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Les déficits budgétaires au Maroc
Entre l’impératif de discipline et l’objectif
de relance
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Les déficits budgétaires au Maroc
Entre l’impératif de discipline et l’objectif
de relance
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Sommaire
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Introduction générale
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l’optimisme : le « réglage fin » de la conjoncture paraissait possible et
le cycle des affaires pouvait être amoindri sinon éliminé.
A la suite des deux chocs pétroliers, les difficultés économiques qui
sont apparues ont fait naître de nouveaux modes de régulation
d’inspiration libérale. En fait, l’application dans les années 80 de
politiques économiques déclarant rejeter l’instrument budgétaire n’a
fait que refléter la montée en puissance du credo libéral dans les milieux
scientifiques. Il faut dire que la réorientation théorique s’est nourrie de
nombreuses observations empiriques qui paraissaient condamner les
principes keynésiens. Ainsi le fait d’avoir admis pour vraie cette
relation inverse entre le taux de chômage et le taux d’inflation (loi de
Phillips) a précipité la plupart des économies occidentales dans
l’inflation. S’ajoutant à ce phénomène le ralentissement de la croissance
économique qui a rendu plus difficilement supportable le poids des
prélèvements obligatoires. Les méfaits de la stagflation ont
incontestablement favorisé le succès des thèses libérales.
En somme, le creusement des déficits budgétaires à la suite
notamment de la crise économique qui a secoué l’économie mondiale
aussi bien vers le milieu des années 70 qu’aux alentours de 2008 va
poser le problème de leur financement, problème suscitant la
controverse sur la discipline budgétaire et sur les effets de relance
induits par les déficits publics. Cette problématique va préoccuper la
plupart des écoles de pensée, notamment les monétaristes et les
keynésiens. Le débat qui va s’animer entre ceux-ci sera centré sur les
effets économiques et financiers des déficits budgétaires et en
particulier les effets d’éviction et/ou d’entraînement financiers.
L’objet de ce modeste travail est de mettre en exergue le débat sur
les effets des déficits budgétaires en l’occurrence l’effet de leur
gonflement. En réalité, les effets négatifs du déficit budgétaire sur
l’activité du secteur privé ont été pressentis par les classiques qui ont
émis des mises en gardes contre le développement excessif de l’activité
publique. Plus encore, l’auteur de la « Théorie Générale » a lui-même
averti les gouvernements des dangers que pouvait présenter le
financement du déficit budgétaire sans accompagnement monétaire.
Cependant Keynes a relégué au second plan le problème de
financement dudit déficit car il était convaincu qu’une politique
budgétaire expansionniste permet de générer une épargne suffisante
pour couvrir le déficit budgétaire.
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Dans ce sens, il sera question d’exposer, d’une part, le débat sur les
effets d’éviction et/ou d’entraînement financiers ou débat sur la
discipline budgétaire. Celui-ci est alimenté à la fois par des
développements théoriques et par des vérifications empiriques.
Au niveau théorique, la controverse est généralement exprimée dans
le cadre du modèle ISLM. Traditionnellement, les monétaristes et les
keynésiens s’appuient sur des hypothèses restrictives pour conclure à
l’existence d’un effet d’éviction et/ou d’entraînement financier :
sensibilité de la demande de monnaie et de l’investissement au taux
d’intérêt. Les développements théoriques de ces analyses vont se
réaliser à la fois par l’introduction et la complication de la contrainte
financière du Trésor, par la prise en compte de l’effet de richesse et du
degré d’ouverture de l’économie ainsi que par l’étude du cas de
l’économie d’endettement.
Au niveau empirique, les recherches vont s’atteler à vérifier
l’existence d’un effet d’éviction et/ou d’entraînement financier par
deux voies principales : la première en calculant la valeur des
multiplicateurs budgétaires ; la seconde, en analysant la relation entre
déficit budgétaire, taux d’intérêt et taux de change.
D’autre part, puisqu’il s’agit d’analyser l’effet du financement du
déficit budgétaire sur l’activité économique du secteur privé, il faut au
préalable préciser cette notion. En effet, le déficit budgétaire représente
un indicateur primordial pour juger de l’orientation récessionniste ou
expansionniste de la politique budgétaire. Or, la multiplicité des
méthodes d’évaluation et de quantification du déficit budgétaire (en
raison de la diversité des systèmes de comptabilisation et du caractère
voulu ou subi de ce solde) rend difficile son interprétation.
Il faut par ailleurs caractériser ce solde à travers notamment son
évolution et ses facteurs déterminants. La question du financement
revêt également dans ce cadre une importance particulière. Il s’agit de
dégager les ressources auxquelles le Trésor fait appel pour couvrir ses
besoins de financement.
Cela étant, le présent ouvrage comprend deux parties : la première
traite des approches et des modalités de financement du déficit
budgétaire. Une approche théorique à travers laquelle on va essayer de
relever l’évolution des idées relatives au solde budgétaire comme
moyen de régulation de l’activité économique. Une approche
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comptable qui essaie de cerner les méthodes de quantification du déficit
budgétaire à la lumière desquelles on va dégager celle adoptée par le
Maroc. Cette approche sera complétée par une autre empirique qui
essaiera d’analyser l’évolution des déficits budgétaires et leurs facteurs
déterminants. Cette première partie sera achevée par la mise en
évidence et l’analyse des différents modes de financement des déficits
budgétaires au Maroc.
La deuxième partie focalisera l’attention sur les approches théorique
et empirique de l’impact des déficits publics. L’approche théorique
permettra de mener un parcours de toute la littérature qui a participé au
débat relatif aux impacts des déficits publics et notamment à l’effet
d’éviction versus effet d’entraînement dans la cadre de la controverse
sur la discipline budgétaire et/ou l’effet de relance des déficits publics.
L’approche empirique essaiera de rendre compte des résultats des
différents tests visant à vérifier l’existence de cet effet dans les pays
développés. A la lumière de ces études, on essaiera d’établir un modèle
économétrique pour mesurer l’effet d’éviction et/ou d’entraînement
financier au Maroc afin de montrer si les pouvoirs publics doivent
ouvrer pour une certaine discipline budgétaire ou au contraire
considérer les déficits publics comme outil principal de relance
économique.
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Première partie :
Les déficits budgétaires et
leurs modalités de
financement
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Introduction de la première partie
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Chapitre I :
Du concept de déficit
budgétaire à sa mesure
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Introduction du chapitre I
Jusque dans les années 30, le budget a été considéré comme
l'instrument permettant à l'Etat de procurer les ressources nécessaires
pour couvrir ses dépenses dans le cadre des fonctions qui lui sont
tracées.
Dès lors, l'orthodoxie financière régnante exigeait qu'il y ait
équilibre entre les recettes et les dépenses publiques dans le cadre de
l'exercice budgétaire. Cette conception classique des finances publiques
découlait de la foi dans les mécanismes du marché et de la nécessité de
l'abstention de l'Etat d'intervenir dans l'activité économique.
Mais, aux alentours de la seconde guerre mondiale, et sous
l'impulsion des idées keynésiennes, il y aura remise en cause de la règle
de l'équilibre budgétaire.
Tout en montrant que le marché était, à lui seul, incapable de
résoudre la crise de 1929, Keynes va préconiser une intervention accrue
de l'Etat dans l'activité économique. Cette intervention devait se faire
par le moyen de la politique budgétaire (en réalisant un déficit
budgétaire) afin de rétablir l'équilibre économique. Désormais, à un
déséquilibre économique doit répondre un déséquilibre budgétaire.
Ainsi, l'équilibre du budget sera sacrifié, du moins, en période de sous-
emploi.
La crise économique du milieu des années 70 va contribuer à
soutenir l'idée d'inefficacité de l'intervention de l'Etat par la politique
budgétaire. Ainsi, tout en observant que l'accroissement des dépenses
publiques associé à un fort endettement public génère des effets pervers
sur l'activité économique, la théorie néo-libérale va essayer de remettre
à l'honneur le principe de l'équilibre budgétaire.
Il est unanimement admis que déficit budgétaire constitue un
indicateur adéquat pour juger de l'orientation expansionniste ou
récessionniste de la politique budgétaire. Cependant, la multiplicité des
définitions et méthodes d'évaluation du déficit budgétaire pose des
problèmes quant à son interprétation économique. C'est que le contenu
et la signification du déficit budgétaire dépendent du système de
comptabilisation adopté ainsi que du caractère volontaire ou subi de ce
solde. De ce fait, et afin de pouvoir apprécier ultérieurement l'incidence
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du déficit budgétaire sur l'activité économique, il faut au préalable
apporter des précisions quant à la mesure de ce solde.
Par ailleurs, l'accumulation accélérée des déficits budgétaires,
surtout à partir de la deuxième moitié des années 70 et à partir de 2008,
et le souci de les ramener à un niveau acceptable, constituent le point
commun à tous les pays qu'ils soient développés ou sous-développés
(en particulier le Maroc). Néanmoins, les facteurs qui expliquent
l'accroissement de ces déficits dans les pays développés sont différents
de ceux qui ont été avancés comme déterminants du creusement des
déficits budgétaires dans les pays sous-développés.
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Section I : Approche théorique des soldes budgétaires
A la règle de l'équilibre budgétaire dans la théorie classique
(paragraphe I), va succéder la théorie keynésienne recommandant la
régulation par la politique des déficits budgétaires (paragraphe II).
Mais, la crise économique que traversent les économies occidentales
depuis plus de 30 ans, sera accompagnée d'une profonde remise en
cause, par la théorie néo-libérale, de l'efficacité de la politique des
déficits budgétaires (paragraphe III).
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biens publics qui "sont d'une nature telle que le profit ne peut jamais
1
couvrir la dépense d'un individu ou d'un groupe d'individus."
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Par ailleurs, les emprunts publics peuvent entraîner l'augmentation
des taux d'intérêt car "quand ils ont lieu dans un pays dont le
gouvernement inspire peu de confiance, ils ont l'inconvénient de faire
1
monter l'intérêt des capitaux."
Ainsi, en rejetant le déficit budgétaire, la théorie classique condamne
aussi bien l'impôt déguisé (la création monétaire) que l'impôt différé
(l'emprunt).
Mais, le respect de la règle de l'équilibre budgétaire implique aussi
le rejet de l'excédent budgétaire.
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Le budget de l'Etat doit, donc, suivre la conjoncture économique sans
chercher à l'influencer. Un bon budget, pour les classiques est "celui qui
1
frôle le déficit en dégageant un excédent symbolique."
L'exposé du principe de l'équilibre budgétaire, dans la théorie
classique des finances publiques, nous révèle qu'il n'y a aucune analyse
économique des dépenses publiques. Il s'agit de simples
recommandations visant à tracer un cadre dans lequel l'Etat doit
accomplir ses fonctions.
Cependant, après la première guerre mondiale et surtout après la
seconde, on assiste à abandon progressif de la vision classique quant à
l'intervention de l'Etat. Un certain nombre de faits économiques et
sociaux vont entraîner le dépassement des idées classiques en matière
de finances publiques : la concentration capitaliste (Cartels, grandes
surfaces, etc.), la grande crise économique de 1929, les deux guerres
mondiales, etc.
D'une manière générale, c'est la pensée keynésienne qui va remettre
en cause l'orthodoxie budgétaire dans la mesure où il va suggérer une
intervention de l'Etat par le biais d'une politique budgétaire. Désormais,
à un déséquilibre économique doit répondre un déséquilibre budgétaire.
2Il faut noter ici que l'intervention de l'Etat a eu lieu avant d'être systématisée
par la théorie keynésienne. En effet, avant que Keynes ait légitimé, dans sa
"Théorie Générale" le rôle régulateur de l'Etat, certains évènements vont exiger
l'intervention de l'Etat :
- au cours des années qui suivent la fin de la première Guerre Mondiale, on a
constaté une augmentation des dépenses publiques dans le domaine économique
et social (financement de la reconstruction, versement des pensions aux anciens
combattants, etc.).
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Après la seconde guerre mondiale et sous l'effet des idées
keynésiennes, l'Etat va dépasser ses fonctions traditionnelles et s'ériger
en un véritable acteur économique.
Pour remédier à la crise de 1929, Keynes va proposer, comme
thérapeutique, une politique de relance de la demande effective qui se
basera sur le jeu des multiplicateurs. Dans la pratique, on recense
différentes applications de la politique budgétaire ; cette dernière
permettra d'élargir les fonctions que l'Etat devait accomplir.
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1
d'emprunt peuvent, même lorsqu'elles sont inutiles, enrichir en
2
définitive la communauté Pour lui, ce moyen de financement ne
présente aucun inconvénient car il y a une compensation systématique
entre les dépenses privées et les dépenses publiques : quand les
premières sont insuffisantes causant le sous-emploi, les secondes
doivent augmenter et dépasser même les recettes fiscales.
Pour Keynes, il ne faut pas croire que l'accroissement des
investissements financés par l'emprunt exercent une ponction des
ressources financières existantes aux dépens des investissements privés
car l'investissement public supplémentaire "engendre précisément un
accroissement de ressources qui permettra de couvrir son montant - à la
seule condition, rappelons-le encore une fois, que l'économie soit en
sous-emploi. Par contre, le plein-emploi retrouvé, un effort
supplémentaire dans les dépenses publiques doit à nouveau être
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supporté par des prélèvements effectifs sur les revenus."
Par-là, Keynes repousse l'idée des classiques selon laquelle
l'accroissement des dépenses publiques (par l'accroissement des
investissements) ne fait que concurrencer l'investissement privé et se
4
substituer à lui.
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Sir W. Beveridge , converti aux idées de Keynes et l'un des
vulgarisateurs de la "révolution keynésienne," souligne que l'Etat doit
effectuer des dépenses suffisantes pour éviter la constitution d'un
chômage massif. Aussi, soutient-il un financement des dépenses
publiques par le recours à l'emprunt.
1Keynes utilise l'expression "dépense sur fonds d'emprunt" pour désigner "les
empruntes nets de toutes sorte des autorités publiques, tant pour le compte capital
que pour couvrir le déficit budgétaire."
2J.M.Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, op.cit.,
p.144.
3J.M.Keynes cité par P. Delfaud in Keynes et le keynésianisme, op.cit., p.65.
4Il s'agit des effets d'éviction qui seront traités en détail dans la deuxième partie
de cet ouvrage.
5W.Beveridge, Du travail pour tous dans une société libre, Domat, 1945.
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Pour légitimer cette idée, Beveridge souligne que l'Etat n'est pas un
particulier : le particulier, pour lui, s'appauvrit en s'endettant alors que
l'emprunt public (nécessaire pour financer les dépenses publiques) ne
fait que transférer les revenus des uns (les contribuables) à d'autres (les
prêteurs de l'Etat) ; pour Beveridge, donc, les dépenses publiques
financées par l'emprunt ne font ni réduire ni affecter la richesse de la
communauté.
Tout en sacrifiant les règles traditionnelles des finances publiques,
Beveridge va préconiser un "nouveau plan de budget" fondé non pas
sur l'argent "mais sur le potentiel humain disponible." Pour ce faire, il
faut évaluer, au cours de l'année, le décaissement probable des agents
privés à titre consommation et d'investissement auquel l'Etat doit
ajouter un "décaissement public" afin d'assurer le plein-emploi.
De son côté, P.A.Samuelson, l'un des principaux disciples de
Keynes, soutient l'idée d'un financement par emprunt des dépenses
publiques. Ces derniers ne porteraient aucunement préjudice aux
investissements privés puisque, pour Samuelson, "la construction d'une
route nationale ne diffère pas financièrement parlant de celle d'une ligne
1
de chemin de fer par une compagnie privée."
Si toute crainte concernant le financement par emprunt de
l'accroissement des dépenses publiques est écartée, elle l'est aussi pour
un financement purement monétaire. En effet, pour Keynes, en cas d'un
financement par création monétaire, il n'y a pas de danger d'inflation.
Ainsi, en période de sous-emploi, "un financement purement monétaire
par recours au crédit n'aura aucune raison d'induire des tensions
inflationnistes, puisque cet investissement engendrera nécessairement
2
une épargne ultérieure d'un montant rigoureusement égal."
Il ressort que cette manière de gérer les finances publiques rejette les
idées classiques relatives à l'équilibre budgétaire et aux dangers que
peuvent présenter ses modalités de financement.
Le solde des finances publiques doit, donc, être utilisé de telle sorte
que l'on réalise le plein-emploi.
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Dans la pratique, la politique de relance de la demande par le solde
des finances publiques a connu différentes applications.
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- soit, enfin, en facilitant les conditions de prêt (prêt à bon
marché).
- pour combattre, par contre, l'inflation, l'Etat doit réduire la
circulation monétaire :
- soit par la vente de titres (technique de l'open market) ;
- soit par la compression des subventions et l'augmentation des
impôts ;
- soit, enfin, par l'emprunt fait auprès du public.
Par ailleurs, pour que la politique budgétaire soit efficace, il faut
1
respecter les "lois de la finance fonctionnelle." Pour ce faire, l'Etat doit
d'abord fixer le solde budgétaire (et partant le montant de sa dette en
cas de déficit) de telle façon qu'au niveau de plein-emploi corresponde
l'équilibre entre l'offre et la demande globales; le Trésor doit ensuite
chercher à financer le déficit budgétaire en s'assurant que la
combinaison retenue pour ce financement (emprunt ou création
monétaire) permet un niveau de taux d'intérêt favorable à
l'investissement privé; enfin pour respecter les deux premières lois, le
Trésor doit entreprendre ou encourager la création de monnaie ou sa
destruction (selon qu'il s'agisse de lutter contre la déflation ou
l'inflation).
Il apparaît donc que le budget est un moyen de régulariser
l'économie, et le déficit budgétaire doit permettre de combler l'écart
2
déflationniste existant entre l'épargne et l'investissement.
Il ressort de ces différentes conceptions de la politique budgétaire
que la relance de la demande passe par la réalisation d'un déficit
budgétaire. Cette politique se base sur le mécanisme du multiplicateur.
1Ibid.
A- Hypothèses du multiplicateur
Le raisonnement en termes de multiplicateur se base sur les
hypothèses suivantes :
- l'analyse se fait à court terme et décrit les variations du revenu
national (nominal et non réel) à capacité de production constante ;
-le multiplicateur décrit les effets d'une variation autonome de la
dépense globale quelle que soit son origine : augmentation des dépenses
publiques (déficit budgétaire), augmentation exogène de
l'investissement ou de la consommation privées ;
-le processus de multiplication peut s'accomplir pleinement sans
engendrer une inflation (des salaires et des prix) si la capacité de
production existante est en mesure de faire face aux augmentations de
la consommation ; autrement dit, il faut qu'il y ait une sous-utilisation
des hommes et des machines ;
B- Mécanisme du multiplicateur
L'utilisation de la politique budgétaire pour relancer l'activité
économique (en période de dépression se base sur le jeu des
multiplicateurs budgétaires. Ces derniers jouent non seulement dans le
cas de l'apparition ou de l'accroissement du déficit budgétaire (qui est
le cas le plus fréquent) mais aussi dans le cas d'une augmentation
simultané et du même montant des dépenses et des recettes publiques.
Ainsi le multiplicateur keynésien simplifié va connaître des extensions.
REVENUS
ENTREPRISES MENAGES
DEPENSES DE CONSOMMATION
INJECTIONS
FUITES
INVESTISSEMENTS
IMPOTS
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1/(1-c) est le multiplicateur budgétaire ou simple. Il exprime
l'augmentation du revenu national (Y) résultant d'un accroissement
des dépenses publiques (G) sans qu'il y ait modification du volume
des impôts. Ce multiplicateur est d'autant plus élevé que la propension
à consommer (c) est élevée (ou que la propension à épargner (s) est
faible).
Ainsi, une augmentation des dépenses publiques (G) "financées par
l'emprunt, la création de la monnaie ou simultanément par les deux
1
procédés " entraîne une augmentation plus que proportionnelle du
revenu national. Cette augmentation dépend de la valeur du
multiplicateur. Mais, pour avoir un tel résultat, il est nécessaire que les
impôts n'augmentent pas, car ils affectent le revenu disponible des
agents privés.
Il en ressort que, lorsqu'elles sont financées par un déficit budgétaire,
les dépenses publiques exercent un effet multiplicateur important.
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Le multiplicateur fiscal exprime l'augmentation du revenu national
résultant d'une diminution des impôts sans qu'il y ait modification du
volume des dépenses publiques. Là aussi, il y a création ou
augmentation du déficit budgétaire qui sera financé par le recours à
l'emprunt et/ou à la création monétaire.
Mais, "l'effet d'expansion obtenu et inférieur à celui provoqué par un
1
déficit spending".
On peut conclure que la politique de diminution des impôts (sans
réduction des dépenses publiques) et la politique d'augmentation des
dépenses publiques (sans accroissement des impôts) débouchent sur un
déficit budgétaire qui exerce un effet de multiplication (expansion) sur
le revenu national. Mais, l'effet du multiplication (accroissement du
revenu national) est plus grand lorsque le déficit budgétaire résulte
d'une augmentation des dépenses publiques plutôt que d'une réduction
des impôts, puisque la valeur du multiplicateur simple (1/1-c) est
supérieure à celle du multiplicateur fiscal (-c/1-c).
Il s'ensuit que les dépenses publiques ont un effet direct sur le revenu
2
national alors que la diminution des impôts ne fait qu'augmenter le
revenu disponible.
En effet, l'augmentation des achats publics (dépenses publiques) se
traduit par une augmentation des commandes aux entreprises ; d'où,
l'augmentation de la production et des revenus ; alors que la diminution
des impôts ne provoque qu'une augmentation du revenu disponible dont
une partie est épargnée.
Mais il reste que la lutte contre la dépression passe par la réalisation
d'un déficit budgétaire (augmentation des dépenses publiques et /ou
réduction des impôts) susceptible de provoquer un effet de
multiplication sur le revenu national.
1Ibid., p.365.
2En fait, il ne s'agit pas d'une diminution des impôts, mais des taux
d'imposition. Voir à ce propos: L. Stoléru, L'équilibre et la croissance
économique, Dunod, Paris, 1969.
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Faisons remarquer, enfin, que dans les économies modernes ouvertes
sur l'extérieur :
-les importations constituent des fuites à côté de l'épargne et des
prélèvements opérés par l'Etat ;
-les exportations constituent des injections à côté de la
consommation, des investissements et des dépenses publiques.
1
Ainsi, on aura le schéma suivant :
REVENUS
ENTREPRISES MENAGES
DEPENSES DE CONSOMMATION
INJECTIONS FUITES
INVESTISSEMENTS EPARGNE
EXPORTATIONS IMPORTATIONS
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Cette conclusion est importante dans la mesure où elle remet en
cause la conception des adeptes de l'orthodoxie budgétaire selon
laquelle un budget équilibré est nécessairement neutre vis-à-vis de
l'activité économique.
Un accroissement du budget, tout en conservant son équilibre,
entraîne un effet de multiplication du revenu national (égal à 1) du
montant de l'accroissement.
Il est donc apparu que l'équilibre financier ne signifie pas neutralité
économique.
A travers l'exposé du mécanisme du multiplicateur budgétaire on a
mis en évidence l'effet expansionniste produit par une politique du
déficit budgétaire.
Par le moyen du budget, l'Etat peut agir sur l'activité économique. Et
c'est grâce à son budget que l'Etat va voir ses fonctions s'élargir.
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Le revenu d’équilibre est déterminé par :1
1
Y= --------------- [c0 - cT + I0 + G0]
1 – c (1 - t)
Le multiplicateur de dépenses budgétaires est :
Y 1
--- = ---------------
G 1 – c (1 - t)
Le multiplicateur fiscal est donné par :
Y -c
--- = ---------------
G 1 – c (1 - t)
b- En économie ouverte
Le modèle subit quelques modifications :
Y=C+I+G+E-M
M = M0 + mY
Le multiplicateur de dépenses budgétaires est :
Y 1
--- = ---------------------
G 1 – c (1 - t) + m
Le multiplicateur des recettes fiscales est donné par :
Y -c
--- = ----------------------
G 1 – c (1 - t) + m
1R.Musgrave, The theory of public finance, Mc Graw Hill, New York, 1959.
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Par cette fonction, l'Etat tente aussi de réduire les inégalités issues
de la répartition primaire du revenu national. Le mécanisme de la
redistribution s'articule autour de deux étapes :
-les prélèvements d'abord (impôts et cotisations sociales) ;
-le versement des revenus de transfert ensuite (aides sociales,
bourses, allocations diverses, etc.)
- "La courbe de Laffer dix ans après : un essai de bilan critique", Revue
Economique, n°4, juillet 1988.
- A.Lepage, Demain le libéralisme, Collection Pluriel, Paris, 1980.
51
-il est plus difficile de réduire que d'augmenter les dépenses
publiques ;
-il est plus difficile d'augmenter que d'alléger les impôts.
Cette tendance de la politique budgétaire vers le déficit qui favorise
la croissance de l'endettement public, risque d'entretenir une inflation
permanente. Ainsi, en octobre 1974, lors d'une déclaration au Daily
Telegraph, Hayek affirmait que "la responsabilité de l'inflation qui sévit
actuellement à l'échelle mondiale, j'ai le regret de le dire, incombe
totalement aux économistes ou au moins à ceux de mes collègues qui
1
ont fait leurs les théories du Lord Keynes."
D'une manière générale, le scepticisme envers la politique des
déficits publics peut être justifié par de constatations importantes :
-les relances par les déficits budgétaires sont sans conséquence sur
l'activité économique. Cette constatation est appuyée par le théorème
d'équivalence de Ricardo ;
-les dépenses publiques gênent le dynamisme et l'activité du secteur
privé. Cette constatation est appuyée par les thèses des effets d'éviction.
A- L'éviction réelle
Les théories des anticipations rationnelles avancent que la politique
des déficits budgétaires est inefficace car elle provoque une éviction
réelle des dépenses privées. En effet :
- si le déficit est financé par la création monétaire, les agents privés
vont anticiper une inflation ultérieure (ou une aggravation de celle déjà
existante) et vont augmenter leur épargne aux dépens de la
consommation immédiate afin de préserver leurs encaisses réelles ;
- si le déficit est financé par emprunt, les agents privés y voient une
augmentation future des impôts et augmentent leur épargne en
conséquence.
Dans les deux cas, et quel que soit son mode de financement, le
déficit budgétaire exerce un effet direct sur la consommation ; la
dépense privée est évincée par la dépense publique du fait que les agents
B- L'éviction financièr
Un déficit budgétaire financé par l'emprunt auprès du public entraîne
une augmentation du taux d'intérêt ce qui provoque la diminution de
l'investissement privé. Cette hausse du taux d'intérêt peut être due à
plusieurs facteurs :
- au niveau élevé du taux d'intérêt des titres publics (afin
d'encourager leur souscription) ;
- à l'augmentation de la demande de fonds prêtables liée à la faiblesse
de l'épargne financière. Cette augmentation de la demande de fonds
prêtables est liée à l'effet d'expansion provoqué par le déficit : il y a
stimulation de l'investissement des agents (les entreprises surtout) qui
augmentent leur demande de financement ;
- aux anticipations inflationnistes renforcées par l'existence de
déficits budgétaires importants.
Donc, l'emprunt public qui sert à financer le déficit exerce un effet
indirect sur l'investissement par le biais du taux d'intérêt ; une fraction
de l'investissement privé risque ainsi d'être évincée.
Si l'augmentation du taux d'intérêt ne permet pas la libération des
encaisses oisives, l'éviction serait totale.
Cependant, l'importance de l'éviction financière :
-est proportionnelle à l'élasticité de l'investissement par rapport au
taux d'intérêt ;
-est inversement proportionnelle à l'élasticité de la demande de
1
monnaie par rapport au taux d'intérêt.
57
Aussi, convient-il, dans la section suivante, de préciser la notion de
déficit budgétaire avant de se pencher sur son ampleur et ses causes
aussi bien certains pays sous-développés qu'au Maroc.
58
Paragraphe I - La mesure du déficit budgétaire ou les
différentes définitions et méthodes d'évaluation des déficits
budgétaires
Bien qu'ils constituent une réalité apparente dans la gestion des
finances publiques actuelles, les déficits budgétaires doivent être
interprétés avec prudence. En effet, la multiplicité des méthodes de
quantification du déficit budgétaire fait que chaque conception du solde
public a sa signification économique qui lui est propre.
De ce fait et afin de pouvoir bien apprécier les effets (économiques
1
et financiers) des déficits budgétaires , la présentation des différentes
définitions et méthodes d'évaluation de ces derniers s'avère nécessaire.
A la lumière de cette présentation, on essaiera de relever la méthode
adoptée par le Maroc pour mesurer son déficit budgétaire.
Généralement, le déficit budgétaire peut faire l'objet d'une double
évaluation : une évaluation en terme effectif (I) et une autre en terme
théorique (II).
60
1
par des lois de finances rectificatives" , fait apparaître le solde
2
d'exécution budgétaire.
La différence entre le solde d'exécution budgétaire et le solde prévu
peut être due à plusieurs facteurs dont notamment :
-les lois de finances rectificatives "qui donnent lieu à des
aménagements des prévisions initiales en vue de les adapter à de
nouvelles orientations du gouvernement et à l'évolution de la
3
conjoncture ;"
-l'impossibilité de prévoir avec précision le montant des recettes
fiscales et non fiscales ainsi que leur date de réalisation.
Le solde d'exécution budgétaire est qualifié de solde effectif dans la
mesure où il est égal à la différence entre le montant définitif des
encaissements de recettes et celui des ordonnancements de dépenses
relatifs à une même année, sachant que :
-les recettes sont rattachées à l'année d'exécution de la loi de finances
qui les a autorisées quelle que soit la date de leur perception ;
-les dépenses concernent l'année d'exécution de la loi de finances qui
4
les a autorisées quelle que soit la date de leur engagement.
C'est pour cette raison que le solde d'exécution budgétaire est appelé
aussi solde en exercice car il concerne les opérations rattachées à l'année
d'exécution de la loi de finances qui les a autorisées quelle que soit la
date de leur réalisation.
En France, le solde d'exécution budgétaire est publié dans "l'une de
ses versions particulières" à savoir :
-le solde d'exécution budgétaire global ;
61
1
-le solde budgétaire hors F.M.I (Fonds Monétaire International) ;
-le solde d'exécution budgétaire hors F.S.C. (Fonds de Stabilisation
2
des Changes).
La publication du solde d'exécution budgétaire corrigé en excluant
les opérations avec le F.M.I. est justifiée "par le fait que lesdites
opérations correspondent à des dépenses et des recettes qui sont sans
3
effet sur la liquidité du Trésor public." Par contre, la soustraction des
opérations avec le F.S.C. vise à ne pas faire avantager (ou désavantager)
le gouvernement en place par les bénéfices (ou les pertes) de change.
Ces derniers (bénéfices ou pertes de change) ne dépendent pas de la
gestion budgétaire mais plutôt des fluctuations de la valeur de la
monnaie.
Comme on peut le constater sur le tableau n°1, relatif à l'évolution
des soldes budgétaires de l'Etat en France, d'importants écarts
apparaissent entre le solde prévu et le solde d'exécution budgétai
1 L'exclusion des opérations avec le F.M.I. est justifiée par le fait qu'elles sont sans
effet sur la liquidité du Trésor public. En effet, ces opérations sont financées par
émission de bons spécifiques.
2 L'exclusion des opérations du F.S.C. se justifie par le fait qu'elles ne créent pas
un besoin de financement pour l'Etat. En effet, ces opérations sont compensées par la
variation des concours de la Banque de France à l'Etat.
A propos de ces deux types d'opérations, voir J.F.Berthier, Comment l'Etat tient
ses comptes, op.cit., p.168.
3 Ibid. p.171.
62
Tableau n°1 : Les soldes budgétaires de l'Etat en (Hors F.M.I. ; en Mrds de Francs)
Années Solde initial Soldes d'exécution
de la loi de de la loi de finances (loi de règlement)
finances
1978 -8.9 -38.2
1979 -15.1 -38.9
1980 -31.2 -23.8
1981 -29.4 -64.3
1982 -95.4 -91.8
1983 -117.7 -137.8
1984 -125.8 -157.5
1985 -140.2 -159.4
1986 -145.3 -147.3
1987 -129.3 -137.9
1988 -115.0 -99.8
Source : A.Euzéby et M.L.Herschtel, Finances publiques, une approche
économique, op.cit., p.178.
4 Il s'agit essentiellement :
- du solde (déficit) courant qui correspond à la différence entre les recettes et les
dépenses courantes (hors dépenses en capital) ;
- du solde (déficit) primaire qui correspond à la différence entre recettes
budgétaires courantes et les dépenses hors intérêts (c'est-à-dire dépenses de
fonctionnement + dépenses d'investissement). Il est appelé aussi solde économique
dont la paternité revient aux économistes de la CEPAL.
Voir à ce propos :
64
2- Le solde budgétaire de gestion
1
L'adoption du système de l'exercice pour calculer le solde
d'exécution budgétaire présente l'avantage de permettre de connaître au
mieux la situation financière de l'Etat pour une année.
Or, l'analyse des effets des opérations budgétaires, et donc de leur
solde, sur les grandeurs macro-économiques (production,
consommation, investissement ...), doit se référer à la période de
réalisation effective de ces opérations. D'où la nécessité d'adopter le
système de la gestion selon lequel les opérations budgétaires (les
recettes et les dépenses) sont rattachées à l'année budgétaire au cours de
laquelle elles ont été réalisées (perçues ou payées). Le solde budgétaire
qui en découle, appelé solde budgétaire de gestion, diffère ainsi du solde
en exercice.
En effet, si ce dernier ne prend en considération que les opérations
se référant au budget courant quelle que soit la gestion en cause, le solde
budgétaire de gestion intègre, suivant la période de l'année, les
opérations budgétaires qui concernent deux, voire trois budgets
successifs : budget courant, budget antérieur et budget prochain.
Ainsi, le solde en gestion est égal à la somme :
-du solde des opérations budgétaires réalisées l'année "n" en
2
exécution du budget de l'année "n-1" (période complémentaire) ;
-du solde des opérations budgétaires réalisées l'année "n" en
exécution du budget de l'année "n" (gestion courante) ;
Loi de finances Solde des opérations Solde des opérations Solde des
réalisées par anticipation de la période courante opérations de la
n période
n n complémentaire
n
Loi de finances Solde des opérations
réalisées par anticipation
n+1
n+1
66
dans le cadre de sa stratégie monétaire et financière a effectivement
1
réuni les moyens nécessaires.
Cependant, l'évolution du solde à financer dépend de la délimitation
du budget de l'Etat, laquelle délimitation résulte "de la conception que
2
chaque pays a du secteur public." Autrement dit, il s'agit de préciser
les composantes du secteur public prises en considération dans le calcul
de cette grandeur.
Le tableau ci-dessous précise la variabilité de l'extension du secteur
public dans cinq grands pays occidentaux.
68
B- Les déficits selon les principes de la comptabilité nationale
Le calcul et la définition d'un solde global consolidé des
administrations publiques, sur la base des concepts de la comptabilité
nationale, présente au moins deux avantages :
- disposer de données homogènes, et par conséquent ;
- opérer une comparaison à l'échelle internationale.
Au sens de la comptabilité nationale, les administrations publiques
1
constituent un secteur institutionnel composé de trois sous-secteurs :
- l'administration centrale (ou l'Etat central) ;
- les administrations locales (ou collectivités locales) ;
- les administrations de la sécurité sociale.
Le solde consolidé des administrations publiques, qui est obtenu en
ajoutant au solde consolidé de l'Etat les soldes des autres
administrations, s'exprime en terme de capacité ou de besoin de
2
financement des administrations publiques.
Ce solde est "l'indicateur de la situation budgétaire d'un pays le plus
communément utilisé par le Secrétariat de l'O.C.D.E."3car il s'applique
à tous les niveaux d'administrations.
Les deux tableaux suivants décrivent l'évolution de ce solde pour les
grands pays occidentaux :
69
Tableau n° 5: Capacité (+) ou besoin (-) de financement des administrations
publiques entre 1973 et 1993 (en % du P.I.B./ P.N.B.)
1973 1979 1983 1987 1990 1993
Etats-Unis +0.5 +0.4 -4.1 -2.5 -2.5 -4.3
Royaume-Uni +0.5 -4.7 -3.6 +0.5 +3.1 +0.4
France +1.2 -2.6 -2.5 -1.9 -1.8 -3.2
Allemagne +0.6 -0.8 -3.2 -1.9 -1.4 -3.0
Japon -2.7 -3.2 -3.3 -1.2 -0.7 -7.6
72
Dès lors, le calcul de soldes théoriques consistant à partager le solde
budgétaire en une composante délibérée et une composante
conjoncturelle s'avère utile pour l'analyse.
1 Ibid.
2 Car on suppose, dans certaines études, qu'en période d'expansion, la baisse des
dépenses relatives aux indemnités de chômage est contrebalancée par l'augmentation
d'autres dépenses.
3 Dans le cas contraire, l'économie est en situation de suremploi.
75
sur le solde de la seule action budgétaire discrétionnaire (ici dans le sens
restrictif). A tout autre niveau d'activité, la mesure des effets des
changements intervenus contient des éléments endogènes ou de
1
stabilisation automatique."
Le solde de plein emploi, dont la publication sera interrompue en
1981, fera l'objet d'un prolongement dans les travaux de l'O.C.D.E.
1 Ibid., p. 97.
Etats-Unis -1.1 0.0 -0.3 0.7 -0.9 1.6 -3.9 - 0.2 -3.1 -0.5
Japon 1.9 1.9 0.4 0.7 -4.0 -3.5 -3.1 -2.2 -2.3 -1.3
Allemagne 0.2 -0.1 -1.3 -0.5 -3.8 -2.4 -2.7 0.5 -1.4 1.7
France 0.9 0.9 0.6 0.7 -1.8 -0.2 -3.2 -0.7 -3.5 -0.1
Royaume-Uni 3.0 -3.0 -3.7 -3.7 -2.8 1.8 -3.7 1.6 -2.8 2.0
Source: R.W.R Price et P. Muller," Indicateurs budgétaires structurels et interprétation de l'orientation de la
politique budgétaire des pays de l'O.C.D.E.", Revue économique de l'O.C.D.E., n°3, Automne 1984, in les Cahiers
Français n°226, mai-juin 1986, p. 31.
1 Ibid., p.154.
78
Avec:
S1 et So: les soldes budgétaires effectifs respectivement de la période
1et de la période 0;
t ( To/Yo ) dYo: l'élasticité des impôts par rapport à la croissance
tendancielle;
g(G/Y)dY: l'élasticité des dépenses par rapport à la croissance
tendancielle du P.I.B./P.N.B.(d);
T et G: les variations respectives du rendement des impôts et des
dépenses dues aux modifications délibérées de la
politique budgétaire dans la période 1;
m ( e - d ) Yo: le taux marginal des impôts et des cotisations sociales
nettes des prestations sociales ( m ) en fonction de la
différence entre la croissance effective ( e ) et celle tendancielle ( d )
de la production.
Les résultats de la décomposition de la variation du solde financier
des administrations publiques, en France et aux Etats-Unis, sont
retracés dans le tableau n°9.
79
Tableau n°9 : Estimations et prévisions de l'O.C.D.E. concernant les variations conjoncturelles et
structurelles du solde financier des administrations publiques (en % du P.I.B.)
