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Cours 3

NOTIONS de section efficace

1
Définitions et notations

Pour explorer les propriétés du noyau on fait généralement des expériences


de diffusion (« collision ») de particules d’un faisceau qu’on envoie sur une
cible et on observe la diffusion « derrière » la cible. Ce qui intéresse en
général le physicien c’est la probabilité qu’une « réaction se produise ». En fait
la mesure consiste à faire un grand nombre de mesures entre un grand
nombre de particules incidentes et un grand nombre de noyaux cible et de
mesurer les particules diffusées par un détecteur. On s’intéresse à la moyenne
des valeurs mesurées. La probabilité qui nous intéresse c’est le rapport entre
le taux d’interaction et le flux incident. Nous allons voir que cette probabilité
qu’on appelle section efficace est indépendante des variables caractérisant le
faisceau et la cible, c’est-à-dire l’intensité du faisceau et la géométrie et densité de
la cible.

2
Particule
diffusée

Particule
transmise

Flux incident
Cible
de particules

d
Particules
incidentes Détecteur

Cible

3
4
Section efficace
Le nombre de particules que l’on détecte est bien sûr proportionnel au nombre de
particules incidentes et au nombre de noyaux cible. La relation de proportionnalité
s’exprime par l’intermédiaire d’un coefficient de proportionnalité .
La relation entre le taux d’interaction (T) (nombre de particules « diffusées » par unité du
temps) et la section efficace () est alors

T  σ Φ Ncible  σ Φ scible S
avec

 - le flux, c’est-à-dire le nombre de particules incidentes par unité de surface et par


unité du temps,
Ncible - le nombre de particules cible dans le volume de la cible correspondant à la
surface (S) couverte par le faisceau,
scible - le nombre de particules cible par unité de surface (densité surfacique de
particules).

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Calcul du nombre de particules par unité de volume (ncible) ou par unité de
surface (densité des particules volumique ou surfacique) (scible)

Soit d l’épaisseur,  la masse volumique et A est la masse atomique du milieu cible, NA


le nombre d’Avogadro. Le nombre de particules cible par unité de volume ncible est
donné par

M 
ncible  N cible /V  (nm ol N A )/V   N A  /V  ρN A /A
 A   ncible  ρN A /A

On peut aussi exprimer le nombre de particules dans la cible Ncible :

N cible  ncibleV  ncible Sd  (ρ N A /A) Sd

et le nombre de particules cible par unité de surface Scible :

scible  Ncible /S  (ncibleSd)/S  ncibled  (  d ) N A /A  scible  (  d ) N A /A


scible=Ncible/S (unité de mesure cm-2).

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Probabilité d’interaction
Dans la discussion de l’interaction des particules avec la matière, on s’intéresse souvent à la
probabilité (p) qu’une particule interagisse avec un milieu d’épaisseur donnée, qui est
donnée par le rapport entre le taux d’interaction T et le taux de particules incidentes S:

T
p  σ scible  σ  N A(ρ  d)/A
S
On voit que la probabilité d’interaction dépend directement de la quantité (d), appelée la
densité de masse surfacique, qui a comme unité de mesure le g/cm2.De plus on voit
apparaître l’unité de mesure de  : p étant sans dimension,  a les dimensions d’une
surface. On peut imaginer  comme une surface géométrique : une particule qui
frapperait la cible dans cette aire serait diffusée, tandis qu’à l’extérieur de cette aire elle
traverserait la cible sans diffusion. Cependant il faut faire très attention : cette aire
représente la probabilité d’un processus : elle n’a rien à voir avec la taille physique des
centres diffuseurs de la cible, par exemple.
Exemple : une mesure récente de diffusions de neutrons froids sur une cible de Gd
donne une section efficace de 10-20 m2 ce qui équivaudrait à un rayon d’environ 10-10 m,
ce qui représente le rayon d’un atome !!!!

