Au Moyen âge, on désignait sous le nom de Sarrasins
les peuples musulmans des bords de la mer Méditerranée, composés principalement d'Arabes et de Berbères, et à l'origine pendant près de trois siècles d'incursions, qui, avec celles des Vikings et des Magyars, constituent ce qu'on appelle ordinairement invasions du Moyen âge. Lorsque les Arabes eurent conquis l'Espagne sur les Wisigoths (711), ils passèrent les Pyrénées et envahirent la Septimanie, qui appartenait aux vaincus. Moussa s'empara de Narbonne, de Carcassonne; mais il n'osa pas pénétrer plus avant dans la Grande terre. En 718, les Arabes envahirent le Languedoc, prirent Nîmes, et emmenèrent en Espagne un nombre immense de captifs. Le Midi de la France eût été conquis en entier par les musulmans, sans la résistance qui leur fut opposée. Les Francs possédaient seulement le nord et l'est des Gaules; l'Aquitaine était libre; la Septimanie et la Provence, jadis aux rois goths, étaient abandonnées à elles-mêmes. Mais les Arabes étaient divisés et usaient leurs forces dans leurs luttes intestines. De leur côté, les chrétiens des Asturies et de la Cantabrie commençaient une lutte terrible contre les musulmans (La Reconquista), et, occupant toute leur activité, sauvaient ainsi le midi de la Gaule d'une conquête trop facile. Mais en 721, Alsamah, habile politique, après avoir rétabli l'ordre en Espagne, vint assiéger Narbonne, la prit et en tua les habitants; puis des hordes d'Arabes vinrent, suivies de leurs femmes et de leurs enfants, s'établir dans le Languedoc, avec l'intention d'occuper le pays. Narbonne devint dès lors la place d'armes des musulmans en France. Son port assurait leurs communications avec la mer, et sa forte position pouvait les rendre maîtres du pays. Alsamah se porta sur Toulouse; mais Eudes, duc d'Aquitaine, sauva sa capitale par une victoire où Alsamah fut tué. En vain les habitants du Languedoc essayèrent de reprendre Narbonne; une guerre à mort s'engagea, et elle durait encore, sans avoir amené de résultat, lorsque Ambissa, successeur d'AI-Samah, franchit les Pyrénées en 724. Carcassonne, Nîmes, tombèrent en son pouvoir, et « le vent de l'islam, dit un auteur arabe, commença dès lors à souffler de tous les côtés contre les chrétiens. » Toute la Septimanie, l'Albigeois, le Rouergue, le Gévaudan, le Velay, l'Auvergne méridionale, furent dévastés, incendiés, dépeuplés; puis de là les Sarrasins fondirent sur Lyon, qu'ils pillèrent en 732. Mâcon, Châlons, Beaune, Autun, la Franche-Comté, le Dauphiné, furent ravagés à leur tour, sans que Eudes, accablé, ou Charles Martel, en guerre avec la Germanie, opposassent la moindre résistance. Il fallait l'arrivée d'Abdérame (Abd-er-Rahman) au gouvernement de l'Espagne, et son projet de conquérir la Gaule tout entière, pour que la situation change. Abdérame avait rassemblé une armée (732); il prit sa route à travers l'Aragon et la Navarre, entra en France par les vallées de Bigorre et de Béarn, brûlant Oloron, Aire, Bazas, Bordeaux, Libourne, Poitiers. Il s'avançait sur Tours, attiré par les richesses de l'abbaye de Saint-Martin, lorsqu'il apprit l'arrivée de Charles Martel, accouru pour s'opposer « à cette tempête qui renversait tout, à ce glaive pour qui rien n'était sacré. » C'est entre Tours et Poitiers que se livra la bataille que l'historiographie officielle monta en épingle. Les Francs remportèrent la victoire et firent de cette victoire, qui n'avait rien de décisif - la poursuite des incursions sarrasines dans le Midi de la france pendant encore des siècle suffit à le prouver amplement -, un outil de propagande