France Etats-Unis
Variation
Variation Variation de la Variation de la Variation Variation de la
Années de la
du solde composante composante du solde composante
composante
effectif conjoncturelle discrétionnaire effectif conjoncturelle
structurelle
1974 -0.3 -0.6 +0.3 -0.9 -1.8 +0.9
1975 -2.8 -1.7 -1.1 -3.9 -2.3 -1.6
1976 +1.7 +1.1 +0.6 +2.1 +0.8 +1.3
1977 -0.3 +0.1 -0.4 +1.2 +1.0 +0.2
1978 -1.1 -0.1 -1.0 +1.1 +0.8 +0.3
1979 +1.2 +0.2 +1.0 +0.4 +0.1 +0.3
1980 +0.9 -0.4 +1.3 -1.8 -1.3 -0.5
1981 -2.0 -1.0 -1.0 +0.3 -0.6 +0.9
1982 -0.7 -0.3 -0.4 -2.9 -1.6 -1.3
1983 -0.9 -0.5 -0.4 -0.3 -0.6 +0.3
1984 -0.1 -0.8 +0.7 +0.9 +1.4 -0.5
1985 +0.3 -0.3 +0.6 -0.7 +0.1 -0.8
1986 -0.1 0.0 -0.1 -0.7 +0.2 -0.4
1987 +0.4 0.0 +0.4 +1.1 +0.3 +0.8
1988 +0.1 +0.7 -0.6 +0.5 +0.7 -0.2
1989 +0.4 +0.7 -0.3 0.0 +0.1 -0.1
1990 -0.5 +0.2 -0.7 -0.7 -0.5 -0.2
1991 -0.8 -0.6 -0.2 -0.9 -0.6 -0.3
1992 -0.6 -0.3 -0.3 -1.3 -0.9 -0.4
1993 -0.2 -0.4 +0.2 +0.4 0.0 +0.4
1994 +0.1 +0.2 -0.1 +0.9 +0.3 +0.6
81
Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, no 93.
Note : Pour plus d'informations voir Sources et méthodes des Perspectives économiques de
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Australie 1,5 1,9 1,0 -1,2 -4,8 -4,9 -3,3 -3,0 -1,3 -0,1
Autriche -1,8 -2,3 -2,4 -2,6 -3,7 -3,6 -2,1 -1,9 -1,2 -0,4
Belgique -2,8 -0,4 -1,5 -2,4 -4,9 -3,8 -4,4 -3,7 -1,5 -1,0
Canada 1,0 1,0 0,6 -0,9 -3,9 -4,6 -3,8 -3,1 -2,6 -2,0
République
tchèque -3,3 -3,8 -3,0 -4,5 -5,5 -4,7 -3,2 -3,4 -1,4 -1,0
Danemark 4,0 3,0 2,2 1,1 -1,7 -0,7 -0,3 -2,1 0,5 0,2
Estonie 0,4 -0,3 -1,4 -4,7 1,9 3,1 2,0 0,3 1,0 1,0
Finlande 2,5 3,0 3,1 2,3 -0,9 -1,8 -1,0 -1,6 -1,1 -0,8
France -3,6 -3,5 -4,4 -4,7 -6,9 -6,1 -4,5 -3,7 -1,9 -1,0
Allemagne -2,1 -1,5 -0,6 -1,0 -1,6 -3,5 -1,1 -0,3 -0,3 -0,2
Grèce -6,6 -8,7 -10,5 -13,4 -17,6 -10,4 -6,1 -3,7 2,3 2,9
Hongrie -9,3 -11,8 -7,0 -5,3 -3,4 -3,1 4,7 -0,8 -1,5 -2,1
Islande 2,8 4,0 2,6 -17,0 -9,8 -7,4 -3,2 -1,6 1,2 1,6
Irlande -0,9 0,0 -3,4 -8,8 -11,5 -25,7 -9,4 -4,0 -3,9 -1,4
Italie -5,1 -4,6 -3,3 -3,8 -3,7 -2,6 -2,3 -0,6 0,3 0,8
Japon -4,8 -1,6 -3,0 -2,4 -7,4 -7,8 -8,2 -9,5 -10,3 -8,2
Corée 3,2 3,6 4,1 2,7 -0,5 1,6 2,2 2,8 2,4 3,1
Luxembourg -0,2 0,6 1,9 1,6 -0,3 -0,3 0,2 0,2 1,0 1,6
Pays-Bas 0,5 0,5 -0,9 -1,2 -5,9 -4,3 -3,9 -2,7 -1,3 -0,5
Nouvelle-
Zélande 3,9 4,8 3,6 0,4 -2,0 -6,6 -4,3 -3,2 -1,9 -0,9
Norvège1 -0,4 0,9 2,1 1,0 -0,7 0,0 0,4 0,4 0,3 0,4
Pologne -3,5 -3,5 -2,3 -4,2 -7,3 -8,0 -5,6 -4,2 -3,0 -2,0
Portugal -6,3 -4,6 -3,8 -4,0 -8,7 -8,9 -2,6 -3,3 -2,4 -1,6
Slovénie -1,5 -2,6 -3,0 -5,4 -5,7 -5,4 -5,9 -2,5 -5,0 -0,7
Espagne 0,3 1,0 0,1 -5,7 -9,7 -6,9 -6,4 -6,6 -2,4 -1,8
Suède 1,3 0,6 1,4 1,4 1,7 0,9 0,2 0,0 -0,2 0,3
Suisse -0,7 0,4 0,3 1,2 1,1 0,4 0,5 1,0 1,2 1,1
Royaume-Uni -3,9 -3,7 -4,5 -6,1 -9,8 -8,9 -7,1 -5,5 -5,9 -5,3
États-Unis -4,1 -3,3 -4,0 -6,9 -10,4 -9,8 -8,7 -7,4 -4,2 -4,3
Zone euro -2,6 -2,1 -2,2 -3,4 -5,3 -5,0 -3,3 -2,3 -1,0 -0,4
Total OCDE -3,1 -2,2 -2,6 -4,3 -7,3 -6,9 -5,8 -5,0 -3,4 -3,0
l’OCDE (http://www.oecd.org/eco/sources-and-methods).
82
Paragraphe II - Mesure, évolution et déterminants des déficits
budgétaires au Maroc
Bien qu'ils constituent une réalité apparente dans la gestion des
finances publiques actuelles1, les déficits budgétaires doivent être
interprétés avec prudence. En effet, la multiplicité des méthodes de
quantification du déficit budgétaire fait que chaque conception du solde
public a sa signification économique qui lui est propre.
De ce fait et afin de pouvoir bien apprécier les effets (économiques
et financiers) des soldes budgétaires, la présentation de la méthode
adoptée par le Maroc pour mesurer son déficit s'avère nécessaire.
Nous allons, dans un premier paragraphe, essayer de cerner la notion
de déficit budgétaire à travers la mise en évidence des différentes
définitions et méthodes d'évaluation retenues par le système budgétaire
au Maroc. Dans un deuxième paragraphe, nous tenterons de caractériser
les déficits budgétaires au Maroc à travers, d'une part, la présentation
de leur évolution sur la période (1970-2013) et, d'autre part, la mise en
évidence de leurs déterminants sur la base des résultats de quelques
études empiriques.
2
Au Maroc, les opérations financières de l'Etat (recettes et dépenses)
qui servent de base pour le calcul du solde (déficit) budgétaire sont
régies à la fois par le décret royal portant règlement général de
3
comptabilité publique et par le Dahir portant loi organique des
4
finances.
A cet effet, l'article 32 du projet de loi organique relative à la loi de
finances stipule que :
- "Les recettes sont prises en compte au titre du budget de l'année au
cours de laquelle elles sont encaissées par un comptable public."
2- La classification du F.M.I.
Dans cette classification, on fait ressortir trois indicateurs principaux
qui sont : le solde ordinaire, le solde global et le besoin de financement.
Cette classification est retracée dans le tableau n°12 suivant :
88
1
Trésor abstraction faite de l'allégement des intérêts qui est considéré
comme moyen de financement à l'instar du rééchelonnement de
l'amortissement ;
- les dépenses du capital ne comprennent pas les dépenses de la dette
extérieure militaire à savoir le remboursement du capital et les intérêts.
La non prise en considération de ces derniers dans les dépenses du
capital a pour conséquence la contraction du déficit global ;
- le besoin de financement est le solde définitif que le Trésor doit
effectivement financer. Il est égal au déficit global auquel on ajoute les
fonds réservés. Ces derniers, appelés aussi arriérés de paiement, sont
composés de sommes ordonnancées mais dont le règlement effectif est
reporté. Ainsi, le Trésor a la possibilité de réduire son déficit de caisse
en allongeant les délais de règlement des dépenses publiques. De ce fait,
une variation positive des arriérés, d'une fin d'année à une autre, signifie
un accroissement de l'endettement du Trésor envers ses créanciers (en
particulier les entreprises) et donc une diminution du déficit de caisse.
Par contre, une variation négative de ces arriérés est le signe d'un
désendettement net du Trésor et donc du creusement du déficit de
trésorerie. En définitive, le besoin de financement correspond à
l'excédent des dépenses effectivement réglées sur les ressources
effectivement encaissées.
A côté de ces deux méthodes de calcul du déficit budgétaire
découlant des deux précédentes classifications, les Statistiques du
Trésor recèlent une troisième, présentée dans un tableau relatif au
financement des opérations du Trésor et correspondant à la
classification économique des charges et des ressources du Trésor.
3- La classification économique
Dans les Statistiques du Trésor, le Ministère des Finances présente
séparément une classification économique des recettes et une autre des
dépenses. Reprise par le tableau retraçant le financement des opérations
du Trésor, cette classification permet de dégager le déficit global mais
d'un montant différent de celui des soldes découlant de la classification
budgétaire ou de la classification du F.M.I. (Tableau n° 13).
6- Voir 4
90
A travers la présentation des trois différentes nomenclatures des
charges et des ressources du Trésor contenues dans les Statistiques du
Trésor, nous avons vu que le déficit budgétaire porte sur des montants
différents alors qu'il s'agit de la même source. Cela signifie qu'il y a
"autant de définitions du déficit budgétaire que de types de
classifications des dépenses et/ou recettes publiques."1Ajoutons à cela
que les Statistiques du Trésor regroupent des tableaux relatifs à
l'exécution des opérations budgétaires mais dont les règles
d'élaborations ne sont pas précisées.
Pour élaborer son rapport annuel, qui contient, entre autres, un
tableau relatif aux opérations du Trésor et donc à la détermination du
déficit budgétaire, Bank Al-Maghrib se base sur les Statistiques du
Trésor mais sans pour autant les reproduire telles qu'elles sont
présentées. D'où une deuxième approche de mesure du déficit
budgétaire.
4- Les bulletins mensuels des finances publiques de la Trésorerie
Générale du Royaume et les statistiques des finances publiques du Site
du Ministère de l’Economie et des finances
Les bulletins mensuels de la Trésorerie Générale du Royaume et le
site du Ministère (rubrique « finances publiques ») font apparaître à la
fois les niveaux des soldes budgétaires et leurs modalités de
financement. En 2012 par exemple, la valeur du besoin de financement
affichée dans les bulletins mensuels de la Trésorerie Générale du
Royaume (-59 180 millions de dirhams) est différente par rapport à
celle inscrite sur le site internet du Ministère de l’Economie et des
Finances (-64 834 millions de dirhams), soit un écart de 5654 millions
de dirhams représentant 0,68% du PIB. Cette différence est due à
plusieurs facteurs dont notamment les valeurs prises par les masses
budgétaires et à la prise en compte des arriérés de paiement dans le
calcul du besoin de financement par les bulletins de la Trésorerie
Générale du Royaume. L’absence d’harmonie entre les deux sources se
répercute sur le poids du déficit budgétaire dans le PIB et donc sur son
interprétation. C’est ce que montrent les deux tableaux suivants :
92
En % du PIB 11,6% 10,5%
54 13
Dont Compensation
870 977
En % du PIB 6,6% 1,4%
-16 10
Solde ordinaire
740 212
Solde ordinaire / PIB -2,0% 1,0%
48 58
Dépenses d'investissement
515 544
En % du PIB 5,9% 6,0%
Solde des comptes spéciaux du
5 208 5 630
Trésor
-60 -42
Solde global
047 702
En % du PIB -7,3% -4,3%
Solde / PIB hors privatisation -7,6% -4,4%
-64 -49
Besoin de financement
834 575
Besoin de financement / PIB -7,8% -5,0%
La partie relative aux modalités de couverture du besoin de financement n’est pas reproduite.
Source : Statistiques des finances publiques,
http://www.finances.gov.ma/fr/Pages/Statistiques.aspx?Active=FP&m
1 Pour les années, 1972, 1973 et 1974, Bank Al-Maghrib prend également en
considération le solde des comptes spéciaux pour calculer le solde du budget général.
95
Tableau n°15 : Charges et ressources du Trésor : classification budgétaire (en
millions de dirhams)
Rubriques 1977 1978 1979 1980 1981 1982
I-Recettes ordinaires 10784 11693 13802 15193 17838 20480
II-Dépenses ordinaires 9502 11086 13000 16566 20499 21915
III-Solde du budget de fonctionnement +1282 +607 +802 -1373 -2661 -1435
III=I-II
IV-Dépenses d'investissement 10306 6629 9016 8565 9612 12481
V-Solde du budget général (V=III-IV) -9024 -6022 -8214 -9938 -12273 -13916
Tableau n°16 : Evolution des ressources et des charges du Trésor* (en millions de
dirhams)
Rubriques 1977 1978 1979 1980 1981 1982
I-Recettes ordinaires1 10 784 11693 17 838 20 480
13 802 15 193 21 830
II-Dépenses ordinaires 11 049 20 366
-Dette publique 9 4003 1 713
13 000 16 566
4 525 4 584
1 004 2 287 3 015 (3 095)
(dont intérêts) (1 047) (2 924)
-- (1 360) (1 765) 15 246
-Fonctionnement 8 94 13 739
7 697 10 102 12 124 2 000
-Subventions des prix 389 2 102
699 611 1 427 -1 350
III-Solde ordinaire (III=I-II) +664 -2 528
+1 384 +802 -1 373 --
IV-Fonds de concours des budgets annexes 122 134
220 165 144 12 481
V-Dépenses d'investissement 6629 9 612
10 306 9 016 8 565 -13 831
VI-Déficit budgétaire (VI=III+IV-V)2 -8 702
-5 863
-8 049 -9 794
-12 006
VII-Solde des budgets annexes -37
-- --
-133 +2404
-102 -861 -560
VIII-Solde des comptes spéciaux +853 +1 028 +1 043
+665 -97 -131
IX-Fonds réservés pour dépenses -25 +264 +261
+551
ordonnancées
X- Déficit de caisse ou de trésorerie -7 588 -7 221 -8 502
(X=VI+VII+VIII+IX ) -6 858 -12 830 -10 487
Source : Statistiques du Trésor, Ministère des Finances, op.cit. et Rapports de Bank Al-Maghrib5
Rubriques 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
I- Ressources ordinaires 95441 81434 109055 88343 98355 105157 118410 144 727 168 654
II- Dépenses ordinaires 77222 85622 91018 89913 96392 102886 125105 123919 133 869
- Intérêts de la dette publique 17586 18620 18754 17411 17351 17586 17441 18652 19 261
. Intérieure 11201 12317 12846 13174 14169 15059 15052 16 212 (16 552)
. Extérieure 6385 6303 5908 4237 3182 2527 2389 2440 (2 709)
- Fonctionnement 58446 59296 67372 70150 76145 79613 98519 92124 98 258
- SPC*** 1190 3706 4892 2352 2896 5687 9145 13143 16350
III-Solde ordinaire (III=I-II ) 18819 -188 +18037 -1570 +1963 +2271 -6695 - -
IV-Dépenses d'investissement 177666 17788 20396 19259 18635 19816 18557 + 20 808 + 34 785
V-Solde des comptes spéciaux du Trésor +2598 - 647 +2093 +2781 +1996 +2429 +4529 23 846 28 212
VI-Déficit budgétaire (VI=III-IV+V) +3051 - 20525 -10879 -18168 -14676 -15117 -20723 - 8 261 - 5 581
VII-Variation des arriérés -11626 12059 -7958 +886 -1258 +2087 -7805 - 11 299 + 992
VIII-Besoin de financement -8575 - 8466 -18837 -17282 -15934 -13030 -28528 - 699 443
(VIII=V+VI+VII) - 11 998 1 435
102
A cette structure changeante des dépenses publiques, correspond
aussi une notion de déficit budgétaire revêtant un caractère hétérogène.
Or, les résultats de l'analyse des effets du financement des déficits
budgétaires ne peuvent être acceptés que si ces derniers sont calculés,
au préalable, sur la base de rubriques plus ou moins homogènes et ce
durant toute la période d’étude (1970-1997). D'où la nécessité de
recalculer les déficits budgétaires sur des bases identiques, lesquels
déficits seront retenus dans notre analyse.
103
d'emprunt, c'est-à-dire des moyens de financement du déficit
budgétaire;
- la classification du F.M.I. ne défalque pas les gains de
rééchelonnement obtenus au titre des intérêts de la dette publique
extérieure ; l'allégement des intérêts de cette dette apparaît avec les
sources extérieures de financement du déficit budgétaire au même titre
que l'allégement relatif au capital. Cette méthode, dont l'avantage est
justement de faire ressortir le déficit réel du Trésor, permet ainsi de
combler l'insuffisance de l'approche de Bank Al-Maghrib, laquelle
approche écarte les gains de rééchelonnement (au titre des intérêts) du
calcul du déficit budgétaire ;
- la classification du F.M.I. permet de dégager le besoin de
financement du Trésor c'est-à-dire le déficit global augmenté de la
variation des arriérés (fonds réservés). Le besoin de financement est une
notion importante dans la mesure où elle désigne l'excédent des charges
réellement réglées sur les ressources effectivement encaissées. Et c'est
sur les effets de financement de celui-ci que sera centrée notre analyse
de l'effet d'éviction financier au Maroc.
Tout en partant des tableaux relatifs à "l'évolution des ressources et
des charges du Trésor "(Bank Al-Maghrib) et en se référant aux
"Statistiques du Trésor" (Ministère des Finances), les déficits
budgétaires qu'on retiendra dans notre analyse seront recalculés
sachant que d'une part, seuls les intérêts de la dette publique seront pris
en considération dans la rubrique "dépenses de la dette"1et, d'autre part,
la comptabilisation des intérêts sera faite abstraction des gains de
rééchelonnement (à partir de 1983).
Les déficits budgétaires (base paiement) calculés sur cette base
et concernant la période (1970-2015) sont présentés dans le tableau
n°22.
Etant donné que le calcul des déficits, qui apparaissent dans le
tableau ci-dessus, a nécessité des modifications dans les montants des
dépenses (surtout ordinaires) ayant un effet direct sur les sources de
financement des déficits, des corrections à apporter s'avèrent
indispensables. En effet, ces dernières consistent à :
Rubriques 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993* 1994 1995
I- Ressources ordinaires (A) 21094 23469 26746 29150 32747 41624 43825 47384 51524 59208 63953 65122 62716
II- Charges 30412 32552 37072 42485 41634 49706 55412 54910 59039 64535 69968 74299 79351
- Dépenses ordinaires (B) 22840 25289 28767 31139 31969 38024 41090 43010 48058 51999 54754 59793 62335
dont intérêts de la DP 4841 6341 8066 9132 9333 11307 12042 13200 13308 13527 14722 15817 16783
- Dépenses d'investissement 7572 7263 8305 11346 9665 11682 14322 11900 10981 12536 15214 14506 14934
III- Solde ordinaire (A)-(B) -1746 -1820 - 2021 - 1989 +778 +3600 +2735 +4374 +3466 +7209 +9199 +5329 +381
IV- Déficit budgétaire (I-II) -9 318 -9083 -10326 -13335 -8887 -8082 -11587 -7526 -7515 -5327 -6015 -9176 -14934
V -Variation des arriérés (ou fonds - 2282 -273 -779 +4555 -1051 -2220 +1982 -1473 -244 +151 -1411 -289 +5123
réservés) - - - - - - - -
Recouvrement des prêts 1
VI -Besoin de financement (IV-V) -11600 -9356 -11105 -8780 -9938 -10302 -9605 -8999 -7759 -5176 -7426 -9465 -9430
1 A partir de 1996.
105
Rubriques 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
I- Ressources ordinaires (A) 69699 76292 78084 95441 81434 109055 88343 98355 105157 118410 144.727 168.654 204.675
II- Charges 79351 80905 91260 94988 99410 111414 109172 115027 122702 143602 156.026 167.662 201.605
- Dépenses ordinaires (B) 69699 76292 78084 95441 81622 91018 89913 96392 102886 125105 123919 133.869 157.036
dont intérêts de la DP 17285 17176 17845 17586 18620 18754 17411 17351 17586 17441 18652 19.261 18.231
- Dépenses d'investissement 11231 11072 14670 17766 17788 20396 19259 18635 19816 18557 23846 28212 37740
III- Solde ordinaire (A)-(B) +1579 +6459 +1494 18819 -188 +18037 -1570 +1963 +2271 -6695 + 20808 + 34785 + 47639
Solde des comptes spéciaux du Trésor - - - +2598 - 647 +2093 +2781 +1996 +2429 +4529 - 8.261 - 5.581 -6829
IV- Déficit budgétaire (I-II) -9652 -4613 -13176 +3051 - 20525 -10879 -18168 -14676 -15117 -20723 - 11.299 + 992 +3.070
V -Variation des arriérés (ou fonds -595 -5061 7214 +11626 12059 -7958 +886 -1258 +2087 -7805 - 699 443 - 1.992
réservés)
Recouvrement des prêts1
VI -Besoin de financement (IV-V) -10247 -9674 -5962 -8575 - 8466 -18837 -17282 -15934 -13030 -28528 - 11.998 1.435 1.078
1 A partir de 1996.
106
En millions de dirhams 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Montants des gains de rééchelonnement (intérêts) à
ajouter aux recettes d'emprunt extérieur 1 292 1 899 508 1 417 2 142 2 129 1 113 0 0 713 0 0
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR et dans les Statistiques du Trésor
107
Tableau n°24 : Surestimation (+) ou sous-estimation (-) du déficit budgétaire base
paiement
Années En millions de dirhams En % du P.I.B. courant
1970 +111 +0.5
1971 +151 +0.7
1972 +157 +0.6
1973 +172 +0.6
1974 +206 +0.6
1975 +222 +0.6
1976 +240 +0.5
1977 +257 +0.5
1978 +666 +1.2
1979 +927 +1.4
1980 +1 132 +1.5
1981 +1 459 +1.8
1982 +1 235 +1.3
1983 -3 574 -1.9
1984 -1 899 -1.6
1985 -508 -0.3
1986 -1 417 -0.9
1987 -2 142 -1.3
1988 -2 129 -1.1
1989 -1 113 -0.5
1990 0 0
1991 0 0
1992 -713 -0.2
1993 0 0
1994 0 0
1995 0 0
1996 0 0
1997 0 0
Source : Tableau confectionné à partir de données puisées dans les Rapports de
Bank Al-Maghrib
La présentation des différentes approches de mesure du solde
budgétaire nous a permis de relever les particularités suivantes du
déficit budgétaire au Maroc : d'abord il ne concerne que le budget de
l'Etat, ensuite, il est calculé dans l'optique gestion, enfin, il porte sur des
montants différents que ce soit d'une source à l'autre ou à l'intérieure
d'une même source.
En effet, et en relation avec cette dernière particularité la variabilité
du contenu des dépenses (d'une période (année) à l'autre) entrant dans
le calcul du déficit budgétaire a conféré à ce dernier un caractère
hétérogène.
108
Pour cette raison (et pour les besoins de notre analyse) nous avons
été amenés à recalculer, pour la période 1970-1997, les déficits
budgétaires sur la base de rubriques homogènes, lesquels déficits seront
retenus pour l'analyse des effets de leurs modalités de financement (en
particulier l'effet d'éviction financier).
Après avoir apporté des précisions quant à la mesure du déficit
budgétaire, nous passons maintenant à l'analyse de son évolution et à
l'étude de ses déterminants.
109
- la mise en application au Maroc, pendant cette période, d'une
politique de stabilisation financière amorcée à partir de 1978 et
renforcée par une politique d'ajustement sectorielle en 1983, traduisant
l'intérêt dont les déficits budgétaires (devenus colossaux) ont fait l'objet
de la part des responsables économiques nationaux et des institutions
financières internationales.
L'évolution des déficits budgétaires au Maroc, pour la période 1970-
2015, est retracée dans le tableau ci-dessous.
110
Tableau n°25 : Evolution des déficits budgétaires (1970-2013) en millions de
dirhams et en % du P.I.B. courant
Années Besoin de P.I.B. Besoin Déficits budgétaires base Déficits budgétaires base Soldes Soldes
financement En de engagement/Ordonnancement engagement/Ordonnancement primaires primaires
En millions millions financement En millions de DH En % du PIB En Millions de En % du
de DH de DH En % du PIB DH PIB
1970 -618 19 431 -3,18 -600 -3,09 -387 -1,99
1971 -659 21 383 -3,08 -679 -3,18 -456 -2,13
1972 -935 22 689 -4,12 -935 -4,12 -670 -2,95
1973 -517 24 915 -2,08 -517 -2,08 -239 -0,96
1974 -1 357 33 602 -4,04 -1309 -3,90 -1024 -3,05
1975 -3 076 36 418 -8,45 -3188 -8,75 -2844 -7,81
1976 -7 345 41 012 -17,91 -7535 -18,37 -7042 -17,17
1977 -7 331 49 761 -14,73 -8445 -16,97 -7698 -15,47
1978 -6 192 55 154 -11,23 -5197 -9,42 -4150 -7,52
1979 -6 294 62 043 -10,14 -7122 -11,48 -5762 -9,29
1980 -7 370 74 090 -9,95 -8662 -11,69 -6779 -9,15
1981 -11371 79 034 -14,39 -10547 -13,34 -7481 -9,47
1982 -9 252 92 898 -9,96 -12595 -13,56 -9246 -9,95
1983 -11600 99 143 -11,70 -9 318 -9,40 -4 477 -4,52
1984 -9 356 112 345 -8,33 -9083 -8,08 -2 742 -2,44
1985 -11105 129 507 -8,57 -10326 -7,97 -2 260 -1,75
1986 -8 780 154 725 -5,67 -13335 -8,62 -4 203 -2,72
1987 -9 938 156 689 -6,34 -8887 -5,67 446 0,28
1988 -10 302 182 230 -5,65 -8082 -4,44 3 225 1,77
1989 -9 605 193 931 -4,95 -11587 -5,97 455 0,23
1990 -8999 212 855 -4,23 -7526 -3,54 5 674 2,67
1991 -7759 242 360 -3,20 -7515 -3,10 5 793 2,39
1992 -5176 242912 -2,13 -5327 -2,19 8 200 3,38
1993 -7 426 249223 -2,98 -6015 -2,41 8 707 3,49
1994 -9465 279323 -3,39 -9176 -3,29 6 641 2,38
1995 -9430 281702 -3,35 -14934 -5,30 1 849 0,66
1996 -10247 319635 -3,21 -9652 -3,02 7633 2,39
1997 -9674 319291 -3,03 -4613 -1,44 12563 3,93
1998 -5962 342558 -1,74 -13176 -3,85 4669 1,36
1999 -8575 343131 -2,50 3051 0,89 20637 6,01
2000 -8466 354208 -2,39 -20525 -5,79 -1905 -0,54
2001 -18837 383.185 -4,92 -10879 -2,84 1967 0,51
2002 -17282 397782 -4,34 -18168 -4,57 -757 -0,19
2003 -15934 419485 -3,80 -14676 -3,50 2675 0,64
2004 -13030 505015 -2,58 2087 0,41 21903 4,34
2005 -28528 527679 -5,41 -20723 -3,93 -3282 -0,62
2006 - 11998 577344 -2,08 -11299 -1,96 7353 1,27
2007 1435 616254 0,23 992 0,16 20253 3,29
2008 1078 688843 0,16 3070 0,45 21301 3,09
2009 - 17975 732449 -2,45 -15901 -2,17 1425 0,19
2010 - 28913 764031 -3,78 -35799 -4,69 -18225 -2,39
2011 -44067 820077 -5,37 -53918 -6,72 -35678 -4,45
2012 -59180 847881 -6,98 -56497 -6,82 -37272 -4,51
2013 -52039 897923 -5,80 -45689 -5,23 -23187 -2,66
2014 - 47781 923696 -5,17 -45690 -4,95 -20083 -2,22
2015 - 49618 982223 -5,05 -42745 -4,35 -35333 -3,70
111
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib, les statistiques du Trésor et les bulletins
des finances publiques de la Trésorerie Générale du Royaume.
Une analyse détaillée de ce tableau nous permet de dégager quatre
grandes sous-périodes dans cette évolution:
- la période antérieure à 1974 marquée par des déficits budgétaires
modérés représentant en moyenne 3.11% du P.I.B. avec des soldes
primaires négatifs représentant 2% en moyenne du PIB ;
- la période 1974-1982 au cours de laquelle on assiste à un
accroissement considérable des déficits budgétaires dont la part dans le
P.I.B. représente, en moyenne, 11.2%; Le déficit budgétaire base
engagement/ordonnancement, qui était de 3,11% en moyenne du PIB
durant la période précédente, passera à 11,94% en moyenne du PIB.
Quant au solde primaire, toujours négatif, il sera de 9,87% en moyenne
du PIB, soit plus de quatre fois leur niveau par rapport au PIB durant la
période précédente.
- la période 1983-2009 pendant laquelle on enregistre une tendance
à la baisse des déficits budgétaires dont la part dans le P.I.B. va s'établir
à 4,02% en moyenne avec deux excédents en 2007 jamais réalisés
durant toute la période. Quant aux déficits budgétaires base
engagement, leur niveau par rapport au PIB s’est établi à 3.74 % en
moyenne. Les soldes primaires qui enregistré des valeurs positives ont
été de 1,16% en moyenne du PIB ;
- la période 2010-2015 durant laquelle on remarque un retour à la
situation inquiétante des finances publiques similaire à celle des années
80 avec des déficits budgétaires dépassant en moyenne 5,4% du PIB et
des soldes primaires négatifs. La même tendance à été enregistrée aussi
bien pour les déficits budgétaires base engagement (qui vont représenter
7% en moyenne du PIB), que pour les soldes primaires (soit 4,63% en
moyenne du PIB).
112
Tableau n°26: Evolution des dépenses publiques (1970-1973) en millions de
dirhams et en % du P.I.B. courant
Années 1970 1971 1972 1973
Dépenses publiques en millions de dhs 4 057 4 230 4 539 4 833
Dépenses publiques en % du P.I.B. 20.8 19.7 20 19.3
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
L'analyse de la structure des dépenses publiques réalisées pendant
cette période (tableau n°27) nous révèle la prépondérance des dépenses
ordinaires.
Tableau n°27: Evolution de la structure des dépenses publiques (1970-1973)
Années 1970 1971 1972 1973
Dépenses ordinaires en % des dépenses totales 71.8 73.5 73.8 75.0
Dont: - dépenses de fonctionnement et de
subvention 66.5 68.2 68.0 69.3
- intérêts de la dette publique 5.3 5.3 5.8 5.7
Dépenses d'investissement en % des dépenses totales 28.2 26.5 26.2 25.0
Total 100.0 100.0 100.0 100.0
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
Le tableau ci-dessus laisse apparaître que les dépenses ordinaires ont
représenté en moyenne 73.5% des dépenses publiques totales entre
1970 et 1973 alors que celles affectées à l'investissement n'ont absorbé,
en moyenne, que 26.5% du total des dépenses publiques et ce pour la
même période.
Par ailleurs, la répartition des dépenses ordinaires montre clairement
la prédominance des dépenses de fonctionnement et de subvention (plus
de 68% des dépenses totales). Quant aux intérêts de la dette publique,
leur part dans les dépenses totales n'a pas dépassé 5.8%.
Parallèlement à l'évolution des dépenses publiques, celle des recettes
de l'Etat a elle aussi été modérée. En effet, la part des recettes publiques
dans le P.I.B. a été, en moyenne, de 16.8%.
D'un autre côté, et comme le montre le tableau ci-dessous, les
recettes publiques ont permis de couvrir une part importante des
dépenses publiques soit 85.6% en moyenne, et ce pour la période allant
de 1970 à 1973.
113
Tableau n°28: Evolution des dépenses publiques en % des recettes publiques
(1970-1973)
Années 1970 1971 1972 1973
Recettes publiques en millions de dhs (1) 3 457 3 551 3 604 4 361
Dépenses publiques en millions de dhs ( 2 ) 4 057 4 230 4 539 4 833
( 1 ) / ( 2 ) en % 85.2 83.9 79.4 89.3
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib
La chute de la part des dépenses publiques couvertes par les recettes
publiques (1971 et 1972) est due conjointement à la hausse des
dépenses publiques et à la baisse des recettes publiques.
Il ressort de l'évolution qu'on vient de retracer, aussi bien des
dépenses que des recettes publiques, que les déficits budgétaires, pour
cette période, ne peuvent être que modérés.
En effet, les besoins de financement, qui n'ont guère atteint le seuil
d'un milliard de dirhams, ont représenté, en moyenne, 3.0% du P.I.B.,
soit 15.4%, en moyenne, des dépenses publiques totales (tableau n° 26).
Tableau n°29: Evolution des déficits budgétaires en % des dépenses publiques
totales (1970-1973)
Années 1970 1971 1972 1973
Déficit budgétaire en % des dépenses totales 15.2 15.5 20.5 10.6
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
Donc, force est de constater que la politique budgétaire mise en
œuvre par l'Etat pendant cette période (1970-1973) était prudente. En
effet, la préoccupation majeure des responsables, durant cette période
était de limiter l'accroissement des dépenses publiques et partant le
niveau des déficits budgétaires.
A cette période marquée par des déficits budgétaires modérés va
succéder une autre où ces derniers vont atteindre leur paroxysme.
114
(couvrant le plan quinquennal 1973-1977,1 le plan triennal 1978-1980
ainsi que le début du plan quinquennal 1981-1985) a été caractérisée
par une expansion considérable des dépenses publiques. Ces dernières
ont en effet représenté, en moyenne, 33.8% du P.I.B. contre 19.6% la
période précédente.
Tableau n°30: Evolution des dépenses publiques (1974-1982) en millions de
dirhams et en % du P.I.B. courant
Années 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Dépenses publiques
(en millions de dhs) 8 700 11799 16033 19449 17012 21089 23999 28519 33076
Dépenses publiques
(en % du P.I.B.) 25.8 32.3 39.0 39.0 30.8 33.9 32.3 36.0 35.6
1Le projet du plan quinquennal 1973-1977 n'a été adopté qu'en juin 1973; donc, la
mise en exécution dudit plan a accusé six mois de retard.
2N.Belhafda, Dépenses publiques et développement, cas du Maroc, Thèse, Paris
X, 1980, p.9.
3L'importance du surplus financier escompté, en raison du relèvement du prix des
phosphates, va entraîner un gonflement des dépenses de l'Etat. C'est que 1974 a été
considérée comme "l'an I du décollage et que les phosphates constituent la base de ce
décollage"
4En effet, la politique de redressement des finances publiques entamée en 1978,
sera poursuivie en 1979 et 1980.
115
Afin de mettre en relief cette double évolution, nous proposons les
tableaux suivants (n° 31 et n°32):
Tableau n°31: Taux moyens de croissance des dépenses publiques pour les périodes
(1974-1977) et (1978-1982)
Périodes 1974-1977 1978-1982
Dépenses ordinaires 12.2 18.6
Dépenses d'investissement 66.4 17.1
Dépenses publiques totales 30.7 18.0
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
Tableau n°32 : Evolution de la structure des dépenses publiques en %
(1974-1982)
Années 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Dépenses ordinaires 74.3 62.3 49.3 47.0 61.0 57.2 64.3 66.3 62.3
dont: - Dépenses de fonctionnement
et de subvention 71.0 59.3 46.3 43.1 54.9 50.0 56.5 55.6 52.1
- Intérêts de la dette publique 3.3 3.0 3.0 3.9 6.1 6.4 7.8 10.7 10.2
Dépenses d'investissement 25.7 37.7 50.7 53.0 39.0 42.8 35.7 33.7 37.7
Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0
1Plusieurs
facteurs sont à l'origine de ces difficultés dont notamment la baisse des
cours des phosphates. Voir à ce propos :
- H.El Malki, Trente ans d'économie marocaine 1960-1990, C.N.R.S., Paris,
1989.
- F.Oualalou, Propos d'économie marocaine, Rabat, S.M.E.R.,1980.
116
charges de l'Etat. C'est ainsi que le taux de croissance annuel moyen des
dépenses publiques va chuter à 18.0% pour la période 1978-1982.
Cette évolution à la baisse des dépenses publiques est principalement
due à la contraction des dépenses d'équipement dont le taux de
croissance annuel moyen est passé à 17.1% puis à -11.2 respectivement
pour les périodes (1978-1982) et (1981-1983).
Parallèlement à l'évolution des dépenses de l'Etat, les recettes
publiques ont enregistré une tendance à la baisse et ce relativement aux
dépenses publiques. En effet, elles n'ont pu couvrir, en moyenne, que
65.6% de ces dépenses au cours de la période (1970-1973).
Tableau n°33: évolution de la part en % des dépenses publiques couvertes par les recettes
publiques (1974-1982)
Années 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Recettes publiques 7 391 8 611 8 498 11 004 11 815 13 967 15 337 17 972 20 480
(en millions de dhs) (1)
Dépenses publiques 8 700 11 799 16 033 19 449 17 012 21 089 23 999 28 519 33 076
(en millions de dhs) (2)
(1)/ (2) en % 84.9 72.9 53.0 56.5 69.4 66.2 63.9 63.0 61.9
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib
Si l'évolution de la part des dépenses couverte par les recettes
publiques est à la baisse entre 1974 et 1977, la tendance sera à la hausse
et ce à partir de 1978, tendance qui se poursuivra jusqu'à 1997. Cela
s'explique par "les efforts importants déployés pour aménager les
recettes du budget, en même temps une action vigoureuse est entreprise
pour limiter les dépenses publiques à un niveau compatible avec les
1
potentialités de financement".
L'accroissement considérable des dépenses publiques, lié à la baisse
2
relative des recettes de l'Etat, a entraîné la constitution de déficits
3
budgétaires importants dépassant 11 milliards de dirhams en 1981.
Représentant 11.15% en moyenne du P.I.B. pour la période 1974-1982,
ces déficits budgétaires, rapportés au total des charges de l'Etat, ont
évolué comme suit :
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
TIC sur produits énergétiques
9618 8795 9239 9308 9445 8509 9002 9202 10159 10639 11708
en millions de DH (1)
Recettes fiscales en millions
75756 75031 77246 80481 83416 88730 100603 113579 135204 167276 167376
de DH (2)
(1)/ (2) en % 12,70 11,72 11,96 11,57 11,32 9,59 8,95 8,10 7,51 6,36 7,00
Années 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Dépenses publiques
64535 69968 74299 77269 79351 80905 91260 94988 99410
(en millions de dhs)
Dépenses publiques
26,6 28,1 26,6 27,4 24,8 25,3 26,6 27,7 28,1
(en % P.I.B.)
