeu, les PJ seront confrontés à d’impor-
tantes pénuries alimentaires et à la difficul-
34
té de bénéficier de soins ou de produits
médicamenteux.
L’Angleterre ne fait pas partie d’Europa,
créant une croissance ralentie et une
importante perte de richesse. En jeu, les
PJ verront sans arrêt des coupes budgé-
taires, une pauvreté alarmante d’un côté,
avec son lot de mendiants et de gens
devant accepter plusieurs travaux à la fois
pour s’en sortir, et d’autre part une classe
supérieure bénéficiant de régime fiscaux
extrêmement favorables. Mécaniquement,
leur salaire est réduit de 1-euromark.
La Finlande ne fait pas partie d’Europa,
créant une raréfaction des produits tech-
nologiques et électroniques. En jeu, les PJ
seront confrontés à du matériel désuet,
de mauvaise qualité, rafistolé, en proie à
tomber en panne.
Le Danemark ne fait pas partie d’Europa,
créant une perte de richesse et la dispa-
rition de l’accès à des ressources natu-
relles énergétiques. En jeu, les PJ seront
confrontés à une pollution dévastatrice
et à une pauvreté implacable, ayant pour
conséquence d’avoir fait bondir le taux de
mortalité parmi les populations les plus
pauvres. Cela peut avoir comme effet
mécanique d’avancer une Horloge de
Quartier ou de Menace.
La Grèce ne fait pas partie d’Europa,
créant un déclin du commerce maritime
et donc de l’accès aux nouvelles techno-
logies notamment australasiatiques. En
jeu, les PJ seront confrontés à d’impor-
tantes difficultés pour obtenir de nouvelle
technologie, comme les moteurs antigra-
vitiques.
La Pologne ne fait pas partie d’Europa,
créant un fort déclin du taux de natalité et
une absence de renouvellement généra-
tionnel. En jeu, les PJ seront confrontés à
une stricte législation pro-natalité, voire à
une disparition de certains droits (avorte-
ment, contraception). Chacun d’entre eux
aura au moins un ou plusieurs enfants à
sa charge et peut avoir pour effet mé-
canique de leur demander la dépense
d’1-euromark supplémentaire en début de
session.
Un ressortissant de ce pays connaîtra de

grandes difficultés administratives et sociales
au sein d’Europa. La réputation de l’Étranger est
Société
Le gouvernement d’Europa demeure fra-
gilisé par des pressions en interne et par des
conflits en externe. Les citoyens sont déçus
par les politiques censés les représenter. Des
émeutes sont fréquentes. Les forces militaires
envisagent de fomenter un coup d’état et de
s’emparer du pouvoir, jugeant le gouverne-
ment actuel faible. La Russie prépare ses forces
pour envahir la zone baltique dans un premier
temps, mais à terme son objectif principal est
évidemment Berlin. Activismes écologistes ou
religieux font basculer des citoyens en perte de
sens et d’avenir dans des actes de terrorisme.
Les forces de police se sont vues dotées de
pouvoirs accrus pour assurer l’ordre public.
Pour supporter l’économie en berne, des
conglomérats regroupant des financements
publics et privés ont été formés : ce sont des
organismes publics et en cela les autorités gou-
vernementales ont droit de regard sur leur ges-
tion, mais d’autre part le droit privé ne s’applique
pas à eux. Ils ne peuvent faire faillite, et Europa
les renfloue le cas échéant. Leurs liens avec le
monde politique sont pour le moins opaques.
Autrement dit, l’économie est désormais diri-
gée par Europa : les stratégies économiques
doivent respecter les directives de grands pro-
grammes, et les acteurs économiques sont de-
venus en réalité les exécutants des décideurs
politiques.
De nos jours, en 2090, rares sont les citoyens
Europa cosmopolite
Berlin surnageant au sein d’un monde
en crise, il n’est pas étonnant que de tout bord
différentes populations affluent pour tenter de
s’implanter dans ce qui leur semble être un pan
de paradis. Ils déchantent bien vite une fois les
conditions d’entassement, de pollution et de
violence deviennent évidentes.
Europa, 2090
évidemment idéale si un PJ souhaite créer un
personnage de cette nationalité.
qui ne bravent pas la loi, d’une manière ou
d’une autre, pour pouvoir survivre. Toute une
couche de la population s’oppose au gouver-
nement : désabusés, ils se réfugient alors dans
des zones dépeuplées et insalubres, sans élec-
tricité et parfois même sans eau courante, dans
des réseaux souterrains. À l’opposé, de riches
communautés se sont entourées de murs pro-
tecteurs, s’isolant dans leur havre de paix dont
les rues sont parcourues par des forces de mi-
lice privée, équipées d’armes non-létales. Pour
autant, malgré les disparités, chacun se consi-
dère comme faisant partie d’une même nation
et n’accepterait pas, pour rien au monde, de
quitter Europa.
Europa est en train de sombrer mais elle
fait tout pour rester à flot encore un peu. Si la
société devait véritablement connaître sa fin,
la période qui s’en suivrait serait alors une des
plus noires qu’Europa ait pu connaître : chaos,
violences, non-droit, pillage. Les transports, les
réseaux d’approvisionnement, les hôpitaux ne
fonctionneraient plus. Les habitants de Berlin
mourraient de famine ou de maladie, s’ils ne
succombent pas aux massacres qui auraient
sans doute lieu. Ce serait une fin du monde
bruyante et bordélique.
Mais puisque vous êtes un Falkampft,
vous comptez parmi ceux qui empêchent
cela, jour après jour.
Les oslaves représentent la population
la plus ancienne et la mieux intégrée. Les
tensions avec l’ancien bloc soviétique et no-
tamment la Russie contribuent cependant à
les reléguer en citoyens de seconde zone. De
nombreux travaux manuels, ingrats et dan-
gereux, sont accaparés par les membres de la
communauté slave. En cas de déclaration de
I
35
bERlIN xVIiI
Europa, 2090
guerre, de nombreux membres de cette popu-
lation, qu’ils aient acquis la citoyenneté euro-
péenne ou pas, risquent d’être perçus comme
sympathisant avec l’ennemi. Des pogroms se-
raient alors à prévoir et, pour des Falks intègres,
sans doute à empêcher.
Si la population australasiatique est en
nombre pur la communauté la plus im-
portante, son importance au sein de Berlin
est largement sous-estimée : de nombreux
investisseurs, petits ou grands, possèdent en
effet de nombreux commerces, industries et
immeubles. Les quartiers australasiatiques sont
également ceux qui se démarquent le plus par
un accès aux technologies avancées.
La communauté turkish est l’une des plus
anciennes mais le principal problème d’inté-
Technologie
Au cours du XXIe siècle, les ressources et
matériaux employés à foison par la société de
consommation et les nouvelles technologies,
notamment l’informatique, ont commencé à
se raréfier. Leurs coûts devenant tout simple-
ment trop élevés, les industries ont dû se rabat-
tre sur des ressources traditionnelles mais pol-
luantes, comme le charbon ou le nucléaire, ou
des énergies propres mais onéreuses ou peu
efficaces, comme la géothermie ou la force éo-
lienne.
La technologie en 2090 a passablement
régressé dans la plupart des domaines tandis
qu’elle s’est développée dans quelques sec-
teurs pointus. La miniaturisation fait partie de
l’histoire ancienne : les ordinateurs remplissent
de nouveau des salles entières, le matériel élec-
tronique a décuplé de volume pour demeurer
utilisable. Les plus aptes à disposer de techno-
logies avancées sont les vastes conglomérats,
les administrations, surtout au niveau fédéral, et
les riches particuliers.
Les moteurs anti-gravitiques sont répandus
pour qui est capable de se les payer, ce qui est
par exemple le cas des forces de police berli-
36
gration auquel elle doit faire face est religieux.
Toute la communauté turque n’est pas mu-
sulmane mais elle est traitée comme telle par
raccourci. Certaines pratiques, comme le sta-
tut des femmes, ont passablement mauvaise
presse et les médias insistent fréquemment sur
les chiffres élevés de la délinquance au sein de
cette communauté.
Enfin, d’autres populations sont arrivées
récemment et ont dû s’installer dans des bi-
don-villes. C’est notamment le cas des danish,
des scots et des irish. Peu intégrées car récentes,
elles sont traitées avec un brin de condescen-
dance. Nombreux sont ceux qui considèrent
que de telles communautés devraient rester
dans leur État d’origine et qu’elles contribuent
à la désorganisation d’Europa.
noises. Les téléphones portables sont réservés
à une élite, l’entretien du réseau satellitaire et
le coût de fabrication sont désormais prohibi-
tifs ; le commun des mortels emploie des talk-
ies-walkies ou des radios, leur taille les rendant
peu transportables.
Internet a pratiquement disparu au niveau
européen, en raison de son abondante surveil-
lance étatique et par les désagréments que les
utilisateurs connaissent suite à des attaques de
hackers ; le réseau mondial a alors été rempla-
cé par un système informatique beaucoup plus
limité dans ses fonctionnalités, ses capacités
de traitement et dans son étendue puisqu’il est
restreint à la zone européenne.
La technologie a donc largement régressé
pour revenir à celle qu’on connaissait un siècle
auparavant. La mode a également épousé celle
d’alors, donnant naissance aux new eighties et
au hip-punk (que les vrais punks abhorrent), et
on retrouve donc une abondance de néons aux
couleurs fluo, du mobilier en plastique orange
de mauvaise qualité ou en formica, et d’écrans
à cristaux liquides, monochromes pour les sé-
ries les plus courantes.