pour la monarchie franque. Quoi qu'il en soit, Abdérame avait été tué, et les Arabes s'étaient sauvés vers le Sud. Charles, satisfait de les avoir empêchés de traverser la Loire, rentra dans ses États, et joignit à son nom cette terrible épithète de Marteau, parce que « comme li martiaus débrise et froisse le fer et l'acier, et tous les autres métaux, aussi froissoit-il et brisoit-il par la bataille tous ses ennemis et toutes autres nations. » Mais en fuyant, les Sarrasins dévastèrent la Marche, le Limousin, et revinrent à Narbonne. Abdel- Malek, successeur d'Abdérame, résolut de reprendre l'offensive : « Tel qui fut vaincu hier, disait-il aux Arabes consternés, triomphe aujourd'hui. » Il attaqua les chrétiens du nord de l'Espagne, puis il rétablit la domination des Arabes dans la Septimanie et la Provence; secondé par quelques comtes goths avides de pouvoir, il prit Arles, Avignon; et, s'il n'eût éprouvé une défaite dans la Cantabrie, les Sarrasins seraient redevenus aussi redoutables qu'avant leur désastre de 732. Cependant ils prirent Valence, Vienne, Lyon, et attaquèrent la Bourgogne et le Piémont. Enfin, en 735, Charles Martel, allié avec Luitprand, roi des Lombards, envoya une armée contre eux. Childebrand son frère, qui la commandait, battit les Arabes, les chassa devant lui, et prit Avignon. Luitprand et Charles Martel s'avancèrent chacun à la tête, d'une armée. Charles marcha contre Narbonne, battit les Arabes sur les bords de la Berre; mais ne pouvant prendre Narbonne, il résolut de détruire les fortifications de toutes les villes de la Septimanie, afin de ne laisser aux Sarrasins d'autre place que Narbonne. Ce fut alors qu'on brûla les arènes de Nîmes. En 739, Charles Martel revint encore en Languedoc, fit occuper Marseille, et les Sarrasins de Narbonne n'osèrent plus s'avancer au delà du Rhône. De plus, les guerres civiles qui eurent lieu à cette époque entre les Arabes d'Espagne et d'Afrique, donnèrent aux chrétiens d'Espagne et de la Septimanie de nouvelles forces; et lorsque, en 752, Pepin le Bref vint attaquer Narbonne, une armée assez faible la bloqua et la força de se rendre, en 759. Ainsi la France était provisoirement délivrée de la présence des Sarrasins. Ce ne fut qu'en 792 que le calife de Cordoue, Hescham, résolut de reprendre la Septimanie, et leva une armée pour pénétrer en France. En 793, Charlemagne étant occupé à faire la guerre aux Avars, les Sarrasins passèrent les Pyrénées et se dirigèrent sur Narbonne, impatients de reconquérir un boulevard où ils s'étaient maintenus si longtemps. Guillaume, comte de Toulouse, marcha à leur rencontre; mais les Francs furent vaincus à Villedaigne, entre Narbonne et Carcassonne. Cependant les Arabes ne purent s'emparer de Narbonne. Cette invasion détermina Charlemagne à les attaquer; et, dans ces guerres dont nous ne parlerons pas ici , les provinces entre l'Èbre et les Pyrénées tombèrent au pouvoir des Francs. Charlemagne assura ainsi ses limites au midi. Toutefois les pirates arabes d'Afrique, qui depuis longtemps infestaient la Méditerranée, commencèrent à ravager les côtes de l'empire de Charlemagne. Déjà, entre 728 et 739, ils avaient pillé le monastère de Lérins; mais, à partir de cette époque, leurs invasions en France devinrent plus redoutables. La Corse, la Sardaigne, les îles Baléares, furent dévastées, en 806, 808, 809, 813. Charlemagne fit établir des forts au lieux de débarquement, et des flottes pour repousser les ennemis. Tant qu'il vécut, ces moyens et la terreur de son nom suffirent pour préserver les côtes de ses États. Après sa mort les