Années 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Dépenses publiques
111414 109172 115027 122702 143602 156.026 167.662 201.605 215476
(en millions de dhs)
Dépenses publiques
29,1 27,4 27,4 24,3 27,2 27,0 27,2 29,3 29,42
(en % P.I.B.)
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
120
Le net ralentissement de l'accroissement des dépenses publiques,
résultat de l'ajustement budgétaire, dissimule une évolution contrastée
des différentes composantes de ces dépenses. En effet, la structure des
charges budgétaires a évolué comme suit :
Années 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Dépenses ordinaires 80,6 78,3 80.5 80.7 85.8 86.3 83.9 81.3 82.1
dont:
-Intérêts de la dette publique 21.0 21.0 21.3 21.7 21.8 21.2 19.6 18.5 18.7
-Dépenses de fonctionnement 57.2 54.5 54.9 55.4 58.7 61.8 59.8 61.5 59.6
-Subventions des prix 2.4 2.7 4.3 3.6 5.4 3.3 4.6 1.3 3.7
Dépenses d'investissement 19.4 21.7 19.5 19.3 14.2 13.7 16.1 18.7 17.9
Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0
Années 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Dépenses ordinaires 81,7 82,4 83,8 83,9 87,1 83.9 82.6 80.6 78,6
dont:
-Intérêts de la dette publique16.8 15.9 15.1 14.3 12.1 12.6 11.9 9.4 8,0
-Dépenses de fonctionnement 60.5 64.3 66.2 64.9 68.6 62.3 60.6 55.1 56,7
-Subventions des prix 4.4 2 .2 2.5 4.6 6.4 8.9 10.1 16.1 6,2
Dépenses d'investissement 18.3 17.6 16.2 16.1 12.9 16.1 17.4 19.4 21,4
Total 100. 100. 100. 100. 100. 100. 100. 100. 100.
0 0 0 0 0 0 0 0 0
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances publiques
de la TGR
L'analyse des données du tableau n°36 nous amène à émettre les
remarques suivantes:
-la prépondérance des dépenses ordinaires qui ont représenté en,
moyenne, 80.5% des dépenses totales pour la période (1983-2009).
C'est que "l'action gouvernementale quelque puisse être ses motivations
121
fondamentales et ses inspirations - bute inévitablement sur le mur des
1
charges courantes";
-la préoccupation majeure de phase d'ajustement (1983-1992) a été
surtout le remboursement de la dette. C'est ainsi que les décaissements
au titre des intérêts de la dette publique ont représenté en moyenne
21.3% des dépenses totales pour cette période ; Les intérêts de la dette
publiques ne seront plus que de 16,5% des charges du Trésor durant le
reste de la période (1993-2009).
-l'incompressibilité des dépenses de fonctionnement malgré le
2
ralentissement de leur rythme d'accroissement. En effet, la rigueur
budgétaire n'a pas empêché ces dépenses, qui ont représenté en
moyenne 57.3% des dépenses totales entre 1983 et 2009, de dépasser la
barre des 120 milliards de dirhams en 2009.
-le poids de l'ajustement budgétaire a été, en grande partie, supporté
3
par les dépenses de subvention ainsi que les dépenses d'équipement.
En effet, la part des dépenses de subvention des prix à la consommation
qui était de 18.1% des dépenses totales en 1974 (soit 7.3% en moyenne
pour la période (1974-1982)) est passée à 3.3% des dépenses totales en
4
1995 (soit 4.5%, en moyenne, pour la période (1983-2004)). Quant aux
dépenses d'investissement, leur chute a été tellement forte et brutale en
1983 qu'elles ne vont retrouver leur niveau ancien qu'à partir de 1989.
Notons que cette baisse a touché essentiellement les secteurs sociaux
qui n'ont bénéficié que de résidus. Ce n'est qu'à partir de 1992 que l'on
va assister à une volonté de réorienter l'investissement public vers les
secteurs sociaux, en particulier l'éducation et la santé, dont "les crédits
de paiement ont absorbé près des deux tiers de l'accroissement du
Années 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Recettes publiques
59208 63953 65122 62716 69699 76292 78084 95441 81434
(en millions de dhs) (1)
Dépenses publiques
64535 69968 74299 79351 79351 80905 91260 94988 99410
(en millions de dhs) (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % 91,7 91,4 87,6 79,0 87,8 94,3 85,6 100,5 81,9
Années 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Recettes publiques
109055 88343 98355 105157 118410 144727 168654 204675 189119
(en millions de dhs) (1)
Dépenses publiques
111414 109172 115027 122702 143602 156.026 167662 201605 215476
(en millions de dhs) (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % 97,9 80,9 85,5 85,7 82,5 92,8 100,6 101,5 87,76
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Déficits budgétaires en % des
-8,5 -16,9 -15,8 -13,9 -10,6 -19,9 -8,1 0,9 0,6 -8,3
dépenses publiques totales
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
Le tableau ci-dessus laisse apparaître une tendance à la baisse,
puisque de 38.1% des dépenses publiques en 1983, le déficit budgétaire
ne représente que 8.1% de ces charges en 2006, soit 14.8%, en
moyenne, pour toute la période. Les excédents budgétaires réalisés en
2007 et 2008 ont représenté respectivement 0.9% et 0.5% des dépenses
publiques.
L'évolution des déficits budgétaires que l'on vient de retracer nous a
permis d'en relever les grandes étapes. Ainsi, après avoir atteint des
niveaux élevés (1974-1982), les déficits budgétaires ont nécessité, de la
part des pouvoirs publics, la mise en œuvre d'un certain nombre de
mesures consistant, en gros, à assurer une adéquation des charges aux
ressources budgétaires. C'est que l'impératif d'assainissement des
finances publiques s'est imposé avec acuité conduisant les responsables
au niveau de l'Etat à négocier, avec les institutions financières
internationales, et à mettre en application un programme d'ajustement
structurel. Le mérite de ce dernier est double :
-il marque, d'une part, la prise de conscience, de la part des pouvoirs
publics, de la nécessité de contenir l'accroissement des dépenses
publiques en les adaptant aux moyens financiers disponibles ;
-il a, d'autre part, permis d'atténuer l'ampleur des déficits
budgétaires.
126
4-La période 2010-2015 : le retour à des déficits budgétaires
inquiétants
Cette période s’ouvre sur une aggravation inquiétante des déficits
budgétaires, rappelant la situation des finances publiques durant les
années 1980. Un des points de ressemblance avec les années 1980 est
le taux de couverture des dépenses ordinaires par les ressources
ordinaires : en 1983 ce taux était de 92,4% pour se situer à 88,9% en
2014, soit le taux le plus faible depuis 19701.
Après plusieurs années caractérisées par des déficits publics modérés
et une tendance à la baisse du ratio de la dette, les finances publiques
vont connaître depuis 2010 une évolution défavorable. C’est que la
conjoncture internationale marquée par les effets adverses, notamment
le niveau bas voire négatif de la croissance des pays partenaires et le
renchérissement des matières premières, s’est soldée par un
accroissement rapide des dépenses publiques. L’augmentation
constatée des dépenses publiques à un rythme plus rapide que celui des
recettes, a été le résultat d’une hausse sans précédent des dépenses de
compensation.
Suite à un important redressement du déficit budgétaire en 2013, son
atténuation même légère en 2014 procède essentiellement des
importantes entrées de dons du Conseil de Coopération du Golfe qui
ont représenté 1,4% environ du PIB2.
En vue d’expliquer la recrudescence des déficits publics, nous allons
analyser dans un premier temps la structure des dépenses publiques
avant d’étudier l’évolution des ressources publiques.
1Ce résultat a été calculé sur la base des statistiques fournies par la Trésorerie
Générale du Royaume. Voir dans le même sens : N.Bensouda, « Quel pilotage des
réformes en finances publiques au Maroc et en France ? », Colloque International sur
les Finances Publiques, Rabat, le 13 septembre 2013, p.4
2 Voir à ce sujet le Rapport annuel de Bank Al-Maghrib, Exercice 2014, p.283.
127
Tableau n°40: Evolution de la structure des dépenses publiques en % (2010-
2015)
2010 2011 2012 2013 2014 2015
Dépenses ordinaires 79,4 81,2 81,21 82,82 81,02 79,25
dont:
7,7 6,9 6,64 8,02 8,66 9,67
-Intérêts de la dette publique
-Dépenses de fonctionnement 51,3 47,9 48,95 51,91 53,23 56,61
-Subventions des prix 11,9 18,4 19,33 14,83 11,41 04,95
Transferts aux collectivités
8,6 8,1 7,75 8,05 7,70 8 ,00
locales
Dépenses d'investissement 20,6 18,8 18,79 17,18 18,98 20,75
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR
Les données du tableau ci-dessus montrent une modification de la
structure des dépenses publiques. Les dépenses ordinaires ont
représenté en moyenne 89.95% des charges du trésor durant la période
2010-2015, soit une part légèrement inférieure à celle de la période
précédente. Les dépenses d’investissement ont fait l’objet de coupes
sombres suite à l’aggravation des déficits budgétaires puisque leur part
est passée de 20,6% en 2010 pour se situer à moins de 17,2% des
charges totales en 2013. Par contre, les dépenses de subvention ont
enregistré une augmentation considérable dépassant 19% des dépenses
publiques totales en 2012, soit un chiffre jamais atteint jusque-là1. Ces
dépenses ont été le facteur déterminant de l’aggravation des déficits
publics avant 2015 comme le montre le tableau suivant :
Tableau n°41 : Parts des dépenses de compensation dans les déficits budgétaires et dans le
PIB (2010-2015) En millions de dirhams et en %
Années 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Subventions des prix (1) 27 195 48 830 55956 41600 32648 13977
Déficits budgétaires (2) 28913 44067 59180 52039 47781 49618
(1)/ (2) en % 94,06 110,81 94,55 79,94 68,33 28,17
PIB (3) 764031 820077 847881 897923 923696 982223
(1)/ (3) en % 3,56 5,95 6,60 4,63 3,53 1,42
Charges du Trésor (4) 228609 265633 266995 280475 286030 282091
(1)/ (4) en % 11,90 18,38 20,96 14,83 11,41 4,95
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et les Rapports sur la compensation
1Les difficultés économiques des années 30 ont révélé que les automatismes du
marché étaient incapables de rétablir l'équilibre. De ce fait, et sous l'impulsion des
idées keynésiennes, l'Etat va joindre à son rôle de gendarme, celui de direction et
d'orientation de l'activité économique.
2L'Etat dans ces pays devait, au lendemain de leur indépendance, relayer
l'administration coloniale (surtout que le secteur privé est faible) et prend en charge,
à côté des dépenses de souveraineté et de maintien de l'ordre, celles relatives à
l'éducation, la santé,...
3-T.K.Morrisson, "Strctural determin of government budgets deficits in
developing countries», World development, Vol. 10, n°6, déc.1982.
-V.Tanzi, "Fiscal desequilibrium in developing countries, World development,
Vol.10, n°10, déc. 1982.
Pour les deux auteurs, les facteurs déterminants des déficits budgétaires sont à la
fois conjoncturels et structurels," dont les effets sont incontournables ". Il s'agit, entre
autres, du faible niveau de développement économique, de l'instabilité des revenus
publics, du boom des exportations, de la rigidité du système fiscal, de la détérioration
des termes de l'échange, etc.
Voir à ce sujet:
- M.Boussetta, Financement public et soldes budgétaires, op.cit.
- H.Méziane, Analyse des dépenses publiques. Une étude des relations Etat-
économie au Maroc (1956-1986), Thèse, Rabat, 1989.
- Bulletin du F.M.I., "Comment améliorer la gestion des dépenses publiques",
Vol.22, n°8, 26 avril 1993, cité in Vues Economiques, n°4, 1993, p.112.
130
Au Maroc, les déficits budgétaires semblent, en gros, être déterminés
par les mêmes facteurs dégagés par Morrisson et Tanzi.1 C'est ainsi que
pour K. Amara "le gonflement inconsidéré des dépenses publiques, la
qualité médiocre de leur gestion tout comme le gâchis fiscal avaient
2
finalement conduit à la constitution de déficits budgétaires colossaux."
Cette aggravation des déficits budgétaires finit, selon l'auteur, par
déstabiliser l'économie surtout qu'elle a commencé au cours des années
70.
En général, l'augmentation des déficits budgétaires (en particulier à
partir de 1976)3 a été la résultante à la fois du gonflement inconsidéré
des dépenses publiques et de la faible élasticité des recettes fiscales par
rapport à l'activité économique.
3Année pendant laquelle le prix des phosphates va accuser une baisse importante.
Voir à ce sujet: H.El Malki, Trente ans d'économie marocaine, op.cit., p.98.
4En particulier les travaux de A.Wagner fondés essentiellement sur les faits
économiques. Ces travaux seront complétés par d'autres qui vont intégrer dans leurs
explications des "facteurs politiques et sociaux et les changements de la communauté
face à la charge fiscale". Voir à ce propos:
- P.Rosanvallon, La crise de l'Etat-providence, Seuil, 1981.
- T.E.Borcherding, The source of growth of public expenditure in the United
States, 1902-1970?, T.E.Borcherding (editor ), Budgets and Bureaucrats, Duke
131
Cependant, peut-on se référer à ces analyses pour rendre compte de
l'évolution des dépenses publiques au Maroc ?
L'accroissement des dépenses publiques au Maroc ne peut être
expliqué par la loi de Wagner. En effet, celle-ci n'est valable que dans
un contexte d'industrialisation, ce qui réduit sa portée dans des "phases
de développement préindustriel ou postindustriel." D'un autre côté, la
croissance des dépenses publiques au Maroc n'est pas le fait d'une
industrialisation qui a débouché sur une amélioration du niveau de vie
exigeant une augmentation des services publics.
L'effet de déplacement est, à son tour, insuffisant pour expliquer
cette évolution. En effet, Peacock et Wiseman ont lié l'accroissement
des dépenses publiques à une conjoncture de crise nationale majeure "
Vécue par des économies développées où des structures économiques
intégrées prévalent et où la majorité des besoins économiques et des
activités productives sont satisfaites par l'initiative et l'entreprise
1
privées." Autrement dit, l'évolution des dépenses publiques qui dépend
de la conjoncture est l'élément central de l'approche.
Or, au niveau des pays sous-développés en général et du Maroc en
particulier, l'accroissement des dépenses publiques, depuis la
réalisation de l'indépendance politique, est lié à un ensemble de facteurs
structurels et non seulement conjoncturels : la faiblesse de l'épargne, la
défaillance du secteur et de la bourgeoisie privés "attirés davantage par
1Ibid p.126. Voir également à ce sujet: H.El Malki, Trente ans d'économie
marocaine, op.cit.
2L.Sbai El Idrissi, Déficit budgétaire et circuits de financement, Annales
Marocaines d'Economie, n°7, Hiver 1993, p.69.
3 Selon une étude effectuée par la DEPF, une baisse de la masse salariale de 1
point du PIB à fiscalité inchangée se traduirait ipso facto par une baisse des revenus
des ménages. A court terme (les deux premières années), cette baisse, entraînant une
diminution de la consommation, va faire perdre à l’économie nationale 2% de
croissance économique. Voir à ce sujet : DEPF, La masse salariale et ses impacts sur
les équilibres économiques et financiers, Document de travail n°84, janvier 2003, p.8
133
Tableau n°43 : Evolution de l’effectif du personnel de l’Etat et de la masse
salariale
1976 1977 1979 2003 2004 2005 2006 2007
Effectif du personnel de l’Etat 60000 360000 420000 836395 841971 846260 819593 823031
Taux de croissance de l’effectif du personnel de l’Etat en - 500 16,67 99,14 0,67 0,51 -3,15 0,42
%
Masse salariale en millions de DH - - - 50837 56641 62085 62931 66721
Taux de croissance de la masse salariale - - - - 11,42 9,61 1,36 6,02
Masse salariale en % du PIB - - - 11,3 11,2 11,8 10,9 10,3
Masse salariale en % des dépenses du Budget Général de - - - 38,6% 39,9% 38,8% 37,7% 34,29%
l’Etat
Masse salariale en % des dépenses de fonctionnement - - - 68,8% 69,9% 61,1% 62,2% 60,9%
celui du Maroc mais sachant que ce pays compte 44 fonctionnaires pour 1000
habitants alors que pour le Maroc, on recense 27 fonctionnaires pour 1000 habitants.
1 N.Bensouda, La réforme de la loi organique des finances : vers un nouveau
modèle de gestion des finances publiques, Association des Membres de l’Inspection
Générale des Finances, Rabat, 2 mai 2012, p.9.
2 Les charges communes, dont l’ordonnateur est le ministère de l’économie et des
finances comprennent aussi les subventions aux divers établissements et entreprises
publics, les cotisations de l’Etat aux régimes de retraite et de prévoyance sociale et les
versements à certains comptes spéciaux du Trésor.
3 N.Bensouda, Soutenabilité des finances publiques : quelle stratégie ? Colloque
International sur les Finances Publiques sous le thème : « La nouvelle gouvernance
des Finances Publiques au Maroc et en France : quelles perspectives ? Table ronde :
Quelle mobilisation des ressources financières publiques ?, op.cit., p.2. Voie
également : A. EL HIRI, Gouvernance des finances publiques, réformes budgétaires
et performances macroéconomiques. Cas du Maroc, Universite de Tlemcen, Faculté
des Sciences Economiques, Commerciales et de Gestion, Laboratoire de Recherche
en Management des Hommes et des Organisations (L.A.R.M.H.O) et Laboratoire de
135
Tableau n°44: Evolution des dépenses de subvention (1980-2015)
Années 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
Dépenses de subvention
1 427 2 102 2 000 1632 2 155 2 693 1533 632 1277 1696
(en millions de dhs)
Dépenses de subvention
1,93 2,66 2,15 1,6 1,9 2,1 1,0 0,4 0,7 0,9
En % du PIB
Dépenses de subvention
5,95 7,37 6,05 5,4 6,6 7,3 3,6 1,5 2,6 3,1
En % des dépenses totales
Dépenses de subvention
19,36 18,49 21,62 -14,1 -23,0 -24,3 -17,5 -6,4 -12,4 -17,7
En % des déficits budgétaires
Années 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Dépenses de subvention
1021 1192 1580 1918 3195 2745 4256 2636 4203 1190 3706
(en millions de dhs)
Dépenses de subvention
0,5 0,5 0,7 0,8 1,1 1,0 1,3 0,8 1,2 0,3 1,0
(en % P.I.B.)
Dépenses de subvention
1,9 2,0 2,4 2,7 4,3 3,6 5,4 3,3 4,6 1,3 3,7
En % des dépenses totales
Dépenses de subvention
-11,3 -15,4 -30,5 -25,8 -33,8 -29,1 -41,5 -27,2 -70,5 -13,9 -43,8
En % des déficits budgétaires
Années 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Dépenses de subvention
4892 2352 2896 5687 9145 13143 16350 31450
(en millions de dhs)
Dépenses de subvention
1,3 0,6 0,7 1,1 1,7 2,3 2,7 4,6
(en % P.I.B.)
Dépenses de subvention
4,4 2,2 2,5 4,6 6,4 8,9 10,1 16,1
(en % des dépenses totales)
Dépenses de subvention
26,0 13,6 18,2 43,6 32,1 109,5 - -
(en % des déficits budgétaires)
1 Notons que la plus grande part des dépenses de compensation durant la période
2002-2011 a été allouée aux hydrocarbures qui ont absorbé 84% du montant total des
subventions. Voir à ce sujet :
- Ministère de l’Economie et des Finances, Rapport sur la compensation, 2013
- Conseil de la concurrence, Etude sur les produits Subventionnes dans le cadre
du système de compensation, juin 2012.
2 Royaume du Maroc, Chef du Gouvernement, L’indexation pour faire face aux
effets négatifs de la volatilité des prix des produits pétroliers, dossier argumentaire,
septembre 2013, p.4.
3 Ibid, p.5.
137
publics à procéder d’urgence à la réforme de la caisse de compensation.
Celle-ci, qui est perçue comme étant un processus qui s’inscrit dans le
long terme, regroupe une batterie de mesures ayant pour objectif central
la réduction de la charge de compensation mais aussi le soutien du
pouvoir d’achat des revenus et le renforcement de la compétitivité du
tissu productif marocain. L’un des aspects de cette réforme a été
l’application de l’indexation partielle concernant trois produits
pétroliers (le supercarburant, le gasoil et le fuel industriel).
La réforme du système de compensation est passée par plusieurs
étapes :
-le système d’indexation partielle en 20131 : il a été appliqué à partir
du 16 septembre 2013 pour le supercarburant, le gasoil et le fuel N2 à
usage industriel. Ce système a consisté à définir, dans le cadre de la loi
de finances, les niveaux de subventions fixés pour les trois produits en
question, et à répercuter les variations des cours (enregistrées au niveau
du marché international) sur les prix de vente2.
-le système d’indexation en 2014 : le gouvernement a décidé
d’indexer totalement le supercarburant et le fuel N2 à usage industriel
à partir du premier février 2014. Les prix de ces deux produits font
désormais l’objet d’une révision le premier et le 16 de chaque mois en
relation avec les cotations sur le marché international. Quant au Gasoil,
et au cours de 2014, la subvention lui afférente va connaître un
démantèlement progressif de sa subvention3. Son prix de vente du était
révisé le 16 de chaque mois « sur la base des cotations bimensuelles
2 Pour l’année 2013, les subventions unitaires arrêtées étaient fixés à 2,6 DH/L
pour le gasoil, 0,8 DH/L pour le supercarburant, et 930 DH/T pour le fuel N2. Les
prix des trois produits faisaient l’objet d’une révision le 16 de chaque mois, sur la base
des moyennes des cotations bimensuelles de ces produits et du taux de change du
dollar allant du 13 du mois M-2 au 12 du mois M, conformément à l’arrêté n° 3-69-
13. La révision de prix n’était possible que lorsque l’effet sur le prix dépasse le seuil
de signification de +/- 2,5%. Pour plus de détail voir : ALMALIYA, La
compensation : la réforme engagée, n°57, mai 2015.
3 Les montants des subventions ont été fixés comme suit : 2,6 Dh/L le premier
janvier, 2,15 Dh/L le 16 janvier, 1,70 Dh/L le 16 avril, 1,25 Dh/L le 16 juillet et 0,80
Dh/L le 16 Octobre. Voir à ce sujet l’arrêté conjoint n°31-14 des Ministres chargés
des Finances, de l’Energie et des Affaires Générales.
138
précédant la révision et tenant compte du niveau de subvention indiqué
ci-dessus. A préciser que la révision du prix est opérée tant que l’impact
sur le prix en vigueur dépasse +/- 2,5% »1. Il faut préciser à ce sujet que
le fuel N2 et le fuel spécial utilisés dans la production de l’électricité
ont été concernés par la système d’indexation à partir du premier juin
201 et qu’un transfert forfaitaire direct à l’ONEE a supplanté la
subvention accordée à ces deux produits.
-le système d’indexation en 2015 : les pouvoirs publics ont procédé
à la décompensation du prix du gasoil à partir du premier janvier 2015
et à l’homologation des prix des produits pétroliers liquides dans le
cadre d’un accord avec le secteur des produits pétroliers couvrant la
période s’étalant entre le premier janvier et le 30 novembre 2015. Au
total, la subvention restera limitée à trois produits à savoir le gaz butane,
le sucre et la farine nationale du blé tendre avec un appui forfaitaire
accordé à l’ONEE et des mesures de soutien au secteur de transport.
A partir du premier décembre 2015, les pouvoirs publics au Maroc
vont procéder à la libéralisation totale des prix des produits pétroliers à
la pompe. Cette libéralisation s’est réalisée à un moment où les cours
de pétrole sur le marché mondial ont enregistré un repli, avantageux
pour les consommateurs et les producteurs.
L’évolution du système d’indexation des carburants est retracée dans
le schéma suivant :
139
Signalons que la charge globale de compensation afférente aux
produits pétroliers liquides et au gaz butane est passée d’un milliard de
dirhams environ en 2003 à plus de 48 milliards de dirhams en 2012, soit
84% du montant total des subventions pour la période 2002-2011.
En septembre 2013, le HCP avait estimé que cette mesure
d’indexation, ceteris paribus, ne sera pas sans effets sur l’économie
marocaine. Le Haut-commissariat au Plan avait souligné dans une étude
que « la réduction de la compensation des prix des produits pétroliers
améliorerait le solde budgétaire de l’Etat et se traduirait, à l’exclusion
de toutes éventuelles mesures d’accompagnement, par une hausse des
prix intérieurs, une baisse de la demande intérieure, et par conséquent
une baisse du produit intérieur brut1.»
Les impacts de la baisse de la compensation des prix du gasoil de
0,69 dirhams par litre, de l’essence de 0,59 dirhams par litre et du fuel
industriel de 663 DH la tonne, sur les principales grandeurs
macroéconomiques tels que estimés par le Haut-commissariat au plan
durant la période 2013-2018 sont retracés dans le tableau ci-dessous :
Tableau n°45 : Les effets de la réduction de la compensation des produits pétroliers
2013 2014 2015 2016 2017 2018
En taux de croissance
Consommation -0,29 -0,92 -0,85 -0,76 -0,73 -0,70
Investissement -0,26 -0,91 -1,11 -1,15 -1,07 -1,02
PIB -0,15 -0,48 -0,47 -0,43 -0,40 -0,38
Exportations -0,11 -0,40 -0,46 -0,46 -0,43 -0,39
Importations -0,34 -1,13 -1,14 -1,10 -1,05 -1,00
Prix 0,37 1,10 0,78 0,70 0,64 0,59
Revenu disponible réel des ménages -0,26 -0,84 -0,80 -0,78 -0,76 -0,73
En différence
Emploi -4810 -15790 -14910 -12600 -11550 -10670
Population en chômage 2058 6890 6822 5848 5327 4900
Ecart en % du PIB
Solde budgétaire 0,18 0,58 0,55 0,51 0,50 0,48
Solde commercial 0,11 0,38 0,42 0,36 0,33 0,31
Source : Haut-commissariat au Plan, Simulation de l’impact de la hausse des prix des
produits pétroliers sur l’économie nationale, septembre 2013, p.2.
141
Tableau n° : Charge de compensation en % des déficits budgétaires
Août 2013 Août 2014 Août 2015
Charge de compensation en millions de dirhams 34040 20776 13068
Déficits budgétaires en millions de dirhams 50912 39073 39257
(1)/(2) en % 66,86 53,17 33,29
Source : Bulletins mensuels des finances publiques de la TGR
Comme le montrent les données du tableau ci-dessus, la part des
dépenses de compensation dans les déficits budgétaires réalisées
jusqu’à fin août est passée de 66,86% en 2013 à 33,29% en 2015.
Cependant, à cet accroissement des dépenses publiques va
correspondre un système fiscal faiblement élastique par rapport à
l'activité économique favorisant l'accumulation de déficits budgétaires.
1 En fait, le soutien financier de l’Etat revêt deux formes : les dépenses fiscales et
les aides budgétaires directes. Ces dernières Afin de comptabiliser ces dernière et de
suivre leur octroi, des dispositifs institutionnels ont été mis en place, en particulier à
travers les fonds qui bénéficient soit à l’ensemble des secteurs d’activité, soit à
certains secteurs, tels que l’industrie, l’agriculture, le tourisme et l’habitat : Fonds
Hassan II pour le développement économique et social, Fonds de soutien des prix,
Fonds de promotion des investissements, Fonds de développement agricole, Fonds de
mise à niveau, des Fonds d’appui ouvert auprès de l’Agence Nationale pour la PME
et de l’ONP, etc. Ces aides directes ont représenté 13,9% des dépenses totales en 2007.
Voir à ce sujet le Rapport économique et financier, Projet de loi de finances 2013,
p.104.
2 Rapport économique et financier, Projet de loi de finances 2013, p.103.
142
que le recouvrement de l’impôt recèle un ensemble difficultés. Certains
analystes estiment que ce soutien financier de l’Etat doit être éliminé.
Les motivations de cette suppression sont multiples dont notamment la
production de distorsions économiques et l’absence d’évaluation des
impacts des exonérations accordées. C’est que les dépenses fiscales ne
peuvent être efficaces que «si le montant d’investissements additionnels
ne représente qu’une fraction du montant de pertes de recettes.»1
Le Rapport annuel de Bank Al-Maghrib de 2012 soutient « la remise
en question des nombreux et coûteux régimes dérogatoires qui
engendrent un manque à gagner significatif pour l’Etat, sans pour autant
que leurs rendements soient clairement démontrés.»2C’est dans ce sens
que le rapport économique et financier du projet de loi de finances 2014
estime que ce maque à gagner s’est élevé à s’est élevé à 36,3 milliards
de dirhams représentant 4,3% du PIB. Rapportées aux recettes fiscales,
ces dépenses ont évolué comme suit :
Tableau n°46 : Evolution des dépenses fiscales
Années 2005 2006 2008 2009 2011 2012
Dépenses fiscales en % 10,8 13,2 11,3 13,5 17,9 19,0
des recettes fiscales
Source : Rapport économique et financier, 2013 et Rapport sur les dépenses
fiscales, 2013.
Un des facteurs qui expliquent l'aggravation des déficits budgétaires
au Maroc est la faible élasticité des recettes fiscales par rapport au P.I.B.
Cette élasticité est calculée en rapportant la variation des recettes
fiscales en % à la variation du P.I.B. en %. Elle est donnée par la
3
formule:
e = T / T / P.I.B. / P.I.B.
avec : T: la variation des recettes fiscales
P.I.B.: la variation du P.I.B. courant
1 Ibid
3Au cours de la période 2001-2004, l’élasticité des recettes fiscales par rapport au
PIB a été de 0,8, puis de 2,3 durant la période 2005-2008 en raison de la conjugaison
de deux facteurs à savoir une croissance économique acceptable et la mise en place
de la réforme de la politique et de l’Administration fiscales. Par la suite la valeur de
l’élasticité passera à -1,6 en 2009 suite à la crise financière et économique
internationale. Cette élasticité retrouvera des valeurs positives en 2010 (0,5) et 2011
(1,1). Voir à ce sujet le rapport économique et financier, Projet de loi de finances
2013, pp.77-78.
144
En règle générale, l’évolution des recettes fiscales dans les pays
1
développés est parallèle à la conjoncture économique . Au Maroc,
l’analyse de la relation entre les recettes fiscales et le PIB marquée par
une élasticité unitaire « n’est pas le fruit d’une évolution spontanée des
2
recettes mais de mesures discrétionnaires. »
Il est vrai que sur le plan budgétaire, il est très difficile de gérer à la
fois la baisse des ressources liée à la signature d’Accords de libre
échange et la pression à la hausse des dépenses, corollaire d’une
demande sociale plus exigeante. Cette difficulté explique « les
inquiétudes concernant la pérennité à moyen terme des finances
3
publiques marocaines notamment du côté recettes » .
La recherche de la performance au niveau fiscal requiert
principalement l’élargissement de l’assiette et la modernisation des
méthodes de gestion grâce au renforcement des moyens humains et
matériels ainsi que par la maîtrise des actions en recouvrement et de
contrôle4.
En effet, l’inadaptation de l’organisation du dispositif du
recouvrement aux exigences du système déclaratif explique
« l’augmentation du niveau des arriérés fiscaux des impôts directs et de
5
la TVA intérieure » .
146
La faible élasticité du système fiscal durant la période étudiée et qui
engendre la baisse du rendement de l'impôt a été expliquée par plusieurs
facteurs dont notamment1:
- le retard pris dans la collecte des revenus par l'Etat ;
- la fraude et l'évasion fiscales ainsi que la baisse des taux (par
exemple la baisse du taux de l'impôt sur les sociétés) ;
- la faiblesse de la valeur ajoutée à partir de laquelle est calculée la
T.V.A. sachant que 60% des recettes de cet impôt sont assises sur les
importations. Cependant, puisque la politique d'ajustement prône la
réduction des droits et taxes à l'importation, il faut s'attendre à ce qu’il
2
y ait abaissement des recettes de cet impôt ;
- la réduction des dépenses publiques qui s'effectue dans le cadre de
l'ajustement agit aussi à la baisse des recettes fiscales. C'est ainsi que,
d'une part, le gel des salaires tend à réduire une source importante
d'imposition des revenus, et, d'autre part, la chute des dépenses
d'équipement influence négativement l'accroissement du P.I.B. qui
3
représente l'origine des recettes fiscales potentielles ;
- l'augmentation du service de la dette extérieure qui agit
négativement sur le niveau des recettes fiscales car il est assimilé à un
4
impôt prélevé par l'étranger sur la production actuelle et future.
-Direction Générale des Impôts, Recueil des travaux des assises nationales sur la
fiscalité, 29 et 30 avril 2013
-Conseil Economique et Social, Le système fiscal marocain, développement
économique et cohésion sociale, op.cit.
2Les recettes douanières ont vu leur part dans les recettes fiscales chuter de 27.2
% en 1982 à 21.0 % en 1994.
3Voir à ce sujet: N.Akesbi, L'impôt, l'Etat et l'ajustement, Actes Edition, Rabat,
1993.
4Voir à ce propos:
- H.Reisen et Von Tronsburg, "La dette des P.V.D., le problème budgétaire et la
gestion des transferts", O.C.D.E., 1988.
- E.Borensztein, "Les effets de la dette extérieure sur l’investissement, Finances
et Développement", septembre 1989.
147
Ces facteurs, ajoutés au phénomène de l'inflation, font que les
recettes fiscales n'arrivent pas à suivre l'accroissement des dépenses
publiques. C'est ainsi qu'avec des recettes dont le taux de croissance
1
moyen est inférieur à celui des dépenses publiques, les déficits
budgétaires seront amenés à se creuser.
Il apparaît donc que les déficits budgétaires au Maroc sont
déterminés conjointement par des dépenses publiques qui ont tendance
à la hausse et par des recettes (surtout fiscales) faiblement élastiques
par rapport à l'activité économique et incapables de couvrir des charges
en continuelle augmentation.
L'analyse des déficits budgétaires au Maroc, à travers la présentation
de leur évolution, nous a permis de constater que la particularité de ces
déficits est, d'une part, leur durabilité et leur persistance et, d'autre part,
leur aggravation.
La politique de stabilisation (1978-1980) et la politique d'ajustement
structurel (1983-1993) ont certes permis de réduire les déficits
budgétaires mais sans pour autant pouvoir les ramener à un niveau
acceptable. Plus encore, la mise en application de ces politiques, se
traduisant, entre autres, par le repli de l'investissement public, a eu des
effets socio-économiques négatifs non négligeables : la dégradation de
la qualité de l'infrastructure existante, le retard de la réalisation des
programmes de développement des infrastructures de base, la réduction
de la capacité de stimuler la croissance économique et par conséquent
la création d'emplois, etc.
D'un autre côté, et sur la base des résultats de quelques études
empiriques qui ont tenté de dégager les déterminants des déficits
budgétaires dans un certain nombre de pays sous-développés, on a pu
relever que les déficits budgétaires au Maroc résultent d'un déphasage
entre le rythme d'accroissement des dépenses et celui des recettes de
l'Etat (surtout fiscales).
1Les taux de croissance moyens des recettes fiscales et des recettes consolidées de
l'Etat pour la période (1970- 1994) ont été respectivement de 13.1 % et de 13.3 %,
taux qui restent inférieurs à celui, des dépenses publiques (13.4 %).
148
C- La réduction des déficits budgétaires et l’impératif d’une
bonne gouvernance des finances publiques
La soutenabilité des finances publiques au Maroc nécessite des
décisions douloureuses à court terme sur le plan social mais qui peut
impacter positivement la trajectoire de l’économie nationale. Il s’agit
en fait de réduire les charges improductives, de modérer le niveau des
augmentations salariales par la prise en compte du rendement ou de la
productivité et l’orientation des ressources économisées vers
l’investissement productif et le développement humain. C’est dans ce
cadre d’amélioration de l’efficacité des dépenses et de renforcement de
la transparence de l’action publique et de rationalisation que devrait
1
s’inscrire la réforme de la loi organique des finances .
Dans ce sens, l’accélération des processus d’élaboration, d’adoption
et de mise en œuvre de la loi organique des finances devrait contribuer
2
à une bonne gouvernance des finances publiques . La réforme des
finances publiques pourrait être menée en considérant d’un côté la
réduction du déséquilibre structurel entre les recettes et les dépenses du
budget de l’Etat et de l’autre la réforme de la loi organique relative à la
loi de finances.
Pour ce qui est de la réduction du déséquilibre structurel entre les
recettes et les dépenses publiques, elle ne peut se réaliser que par la
rationalisation et la stabilisation des dépenses et par l’option aux
3
dépenses d’avenir . La rationalisation des dépenses nécessite
principalement la réforme des modalités de gestion de la paie des
152
nécessaire, a débouché sur un taux de croissance des dépenses
publiques supérieur au taux de croissance économique. De ce fait, tout
retournement de la conjoncture risque de détériorer les soldes
budgétaires et « menace la viabilité des finances publiques, d’où la
1
nécessité d’un dosage équilibré et efficace des dépenses » .
Au total, la réussite de la réforme des finances publiques requiert
toutes les dimensions soulevées ci-dessus mais également
« l’innovation et l’adaptation de l’Etat. Il ne peut plus « se référer à des
schémas d’explication devenus anachroniques », ni user de solutions
qui ont montré leurs limites, afin d’éviter les erreurs du passé. »2
1 Ibid.
154
Mais, de par l'ampleur et les causes des déficits budgétaires, ces
derniers, même s'ils constituent une réalité dans la gestion des finances
publiques actuelles, présentent des difficultés quant à leur
quantification.
La mise en évidence des différentes méthodes d'évaluation des
soldes (déficits) budgétaires durant la période 1970-2015 nous a révélé
que chaque notion de solde a sa signification qui lui est propre et qu'elle
doit, par conséquent, être interprétée avec prudence.
Au Maroc, et en centrant l'attention sur deux approches de mesure
du déficit budgétaire (celle du Ministères des Finances et celle de Bank
Al-Maghrib) nous avons pu en relever trois caractéristiques
fondamentales : d'abord, le déficit budgétaire ne concerne que les
opérations de l'Etat, ensuite, il est calculé dans l'optique gestion, enfin,
il porte sur des montants différents que ce soit d'une source (année) à
l'autre ou à l'intérieur d'une même source.
C'est ainsi que, et en relation avec cette dernière caractéristique,
l'approche du Ministère des Finances propose trois méthodes de calcul
du déficit budgétaire qui correspondent à trois types de classifications :
la classification budgétaire, la classification du F.M.I. et la
classification économique. Quant à l'approche de Bank Al -Maghrib, le
calcul du déficit budgétaire est calculé tantôt en se référant à la
classification budgétaire, tantôt à la classification économique ou tantôt
à la classification du F.M.I; d'où le caractère hétérogène de ces déficits.
Afin de déterminer les déficits budgétaires pour lesquels nous
opterons dans notre analyse, nous nous sommes basé sur la
classification du F.M.I.; le choix de celle-ci est justifié par le fait que :
- d'une part elle ne prend en considération, pour ce qui est des
dépenses de la dette, que les intérêts y compris les gains de
rééchelonnement au titre de la dette extérieure. En effet, le
remboursement du principal doit être déduit des recettes brutes
d'emprunt et les gains de rééchelonnement doivent être vus comme une
source de financement du déficit budgétaire ;
-d'autre part, elle permet de dégager le besoin de financement c'est-
à-dire le solde définitif que le Trésor doit effectivement financer.