MANŒUVRE
SPÉCIALE :
MARCHÉ NOIR
Les pénuries sont la règle pour les masses
populaires. Les élites bénéficient de filières pri-
vilégiées leur assurant de beaux jours. Et pour
ceux qui veulent à tout prix obtenir quelque
chose, il reste le marché noir. On trouve tout sur
le marché noir, du moment qu’on est décidé,
fortuné, chanceux et patient.
Quand tu passes par le marché noir pour
trouver quelque chose de rare et de valeur,
dépense de 0 à 2-euromarks, et lance+euro-
mark dépensé.
Institutions d’Europa
Puisque vous jouez des Falks dans Ber-
lin XVIII, vous serez confrontés aux diffé-
rentes institutions d’Europa et de ses États-
membres. Si le but n’est pas que vous deveniez
un expert juridique, vous aurez besoin des
quelques bases suivantes pour comprendre le
fonctionnement de la justice en 2090 au sein
de cette fédération. Après tout, vous êtes les re-
présentants de l’État, vous devez savoir un peu
comment il fonctionne.
AU NIVEAU ÉTATIQUE
Nous ne nous intéresserons qu’aux insti-
tutions locales concernant Berlin (et donc le
Center German, autrement dit l’État qui corres-
pond à l’Allemagne). Il existe bien évidemment
des forces de police pour chaque État-membre
mais ce n’est pas le propos de Berlin XVIII. De
même, nous ne prendrons pas la peine de
décrire les gouvernements des autres États,
puisque les Falks ne devraient théoriquement
jamais mettre les pieds hors de Berlin.
Les forces de police berlinoises (Falkampft).
Destiné à intervenir au sein de Berlin, c’est une
force urbaine de police de proximité. Par le pas-
sé, il existait des forces de police locales pour
les autres villes mais Berlin étant devenue une
mégalopole telle qu’elle englobe désormais
toute l’Allemagne, les Falks ont donc juridiction
de facto sur tout son territoire. Par contre, les
Europa, 2090
Sur un 10+, tu l’obtiens mais choisis un dans
la liste suivante.
Sur un 7-9, tu l’obtiens mais le MC choisit
2 dans la liste suivante.
Ça va te demander de payer un supplé-
ment ou de rendre un service d’abord.
Ça va prendre du temps avant
qu’on te le trouve.
Tu vas devoir passer sur le corps
de quelqu’un si tu veux l’obtenir. Cool ?
Oh, quelqu’un va l’apprendre et, crois-moi,
il aurait mieux valu qu’il ne l’apprenne pas.
forces de police berlinoises ne sont plus divi-
sées comme avant, affectées spécifiquement à
certains types d’enquête. Chaque Falk est cen-
sé, face à un crime perpétré, être capable d’in-
tervenir et de stopper le criminel. En réalité, la
criminalité atteint des niveaux élevés et les res-
sources de la police demeurent en comparai-
son tellement dérisoires que cette mesure a été
prise dans l’espoir d’améliorer les choses, sans
succès. Les Falkampfts répondent ultimement
auprès du Ministre de l’Intérieur allemand.
La police des polices (SicherheitsAmt –
Dienst, ou plus simplement SAD : Bureau
de sécurité - Service). Traditionnellement, le
SAD possédait un pouvoir exorbitant en ce qu’il
regroupait les rôles de police politique et de
police des polices, ce qui a fini par déplaire ;
aussi le SAD s’est-il vu désormais restreindre à
ce dernier rôle. La cible des enquêtes du SAD se
limite aux Falkampfts de Berlin et par extension
du Center German correspondant à l’ancienne
Allemagne. Le chef du SAD répond directement
auprès du Ministre de l’Intérieur allemand.
Les services de l’immigration (Sicherheit-
sAmt – Ausländer, ou plus simplement SAA :
Bureau de sécurité – Étrangers). Le chef du
SAA répond également auprès du Ministre de
l’Intérieur allemand.
La Justice. Des magistrats instructeurs
(Falkrichter) sont chargés d’enquêter sur le
I
37
bERlIN xVIiI
Europa, 2090
terrain, accompagnant parfois les Falkampfts
dans leurs interventions. Au niveau de la Falk-
house, les demandes de mandat et le suivi des
instructions sont gérées par un Procureur di-
visionnaire, magistrat souvent débordé et en
bon rapport avec les Falks. En remontant dans
la hiérarchie, on trouve les Procureurs généraux
(un par tribunal de secteur) et leurs substituts,
puis tout en haut les Procureurs ministériels qui
répondent directement au Ministre de la Jus-
tice allemand. Au niveau du tribunal, un juge
(richter) est en charge du procès qui peut se dé-
rouler face à un jury populaire en cas de crime
grave. l’Avocat général représente alors l’État et
l’Avocat de la défense le suspect.
AU NIVEAU FÉDÉRAL
L’Armée de terre. Europa comprend une
force militaire fédérale, répondant normale-
ment directement au Président. Il n’est nor-
malement pas possible aux forces de police
Falkampft
La police berlinoise comporte des branches
spéciales : groupe d’intervention armée (GIF),
motards (Motarradfahrers), patrouille fluviale,
et police scientifique (Falkdoktor) regroupant
la médecine légale, la criminologie et la cri-
minalistique.
Des études au sein de l’Académie de police
puis des concours permettent de rentrer à dif-
férents niveaux hiérarchiques. La plupart des
aspirants entrent en tant que Sergent, mais
certains individus exceptionnels parviennent à
commencer au grade de Lieutenant.
Les forces de police berlinoises se décom-
posent en plusieurs corps. Premièrement, le
corps de maîtrise qui intervient au niveau du
terrain et qui comprend le grade de Sergent
et de Sergent-Chef, ainsi que tout en bas celui
de Gardien de la paix (Koss). Ensuite, le corps
d’encadrement qui est composé des rangs de
Lieutenant et de Capitaine, avec un pouvoir im-
portant de commandement. Enfin, au-dessus,
se situe le corps de direction qui regroupe les
rangs de Commissaire, et Commissaire divi-
38
d’intervenir sur des affaires militaires, les lois et
les juridictions étant exceptionnelles. La police
militaire (Falkriek) n’aime donc pas que les Falk-
ampfts fourrent leur nez dans leurs affaires.
Les forces de police fédérale (Europol).
Lorsque les affaires criminelles ne concernent
pas un seul État mais Europa dans son en-
semble, Europol se charge du dossier. Ce sont
des forces de police bien équipées, correcte-
ment entraînées, et bénéficiant d’un budget gé-
néreux et d’un accès au dernier cri de la tech-
nologie. C’est souvent avec arrogance qu’ils
interagissent avec les forces de police locales,
leur laissant les affaires moisies tandis que les
affaires les plus prestigieuses leur sont systéma-
tiquement retirées. Cette rivalité génère donc
son lot de tensions et les Falks n’aiment pas
particulièrement voir les « féds » débarquer. Il
faut cependant admettre que statistiquement
une affaire a plus de chances d’être bouclées
avec succès au niveau fédéral qu’au niveau na-
tional. Le dirigeant d’Europol rend des comptes
auprès du Ministre de la Police d’Europa.
sionnaire, avec un rôle politique prépondérant.
Pour relier cette hiérarchie à ce que les
joueurs vont pouvoir incarner, par défaut, les
personnages démarrent au grade de Sergent.
Un Falk Sergent est le grade le plus bas que
l’on puisse trouver parmi les PJ : il s’agit du
rôle d’enquêteur, habillé en civil, habilité à faire
régner l’ordre dans un secteur, quel que soit le
type de crime commis. Les Sergents sont par-
fois assistés par des policiers en uniforme sur
le terrain, les gardiens de la paix ; bien que leur
rang soit inférieur, il n’existe pas de véritable
justification officielle pour légitimer une quel-
conque prise d’ordre, de sorte que les Falks se
doivent de marcher sur des œufs et de ne pas
considérer ces individus comme de la chair à
canon.
Un des joueurs à la table endossera le rôle du
Sergent-Chef, qui possède donc un semblant
d’autorité sur ses coéquipiers. En théorie, il a
toute autorité sur les membres de son équipe et
ceux-ci doivent suivre ses ordres. Bien évidem-
ment, sur le terrain, il n’est pas toujours possible