7
Unité usuelle pour la section efficace :
1 barn = 10-24 cm2 = 10-28 m2
Calcul général de la probabilité d’interaction
Puisque la probabilité d’interaction par unité de distance est

w  p d  N A ρ(σ/A)  σ  ncible
où ncible désigne le nombre de noyaux cible par unité de volume (densité volumique des
noyaux cible).
La probabilité pour une particule incidente d’avoir une interaction entre x et x+dx est

w dx  N A( / A)ρ dx  σ  ncibledx

Le flux de particules incidentes  après le passage de la tranche dx aura varié de

d    w  dx      ncible  dx
En intégrant sur une épaisseur x on obtient la loi de variation du flux de particules
incidentes :

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  x    0  e  ncible  x
où (x) c’est le flux de particules qui n’ont pas interagi après la distance x.
Le nombre de particules qui ont interagi est donc


x    0  1  e  ncible  x 
Exemple. Quelle est la fraction de rayons gammas transmises derrière une cible de Plomb
de 1 cm d’épaisseur si la section efficace totale d’interaction est de 10 barns ? On donne la
masse volumique du Plomb  = 1.13·104 kg/m3 et la masse molaire du Plomb A= 0.207
kg/mole, NA=6.02·1023 mole-1.

ncible= (/A)∙6.02·1023 mole-1 = 3.3·1028 m-3

x=10-2 m, = 10-27 m2, ncible∙∙ x = 0.33, d’où /0 = e-0.33 = 0.72
Ce calcul suppose que l’on s’intéresse à tous les processus d’interactions et que l’on ne
s’intéresse pas à la direction d’émission des particules diffusées. Ce sera le cas de
l’observation d’un flux de neutrons (voir cours sur les neutrons) et on verra aussi des
applications dans le cours sur les interactions des rayons gammas.

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Dans le cas le plus général la section efficace de diffusion comprend les processus
élastiques (particule diffusée défléchie, mais cible et particule gardant leur nature),
inélastiques (la cible peut être dans un état excité) et d’absorption de la particule.
Section efficace différentielle
La distribution angulaire des particules diffusées peut apporter des informations sur
l’interaction qui a eu lieu entre le faisceau et le noyau cible (par exemple sur la forme du
potentiel d’interaction). De plus, en général, les détecteurs ont une certaine granularité
et sont donc capables de mesurer le nombre de particules diffusées dans une direction
définie par (,) dans un angle solide élémentaire d (coordonnées sphériques).


d
d(,)

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 d 
Comme précédemment on définit la section efficace différentielle  d  .

Le nombre dn de particules diffusées dans la direction (,) dans l’angle solide


élémentaire d est :

 d  
dn  Ni   ncible  x   Ni  d  ncible  x
 d  
En intégrant dans tout l’espace on retrouve bien sûr

dσ ( , ) 2π π dσ ( , )
σ  dΩ    sin θ dθ d
T dΩ dΩ
0 0
où T c’est la section efficace définie précédemment.

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Diffusion classique et paramètre d’impact - application à l’expérience de
Rutherford
Nous allons considérer le cas d’un potentiel d’interaction central V(r) qui dépend
seulement de la distance r par rapport au centre du potentiel.
Le faisceau incident sera dans la direction de l’axe z et donc la section efficace
différentielle sera une fonction de  seulement, pas de . Un cas particulier est celui de
la diffusion de particules  sur un noyau.
On définit le paramètre d’impact du projectile b comme la distance entre la trajectoire du
projectile et l’axe passant par le centre de la cible (voir figure), dans la région sans
interaction (à grande distance avant la cible).

b 

+Ze

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Du fait de la symétrie, toutes les particules qui ont des paramètres d’impact compris
entre b et b+db seront diffusées entre  et +d. Elles sont donc associées à une
«surface » 2b·db perpendiculaire au faisceau.

Nous aurons donc dn particules diffusées à l’angle (, +d) :


d
dn = Ni ·ncible·x· ( ) d qui est aussi le nombre de collisions associées à la surface
d
d
2b·db , soit (Ni ·ncible ·x) 2b·db. D’où Ni ·ncible ·x· ( ) d = (Ni ·ncible ·x) 2b·db.
d

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Soit si l’on tient compte de d = 2 sin d, on obtient :

d 2πbdb 2πbdb b db
  
d d 2 sin d sin  d
Dans le cas de la diffusion coulombienne (potentiel en 1/r) on démontre assez
facilement grâce au principe fondamental de la dynamique que :

 a Zz 2
tg  avec a e
2 2b E
En dérivant cette formule écrite sous la forme

a θ
b ctg
2 2
on obtient

a -2 θ
db  sin dθ
4 2

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En utilisant

θ θ
sin θ  2 sin cos
2 2
on arrive facilement à

dσ a 2 1

dΩ 16 θ4
sin
2
la formule classique pour la diffusion coulombienne sur un noyau ponctuel.