155
Sur la base de la présentation de l'évolution des déficits budgétaires
ainsi calculés, nous avons pu constater, qu'après une période marquée
par des déficits budgétaires modérés, le Maroc, à l'instar de beaucoup
d'autres pays en développement, va connaître une expansion excessive
de ses déficits (surtout après le boom phosphatier). L'accentuation de
ces déficits va rendre urgent l'adoption et la mise en application de
mesures de stabilisation et d'assainissement budgétaires. Ces dernières,
qui ont certes permis de réduire le déficit budgétaire (en % du P.I.B.),
se sont soldées par des effets socio-économiques néfastes (dégradation
de la qualité des services publics, augmentation du chômage, réduction
des chances de croissance économique, etc.).
Enfin, et à la lumière des études empiriques essayant de tester
quelques facteurs expliquant l'aggravation des déficits budgétaires dans
un certain nombre de pays en développement, nous avions pu conclure
que les déficits budgétaires au Maroc sont déterminés, principalement,
par le déséquilibre entre le rythme d'accroissement de dépenses
publiques et celui des recettes publiques (surtout fiscales).
Ayant apporté des précisions relatives à la mesure, à l'évolution et
aux déterminants des déficits budgétaires, il nous reste maintenant à
relever les différents moyens dont dispose l'Etat pour les financer
(chapitre II)
156
Chapitre II : Modalités de
financement du déficit
budgétaire au Maroc
157
Introduction du chapitre II
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
(1) +8 +2282 +468 +1028 -298 +1205 -303 +23 +1421 +2231 +3527 636 -112 -2225
(2) 9356 11105 8780 9938 10302 9605 -8999 -7759 -5176 -7426 -9465 -9430 -10247 -9674
(1)/(2) en % +0.08 +20.5 +5.3 +10.3 -2.8 +12.5 -3.2 +0.3 +28.3 +30.0 +38.6 +6.6 -1.1 -24.7
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib
1Les titres qui correspondent à cet emprunt ont été "amortis en 10 ans, à partir du
2 août 1982, par voie de tirage au sort", Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1976,
p.123.
2Cet emprunt n'' a en fait été lancé que pour le montant d'un milliard de dirhams;
3Dans le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1994, les émissions des bons du Trésor
sur formules sont comptabilisées parmi les emprunts à moyen et long terme alors qu'elles
le sont les emprunts à court terme dans les Rapports précédents. Ce changement peut
induire en erreur le chercheur non averti.
163
a- Les obligations à 15 ans
Emises depuis 1960 et réservées essentiellement aux investisseurs
institutionnels (la C.D.G. et les sociétés d'assurances), ces obligations
permettent au Trésor de financer son déficit sur ressources d'épargne
1
longue et stable.
En l'absence de renseignements relatifs à leur remboursement, les
souscriptions brutes aux obligations à long terme, auxquelles nous nous
limiterons, ont évolué comme suit :
Tableau n°50: Evolution des souscriptions aux obligations à 15 ans ( en millions
de dirhams)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Emissions brutes
(en millions de dh) 73 45 90 107 35 150 87 271 87 390 521 443 503
Variations annuelles
en % - -38.3 100 18.8 -67.2 328.5 -42 211.4 -67.8 348.2 33.5 -14.9 13.5
1En 1991, aux émissions traditionnelles d'une durée de 15 ans ont été substitués deux
emprunts l'un à 5 ans l'autre à 8 ans.
2Dont le chiffre d'affaires ou les bénéfices dépassent un certain seuil.
164
d'équipement à 10 ans1. Les ressources collectées à l'occasion de
l'acquisition des bons d'équipement en utilisation de la réserve
d'investissement ont évolué comme suit :
Tableau n°51: Evolution des bons d'équipement sur réserve d'investissement ( en
millions de dirhams)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Ressources
(en millions de dh) 47 29 28 29 34 47 74 102 105 113 25 135 142
Variations annuelles
en % - -38.2 -3.4 3.5 17.2 38.2 57.4 37.8 2.9 9.5 -77.8 440 5.1
Années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994*
Ressources
(en millions de dhs) 165 173 224 156 318 67 60 59 19 6 31 -
Variations annuelles
en % 16.1 4.8 29.4 -30.3 103.8 -78.9 -10.4 -1.6 -67.7 68.8 416.6 -
*Le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1994, n'a pas mentionné la valeur des
ressources collectées à l'occasion de l'acquisition de ces bons.
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib
En analysant les données du tableau ci-dessus, on constate qu'après
une période marquée, en général, par des variations positives et donc à
la hausse, va succéder une autre pendant laquelle on assistera à une
baisse continue des ressources des bons d'équipement sur réserve
d'investissement, et ce à partir de 1987. C'est que l'entrée en vigueur de
l'impôt sur les sociétés en 1987 et par la suite la suppression de
2
l'obligation de souscrire à ces bons en 1990 , se sont traduites par leur
chute.
1Les entreprises ne sont plus tenues de souscrire à ces bons après l'entrée en vigueur de
l'impôt sur les sociétés. Voir à ce sujet le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1988,
p.129.
2Voir à ce sujet le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1994, p.122.
165
1
sommes inscrites ;" l'échéance de ces bons, appelés bons en emploi des
avoirs en comptes capital, sera ramenée à 7 ans en 1974, puis à 5 ans à
partir du 11 février 1981. Les souscriptions brutes à ces bons ont évolué
comme suit :
Tableau n°52 : Evolution des souscriptions des bons du Trésor sur comptes
capital (en millions de dirhams)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Souscription brutes
(en millions de dhs) - 8 6 5 18 30 23 32 41 27 15 32 26
Variations annuelles en % - - -25 -16.6 260 66.6 -23.3 39.1 28.1 -34.1 -44.4 113.3 -18.7
Années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994*
Souscriptions brutes
(en millions de dhs) 20 32 40 34 35 26 20 28 27 16 12 -
Variations annuelles en % -23.0 60 25 -15 2.9 -25.7 -23.0 40 -3.5 -40.7 -25 -
*Le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1994, ne donne pas le montant des
souscriptions de ces bons
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib
Le tableau ci-dessus laisse apparaître clairement que les ressources
brutes, en provenance de la souscription des bons du Trésor en emploi
des avoirs des étrangers non résidents bloqués en compte capital, sont
caractérisées par leur instabilité (tantôt elles tendent à la hausse, tantôt
elles tendent à la baisse) et par leur faible montant (qui n'a jamais
dépassé 41 milliards de dirhams dans le meilleur des cas).
A côté de ces ressources que l'Etat collecte à travers l'appel direct à
l'épargne liquide à court terme et à moyen et long terme, le Trésor
dispose aussi, pour financer son déficit budgétaire, de dépôts à caractère
non monétaire.
chez les comptables du Trésor, dépôts qui font partie des contreparties de la masse
monétaire (créances sur le Trésor).
1Décret royal n° 330-66, op.cit.
2Dotés de l'autonomie financière et non de la personnalité morale, les budgets annexes
sont au nombre de 4: Imprimerie officielle, Ports, R.T.M. et Conservation Foncière. Notons
que, selon l'article 5 du Dahir n° 1-72-260 portant loi organique des finances, "les budgets
annexes ne peuvent être crées que par loi de finances", op.cit.
3D'après l'article premier du décret royal n° 330-66 portant règlement général de
comptabilité publique, les "organismes publics regroupent: les collectivités locales, leurs
établissements et leurs groupements".
Selon l'article 54 du même décret "les fonds des organismes publics autres que l'Etat
sont obligatoirement déposés au Trésor", op.cit.
4Ces correspondants ne peuvent ainsi, sauf autorisation du ministre des finances, ouvrir
un compte bancaire. En effet, certains établissements publics sont autorisés, en vertu de la
circulaire du ministre des finances du 07-07-1972, à conserver 10% de leurs fonds libres
dans les banques.
5J-M.Cotteret et C.Eméri, Le budget de l'Etat, op.cit., p.94.
6Ces dépôts, à caractère non monétaire, englobent aussi la provision pour achat de
devises (de 1986 à 1988) ainsi que les dépôts effectués auprès des comptables publics dans
le cadre de la souscription à la Mosquée Hassan II (de 1988 à 1991).
167
Tableau n° 53 : Evolution des variations des dépôts des correspondants non
monétaires du Trésor
(en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983
Dépôts en millions de dh 18 222 -53 -5 186 -9 105 60 -575 -28 363 -280 -316 -6
Dépôts en % des déficits budgétaires 4.4 33.6 -5.6 -0.9 13.7 -0.2 1.4 0.8 -9.2 -0.4 4.9 -2.4 -3.4 -0.05
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999*
Dépôts en millions de dh -38 -684 -1787 - -516 -2450 -350 723 -2059 +1405 -587 533 3411 5723 2244 6880
Dépôts en % des déficits budgétaires -0.4 -6.1 -20.3 - -5.0 -25.5 -3.7 9.6 -41.1 +18.9 -6.4 5.5 32.1 62.1 37.6 80.0
1Cette part, qui a dépassé 33 % en 1971, s'explique par le gonflement de ces dépôts
"attribuable, pour l'essentiel, à des fonds de contre-valeur de l'aide des Etats-Unis laissés
en dépôt au Trésor", Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1972. En 1998, le gonflement
des dépôts a permis de limiter les besoins de financement du Trésor. Voir Rapport de Bank
Al-Maghrib, exercice 1999.
2A.Menchich, Le financement du déficit du Trésor et son impact monétaire au Maroc,
Mémoire du cycle supérieur de l'E.N.A.P., op.cit. , p.72.
3Ibid., p.73
168
bien par des ressources prévues et autorisées que par d'autres qui lui
1
sont prêtées.
Après avoir disséqué les différentes modalités de financement
intérieur et non monétaire du déficit budgétaire, il nous reste maintenant
à analyser l'évolution globale de ce type de financement au Maroc.
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Financement intérieur+561 +1499 +3758 +5814 -886 +951 +1464 -304 +1132 +3122 +6938 +3069 +9463 +13340 13201 21321
non monétaire en
millions de dh ( 1 )
Déficits en millions de dh9356 11105 9780 9938 10302 9605 -8999 -7759 -5176 -7426 -9465 -9430 -10247 -9674 -5962 -8575
(2)
( 1 ) / ( 2 ) en % +6.0 +13.5 +42.8 +58.3 -8.6 +9.9 16,27 -3,92 21,87 42,04 -73,30 -32,55 92,35 137,90 221,42 248,64
1Voir à ce sujet:
- H.Sempé, Budget et Trésor. Economie et politique financière, Cujas, Paris, 1989.
- P.Lasserre, L'impact monétaire de la politique financière du Trésor, P.U.F., Paris,
1981.
169
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Financement intérieur non monétaire 4884 36303 26113 26840 25319 25175 9638 -10200 -30390 13748 21229 10216 26511
en millions de dh (1)
Déficits en millions de dh 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 +1435 +1078 -17975 -28913 -44067 59.180
(1)/(2) en % 57,69 192,72 151,10 168,44 194,31 88,25 80,33 - - 76,48 73,42 23,18 44,79
1A côté des avoirs extérieurs nets et des crédits à l'économie. Voir à ce sujet les
Rapports annuels de Bank Al-Maghrib.
2La tenue par Bank Al-Maghrib du compte courant du Trésor symbolise l'unité de
caisse et donc de trésorerie. Cette unité permet un aménagement des fonds dans le
temps et dans l'espace. Dans le temps, les variations saisonnières des disponibilités
peuvent partiellement se compenser; dans l'espace, les mouvements peuvent être
enregistrés par un simple jeu d'écriture.
Lorsqu'un comptable public ne se trouve pas, sur le plan local, au siège d'une
succursale de Bank Al-Maghrib, il est tenu de verser, au plus proche guichet des
Postes et Télécommunications, l'excédent de son encaisse ou d'y opérer un
prélèvement selon les besoins, guichet qui est alimenté par le receveur principal qui
se trouve au chef lieu de la succursale de Bank Al-Maghrib La plus proche. Par
ailleurs, chaque comptable public ne doit avoir qu'une seule caisse, qu'un seul compte
en banque (qui est le compte courant du Trésor à Bank Al-Maghrib) et qu'un seul
Compte Chèque Postal.
171
Lorsque les moyens de financement collectés par le Trésor s'avèrent
insuffisants, il lui est possible de faire appel aux concours financiers de
Bank Al-Maghrib. Ces derniers sont précisés par le Dahir de 1959
portant création de Bank Al-Maghrib pour la période qui va jusqu’à
2006 et le nouveau statut du 23 novembre 2005 qui a limité ces concours
financiers ;
1
Le Dahir de 1959 portant création de Bank Al-Maghrib (par
substitution à l'ancienne Banque d'Etat) avait fixé les différentes
modalités des concours que la Banque centrale consent au Trésor. Ces
concours ont été faits en l'application de l'article 35 du Dahir portant
création de Bank Al-Maghrib. Ce dernier avait en effet, prévu deux
sortes de concours : les concours sous forme d'avances directes et des
concours indirects.
Les relations financières entre la Banque Centrale et le Trésor vont
connaître un changement avec le nouveau statut de Bank Al-Maghrib.2
1- Les concours directs de Bank Al-Maghrib
L'article 35 du Dahir de 1959 avait prévu deux sortes de concours
directs à l'Etat : les facilités de caisse et les avances conventionnelles.
Mais à partir de 2006, le nouveau statut de Bank Al-Maghrib
a- Les facilités de caisse
Le paragraphe 2 de l'article 35 du Dahir de 1959 dispose que "Bank
Al-Maghrib peut consentir des avances à l'Etat à titre de facilité de
caisse, limitées au dixième des recettes budgétaires ordinaires
3
constatées au cours de l'année budgétaire écoulée." Ces avances sont
gratuites et peuvent être utilisées en permanence par le Trésor pourvu
1Dahir n° 1-59-233 du 30 juin 1959 modifié et complété par le Dahir portant loi
n° 1-93-386 du 6 octobre 1993 Publiés respectivement dans les Bulletins Officiels n°
2436 (du 03 juillet 1959, p.1089) et n° 4223 ( du 06 octobre 1993, p.534).
2 Dahir n°1-05-38 du 23 novembre 2005 portant promulgation de la loi n° 76-03
portant statut de Bank Al-Maghrib
3Certainsles appellent "avances statutaires"; cependant, il serait préférable de les
appeler "avances de caisse" pour ne pas les confondre avec les avances
conventionnelles qui sont elles aussi des avances statutaires car prévues par les statuts
de Bank Al-Maghrib.
172
que ce dernier ne dépasse pas la limite fixée au dixième des recettes
1
ordinaires. Notons que ces avances doivent être remboursées car elles
ne sont conçues que comme des crédits à court terme permettant à l'Etat
de faire face à ses difficultés de trésorerie résultant, pour l'essentiel, du
décalage existant entre la perception des recettes et le paiement des
dépenses.
L’article 27 du nouveau statut de Bank Al-Maghrib précise que la
Banque Centrale « ne peut accorder des concours financiers à l’Etat ni
se porter garante d’engagements contractés par lui, à l’exception de la
facilité de caisse, laquelle est limitée à 5% des recettes fiscales réalisées
au cours de l’année budgétaire écoulée et dont l’utilisation est assortie
de conditions restrictives.»2
Selon ce même statut, la durée globale d’utilisation de cette facilité
de caisse ne peut « excéder 120 jours, consécutifs ou non, au cours
d’une année budgétaire. Les montants effectivement utilisés au titre de
cette facilité sont rémunérés au taux de base de refinancement des
banques auprès de la Banque »3
La Banque peut suspendre l’utilisation de cette facilité lorsqu’elle
estime que la situation du marché monétaire le justifie.
L'évolution des variations des facilités de caisse, qui dépend en
principe des besoins financiers de l'Etat et du volume des ressources
budgétaires ordinaires, est décrite dans le tableau suivant :
Tableau n° 55: Evolution des variations des facilités de caisse (en millions de dirhams
et en % des déficits budgétaires)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983
Variations des avances de caisse
en millions de dh (1) -173 172 75 5 67 302 145 78 317 40 206 67 387 1012
Déficits budgétaires
618 659 935 517 1357 3076 7375 7331 6192 6294 7370 11371 9282 11600
en millions de dh (2)
(1) / (2) en % -27.9 62.1 8.0 0.9 4.9 9.8 1.9 1.0 5.1 0.6 2.7 0.5 4.1 8.7
1Elles sont donc accordées par anticipation de ressources budgétaires bien définies
et pour une durée non définie. Elles étaient accordées pour une durée totale n'excédant
pas 240 jours puis, à partir de 1980, 300 jours consécutifs.
2 Rapport annuel de Bank Al-Maghrib, Exercice 2006, p.76.
1Auparavant, cette convention était approuvée par Dahir. Voir le Dahir n° 1-59-
233, op.cit.
2Cette avance a été répartie en deux tranches de 500 millions de dirhams chacune
dont une seule a été utilisée en 1974, l'autre ne le sera qu'en 1975.Voir à ce propos les
Rapports de Bank Al-Maghrib, Exercices 1974 et 1975.
174
-5ème facilité datant du 13 octobre 1977 et portant sur 2000 millions
de dirhams
-6ème facilité datant du 9 avril 1980 et portant sur 1500 millions de
dirhams;
-7ème facilité datant du 3 août 1995 et portant sur 6000 millions de
dirhams. 1
Le montant des avances conventionnelles s’élève à 5500 millions de
dirhams à fin décembre 2005.2
Le nouveau statut de Bank Al-Maghrib dans son article 27 précise
que « la Banque ne peut accorder des concours financiers à l’Etat ni se
porter garante d’engagements contractés par lui, à l’exception de la
facilité de caisse, laquelle est limitée à 5% des recettes fiscales réalisées
au cours de l’année budgétaire écoulée et dont l’utilisation est assortie
de conditions restrictives ». Selon l’article 62 du même statut, « une
convention fixant les modalités de remboursement des créances de
Bank Al-Maghrib sur l’Etat, a été signée, trois mois après l’entrée en
vigueur du Statut3. Dans cette convention, le Trésor s’est engagé à
rembourser ces avances, d’une valeur de 5500 millions de dirhams,
durant les années 2006 et 2007, via l’émission de bons aux conditions
de marché. La première tranche de remboursement a été réalisée le 10
novembre 2006, et a porté sur un montant de 1 milliard chacune4. Le
reliquat de ces avances conventionnelles, soit 4500 millions de dirhams
a été remboursé durant l’année 2007 comme suit :
- le 20 février : remboursement de la deuxième tranche (1 milliard),
- le 13 mars : remboursement de la troisième tranche (1 milliard),
- le 15 octobre : remboursement de la quatrième tranche (1 milliard),
1 Cette avance est rémunérée et sa durée est limitée. Elle est accordée à un taux
fixé à 7% et sa date de remboursement (sur les recettes attendues de la privatisation)
a été arrêtée à fin juin 1996. Voir Rapport Bank Al-Maghrib, Exercice 1995, p.75.
Cette avance a été utilisée à raison de 5233.5 en 1995, 356.8 en 1996 et 243.8 en 1997.
2 Rapport annuel de Bank Al-Maghrib, Exercice 2005, p.161.
3 Cette convention a été signée le 9 mai 2006. Voir Rapport annuel de Bank Al-
Maghrib, Exercice 2007, p.169.
4 Rapport annuel de Bank Al-Maghrib, Exercice 2006, p.76.
175
- le 24 décembre : remboursement de la cinquième tranche (1,5
milliard).1
Le remboursement en 2007 par le Trésor des avances
conventionnelles d’un montant de 4,5 milliards de dirhams s’est traduit
par l’acquisition par Bank Al-Maghrib sur le marché secondaire de bons
du Trésor, portant ainsi son portefeuille à 5,528774 milliards au lieu de
1,003642 milliard en 2006.2
Le tableau suivant retrace la part de ces avances dans le financement
des déficits budgétaires :
Tableau n° 56: Evolution des variations des avances conventionnelles (en millions de dirhams et en %
des déficits budgétaires)
Années 1970 1974 1975 1977 1980 1995 1996 1997
Variations des avances conventionnelles
500 500 500 2000 1500 5233.5 356.8 243.8
en millions de dh (1)
Déficits budgétaires
618 1357 3076 7331 7370 9678 10619 9222
en millions de dh ( 2 )
( 1 ) / ( 2 ) en % 80.9 36.8 16.2 27.2 20.3 57.8 3.4 2.6
Source: Tableau confectionnée à partir de données puisées dans les Rapports de
Bank Al-Maghrib.
On constate que l'avance conventionnelle de 1970 a couvert une
grande part du déficit budgétaire ; l'importance de cette facilité par
rapport au déficit budgétaire a permis, en partie, de combler la variation
négative des autres moyens de financement dont notamment les avances
de caisse. En général, les avances conventionnelles ont permis de
financer, en moyenne, 30.7% du déficit budgétaire.
Notons par ailleurs que la convention en vertu de laquelle ces
avances sont accordées "doit prévoir le montant, la durée, la
rémunération et les modalités de remboursement des concours
3
accordés."
Les avances conventionnelles, qui n'ont, jusqu'en 1997, pas été
remboursées, ont permis de relayer l'avance de caisse "dont le délai
2 Ibid, p.164.
3Article 35 du Dahir n° 1-93- 386, op.cit.
176
1
légal de 300 jours d'utilisation avait été épuisé" et ce pour la période
du 31 octobre 1983 au 2 janvier 1984. Cette avance exceptionnelle, dont
le montant s'élevait à 3000 millions de dirhams a été intégralement
2
remboursée.
Années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Variations des concours
indirects 1671 632 -776 -893 -1213 1132 -434 348 91 -1163 -139 0
en millions de dh (1)
Déficits budgétaires
11600 9356 11105 8780 9938 10302 9605 9451 7517 5009 7426 9143
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % 14.4 6.7 -6.9 -10.1 -12.2 10.9 -4.5 3.6 1.2 -23.2 -1.8 0
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib.
En analysant le tableau ci-dessus, on remarque que :
- les ressources, qui proviennent des concours indirects de Bank Al-
Maghrib et qui sont utilisées par le Trésor pour couvrir son déficit
budgétaire, sont très variables. Elles ont pu financer, en moyenne, 4%
du déficit budgétaire entre 1970 et 1994 ;
- le Trésor recourt de moins en moins aux avances sur titres et ce
depuis 1985. En effet, il a remboursé intégralement, en septembre 1993,
les deux bons détenus par Bank Al-Maghrib dont le montant global
s'élève à 139 millions de dirhams résultant de l'échange monétaire et de
1
l'émission de la monnaie divisionnaire pour le compte du Trésor. En
1994, la contribution des concours indirects au financement du déficit
budgétaire est nulle
Il convient de souligner que le Trésor bénéficie aussi d'une autre
avance qualifiée de "déguisée". Celle-ci a pour origine le compte
courant postal de Bank Al-Maghrib. En effet, la Banque Centrale utilise
son compte aux chèques postaux "pour assurer certains mouvements de
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
(1) -67 -809 -490 -759 1279 536 903 599 -2192 12 -1751 10305 268 922
(2) 9356 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674
( 1 ) / ( 2 ) en % -0,72 -7,29 -5,58 -7,64 12,42 5,58 10,03 7,72 -42,35 0,16 -18,50 109,28 2,62 9,53
Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
(1) -436 -5839 2628 -19150 -1467 -2601 -792 749 -1563 5370 2161 4560 200 -1300 -1700
(2) 5962 8575 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 +1435 +1078 17975 28913 44067 59.180
( 1 ) / ( 2 ) en % -7,31 -68,09 31,04 -101,66 -8,49 -16,32 -6,08 2,63 -13,03 - - 25,37 0,69 -2,95 -2,87
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib.
A la lecture du tableau ci-dessus, on relève deux grandes phases :
- une première phase couvrant la période allant de 1970 à 1982
pendant laquelle on assiste à un appel massif aux concours de la Banque
Centrale de la part du Trésor pour financer son déficit budgétaire. En
moyenne, ce dernier a été financé à raison de 14.9% par recours aux
avances de Bank Al-Maghrib;
- une seconde phase qui va de 1984 à 2012 où le Trésor va contenir
ses appels aux concours de l'Institut d'Emission. Cette tendance
1La limitation de l'appel du Trésor aux concours de l'Institut d'Emission s'inscrit dans
le cadre de l'objectif que les autorités monétaires se sont tracées à savoir la compression
des recours du Trésor aux moyens à caractère monétaire en général. Voir à ce sujet le
Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1984, p.62.
2H.Méziane, analyse des dépenses publiques. Une étude des relations Etat-économie
au Maroc (1956-1986), op.cit., p.210.
3Les bons en compte courant sont des bons dématérialisés car leur souscription ne
donne lieu à la délivrance matérielle d'aucun titre (à l'inverse donc des bons du Trésor sur
180
Le portefeuille minimum ou plancher d'effets publics a été institué
au Maroc par "l'arrêté du Ministre des Finances du 2 juin 1977 et
1
modifié par celui du 11 mars 1979." Ce portefeuille minimum sera
supprimé en juin 1998.
Le montant de ce portefeuille est égal à un pourcentage déterminé
2
des exigibilités des banques telles qu'elles sont indiquées sur la
3
dernière situation comptable mensuelle. Ce taux a subi d'importantes
4
modifications au cours des années précédentes.
5
A côté de ce portefeuille, les autorités monétaires "ont introduit, en
novembre 1991, un nouveau portefeuille de bons de Trésor à un an
limité à 1% des exigibilités des banques."6 Ce nouveau portefeuille a
été institué pour permettre le financement de programmes socio-
économiques, en particulier le logement économique et la petite et
7
moyenne entreprise.
formules). Les souscriptions à ces bons sont inscrites sur des comptes ouverts par Bank Al-
Maghrib au nom de leurs souscripteurs.
1M.A.Berrada, Les nouvelles réformes bancaires. Quelles implications pour les
banques et les entreprises au Maroc? , Editions S.E.C.A., 1993, p.55. Voir aussi
M.A.Berrada, Les nouveaux marchés de capitaux, Editions SECEA, 1998.
2A l'exclusion des bons de caisse, des comptes à terme, des dépôts en dirhams
convertibles à vue ou à terme et de l'accroissement des dépôts en comptes sur carnets
enregistrés à compter du premier janvier 1986.
3Ce taux est de 10% d’après le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1996, p.102.
4Ce taux qui était fixé à 30% depuis 1969, sera relevé à 35 % en 1985, puis réduit à
33.5 % en janvier 1991, à 32 % en juillet 1991, à 25% en 1993 et enfin à 10% en 1996.
5Selon la loi du 6 juillet 1993, elles englobent les autorités de tutelle et de contrôle et
les organes de consultation et de coordination. Voir Dahir portant loi n° 1-93-147 (du 6
juillet 1993) relatif à l'exercice de l'activité des établissements de crédit et de leur contrôle.
6M.A.Berrada, Les nouvelles réformes bancaires. Quelles implications pour les
banques et les entreprises au Maroc? op.cit., p.56. Le calcul de ce nouveau portefeuille
ne prend pas en compte les dépôts à terme et les dépôts en dirhams convertibles à vue et à
terme.
7Ce nouveau portefeuille a été institué par la décision réglementaire de Bank Al-
Maghrib n° 84 datant du 22 novembre 1991.
181
Concrètement, le portefeuille minimum devait être conservé par les
banques de façon permanente entre le 21 de chaque mois et le 20 au soir
1
du mois suivant.
Permettant de limiter les liquidités des banques, la souscription aux
bons du Trésor dans le cadre du plancher d'effets publics procure
2
parallèlement au Trésor des ressources importantes et peu coûteuses
qu'il utilisera pour financer son déficit budgétaire.
La contribution des ressources monétaires, qui ont pour origine
les souscriptions aux bons du Trésor dans le cadre du portefeuille
3
minimum d'effets publics, au financement du déficit budgétaire est
retracée dans le tableau suivant :
Tableau n°59: Evolution des variations du portefeuille minimum d'effets publics
( en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Variations des souscriptions
+50 +139 +100 +261 +407 +525 +465 +555 +536 +580 +548 +894 +1141
en millions de dh (1)
Déficits budgétaires
618 659 935 517 1357 3076 7375 7331 6192 6294 7370 11371 9252
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % +8.0 +221.0 +10.6 +50.4 +29.9 +17.0 +6.3 +7.5 +8.6 +9.2 +7.4 +7.8 +12.3
Années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Variations des souscriptions +1589 -2312 +2370 +2189 +1238 +1660 +1498 +3698 -223 +2508 -3619 +2271
en millions de dh (1)
Déficits budgétaires 11600 9356 11105 8780 9938 10302 9605 -8999 -7759 -5176 -7426 -9465
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % +13.6 -24.7 +21.3 +24.9 +12.4 +16.1 +15.5 +39.1 -2.9 +50.0 -48.7 +24.8
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
3Il existe deux types d'avances consentis par Bank Al-Maghrib aux banques: les
avances normales et les avances spéciales. Voir à ce sujet la circulaire de Bank Al-Maghrib
n° 10.G.92 du premier juillet 1992.
183
Depuis 1989, le Trésor commencera à placer sur le marché
1
monétaire des bons du Trésor par voie d'adjudication. C’est une
technique qui garantit les conditions d’une compétition entre les
souscripteurs. Les offres servies en premier sont celles dont les prix sont
plus élevés ou qui sont à un taux inférieur ou égal au taux limite. Viennent
ensuite les offres de niveau inférieur jusqu’à concurrence du montant
demandé par le Trésor. Les souscripteurs payent des prix différents, en
conformité avec les prix qu’ils ont demandés. Le recours à cette
procédure vise la réalisation de plusieurs objectifs, dont notamment
"permettre au Trésor d'avoir accès à une source de financement
importante tout en bénéficiant des conditions avantageuses de taux et
2
de durée."
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
(1) +939 +4450 +6596 +3154 +3553 +4259 -2454 +1412 +6140 +5106 +6671 -956 931 3868 -4008
(2) 9356 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674 5962
(1)/(2) en % +10.0 +40.0 +75.1 +31.7 +34.4 +44.3 -27,27 18,20 118,62 68,76 70,48 -10,14 9,09 39,98 -67,23
1Ce sont des placements faits d'un commun accord entre le Trésor et le Crédit Populaire
qui a souhaité consolider l'encours des bons à court terme en bons en compte courant à
long terme.
2Il s'agit des placements faits par les banques pour rentabiliser leurs excédents de
trésorerie en souscrivant aux bons du Trésor.
186
Obligatoires ou volontaires, les souscriptions des banques aux bons
du Trésor en compte courant ont connu une évolution que l'on peut
ramener à deux phases bien distinctes :
- une première phase allant de 1970 à 1982 pendant laquelle la
contribution de ces souscriptions au financement du déficit budgétaire
a été, en moyenne, de 17.1% ;
- une deuxième phase couvrant la période qui va de 1983 à 1998 au
cours de laquelle les concours des banques commerciales au titre des
souscriptions aux bons du Trésor en compte courant vont permettre de
financer plus de 30,24%, en moyenne, du déficit du Trésor. A partir de
1992, ces concours vont constituer la principale source de financement
de ce déficit suite à la politique suivie par le Trésor visant à se
désendetter vis-à-vis de l'Institut d'Emission.
Nous constatons ainsi, que le recours du Trésor au marché monétaire
lui a permis d'accéder à une source de financement importante et a
favorisé les souscriptions libres aux bons du Trésor en compte courant.
Notons enfin que les deux phases qu'on vient de relever s'opposent à
celles qui ont marqué l'évolution des concours de Bank Al-Maghrib au
Trésor.
L'importance des souscriptions des banques aux bons du Trésor en
compte courant, surtout durant la dernière période, ne doit pas nous
faire oublier le troisième type de concours des banques commerciales
au Trésor. Ce concours consiste dans les dépôts des banques au Trésor
dont l'apport a connu une évolution contrastée durant la période étudiée.
1Ce taux était de 25%, puis ramené à 15% et enfin à 10% respectivement en 1978, 1983
et 1984.
187
1
totale des importations, sont bloqués en comptes non rémunérés
pendant une durée minimum de six mois à compter de la date de
domiciliation bancaire. Les banques, où ces fonds ont été déposés, vont
se charger de transférer ces derniers à l'Etat. Il apparaît donc que,
concernant les dépôts-importation, les banques ne jouent que le rôle
d'intermédiaire entre les importateurs et le Trésor.
Instituée en juin 1978, l'obligation à laquelle étaient assujettis les
importateurs, et consistant à constituer des dépôts préalables à
2
l'importation, sera supprimée en juin 1984.
Les variations des dépôts des banques au Trésor ont évolué comme
suit :
Tableau n°62: Evolution des variations des dépôts des banques au Trésor
(en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983
Variations des dépôts des -21 +1 -1 -3 +11 +6 -1 +9 +684 +343 -180 +59 -581 +321
banques au Trésor (1)
Dont
dépôts-importation -40 -1 -1 0 0 0 0 0 +597 +28 +106 -149 -409 +258
en millions de dh
Déficits budgétaires
en millions de dh (2) 618 659 935 517 1357 3076 7375 7331 6192 6294 7370 11371 9252 11600
( 1 ) / ( 2 ) en % -3.3 +0.1 -0.1 -0.5 +0.8 +0.1 -0.01 +0.1 +11.0 +5.4 -2.4 +0.5 -6.2 2.7
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Variations des dépôts -586 +31 +8 -63 -36 +5 +18 +6 -27 +3 -11 +3 +11 -99 -65
banques au Trésor (1)
Dont
dépôts-importation -527 -9 -1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
en millions de dh
Déficits budgétaires 9356 11105 8780 9938 10302 9605 -8999 -7759 -5176 -7426 -9465 -9430 -10247 -9674 -5962
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % -6.2 +0.2 +0.09 -0.6 -0.3 +0.05 -0,20 -0,08 0,52 -0,04 0,12 -0,03 -0,11 1,02 1,09
1Cette obligation s'inscrit dans le cadre des mesures prises pour assainir les comptes
extérieurs. Cependant, certains achats (importations) n'ont pas été assujettis à cette
obligation. Voir à ce sujet: le Rapport de Bank Al-Maghrib, Exercice 1978, p.48.
2Cette obligation existait avant 1970, année durant laquelle il y a eu suppression de
l'obligation de constituer les dépôts-importation. Voir à ce propos: le Rapport de Bank Al-
Maghrib, Exercice 1970, p.60.
188
Années 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Variations des dépôts -65 -19 747 901 -1087 -394 38 -182 139 -92 135
banques au Trésor (1)
Déficits budgétaires -8575 -8466 -18837 -17282 -15934 -13030 -28528 -11998 1435 1078 -17975
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % 0,76 0,22 -3,97 -5,21 6,82 3,02 -0,13 1,52 9,69 -8,53 -0,75
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Concours en millions de dh (1) 684 4781 7250 3139 4413 5011 -3126 771 6081 4868 8452 -1839 1939 3769
Déficits budgétaires 9356 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % 7,31 43,05 82,57 31,59 42,84 52,17 -34,74 9,94 117,48 65,55 89,30 -19,50 18,92 38,96
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Concours en millions de dh (1) -2 -3697 6812 11432 3762 200 -5090 3358 1868 -3769 -2661 15271 2300 11500 25000
Déficits budgétaires 5962 8575 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 1435 1078 17975 28913 44067 59.180
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % -0,03 -43,11 80,46 60,69 21,77 1,26 -39,06 11,77 15,57 -262,65 -246,85 84,96 7,95 26,10 36,70
189
Nous constatons que les concours des banques commerciales
constituent, surtout durant les années 1992, 1993,1994, 2000 et 2009
une importante voire la principale source du financement du déficit
budgétaire. Notons qu'à l'intérieur de ces concours, ce sont les
souscriptions aux bons du Trésor en compte courant, et surtout celles
faites librement dans le cadre du marché monétaire, qui représentent la
1
composante la plus importante.
A côté des concours en provenance de Bank Al-Maghrib et des
banques commerciales, le Trésor bénéficie aussi des dépôts à vue
effectués par les entreprises et les particuliers auprès des comptables
publics et des comptes chèques postaux.
1Les souscriptions des banques faites dans le cadre du plancher d'effets publics, qui
dépassaient 84.7% du portefeuille souscrit en 1970, ne représentent que 34.0% en 1994.
2Voir à ce sujet: A.El M'Kaddem, "Aperçu sur le financement du déficit de Trésorerie
et son impact monétaire au Maroc de 1970 à 1980", op.cit.
3 H.Sempé, Budget et Trésor. Economie et politique financière, op.cit., p.102.
Voir à ce sujet également:
- F.Bloch-Lainé et P.de Vogüe, Le Trésor public et le mouvement général des fonds,
P.U.F., Paris, 1960.
- J.Marchal et F.Poulon, Monnaie et crédit dans l'économie française, Tome 2, Cujas,
1987.
190
Au Maroc, la monnaie-trésor, qui ne comprend pas, comme en
1
France, la monnaie divisionnaire, est gérée par deux services qui sont
2
les chèques postaux et les fonds particuliers.
Les fonds collectés auprès des entreprises et des particuliers par les
chèques postaux, qui est un service sous la tutelle du Ministère des
Postes et Télécommunications, sont déposés au Trésor. Faisons
remarquer tout de suite que les dépôts aux chèques postaux ne sont pas
3
rémunérés et ne l'ont jamais été.
Les fonds particuliers, "qui est un service à caractère bancaire et
4
soumis au droit privé" reçoit des dépôts de la part des entreprises et des
particuliers pour le compte du trésorier général du Royaume qui les met
à la disposition du Trésor. Ces dépôts sont effectués moyennant une
rémunération de 5% l'an dont 3% au profit des déposants et 2% pour
"couvrir les dépenses de fonctionnement et les paiements d'indemnités
5
revenant aux comptables."
Les statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib depuis
juin 2010 sont confectionnées conformément aux prescriptions du
Manuel des statistiques monétaires et financières du FMI de 20006.
Cette méthodologie a engendré un écart entre l’agrégat de monnaie M3
1Voir à ce sujet:
- A.Menchich, Le financement du déficit du Trésor et son impact monétaire au Maroc,
op.cit., p.75.
- Le Dahir portant création de Bank Al-Maghrib, en particulier les articles 5, 14 et 70,
op.cit.
2Le chèque postal a été introduit au Maroc en 1926. Les fonds particuliers ont été
institués au Maroc en 1942.
3Les fonds déposés par les C.C.P. au Trésor sont, par contre, rémunérés.
4A.Menchich, Le financement du déficit du Trésor et son impact monétaire au Maroc,
op.cit., p.79.
5A.El Bouzidi et R.Benbrahim, Le financement des charges du Trésor, op.cit., p.79.
6 Fonds monétaire international, Manuel de statistiques monétaires et financières,
Washington, États-Unis, 2000. Voir aussi : Bank Al-Maghrib, Méthodologie
d’élaboration des statistiques monétaires, avril 2013, p.15.
191
et ses contreparties, différence qui procède de l’exclusion de la
contrepartie des dépôts auprès de la Trésorerie Générale du Royaume
et de la Poste (CCP et CEN).