de formuler un ordre et la plupart du temps, on
compte sur le talent d’improvisation et l’entraî-
nement des Falks pour prendre la bonne dé-
cision. En tant que joueur, n’abusez pas de ce
pouvoir sur les autres joueurs ; ceci ne veut
aucunement dire que votre personnage de
Sergent-Chef se doit d’être un chic type. Par
contre, veillez bien à ce que les autres joueurs
ne soient pas frustrés par le rapport hiérar-
chique qui vous lie. Et si vous deviez donner de
mauvais ordres ou si vos subordonnés devaient
défier votre autorité, le MJ veillera à ce que le
retour de bâton soit mémorable pour les uns
comme pour les autres. Être Sergent-Chef est
donc à la fois un pouvoir et une responsabilité
conséquente.
Par la suite, un Sergent-Chef peut espérer
passer Lieutenant. Cette position commence à
poser un pied dans le nid de vipères et vous
devrez alors jongler avec les intrigues internes
et des considérations qui n’ont plus rien à voir
avec la découverte du coupable. Les Lieute-
nants attribuent les dossiers aux Sergents-
Chefs selon leur bon vouloir et répondent de
leurs résultats ou de leurs échecs auprès du Ca-
Procédure
Si vous n’avez aucune connaissance concer-
nant les séries policières, les détails suivants
vous permettront de camper un policier avec
suffisamment de crédibilité.
La vraie question, plutôt que d’apprendre
par cœur des procédures et de devoir suivre
des règles, est que le MJ demande, lorsqu’un
PJ commet ce qui est selon lui une infraction
à la procédure, s’il la commet sciemment, si
son personnage sait qu’il sort du cadre de la
loi, ou si c’est une simple erreur commise par
le joueur. Tirez-en alors les conclusions néces-
saires dans la fiction et effectuez un retour en
arrière si besoin est.
Perquisition. Une perquisition est une fouille
d’un domicile ou d’un véhicule pour lesquels
la notion de privauté s’applique ; les lieux pu-
blics ne sont donc pas concernés par la pro-
cédure qui suit. Depuis plusieurs décennies, le
droit concernant les perquisitions a été simpli-
fié : pour faire simple, en cas de flagrant délit ou
dans une affaire de terrorisme, le Falk ne ren-
Europa, 2090
pitaine. Une Falkhouse ne comprend que peu
de Capitaines et en général chacun considère
un certain type de crime comme sa spéciali-
té. Un Capitaine se doit de se focaliser sur les
statistiques de résolution des affaires et savoir
pousser ses hommes jusqu’à leurs dernières
limites.
Enfin, les différents échelons de Commissaire
(Faltfur) représentent le sommet des forces de
l’ordre. Ils sont soumis aux travers de l’opinion
publique et aux programmes parfois délirants
des personnalités politiques. Le Commis-
saire est à la tête d’une Falkhouse, tandis que
le Commissaire divisionnaire est à la tête d’un
secteur. Le secteur XVIII fait figure d’excep-
tion, comme il ne comporte qu’une seule Falk-
house, en ce que le Commissaire tient égale-
ment de fait le rôle de divisionnaire et répond
donc directement auprès de la Chancellerie et
plus particulièrement du Ministre de l’Intérieur
allemand. Bien évidemment il ne possède pas
pour autant le poids d’un réel Commissaire di-
visionnaire et les « vrais » Commissaires divi-
sionnaires ne manquent pas de le faire remar-
quer.
contre aucune limitation. Par contre, dans les
autres cas, une demande de mandat doit être
déposée auprès d’un magistrat, signée par ce
dernier, et présentée au suspect. Le suspect
doit être présent ou à défaut, deux témoins, et
la perquisition doit se faire de jour.
Sommation. Un Falk est censé avant de faire
usage de son arme à feu de service procéder
à deux sommations dans une langue que le
suspect peut comprendre. Cette règle peut être
enfreinte si le Falk craint pour sa sécurité ou
celle d’autrui.
Témoin. Un témoin n’a pas à être assisté par
un conseil juridique contrairement à un sus-
pect, sauf si son témoignage le rend suspect
aux yeux de la police, auquel cas l’interroga-
toire doit s’interrompre. Un témoin n’est pas
forcé de répondre aux questions d’un policier,
auquel cas il peut être convoqué au commissa-
riat. S’il ne répond pas à cette convocation, un
mandat d’amener peut être établi contre lui par
un magistrat. Ne pas répondre peut alors être
I
39
bERlIN xVIiI
Europa, 2090
retenu contre lui.
Garde à vue. Un suspect peut être gardé à
vue pour une durée de 48 heures, renouvelable
une fois, ou pour 72 heures, également renou-
velable une fois, en cas de terrorisme ou d’as-
sociation de malfaiteurs. Il est également pos-
sible de retenir en garde à vue toute personne
si des craintes raisonnables concernant l’ordre
public, la fuite, ou une atteinte à une personne,
y compris la personne interpellée elle-même,
peuvent être formulés auprès d’un magistrat.
Toute détention provisoire nécessite une fouille
pour vérifier que la personne ne conserve en sa
possession aucun objet lui permettant d’atten-
ter à son intégrité corporelle ou à celle d’autres
co-détenus.
Inculpation. Toute la procédure judiciaire
qui suit la procédure policière sort du cadre de
Berlin XVIII. Lorsqu’un Falk a fini de rédiger son
dossier et remet entre les mains de la Justice
un suspect, d’autres officiels viennent prendre
sa suite. Il peut être intéressant de suivre le pro-
cès d’un inculpé, quand bien même cela n’est
plus du ressort du Falk, si celui-ci tient particu-
lièrement à cette condamnation. Les peines
encourues n’ont pas réellement besoin d’être
détaillées ici : la règle générale veut que dans
la classification contravention/délit/crime, une
contravention ne puisse entraîner une incar-
cération et qu’un délit ne puisse dépasser un
emprisonnement de dix ans.
Incarcération. Plusieurs prisons parsèment
Berlin, selon le type de criminalité et la gravi-
té. Elles ont cependant toutes un même profil :
peu de moyens et trop de détenus. Des prisons
pour les criminels « à col blanc » font figure
d’exception : l’incarcération y est pour le moins
agréable. Autrement que cela soit des prisons
de haute sécurité pour des membres de groupe
organisé, des centres de rééducation pour mi-
neurs, ou des prisons politiques dont la locali-
sation n’est pas connue pour les activistes dan-
gereux ou les terroristes, toutes frôlent avec les
40
limites de la salubrité et des droits de l’homme.
Le corps pénitentiaire est sans conteste encore
plus mal payé que les Falks, donc encore plus
aigris, et encore plus rudes avec les criminels.
MANŒUVRE
SPÉCIALE :
DÉTECTEUR
DE MENSONGE.
Si un dossier solide concernant un suspect
a été déposé devant un magistrat instructeur
et que le Falk a fait la preuve qu’un tel interro-
gatoire permettrait d’aider à la découverte de la
vérité, et que le matériel est disponible, la lourde
procédure suivante peut être autorisée. Un
Falkdoktor, armé d’une grosse mallette, pose
des électrodes sur les tempes et les principales
artères du suspect pour permettre l’analyse de
ses signes vitaux, puis procède au calibrage de
la machine par le biais de quelques questions
simples. Une liste de questions fermées, aux-
quelles on ne peut répondre que par oui ou pas
non, et qui a été rédigées par le Falk, est alors
soumise au suspect. Les réponses ne peuvent
faire foi devant un tribunal, ne sont pas consi-
dérées comme une preuve, mais peuvent faire
pencher la décision d’un jury. Le suspect peut
légitimement refuser de passer au détecteur
de mensonge mais ce refus peut être retenu
contre lui. Certains individus, surtout s’ils ont
reçu un entraînement spécifique, sont particu-
lièrement résistants à ce type d’interrogatoire.
Quand tu as été autorisé à passer un suspect
au détecteur de mensonge et qu’il s’y soumet,
lance+LOI.
Sur un 10+, pose n’importe quelle question
et le MJ y répondra par oui ou par non. Tu peux
poser une autre question en lien avec la ré-
ponse qui t’a été faite.
Sur un 7-9, pose n’importe quelle question
et le MJ y répondra par oui ou par non.