Sarrasins recommencèrent leurs courses. En 820, la Sardaigne fut ravagée; vers 838, Marseille fut livrée au pillage. La mort de Louis le Débonnaire, et les guerres qui eurent lieu entre ses enfants, laissèrent aux Sarrasins le champ libre; aussi les em bouchures du Rhône, puis Marseille en 848, furent-elles dévastées; une armée partit d'Espagne s'avança en France, et ne se retira que comblée de présents par Charles le Chauve. En 869, les pirates sarrasins firent une nouvelle invasion dans la Camargue. En 889, ils s'établirent sur les côtes de Provence, à Fraxi.et, dans le golfe de Saint-Tropez, et de ce point, leurs ravages s'étendirent dans toute la vallée du Rhône, et jusqu'aux frontières de l'Allemagne. En 906, les Sarrasins sortirent de ce repaire, et ravagèrent le Dauphiné et la vallée de Suse. En 908, des pirates africains saccagèrent les environs d'Aigues-Mortes. En 920, les Arabes d'Espagne passèrent les Pyrénées, et poussèrent jusqu'aux portes de Toulouse. Pendant ce temps, les environs de Fraxinet se trouvaient entièrement dévastés; Marseille, Aix, Sisteron, Gap, Embrun, furent successivement pillées; la Savoie, le Piémont et la Suisse n'étaient pas, malgré les Alpes, à l'abri des attaques des Sarrasins. En 940, Fréjus et Toulon furent prises : toute la contrée fut dépeuplée. Le mal devint tel, que Hugues, comte de Provence, fit alliance avec l'empereur grec pour prendre Fraxinet. En 942, Hugues et les Grecs s'emparèrent, en effet, de ce port si important; mais Hugues, apprenant que l'Italie, qu'il convoitait, allait passer à son rival Bérenger, fit alliance avec les Arabes et leur rendit Fraxinet pour pouvoir disposer de ses forces contre son adversaire. Depuis lors, la puissance des Sarrasins alla toujours croissant. Il n'entre pas dans notre sujet de parler ici de leurs invasions en Italie; contentons- nous de dire qu'ils vinrent cent jusque sous les murs de Grenoble, dont ils se rendirent maîtres. Une victoire de Conrad, en 952, fit chanceler leur puissance. En 960, on leur enleva le mont Saint-Bernard, et les communications entre l'Italie, l'Allemagne et la France, furent rétablies. En 965, ils furent chassés du diocèse de Grenoble, puis, postérieurement à 972, de Sisteron et de Gap. De toutes parts, les seigneurs féodaux, secondés par le peuple et excités par le clergé, se soulevaient contre les envahisseurs. Enfin, vint le moment de la délivrance Guillaume, comte de Provence, appela à lui tous les guerriers de la Provence, du bas Dauphiné et du comté de Nice, et résolut de prendre Fraxinet. D'abord les Sarrasins furent vaincus à Tourtour, près de Draguignan; puis, malgré leur résistance, obligés de fuir de Fraxinet. C'est vers 975 que la France fut enfin délivrée de ces terribles incursions. Ceux qui ne furent pas tués, devinrent serfs et se fondirent peu à peu dans la population. Il fallut bien que les Arabes se résignassent à regarder la France comme étant à l'abri de leurs atteintes. Ils s'en consolèrent en disant que « les Français, étant exclus d'avance du paradis, Dieu avait voulu les dédommager en ce monde par le don de pays riches et fertiles, où le figuier, le châtaignier et le pistachier étalent leurs fruits savoureux. Il y eut bien encore depuis cette époque des attaques partielles : en 1019 ,contre Narbonne, en 1047, contre Lérins, etc.; mais ces attaques tiennent moins à l'histoire des invasions sarrasines proprement dites qu'à celle de la piraterie des Barbaresques, qui allait durer jusqu'au début du XIXe siècle. (elle furent, pour la France, l'un des motifs de la prise d'Alger en 1830). Les Sarrasins