Les variations de la monnaie-trésor et leur contribution au
financement du déficit de trésorerie ont évolué comme suit :
Tableau n°64: Evolution des variations des dépôts des entreprises et des
particuliers au Trésor et aux C.C.P
(En millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983
Variations des dépôts aux
C.C.P. en millions de dh +67 +36 +103 -4 +186 +89 +51 +166 +59 +206 +51 +202 - -
(1)
Variations des dépôts au
Trésor en millions de dh +20 +9 +38 -1 +359 -230 +253 +187 +264 +29 -169 +85 - -
(2)
Variations totales
en millions de dh +87 +45 +141 -5 +535 -141 +304 +353 +323 +235 -118 +287 97 -129
(3)=(1)+(2)
Déficits budgétaires
en millions de dh
618 659 935 517 1357 3076 7375 7331 6192 6294 7370 11371 9252 11600
(4)
( 3 ) / ( 4 ) en % +14.0 +6.8 +15.0 -0.9 +39.4 -4.5 +4.1 +4.8 +5.2 +3.7 -1.6 +2.5 1,05 -1,11
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Variations des dépôts au trésor et
211 102 273 624 1422 641 220 1066 -123 381 251 6 1243 41
aux C.C.P. en millions de dh ( 1 )
Déficits budgétaires
9356 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674
en millions de dh ( 2 )
( 1 ) / ( 2 ) en % 2,26 0,92 3,11 6,28 13,80 6,67 2,44 13,74 -2,38 5,13 2,65 0,06 12,13 0,42
Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Variations des dépôts au Trésor et
-1421 1059 461 113 73 241 10 703 -124 514 1350
aux C.C.P. en millions de dh ( 1 )
Déficits budgétaires
-5962 8575 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 +1435 +1078
en millions de dh ( 4 )
( 3 ) / ( 4 ) en % 23,83 12,35 5,45 0,60 0,42 1,51 0,08 2,46 - - 125,23
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Financement monétaire 9901 -7605 2368 -2160 -5872 4810 181 2115 18230 -8595 -8188 20925 23259
en millions de dh ( 1 )
Déficits budgétaires 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 1435 1078 17975 28913 44067 59180
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % 116,95 -40,37 13,70 -13,56 -45,07 16,86 1,51 - - -47,82 -28,32 47,48 39,30
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
En analysant les données du tableau ci-dessus, nous relevons une
tendance générale à la hausse de la part du financement du déficit du
Trésor sur ressources d'origine monétaire. Représentant, en effet, 43.2%
en moyenne du déficit budgétaire durant toute la période étudiée, le
financement monétaire de ce dernier est passé, en moyenne, de 36.97%
à 50.30% respectivement entre (1970 - 1984) et (1985-1997). Cette
évolution générale à la hausse montre que les objectifs, que les
responsables se sont assignés en vue de contenir les appels de l'Etat aux
moyens à caractère monétaire, n'ont pas été atteints durant cette
1
période. Mais en analysant la couverture du déficit budgétaire sur
ressources d’origine monétaire pour la période 1998-2012, il ressort que
les autorités budgétaires ont rétréci l’appel à cette source car elle a
enregistré une variation négative de -5,33% en moyenne.
Globalement, le financement intérieur du déficit budgétaire (par
recours au moyens monétaires et non monétaires), entre 1970 et 2013,
a connu une évolution que l'on va retracer dans le tableau suivant:
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Financement intérieur +6.0 +13.5 +42.8 +58.5 -8.6 +9.9 16,27 -3,92 21,87 42,04 -73,30 -32,55 92,35 137,90 221,42
non monétaire en %
Financement intérieur +2.1 +32.7 +73.3 25.8 +63.5 +59.1 -22,26 31,40 72,76 70,85 -73,45 -89,84 33,67 48,91 -31,18
monétaire en %
Financement intérieur en %8,1 46,2 116,1 84,3 54,9 69 -5,99 27,48 94,63 112,89 -146,75 -122,39 126,02 186,81 190,24
Années 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Financement intérieur 248,64 57,69 192,72 151,10 168,44 194,31 88,25 80,33 - - 76,48 73,42 23,18 - -
non monétaire en %
Financement intérieur -98,86 116,95 -40,37 13,70 -13,56 -45,07 16,86 1,51 - - -47,82 -28,32 47,48 - -
monétaire en %
Financement intérieur en % 149,78 174,64 152,35 164,80 154,89 149,25 105,11 81,84 - - 28,67 45,10 70,67 78,58 74,05
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
L'analyse détaillée des données contenues dans le tableau n°66 nous
a permis de déceler trois phases principales dans l'évolution du
financement intérieur du déficit budgétaire:
-la première phase, qui couvre la période 1970-1973, pendant
laquelle les déficits budgétaires ont été financés principalement par
appel à l'endettement interne. En effet, et du fait de l'existence de
1
déficits budgétaires modérés, les ressources intérieures ont pu financer,
en moyenne 60.7% environ de ceux-ci ;
-la seconde phase, qui s'étale sur la période allant de 1974 à 1982,
au cours de laquelle les ressources internes ne vont pouvoir couvrir, en
moyenne, que 41.7% environ des besoins de financement du Trésor.
C'est que le creusement des déficits budgétaires, auquel on a assisté
2
durant cette phase, a rendu insuffisantes ces ressources ;
195
-la troisième phase, qui concerne la période 1983-2012, est
caractérisée par la prédominance des moyens intérieurs dans le
financement du déficit du Trésor. Ces moyens ont, en effet, permis de
couvrir, en moyenne, 98.35% des déficits. Plus encore, les ressources
intérieures ont même pu suppléer à l'insuffisance des capitaux en
provenance de l'extérieur, capitaux dont les flux ont été négatifs et ce
en 1986 et surtout à partir de 1992
Notons que lorsque les ressources internes n'arrivent pas à financer
le déficit budgétaire, le Trésor se trouve obligé de compléter celles-ci
par le recours à des moyens de financement d'origine externe.
Années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 2013 2014 2015
(1) 1010 139 2508 140 0 0 0 6255 4993 0 842 619 818 7162 13000
(2) 11600 9356 11105 8780 9938 10302 9605 9451 7517 5009 7426 9143 52039 48757 61893
( 1 ) / ( 2 ) en % 8.7 1.4 22.5 1.5 0 0 0 66.2 59.7 0 11.3 6.7 1.57 14.69 21.00
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
Etant nulle durant plusieurs années, la contribution des dons au
financement de déficit budgétaire a été, en moyenne, de 11.91% entre
1970 et 2015. Plus encore, les concours des dons à la couverture des
besoins de financement du Trésor ont été substantiels en 1990 et 1991
soit respectivement 66.2% et 59.7%. Cela démontre la place non
négligeable des dons dans la structure de financement du déficit du
Trésor.
Cependant, tributaires du bon vouloir des pays donateurs, les apports
des dons sont nuls depuis 1995 et doivent être complétés par l'appel aux
emprunts extérieurs.
197
Paragraphe II- Les emprunts extérieurs nets
A l'instar des autres pays du Tiers-Monde, le Maroc a dû recourir
aux emprunts extérieurs surtout après l'accumulation de ses déficits
budgétaires, déficits dont les déterminants ont été relevés dans le
chapitre précédent.
Généralement, les emprunts extérieurs contractés par le Maroc, pour
financer ses déficits budgétaires, prennent trois formes : l'emprunt
public bilatéral, l'emprunt public multilatéral et les emprunts sur le
marché financier international.
1L'O.N.U. accorde des emprunts à travers un certain nombre d'instances qui ont été
créées à cet effet. Il s'agit, entre autres, du P.N.U.D., de la C.N.U.C.E.D. et du groupe de
la Banque Mondiale.
2Tellesque la Banque Africaine de Développement, la Banque Arabe pour le
Développement, la Banque Asiatique de Développement, etc.
3Voir à ce sujet:
- J.Frieden, Le Tiers-Monde entre la dépendance et l'indépendance monétaire,
Documents Economiques, Editions Universitaires de Fribourg, Suisse, 1983.
- A.Aquallal, La balance marocaine des paiements, Editions Imprimerie de Fédala,
1988.
4Projets sociaux, investissements dans le secteur agricole, le développement des
ressources naturelles.
199
II - L'emprunt sur le marché financier international
Alors que les autres pays du Tiers-Monde ont pu avoir accès au
marché financier international en 1971, le Maroc lancera son premier
emprunt sur ce marché en août 1975 et ce pour un montant de 200
millions de dollars. "Premier du genre dans la vie économique du Maroc
indépendant, cet emprunt a été contracté pour sept ans auprès d'un
1
groupe de banques arabes américaines et européennes."
2
Accordés par un consortium de banques, les crédits en provenance
du marché financier international sont, dans leur quasi-totalité, libellés
3
en dollar et obtenus à des taux d'intérêt très élevés sur des périodes
4
relativement courtes.
Tableau n°69 : Quelques émissions réalisées sur le marché
financier international en devises
Montant durée Prime de risque
Juillet 1996 1,5 milliards de Francs français 5 ans 48 pb
Avril 1999 138,7 millions d’Euro 7 ans 55 pb
Juillet 2003 400 millions d’Euro 5 ans 215 pb
Juillet 2007 500 millions d’Euro 10 ans 55 pb
Septembre 2010 1 milliard d’Euro 10 ans 200 pb
Source : Rapports sur la dette
Tableau n°70: Quelques émissions réalisées sur le marché financier international en
millions de dirhams
2015-
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2012 2013 2013 2014
T1
Marché
Financier 4,3 0 0 0 5,6 0 0 11186 0 12839 12839 0 6422 11167 0
International
Source : Rapports sur la dette et Bulletin de la dette extérieure du Trésor, juin 2015
Années 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
(1) -1253 -14078 -8343 -3190 -4567 -1695 -964 -3681 -2419 -5825 -2975 -3080 -8398 -5380 -4269
(2) 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674 5962 8575
( 1 ) / ( 2 ) en % -11.2 -160.3 -83.9 -30.9 -47.5 -18,84 -12,42 -71,12 -32,57 -61,54 -31,55 -30,06 -86,81 -90,24 -49,78
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
(1) -6319 -9861 -11199 -8746 -6417 -1457 -199 3597 11082 12822 15837 7279 15062 15.009 9.064 21.589
(2) 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 +1435 +1078 17975 28913 44067 59180 52.039 47781 49618
(1)/(2) -74,64 -52,35 -64,80 -54,89 -49,25 -5,11 -1,66 - - 71,33 54,77 16,52 34,18 28,84 18, 96 43,51
en %
1Les versements au titre des intérêts sont comptabilisés parmi les dépenses ordinaires
de l'Etat.
2Non compris les gains de rééchelonnement (au titre des intérêts et du capital) qui
constituent une troisième source de financement (de 1983 à 1992) et qui sera analysée à
part.
201
l'endettement extérieur, durant cette phase, "ne se posait pas encore de
1
façon alarmante." Notons aussi que cette période a été caractérisée par
le recours, uniquement, aux sources traditionnelles de financement
extérieur c'est-à-dire l'emprunt bilatéral et l'emprunt multilatéral ;
- la deuxième phase, se situant entre 1974 et 1982, correspond à une
période durant laquelle "les emprunts extérieurs de l'Etat amorcent une
2
accélération, modérée pour 1974, mais très importante dès 1975." En
effet, la part des emprunts extérieurs dans le financement du déficit va
passer, en moyenne, à 60.4%. Cela montre l'ampleur du financement
extérieur du déficit du Trésor, financement qui va en 1982 excéder
3
même le montant du déficit. Précisons que, durant cette phase, le
Trésor a eu recours, et d'une manière exagérée, aux emprunts privés sur
4
le marché international de capitaux à côté de l'appel aux sources
traditionnelles.
L'endettement extérieur du Maroc, qui a été excessif durant cette
5
période, va déboucher sur un accroissement cumulatif aussi bien de on
1H.Méziane, analyse des dépenses publiques. Une étude des relations Etat-économie
au Maroc (1956-1986), op.cit., p.233.
2A.El M'Kaddem, "Aperçu sur le financement du déficit de Trésorerie et son impact
monétaire au Maroc de 1970 à 1980", op.cit., p.243.
3Ce qui signifie que le Trésor se désengage vis-à-vis de ses créanciers internes.
Soulignons à cette occasion que le remboursement de l'emprunt national du Sahara de
1976 s'inscrit dans cette opération.
4L'encours de la dette extérieure privée est passée de 396 millions de dollars à 3568
millions de dollars entre 1975 et 1982. Voir à ce sujet: A.Marcil, Les emprunts du Maroc
sur le marché de l'eurodollar, Mémoire du cycle supérieur de l'E.N.A.P., 1983.
5Plusieurs facteurs ont concouru à la spirale de l'endettement extérieur du Maroc. Ces
facteurs sont à la fois internes (la hausse spectaculaire des prix des phosphates, la politique
volontariste de l'Etat, le conflit saharien, la sécheresse, etc.) et externes ( le contexte
économique international, la politique monétaire américaine, etc.). Voir à ce sujet:
- J.Metreau-Clause, La crise de l'endettement international, Thèse, Paris I, 1986.
- Ch.de Boissieu, "Difficultés et contraintes actuelles des politiques économiques",
Problèmes Economiques n° 1862, février 1984.
- A.Bouabid, Les effets des dépenses militaires sur l'activité économique des P.S.D.,
Cas du Maroc, Thèse, Paris IX Dauphine, 1986.
202
1
encours que de son service, accroissement qui n'était pas sans affecter
gravement l'Etat des finances publiques. C'est ainsi qu'en 1983 "le
Maroc n'était plus en mesure de rembourser normalement ses dettes
2
échues."
Cette situation a amené les responsables en 1983 (année où le Maroc
est en état de cessation de paiement) à solliciter le rééchelonnement des
prêts "consentis aussi bien par les organismes gouvernementaux,
représentés par le Club de Paris, que par les banques commerciales,
3
réunies dans le Club de Londres." L'année 1983 a été aussi la date
d'institutionnalisation du programme d'ajustement structurel après une
4
phase qualifiée "d'ajustement sans F.M.I. ;"
- la troisième et dernière phase, qui commence à partir de 1983 a été
caractérisée par un financement extérieur net (hors rééchelonnement)
négatif. Ce flux négatif, qui persiste encore même après la fin de la
longue décennie d'ajustement (1983-1992), a été, en moyenne, de -
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Financement extérieur
8598 5974 -1414 1560 4646 2978 9538 5627 278 -957 -4425 -2111 -2666 -8398 -5380 -4269
en millions de dh (1)
Déficits budgétaires
9356 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674 5962 8575
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % +91.9 +53.8 -16.1 +15.7 +45.1 +31.0 105,99 72,52 5,37 -12,89 -46,75 -22,39 -26,02 -86,81 -90,24 -49,78
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Financement extérieur
-6319 -9861 -11199 -8746 -6417 -1457 -199 3597 11082 12822 15837 7279 15062 15009 9293 53
en millions de dh (1)
Déficits budgétaires
8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 1435 1078 17975 28913 44067 59180 52039 47781 49618
en millions de dh (2)
( 1 ) / ( 2 ) en % -74,64 -52,35 -64,80 -54,89 -49,25 -5,11 -1,66 - - 71,33 54,77 16,52 34,18 28,84 19,45 00,11
Source : Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances publiques
de la TGR et dans les Statistiques du Trésor.
Années 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Financement intérieur 248,64 57,69 192,72 151,10 168,44 194,31 88,25 80,33 - - 76,48 73,42 23,18 38,92 - - -
non monétaire en %
Financement intérieur -98,86 116,95 -40,37 13,70 -13,56 -45,07 16,86 1,51 - - -47,82 -28,32 47,48 34,14 - - -
monétaire en %
Financement intérieur 149,78 174,64 -152,35 -164,80 -154,89 -149,25 105,11 81,84 - - 28,67 45,10 70,67 73,76 71,16 76,27 99,80
en %
Privatisation en % - - - - - - - 19,82 - - 0 -0,12 12,81 4,83 0,00 4,28 0,09
Financement extérieur -49,78 -74,64 52,35 64,80 54,89 49,25 -5,11 -1,66 - - 71,33 54,77 16,52 34,18 28,84 19,45 0,11
en %
Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 - - 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
Tableau n°75: Evolution de la structure du financement du déficit du Trésor en millions
de dirhams (1970 - 2015)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983
Financement intérieur
265 279 609 479 1504 1329 2600 2610 2941 2304 2705 3354 -19 6067
(En millions de DH)
Financement extérieur
343 434 336 279 -8 179 1350 609 4465 5195479 3383 4016 1504 4816 8079 9356
1329 5533 2600
(En millions de DH)
Opérations à classer
10 -54 -10 46 -326 397 280 -474 -132 -26 -151 -62 -85 -
et à régulariser
Total 618 659 935 517 1357 3076 7375 7331 6192 6294 7370 11371 9252 11600
Années 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Financement intérieur
758 5131 10194 8378 5656 6627 -539 2132 4898 8383 13890 11541 12913 18072 11342
(En millions de DH)
Financement extérieur
8598 5974 -1414 1560 4646 2978 9538 5627 278 -957 -4425 -2111 -2666 -8398 -5380
(En millions de DH)
Total 9356 11105 8780 9938 10302 9605 8999 7759 5176 7426 9465 9430 10247 9674 5962
208
Années 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Financement intérieur
12844 14785 28698 28481 24680 19447 29985 9819 -8085 -12160 5153 13041 31141 40826 47920 36442 49522
(En millions de DH)
Privatisation 1
- - - - - - - 2378 3053 0 0 35 5647 3292 0 2046 43
(En millions de DH)
Financement extérieur
-4269 -6319 -9861 -11199 -8746 -6417 -1457 -199 3597 11082 12822 15837 7279 15062 15.009 9293 54
(En millions de DH)
Total 8575 8466 18837 17282 15934 13030 28528 11998 +1435 +1078 17975 28913 44067 59180 52039 47781 49618
Source: Rapports de Bank Al-Maghrib et Bulletins mensuels des finances
publiques de la TGR.
1 Le rapport annuel de Bank Al-Maghrib de 2012 recèle une erreur quant aux
recettes de privatisation. Au lieu de mentionner que ces recettes s’élèvent à 5647, il
les estime à seulement 5319 ce qui a posé un problème au niveau de la couverture du
besoin de financement du Trésor.
2V.Sundararajan et Kenneth G. Lay, Directives pour la gestion de la dette
publique : document d’accompagnement, document préparé par les services du Fonds
monétaire international et de la Banque mondiale, novembre 2002, p.10.
3 V.Sundararajan et Kenneth G. Lay, Directives pour la gestion de la dette
publique, op.cit., p.10.
4 Voir en particulier : M.Audit (sous la direction de), Insolvabilité des Etats et
dettes souveraines, LGDJ, 2011.
209
Tableau n°76 : Dette des administrations publiques de certains pays l’OCDE en %
du PIB
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Australie 14.6 13.9 19.5 23.6 27.1 32.4 33.7 33.8
Autriche 63.5 68.7 74.1 78.1 80.0 84.9 86.8 86.9
Belgique 87.9 92.7 99.8 99.5 101.9 104.1 104.7 104.5
Canada 65.0 69.2 81.5 83.0 83.4 85.5 85.2 85.3
République tchèque 31.0 34.4 40.8 45.2 48.2 55.9 59.3 61.9
Danemark 34.3 41.4 49.3 53.1 59.9 58.9 58.6 58.4
Finlande 41.4 40.3 51.8 57.9 57.9 63.3 66.2 69.9
France 73.0 79.3 91.3 95.6 99.5 109.7 113.5 116.3
Allemagne 65.6 69.9 77.5 86.1 86.3 89.2 87.9 85.1
Grèce 119.3 122.4 138.3 156.9 178.9 165.6 183.7 189.2
Hongrie 73.3 77.1 86.4 87.3 85.9 89.0 88.9 88.9
Islande 53.3 102.2 119.8 125.1 133.8 131.8 128.6 124.4
Irlande 28.6 49.7 70.5 98.0 112.2 123.3 129.3 126.4
Italie 114.4 116.9 130.1 128.9 122.0 140.2 143.6 143.9
Japon 162.4 171.1 188.7 193.3 210.6 219.1 228.4 233.1
Corée 28.8 30.4 33.5 34.3 36.2 35.1 35.0 35.2
Luxembourg 11.4 19.3 19.1 25.8 25.9 28.4 30.4 32.0
Pays-Bas 51.5 64.8 67.6 71.6 75.9 82.6 84.2 85.7
Nouvelle-Zélande 25.5 28.7 34.2 37.9 41.6 44.3 46.3 46.9
Norvège 56.6 55.2 49.0 49.2 34.1 34.6 41.3 53.2
Pologne 51.7 54.4 58.4 62.4 63.1 62.6 64.7 65.7
Portugal 75.5 80.8 94.0 105.5 121.6 138.8 142.8 147.3
République slovaque 33.5 32.2 40.4 45.9 48.2 56.6 58.8 60.2
Slovénie 29.5 28.8 43.1 47.3 51.1 61.0 70.7 75.0
Espagne 42.4 47.8 62.9 67.8 77.1 90.5 97.8 103.5
Royaume-Uni 47.0 57.5 72.0 85.6 100.4 103.9 109.1 113.0
États-Unis 66.3 75.3 88.8 97.9 102.3 106.3 109.1 110.4
Zone euro (15 pays) 72.3 77.6 88.3 93.5 95.6 103.9 106.4 106.9
OCDE-Total 74.3 80.9 92.3 98.9 103.5 108.8 111.9 113.1
Source : Perspectives économiques de l’OCDE n° 93, juin 2013.
Pour analyser la dette publique au Maroc, nous allons d’abord mettre
en évidence son poids avant de détailler ses modes de gestion.
212
A la lecture des données contenues dans le tableau ci-dessus, il
ressort que la dette totale du Trésor en % du PIB a accusé une tendance
générale à la baisse durant la période 1998-2009 pour se fixer à 46,9%
en 2009. Mais à partir de 2010, et suite aux effets de la crise qui a frappé
l’économie mondiale en 2008, la dette totale du trésor va tendre vers la
hausse pour s’approcher du seuil de 60% du PIB. La dette du trésor par
tête s’est située à 15144 dirhams, soit une fois et demi celle de 1998 ou
dix fois celui de 1980.
Tableau n°79: Dette intérieure du trésor (1998-2014)
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Encours de la dette intérieure
130 827 136 401 149 121 175 611 191 255 211 196 223 616
du Trésor (En millions DH)
En % du PIB 34,0% 35,0% 37,9% 41,2% 42,9% 44,3% 44,3%
Charges en intérêts
11 471 12 068 12 035 13 017 13 722 14 211 14 879
(En millions DH)
En % du PIB 3,0% 3,1% 3,1% 3,1% 3,1% 3,0% 2,9%
Coût moyen (%) 8,9% 8,6% 8,3% 8,2% 7,2% 6,8% 6,4%
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Encours de la dette
intérieure du 265 263 266
258 489 257 547 292 252 331 342 376 805 424458 445040
Trésor 777 833 439
(En millions DH)
En % du PIB 49,0% 46,0% 42,8% 37,4% 36,2% 38,2% 41,3% 45,5% 48,6 48,5
Charges en intérêts 16 14 15
14 980 16 494 15 562 15 222 16 591 19418 21897
(En millions DH) 362 567 099
En % du PIB 2,8% 2,8% 2,7% 2,3% 2,0% 2,0% 1,9% 2,0% 2,2% 2,4%
Coût moyen (%) 6,2% 5,9% 5,8% 5,4% 5,1% 5,3% 4,8% 4,8% 4,7% 4,6%
Source : Rapports sur la dette.
Les données du tableau ci-dessus montrent que la dette intérieure du
Trésor a connu un accroissement continu durant la période 1998-2013.
Sa part dans le PIB est passée de 34% en 1998 à presque 50% en 2014.
En effet, en 2014, cette dette représente plus de trois fois celle de 1998.
Son coût moyen a enregistré une tendance à la baisse durant toute la
période étudiée, soit un coût moyen de 6,51% durant toute la période
étudiée.
213
Tableau n°80: Evolution de la dette extérieure du trésor (1998-2015)
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Encours de la dette extérieure du
125 864 123955 118646 110597 92 562 78 924 70 356
Trésor (En millions DH)
En % du PIB 32,7% 31,8% 30,2% 25,9% 20,8% 16,5% 13,9%
Charges en intérêts (En millions DH) 6 785 6 139 6 403 5 908 4 437 3 182 2 527
En % du PIB 1,8% 1,6% 1,6% 1,4% 1,0% 0,7% 0,5%
Coût moyen (%) 5,3% 4,9% 5,2% 5,0% 4,0% 3,4% 3,2%
Avoirs extérieurs nets (En millions
43.026 59.091 54.685 101949 110780 127461 144441
DH)
Avoirs extérieurs nets / Dette
34,18 47,67 46,09 92,18 119,68 161,50 205,30
extérieure du Trésor en %
2015
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
T2
Encours de la dette
extérieure du 116
69 041 65 057 65 946 68 259 78 738 92 353 99 581 129804 141086 139918
Trésor 872
(En millions DH)
En % du PIB 13,1% 11,3% 10,7% 9,9% 10,7% 11,8% 12,4% 14,1% 14,9% 15,4% -
Charges en intérêts
2 389 2 440 2 709 2 842 2 863 2 329 3 037 3 395 3882 3736 1436
(En millions DH)
En % du PIB 0,5% 0,4% 0,4% 0,4% 0,4% 0,3% 0,4% 0,4% 0,4% 0,4% -
Coût moyen (%) 3,4% 3,5% 4,2% 4,3% 4,2% 3,0% 3,3% 3,4% 3,3% 2,9% -
Avoirs extérieurs
207 197 192 194 173 144
nets 165899 190768 150267 180760 -
476 099 714 605 843 736
(En millions DH)
Avoirs extérieurs
nets / Dette
240,29 293,23 314,61 288,75 244,75 210,72 174,57 123,84 115,76 128,12 -
extérieure du
Trésor en %
214
Il faut faire remarquer que les données fournies par le Ministère de
l’Economie et des Finances recèlent une sous-estimation de la dette
totale du Trésor, exigeant une interprétation prudente de ces chiffres.
En effet, en rapportant cette dette aux PIB rectifiés, il ressort des
niveaux inquiétants de la dette, surtout pour la période 1998-2003. C’est
ce que laisse apparaître le tableau suivant.
Tableau n°81 : Sous-estimation (-) ou surestimation du poids de la dette totale en
% du PIB
Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Dette totale du Trésor en millions de DH (chiffres
256691 260356 267767 286208 283817 290120 293972
Ministère de l’Economie et des Finances)
Dette totale du Trésor en % PIB (chiffres Ministère
66,70% 66,80% 68,10% 67,10% 63,70% 60,80% 58,20%
de l’Economie et des Finances) (1)
PIB en millions de DH 342558 343131 354208 383185 397782 419485 505015
Dette totale du Trésor en % du PIB (2) 74,93 75,88 75,60 74,69 71,35 69,16 58,21
Sous-estimation (-) ou surestimation (+) de la dette
-8,23 -9,08 -7,50 -7,59 -7,65 -8,36 -0,01
totale du Trésor : Ecart (1) – (2)
Ecarts (1) – (2) 0,03 0,00 -0,01 +0,00 -0,23 -0,04 0,01 -0,01
215
Tableau n°82 : Projections des charges de la dette du Trésor (2014-2020)
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Charges en principal (en millions de DH) 8224 7645 6633 12246 6857 6321 16601
Charges en intérêts (en millions de DH) 3234 2997 2803 2617 2136 1957 1795
Total des charges (en millions de DH) 11458 10642 9436 14863 8993 8278 18396
Total des charges (en millions de dollars) 1321 1227 1088 1713 1037 954 2120
Source : Tableau confectionné à partir de données puisées dans les Rapports sur
la dette.
Tableau n° 83 : Projections des charges de la dette du Trésor à court terme
Avril 2013 Mai 2015 Juin 2016 2013 T2 2013T3 2013 T4 2014 T1
Charges en principal (en millions de DH) 773 237 644 1654 2625 1593 2801
Charges en intérêts (en millions de DH) 242 119 630 992 709 1116 664
Total des charges (en millions de DH) 1015 556 1274 2646 3334 2709 3465
Total des charges (en millions de dollars) 117 41 147 305 384 312 399
Source: Rapports sur la dette.
Notons que la dynamique de la dette publique est intimement liée à
un certain nombre de facteurs dont notamment l’ampleur des déficits
budgétaires, le taux de croissance économique, le taux d’inflation et le
taux de change.
La dette publique est la conséquence de l’accumulation des déficits
budgétaires. L’accroissement de ces derniers entraîne l’alourdissement
de la dette publique comme le montre le tableau suivant :
216
Tableau n° 84: Dette publique et déficit budgétaire
Années Déficits budgétaires P.I.B. en Déficits budgétaires en Dette publique (en Dette publique en % du
en millions de millions de % millions de dirhams PIB
dirhams ( 1 ) dirhams ( 2 ) (1) /(2) en % (3) (3) / (2) en %
1980 7 370 74 090 -9,95 30826 41,61
1981 11 371 79 034 -14,39 42054 53,21
1982 9 252 92 898 -9,96 54985 59,19
1983 11 600 99 143 -11,70 72921 73,55
1984 9 356 112 345 -8,33 94559 84,17
1985 11 105 129 507 -8,57 106278 82,06
1986 8 780 154 725 -5,67 120035 77,58
1987 9 938 156 689 -6,34 134588 85,89
1988 10 302 182 230 -5,65 171167 93,93
1989 9 605 193 931 -4,95 181445 93,56
1990 8999 212 855 -4,23 168253 79,05
1991 7759 242 360 -3,20 179173 73,93
1992 5176 242912 -2,13 208150 85,69
1993 7 426 249223 -2,98 220944 88,65
1994 9465 279323 -3,39 230159 82,4
1995 9430 281702 -3,35 233568 82,91
1996 10247 319635 -3,21 241531 75,56
1997 9674 319291 -3,03 250859 78,57
1998 5962 342558 -1,74 256 691 74,93
1999 8575 343131 -2,50 260 356 75,88
2000 8466 354208 -2,39 267 767 75,6
2001 18837 383.185 -4,92 286 208 67,1
2002 17282 397782 -4,34 283 817 63,7%
2003 15934 419485 -3,80 290 120 60,8%
2004 13030 505015 -2,58 293 972 58,2%
2005 28528 527679 -5,41 327 529 62,1%
2006 11.998 577344 -2,08 330 834 57,3%
2007 +1.435 616254 0,23 329 779 53,5%
2008 +1.078 688843 0,16 325 806 47,3%
2009 17.975 732449 -2,45 345 177 46,9%
2010 28.913 764031 -3,78 384 605 50,3%
2011 44.067 802607 -5,49 430 923 53,7%
2012 59.180 827797 -7,15 493 677 59,6%
2013 52039 872791 -5,96 554261 63,5%
2014 -48757 904522 -5,39 586065 63,9%
2015 -61893 953854 -6,49 - -
Source : Rapports annuels de Bank Al-Maghrib et rapport sur la dette
Il ressort du tableau ci-dessus qu’à la période 1980-1989 a enregistré
un déficit budgétaire moyen de 8,55% du PIB entraînant un niveau de
dette publique moyen avoisinant les 74,5% du PIB. Durant la période
1990-2009, la chute du niveau du déficit budgétaire à 2,9% environ du
PIB a permis de ramener la dette à moins de 50% du PIB. Pour la
période 2009-2012 qui a enregistré une recrudescence des déficits
budgétaires (4,72% du PIB), la dette publique a repris une tendance vers
la hausse pour se situer à plus de 52% du PIB.
217
Par ailleurs, on peut rapprocher le niveau de la dette publique à
d’autres facteurs dont notamment le taux de croissance économique et
les coûts associés à cette dette. En effet, un taux de croissance
économique élevé favorise la baisse du niveau de la dette et
inversement. De même, la baisse du coût moyen de la dette publique est
propice à sa réduction et vice versa. C’est ce que montrent les tableaux
suivants :
Tableau n° 85: Dette publique et croissance économique
Années Dette publique Dette publique En % du Taux de croissance
(en PIB économique
Millions de dhs )
1997 250859 78,57 -2.2%
1998 256 691 74,93 7.7%
1999 260 356 75,88 0.0%
2000 267 767 75,6 1.6%
2001 286 208 67,1 7.6%
2002 283 817 63,7% 3.3%
2003 290 120 60,8% 6.3%
2004 293 972 58,2% 4.8%
2005 327 529 62,1% 3.0%
2006 330 834 57,3% 7.8%
2007 329 779 53,5% 2.7%
2008 325 806 47,3% 5.6%
2009 345 177 46,9% 4.8%
2010 384 605 50,3% 3.6%
2011 430 923 53,7% 5.0%
2012 493 677 59,6% 3.4%
Source : Rapports annuels de Bank Al-Maghrib et Rapports sur la dette
218
Tableau n° 86: Dette publique et coût moyen de la dette
Années Dette publique Dette publique Coût moyen Coût moyen Coût moyen
(en millions en % du PIB de la dette de la dette de la dette
de dhs ) intérieure extérieure totale
1998 256 691 74,93 8,9% 5,3% 7,1
1999 260 56 75,88 8,6% 4,9% 6,75
2000 267 767 75,6 8,3% 5,2% 6,75
2001 286 208 67,1 8,2% 5,0% 6,6
2002 283 817 63,7% 7,2% 4,0% 5,6
2003 290 120 60,8% 6,8% 3,4% 5,1
2004 293 972 58,2% 6,4% 3,2% 4,8
2005 327 529 62,1% 6,2% 3,4% 7,90
2006 330 834 57,3% 5,9% 3,5% 7,65
2007 329 779 53,5% 5,8% 4,2% 7,90
2008 325 806 47,3% 5,4% 4,3% 7,55
2009 345 177 46,9% 5,1% 4,2% 7,20
2010 384 605 50,3% 5,3% 3,0% 6,80
2011 430 923 53,7% 4,8% 3,3% 6,45
2012 493 677 59,6% 4,8% 3,3% 6,45
1 Les deux instruments ne procurent à l’Etat aucun gain financier mais permettent,
à court terme, un abaissement des charges en principal ; ces dernières seront
supportées durant les années futures jugées moins saturées en terme de
remboursement. La réussite de cette opération a requis une mise à niveau juridique et
une clarification quant aux procédures comptables et techniques. Pour plus de détail,
voir le Rapport sur la dette, 2013.
2 Il s’agit du premier rapport accompagnant le projet de loi de finances pour
l’année budgétaire 2013.
3 Ministère de l’économie et des Finances, Rapport sur la dette, 2013, p.19.
221
Trésor à « avoir constamment un solde créditeur au niveau de son
compte courant auprès de la Banque centrale.»1
La réduction du coût de la dette et des risques associés à la dette
constitue un autre objectif non moins important de la gestion de la dette.
L’atteinte de cette finalité dépend de deux facteurs à savoir la
diminution des coûts de financement et des risques liés au portefeuille
de la dette et qui sont pour l’essentiel les risques de taux d’intérêt et de
change.
L’analyse de l’évolution du coût moyen de la dette du trésor durant
la période 1998-2012 montre une tendance générale à la baisse. En
effet, durant cette période, le coût moyen de la dette intérieure est passé
de 8,9% à 4,8% (soit 410 points de base) et celui de la dette extérieure
a baissé de 5,3% à 3,3% (soit 200 points de base)2. L’évolution du coût
apparent de la dette du trésor est décrite dans le tableau suivant :
Tableau n°88 : Coût apparent de la dette du Trésor
Années 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Dette intérieure 8,2% 7,2% 6,8% 6,4% 6,2% 5,9%
Dette extérieure 5,0% 4,0% 3,4% 3,2% 3,4% 3,9%
Dette du trésor 6,8% 6,0% 5,7% 5,5% 5,5% 5,4%
1 Ibid, p.19.
222
Tableau n°89 : Evolution des charges d’intérêt de la dette du
Trésor en % des recettes publiques
Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Charges en intérêts de la dette publique (1) 18 256 18 207 18 438 18 925 18 159 17 393 17 406
Ressources du Trésor (2) 78084 95441 81434 109055 88343 98355 105157
(1)/(2) en % 23,38 19,08 22,64 17,35 20,56 17,68 16,55
1 Rapport sur la dette, projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2013, p.36.
223
modification de la composition de la dette en devises a permis la
diminution du degré d’exposition du portefeuille aux variations des
taux de change de 3,8% en moyenne durant la période 2002-2006 à
environ 0,7% pour la période 2007-2011.1
Tableau n°90 : Evolution de la structure de la dette du Trésor par devise
2001 2002 2003 2004 2005 2006
MAD 61% 67% 73% 76% 79% 80%
EUR 15% 14% 15% 14% 15% 13%
USD 17% 13% 9% 7% 6% 5%
KWD 3% 3% 2% 2% 2% 1%
JPY 2% 2% 1% 1% 1% 1%
AUTRES 1% 0% 0% 0% 0% 0%
2014-
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
S1
Court terme 13% 16% 17% 20% 24% 18% 14% 15,5% 16,8% 15,2%
Moyen et long termes 87% 84% 83% 80% 76% 82% 86% 84,5% 83,2% 84,8%
2 Ibid.
225
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014-S1
Court terme en millions de DH 46619 61105 76102 61171 52539 68 958 84 983 81 163
Court terme En% 17,67 23,73 28,56 20,93 15,86 18,30 20,02 18,13
Moyen terme en millions de DH 83685 69143 75118 121307 159962 170 853 186 974 177 353
Moyen terme En % 31,72 26,85 28,19 41,51 48,28 45,34 44,05 39,61
Long terme en millions de DH 133529 127300 115219 109774 118842 136 994 152 500 189 236
Long terme En % 50,61 49,43 43,24 37,56 35,87 36,36 35,93 42,26
Total en millions de DH 263833 257548 266439 292252 331343 376 805 424 457 447 752
Total En % 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
Source : Rapports sur la dette
Il ressort du tableau ci-dessus que la stratégie du trésor a été de faire
baisser la part du court terme au profit du moyen et long termes afin de
réduire « les risques de non remboursement et de refinancement de la
dette à travers un lissage de l’échéancier de la dette du Trésor en évitant
d’avoir des pics importants en matière de remboursements. »1 Ainsi, en
2011, le court terme ne représente plus que 15,86% contre 33,63% en
2001.
Le renforcement du moyen et long terme de la dette du trésor a
également contribué à augmenter sa durée de vie moyenne qui est
passée de 4 ans et 5 mois en 2001 à 5 ans et 6 mois.
Tableau n°94 : Durée de vie moyenne de la dette du trésor
2001 2002 2003 2004 2005 2006
Dette intérieure 3A8M 4A1M 3A9M 4A10M 6A5M 6A9M
Dette extérieure 5A7M 5A6M 5A9M 5A5M 5A10M 6A2M
Dette du trésor 4A5M 4A7M 4A4M 5A1M 6A4M 6A8M
A : an ; M : mois
Source : Rapports sur la dette
226
III-Les sources internes et externes de financement
Les autorités budgétaires ont tendance à opérer un arbitrage entre
sources internes et sources externes de financement en concordance
avec les conditions financières offertes par les marchés intérieur et le
marché extérieur ainsi qu’avec les variables macroéconomiques
notamment le niveau des avoirs extérieurs nets et l’impact sur les taux
d’intérêt1. En fait, l’option pour le financement interne plutôt qu’au
financement externe est argumentée par, d’une part, la prudence quant
au recours au marché financier international en raison du risque de
contracter des dettes onéreuses et, d’autre part, par l’impératif de
dynamiser le marché des valeurs du Trésor.