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Diffusion par une sphère dure de rayon R :
( -  )
b  R sin  R cos 
2 2
(-)/2

db R 
(-)/2  sin
R
d 2 2 , d’où
b
dσ ( ) R cos( / 2) R θ R2
 sin 
dΩ sin θ 2 2 4
 La section efficace différentielle est isotrope.
La section efficace totale est donnée par
R2
σT   dΩ  πR2 .
4

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Conclusion de l’expérience de Rutherford et validité
Les résultats de l’expérience de l’époque mettaient en évidence l’existence d’un noyau
en confirmant les formules ci-dessus. En effet en utilisant les formules classiques pour la
distance d’approche des particules  de 5 MeV envoyées sur une cible d’or très mince,
on calcule une distance d’approche à ~ 3·10 -14 cm, qui est beaucoup plus faible que le
rayon atomique et donc on déduit la présence d’un noyau central contrairement au
modèle de Thomson qui postulait l’atome comme une entité de 10-10 cm avec une
distribution de charge uniforme.
Comme on peut le voir dans la figure suivante, si la formule marche bien pour des
angles assez petits, elle diverge des résultats expérimentaux à grands angles. Il faut se
souvenir qu’on a supposé un calcul classique et un noyau ponctuel. Le décrochement
visible sur la figure est en fait dû essentiellement à l’absorption par le noyau. Ce qu’on
voit apparaître c’est l’effet d’une force nouvelle à courte distance, la force d’interaction
forte qui devient prépondérante.
D’où l’idée de sonder la structure du noyau en utilisant des projectiles de grande énergie
et d’autre nature.

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Cas particulier d’un collisionneur : définition de la luminosité

Cas de faisceau sur cible fixe : étudié jusqu’à présent


La relation entre le taux d’interaction par seconde (T) (nombre de particules
« diffusées ») et la section efficace (σ) est alors T  σ Φ N cible  σ (Φ S)scible

T= σ·( nombre de particules incidentes par secondeS)·(nombre de noyaux cible dans


l’épaisseur d de ciblescible)
La probabilité d’interaction : p  T/(Φ S)  σ scible  σ  (ρ  d)NA / A

T c’est le nombre de cas réalisés pour le processus : T  σ  (Φ S)  (ρ  d)N A / A

Le nombre de cas possibles est bien le produit suivant :

(nombre de particules incidentes par secondeS) x (nombre de noyaux cible dans


l’épaisseur d de la cible Scible).

On suppose que la taille du faisceau est plus petite que la taille de la cible.

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Dans le cas d’un faisceau en « paquets », le nombre de particules incidentes par
seconde est égal au produit de la fréquence de paquets f et le nombre de particules par
paquet N1. Dans ce cas le nombre de cas possibles s’écrit

L  fN1
  d N A
A

- f est la fréquence d’arrivée des paquets (ex : 300 Hz),


- N1 le nombre de particules incidentes par paquet (1011 p/paquet),
- (ρd)/A : (masse volumique de la cible H2 liquide)·(épaisseur 10 cm) / (masse atomique
de la cible),
- NA le nombre d’Avogadro
- (ρd) NA /A : nombre de particule cible par unité de surface.
Soit : L = 3 x 102 s-1 x 1011 p/paquet x 6 x 1023 mol-1 x 1.33 g∙cm-3 x 10-1 m / (2 g∙mol-1) =
= 1.2 ·1036 cm-2 s-1.

L s’appelle la luminosité du faisceau


et le taux d’interaction s’écrit: T = σ L

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Cas de 2 faisceaux qui se croisent : collisionneur

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Énergie utile
La quantité à prendre en compte pour la création de nouvelles particules ou pour
atteindre l'échelle à laquelle on pourra sonder leur structure est l'énergie disponible dans
le centre de masse.
Rappelons qu'en cinématique relativiste l'énergie totale E d'une particule de masse m et

son moment p sont reliés par :

E 2  p 2  m2

et que le carré du quadri-moment p  E , p  est défini comme :

p 2  E 2  p 2  m2

En considérant la collision de deux particules a et b, le quadri-moment total du système


est :
  2  
 Ea  Eb    pa  pb   ma2  mb2  2Ea Eb  2 pa pb
2 2
pab

Par définition, dans le centre de masse le moment total est nul et le carré de l'énergie
disponible dans le centre de masse s est donné par:
s  Ea  Eb   pab
2 2

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Considérons les cas d'un accélérateur à cible fixe et d'un collisionneur :

 cible fixe : b  0 et Eb  mb , l'énergie utile sera :
p

s  ma2  mb2  2 Ea mb

Dans le cas ou l'énergie du faisceau Ea est bien supérieure à la masse des particules
Ea >> ma , mb (cas général) :

s  2 Ea mb

On constate que l'énergie utile n'augmente que doucement, comme la racine carrée de
l'énergie du faisceau.
 