One-shOt
Le but de ce chapitre est de
fournir tous les éléments pour
permettre de jouer rapidement
une partie de Berlin XVIII.
Les personnages sont déjà
créés dans leurs grandes
lignes ; les joueurs disposent
cependant de suffisamment
d’espace pour personnaliser
Mise en place
Tout d’abord, présentez les
manœuvres de base succinctement.
Chaque joueur devrait savoir vaguement
quel déclencheur fictionnel permet d’ac-
complir chaque manœuvre.
Passez ensuite sur les pré-tirés
et détaillez-les tous ensemble. Faites
les présentations et répondez à chacune
des questions les concernant.
Ceci fait, abordez en quelques phrases
la description générale d’Europa, de
Berlin et de son secteur XVIII. Ce que
vous avez retenu après une première
lecture devrait suffire. Vous broderez pour
le reste.
S’agissant d’un one-shot, plutôt que de ré-
pondre aux questions concernant Berlin,
le secteur XVIII et la Falkhouse, utilisez les
One-shOt
leur historique et leurs
relations.
Les choix concernant les éléments de
contexte et de décor sont également déjà faits.
La partie devrait durer trois heures environ,
mais ce temps dépend évidemment de votre
propre rythme. Cela signifie que le dossier pré-
senté ici est relativement simple et ne sert qu’à
présenter Berlin XVIII, et pourquoi pas, se lancer
dans une suite.
éléments de contexte ci-dessous.
Idéalement, essayez de poser d’autres
questions en cours de partie, si elles
surgissent naturellement.
BERLIN
Berlin est le rouage d’un immense méca-
nisme, une cité tentaculaire, une mégalopole
densément peuplée. La société est au bord du
chaos et de l’explosion, les gens sont en colère
et prêts à tout. No future. Berlin est le dernier
bastion, le refuge de prospérité et de sécurité
pour tous les peuples et toutes les crapules.
Posez la question suivante :
En quoi peut-on voir au sein de Berlin des
préparatifs de la guerre imminente avec la
Russie ?
I
41
bERlIN xVIiI
One-shOt
Pour finir, présentez rapidement les
manœuvres spéciales, surtout pour
s’y référer plus tard si les circonstances
font appel à elles, à l’exception des
manœuvres de début et de fin de session
que vous n’appliquerez pas dans ce one-
shot. Mettez en avant particulièrement la
manœuvre de grade écoper de la merde.
Faites-la lancer immédiatement par
le Sergent-Chef Koch et posez devant
les joueurs le dossier de l’affaire pour qu’ils
puissent en prendre connaissance.
Répondez à leurs questions lors
du briefing par le biais du Lieutenant
Sammel, le supérieur direct des PJ qui
leur confie le dossier. Demandez-leur
comment il le voit, quel est son compor-
tement habituel, quelle est sa réputation
et quelle histoire fameuse circule sur lui.
Inspirez-vous de leurs réponses pour
brosser son portrait.
Puis terminez cette introduction en
demandant : « Que faites-vous ? »
LE SECTEUR XVIII
Le secteur XVIII est de taille modeste,
composé principalement de classe moyenne,
et densément peuplé. La criminalité y est
certes présente mais les gangs demeurent de
petite taille, armés d’armes de poing de petit
calibre. Les relations avec les secteurs voisins
sont peu cordiales sans que cela soit pour au-
tant la guerre, il n’y a donc aucune raison de se
plaindre.
Posez la question suivante :
Quelle emmerde avec la haute société
du secteur I provoque actuellement des
migraines au Commissaire ?
Annoncez que le secteur XVIII a l’avan-
tage suivant :
Un Quartier « rouge », où prostitution et
drogue y sont légales, est géré par divers gangs
de force à peu près égales. Le travail des Falks y
est alors simplifié : ils doivent simplement sur-
veiller les lieux et peuvent faire le tour de leurs
indics sans risquer de se faire tirer dessus. Les
juteux revenus provenant de ce Quartier per-
mettent de financer de nombreux services pu-
blics et notamment les forces de l’ordre.
42
Et que cela signifie que les PJ démarrent
avec 1-euromark de plus.
Annoncez par contre que le secteur XVIII
comporte quelques inconvénients :
Le secteur XVIII est extrêmement
pauvre. Aucun commerce ne parvient à
fleurir. Les pénuries, notamment concer-
nant la nourriture ou les vêtements, sont
fréquentes. Se nourrir ou payer son loyer
devient un enjeu jour après jour.
Une zone désaffectée, sans électricité ni
eau chaude, compose comme une sorte
de tumeur au sein du secteur XVIII. Entou-
rée de murs et de barbelés, seuls y vivent
des pauvres, des punks et des marginaux.
Aucun Falk n’y foutrait les pieds, pourtant
y sévissent impunément des déviants et
des criminels. Les médias s’intéressent
énormément à ce Quartier et aucune
intervention ne peut y avoir lieu sans que
la moindre bavure ne se retrouve en une
des journaux.
Et que cela signifie qu’il faut payer 1-euro-
mark de plus pour maintenir son niveau de vie
(manœuvre de début de session) et probable-
ment pour effectuer toute manœuvre qui fait
appel aux euromark (marché noir ou tournée
des indics). Ne vous plaignez pas : vous êtes du
bon côté de l’enceinte, vous pourriez crécher
dans ce taudis.
LA FALKHOUSE
Posez une question à chaque PJ parmi les
questions suivantes :
Un déménagement a récemment
contraint de changer de Falkhouse.
Qu’est-il advenu de l’ancienne Falkhouse ?
Qu’est-ce qui a été laissé derrière,
pour l’instant du moins ?
En quoi la nouvelle Falkhouse n’est-elle
pas encore parfaitement adaptée
à sa fonction ? En quoi l’emménagement
récent dans ce nouvel immeuble
se ressent-il le plus ?
Quel est le bureau « maudit », pourquoi,
et qui l’occupe actuellement ?