dans l'imaginaire populaire en France Le souvenir des Sarrasins a été longtemps, et est encore présent dans les traditions populaires; il a même absorbé le souvenir des Vikings et des Magyars (Les invasions au Moyen âge), dans toutes les oeuvres de la littérature du Moyen âge. Les invasions normandes et hongroises se perdent généralement dans les traditions relatives aux Sarrasins, et la raison en est facile à trouver. Les Sarrasins conquéraient autant pour répandre leur foi (Islam) que pour piller; il s'agissait d'abord pour eux de soumettre le monde à la loi de Mahomet; pendant trois cents ans, la France fut attaquée par eux; pendant trois siècles, il y eut une suite de guerres acharnées, de ravages et de meurtres; puis, quand la France eut chassé les Sarrasins de son sol, les croisades commencèrent, et pendant deux siècles encore, l'attention se porta sur ces expéditions si populaires. Lorsque la lutte fut terminée avec les Sarrasins, elle se renouvela avec les Turcs, et ces nouveaux ennemis semblèrent devoir les rendre éternelles. Aussi, dans l'esprit des peuples, tout ennemi, tout barbare, tout pillard, fut-il du Nord ou de la Hongrie, était Sarrasin; et toute calamité était nécessairement attribuée aux Sarrasins; les romans de chevalerie (Le Cycle carolingien) sont pleins de ces exagérations, de ces mensonges, et ils ont été si longtemps les seuls livres lus par les grands, et la source unique des récits faits au peuple par les jongleurs, que les erreurs dont ils étaient remplis devaient nécessairement pénétrer dans l'esprit des masses. Charles-Martel, Pepin le Bref, Charlemagne, Roland et tous les héros des chansons de geste, avaient, d'après ces livres, fait la guerre aux Sarrasins; tous les peuples qu'ils avaient battus étaient sarrasins; les Frisons, les Saxons, les Bavarois, les Avars, etc., devinrent des Arabes dans les traditions populaires. « Il fut admis en principe que tous les exploits des paladins et des braves de l'âge héroïque de notre histoire avaient eu lieu contre les Sarrasins. Il ne s'agit plus que de multiplier les occasions où ces braves pourraient se signaler. Presque chaque ville du midi de la France fut censée avoir eu son émir et son prince sarrasin, ne fût-ce que pour ménager aux preux de la chrétienté le mérite de les déposséder. On fit même intervenir les Sarrasins dans les combats et les tournois des chrétiens, en un mot, dans tous les lieux de la terre où il y avait quelque laurier à cueillir. Il y a plus afin de relever la gloire des chevaliers chrétiens, qui naturellement finissaient par l'emporter, on rehaussa le caractère de quelques- uns des chevaliers sarrasins; on en fit des modèles de noblesse et de générosité; enfin, on ne reconnut de supérieur à leur courage, que le courage surhumain de Renaud et de Roland (Reynaud, Invasions des Sarrasins). De façon plus générale, au Moyen âge, sarrasin, sarrasinois s'employait pour païen, romain; une tuile sarrasine était une tuile romaine; un monument sarrasinois était un tombeau antique. Castelsarrasin (Castel-Sarrazin) tirerait son nom de fortifications romaines et non arabes. (ED). Sarrasins ou Sarrazins Sarrasins ou Sarrazins est l'un des noms donnés durant l'époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi « mahométans », « Arabes », « Ismaélites » ou « Agarènes ». D'autres termes sont employés également comme « Maures », qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de « Sarrasin » est déjà employé dans La Chanson de Roland (1080 de notre ère), texte dans lequel il s'applique aux Basques. Les mots « Islam » et « musulmans » n'existaient pas en Occident médiéval. En français, « musulman » est mentionné pour la première fois en 1551 ; « islam » en 1697N. Avant ces dates, on employait pour désigner la religion musulmane « loi de Mahomet » ou « loi des Sarrasins. » Origine du terme « sarrasin » En grec Σαρακηνοί (Sarakênoi, attesté depuis le vie siècle) désigne « ceux vivant sous la tente », les bédouins nomades1 également connus comme Arabes « scénites » au iie siècle à l’époque de Ptolémée. Le singulier Sarakênos et le pluriel Sarakênoi ont donné en bas latin Sarracenus et Sarraceni. En berbère médiéval, le terme Aserɣin (Aserghin ; Le "r" est roulé et le "gh" grasseyé) dont le pluriel est Iserɣinen, est employé pour désigner les peuples venant d'Arabie et plus généralement du Moyen-Orient à cette époque-là. Il se rattache à la racine RƔ, qui prend principalement le sens de brûlure et l'acte de brûler, dans le verbe Serɣ. Les Iserɣinen seraient donc ceux qui brûlaient tout sur leur passage. Le mot disparaîtra peu à peu pour être remplacé par Aɛraben ou Iɛraben, les Arabes plus proprement dit, au fur et à mesure que les Berbères se ralliaient aux Sarrasins et prenaient part à leurs conquêtes et à leurs entreprises dynastiques3,4. On retrouve le terme Saraceni chez les auteurs classiques latins des trois premiers siècles apr. J.-C. où il désignait une tribu arabe du Sinaï ou de la péninsule Arabique. Selon Philip Schaff, « Les écrivains grecs des premiers siècles le donnèrent aux Arabes bédouins d'Arabie orientale alors que d'autres l'utilisèrent pour désigner les Arabes de Syrie et de Palestine, d'autres pour les Berbères d'Afrique du Nord-Est qui conquirent plus tard l'Espagne et la Sicile et envahirent la France. Le nom devint populaire durant la période des croisades. Consulter l'intéressant 15e chapitre de La chute et le déclin de l'empire Romain d’Edouard Gibbon » Ces relations étymologiques étaient alors peu évidentes et les propos d’Isidore de Séville (viie siècle) montrent comment l'histoire biblique dominait la pensée avant la période moderne : « Les Sarrasins ainsi nommés soit parce qu’ils se prétendent descendants de Sara, soit, au dire des païens, parce qu’ils sont d’origine syrienne. Ils habitent un très vaste désert. On les appelle Ismaélites parce qu’ils sont issus d’Ismaël. Ou encore Cedar du nom d'un fils d’Ismaël. Ou encore Agaréniens d'après Agar. On les appelle à tort Sarrasins parce qu’ils se vantent de descendre de Sara. » — Isidore de Séville, Étymologies, IX,2,57 Contrairement à ce que certains pourraient penser, Jean Damascène n'est pas à l'origine de ce récit. Dans son ouvrage Des Hérésies, le terme « Sarrasin » est à rapprocher de Sarah, et les Arabes sont les descendants d’Abraham par Agar or, celle-ci a été renvoyée « les mains vides » par Sarah (en grec, ek tês Sarras kenous) (Genèse 21,10-14). Nous trouvons en réalité des traces de cette forme du récit sur le lien entre les Ismaélites et les Sarrasins dès le ve siècle. Sozomène, historien ecclésiastique écrit : « C'est ici la tribu qui prit son origine et son nom d'Ismaël, le fils d'Abraham ; et les anciens les appellaient Ismaélites d'après leur progéniteur. Comme leur mère Agar était une esclave, pour cacher l'opprobre de leur origine, ils assumèrent par après le nom de Sarrasins comme s'ils descendaient de Sarah, la femme d'Abraham. Telle étant leur origine, ils pratiquent la circoncision comme les Juifs, se réfrènent d'utiliser le porc et observent de nombreux autres rites et coutumes Juives ». Théodoret de Cyr qualifie les Ismaélites de Sarrasins, utilisant