 p
collisionneur : a   p b , l'énergie utile sera dans le cas de deux particules
identiques :
2
s  2 m  2 E  2 pa
2
a
2
a

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Dans le cas ou l'énergie du faisceau est bien supérieure à la masse des particules
2
Ea  ma , pa  Ea2 :
s  4 Ea2  2 Ea
Dans le cas des collisionneurs l'énergie augmente beaucoup plus vite que dans le cas
d’une cible fixe, directement proportionnelle à l'énergie des faisceaux.
Dans le cas des collisionneurs d’hadrons, il faut noter cependant que l'énergie disponible
dans une collision de deux partons est différente de celle calculée plus haut. En effet, un
parton confiné dans un hadron ne porte qu'une fraction x du moment total de l’hadron de
sorte que l'énergie disponible dans une collision de partons est :
(3.1)

où la probabilité de trouver un parton avec un moment fractionnaire x décroît lorsque x


se rapproche de 1. Pour profiter du maximum d'énergie utile accessible dans une
collision entre partons, il est donc indispensable de compenser la perte d'événements
due à la distribution décroissante de x par une augmentation en rapport de la luminosité
du faisceau.

24
25
On a vu qu’on peut écrire T=σ L .
T : nombre de cas « réalisés »
L doit être le nombre des cas « possibles » : pour un collisionneur c’est le produit
(Nombre de particules du faisceau 1) · (nombre de particules du faisceau 2) dans un
point de croisement.

Cas général : les faisceaux 1 et 2 sont en paquets (« bunches ») contenant N1 et N2


particules respectivement.
Deux bunches se croisent avec une fréquence frev sur une surface transverse S.
nbeam est le nombre de paquets de chaque faisceau par seconde.
Le nombre de cas possibles est le nombre de croisements L entre les particules de
deux faisceaux :
f rev nbeamN1 N 2
L
S

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Calcul de la luminosité en général
On projet les particules qui sont distribuées dans la direction longitudinale dans des
paquets, sur un plan transversal. On réduit ainsi le problème à deux dimensions.

Comme la distribution de charge dans le paquet est Gaussienne dans toutes les
dimensions, la densité surfacique des positrons dans ce plan transverse est donnée par
2 N2 N2  x2 z 2 
n2   exp   
xz 2 x z
* *  2 * 2
 * 
2
 x 2 z 
Dans cette expression N2 c’est le nombre total de positrons dans un paquet et x,z* c’est
la section efficace horizontale ou verticale dans le point d’interaction. Comme les
collisions se produisent dans une région étroite autour du point d’interaction, dans ce qui
suit nous seront intéressés dans les valeurs de la section efficace dans ce point. Pour
clarté, nous allons notes les valeurs dans IP avec un « * ».

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La probabilité qu’un électron dans la surface dxdy collisionne avec un positron de l’autre
paquet est
dW   p n2

Si on suppose que les faisceaux d’électrons et de positrons ont la même section


efficace en IP, alors le nombre d’électrons qui traversent la surface dxdy du paquet de
positrons par unité de temps est
n f N  x2 z 2 
dN 1  beam rev 1
exp   dxdz
2 x z
* *  2 * 2
 * 
2
 x 2 z 
où nbeam c’est le nombre de paquets équidistants qui circulent avec une fréquence frev et
N1 c’est le nombre d’électrons dans un paquet.
On obtient le taux d’événements différentiel

nbeam f rev N1  x2 z 2 
dT  dN p    dN 1  n2   p exp  2  2 dxdz
2 2  x*2 z*2  * * 
 x z 

qui peut être intégré en utilisant

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
 y2 
exp   2 dy   
pour obtenir
n f NN
T  N p   p beam rev* 1* 2
4 x z

et en tenant compte de T=σL on obtient l’expression de la luminosité


nbeam f rev N1 N 2
L
4 x* z*
qui se mesure en barns-1·s-1.