Quelle communauté est particulièrement
mal vue, à juste titre au vu des statistiques
et des problèmes qu’elle cause, par les
Falks de ce secteur ?
Annoncez ensuite que la Falkhouse pos-
sède les avantages suivants :
La Falkhouse est protégée par un individu
ou un groupe puissant. Lorsque quelqu’un
dépose une demande officielle, il gagne
+1 sur son jet si le protecteur intervient.
La Falkhouse dispose de financements
décents et paie bien ses Falks en consé-
quence. Les locaux sont propres et bien
agencés, les Falks démarrent avec 1-euro-
mark supplémentaire.
Précisez que le protecteur s’appelle Kon-
rad Mühe, un ancien flic devenu homme poli-
tique et qu’un groupe d’intérêts, principalement
constitués d’anciens Falks, finance la Falkhouse.
Et enfin annoncez qu’elle a malgré tout
les inconvénients suivants :
La Falkhouse ne dispose pas d’assez
d’hommes pour le secteur qu’elle doit
gérer. Les effectifs ont chuté jusqu’à
ne plus comprendre qu’une quinzaine
d’hommes (1 Commissaire, 1 Capitaine,
2 Lieutenants, 4 Sergents-Chefs
et 7 Sergents). Appeler des renforts
est en général voué à l’échec.
Les systèmes de communication de la
Falkhouse sont désuets et peu fiables.
Les opérateurs de télécommunication du
Central sont incompétents ou caractériels.
La Falkhouse subit les attentions parti-
culières de la police des polices car de
nombreux ripoux dans les rangs de cette
maison entachent sa réputation. Les jets
Déroulement
La session de jeu en elle-même respecte-
ra la règle jouer pour voir ce qui va se passer,
aussi chaque partie sera différente, il n’y aucun
moyen de savoir ce qui va se passer. Ce qu’il
adviendra dépend des initiatives des joueurs et
des résultats des manœuvres. Ça sera à vous
One-shOt
d’enquête interne se font à -1 continu.
Par rapport à la manœuvre écoper de la
merde :
Si Koch ne choisit pas l’affaire n’im-
plique pas un quartier pourri, l’affaire
mènera les PJ dans la zone désaffectée du
secteur XVIII.
Si Koch ne choisit pas l’affaire ne te
place pas dans le collimateur, sortez
la police des polices ou le Ministerium
à la première occasion.
Si elle choisit l’élément utile, deman-
dez-lui si elle connaît Fehling ou un indic
capable de retrouver Brühl, vivante ou
morte.
Si Koch choisit la promotion, elle pourra
raconter en épilogue comment elle
monte de grade et comment ça se passe
alors pour elle.
Enfin si elle a obtenu un 6- sur cette
Manœuvre, augmentez immédiatement
d’un segment l’Horloge du Front (De
vieux camarades).
QUARTIER :
LA ZONE
DÉSAFFECTÉE
Manœuvres de Quartier supplémentaires :
Mettre les médias dans les pattes des
Falks.
Montrer le malheur et la ségrégation
de ses habitants.
Provoquer l’effondrement d’un im-
meuble ou l’éboulement d’une zone.
d’improviser, en faisant évoluer vos Horloges
et en adaptant les événements en fonction de
cette évolution, d’inventer si besoin de nou-
veaux éléments ou de nouveaux personnages,
et d’entériner la théorie des PJ sur cette affaire
qui vous semble la plus logique. Soyez sévère
I
43
bERlIN xVIiI
One-shOt
mais juste, respectez vos principes, soumettez
les PJ à une pression folle.
Vous terminerez cette session au moment
qui vous semble naturellement opportun, le
moment qui ressemble à une scène de fin
d’épisode de série télévisée, par exemple sur un
cliffhanger ou sur une conclusion logique, et au
plus tard au bout de trois heures de jeu environ,
par la manœuvre rédiger son rapport qui sera
normalement lancée par le Sergent-Chef Koch.
Prenez tous ensemble quelques instants
pour raconter, sous forme de scènes courtes
(sur lesquelles les joueurs ont complètement
la main) une sorte d’épilogue. Tenez compte
Pré-tirés
Quatre pré-tirés sont fournis. Si vous vou-
lez raccourcir la partie, jouez avec trois PJ seu-
lement, mais ne descendez pas en-dessous.
Dans ce cas, abandonnez un des personnages
tant que ce n’est pas Kristin Koch, le Vieux singe.
SERGENT-CHEF
KRISTIN « MUTTER »
KOCH, LE VIEUX SINGE
Kristin a de nombreuses années de mai-
son derrière elle. C’est une femme mûre, issue
des hautes sphères et donc totalement in-
consciente des réalités de la vie du citoyen de
base, avec une vie bien rangée : mariée depuis
vingt ans, mère de deux enfants. Une organisa-
trice-née. Cela a largement déteint dans sa vie
professionnelle où elle a acquis le surnom de «
Maman poule ». Personne ne sait mieux qu’elle
comment protéger ses collègues des déboires
bureaucratiques. Pour autant, elle n’a pas utili-
sé sa connaissance du système pour gravir les
échelons mais plutôt pour éviter les emmerdes
jusqu’à présent. Elle est néanmoins sur la liste
des potentiels Lieutenants dès qu’une place se
libérera et finira très certainement Capitaine.
Stats : F
 ORCE+0,
RUE-1,
LOI+1,
POLITIQUE+2
44
dans cet épilogue des options sélectionnées
durant la manœuvre rédiger son rapport.
Répondez par exemple à ce genre de
questions :
Que voit-on faire en dernier
chacun des PJ ?
L’affaire est-elle bouclée ?
Qu’advient-il d’eux après cette affaire ?
Enfin, remerciez tout le monde et organisez
un petit debriefing, pour savoir ce qui a plu ou
déplu à chacun des joueurs, tout en restant ou-
vert et bienveillant aux critiques.
Manœuvre supplémentaire :
Pas né de la dernière pluie. Choisissez une
option de plus lors des manœuvres écoper de
la merde et rédiger son rapport, même sur un
échec.
Questions :
Quel travail important fait ton mari et pour
qui ?
Qu’est-il arrivé de grave à ton deuxième
enfant ?
Demande aussi aux autres PJ lequel d’entre
eux est lié par une relation extraconjugale avec
toi. Cela ne s’est pas fait jusqu’à présent ; lequel
d’entre vous a refusé ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui
pourrait changer les choses ?
SERGENT
MAX « EINSTEIN »
BERGMANN,
LE LABORIEUX
À la base, Max devait être laborantin, travail-
ler à la scientifique et il s’imaginait préparer les
concours pour cela. Mais Papa refusait de voir
son fils avec une blouse blanche, lui qui avait
arpenté les rues avec son badge pendant cinq
décennies. Aussi l’a-t-il dressé, le vieux au-
rait dit simplement « endurci ». Max est donc