Tableau n°95 : Structure de la dette du Trésor par source de financement
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990
Dette intérieure en % 32,86 26,86 24,72 24,05 20,00 24,82 30,68 34,06 30,05 32,34 33,95
Dette extérieure en % 67,14 72,66 75,28 75,95 80,00 75,18 69,32 65,94 69,95 67,66 66,05
Total Dette du trésor en % 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Dette intérieure en % 32,88 32,30 34,78 40,77 43,49 45,75 48,44 50,97 52,39 55,69
Dette extérieure en % 67,12 67,70 65,22 59,23 56,51 54,25 51,56 49,03 47,61 44,31
Total Dette du trésor en % 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
227
aussi bien pour la dette interne que pour celle externe. En effet, si pour
la dette extérieure, les deux tiers sont assortis de taux fixes en 2011
(contre 54 en 2004), pour la dette totale du trésor la part contractée à
taux fixe s’élève à 92% en 2011 (contre 79% en 2001).
Tableau n°96 : Structure de la dette du Trésor par type de taux
2001 2002 2003 2004 2005 2006
Fixe - - - 54% 54% 54%
Dette extérieure Variable - - 46% 46% 46%
Fixe 79% 82% 87% 89% 90% 91%
Dette du trésor Variable 21% 18% 13% 11% 10 9%
229
Conclusion du chapitre II
231
Conclusion de la première partie
Le principe classique des finances publiques est l’équilibre
budgétaire. La foi dans les mécanismes du marché a amené la théorie
libérale à proscrire toute immixtion de l’Etat dans l’activité économique
et à délimiter strictement son rôle. Il en découle que le budget doit être
à la fois neutre et équilibré.
L’incapacité du marché à surpasser la crise des années 30 va, sous
l’impulsion des idées keynésiennes, exiger une intervention musclée de
l’Etat dans l’activité économique. C’est que la relance de la demande
effective passe nécessairement par la réalisation d’un déficit budgétaire,
relance basée sur le jeu multiplicateur.
L’utilisation du déficit budgétaire pour lutter contre la dépression, et
donc le rejet du dogme budgétaire, a revêtu plusieurs formes en fonction
des différents rôles assignés au budget (budgets cycliques, finances
fonctionnelles, déficit systématique).
L’intervention de l’Etat par le biais de la politique budgétaire va
permettre d’élargir ses fonctions et embrasser plusieurs domaines de
l’activité économique et sociale: affectation des ressources,
redistribution des revenus et régulation de l’activité économique
Vers le milieu des années 70 et avec l’aggravation des déficits
budgétaires, et l’alourdissement des dettes publiques, qui sont
désormais devenues une donnée permanente des économies
occidentales, la théorie néolibérale va mettre en doute l’efficacité de la
politique budgétaire. En somme le scepticisme envers les déficits
publics est appuyé par deux constatations importantes: d’une part les
relances par le déficit budgétaire sont sans effet sur l’activité
économique (théorème d’équivalence ricardienne reformulée par
R.J.Barro) ; d’autre part, les dépenses publiques gênent le dynamisme
du secteur privé ( les thèses des effets d’éviction).
Bien qu’ils constituent une réalité apparente dans les finances
publiques actuelles, les déficits budgétaires présentent des difficultés
quant à leur quantification.
Au Maroc, il existe deux approches fondamentales de mesure du
déficit budgétaire: celle du Ministère des Finances et celle de Bank Al-
Maghrib, bien que cette dernière se base sur les statistiques élaborées
par le premier. Les soldes (déficits) calculés par ces deux entités
232
présentent trois caractéristiques principales: d’abord, les soldes ne
concernent que les opérations de l’Etat (et non celles de l’agent
économique Administration ), ensuite, ils sont calculés dans l’optique
gestion (les opérations budgétaires sont rattachées à l’année budgétaire
au cours de laquelle elles sont réalisées) ; enfin, ils portent sur des
montants différents, que ce soit d’une source à l’autre (statistiques du
Trésor et rapport de Bank Al-Maghrib) ou à l’intérieur d’une même
source.
La présence de soldes portant sur des montants différents dans les
statistiques du Trésor procède de l’existence de trois modes de calcul
correspondant à trois types de classifications (classification budgétaire,
classification du FMI, classification économique). Pour ce qui est des
rapports de Bank Al-Maghrib, le caractère hétérogène des soldes et qui
sont calculés en se référant aux statistiques du Trésor, découle de la
variabilité de la classification adoptée d’une période (année) à l’autre et
de la structure changeante du contenu des recettes et des dépenses.
Pour uniformiser la méthode de calcul du déficit budgétaire, nous
avons opté pour la classification du FMI. Ce choix est justifié par le fait
que d’une part cette méthode n’intègre du côté des dépenses de la dette
que les intérêts y compris les gains de rééchelonnement de la dette
extérieure en matière d’intérêt ; d’autre part, cette classification permet
de dégager le besoin de financement c’est-à-dire le solde définitif que
le Trésor doit effectivement financer.
Ainsi calculés, les déficits budgétaires au Maroc entre 1970 et 2014,
ont connu une évolution que l’on a pu ramener à quatre périodes: une
première période (1970-1973) marquée par des déficits budgétaires
modérés ( 3% en moyenne du PIB) ; une seconde période (1974-1983)
où le Maroc connaîtra des déficits budgétaires colossaux (11.1 % en
moyenne du PIB); une troisième période (1983-2009) caractérisée par
des efforts déployés pour maîtriser les déficits budgétaires ( ramenés à
4.02% en moyenne du PIB) ; une quatrième période (2010-2014) au
cours de laquelle les dérapages budgétaires se font constater avec des
déficits budgétaires représentant en moyenne 5,6% du PIB et des soldes
primaires négatifs.
Face à ces déficits budgétaires, dont l’origine se situe dans
l’accroissement des dépenses publiques supérieur à l’accroissement des
recettes fiscales, l’Etat doit trouver les moyens financiers à même de les
couvrir.
233
En fait, le Trésor dispose de ressources à la fois variées et émanant
d’origines très différentes. En effet, il peut faire appel au financement
intérieur non monétaire (emprunt sur ressource d’épargne liquide et à
court terme et/ou à moyen et long terme auxquelles il convient d’ajouter
les dépôts à caractère non monétaire), le financement intérieur
monétaire (circuit du Trésor, Bank Al-Maghrib, banques
commerciales). A côté de ces ressources intérieures, l’Etat peut recourir
à des moyens de financement extérieurs (dons, emprunts ).
La politique de financement du Trésor entre 1970 et 2013 a connu
des changements que l’on peut ramener à trois étapes: une première
(1970-1973)) pendant laquelle le Trésor se base essentiellement sur les
ressources intérieures (60.7% en moyenne du déficit); une deuxième
(1974-1982) où l’Etat s’est davantage tourné vers les sources
extérieures de financement (60.47% en moyenne du déficit); une
troisième (1983-2013) durant laquelle l’Etat va plutôt essayer de
mobilier les ressources intérieures (98.35% en moyenne du déficit).
Si au cours de la période de prééminence des thérapeutiques
keynésiennes, le problème de financement du déficit budgétaire ne se
posait pas, par contre, avec l’aggravation des déficits publics, il va
préoccuper la plupart des auteurs et écoles de pensée. En fait, le débat
qui va s’animer entre ceux-ci sera centré sur les effets d’éviction.
234
Deuxième partie : Les
déficits budgétaires et la
relance de l’économie
235
Introduction de la deuxième partie
Les controverses traitant du financement du déficit budgétaire ont
grandement évolué au cours du temps. A l’époque de la prééminence
des doctrines libérales, le poids de l’Etat étant faible, le budget ne
pouvait être en déséquilibre. Il en découle que le problème du
financement du déficit budgétaire ne se pose pas. En fait, les
répercussions négatives du déficit budgétaire sur l’activité économique
ont été pressenties par les classiques (A.Smith, D.Ricardo, J.S.Mill,
etc.) qui ont émis des mises en garde contre le développement de l’Etat
et les dangers d’un accroissement des activités non productives aux
dépens des activités productives.
J.M.Keynes avait lui-même averti les responsables des dangers que
pouvait présenter un accroissement des dépenses publiques sans
accompagnement monétaire. En fait, Keynes ne s’était pas
sérieusement préoccupé des conséquences du financement du déficit
budgétaire. Il était certain que l’expansion de l’activité économique
provoque une épargne suffisante qui assure le financement du déficit.
C’est au cours de la décennie 70, avec l’aggravation des déficits
budgétaires, que le problème du financement du déficit budgétaire va
préoccuper plusieurs écoles de pensée, allant des monétaristes aux
keynésiens en passant par l’école des anticipations rationnelles. Ce
débat, centré sur les effets d’éviction, est alimenté à la fois par des
développements théoriques et des vérifications empiriques.
Au niveau théorique, d’importants travaux ont été consacrés aux
incidences du mode de financement des déficits budgétaires. A
l’origine, les aspects théoriques de l’effet d’éviction financier ont été
exprimés dans le cadre du modèle ISLM traditionnel. L’affinement de
cette analyse s’avérait nécessaire aussi bien par l’introduction de la
contrainte financière publique, de l’effet de richesse, de l’ouverture de
l’économie que des structures financières.
Au niveau empirique, il s’agit de mener des vérifications
économétriques de l’existence de l’effet d’éviction et/d’entraînement
financier au Maroc à la lumière des études relatives à certains pays
développés.
C’est ainsi que la deuxième partie sera composée de deux chapitres
:
236
Chapitre III : Controverse autour de l’efficacité de l’action par les
déficits publics ou le débat sur la discipline budgétaire
Chapitre IV : Etude empirique de des effets de l’action de l’Etat par
les déficits budgétaires
237
Chapitre III : Controverse
autour de l’efficacité de
l’action par les déficits
publics ou le débat sur la
discipline budgétaire
238
239
Introduction du chapitre III
241
Section I : De l’analyse classique au théorème Ricardo-
Barro : l’impératif de la discipline budgétaire
Les contestations théoriques de l’inefficacité de l'action de l'Etat par
le déficit budgétaire ne sont pas nouvelles ; elles remontent aux
premiers classiques (A.Smith, J.B.Say, D.Ricardo, etc.) qui ont
pressenti l'idée de l'éviction relative aux conséquences de la variation
des dépenses publiques. La reformulation par R.J.Barro du théorème
d'équivalence de Ricardo va contribuer à enrichir la controverse entre
les économistes keynésiens et les économistes monétaristes autour de
la pertinence du multiplicateur budgétaire, controverse au centre de
laquelle on trouve les effets d'éviction.
La prémonition des classiques (Paragraphe premier) quant aux effets
nocifs du déficit budgétaire à la croissance servira de base au rejet, par
R.J.Barro, de la politique budgétaire comme moyen de relance de
l’activité économique (Paragraphe II).
1A.Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, op.cit.
p.576.
242
considérée par les citoyens, loin du conflit, comme étant le prix de
l'amusement dont ils jouissent en lisant "dans les gazettes les exploits
de leur flotte et de leurs armées."1
Cependant, le paiement de la dette, dont les intérêts sont de plus en
plus croissants, nécessite de lever des impôts de plus en plus importants.
Pour A.Smith, ce paiement a des conséquences macro-économiques
néfastes car tout en "dépouillant les propriétaires et les capitalistes au
profit des rentiers (...) met en péril la richesse de la nation."2 En effet,
ce paiement empêche la bonne tenue de la terre et l'utilisation rentable
d'une partie du capital car il exerce une ponction sur le revenu des
propriétaires fonciers et celui des capitalistes. A long terme "cette
opération doit nécessairement faire que les terres se négligent et que les
capitaux se dissipent ou fuient ailleurs."3
Sur la même lignée des idées de A.Smith, J.B.Say va soutenir l'idée
selon laquelle l'emprunt public n'est qu'un élément d’appauvrissement
de l'Etat car ce dernier se "trouve affaibli en ce que le capital prêté au
gouvernement, ayant été détruit par la consommation que le
gouvernement en a faite, ne donnera plus à personne le profit, ou, si l'on
veut, l’intérêt qu'il pouvait rapporter en sa qualité de fonds productif."4
Il apparaît ainsi que J.B.Say assimile les dépenses publiques à la
consommation finale car elles sont engagées pour satisfaire
immédiatement les besoins sociaux. De ce fait, les dépenses publiques
(consommations publiques) ne peuvent se faire qu’aux dépens des
dépenses privées (consommations privées). En effet, "la consommation
qui a suivi l'emprunt (fait par l'Etat pour financer ses dépenses) a
emporté un capital qui ne rapportera plus de revenu. »5 Donc, toute
espèce d'emprunt ainsi que les impôts qui en résultent portent préjudice
1Ibid., p.566.
2M.Herland, « L'impôt ou la dette publique, un retour aux sources », Revue
Française d'Economie, n°2 , printemps 1992, p.130. Voir également, P.Llau,
Economie financière publique, op.cit.
3A.Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, op.cit.
p.575.
4J.B.Say, Traité d'économie politique, op.cit., p.548.
5 J.B.Say, cité par D.Ricardo in Principes de l'économie politique et de l'impôt,
op. cit., p.216.
243
au consommateur. De plus, les emprunts publics "ont l'inconvénient de
faire monter les intérêts des capitaux. Qui voudrait prêter à 5% par an à
l’agriculture, aux fabriques, au commerce, lorsqu'on trouve un
emprunteur (l'Etat) prêt à payer un intérêt de 7 à 8 %?"1 Cela a pour
conséquence, encore une fois, la baisse de la consommation suite au
renchérissement des produits.
Il est clair ainsi que l'action de l'Etat ne peut être efficace aux yeux
de J.B.Say que si "l'avantage qui doit naître pour le public d'un besoin
satisfait, surpasse l'étendue du sacrifice que le public a dû faire pour
cela".2
A côté de A.Smith et de J.B.Say on trouve D.Ricardo dont le point
de vue sur la question des dépenses publiques et leur financement est
fort intéressant ; son nom sera en effet joint à un théorème dit
"d'équivalence de l'impôt et de l'emprunt" qui sera reformulé par
R.J.Barro.
Pour analyser l'effet des dépenses publiques, D.Ricardo va prendre
l'exemple d'un pays où éclate une guerre nécessitant des dépenses
extraordinaires de vingt millions de livres. Pour couvrir ces frais
supplémentaires, Ricardo envisage les trois solutions suivantes qu'il
considère comme équivalentes du point de vue des mathématiques
financières :3
- l'augmentation annuelle des impôts d'un montant de vingt millions
de livres "dont le pays serait totalement libéré au retour de la paix ;"
- l'émission de titres perpétuels de vingt millions de livres à un taux
d'intérêt de 5% entraînant "une charge perpétuelle d'un million pour
laquelle il n'y aurait aucun répit ni pendant la paix, ni pendant les
guerres futures ;"
1 Ibid., p.263.
2 J.B.Say, Traité d'économie politique, op.cit., p.486.
3 Sa position relative à l'équilibre entre impôt et emprunt est présentée dans:
- D.Ricardo, Principes de l'économie politique et de l’impôt, op.cit., pp.216-220.
- D.Ricardo, « Funding System, the Works and Corespondence of David
Ricardo », vol.4, Cambridge University Press, 1951, pp.185-190 et 196-197. Cet
article a été traduit en français par M.Herland, « Le meilleur moyen de fournir aux
dépenses publiques », Revue Française d'Economie, n°2 printemps 1992, pp.117-124.
244
- l'émission d'un emprunt de vingt millions de livres chaque année à
5% d'intérêt tout en constituant « un fonds d'amortissement, par l'impôt,
qui, augmenté des intérêts composés, permettrait finalement de
1
rembourser la dette. » Ainsi, le capital emprunté serait reconstitué et,
par conséquent, la dette serait éteinte en consentant à payer
annuellement 1.2 million livres d'impôt et ce pendant 45 ans.
Entre ces trois modalités de financement du supplément des
dépenses publiques, il n’y a pas, selon l'auteur, une réelle différence du
point de vue économique: vingt millions payés en une seule fois
(première modalité), un million par an à perpétuité (deuxième
modalité) ou 1.2 million pendant 45 ans (troisième modalité) ont
exactement la même valeur.
Or, parmi ces trois sources de financement, Ricardo a été amené à
choisir la première car le poids de la guerre est aussitôt ressenti et la
nation serait moins tentée d'entrer dans une guerre coûteuse et même si
elle s'y engage elle serait pressée d'en sortir.
Cependant, pour Ricardo, les gens qui paient l'impôt ne raisonnent
pas ainsi. Il n'est pas, en effet, indifférent pour ceux-ci de débourser tout
de suite une somme élevée ou de fractionner le paiement de celle-ci en
plusieurs versements de petits montants et échelonnés dans le temps.
Dans tous les cas, et quelle que soit la solution choisie, D.Ricardo a
voulu montrer que la charge des dépenses publiques sera supportée par
la postérité.
Alors que A.Smith et J.B.Say voyaient que les dépenses de l'Etat, qui
sont jugées improductives, se faisaient aux dépens des dépenses
privées, Ricardo va opérer une distinction entre l'emprunt et la levée
des impôts. Il va soutenir l'idée selon laquelle seules les dépenses
publiques financées sur emprunt entraînent la réduction du capital
productif de la nation ; au contraire, les impôts sont, aux yeux de
l'auteur, plus économiques car leur versement incite les contribuables à
"épargner la totalité des dépenses liées à la guerre, ce qui laisse le
capital national intact. »2 Certes, D.Ricardo reconnaît clairement qu'un
I- Le théorème Ricardo-Barro
La remise en vogue du principe d'équivalence développé par
D.Ricardo au XIXème siècle est un des angles d'attaque de la foi
keynésienne dans l'efficacité de la politique des déficits budgétaires.
Mais, la reformulation par la "Nouvelle Macro-économie Classique »
du principe d'équivalence ricardien fera l'objet d'un certain nombre
d'objections.
En développant et en remettant à l'honneur l'idée d'équivalence de
Ricardo, R.J.Barrova essayer de montrer que la théorie selon laquelle
une « politique du déficit budgétaire enrichit le secteur privé » est
économiquement fausse. Plus encore, en reprenant le principe
d'équivalence ricardien, ce Professeur de l'Université de Chicago a
246
voulu lancer des suspicions sur la capacité d'une politique de relance
par le déficit de changer le cours de l'économie.
Se basant sur l'hypothèse des anticipations rationnelles des agents
économiques, R.J.Barro va avancer l'idée selon laquelle les effets
macro-économiques de l'accroissement des dépenses publiques sont
indépendants des différentes modalités de son financement à savoir:
l'impôt, l'emprunt ou la création monétaire.
En effet, lorsque l'Etat finance ses dépenses par emprunt auprès du
public, les agents privés réalisent qu'ils vont être amenés, dans le futur,
à assumer le service de cet emprunt autrement dit à le rembourser. Or,
l'impôt constitue la seule source de recettes sure pour l'Etat, ce qui fait
que l'emprunt contracté par celui-ci se traduira, à terme, par un
alourdissement de la fiscalité.
Les agents privés, qui anticipent rationnellement une augmentation
future des impôts ("tax-discounting"), vont épargner davantage ce qui
aboutit à une consommation du même niveau que lorsque le déficit
budgétaire est financé par accroissement des impôts.
Autrement dit, les agents privés ne considèrent pas que l'achat des
titres de la dette publique vient accroître leur richesse, mais comme "le
1
présage d'un accroissement de la pression fiscale."
En outre et à la lumière de la théorie du revenu permanent R.J.Barro
souligne qu'en cas de financement des dépenses publiques par emprunt,
les anticipations d'impôts futurs par les agents privés font que le revenu
permanent de ces derniers ne se trouvera aucunement modifié.
Il apparaît donc, à travers ce théorème d'équivalence, que non
seulement il n'y a pas d'effet de richesse en terme de consommation
mais aussi qu’il n'y pas d'expansion de la demande par le jeu du
multiplicateur. Que le déficit budgétaire soit financé par impôt ou par
emprunt (qui est vu comme un impôt différé dans le temps), la
2
consommation globale "est tout autant affectée dans les deux cas." De
1 The Economist, «What the Déficit Do? », 3 novembre 1984, cité in "Les
conséquences des différentes formes de financement du déficit budgétaire", Problèmes
Economiques, n° 1919, 11 avril 1985, p.19.
2 A.Euzéby et M-L.Herschtel, Finances publiques. Une approche économique,
op.cit., p.31.
247
ce fait, il y a équivalence entre le financement du déficit budgétaire par
emprunt et son financement par impôt ; l'efficacité de l'appel à l'emprunt
comme moyen de relance de l'activité économique est donc nulle, c'est-
à-dire que l’effet stimulant du déficit budgétaire sur la demande globale
est neutralisé.
Mais que se passe-t-il lorsque le déficit budgétaire est financé par
création monétaire ? Le Professeur R.J.Barro nous répond que même
dans ce cas le raisonnement est le même que lorsqu'il s'agit d'un
financement par emprunt. Supposés rationnels, en effet, les agents
privés vont comprendre qu'un recours de l'Etat à la planche à billets va
provoquer l'inflation, inflation qui va entraîner la baisse de la valeur de
leurs encaisses réelles. Pour préserver la valeur réelle de ces encaisses,
les agents privés vont devoir épargner davantage et, donc, consommer
moins.
Mais, cette thèse d'équivalence entre impôt et déficit, qui veut
infirmer l'efficacité de la politique de relance par le budget, sera
vivement critiquée.
La remise en cause du théorème Ricardo-Barro concernera les
hypothèses sur lesquelles se base l'analyse, hypothèses jugées fortement
irréalistes.
Habituellement, trois séries d'objections sont adressées à l'hypothèse
d'anticipations rationnelles altruistes de R.J.Barro:
1
-La première, initialement émise par J.M.Buchanan , porte sur la
"qualité très douteuse des anticipations des ménages: l'illusion fiscale
et les incertitudes sur l'évolution intergénérationnelle des patrimoines,
des revenus et de la consommation font très sérieusement douter de
l'efficacité d'une anticipation rationnelle altruiste elle-même comme de
2 3
sa capacité à neutraliser un effet de richesse." De son côté, J.Tobin
estime que cette analyse ne peut être considérée comme juste que si les
1
L.C.Andersen et J.L.Jordan ont tenté de vérifier empiriquement la
2
proposition de M.Friedman selon laquelle le niveau du budget de l’Etat
exerce une faible influence sur le revenu nominal. A cet effet, ils ont
menés une analyse comparée de l’impact de la politique monétaire et
de la politique budgétaire sur l’activité économique. Plus précisément,
ces deux économistes de la Banque de Saint-Louis se sont appliqués à
répondre à la question suivante : les actions budgétaires exercent-elles
une influence plus ample, plus prévisible et plus rapide sur l’activité
3
économique que les actions monétaires ?
F
Dt = ∆Yt - (X t-1 - X t-1)
∆Yt = ∆Pt + Xt (4)
Rt = f3(∆Mt, ∆Xt ... ∆Xt-n, ∆Pt, (5)
A
∆P ) t
255
L.C.Andersen et J.L.Jordan soulignent, par ailleurs, que «les
rapports prioritaires qui existent entre la Banque Centrale, l’Etat et les
banques commerciales sont révélateurs de l’importance qu’il faut
accorder à la masse monétaire en général et à la monétisation de la dette
1
publique en particulier».
(d/dt)logY=h[log(d+g)-logY] (1)
D = (i -, p, P, Wn , Wh , e) avec d1, d2<0 et d3,..., d6>0
(2)
P = p(Y, K, Y*) avec p1, p3>0 et p2<0 (3)
Wn = PK+(1 + W )B +V(i, t )S avec v1, v2<0 (4)
Wh = wh (Y, p) avec wh1 , Wh2<0 (5)
259
sachant que:
Y: production réelle du secteur privé S: stock des titres publics
260
2-Le marché du crédit
Sur le marché du crédit, il y a détermination du taux d’intérêt
d’équilibre ; grâce à ce marché, les titres de la dette publique sont
répartis entre le secteur privé bancaire et non bancaire. Les équations
du marché du crédit s’énoncent comme suit:
aB = (6)
A = a(i, it, P,Wn,Wh , e ) (7)
= (i - , P, p, Wn, Wh , e, S ) (8)
261
3-Le marché de la monnaie
262
Les deux auteurs précisent, par ailleurs, que le marché de la monnaie
est plus sensible au taux d’intérêt que ne l’est le marché du crédit. Cela
est dû à la différence dans le comportement d’offre sur les deux
marchés.
263
Suivant le mode de financement du déficit du Trésor, cette équation
permet de préciser s’il y a présence d’un effet d’éviction et/ou
d’entraînement financier.
La présentation des équations du modèle étant faite, nous devons
maintenant nous pencher sur les résultats de l’analyse de K.Brunner et
A.Meltzer quant aux effets d'éviction et/ou d'entraînement financiers.
264
2-Politique budgétaire expansionniste et équilibre à moyen
terme
Les effets de l'action de l'Etat par le déficit budgétaire diffèrent selon
le mode de couverture de ce déficit et selon la vitesse de convergence
vers l’équilibre économique et donc vers l’équilibre budgétaire.
En effet, l'analyse de l'impact financier du mode de couverture du
solde budgétaire a permis de relever que:
- en cas d'un financement par recours à la création monétaire, il y a
à la fois baisse du taux d'intérêt et augmentation du prix du capital
existant ce qui stimule en fin de compte la demande globale. Celle-ci
s'accroît davantage en raison de l'effet de richesse produit par l'
augmentation du stock de monnaie. Par ailleurs, la baisse du taux
d’intérêt (permise par l’expansion monétaire) favorise la diminution des
charges d’emprunt de la dette publique. Donc, l’expansion économique
suivie d’une augmentation des recettes budgétaires permet le retour à
l’équilibre budgétaire. En somme, à moyen terme, le financement
monétaire du déficit budgétaire se traduit par un effet d’entraînement
net ;
- en cas d'un financement par emprunt auprès du public, le taux
d'intérêt augmente ce qui réduit les investissements ; il y a là, donc,
éviction financière. Mais, en même temps il y a augmentation du prix
du capital existant et de la richesse des agents (au moyen de
l’acquisition des bons de l’Etat et le versement d’intérêts suscité par
ces derniers), ce qui produit un effet d'entraînement. Nous pouvons
ainsi dire qu'il y a, en cas de financement du déficit budgétaire par
emprunt, conjonction de l'éviction financière et de l'effet
d'entraînement.
Au total, à moyen terme, le financement du déficit budgétaire par
création monétaire, produit un effet d'entraînement plus important que
lorsque ce même déficit est couvert par émission de titres publics.
Qu'en est-il maintenant des effets de la relance par le budget
lorsqu'on analyse la vitesse de convergence vers l'équilibre ?
K.Brunner et A.Meltzer constatent que lorsque le déficit budgétaire
est financé par de la création monétaire, la convergence vers l'équilibre
est plus rapide que dans le cas d'un financement par emprunt.
265
En effet, puisqu'il n'y a pas de coût de gestion de la dette publique
dans le cas d’un financement monétaire, il y a baisse des charges
d'intérêt de la dette publique se traduisant par une baisse des taux
d'intérêt. Il en résulte une "expansion de l'activité économique et un
retour à un système stable d'équilibre budgétaire."
Inversement, le retour vers l'équilibre n'est pas garanti au cas d'un
financement par émission de titres de la dette publique. Et même
lorsqu'il y a convergence vers l'équilibre, celle-ci est moins rapide que
dans le cas d’une monétisation du déficit budgétaire: l'effet stimulant
initial (effet d'entraînement) lié à accroissement des dépenses publiques
(financé par emprunt) est compensé par un effet récessif causé par
accroissement des charges de la dette publique. Donc, pour être
efficace, la politique budgétaire nécessite "une politique fiscale
spécifique" car l'effet final de l'action par le budget ne peut être connu
qu'en comparant les recettes fiscales (dues à l'expansion) et les charges
de la dette publique, dette qui a permis de financer l'accroissement
initial des dépenses publiques.
Par ailleurs, et puisque la convergence vers l'équilibre dans le cas
d'un financement par emprunt est moins rapide que dans le cas d'un
financement monétaire, il est légitime de souligner que l'effet
d'entraînement produit par l'action budgétaire durera plus longtemps
dans le premier cas que dans le second.
266
niveau général des prix (accroissement des charges salariales) entraîne
la contraction de la demande globale ce qui accroît le déficit budgétaire
nécessitant de nouvelles émissions et, par conséquent, une
augmentation des charges de la dette publique. Ces dernières peuvent
même surpasser les recettes en impôt résultant de l'effet de relance
initial. Dans ces conditions, il n'y a de convergence vers l'équilibre,
selon K.Brunner et A.Meltzer, qu'avec une création monétaire
supplémentaire minimum. Mais, l'équilibre ainsi atteint est marqué par
un niveau d'activité plus faible et par un niveau général des prix plus
élevé.
En somme, l’endogénéisation du marché du travail dans l'analyse de
K.Brunner et A.Meltzer montre que l'effet d'un déficit budgétaire
financé par création monétaire est supérieur à celui d'un déficit couvert
par emprunt.
Par ailleurs, avec la prise en compte de l'ajustement du stock de
capital existant au niveau général des prix, K.Brunner et A.Meltzer
aboutissent au même résultat à savoir la supériorité du financement du
déficit budgétaire par création monétaire par rapport au financement
non monétaire. En effet, et sachant que pour les deux auteurs, une
politique de relance par le budget entraîne, à long terme, un
accroissement du taux d'intérêt et du niveau général des prix ainsi
qu'une baisse du prix du capital existant, "l'investissement doit se
réduire pour que le stock du capital détenu égalise le stock du capital
désiré." Cet ajustement, soulignent les deux auteurs, est plus important
dans le cas d'un financement par emprunt que dans celui où le déficit
est monétisé.
Donc, à long terme, toute politique de relance par le budget financée
par emprunt est inefficace car elle produit un effet d'éviction financier
contrebalançant l'effet d'entraînement initial. D'où la proposition
monétariste selon laquelle la stabilité économique est réalisée lorsqu'on
détermine l'équilibre économique par le stock de monnaie.
En résumé, K.Brunner et A.Meltzer, accordant une grande
importance au stock de monnaie, estiment qu’à long terme, les flux
doivent s’ajuster aux stocks. Ils concluent, comme les auteurs
monétaristes, à la supériorité à long terme de la politique de relance par
la monnaie par rapport à la politique de relance par l’emprunt
obligataire.
267
Cependant, vu la place importante occupée par les taux d’intérêt
dans leur modèle, K.Brunner et A.Meltzer se rapprochent davantage des
auteurs néo-keynésiens. En effet, « dans leur modèle, le rôle spécifique
du prix du capital existant lié à l’analyse de distinction des vitesses
d’ajustement des variables selon les marchés, où les prix relatifs jouent
1
un rôle essentiel » font qualifier K.Brunner et A.Meltzer de
2
«monétaristes non dogmatiques.»
Paragraphe II- Les modèles keynésiens
Les développements des analyses traditionnelles de l’effet d’éviction
et/ou d’entraînement financier, opérés par les keynésiens sont contenus
dans les travaux de A.S.Blinder et de R.M.Solow (I) et de J.Tobin et
W.H.Buiter (II).
269
deuxième équation: M = L(r,Y, M, B/r + K)
(10)
c’est l’équation de la courbe LM et qui représente l’équilibre sur le
marché de la monnaie.
troisième équation: G + B - T(Y + B) = dM/dt + 1/rdB/dt
(11)
c’est l’équation de la contrainte financière du Trésor qui permet de
dynamiser le système.
Le passage d’une situation d’équilibre à une autre se traduit par un
changement du stock de monnaie et du niveau des titres publics. A long
terme, et sans prendre en compte les intérêts afférents à la charge de la
dette publique, il y a réalisation de l’équilibre budgétaire. De ce fait, et
puisqu’aucun financement supplémentaire n’est nécessaire ( dB/dt =
dM/dt =0), la contrainte financière du Trésor sera représentée par
l’équation: G+B = T(Y + B).
Tout en tentant de détecter la présence d'un effet d'éviction et/ou
d'entraînement financier, les deux auteurs, avec cette nouvelle
contrainte du Trésor, ont débouché sur une conclusion paradoxale
(premier enrichissement du modèle ISLM). Leur ambition de tester la
stabilité dynamique du système en fonction du mode de financement du
déficit budgétaire permet un second enrichissement du modèle.
270
Cependant, A.S.Blinder et R.M.Solow démontrent qu'a long terme
les multiplicateurs budgétaires sont plus élevés lorsque les déficits
budgétaires sont couverts par emprunt auprès du public que s'ils l'ont
été par création monétaire. Donc, en longue période, les effets des
déficits budgétaires, financés par émission de titres financiers, vont
dans le sens inverse des effets d'éviction financiers.
Cette conclusion est qualifiée de paradoxale parce qu'elle s'oppose
directement au credo monétariste ; elle découle de la nouvelle écriture
de la contrainte financière du Trésor telle que mentionnée
précédemment.
Ainsi, et partant de la nécessaire réalisation de l'équilibre budgétaire
à long terme, la contrainte financière du Trésor devient :
271
Le résultat de l'analyse des effets différenciés des différentes
modalités de couverture du solde budgétaire sera qualifié de paradoxal
dès lors qu'on vérifie que:
(1 + (1 - T’) (dB/dG)) / (T’) > (1/T’)
Autrement dit, lorsque le multiplicateur budgétaire est supérieur
dans le cas d'un financement obligataire que dans celui d'un
financement monétaire du déficit budgétaire.
La justification donnée à ce paradoxe est que dans le cas d'un
financement du déficit budgétaire par émission de titres de la dette
publique, les charges d’intérêt de ces derniers viennent gonfler les
dépenses publiques ( G+B) alors que les recettes publiques
s’accroissent du montant des taxes perçues sur le revenu des titres
d’Etat ( T(G+B)) ; ce qui signifie que le niveau de l'activité économique
(Y) doit augmenter plus rapidement que dans le cas d'un financement
par création monétaire. En effet, l’exigence de réalisation de l’équilibre
budgétaire à long terme, nécessite "des recettes fiscales supérieures et
donc un niveau d'activité plus importante que dans le cas de
financement du déficit par création monétaire, puisque tout
accroissement de la dette publique engendre des charges d’intérêt
1
additionnelles qu'il faut couvrir." Donc, c'est avec l'augmentation de
l'activité économique et grâce aux effets de stabilisation automatique
sur les recettes fiscales que l'équilibre budgétaire sera, à long terme,
rétabli.
C- Mode de financement du déficit budgétaire et multiplicateur des
dépenses publiques
Les deux équations des courbes IS et LM (présentées
précédemment) admettent pour solution les valeurs d’équilibre
instantané du revenu Y et du taux d’intérêt r, et ce pour les valeurs
données des stocks M, B, G et K et des paramètres.
Les valeurs d’équilibre instantané s’écrivent:
Y(t) = F(M, B, K, G) (12)
272
r(t) = H(M, B, K, G) (13)
Les multiplicateurs d’impact des dépenses publiques, qui traduisent
l’effet de variation de M, B, K et G sur les coordonnées (Y, r) de
l’intersection de IS et LM, sont présentés par:
FM = YM =
FB = Y/B =
= CW + (1 - LW) > 0, 0 < LW < 1
= CW - LW
Avec:
Ir > 0 ; Lr < 0 ; CW > 0 ; LW > 0 ; LY > 0 ; 0 < CY < 1 et 0 < T’< 1 ; 1- CY - (1-T’)
> 0 ; FG > 0 et HG > 0
276
amenés à augmenter " jusqu’à ce que la réduction des dépenses
d’investissement, ou l’accroissement de l’épargne dégagent les
ressources monétaires nécessaires à l’équilibre entre l’offre et la
1
demande de monnaie. " Il apparaît ainsi que le retour à l’équilibre entre
l’offre et la demande de monnaie est conditionné par la forte élasticité
de l’investissement par rapport au taux d’intérêt. Il ressort que la
2
substitution entre la monnaie et le capital réel via le taux d’intérêt
entraîne la baisse des dépenses d’investissement et fait, qu’à court
terme, la politique budgétaire est inefficace.
Cependant, avec l’inélasticité imparfaite de la demande de monnaie
par rapport au taux d’intérêt, hypothèse privilégiée par J.Tobin, la
politique budgétaire serait, à court terme, efficace.
L’efficacité de la politique budgétaire est également réalisée à long
terme. En effet, l’augmentation du revenu et de la richesse des agents
privés, suite respectivement au versement des intérêts de la dette
publique et à l’acquisition des titres publics, permettra de stimuler la
demande privée et fera augmenter la production, compensant par là la
hausse du taux d’intérêt.
Cependant, en considérant la contrainte financière du Trésor
présentée par A.S.Blinder et R.M.Solow, c'est-à-dire celle qui prend en
compte les charges d'intérêt de la dette publique, la conclusion selon
laquelle la politique est toujours accompagnée d'un effet expansionniste
doit être relativisée. Il n'est pas, en effet, garanti qu'à long terme, il y ait
convergence vers l'équilibre ; ce qui signifie dans ce cas que le
multiplicateur budgétaire est supérieur dans le cas d'un financement
monétaire du déficit budgétaire à ce qu'il est dans l'hypothèse d'un
financement obligataire.
Notons que les résultats des effets de la relance par le budget en
période de sous-emploi, qu'on vient de mentionner, sont valables
exception faite de l'hypothèse de la verticalité de la courbe LM
(hypothèse monétariste par excellence), c'est-à-dire une parfaite
inélasticité de la demande de monnaie par rapport au taux d'intérêt.
279
Cette analyse laisse clairement admettre que loin de gêner l'activité
économique en engendrant un effet d'éviction financier, la politique
budgétaire se solde plutôt par un effet d’entraînement financier. Donc,
la remise en cause de la politique de relance par le déficit financé par
emprunt est loin d'être tranchée.
Cet aperçu sur les perfectionnements théoriques apportés par les
post-keynésiens à leurs analyses des effets financiers du déficit
budgétaire financé par emprunt nous a permis de constater, qu'à long
terme, ces effets sont à l'avantage de la politique budgétaire en tant que
moyen de relance de l'activité économique.
282
Il faut préciser que :
- au niveau de la sphère financière, la courbe de demande de monnaie
ne dépend plus du taux d’intérêt (M- (p,Q)) et la courbe d’offre de
monnaie est uniquement liée à la base monétaire (M+ (B)). Quant au
marché de la monnaie, où il n’y a pas détermination du taux d’intérêt,
il dépend du niveau général des prix (M- (p,Q)) ;
- au niveau de la sphère réelle, le taux d’intérêt sera fixé par
l’équilibre entre l’épargne et l’investissement. La production est
déterminée par le marché du travail (non analysé ici). De ce fait, la
production en volume ne sera pas influencée par la croissance des
dépenses publiques.
Il ressort de ce qui précède que le modèle est de nature dichotomique
puisque la demande n’est pas sensible aux prix. Finalement, «les
grandeurs nominales (prix) sont déterminées par la sphère monétaire et
1
les grandeurs réelles (volume, taux d’intérêt) par la sphère monétaire.»