le terme de manière interchangeable6. Pour Rufin d'Aquilée auteur d'une histoire ecclésiastique les sarrasins étaient des maraudeurs barbares et dangereux, mais une de leurs reines Mauvia, se convertit au christianisme, montrant que tout espoir n'était pas perdu les concernant. Les « Berbères » sont appelés plus spécifiquement « Maures », (terme d'origine phénicienne que les Romains employaient : l’Afrique du Nord sous domination romaine était appelée Maurétanie, « pays des Maures »). Sous la domination musulmane, les Arabes ont appelé les habitants de l'Afrique du Nord du terme romain Barbari, qui est devenu Berbère. Les « Sarrasins » (qui étaient, en réalité, des « Maures ») font irruption dans le monde occidental lors de l’invasion de l’Espagne en 711 par l’armée berbère envoyée par le gouverneur arabe de l’Afrique du Nord pour le compte du calife de Damas. Le terme d’« empire sarrasin » est utilisé dans la littérature historique ancienne pour désigner les califats omeyyade et abbasside. « Sarrasins » a été utilisé au Moyen Âge par les Occidentaux pour désigner toutes les tribus arabo-berbères. Par rapprochement phonétique, le mot a pu aussi désigner les Circassiens présents dans quelques pays arabes et en Turquie : en Jordanie par exemple, la « garde Circassienne » est la garde rapprochée du roi. Histoire avant le Moyen-Âge Nous apprenons divers éléments sur le peuple des Sarrasins avant le VIe siècle, entre autres grâce aux écrivains historiens comme Socrate le scholastique, Sozomène et Théodoret de Cyr. Lorsque l'empereur Julian fut assassiné en Perse, certains supposèrent qu'un Sarrasin en était l'auteur. Mais de manière plus intéressante, nous noterons en particulier le fait que sous l'empereur Valens, les Sarrasins étaient dirigés par une reine veuve (Mavia). À cette époque, les Sarrasins bataillent dans les régions orientales de l'empire Romain. La reine mit, comme condition à la paix, l'obtention du moine Moïse (Sarrasin d'origine) en tant qu'évêque chrétien pour son peuple Les Sarrasins, employés comme auxiliaires, aidèrent également à repousser les attaques des Goths qui, après avoir envahit la Thrace, avancèrent jusqu'aux portes de Constantinople (aux environs de la mort de l'empereur Valens) Le barbare de l’Empire carolingien Les Sarrasins, par leur surgissement soudain sur les terres des royaumes francs, ont marqué par leur exotisme les guerriers de l’Empire carolingien. Dans un premier temps, ce terme imprécis correspond, dans le contexte des batailles menées par les Carolingiens, à tout ennemi non-chrétien auxquels ils sont confrontés, que ce soient : les Maures d’al-Andalūs sans distinction (la séparation entre moros et sarracenos présente dans les chroniques mozarabes n’est plus faite) ; les émirs Fatimides de Sicile dans la seconde moitié du Xe siècle, comme Abu al-Qasim ; les peuples des montagnes pyrénéennes qui ne sont pas encore appelés basques (l’historiographie française assimilera rétrospectivement le terme de Sarrasins aux tribus assaillant Roland dans la chanson de geste) ; ou encore les populations païennes reculées d’Arpitanie, longtemps rétives à la christianisation11 ; o Autre forme semblable : Le paganisme dans les Alpes orientales (en), persistance de la Rhétie antique et des formes de croyances locales. Ultérieurement, le terme de « Sarrasin » finit par ne désigner que l’ennemi musulman des Croisades et de l’Occident chrétien, que ce soit en « Terre sainte » ou dans les Marches taillées au détriment d’Al- Andalus. La quatrième croisade détournée contre les chrétiens orthodoxes, celle menée contre les chrétiens cathares ainsi que les croisades baltes des chevaliers teutoniques et de leurs ordres alliés, ne se servent plus du terme « Sarrasin ». Article détaillé : Chronologie des conflits maritimes entre Charlemagne et les Sarrasins. 