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RÉGIE DU LOGEMENT
BUREAU DE MONTRÉAL
PATRICK TESTEAU
Locateur - Partie demanderesse
c.
ANGEL BOHORQUEZ COLOMBO
ROCIO CARVAJO
Locataires - Partie défenderesse
DÉCISION
[1] Le 1er mai 2018, le locateur dépose au tribunal une demande afin de forcer le locataire à
minimiser le bruit pour que les autres locataires puissent avoir la jouissance paisible des lieux.
[2] Le 7 mai 2018, le locateur amende sa demande à fin d’ajouter la locataire comme défenderesse
et de réitérer les motifs de sa demande.
[3] Le 7 janvier 2019, le locateur amende à nouveau sa demande afin de demander la résiliation du
bail à cause du comportement des locataires.
La preuve du locateur
Les témoignages :
Le locateur :
[4] Les parties sont liées par le bail pour un logement de six pièces et demie, au loyer mensuel de
1 975 $, situé au deuxième étage d’un triplex de trois étages construit en 1929 que les locataires
occupent depuis le 15 novembre 2016. Ils ont actuellement deux très jeunes enfants.
[5] Le locateur possède l’immeuble depuis 1979. Il a occupé le rez-de-chaussée jusqu’au 24 juin
2017 lorsqu’il l’a loué à son fils Sébastien qui jusqu’alors, avait occupé le troisième étage.
No dossier : 397173 31 20180501 G No demande : 2495021 Page 2
[6] Dès l’arrivée des locataires, le locateur et sa conjointe subissent des bruits incessants des
locataires dès 5h30 le matin jusqu’à parfois 23 h :
- Ils claquent les portes, les fenêtres, les tiroirs.
- Ils déplacent des meubles, échappent des objets, marchent lourdement sur les talons.
- Ils descendent les escaliers à toute vitesse.
- Et s’ajoutent les enfants qui font de la planche à roulettes, de la trottinette et qui courent
sans cesse.
- Des bruits impromptus peuvent également s’ajouter en pleine nuit troublant leur sommeil.
[7] Le locateur a à maintes reprises abordé la question avec les locataires qui n’ont jamais changé
leur comportement. Une séance de conciliation à ce sujet n’a produit aucun effet.
[8] Le locateur a même insonorisé le plafond de sa chambre, sans qu’aucun effet significatif ne soit
constaté.
[9] Il a reçu des plaintes des locataires du troisième étage qui ont menacé de quitter leur logement.
[10] Il a déposé, à l’audience une série, d’innombrables courriels échangés avec les locataires à ce
sujet.
[11] Il occupe le rez-de-chaussée avec sa conjointe et sa fille aujourd’hui âgée de 10 mois, depuis le
24 juin 2017.
[12] Il corrobore le témoignage de son père. Il entendait le bruit lorsqu’il occupait le troisième étage et
la situation s’est aggravée depuis qu’il est au rez-de-chaussée. Il ne peut jamais dormir plus tard que
7 h le matin à cause des bruits incessants. Il a changé de chambre et a même tenté de dormir au
sous-sol; rien n’y fait.
Frédérique Marcouiller-Doucet :
[13] Elle est la conjointe de Sébastien. Elle corrobore les deux témoignages précédents et ajoute que
sa fille de 10 mois se fait réveiller par le bruit.
Christina Vannan :
[14] Elle est locataire du troisième étage. Elle subit les bruits qui nuisent même à son sommeil. Elle
est étudiante à la maîtrise, travaille chez elle et se fait déranger constamment. Elle a tenté d’aborder
la question avec les locataires qui selon ses dires ne la prennent pas au sérieux et ne font encore
aucun effort.
Cameron Cummings :
[15] Il est son conjoint et occupe également le troisième étage. Il corrobore son témoignage.
Les témoignages
[16] Elle est architecte et c’est à ce titre qu’elle intervient à l’audience. Elle précise que l’immeuble est
ancien et qu’il n’est pas insonorisé. C’est une construction en bois qui laisse place à beaucoup d’écho.
[19] Les locataires ont fait témoigner sept personnes, la plupart des amis ou des connaissances qui
ont unanimement mentionné au Tribunal que les locataires étaient de bonnes personnes qui n’ont
commis, à leur connaissance, aucun excès de bruit. Ils sont allés occasionnellement au logement, ont
participé à des fêtes avec des enfants et certains d’entre eux ont subi l’impatience du fils du locateur.
ANALYSE ET DÉCISION
[28] Le Tribunal considère que tous les éléments mis en preuve suffisent à démontrer que les
locataires causent un préjudice sérieux au locateur et justifient la résiliation du bail, conformément au
1er alinéa de l'article 1863 du Code civil du Québec qui se lit :
« 1863. L'inexécution d'une obligation par l'une des parties confère à l'autre le droit de
demander, outre des dommages-intérêts, l'exécution en nature, dans les cas qui le permettent.
Si l'inexécution lui cause à elle-même ou, s'agissant d'un bail immobilier, aux autres occupants,
un préjudice sérieux, elle peut demander la résiliation du bail. »
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[29] La preuve présentée justifie l'exécution provisoire de la décision, conformément à l'article 82.1 de
la Loi sur la Régie du logement (c. R-8.1).
[30] Enfin, le témoignage des locataires démontre qu’une ordonnance de cesser de faire du bruit en
vertu de l’article 1973 du Code civil du Québec au lieu de la résiliation du bail ne serait d’aucune
utilité.
[32] RÉSILIE le bail et ORDONNE l’expulsion des locataires et de tous les occupants du logement
dans les 20 jours des présentes;
[35] CONDAMNE les locataires à payer au locateur les frais judiciaires et de notification de 85 $.
Jean Gauthier
Présence(s) : le locateur
les locataires
Date de l’audience : 19 mars 2019