Tout accroissement des dépenses publiques induira un déplacement
de la courbe de demande de biens vers la droite (Q- (G,r,p)) se soldant
par une hausse du taux d’intérêt sans aucune augmentation de la
production. La croissance de la masse monétaire quant à elle fera glisser
la courbe d’offre de monnaie (M+ (B )) vers la droite ce qui cause une
.
288
A- La prise en compte des mouvements de prix
1
L'endogénéisation des prix dans le modèle consiste à supposer que
les prix internes augmentent avec l'accroissement de la demande et avec
2
la dépréciation du taux de change.
Il s'agit de savoir maintenant si la prise en compte des mouvements
de prix dans le modèle a pour conséquence de modifier les résultats
précédents à savoir que la politique de relance par le budget est
inefficace si :
- en changes fixes les mouvements de capitaux sont peu sensibles
aux écarts de taux d'intérêt ;
- en changes flottants ces mouvements sont très sensibles aux écarts
de taux d'intérêt.
Dans le cas où les changes sont fixes, la politique de relance par le
déficit budgétaire est inefficace et ce quelle que soit la sensibilité des
mouvements de capitaux aux écarts de taux d'intérêt. En effet, la hausse
des prix entraînée par la politique de relance affecte la richesse réelle
des consommateurs et par conséquent l'efficacité de la politique mise
en œuvre. Ainsi, les résultats précédents subissent dans ce cas une
légère modification.
Inversement, les résultats du modèle de base de Mundell-Fleming
dans le cas de changes flexibles vont être complètement modifiés avec
l'endogénéisation des prix. En effet, l'efficacité de la politique
budgétaire s'amenuise lorsqu'il y a faible mobilité internationale de
capitaux (alors que dans le modèle de base elle est efficace) en raison
de l'inflation causée par la dépréciation du taux de change. Par contre,
cette politique s'avère efficace lorsqu'il y a forte mobilité internationale
1Voir à ce sujet:
-V.Argy et J. Salop, «Price and Output Effects of Monetary and Fiscal Policy
Under Flexible Exchange Rates», IMF Staff Papers, juin 1979.
-J.Sachs, «Wages, Flexible Rates and Macroeconomic Policy», Quarterly Journal
of Economics, juin 1980.
-A.Penat, «Expansionnary Monetary Policy and The Exchange Rates: A Review»,
IMF Staff Papers, septembre, 1983
2 Qui fait hausser les prix en raison de l'inflation importée.
289
de capitaux (alors qu'elle est inefficace dans le modèle de base) suite à
l'appréciation du taux de change qui stimule la production.
Qu'en est-il des résultats du modèle de base de Mundell-Fleming
avec l'introduction des anticipations de change et des effets de richesse?
1Voir à ce sujet:
-R.Hodrick, «Dynamic Effects of Government Policies in an Open Economy» ,
Journal of Monetary Economics, n°6, 1980.
-R.Dorbush et S.Fisher, «Exchange Rate and The Current Account», American
Economic Review, décembre, 1980.
-M.Obstfeld, «Imperfect Asset Substituability and Monetary Policy Under Fixed
Exchange Rates», Journal of International Economics, Vol.10, 1980.
2P.Artus, «Efficacité et limites de l'emploi de la politique budgétaire», op.cit.,
p.28.
3Ibid. p.28
4 Voir à ce sujet B.Dafflon, La gestion des finances publiques locales, 2ème
édition, Editions Économica, Paris, 1998.
291
financement des dépenses par le recours à l’impôt permet une
simultanéité entre la dépense et son financement) ; ensuite parce qu’il
y a le phénomène de déresponsabilisation du citoyen car il est moins
prudent face à un emprunt public que vers un emprunt privé1 ; enfin,
l’emprunt public induit un effet d’éviction2.
Au niveau redistributif, l’emprunt constitue un fardeau aussi bien
pour les générations futures que pour les gouvernements futurs3.
Cependant, le relâchement de la discipline budgétaire a toujours été
défendue par les keynésiens. En effet, au niveau redistributif, l’emprunt,
selon ces derniers, n’est pas nuisible au bien-être des générations
futures (car le raisonnement se fait au niveau macroéconomique et non
pas à l’échelle de l’individu). Et puisque l’analyse est de nature
macroéconomique, l’emprunt est vu comme un instrument permettant
de réduire les fluctuations économiques.
295
Chapitre IV : Etude
empirique Des effets de
l’action de l’Etat par les
déficits budgétaires
296
Introduction du chapitre IV
297
Section I : Les analyses empiriques de l'effet d'éviction
financier : le cas de quelques pays développés
D'une manière générale, les tests empiriques tentant d'apprécier les
effets d'éviction et/ou d’entraînement financiers de la politique
budgétaire s'articulent autour de deux principales analyses : les analyses
fondées sur le calcul des multiplicateurs budgétaires (Paragraphe I) et
les analyses basées sur l'étude de la relation entre l'émission de la dette
publique et le taux d'intérêt (Paragraphe II).
1Ces travaux ont été publiés dans International Economic Review, juin et octobre
1974, février 1975. La synthèse de ces travaux a été faite par A.S.Blinder et
R.M.Solow, « Analytical Foundations of Fiscal Policy »,op.cit.
2 C. de Boissieu, Principes de politique économique, op.cit. p.417.
298
économique est jugé négatif au cas où la valeur du multiplicateur est
inférieure à 0.
301
essentiel dans l’approche quantitative des effets d’entraînement et
1
d’éviction.
311
craignant une hausse future des prix et des taux d'intérêt, réclament des
rendements plus importants pour leurs placements.
L'OCDE a réalisé une étude sur la relation entre les anticipations
inflationnistes (lié au déficit budgétaire continue) et la hausse des taux
d'intérêt et ce pour les sept grands pays industrialisés.
Il ressort de cette étude une relation positive entre les taux d'intérêt
à long terme et les déficits budgétaires anticipés dans les sept grands
pays développées (les coefficients de corrélation sont forts et
s'approchent même de l'unité). Autrement dit, cette relation "comporte
l'idée selon laquelle les déficits budgétaires anticipés influent sur les
taux d'intérêt du moment." C'est que les taux d'intérêt nominaux ont
tendance à augmenter avec l'augmentation prévisible des besoins de
financement de l'Etat et les tensions inflationnistes qui y sont liées.
Cependant cette relation, qui indique l'influence des anticipations
inflationnistes des agents privés sur les taux d'intérêt de long terme ne
doit pas être considérée comme "révélatrice des effets de causalité".
Notons qu'à côté des deux facteurs explicatifs cités précédemment
(la concurrence exercée par l'Etat sur le marché des fonds prêtables et
les anticipations inflationnistes des agents économiques) la hausse des
taux d'intérêt peut être due au relèvement du taux des titres publics
nécessaire pour attirer les souscripteurs.
D’autres études comparatives ou nationales tentent d’analyser la
relation directe pouvant exister entre le déficit budgétaire et le taux
d’intérêt. C’est dans ce sens que G.Galli et R.Masera 1 ont mené, sur la
période 1960-1983, une étude concernant plusieurs pays industrialisés
(Etats-Unis, Canada, RFA, France, Royaume-Uni et Italie). A l’issue de
cette étude, les auteurs concluent que :
- d’une part, avant les années 80, les variations explicatives des
fluctuations des taux d’intérêt réels ne sont pas les déficits budgétaires
mais principalement la variation de la base monétaire, du niveau général
des prix et la croissance ;
-d’autre part, durant les années 80, une politique budgétaire
expansionniste liée à une politique monétaire restrictive (surtout aux
1 V.Tanzi, « Fiscal Deficits and Interest Rates in the United States: an Empirical
Analysis 1960-1984 », IMF, Staff Papers, n°4, décembre 1985, p.511.
2 La conclusion de V.Tanzi selon laquelle la relation entre le deficit budgétaire et
taux d’intérêt a été rejetée P.S.Spiro, « The Ellusive Effect of Fiscal Deficits on
Interest Rates. Comment on Tanzi », IMF staff Papers, avril 1987 suivi d’un reply de
V.Tanzi.
3 A.Euzeby et alii, « L’effet d’éviction dans les modèles opératoires: un essai de
quantification », op.cit., p.311.
313
- la pression à la hausse exercée par les déficits budgétaires sur les
taux d'intérêt semble être affaiblie au cours des dernières années de la
période étudiée en raison du "caractère international du marché des
capitaux qui fait que les capitaux fuient les pays pratiquant les taux
1
inférieurs vers les pays pratiquant des taux supérieurs."
Inversement, et dans le cadre des études pour lesquelles l'impact du
2
déficit budgétaire sur le taux d'intérêt n'est pas significatif, P.Evans
souligne que la relation entre le déficit budgétaire et le taux d'intérêt
n'est pas forcement positive. Pour aboutir à ce résultat, l'auteur s'est
intéressé à quatre grandes périodes pendant lesquelles l'accroissement
du déficit budgétaire n'a pas concordé avec la hausse des taux d'intérêt.
Il s'agit de la période (1858-1969) marquée par la guerre de Sécession,
la période (1914-1920) qui a connu la première guerre mondiale, la
période (octobre 1942-decembre 1947) au cours de laquelle a eu lieu la
seconde guerre mondiale et la période (octobre 1979-decembre 1983)
marquée par la politique reaganienne.
Estimant plusieurs équations de détermination de plusieurs taux
d'intérêt, P.Evans conclut que la corrélation entre le déficit budgétaire
financé par emprunt auprès du public, et les taux d'intérêt n'est pas forte.
Plusieurs facteurs expliquent, selon l'auteur, l'insignifiance de l'impact
du déficit budgétaire sur les taux d'intérêt :
- la faiblesse de l'investissement en raison de la perturbation de
l'activité économique (guerre de Sécession), de la hausse des impôts sur
les sociétés et de la politique de contrôle des prix et de stabilisation des
taux d'intérêt pratiqués (seconde guerre mondiale) (1917-1919) ; d'où
l'absence de concurrence entre dépenses privées et dépenses publiques
pour ce qui est de leur financement sur le marché des fonds prêtables ;
-l'état des finances publiques : les déficits augmentaient en période
de la baisse de l'activité économique et baissaient en période
d'augmentation de l'activité économique (1979-1983) ;
1 La référence de base pour cette étude est l’analyse effectuée par la Brooking
Institution et synthétisée par P.-A.Muet, « Contraintes et coordination des politiques
économiques: les leçons des années 80 », Séminaire de théorie économique, Paris,
ENS Ulm, janvier 1992.
2 Il s’agit de MCM (modèle du FMI), COMPACT (modèle de la CEE), EPA
(modèle japonais), INTERLINK et LINK (modèles de l’OCDE), Wharton (modèle de
la Wharton School of Finance), DRI (modèle de Data ressources Incorporated).
318
Tableau n°105: L’effet multiplicateur de dépense publique
PIB Inflation Taux taux de Balance Balance Taux d’intérêt Inflation PIB
(%) (%) d’intérêt change courante courante (points) (%) (%)
(points) (%) (Mrds de (Mrds de
$) $)
Relance aux USA Etats Unis Reste de l’OCDE
MCM 1.8 0.4 1.7 2.8 -16 +9 0.4 0.4 0.7
COMPACT 1.2 0.6 1.5 0.6 12 +7 0.3 0.2 0.3
EPA 1.7 0.9 2.2 1.9 -20 +9 0.5 0.3 0.9
INTERLINK 1.1 0.6 1.7 0.4 -14 +11 0.7 0.3 0.4
WHARTON 1.5 0.3 1.1 -2.1 -15 +5 0.6 -0.1 0.2
DRI 2.1 0.4 1.6 3.2 -22 +1 0.4 0.3 0.7
LINK 1.2 0.5 0.2 -0.1 -6 +2 - 0.0 0.1
LIVERPOOL 0.6 0.2 0.4 1.0 -7 3 0.1 0.6 0.0
SIMS VAR 0.4 -0.9 0.1 1.2 -0.5 -0.2 0.0 0.0 0.0
Relance OCDE hors USA OCDE hors USA USA
MCM 1.4 0.3 0.6 0.3 -7 +8 0.5 0.2 0.5
COMPACT 1.3 0.8 0.4 -0.6 -0.9 +3 0 0.1 0.2
EPA 2.3 0.7 0.3 -0.7 -13 +5 0.6 0.3 0.3
INTERLINK 1.5 0.7 1.9 0.9 -7 +3 0.3 0.2 0.1
WHARTON 3.2 -0.8 0.8 -2.4 -5 +5 0.1 0.0 0.0
DRI nd nd nd Nd nd nd nd nd nd
LINK 1.2 0.1 nd -0.1 -6 +6 0.0 0.0 0.2
LIVERPOOL 0.3 0.8 0.0 3.3 -17 +11 0.8 3.1 0.5
SIMS VAR 0.5 -0.3 -0.2 -2.4 2 -3 0.2 -0.1 0.3
Source : Contraintes et articulation des politiques économiques, op.cit., p.14.
Concernant les sept premiers modèles, la relance aux Etats-Unis est
plus propice aux Etats-Unis (le PIB a augmenté de 1.4% en moyenne)
qu’aux autres pays de l’OCDE (le PIB n’a augmenté que de 0.4% en
moyenne). Quand la relance se produit dans le reste des pays de
l’OCDE, elle est profitable à ces pays (le PIB a augmenté de 1.8% en
moyenne) et aux Etats-Unis mais faiblement (le PIB a augmenté
seulement de 0.3% en moyenne).
On peut également observer un effet taux d’intérêt qui va dans le
sens de l’effet d’éviction surtout dans le cas de l’incidence de la relance
aux Etats-Unis sur les Etats-Unis eux-mêmes.
Les deux derniers modèles quant à eux laissent apparaître des effets
d’entraînement limités.
319
II-L’effet d’éviction et/ou d’entraînement financier par le
taux de change
L’éviction par le taux de change est susceptible de se produire au cas
où un pays contracte un emprunt sur les marchés internationaux.
L’accès à ce type de financement est facilité par la quasi parfaite
mobilité internationale des capitaux ainsi que par « l’intégration
globalisante des marchés financiers ». Le recours aux emprunts
extérieurs n’a pas d’influence sur les taux d’intérêt internes ou, si cette
influence existe, elle est faible. Cependant, un effet d’éviction risque
d’apparaître dans le cas d’un pays pris isolément. En effet,
l’appréciation de la monnaie dans laquelle l’emprunt a été libellé, réduit
la compétitivité des produits nationaux, ce qui légitime de parler de la
présence d’une éviction réelle. Dans ce cadre, les résultats diffèrent
selon la taille du pays pris en considération. Ainsi, dans un pays de
1
grande taille, comme les Etats-Unis, des études ont montré qu’en
relation avec l’augmentation du cours du dollar jusqu’en 1985, les taux
d’intérêt n’ont pas connu de hausse car « la substitution entre actifs
2
financiers américains et étrangers s’est avérée quasi parfaite. »
Dans le cas d’un pays de petite taille, le recours aux emprunts
extérieurs entraîne le relèvement des taux internes suite à des
anticipations de change ; cela est surtout valable pour les pays du SME
qui maintiennent leurs taux de change dans le cadre de la bande de
fluctuation autorisée.
En somme, « l’appel au financement international dans le cadre de
configurations d’ajustement de politiques économiques internationales,
non coopératif et no symétrique (par exemple Etats-Unis versus pays
du noyau du SME), peut conduire à un relèvement généralisé des taux
d’intérêt pour l’une des parties en présence (SME) et induire un effet
1 Voir en particulier:
-M.Dupuy, Déficit budgétaire américain et cours du dollar, Paris, Economica,
1992.
-F.Drighes, Le déficit budgétaire américain : la décennie 80. Evolution,
perspectives et conséquences au travers de la relation déficit, taux d’intérêt, taux de
change, Thèse, Paris 10, février 1994.
2 P.Llau, Economie financière publique, op.cit.,p.361.
320
1
d’éviction financier international. » En fait, l’un des grands problèmes
posés aux économies européennes actuelles est la coexistence de
2
déficits budgétaires importants et de taux d’intérêt réels élevés.
Force donc est de conclure que les résultats sur lesquels débouchent
les modèles économétriques sont forts divergents et ne peuvent trancher
sur la question de la présence d'un effet d'éviction et/ou d’entraînement
financier ; ces conclusions ne font qu'alimenter la controverse entre les
monétaristes et les keynésiens sur l'efficacité de l'action étatique par le
déficit budgétaire.
Globalement l'appréciation et la quantification de l'effet d'éviction
et/ou d’entraînement financier dépendent de plusieurs facteurs dont
notamment :
- les variables économiques prises en considération autrement dit
l'effet d'éviction est plus fort "lorsque les multiplicateurs budgétaires
sont déterminés sur des grandeurs réelles que s'ils sont calculés à partir
de grandeurs nominales. Cette différence dans les résultats peut en effet,
incomber au comportement de détermination d'encaisses monétaires
influencé par l'augmentation des prix ;
- la période prise en considération c'est-à-dire que les multiplicateurs
varient à mesure que l'on s'éloigne plus aux moins fortement de la
période d'impulsion budgétaire initiale ;
- la spécification du modèle économétrique à savoir les mécanismes
de transmission retenus et les variables exogènes choisis ;
- la taille du modèle économétrique autrement dit plus le modèle est
de taille réduite plus l'effet d'éviction apparaît rapidement et vice versa.
1 Ibid
2 Voir à ce sujet: J.creel et H.Sterdyniak, « Les déficits pblics en Europe: causes,
conséquences ou remèdes à la crise », Doc.travail, OFCE, 1995, n°1 et « Les déficits
publics en Europe », Revue Economique, mai 1995, p.645 et suivantes.
321
Section II : L’effet d’éviction et/ou d’entraînement financier
au Maroc : une approche empirique
Depuis la réalisation de son indépendance politique, le recours à la
politique des déficits budgétaires au Maroc s’explique principalement
par des facteurs structurels dont notamment la faiblesse de l’épargne, la
défaillance du secteur privé attiré davantage par des investissements
spéculatifs que par des investissements à même d’accroître le potentiel
productif de la nation.
De ce fait, l’Etat s’est vu obligé d’assurer la majorité des activités
productives. Il est devenu ainsi l’acteur principal de la politique de
développement du pays. Les activités multiformes dont l’Etat se devait
d’assurer ne pouvaient qu’entraîner le gonflement des dépenses
publiques et conséquemment l’apparition et le creusement des déficits
budgétaires.
Théoriquement, l’accroissement des dépenses publiques doit exercer
un effet positif sur l’activité économique en faisant augmenter le revenu
national (effet d’entraînement). Cependant, l’apparition et
l’aggravation des déficits budgétaires sont susceptibles de se faire au
détriment du secteur privé et de réduire l’efficacité de la politique
budgétaire (effet d’éviction).
La vérification de l’existence d’un effet d’entraînement ou au
contraire d’un effet d’éviction au Maroc sera faite en calculant dans un
premier temps les multiplicateurs budgétaires (paragraphe premier) et
en menant, dans un second temps, une analyse économétrique
(paragraphe II) et ce pour la période 1970-1997.
322
Avec :
Y : revenu national
G : dépenses publiques
c’ : propension marginale à consommer
t’ : taux marginal d’imposition directe
m’: propension marginale à importer
Cette formule permet de rendre compte de toutes les fuites qui
concourent à l’affaiblissement du multiplicateur et donc à freiner
l’accroissement du revenu national. ces fuites sont liées à l’épargne,
l’impôt et les importations.
L’évolution des multiplicateurs budgétaires au Maroc est retracée
dans le tableau suivant :
Tableau n°106: Evolution des multiplicateurs budgétaires au Maroc (1970-1997)
Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978
c’ -0.85 0.27 0.61 0.78 0.46 -0.31 0.60 0.62 1.06
t’ -0.08 0.01 0.01 0.10 0.05 -0.21 -0.07 0.12 0.01
m’ -0.86 0.02 -0.34 1.17 0.60 -0.21 0.05 0.34 -0.38
k 0.94 1.33 17.65 0.68 0.86 0.85 2.51 1.26 -2.34
Années 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987
c’ 0.91 0.74 1.25 0.72 0.65 0.84 0.59 0.46 4.3
t’ 0.16 -0.04 0.09 0.03 0.07 0.05 0.04 0.02 0.43
m’ 0.28 0.20 1.25 0.26 -0.06 0.63 0.25 -0.13 0.27
k 1.93 2.30 0.90 1.76 2.97 1.20 1.46 2.44 -0.84
Années 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
c’ 0.65 1.25 0.50 1.02 0.56 1.45 0.97 5.45 0.64 1.86
t’ 0.04 0.17 0.06 0.06 1.09 -0.64 -0.01 0.99 0.05 -1.14
m’ 0.18 0.69 0.40 0.10 0.96 -0.26 0.13 7.20 -0.02 -1.70
k 1.82 1.53 1.07 7.62 0.50 -0.73 6.55 0.12 2.69 -0.21
Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
c’ 0.58 0.43 1.01 0.25 0.85 0.59 0.69 0.77 0.60 0.71
t’ 0.18 0.20 -0.04 0.05 0.20 0.08 0.16 0.41 0.23 0.46
m’ 0.31 -0.04 0.89 0.05 0.36 0.16 0.66 0.91 0.47 1.08
k 1.20 1.62 1.19 1.24 1.48 1.61 0.93 0.69 1.00 0.59
323
Globalement, durant toute la période étudiée, la valeur des
multiplicateurs budgétaires a été en moyenne de 1.78. La supériorité de
cette valeur par rapport à l’unité plaide en faveur de l’efficacité de la
politique budgétaire au Maroc.
Calculée par période, cette moyenne a été de 5.2 entre 1970 et 1973,
1.1 entre 1974 et 1982, 1.48 entre 1983 et 2009 et 0.64 entre 2010 et
2014 périodes pendant lesquelles les déficits budgétaires rapportés au
PIB ont été en moyenne et respectivement de 3%, 11.1%, 4.02 et 5.6%.
Ainsi, on constate qu’aux périodes pendant lesquelles les déficits
budgétaires étaient colossaux (1974-1982) et (2010-2014), ont
correspondu des multiplicateurs en moyenne inférieurs à ceux des
périodes au cours desquelles les déficits étaient moins importants.
L’effet revenu de la politique budgétaire a donc, durant cette période,
été limité malgré l’accroissement considérable des masses budgétaires.
Cela s’explique surtout par le caractère extraverti de l’économie
marocaine. En effet, en analysant l’évolution des multiplicateurs
budgétaires, on relève globalement une relation inverse entre la
propension marginale à importer et la valeur de ceux-ci. En effet, quand
la propension marginale à importer est faible ou négative, la valeur du
multiplicateur est forte et vice versa.
En fait, le fonctionnement normal du multiplicateur budgétaire bute
sur un certain nombre d’obstacles, en particulier les structures
économiques et la nature extravertie de l’économie.
Pour que l’action budgétaire de l’Etat soit efficace, il faut qu’il y ait
sous utilisation des capacités productives de telle sorte que l’offre
puisse s’adapter à la demande supplémentaire. Or, les pays sous
développés, comme le Maroc, souffrent de l’inélasticité de la
production qui fait que l’accroissement des dépenses publiques se solde
par des effets contraires. En effet, l’accroissement des déficits
budgétaires est satisfait par le recours aux importations. Donc, le
mécanisme du multiplicateur budgétaire « se trouve bloqué faute de
ressources productives immédiatement ou rapidement mobilisables.»1
La dépendance économique du Maroc vis-à-vis de l’extérieur fait
que toute politique budgétaire expansionniste entraîne un
REG 1
IPSP = - 28943,44 + 5,032 INPC + 2398,487 TIRM - 1979,138 DB/PIB + 551,193 EFDT/EFT
(-3,107) (19,308) (2,510) (-3.83) (4,550)
_
R² =0,935 R² = 0.929 DW = 1,758
1 La notation des régressions sera continue. Précisons que nous avons établi une
multitude de régressions à partir desquelles nous avons sélectionné, exposé et analysé
celles qui présentent les meilleurs résultats. Ces régressions ont été établies grâce aux
logiciels ECONOMETRIC VIEWS et TSP 4.2. Les résultats détaillés des différentes
régressions ainsi que ceux relatifs au test de stabilité et au processus autorégressif
d’ordre 1 (AR1) sont présentés en annexe II.
2 Pour plus de détails sur la formulation mathématique et l’interprétation des
différents tests, voir en particulier: R.Bourbonnais, Econométrie, Dunod, Paris, 1993.
327
-la corrélation est négative entre l’investissement privé et semi-
public et la part du déficit budgétaire dans le PIB. Plus cette part est
importante, plus l’investissement privé et semi-public diminue. Donc
pour ne pas gêner le secteur privé et semi-public dans ses opérations
d’investissement, l’Etat doit assurer un niveau raisonnable de déficit
budgétaire par rapport au PIB.
Pour la période 1970-2012, tous les coefficients des variables
explicatives deviennent significatifs au seuil de 5% d’erreur. Ainsi,
avec la statistique DW dont la valeur s’éloigne de la région de non
autocorrélation des erreurs (du =1.109), les résultats montrent que :
-la corrélation est toujours positive mais s’est renforcée entre
l’investissement privé et semi-public et l’investissement public. En
effet, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de
l’investissement public de 1 milliard de dirhams provoque une
augmentation de l’accumulation des entreprises de 5.03 milliards de
dirhams. Ce qui montre que l’investissement public produit un effet
d’entraînement et ne gêne aucunement l’investissement du secteur privé
et semi-public. Ce résultat ne fait que corroborer la conclusion déjà
dégagée précédemment lors du calcul des multiplicateurs budgétaires.
A priori donc, l’investissement public et l’accumulation productive des
firmes ne sont pas substituables mais sont plutôt complémentaires.
-la corrélation devient positive entre l’investissement privé et
semi-public et la part du déficit budgétaire dans le PIB. Plus cette part
est importante, plus l’investissement privé et semi-public s’accroît. Il
ressort que l’action de l’Etat pas le déficit budgétaire est un facteur de
promotion de l’investissement des entreprises.
REG 2
328
ci par le processus autorégressif d’ordre 1 (AR1)1. Mais, le test DW ne
s’est pas amélioré et les ratios de student se sont détériorés
Le modèle dont on vient de présenter les résultats, peut-il être
considéré comme stable sur la totalité de la période (1970-2012) ou bien
doit-on considérer deux périodes distinctes ?
En fait, la période sur laquelle porte notre analyse peut être répartie
en deux sous-périodes : une première au cours de laquelle le
financement du déficit budgétaire a essentiellement été assuré par des
ressources d’origine extérieure (1970-1984) ; une seconde durant
laquelle le Trésor s’est davantage orienté vers les ressources d’origine
intérieure en raison du tarissement des sources extérieures de
financement.
Le test de stabilité des coefficients (test de Chow) se ramène à la
question suivante : existe-t-il une différence significative entre la
somme des carrés des résidus (SCR) de l’ensemble de la période et
l’addition de la somme des carrés des résidus calculée à partir des deux
sous-périodes (SCR1 + SCR2) ? Dans le cas d’une réponse négative,
cela signifie que le fait de scinder en deux échantillons n’améliore pas
la qualité du modèle c’est-à-dire qu’il est stable sur la totalité de la
période. Les étapes de calcul sont les suivantes :
-Estimation du modèle sur chacune des deux périodes2:
SCR1= 1.03
SCR2= 1.25
-Calcul du Fisher empirique (F*)
Le test d’hypothèse est le suivant :
330
Donc l’hypothèse HO est acceptée c’est-à-dire que les
coefficients sont significativement stables sur toute la période et le fait
de la scinder celle-ci en deux échantillons n’améliore pas la qualité du
modèle. Ainsi, notre analyse portera sur la totalité de la période puisque
le changement dans la structure du financement du déficit du Trésor n’a
pas d’effet sur la stabilité du modèle.
En effet, dans cette régression, nous avons essayé d’expliquer
l’investissement privé et semi-public par les trois modalités de
financement du déficit budgétaire : le financement monétaire, le
financement non monétaire et le financement extérieur. Les coefficients
des trois variables explicatives sont statistiquement significatifs au seuil
de 5% d’erreur mais la valeur de DW se situe dans la région
d’autocorrélation positive des erreurs. Les résultats montrent que les
trois modes de couverture du déficit du Trésor n’obèrent pas l’activité
d’investissement du secteur privé et semi-public puisque la corrélation
est positive entre la variable endogène et les variables exogènes. Plus
encore, l’effet du financement extérieur du déficit budgétaire est le plus
fort comparativement aux deux autres sources de financement. Donc, le
recours de l’Etat à l’emprunt produit un effet d’entraînement financier.
REG 3
331
corrélation est positive entre ce dernier et l’épargne financière drainée
par le trésor.
REG 4
IPSP = 18710,146 + 0,608 FM + 0,091 FNM + 0,338 FEX + 0, 61
EFDT
(4,60) (2,082) (2,239) (3,541) (16,385)
REG 5
IPSP = 75906, 338 + 216,669 FM/DB + 514,706 FNM/DB + 920,161
FEX/DB
(10,452) (2,922) (8,586) (6,548)
332
B-L’équation des dépôts à terme
Il s’agit de voir, à la manière du travail descriptif mené par
M.Boussetta, 1 si le recours de l’Etat au marché financier pour couvrir
son déficit budgétaire entraîne la baisse des dépôts à terme. Autrement
dit, on va essayer de répondre à la question suivante : l’emprunt de
l’Etat auprès du public détourne-t-il les placements auprès des banques
vers des placements auprès du Trésor ?
REG 6
DEPTRM = 23404,486 + 2,368 FM + 2,501 FNM + 2,135 FEX
REG 7
R² = 0,495 𝑅̅ 2 = 0,456 DW =
0,843
Dans ce modèle, les coefficients des trois variables explicatives
sont statistiquement significatifs au seuil de 5% d’erreur, mais le test
DW se situe bien dans la région d’autocorrélation positive des erreurs
qui n’a pas été éliminée par le processus AR1. Les résultats montrent
que :
-la corrélation est positive entre les dépôts à terme et le déficit
budgétaire. Cela montre que ce dernier entraîne un accroissement des
revenus favorable à la constitution d’une épargne qui va se placer
auprès des banques ;
-la corrélation est positive entre les dépôts à terme et le taux
d’intérêt réel du marché monétaire. Plus ce taux est élevé, plus les
dépôts à terme sont stimulés ;
-la corrélation est négative entre les dépôts à terme et la part de
l’épargne financière drainée par le Trésor dans l’épargne financière
totale. Cette relation inverse prouve que l’intervention de l’Etat sur le
marché obligataire détourne les placements auprès des banques, ce qui
est susceptible de gêner le financement du secteur privé. Ce résultat
peut se justifier par le fait que les titres publics ont été pendant
longtemps assortis de taux d’intérêt relativement attrayants.
REG 8
DEPTRM = -10733, 414 + 17,658 FNM/DB + 3,527INPC
(-2,297) (2,643) (14,980)
R² = 0,878 𝑅̅2 = 0,872 DW = 1,378
334
Dans ce modèle, les coefficients sont statistiquement significatifs au
seuil de 5% d’erreur mais le test DW se situe dans la région
d’autocorrélation positive des erreurs. Les résultats montrent que
l’investissement public et le financement non monétaire du déficit
budgétaire ont un effet positif sur les dépôts à terme. Donc, loin de
réduire les ressources disponibles au secteur privé, l’activité de l’Etat
paraît stimuler les dépôts à terme. Cette conclusion est conforme à celle
dégagée lors de l’examen de l’équation de l’investissement privé et
semi-public.
REG 9
EFP = - 71875,985 + 11,378 FNM/DB + 7,162 INPC
(-6,293) (2,697) (12,445)
R² = 0,819 𝑅̅ 2 = 0,810 DW = 1,782
Le résultat correct de DW = 1.782 ci-dessus a été obtenu après 6
itérations. Le test DW originel prenait une valeur faible de 0.03 et se
situait dans la table de DW à 5% d’erreur dans la région
d’autocorrélation positive des erreurs (0<0.03<1.26).
Dans ce modèle, les coefficients sont significatifs au seuil de 5%
d’erreur. Les résultats montrent que l’épargne financière drainée par le
secteur privé et semi-public est corrélée positivement avec le
financement non monétaire rapporté au déficit budgétaire et
l’investissement public. Donc, le financement non monétaire ni même
l’investissement public n’obèrent les possibilités de financement des
entreprises privées et semi-publiques.
REG 10
EFP = - 69558,269 – 2,854 DB + 4,888 INPC + 44,257 FNM/DB
(-6,877) (-3,497) (5,922) (2,570)
335
REG 11
EFP = - 62166,526 – 348,446 EFDT/EFT + 7,512 INPC
(-4,488) (-2,309) (13,405)
REG 12
EFP = -73349, 877 – 1,709 DB + 6,162 INPC
(- 6,866) (-2,341) (8,741)
Pour améliorer les résultats, nous avons établi les régressions 10, 11
et 12. Dans la régression 10, la valeur de DW se situe dans la zone de
non autocorrélation des erreurs et les coefficients sont significatifs au
seuil de 5% d’erreur. Les résultats laissent apparaître la présence d’un
effet d’éviction exercé par le déficit budgétaire puisque la relation entre
celui-ci et l’épargne financière drainée par les entreprises privées et
semi-publiques est négative. Par contre, la relation du financement non
monétaire et de l’investissement public avec la variable endogène est
toujours positive (effet d’entraînement).
Dans la régression 11, nous avons tout d’abord étudié la stabilité du
modèle. Nous avons trouvé que celui-ci est stable sur toute la période
et que le fait de le scinder en deux échantillons n’améliore pas les
résultats (F*<F calculé). Il ressort donc que le changement des moyens
de couverture du déficit budgétaire entre (1970-1984) et (1985-2012)
n’a pas d’effet sur la stabilité du modèle. Aussi, serons-nous amené à
analyser les résultats sur la totalité de la période. En effet, les
coefficients sont significatifs et la valeur de DW est proche de la borne
inférieure de la région de non autocorrélation des erreurs (dw=1.517).
Nous obtenons une corrélation négative entre la variable endogène et la
part de l’épargne financière drainée par le Trésor dans l’épargne
financière totale (effet d’éviction). Par contre, l’investissement public
produit, comme dans les régressions précédentes, un effet
d’entraînement.
Dans la régression 12, les coefficients sont significatifs et le test DW
se situe dans la zone de non autocorrélation des erreurs. Les résultats
336
montrent que l’accroissement du déficit budgétaire se fait au détriment
des possibilités de financement des entreprises privées et semi-
publiques (effet d’éviction) mais l’investissement public est toujours
corrélé positivement avec la variable endogène (effet d’entraînement).
REG 13
CRMLT = - 45061,376 + 2,381 CRTR - 31,048 EFDT/EFT
(-1,964) (6,405) (-0,065)
REG 14
CRMLT = 10107,161 + 5,947 FM + 5,430 FNM + 9,319 FEX
(0,595) (2,993) (4,584) (1,479)
337
Signalons tout d’abord que l’étude de la stabilité de ce modèle a
montré le fait de le scinder en deux sous-périodes n’améliore pas les
résultats (F*<F tabulé). Ainsi, notre analyse concernera la totalité de la
période puisque le passage d’un financement orienté vers les emprunts
extérieurs (1970-1984) à un autre comptant essentiellement sur les
financements intérieurs (1985-2012) n’affecte pas la stabilité du modèle
; notre analyse sera donc relative aux résultats estimés pour la totalité
de la période.
REG 15
CRMLT = 15005,347 + 1,703 FM + 0,084 FNM + 0,849 EFDT
(1,637) (2,432) (1,923) (1,973)
REG 16
REG 17
IPC = - 45,433 - 9,494E-005 MM + 3,835 TLIQT + 0,003 CRTE
(-1,087) (-2,168) (3,324) (7,052)
REG 18
IPC = 273,968 + 0,493 FNM/DB + 1,347 FEX/DB – 0,002 SOLCOM
(10,991) (3,176) (3,448) (-4,926)
REG 19
SOLCOM = -10865,762 – 3,447 FM – 2,459 FNM – 4,227 FEX
(-1,222) (-3,317) (-3,967) (-3,884)
R² = 0,751 𝑅̅ 2 = 0,709 DW = 1,881
340
Nous avons cherché au départ à analyser la stabilité de ce modèle.
Nous avons trouvé que les coefficients sont stables sur la totalité de la
période (F* <F tabulé). Notre analyse portera donc sur la totalité de la
période puisque le changement de la politique de financement du déficit
budgétaire entre les deux sous-périodes distinguées précédemment
n’affecte pas la stabilité du modèle.
Cette régression, dont les coefficients sont statistiquement
significatifs, montre que le financement non monétaire du déficit
budgétaire est négativement corrélé avec le solde commercial. Cela
montre que ce type de financement pousse les entreprises à augmenter
leurs prix (voir REG 17) ce qui réduit leur compétitivité extérieure et
entraîne la dégradation du solde commercial du pays. Donc, par ce
canal, la présence d’un effet d’éviction est vérifiée.
REG 20
1 Le choix de ce taux est justifié par le fait que « le taux du marché monétaire est
un indicateur orientant l’évolution de l’ensemble des conditions débitrices et
créditrices », Rapport Bank Al-Maghrib, Exercice 1997, p.77.
341
significatifs et le test DW se situe dans la zone de doute. Les résultats
montrent donc que le niveau du taux d’intérêt sur le marché monétaire
est positivement corrélé avec le taux de liquidité de l’économie et
l’indice du coût de la vie. Cette régression rejette donc l’idée de
l’éviction par le financement non monétaire du déficit budgétaire.
REG 21
342
Cependant, au Maroc, l’action de l’Etat par le budget produit
globalement un effet d’entraînement et ce à la lumière des résultats de
la majorité des régressions1. En effet, par le canal effet quantitatif
direct, nous avons vu que le financement non monétaire du déficit
budgétaire semble avoir une influence positive sur l’activité
économique du secteur privé. D’abord, ce type de financement
n’entraîne pas une baisse des investissements privés ; ensuite, il ne
détourne pas les placements auprès du système bancaire vers les
souscriptions de titres publics ; enfin, il ne réduit pas les possibilités de
crédit au secteur privé. Plus encore, par le canal effet prix indirect, nous
avons constaté que l’accaparement par l’Etat de fonds sur le marché
obligataire ne cause pas la hausse des taux d’intérêt (alors que la hausse
du taux d’intérêt suite au financement non monétaire du déficit
budgétaire est le cheval de bataille des adeptes de l’éviction financière).
Il est à noter que le déficit budgétaire au Maroc et son financement
par emprunt auprès du public représente plutôt un facteur de
développement du marché financier. Le financement non monétaire du
déficit budgétaire permet de mobiliser une épargne qui aurait pu rester
oisive. Ce mode de couverture du déficit du Trésor concourt à la
diversification des instruments de placement, propice à l’accroissement
de l’épargne nationale et donc au phénomène de l’innovation
financière.2
Comme on l’a vu dans les premières régressions de l’analyse
économétrique, le financement du déficit budgétaire par emprunt
auprès du public n’a pas exercé un effet négatif sur l’investissement des
entreprises. Au contraire, on a constaté, d’après les résultats obtenus,
que l’intervention de l’Etat par son budget et plus particulièrement par
ses dépenses d’investissement, a plutôt été profitable à l’investissement
privé et semi-public. En effet, les dépenses d’équipement, surtout
d’infrastructure, permettent au secteur privé de bénéficier des
économies externes, de réduire leurs coûts et par conséquent
344
Conclusion du chapitre IV
L’approche empirique de l’effet d’éviction et/ou d’entraînement
financier a été réalisée d’une part, en calculant la valeur des
multiplicateurs budgétaires ; et d’autre part, en analysant la relation
entre le déficit budgétaire, le taux d’intérêt et le taux de change.