pour ses collègues un Falk qui vivra à jamais
dans l’ombre de son père, ce héros, et sera vu
comme le « petit Bergmann », un simple mor-
veux sans couilles. Soit, malgré tout c’est aussi
un flic capable de trouver les réponses dans les
bouquins, et pas seulement en faisant parler les
criminels récalcitrants avec son flingue.
Stats : F
 ORCE+1,
RUE+0,
LOI+2,
POLITIQUE-1
Manœuvres supplémentaires :
Des heures sup’ à son bureau. Quand tu
consacres du temps sur une affaire, à la limite
de l’obsession, là où tes collègues ne sont pas
prêts à en faire autant, en analysant les indices
que vous avez collectés, prends 2-stress pour
gagner 1-preuve.
Mémoire des visages. Quand tu rencontres
un PNJ pour la première fois, dépense de 0 à
2-stress et lance+stress dépensé. Sur un 7+ :
le MJ te dira ce que la plupart des gens savent
sur lui. Sur un 10+ : tu le connais vraiment ; le
MJ te révélera un secret sur ce PNJ. Si tu tiens
compte de ce secret dans tes actes, tu gagnes
+1 sur ton prochain jet contre lui.
Questions :
Au sein de la Falkhouse, dans les gradés
du secteur XVIII, qui est ton modèle ?
Comment tu fais pour ne pas péter la
gueule de tes collègues qui mentionnent
sans arrêt ton père ?
Demande aussi aux autres PJ lequel d’entre
eux t’a enseigné à tes débuts les ficelles du mé-
tier de Falk, bizutage compris ? Est-ce que tu lui
en veux toujours ?
SERGENT
CEYDA « BAKLAVA »
ASLAN, L’ÉTRANGER
Ceyda a bien du mal à gérer sa vie : en lutte
avec son père traditionaliste, elle a décidé d’en-
trer dans les forces de l’ordre, a appris à se dé-
fendre et mène sa vie plus ou moins comme
bon lui semble. Jusqu’à ce que récemment
on lui annonce un projet de mariage avec un
parfait inconnu qui devrait bientôt arriver de
One-shOt
Turquie. Ses heures passées à s’entraîner avec
un punching-ball ont depuis grandement aug-
menté.
Stats : F
 ORCE+0,
RUE+1,
LOI+1,
POLITIQUE+0
Manœuvres supplémentaires :
Parler la même langue. Quand tu interagis
avec quelqu’un de ta communauté, tant que
tu ne choques pas ni ne déroges à ta culture,
gagne +1 continu.
Sentir l’eau du bain. Quand tu tâtes le ter-
rain au sein d’un Quartier de ta communauté,
tu peux choisir de poser les questions supplé-
mentaires suivantes :
Qu’est-ce qui va se passer ici sous peu ?
Qu’est-ce que je dois faire pour obtenir
l’aide des gens du coin ?
Qu’est-ce qui s’est passé ici récemment ?
Questions :
Quel collègue ne cesse de répéter des
blagues sexistes ou racistes en ta pré-
sence et quelle est ta réaction habituelle ?
Quelle personne de ton quartier
essaies-tu de sortir de la petite criminalité ?
Demande aussi aux autres PJ lequel d’entre
eux a couché avec toi, te faisant ainsi perdre ta
virginité ? Est-ce que tu lui as révélé ce que cela
signifiait pour toi ? Et où en êtes-vous tous les
deux ?
SERGENT
VOLKER « TRICKSER »
BRANDT, LE RIPOU
Berlin est une vieille horloge à carillon et il
faut simplement savoir écouter son tic-tac, sa-
voir quand et comment la remonter. Malgré
les discours qui se veulent romantiques, Ber-
lin n’est qu’une grande machine où chacun
n’est qu’un rouage. Volker se considère juste-
ment comme quelqu’un sachant jouer avec
les rouages. Est-ce que tout cela est très légal ?
Non, bien sûr. Mais les criminels ne respectent
pas la loi alors pourquoi en bénéficieraient-ils ?
I
45
bERlIN xVIiI
One-shOt
Le secteur XVIII est le quartier de Volker, du
moins c’est ce que les petites frappes ont vite
fait de comprendre. Si tu déconnes avec Volk-
er, non seulement tu ne pourras plus vendre ta
came ou faire le trottoir, mais en plus ta gueule
sera salement amochée.
Stats : F
 ORCE+2,
RUE+1,
LOI-1,
POLITIQUE+0
Manœuvres supplémentaires :
La tournée des cousins. Quand tu fais le
tour de tes indics, dépense de 1 à 3 euromark(s)
et lance 2d6+euromark(s). Sur un 7+, tes in-
dics te fournissent une piste intéressante, le MJ
te dira quoi. Sur un 7-9, tu dois d’abord filer
un coup de main, comme briser les rotules de
quelqu’un, ou rallonger un petit supplément.
Dossier : Ainsi tombent
les grands hommes
Un ancien Falk du secteur XVIII devenu can-
didat à la tête du gouvernement du Center Ger-
man est pris pour cible par des anciens collè-
gues ripoux. En jeu, rien de moins que la vie de
l’homme qui songe à améliorer les choses pour
Berlin et le secteur XVIII… si les PJ parviennent à
éviter son assassinat.
Légende
A. Falkhouse du secteur XVIII
B. QG de campagne de Mühe
C. Cimetière du secteur XVIII, Le bourgmestre-gouverneur de Berlin subit
section des Falks
D. Lieu du meeting de Mühe
E. Quartier rouge
F1. Zone désaffectée
46
Regard de tueur. Quand tu croises le re-
gard avec un PNJ lors d’une situation chargée,
lance+FORCE. Sur un 10+ : le PNJ s’arrête et
s’immobilise, incapable d’agir jusqu’à ce que
le duel de regard cesse. Sur un 7-9 : dépense
1-stress. Sur un 6-, tu es considéré comme la
plus grande menace par ta cible.
Questions :
Quel problème récent as-tu dû gérer
pour garder ta meilleure gagneuse
sous ta coupe ?
Quel secret concernant ta vie privée
te vaudrait tout un tas d’emmerdes ?
Demande aussi aux autres PJ lequel d’entre
eux a une petite idée sur la nature de ce secret ?
Et s’il l’a utilisé pour faire pression sur toi d’une
manière ou d’une autre ?
DANS LES ÉPISODES
PRÉCÉDENTS…
La chronologie qui suit correspond à des
événements passés en lien avec le présent dos-
sier.
Octobre 2082
Konrad Mühe abandonne les rangs des Falk-
ampfts pour occuper une place de conseiller
municipal.
Septembre 2089
un scandale important, en lien avec la drogue
et la prostitution, entraînant une motion de
censure de la part de la Chambre des députés.
Une nomination anticipée est planifiée dans les
mois à venir, le temps pour les différents candi-
dats de « faire campagne ».
Lundi 2 octobre 2090
Localisation B : Secteur XVIII,
QG de campagne de Mühe
15h30
Mühe annonce ouvertement sa candidature