748 : fils de Pépin le Bref, naissance de Charlemagne (entre 742 et 748). 768 : il est roi des Francs à partir de 768, 774 Charlemagne, couronné roi des Lombards, 795 : établissement de la marche d’Espagne sur laquelle s’appuie Louis, roi d’Aquitaine et fils de Charlemagne, pour s’emparer de Barcelone en 801. 799 : expédition victorieuse des troupes de Charlemagne pour récupérer les Baléares prises l’année précédente par les Sarrasins ; cette victoire demeure sans lendemain, les Francs ne pouvant se maintenir dans ces îles. 806 : les Sarrasins s’étant emparé de la petite île de Pantelleria, et ayant vendu comme esclaves les moines qui y résidaient, Charlemagne les fait racheter. 806 : le fils de Charlemagne Pépin, chasse les Sarrasins de la Corse qui retombe dès l’année suivante en leur domination. 807 : Charlemagne envoie en Corse le connétable Burchard pour y déloger les Sarrasins ; mais la victoire est là aussi éphémère. 808 : le pape Léon III parlant des mesures prises contre les Sarrasins en Italie, demande à Charlemagne de s’occuper de la défense de la Corse et de la Sardaigne. 810 : Haroun-al-Raschid dépêche une ambassade à Charlemagne. 812 : les Sarrasins d’Afrique, malgré une flotte grecque renforcée par des bateaux de Gaète et d’Amalfi, pillent les îles de Lampédouze, Ponza et Ischia. Charlemagne envoie des renforts commandés par son cousin Wala au pape Léon III. 812 : Charlemagne signe un traité avec El-Hakem l’Espagnol ; cette tentative n’a pas de suite. 813 : une terrible tempête qui détruit une flotte sarrasine de cent navires, ralentit quelque peu les razzias des Arabes d’Espagne qui toutefois pillent peu après, Civita Vecchia, Nice, la Sardaigne et la Corse d’où ils ramènent des captifs. Les invasions sarrasines (830-990) Les États carolingiens, trop étendus, ne peuvent résister à la fois aux raids normands et aux raids sarrasins. 838 : Raid sur Marseille ; la population est massacrée ou mise en esclavage ; la ville fut reprise en 842. 842 : Raid sur Arles dans le cadre de razzias, repris en 850. 869 : Installation d'une base en Camargue afin d'effectuer des razzias et mettre la population en esclavage. 890 : Fondation de leur place forte la plus importante le Fraxinet, à Garde-Freinet (Var) qu'ils tiendront jusqu'en 983. 906 : Les abbayes bénédictines des vallées orientales des Alpes sont ravagées: Novalaise, Borgo San Dalmazzo. 940: Remontant la vallée du Rhône depuis la Méditerranée, ils vont très au nord. Ils pillent l'Abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune et l'occupent. 972 : Capture de saint Maïeul de Cluny, pris en otage en juillet sur la route du Grand-Saint- Bernard à Orsières, au château du Châtelard 12. 973: bataille de Tourtour. Les moines bénédictins mobilisent les énergies. Le comte Guillaume de Provence, appelé par la suite le Libérateur, lève l'ost. De nombreux guerriers de Provence, mais aussi du Bas-Dauphiné et de Nice forment son armée. 974: Ils sont expulsés du royaume d'Arles par un soulèvement populaire. 983 : Guillaume de Provence prend La Garde-Freinet. 990 : Fin de la domination sarrasine en Provence. Néanmoins, jusqu'au XIIIe siècle, à partir de la Côte des Barbaresques, les raids se poursuivent contre des populations locales qui sont enlevées pour être réduites en esclavage (Lérins 1047, 1107, 1197 ; Toulon 1178, 1197).