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Combien ont coûté les Gilets jaunes ?

C'est la question à laquelle a tenté de


répondre une mission parlementaire, dont le rapport a été publié mardi. Selon
les estimations de l'Institut de la statistique et des études économiques (Insee), le
mouvement n'a coûté que 0,1 point de croissance au dernier trimestre 2018.
Pour les élus de la mission constituée à l'initiative du député LREM Roland
Lescure, le président de la commission des Affaires économiques de
l'Assemblée, cette estimation semble faible, mais ne reflète pas totalement la
réalité. « L'impact des violences sur l'activité est conséquent et cette perspective
macroéconomique est loin de refléter l'étendue des répercussions économiques
liées aux débordements », écrivent-ils dans leur synthèse.
Selon les parlementaires de la mission présidée par Damien Abad (LR), les
assureurs ont indemnisé « 217 millions de préjudices », dont 41 % à Paris, pour
« vols, incendies, dégradations et pillages ». « Toutefois, ce chiffre ne
correspond qu'à la partie émergée de l'iceberg. L'approche adoptée par la
mission d'information, davantage centrée sur les entreprises, les secteurs
d'activité et les zones géographiques, a permis de révéler un ensemble de coûts
bien plus larges et aux effets bien plus durables », considèrent-ils.
Selon eux, la baisse de fréquentation des centres-villes le samedi a causé des
pertes de chiffre d'affaires comprises entre 20 et 30 % pour les commerces.
Quant aux centres commerciaux, ils ont fait état « de pertes de l'ordre de deux
milliards d'euros ».

Lire aussi Cette étude qui explique la colère des Gilets jaunes
71 millions pour remettre les radars en marche
Dans ce rapport qui ressemble une liste à la Prévert des pertes enregistrées, les
députés citent également la baisse de fréquentation des hôtels au premier
trimestre 2019 (- 2,5 % par rapport à l'année précédente alors qu'ils avaient
enregistré deux ans de hausse trimestrielle continue).
Le rapport liste surtout le coût budgétaire de la crise des Gilets jaunes. « L'État a
fait face à des coûts directs de rémunération de forces de l'ordre au titre des
heures supplémentaires effectuées » – au moins 46,08 millions d'euros ont dû
être mobilisés pour permettre aux policiers et aux gendarmes de répondre à la
crise – et à la prise en charge de certaines dégradations physiques. Quant à la
remise en état des 2 410 radars détruits et des 577 abîmés, elle pourrait « à
terme coûter 71 millions d'euros ».
Plus de 12,4 millions de coûts pour Bordeaux, Toulouse et Rouen
Les collectivités locales ont aussi dû mettre la main au portefeuille.
L'association France urbaine évalue les coûts, pour ses adhérents, les grandes
villes de France, à 30 millions d'euros. Une estimation qui comprend
« notamment le coût des dégradations d'équipements et de mobiliers urbains,
ainsi que des dépenses exceptionnelles engendrées par les manifestations, dont
le bouleversement de l'agenda de certaines missions de services public et de
travaux, ou encore la rémunération des agents sollicités au-delà de leur temps de
travail habituel ». Pour Paris, le coût atteindrait 10,43 millions d'euros.
La mission s'est particulièrement concentrée sur les dégâts constatés à Toulouse
(7,5 millions), Bordeaux (3 millions) et Rouen (1,9 million), trois villes
particulièrement frappées par les violences. À elles seules, ces trois villes ont
enregistré une perte de 12,4 millions entre les dégâts enregistrés et les mesures
exceptionnelles nécessaires pour y faire face.
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