et son programme. Les députés seraient majo-
ritairement en sa faveur.
Mercredi 1 novembre 2090
er
Localisation C : Secteur XVIII
La veille
Le dénommé Günter Wiesler attente à la vie
de Mühe alors que ce dernier assistait à l’enter-
rement d’un Falkampft. Tentative sans succès.
L’individu est rapidement abattu par les forces
de l’ordre présentes en nombre sur place.
Jeudi 2 novembre 2090
Localisation A : Secteur XVIII,
Falkhouse, salle de briefing
9h00 - Aujourd’hui
Un dossier d’enquête est ouvert au sein du
secteur XVIII.
Lundi 6 novembre 2090
Localisation D : Secteur XVIII,
Hôtel Grand Bismarck, centre de conférence
15h00 - J+4
Mühe a prévu de donner un meeting public
rassemblant de nombreux soutiens afin de s’as-
surer de sa popularité et de contrer les attaques
concernant sa probité.
PERSONNES
D’INTÉRÊT
Les personnages suivants correspondent à
des individus, connus de nos services, et ayant
un lien avec la présente affaire.
Konrad Mühe
C’est un ancien Falk du secteur XVIII, ayant
atteint le grade de Capitaine avant de chan-
ger de voie quelques années auparavant,
mais qui a malgré tout conservé le respect
de ses hommes. Il propose un grand projet
de réformes et d’améliorations dont certaines
touchent le secteur XVIII, notamment l’aména-
gement d’un second commissariat.
Günter Wiesler
Individu sans casier judiciaire, sans travail, ni
famille, domicilié dans un bloc d’immeubles du
secteur XVII, tout proche du secteur XVIII. Le
corps est à la morgue du secteur XVIII. Il porte
un tatouage qui le relierait à un passé militaire.
One-shOt
Martin Carlsohn
Ancien bourgmestre-gouverneur de Berlin, il
a été évincé du pouvoir devant l’ampleur des
révélations et, fait rare, se trouve actuellement
en prison, en attendant son procès, dans un
quartier de haute sécurité censé le protéger.
Les narcotrafiquants et même la classe poli-
tique dans son ensemble préféreraient le voir
mort.
ÉLÉMENTS
D’INTÉRÊT
Velda, l’ordinateur de la Falkhouse du
secteur XVIII, a relevé les éléments suivants et
a identifié une probabilité suffisante qu’ils soient
en lien avec l’affaire ou en tout cas qu’apporter
cette information pourrait être utile aux Falk-
ampfts en charge du dossier. Cela peut servir
de piste ou ne rester que rumeur sans fonde-
ment.
Les colonnes du journal Berliner Express
depuis plusieurs semaines ciblent particulière-
ment Mühe. De nombreuses révélations sont
faites sur son passé, notamment son passé
de Falk, et l’accusent de corruption et de pra-
tiques douteuses. Le journaliste, un dénommé
Fehling, refuse de nommer ses sources.
Carlsohn a été piégé en pleine séance de
relation sexuelle avec une prostituée, la came
dans le nez, le tout payé par les émoluments
du contribuable. Mais c’est le sommet de l’ice-
berg : il était à la tête d’un gouvernement qui a
des liens avec les réseaux de la grande crimi-
nalité.
La principale adjointe de Carlsohn, Christa
Brühl, a littéralement disparu dans les se-
maines qui ont suivi le scandale. Elle est re-
cherchée mais on la suspecte d’avoir fui hors
d’Europa ou bien si elle a été suffisamment in-
telligente pour ne pas se faire assassiner, d’avoir
payé cher pour pouvoir se cacher quelque part
sous une autre identité.
Wuttke, le procureur général fédéral près
la Cour fédérale est en charge de l’affaire
Carlsohn. C’est un type notoirement intègre et
peu charismatique, quelqu’un d’un peu mou.
En face de lui, l’avocat de Carlsohn, Ries, est un
ogre : on pense que ce dernier n’en fera qu’une
bouchée, malgré les preuves accablantes.
I
47
bERlIN xVIiI
One-shOt
Le profilage de Wiesler est délicat. Était-il
un assassin ou un forcené ? Sa vie semble vide
comme si ce n’était pas sa vraie identité.
On prétend que Višnjić, le célèbre assas-
sin croate que personne n’a jamais vu en per-
sonne, serait arrivé à Berlin depuis quelques
jours.
Le lieutenant Heiler de la police des po-
lices s’intéresse aux Falks ayant abattu Wiesler,
ainsi qu’aux gardiens de la paix qui étaient en
charge de la protection de Mühe lors de l’enter-
rement. Heiler est un fouille-merde de première
qui le cache bien derrière un physique banal et
une fringante moustache.
PROJECTION
Sur la base des éléments à disposition, Velda
a computé les prévisions suivantes :
Front : De vieux camarades
Description : Un groupe de Falks ripoux du
secteur XVIII souhaite la mort de Mühe.
Enjeux : Qui est l’assassin, l’exécutant ? Mühe
est-il lui aussi un ripou ? Quels sont les Falks du
secteur XVIII qui trempent dans cette affaire ?
15h Une tentative d’assassinat manque de
justesse Mühe.
18h Des preuves de la corruption de Mühe
sont diffusées dans les médias.
21h Des contrariétés administratives tou-
chent Mühe et ses partisans (PJ compris, si
ceux-ci sont notoirement liés à lui).
22h L’assassin met son plan à exécution :
Mühe est gravement atteint.
48
23h Mühe meurt des suites de ses blessures
à l’hôpital. Toute trace permettant de remonter
aux commanditaires est effacée.
Le premier segment de cette Horloge est
coché : la tentative d’assassinat a déjà eu lieu.
Procédures spéciales
Ce Dossier possède les manœuvres de
MJ spécifiques suivantes :
Révéler la trahison d’un Falk ami.
Retrouver un témoin mort
dans des circonstances étranges.
Révéler des liens entre Falks, les politiques
et la grande criminalité.
Et la manœuvre spécifique de PJ suivante :
Quand tu te trouves seul avec Mühe et que
vous avez le temps d’avoir une conversation,
même portant sur tout et rien ou sur le temps
qu’il va faire, lance 2d6+POLITIQUE.
Sur un 10+, vous avez au début une discus-
sion plaisante puis tu parviens à obtenir de lui
une révélation sur son passé ou sur l’affaire Car-
lsohn.
Sur un 7-9, Mühe semble te prendre en
grippe ou en affection, mais rien de plus.
Sur un 6-, vous avez au début une discus-
sion plaisante puis sans que tu comprennes
comment ni pourquoi tu as évoqué des choses
gênantes de ton passé. Que ce soit Mühe ou
quelqu’un d’autre, ce n’est pas tombé dans les
oreilles d’un sourd, le MJ s’en assurera. Dis-lui
juste à propos de quoi c’était ; il te posera peut-
être quelques questions pour approfondir cet
événement passé.
 One-shOt

49
I
bERlIN xVIiI
GloSsaiRE

GloSsaire
APPENDICE I
Danish.
Originaire de la péninsule scandinave.

Falkampft.
Policier berlinois.

Falkdoktor.
Membre de la police scientifique.

Falkhouse.
Commissariat.

Falkriek.
Membre des forces de police militaire.

Faltfur.
Commissaire.

Koss.
Gardien de la paix.

Motarradfahrer.
Motard des forces de l’ordre.

Oslave.
D’origine slave.

Richter.
Juge.

Turkish.
D’originaire turque.

Vieux (le).
Commissaire.