Le calcul des multiplicateurs budgétaires dans les pays développés a
révélé qu’ils sont généralement supérieurs à l’unité sinon ils restent
positifs ; ce qui montre que la politique budgétaire produit plutôt un
effet d’entraînement.
La vérification de l’effet d’éviction et/ou d’entraînement financier
par l’étude de la relation entre le déficit budgétaire, le taux d’intérêt et
le taux de change, débouche sur des conclusions qui sont divergentes,
conclusions qui ne font qu’alimenter le débat entre keynésiens et
monétaristes. C’est que la spécification analytique des modèles, tant par
le jeu des canaux d’intégration des variables monétaires, financières et
réelles que par le jeu des impacts différenciés la politique monétaire,
joue un rôle essentiel dans l’approche des effets d’éviction et/ou
d’entraînement financiers.
Au Maroc, la vérification de l’existence d’un effet d’éviction
financier a été conduite à la lumière des travaux propres aux pays
développés.
En effet, les multiplicateurs budgétaires ont été en moyenne de 1.78
durant la période 1970-2014. Ce qui conduit à conclure à l’efficacité de
la politique budgétaire et à l’absence d’un effet d’éviction et renforce
l’idée que la politique des déficits budgétaires au Maroc est plutôt un
facteur de relance économique. On a constaté cependant que cet effet
multiplicateur dépend inversement de la valeur de la propension
marginale à importer. C’est ainsi que lorsque l’économie est extravertie,
l’effet d’entraînement exercé par la politique budgétaire se produit à
l’extérieur. Par ailleurs, l’importance de l’effet multiplicateur est liée à
la nature des dépenses engagées. En effet, plus l’Etat aura tendance à
accroître ses dépenses d’infrastructure relativement aux autres
catégories de dépenses plus l’effet d’entraînement est grand.
L’analyse économétrique de l’effet d’éviction au Maroc a également
été conduite à la manière des travaux du modèle MODEVIC à travers
trois principaux canaux : l’effet quantitatif direct, l’effet prix direct et
l’effet prix indirect. Les résultats des différentes régressions montrent
345
qu’un certain effet d’éviction apparaît par le canal prix direct. En effet,
le recours de l’Etat à l’emprunt auprès du public semble obliger les
entreprises à accroître leurs prix pour dégager les ressources nécessaires
au financement de leurs investissements ; ce qui réduit leur
compétitivité extérieure. Par ailleurs, nous avons constaté également
que l’épargne drainée par le trésor se faisait au détriment des émissions
des entreprises, ce qui obère leurs conditions de financement (effet
d’éviction par le canal effet quantitatif direct).
En fait, le financement non monétaire du déficit budgétaire, d’après
les différentes régressions établies, produit globalement un effet
d’entraînement. D’une part, le financement non monétaire du déficit
budgétaire ne gêne ni l’investissement des entreprises, ni les dépôts à
terme ni les crédits à moyen et long terme (effet quantitatif direct) ;
d’autre part, ce mode de financement n’entraîne pas la hausse des taux
d’intérêt (effet prix indirect).
En réalité, le recours de l’Etat au marché financier pour couvrir ses
dépenses est de nature à diversifier les instruments de placement
favorables à l’accroissement et à la mobilisation de l’épargne nationale.
De plus ces moyens de financement sont mobilisés par l’Etat pour
couvrir des dépenses qui peuvent permettre l’augmentation de la
productivité de l’investissement des entreprises.
346
Conclusion de la deuxième partie
La question des effets du financement du déficit budgétaire
constitue la pomme de discorde entre les keynésiens et les monétaristes.
La controverse entre ces derniers a en effet été centrée sur les effets
d’éviction et/ou d’entraînement financiers. En fait, l’idée d’éviction est
ancienne car elle remonte aux économistes classiques. Ceux-ci ont
pressenti les dangers d’un accroissement des dépenses publiques et ont
proscrit le financement du déficit budgétaire par emprunt auprès du
public parce qu’il est pernicieux pour la croissance économique.
L’auteur de la « Théorie Générale », qui avait recommandé le recours à
une politique budgétaire expansionniste en période de crise, était
conscient que des effets néfastes pouvaient limiter l’efficacité de cette
politique : la hausse des taux d’intérêt procédant du financement du
déficit budgétaire.
Après une période marquée par une confiance dans la politique
budgétaire comme moyen de lissage des fluctuation conjoncturelles,
succède une autre où le déficit budgétaire sera vivement critiqué. Deux
arguments sont avancés à ce propos : d’une part, les déficits budgétaires
sont sans effet sur l’activité économique (théorème d’équivalence
Ricardo-Barro) ; d’autre part, les déficits budgétaires gênent le
dynamisme du secteur privé (les effets d’éviction).
En prenant le modèle ISLM pour cadre d’analyse des effets
d’éviction et/ou d’entraînement financiers, les monétaristes et les
keynésiens appuient leurs idées en rapport avec des hypothèses
restrictives d’élasticité de la fonction de demande de monnaie et
d’investissement par rapport au taux d’intérêt.
Dans les modèles théoriques keynésiens et monétaristes, le
développement des analyses s’est opéré par la complication du schéma
d’origine en introduisant la contrainte financière du Trésor et les effets
de richesse. Si les keynésiens (A.S.Blinder et R.M.Solow, J.Tobin et
W.H.Buiter) démontrent la supériorité du financement non monétaire
du déficit budgétaire par rapport au financement non monétaire, les
monétaristes (K.Brunner et A.Meltzer, les travaux de la Banque de
Saint-Louis) soutiennent l’idée inverse. Ces analyses seront affinées par
la prise en compte du degré d’ouverture de l’économie.
La vérification empirique de l’effet d’éviction et/ou d’entraînement
financier est conduite dans le cadre de grands modèles économétriques.
347
Cette vérification s’est faite d’une part en calculant la valeur des
multiplicateurs budgétaires et, d’autre part, en cherchant à définir le
type de relation entre le déficit budgétaire, le taux d’intérêt et le taux de
change dans le cadre de la globalisation financière.
Les résultats sur lesquels ces recherches ont débouché dépendent de
la spécification du modèle : mécanismes de transmission prises en
compte, variables économiques retenues, période d’analyse, taille du
modèle, etc.
Le calcul des multiplicateurs budgétaires au Maroc pour la période
(1970-2014) a montré que leur valeur est, en moyenne, largement
supérieure à l’unité ; ce qui prouve que la politique budgétaire produit
plutôt un effet d’entraînement et doit être utilisée pour relancer
l’économie.
Par ailleurs, l’analyse empirique des effets du financement non
monétaire sur l’activité du secteur privé a été réalisée à la manière des
travaux du modèle MODEVIC. Les résultats montrent qu’un certain
effet d’éviction se manifeste notamment dans l’équation de l’épargne
financière drainée par les entreprises (effet quantitatif direct),
l’équation de l’indice des prix à la consommation et l’équation du solde
commercial (effet prix direct). En effet, on a constaté que le recours du
Trésor au marché financier pour couvrir son déficit budgétaire se fait
aux dépens des émissions des entreprises ce qui obère les conditions du
financement de leurs investissements. De plus, cette modalité de
financement du déficit budgétaire paraît obliger les entreprises à
augmenter leurs prix afin de dégager les ressources financières
nécessaires au financement de leurs projets, augmentation qui réduit
leur compétitivité extérieure et aggrave le déficit commercial. Mais,
globalement et d’après les résultats obtenus, c’est l’effet d’entraînement
qui l’emporte sur l’effet d’éviction. En effet, le financement du déficit
budgétaire ne semble gêner ni l’investissement des entreprises, ni les
dépôts à terme, ni les crédits à moyen et long terme (effet quantitatif
direct) ni même causer la hausse du taux d’intérêt (effet prix indirect).
En fait, le financement non monétaire du déficit au Maroc est plutôt
un facteur d’animation du marché financier et un moyen de
mobilisation d’une épargne qui aurait pu bien se placer ailleurs. C’est
que l’action budgétaire de l’Etat ne doit pas être considérée comme
étant nuisible mais comme un moyen de promotion des projets privés.
348
Conclusion générale
349
Au terme de ce modeste travail nous pouvons affirmer que la
question de l’action par le déficit budgétaire comme moyen de
régulation de l’activité économique n’a jamais cessé d’être le lieu de
controverse. Au départ, les finances publiques classiques prônaient un
budget à la fois neutre et équilibré. De ce fait, l’Etat se devait de remplir
les devoirs qui lui sont tracés et de s’abstenir d’intervenir dans l’activité
économique. Ainsi, les dépenses publiques étaient limitées et le
problème de leur financement ne se posait pas.
L’éclatement de la crise des années 30, marquée par un chômage
excessif, va nécessiter, sous l’impulsion des idées keynésiennes,
l’intervention de l’Etat dans l’activité économique par le biais du déficit
budgétaire. La justification de la relance par le budget s’appuie sur le
mécanisme du multiplicateur. Le recours au déficit budgétaire comme
moyen de relance permettra d’élargir les fonctions de l’Etat.
Mais, l’incapacité des thérapeutiques keynésiennes à résoudre la
crise du milieu des années 70 permettra à la théorie néolibérale
d’alimenter les doutes quant à l’efficacité de l’action par le déficit
budgétaire.
Notre objectif a été d’apprécier l’effet du financement du déficit
budgétaire, en l’occurrence l’effet d’éviction financier. Pour ce faire, il
nous a semblé nécessaire de préciser au préalable cette notion de déficit
et de relever ses principales modalités de financement.
Les différentes méthodes d’évaluation du déficit mises en évidence,
soit selon les principes de la comptabilité publique (déficit effectif,
déficit théorique) ou selon les principes de la comptabilité nationale
(capacité ou besoin de financement), imposent une certaine prudence
dans leur interprétation puisque chacune d’elle a sa signification qui lui
est propre.
Au Maroc, il existe deux approches du déficit budgétaire : celle du
Ministère des Finances et celle de Bank Al-Maghrib. La première
propose trois méthodes de calcul du déficit budgétaire correspondant à
trois sortes de classifications : la classification budgétaire, la
classification du FMI et la classification économique. La seconde, qui
se base sur les statistiques élaborées par le Ministère des Finances,
calcule le déficit budgétaire soit en se référant à la classification
budgétaire, à la classification économique ou à la classification du FMI.
Qu’il s’agisse de l’approche du Ministère des Finances ou de celle de
350
Bank Al-Maghrib, les soldes (déficits) budgétaires au Maroc présentent
trois caractéristiques principales : d’abord, le calcul du déficit
budgétaire se fait sur la base des opérations de l’Etat ; ensuite, il est
calculé dans l’optique gestion ; enfin, les montants sur lesquels porte le
déficit budgétaire varient d’une source à l’autre voire à l’intérieur d’une
même source. L’hétérogénéité de ces soldes (déficits) nous a conduit à
les uniformiser et ce en adoptant la méthode du FMI. ; celle-ci permet
de dégager le besoin de financement c’est-à-dire le solde définitif que
le Trésor doit effectivement financer.
Ainsi calculés, les déficits budgétaires au Maroc entre 1970 et 2014
ont connu une évolution que l’on a partagé en quatre périodes. La
première période (1970-1973) est marquée par des déficits budgétaires
modérés (3% en moyenne du PIB) ; la seconde période (1974-1982) au
cours de laquelle les déficits budgétaires deviendront colossaux (11.1%
en moyenne du PIB) rendant urgent l’adoption et la mise en application
de mesures de stabilisation et d’assainissement budgétaires. Durant la
troisième période (1983-2009), la politique d’ajustement structurel
mise en place entre 1983 et 1992 a permis de réduire les déficits
budgétaires (4.1% en moyenne du PIB). Cependant, cette réduction
s’est soldée par des effets socio-économiques néfastes durant la phase
d’ajustement : augmentation du chômage, dégradation de la qualité des
services publics, réduction des chances de croissance de l’économie,
etc. La quatrième et dernière phase (2010-2014) est marquée par un
creusement inquiétant des déficits budgétaires (5,6% en moyenne du
PIB) conjugués à des déficits primaires négatifs) acculant les pouvoirs
publics à revoir le rythme d’accroissement des dépenses publiques et à
œuvrer à renflouer les recettes publiques
Face à ces déficits budgétaires, l’Etat au Maroc doit trouver les
moyens de financement à même de les couvrir. Pour ce faire, le Trésor
peut utiliser des ressources qui sont à la fois variées et émanant
d’origines diverses. En effet, il peut recourir au financement intérieur
non monétaire (emprunt sur ressources d’épargne liquide à court terme,
à moyen et long terme, dépôts à caractère non monétaire), au
financement intérieur monétaire (circuit du trésor, Bank Al-Maghrib,
Banques Commerciales) ainsi qu’au financement extérieur (emprunt
bilatéral et multilatéral, emprunt sur le marché financier international,
concours du FMI, dons).
351
En relation avec les trois phases d’évolution des déficits
budgétaires, la politique de financement a connu trois étapes : la
première (1970-1973) au cours de laquelle l’essentiel des besoins de
financement étaient couverts par des ressources intérieures
monétaires et non monétaires (60% environ des déficits); la seconde
(1974-1982) marquée par des déficits budgétaires colossaux et
chroniques et nécessitant le recours aux financements extérieurs qui
ont couvert en moyenne 60% des besoins de financement ; la
troisième (1983-2014) et qui englobe la période d’ajustement
structurel (1983-1992) va connaître un changement de la structure
de financement du déficit budgétaire. En effet, suite au tarissement
des sources extérieures de financement (en raison de l’incapacité du
Maroc à honorer ses engagements) le Trésor va user davantage des
moyens de financement intérieurs ; ceux-ci ont pu couvrir en moyenne
plus de 90% des déficits budgétaires.
Le financement du déficit budgétaire par emprunt auprès du public
a suscité un ample débat centré sur les effets d’éviction et/ou
d’entraînement financiers induits par la politique budgétaire. En fait, il
ne s’agit que du renouvellement de la controverse traditionnelle
politique monétaire versus politique budgétaire centrée autour du thème
des effets d’éviction et/ou d’entraînement financiers (crowding out or
in effect). Cette controverse est née à la fois d’arguments théoriques et
de vérifications empiriques.
Sur le plan théorique, l’idée d’éviction remonte aux économistes
classiques (Smith, Ricardo, Say) qui ont proscrit le financement des
dépenses publiques par emprunt car il est pernicieux pour la croissance
et ne peut se faire qu’aux dépens des investissements privés. Keynes
était lui-même conscient que des effets néfastes pouvaient limiter la
portée effective de la politique budgétaire et avait l’intuition des
objections qui allaient lui être faites plus tard par les monétaristes avec
l’effet d’éviction.
L’exposé de toute la littérature traitant des effets de la politique
budgétaire nous a permis de relever que d’une part, la politique
budgétaire est sans effet sur la politique économique ; cette idée,
développée par Ricardo sera reprise par R.J.Barro sous le générique
théorème d’équivalence ricardien. Avec ce théorème, l’auteur souligne
qu’à l’émission des titres nécessaires au financement du déficit
budgétaire correspondra une épargne additionnelle rigoureusement
352
équivalente. Cela signifie que l’effet stimulant du déficit budgétaire sur
la demande globale est neutralisé. Cependant une série d’objections
sera adressée au théorème d’équivalence et qui concernent les
hypothèses sur lesquelles il se base (anticipations rationnelles,
altruisme, etc.). D’autre part, le financement non monétaire du déficit
budgétaire se fait au détriment des dépenses privées (effets d’éviction).
Ordinairement, on distingue entre effet d’éviction réel et effet
d’éviction financier. Si le premier est lié au plein emploi des facteurs
de production et à l’ultra-rationalité des agents économiques, le second
quant à lui apparaît à l’occasion du financement du déficit budgétaire
sans qu’il y ait accompagnement d’une politique monétaire adéquate.
L’effet d’éviction financier se compose de l’effet transaction et de
l’effet portefeuille ; alors que le premier est consécutif au déséquilibre
sur le marché de la monnaie et dépend des élasticités respectives de la
fonction de demande de monnaie et d’investissement par rapport au
taux d’intérêt, le second est lié aux effets de richesse.
Les développements théoriques sur les effets d’éviction et/ou
d’entraînement financiers opposeront les modèles keynésiens aux
modèles monétaristes.
Pour Blinder et Solow, qui ont compliqué la contrainte financière du
Trésor en prenant en compte le paiement des intérêts de la dette
publique ainsi que les recettes fiscales émanant de ce versement, ont
conclu à la supériorité à long terme du financement par emprunt par
rapport au financement monétaire. Plus encore le modèle est stable à
long terme c’est-à-dire que la convergence vers l’équilibre est assurée.
Pour Tobin et Buiter, dans leur modèle à deux actifs l’accroissement
des dépenses publiques produit à long terme un effet expansionniste et
ce quelque soit le mode de financement. Dans le modèle à trois actifs,
l’effet d’entraînement de la politique budgétaire financée par emprunt
est plus fort dans le cas où les titres publics sont plutôt substituables à
la monnaie.
Les monétaristes quant à eux, qu’il s’agisse des travaux de la Banque
de Saint-Louis, ou de ceux de Brunner et Meltzer, concluent à la
supériorité à long terme du financement du déficit budgétaire par
création monétaire par rapport au financement par emprunt. Ce qui
concorde avec l’orthodoxie monétariste à savoir l’inefficacité à long
terme de la politique budgétaire.
353
La prise en compte de l’extérieur dans le modèle de Mundell-
Fleming montre que la politique budgétaire financée par emprunt
produit un effet d’entraînement plutôt qu’un effet d’éviction financier
lorsqu’il y a forte mobilité internationale des capitaux en changes fixes
et une faible mobilité internationale des capitaux en changes flottants
(et vice versa). Ces résultats subiront quelques modifications par la
prise en compte des mouvements des prix, des anticipations de changes
et des effets de richesse.
La vérification empirique de l’effet d’éviction et/ou d’entraînement
financier dans les pays développés a été réalisée d’une part par le calcul
des multiplicateurs budgétaires et d’autre part par l’analyse de la
relation déficit budgétaire, taux d’intérêt et taux de change. En fait, les
études économétriques ne permettent pas de trancher nettement sur la
question. En effet, selon que les auteurs des modèles sont partisans ou
non de l’effet d’éviction, leurs résultats infirment ou confirment cette
thèse.
L’étude empirique de l’effet d’éviction et/ou d’entraînement
financier au Maroc a été faite à la manière du modèle MODEVIC. En
effet, les tests examinant cet effet ont été réalisés à travers trois
principaux canaux : l’effet quantitatif direct, l’effet prix direct et l’effet
prix indirect. Les résultats montrent clairement que l’effet est vérifié
partiellement par le canal effet quantitatif direct (l’épargne financière
drainée par le Trésor se fait aux dépens des émissions des entreprises)
et totalement par le canal effet prix direct (le financement non monétaire
du déficit budgétaire paraît obliger les entreprises à augmenter leurs
prix pour dégager les ressources financières nécessaires). En fait, le
recours de l’Etat à l’emprunt auprès du public permet de dynamiser le
marché financier. Par ailleurs, ce mode de financement semble exercer
plutôt un effet d’entraînement sur les dépôts à terme, les crédits à
l’économie, l’investissement des entreprises et n’entraîne pas la hausse
des taux d’intérêt.
Il faut noter qu’il existe d’autres pistes de recherche à explorer afin
de mieux comprendre si l’Etat par sa présence sur le marché financier
est susceptible de gêner le secteur privé.
Si globalement l’action de l’Etat par le déficit budgétaire ne se fait
pas aux dépens du secteur privé, les tenants du désengagement de l’Etat
et donc de la discipline budgétaire doivent tempérer leur point de vue.
Il ne faut pas, en effet, oublier que la réduction de certains postes
354
budgétaires peut être dangereuse, surtout quand il s’agit des dépenses
d’infrastructure utiles au développement des entreprises et qui peuvent
stimuler la croissance. Ainsi, l’Etat peut retrouver son véritable
domaine d’intervention et faire du déficit budgétaire un instrument de
relance de l’économie nationale. Keynes ne disait-il pas que
« l’important pour l’Etat n’est pas de faire ce que les individus font déjà
et de le faire un peu mieux ou un peu plus mal, mais de faire ce que
personne d’autre ne fait pour le moment. »
En définitive, ne devons-nous pas revoir l’aphorisme suggéré par
M.Friedman selon lequel « nous sommes tous keynésiens à court terme
et néoclassiques à long terme.» Actuellement, il faut plutôt dire que
nous sommes tous néoclassiques à court terme pour des raisons de
crédibilité et keynésiens à long terme pour des raisons de croissance
même si pour Keynes « à long terme nous serons tous morts.»
355
Liste des tableaux
357
Tableau n°31: Taux moyens de croissance des dépenses publiques
pour les périodes (1974-1977) et (1978-1982)
Tableau n°32: Evolution de la structure des dépenses publiques en
% (1974-1982)
Tableau n°33: évolution de la part en % des dépenses publiques
couvertes par les recettes publiques (1974-1982)
Tableau n°34: Evolution des déficits budgétaires (en % des dépenses
publiques totales (1974-1982)
Tableau n°35 : Evolution des TIC sur produits énergétiques en % des
recettes fiscales
Tableau n°36: Evolution des dépenses publiques (1983-2008) (en
millions de dirhams et en % du P.I.B.)
Tableau n°37: Evolution de la structure des dépenses publiques en
% (1983-2008)
Tableau n°38: Evolution en % des dépenses publiques couvertes par
les recettes publiques (1983-2008)
Tableau n °39: Evolution des déficits budgétaires en % des dépenses
publiques totales (1983-2009)
Tableau n°40: Evolution de la structure des dépenses publiques en
% (2010-2014)
Tableau n°41 : Parts des dépenses de compensation dans les déficits
budgétaires et dans le PIB (2010-2014) En millions de dirhams et en %
Tableau n°42 : Dépenses publiques couvertes par les recettes
publiques
Tableau n°43 : Evolution de l’effectif du personnel de l’Etat et de la
masse salariale
Tableau n°44: Evolution des dépenses de subvention (1980-2014)
Tableau n°45 : Les effets de la réduction de la compensation des
produits pétroliers
Tableau n°46 : Evolution des dépenses fiscales
Tableau n°47: Elasticité des recettes fiscales par rapport à l’activité
économique
358
Tableau n°48 : Evolution des recettes fiscales issues du contrôle
fiscal en millions de DH et en % des recettes fiscales
Tableau n° 49: Evolution des souscriptions nettes aux bons du Trésor
sur formules en millions de dirhams et en % du déficit budgétaire
Tableau n°50: Evolution des souscriptions aux obligations à 15 ans
(en millions de dirhams)
Tableau n°51: Evolution des bons d'équipement sur réserve
d'investissement (en millions de dirhams)
Tableau n°52: Evolution des souscriptions des bons du Trésor sur
comptes capital (en millions de dirhams)
Tableau n° 53: Evolution des variations des dépôts des
correspondants non monétaires du Trésor (en millions de dirhams et en
% des déficits budgétaires)
Tableau n° 54: Evolution du financement non monétaire du déficit
budgétaire (en millions de dhs et en % des déficits budgétaires)
Tableau n° 55: Evolution des variations des facilités de caisse (en
millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n° 56: Evolution des variations des avances
conventionnelles (en millions de dirhams et en % des déficits
budgétaires)
Tableau n°57: Evolution des variations des concours indirects de
Bank Al-Maghrib au Trésor (en millions de dirhams et en % des
déficits budgétaires)
Tableau n°58: Evolution des variations des avances de Bank Al-
Maghrib au Trésor (en millions de dirhams et en % des déficits
budgétaires)
Tableau n°59: Evolution des variations du portefeuille minimum
d'effets publics (en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°60 : Financement sur bons du Trésor par adjudication
Tableau n°61: Evolution des variations des souscriptions des
banques aux bons du Trésor en compte-courant (en millions de dirhams
et en % des déficits budgétaires)
359
Tableau n°62: Evolution des variations des dépôts des banques au
Trésor (en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°63: Evolution des concours des banques commerciales
(en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°64: Evolution des variations des dépôts des entreprises et
des particuliers au Trésor et aux C.C.P.
(en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°65: Evolution du financement monétaire du déficit
budgétaire (en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°66: Evolution du financement intérieur du déficit
budgétaire (en millions de dirhams et en % des déficits budgétaires)
(1970 – 2015)
Tableau n°67: Evolution des dons (en millions de dirhams et en %
des déficits budgétaires)
Tableau n°68 : L’évolution des emprunts auprès d'organismes
internationaux et régionaux (en millions de dirhams)
Tableau n°69 : Quelques émissions réalisées sur le marché financier
international en devises
Tableau n°70: Quelques émissions réalisées sur le marché financier
international en millions de dirhams
Tableau n°71: Evolution des emprunts extérieurs nets (en millions
de dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°72: Evolution de l'allégement de la dette au titre des
intérêts et du capital (en millions de dirhams et en % des déficits
budgétaires)
Tableau n°73: Evolution du financement extérieur (en millions de
dirhams et en % des déficits budgétaires)
Tableau n°74: Evolution de la structure du financement du déficit
du Trésor en % (1970 - 2013)
Tableau n°75: Evolution de la structure du financement du déficit
du Trésor en millions de dirhams (1970 - 2013)
Tableau n°76 : Dette des administrations publiques pays de l’OCDE
en % du PIB
360
Tableau n°77 : Evolution de la dette du Trésor
Tableau n°78 : Evolution de la dette totale du Trésor entre 1998 et
2012
Tableau n°79: Dette intérieure du trésor (1998-2013)
Tableau n°80: Evolution de la dette extérieure du trésor (1998-2015)
Tableau n°81 : Sous-estimation (-) ou surestimation du poids de la
dette totale en % du PIB
Tableau n°82 : Projections des charges de la dette du Trésor (2014-
2020)
Tableau n° 83: Projections des charges de la dette du Trésor à court
terme
Tableau n° 84: Dette publique et déficit budgétaire
Tableau n° 85: Dette publique et croissance économique
Tableau n° 86: Dette publique et coût moyen de la dette
Tableau n° 87: Mécanismes de gestion active de la dette
Tableau n°88 : Coût apparent de la dette du Trésor
Tableau n°89 : Evolution des charges d’intérêt de la dette du Trésor
en % des recettes publiques
Tableau n°90 : Evolution de la structure de la dette du Trésor par
devise
Tableau n° 91: Répartition de la dette négociable par maturité
Tableau n° 92: Structure par maturité résiduelle de la dette du trésor
en %
Tableau n°93 : Structure de la dette intérieure du trésor par termes
361
Tableau n°98: multiplicateurs de dépense publique
Tableau n°99: Multiplicateurs des dépenses publiques dans le court
terme et effet d’éviction (données obtenues à partir de divers
modèles nationaux)
Tableau n°100: Multiplicateurs budgétaires réels estimés par
l'O.C.D.E. pour les sept grands pays industrialisés
Tableau n°101: les effets des modes de financement des déficits
budgétaires
Tableau n°102: Les multiplicateurs selon la nature de la dépense
Tableau n°103: Part du secteur public dans le total des ressources
empruntées par les agents économiques non financiers
Tableau n°104: Dette de l'administration centrale en % du PIB
Tableau n°105: L’effet multiplicateur de dépense publique
Tableau n°106: Evolution des multiplicateurs budgétaires au Maroc
(1970-2014)
362
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370
Table des matières
371
I- Les déficits effectifs .................................................................................... 59
A- Les déficits selon les principes de la comptabilité publique ................ 59
1- Les soldes des lois de finances .......................................................... 59
2- Le solde budgétaire de gestion ......................................................... 65
B- Les déficits selon les principes de la comptabilité nationale ............... 69
II- Les déficits théoriques : ............................................................................. 73
A- Le solde de plein emploi ....................................................................... 73
B- Le solde corrigé des effets de la conjoncture ou solde structurel ........ 76
Paragraphe II - Mesure, évolution et déterminants des déficits budgétaires au
Maroc ........................................................................................................................ 83
I- Les différentes approches de mesure du déficit budgétaire au Maroc ..... 84
A- Le déficit budgétaire : l'approche du Ministère des Finances.............. 85
1- La classification budgétaire ou classique .......................................... 85
2- La classification du F.M.I. .................................................................. 87
3- La classification économique ............................................................ 89
4- Les bulletins mensuels des finances publiques de la Trésorerie
Générale du Royaume et les statistiques des finances publiques du Site du
Ministère de l’Economie et des finances .................................................... 91
B- Le déficit budgétaire : l'approche de Bank Al-Maghrib ........................ 93
1- Les méthodes de calcul du déficit budgétaire pour la période
antérieure à 1986. ....................................................................................... 94
2- La méthode de calcul du déficit budgétaire à partir de 1986 .......... 99
C- Les déficits budgétaires retenus pour l'analyse de leurs effets ......... 103
II-Evolution et déterminants des déficits budgétaires au Maroc ............... 109
A-L ‘évolution des déficits budgétaires au Maroc .................................. 109
1-La période 1970-1973 : des déficits budgétaires modérés.............. 112
2- La période 1974-1982 : des déficits budgétaires colossaux ........... 114
3- La période 1983-2009 : des déficits budgétaires maîtrisés et deux
excédents exceptionnels ........................................................................... 118
4-La période 2010-2015 : le retour à des déficits budgétaires
inquiétants ................................................................................................. 127
B-Les déterminants des déficits budgétaires au Maroc.......................... 129
1-Le gonflement inconsidéré des dépenses publiques ...................... 131
2- La faible élasticité des recettes fiscales par rapport à l'activité
économique ............................................................................................... 142
C- La réduction des déficits budgétaires et l’impératif d’une bonne
gouvernance des finances publiques ............................................................ 149
CONCLUSION DU CHAPITRE I................................................................................. 154
CHAPITRE II : MODALITES DE FINANCEMENT DU DEFICIT BUDGETAIRE AU
MAROC .............................................................................................................. 157
INTRODUCTION DU CHAPITRE II ............................................................................. 158
Section I: Le financement intérieur du déficit budgétaire ......................... 159
Paragraphe I - Le financement non monétaire du déficit budgétaire ............... 159
I - Les modalités de financement non monétaire du déficit budgétaire .... 159
A- La collecte de l'épargne liquide et à court terme ............................... 160
B- Les emprunts à moyen et long terme ................................................. 162
1- Les emprunts volontaires................................................................ 163
2- Les emprunts forcés ........................................................................ 163
372
C- Les dépôts à caractère non monétaire auprès du Trésor ................... 166
II : L'évolution du financement non monétaire du déficit budgétaire ....... 169
Paragraphe II - Le financement monétaire du déficit budgétaire ..................... 170
I- Les ressources monétaires du Trésor ....................................................... 171
A- Les concours du Bank Al-Maghrib ...................................................... 171
1- Les concours directs de Bank Al-Maghrib ....................................... 172
2- Les concours indirects de Bank Al-Maghrib.................................... 177
B- Les concours des banques commerciales. .......................................... 180
1- Les souscriptions dans le cadre du plancher d'effets publics......... 180
2-Les souscriptions au-dessus du plancher d'effets publics ............... 183
3- les dépôts des banques au Trésor .................................................. 187
C- Les dépôts auprès du Trésor et des comptes chèques postaux ......... 190
II- L'évolution du financement monétaire du déficit budgétaire ............... 193
Section II: Le financement externe du déficit budgétaire .......................... 196
Paragraphe I- Les dons ...................................................................................... 196
Paragraphe II- Les emprunts extérieurs nets .................................................... 198
I- L'emprunt public bilatéral et multilatéral ................................................ 198
II - L'emprunt sur le marché financier international ................................... 200
III- Les ressources exceptionnelles de rééchelonnement ........................... 204
Paragraphe III- L'évolution du financement extérieur du déficit budgétaire .... 205
Section III : Des déficits à l’accumulation de la dette publique ................. 209
Paragraphe I-Poids de la dette directe du Trésor.............................................. 210
Paragraphe II-Gestion de la dette publique ...................................................... 219
I - La composition par devises ................................................................... 223
II-La structure par maturité et profil de profil de remboursement .......... 224
III-Les sources internes et externes de financement ................................ 227
IV- La structure par type de taux d’intérêt. ............................................. 227
CONCLUSION DU CHAPITRE II................................................................................ 230
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ..................................................................... 232
DEUXIEME PARTIE : LES DEFICITS BUDGETAIRES ET LA RELANCE DE
L’ECONOMIE ...................................................................................................... 235
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE .................................................... 236
CHAPITRE III : CONTROVERSE AUTOUR DE L’EFFICACITE DE L’ACTION PAR LES
DEFICITS PUBLICS OU LE DEBAT SUR LA DISCIPLINE BUDGETAIRE ...................... 238
INTRODUCTION DU CHAPITRE III ............................................................................ 240
Section I : De l’analyse classique au théorème Ricardo-Barro : l’impératif de
la discipline budgétaire ................................................................................... 242
Paragraphe I- La prémonition des classiques .................................................... 242
Paragraphe II- Le théorème Ricardo-Barro ou l’inefficacité de l’action par le
déficit budgétaire .................................................................................................... 246
I- Le théorème Ricardo-Barro ...................................................................... 246
II- Vérification empirique du théorème d'équivalence ricardien ............... 250
Section II- Les effets d'éviction dans les modèles théoriques contemporains
........................................................................................................................ 251
Paragraphe I-Les modèles monétaristes ........................................................... 252
373
I-Déficit budgétaire et effet d’éviction et/ou d’entraînement financier dans
les travaux de la banque de Saint-Louis ............................................................ 253
A-L’analyse de L.C.Andersen et J.L.Jordan .............................................. 253
B- L’analyse de L.C.Andersen et K.M.Carlson ......................................... 256
II-Déficit budgétaire et effet d’éviction et/ou d’entraînement financier dans
les travaux de K.Brunner et A.Meltzer ........................................................... 258
A- Les équations du modèle .................................................................... 259
1- le marché des biens......................................................................... 259
2-Le marché du crédit ......................................................................... 261
3-Le marché de la monnaie ................................................................. 262
4- La contrainte financière du Trésor .................................................. 263
B- Les résultats de l'analyse : la présence des effets d'éviction et/ou
d'entraînement financiers ............................................................................. 264
1- Politique expansionniste et équilibre à court terme...................... 264
2-Politique budgétaire expansionniste et équilibre à moyen terme . 265
3- Politique budgétaire expansionniste et équilibre de longue période
................................................................................................................... 266
Paragraphe II- Les modèles keynésiens............................................................. 268
I- A.S.Blinder et R.M.Solow et la complication de contrainte financière du
Trésor.................................................................................................................. 268
A- Présentation du modèle de A.S.Blinder et R.M.Solow ...................... 268
B- L’effet d'éviction et/ou d'entraînement financier et le paradoxe de
A.S.Blinder et R.M.Solow ............................................................................. 270
C- Mode de financement du déficit budgétaire et multiplicateur des
dépenses publiques ..................................................................................... 272
1-Cas d’un déficit budgétaire couvert par création monétaire .......... 274
2- Cas d’un déficit budgétaire couvert par émission de titres publics 274
II-J.Tobin et W.H.Buiter et la complication de l’analyse des modèles de
portefeuille ......................................................................................................... 275
A- L'effet d'éviction et/ou d'entraînement financier dans l'analyse du
modèle à deux
.................................................................................................actifs
........................................................................................................................ 276
1- Le cas d’une économie en situation de sous emploi ...................... 276
2- le cas d’une économie en situation de plein emploi ...................... 278
B- L'effet d'éviction et/ou d'entraînement financier dans l'analyse à trois
actifs. .............................................................................................................. 279
Paragraphe III- Les modèles mixtes................................................................... 280
I- Effet d’éviction et/ou d’entraînement financier dans l’analyse de synthèse
de P.-A.Muet ....................................................................................................... 280
A- Politique budgétaire expansionniste dans un modèle néo-keynésien
........................................................................................................................ 281
1- Impact d’une augmentation des dépenses publiques sans
accroissement monétaire .......................................................................... 281
2- Impact d’une augmentation des dépenses publiques avec création
monétaire .................................................................................................. 282
B- Politique budgétaire expansionniste dans un modèle monétariste .. 282
II- Effet d’éviction et/ou d’entraînement financier dans le modèle KEMO 283
Paragraphe IV- L'affinement des analyses des effets d'éviction dans le cadre
d’une économie ouverte : le modèle de Mundell Fleming...................................... 285
374
I- L'effet d'éviction et/ou d'entraînement financier et les fonds en
provenance de l'extérieur ................................................................................ 285
A- Le régime de changes fixes ................................................................. 286
B- Le régime de changes flottants ........................................................... 287
II- Les développements du modèle de Mundell-Fleming ............................ 288
A- La prise en compte des mouvements de prix ..................................... 289
B- L'introduction des anticipations de change et des effets de richesse 290
CONCLUSION DU CHAPITRE III............................................................................... 293
CHAPITRE IV : ETUDE EMPIRIQUE DES EFFETS DE L’ACTION DE L’ETAT PAR LES
DEFICITS BUDGETAIRES ..................................................................................... 296
INTRODUCTION DU CHAPITRE IV............................................................................ 297
Section I : Les analyses empiriques de l'effet d'éviction financier : le cas de
quelques pays développés .............................................................................. 298
Paragraphe I- les tests basés sur le calcul des multiplicateurs budgétaires ...... 298
I- L’étude des multiplicateurs budgétaires cumulés dans les modèles
américains .......................................................................................................... 299
II- Les multiplicateurs budgétaires dans les études comparatives
internationales ................................................................................................... 302
III- L’Evolution des multiplicateurs budgétaires cumulés en France .......... 307
Paragraphe II- Les tests empiriques basés sur l'analyse de la relation entre le
déficit budgétaire et le taux d'intérêt ..................................................................... 310
Paragraphe III- Globalisation financière et effet d’éviction et/ou d’entraînement
financier .................................................................................................................. 318
I-Le calcul des multiplicateurs budgétaires dans les modèles multinationaux
............................................................................................................................ 318
II-L’effet d’éviction et/ou d’entraînement financier par le taux de change 320
Section II : L’effet d’éviction et/ou d’entraînement financier au Maroc : une
approche empirique ........................................................................................ 322
Paragraphe I - Le calcul des multiplicateurs budgétaires .................................. 322
Paragraphe II - Analyse économétrique de l’effet d’éviction et/ou
d’entraînement financier ........................................................................................ 325
I-Approche économétrique de l’effet quantitatif direct ............................. 326
A-L’équation d’investissement privé et semi-public .............................. 326
B-L’équation des dépôts à terme ............................................................ 333
C-L’équation de l’épargne financière privée et semi-publique .............. 335
D-Equation des crédits à moyen et long terme ...................................... 337
II-Approche économétrique de l’effet prix direct ....................................... 338
A - L’équation de l’indice des prix à la consommation ........................... 339
B- L’équation du solde commercial ......................................................... 340
III-Approche économétrique de l’effet prix indirect ................................... 341
CONCLUSION DU CHAPITRE IV .............................................................................. 345
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE .................................................................... 347
CONCLUSION GENERALE............................................................................... 349
LISTE DES TABLEAUX .................................................................................... 356
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................ 363
375
376