50

LiStes
APPENDICE II
Liste de noms
En 2090, les origines de la population ber-
linoise sont fortement diversifiées. Il n’est pas
rare de rencontrer des mixités d’origine. Voici
quelques listes de noms pour les origines les
plus fréquentes, à savoir germaniques, slaves,
turques, britanniques et scandinaves.
CENTER GERMAN
Prénoms masculins : Ernst, Wilhelm, Se-
bastian, Egon, Wolfgang, Walter, Helmut, Hans,
Frank, Jan, Rutger, Jürgen, Georg, Klaus, Karl,
Rolf, Leo, Christian, Anton, Heinz, Erich, Ulrich,
Stefan, Bruno, Heinrich, Markus, Werner, Bene-
dikt, Thomas, Gerd, Axel, Willy, Manfred, Rainer,
Paul.
Prénoms féminins : Margret, Daniela, Ni-
cole, Martina, Beata, Hannah, Natascha, Ramo-
na, Stefanie, Ursula, Helga, Katja, Britta, Kirsten,
Julia, Lisa, Maren, Christel, Andrea, Alexandra,
Vera, Sylvia, Sabine, Maria, Carla, Steffi, Birgit,
Barbara, Katharina, Karen, Gabriele, Hendrike,
Nadia, Veronika, Claudia.
Noms de famille : Kellermann, Holzapfel,
Schmidt, Bender, Hauser, Kleinert, Brenner, Sass,
Walz, Gruber, Wolf, Hart, Hauer, Mahler, Kruger,
Waltz, Wollweber, Enders, Schweiger, Ulbricht,
Mornau, Behrens, Ullmann, von Braun, Henke,
Petersen, Weiss, Becker, Ande, Wagner, Micha-
LISTes
lowski, Verhoeven, Beck, Reinhardt.
OSLAVE
Prénoms masculins : Anton, Alexandr,
Bogdan, Nikita, Petr, Zlatan, Viktor, Yuri, Nikolaï,
Konstantin, Stanislas, Aleksei, Boris, Dmitri, Vla-
dimir, Venceslas, Milan, Prokop.
Prénoms féminins : Aksana, Ekaterina, Lud-
mila, Alina, Marina, Galina, Natalia, Yulia, Eliza-
veta, Kristina, Luba, Anastasia, Svetlana, Tatiana,
Veronika, Olga, Jarmila, Anjelika.
Noms de famille : Cieślak, Kowalski, Stefa-
niak, Wasilewski, Potocki, Jakubowski, Smo-
larek, Hašek, Dvorak, Čech, Bendl, Zelenka,
Veselý, Adamec, Grekov, Todorov, Levitin, Ra-
binovich, Dražeta, Zmajević, Ivanoff, Lazarov,
Sokoloff, Dobrev.
TURKISH
Prénoms masculins : Mehmet, Veli, Emre,
Kemal, Sabri, Ismet, Oğuz, Ali, Enis, Mustafa, Yu-
suf.
Prénoms féminins : Leyla, Ayşe, Beril,
Zeynep, Lale, Tansu, Semra, Behice, Elza.
Noms de famille : Gürkan, Selçuk, Öztürk,
I
51
bERlIN xVIiI
LISTes
Çetin, Terzioğlu, Çambel, Alp, Özgüç, Akin, Erik, Per, Dag, Lars, Jörgen, Nils, Alf, Ingmar.
Atay, Bartu, Altan, Çığ, Erdogan, Gürsey, Karaos-
manoğlu, Kuban, Özel, Şatıroğlu, Tarhan. Prénoms féminins : Anja, Johanna, Hedda,
Birgit, Monika, Ingrid, Dagmar, Helga, Annika.

Noms de famille : Lindberg, Bergkvist, Dahl,

IRISH
Prénoms masculins : Aidan, Dwayne, An-
gus, Fergus, Gavin.
Prénoms féminins : Deirdre, Abigail, Eilenn,
Briona, Fiona.
Noms de famille : MacManus, Gleeson, Mc-
Dermot, Keane, O’Flanagan, MacNulty, Brode-
rick, Callaghan, O’Hara, Kavanagh, MacLoughlin,
O’Malley, Purcell, Redmond.
Alström, Bergman, Mennander, Gyllensvärd.
(ou autrement à composer avec un pré-
nom masculin et le suffixe -sson)
DANISH
Prénoms masculins : Jens, Niels, Jørgen,
Peder, Ole, Christen, Søren, Rasmus, Morten.
Prénoms féminins : Margrethe, Helle, Gitte,
Rikke, Sofie, Katrine, Inger, Hanne, Kirsten.

SWEDISH Noms de famille : Møller, Fisker.

Prénoms masculins : Carl, Edvard, Björn, (ou autrement à composer avec un pré-
nom masculin et le suffixe -sen)

Lieu d’intervention
Lorsque vous souhaitez situer une interven- Nunesstraße
tion ou lorsque vous effectuez un appel radio,
utilisez les noms de rues suivantes : Straussstraße

Ostenstraße

AU COIN DE…
Lindenbergstraße ET DE…
Dimitroffstraße Dorotheenstraße

Bersarinstraße Georgenstraße

Scarehardstraße Mittelstraße

Eugenstraße Oberwallstraße

Rosenstraße Kurstraße

Burgfrauenstraße Albrechtstraße

Weserstraße Marienstraße

Zukumpftstraße Reinhardtstraße

Beethovenstraße Luisenstraße

Churchillstraße Friedrichstraße

DeGaullestraße Leipzigerstraße

52
 LISTes
Wilhelmstraße Invalidenstraße

Markgrafenstraße Novalisstraße

Zimmerstraße Auguststraße

Rudi-Dutschkestraße Prononcez [ß] comme un [ss].

Charlottenstraße

Codes radio
Les codes radio sont des mots codés des- Delta-03 Agression sexuelle.
tinés à remplacer des pans entiers de phrase,
afin de standardiser et de fluidifier les échanges Delta-04 Trafic de stupéfiants.
entre une patrouille de Falks et le Central. Delta-05 Tentative de suicide.
Vous pouvez utiliser les codes qui suivent Delta-06 Enlèvement.
mais si vous souhaitez jouer la communication
entre un Falk et Central, il est sans doute pré- Delta-07 Traite d’êtres humains.
férable d’employer les codes et les termes qui
leur correspond pour rendre l’ensemble plus Delta-08 Proxénétisme.
clair. Delta-09 Violence conjugale.
Alpha-01 Mauvaise réception.

Alpha-02 Bonne réception. Echo-01 Vol.

Alpha-03 Message reçu / OK / Compris. Echo-02 Extorsion.
Alpha-04 Répétez le message. Echo-03 Escroquerie.
Alpha-00 Annulez le dernier message. Echo-04 Recel.

Echo-05 Blanchiment.
Bravo-01 Prise de service. Echo-06 Destruction.
Bravo-02 Fin de service.

Bravo-03 Arrivée sur les lieux. Foxtrot-01 Embouteillage.

Bravo-04 Retour à la Falkhouse. Foxtrot-02 Accident de la circulation.

Foxtrot-03 Attroupement.
Charlie-01 Crime en cours.

Charlie-02 Suspect armé. Golf-01 Attentat.

Charlie-03 Poursuite en cours. Golf-02 Espionnage.
Charlie-04 Suspect appréhendé. Golf-03 Émeute.

Golf-04 Vandalisme.
Delta-01 Altercation. Golf-05 Corruption.
Delta-02 Homicide. Golf-06 Faux et falsification.
I

53
bERlIN xVIiI
LISTes
Hotel-01 Demande de renforts. Hotel-00 Annulez la demande.

Hotel-02 Demande d’ambulance.

Hotel-03 Demande de pompiers. India-01 Coup de feu.

Hotel-04 Demande de fourgon. India-02 Cris.

Hotel-05 Demande de dépanneuse. India-03 Nuisance sonore.

Hotel-06 Demande d’identification India-04 Présence de témoin.

identité.
India-05 Présence de civil.
Hotel-07 Demande d’identification
véhicule.
Juliett Officier à terre !

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