Ordres de grandeurs :

L ~ 1031 cm‐2 s‐1 pour les collisionneurs e+ e‐


L~1030 cm‐2 s‐1 pour proton‐antiprotons
Exemple du LHC : f=40 MHz ; N1=N2= 1011 particules ; σx= σy =1 mm
Soit Lnominal~ 1034 cm-2 s-1=1010 b-1 s-1=(1/10-10 b)s-1= (1/100 fb) s-1

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Dans une expérience qui dure  en secondes on appelle luminosité intégrée le produit
L·, qui va conditionner le nombre de particules détectées durant toute l’expérience et
donc la statistique et la précision du résultat obtenu : N= σL.
La dimension du produit L c’est l’inverse d’une surface et se mesure en cm-2 ou
barns-1. Ce produit nous permet donc d’estimer la section efficace limite que l’on pourra
mesurer dans un temps donné.

30
31
32
DIFFUSION DE RUTHERFORD

Considérons la diffusion qu'une particule chargée subit quand elle est soumise à une force électrostatique
répulsive inversement proportionnelle au carré de la distance entre la particule mobile et un point fixe ou
centre de force. Ce problème est particulièrement intéressant en raison de son application à la physique
atomique et nucléaire. Par exemple, quand un proton, accéléré par une machine telle qu'un cyclotron, passe
près d'un noyau de la matière de la cible, il est dévié sous l'action d'une force de ce type, provenant de la
répulsion électrostatique du noyau (c'est la raison pour laquelle nous parlons aussi de diffusion
coulombienne).

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(146)

Soit O un centre de force et A une particule lancée contre O d'une grande distance avec la vitesse v0 voir
figure ci-dessus). Nous choisirons l'axe des X passant par O et parallèle à v0 . La distance b, appelée
"paramètre de choc", est la distance l'axe X des abscisses et le point A. En supposant que la force entre A et O
est répulsive et centrale, la particule suivra AMB. La forme de la courbe dépend de la manière dont la force
varie avec la distance. Si la force est inversement proportionnelle au carré de la distance, c'est-à-dire si :

la trajectoire est une hyperbole. Avec bien évidemment :

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Quand la particule est en A son moment cinétique est mv0 b. Dans une position quelconque telle que M, son
moment cinétique, est aussi donné par . Comme le moment cinétique doit rester constant puisque
la force est centrale :

L'équation du mouvement dans la direction OY est obtenue en combinant l'équation par :

En éliminant r2 à l'aide de l'avant dernière équation nous pouvons écrire :

Pour trouver la déviation de la particule, nous devons intégrer cette équation depuis l'une des extrémités de la
trajectoire jusqu'à l'autre. En A la valeur de vy est nulle car le mouvement initial est parallèle à l'axe des X et
nous avons aussi = 0. En B nous avons vy = v0 sin  et . Remarquons qu'en B la vitesse est de
nouveau v0 car, par symétrie, la vitesse perdue quant la particule s'approche de O doit être regagnée quand

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elle s'en éloigne. Alors :

Ce qui donne :

Rappelons que :

Ce qui nous donne :

Soit de manière plus détaillée :

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Cette relation donne l'angle de déviation  en fonction du paramètre de choc b.

Ce qui nous donne aussi :

Bien évidemment, dans les cas scolaires on pose souvent Q=q ce qui simplifie un peu la lourdeur de la
relation mais on perd en généralité.

Cette équation est appliquée à l'analyse de la déviation de particules chargées par les noyaux. Remarquons
que ce résultant n'est valable que pour une force inversement proportionnelle au carré de la distance. Si la
force dépend de la distance selon une autre loi, l'angle de déviation satisfait à une autre équation. Les
expériences de déviation sont donc très utiles quant nous voulons déterminer la loi de force dans les
interactions entre particules.

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Dans les laboratoires de physique nucléaire, on fait des expériences de diffusion en accélérant des électrons,
des protons ou d'autres particules au moyen d'un cyclotron, d'un accélérateur de Van de Graaf ou de quelque
autre dispositif semblable, et en observant la distribution angulaire des particules déviées.

Il est clair qu'une particule incidente dans une surface définie par un rayon compris entre b et b + db sera
respectivement comprise dans l'angle solide de diffusion :

d = 2 b db

Avec

d = 2 sin  d.

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La "section efficace" étant définie par :

dσ 2πbdb

dΩ 2π sin θdθ
En combinant cette relation avec :

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Nous avons donc pour la section (différentielle) efficace de Rutherford (ou de Coulomb) :

A l'aide de la diffusion de Rutherford/Coulomb, Rutherford a pu déterminer une approximation de la taille


du noyau de l'atome comme nous l'avons fait remarque au début du chapitre de physique corpusculaire. Le
raisonnement appliqué est le suivant pour déterminer une borne inférieure du rayon du noyau :

L'énergie totale d'un système en rotation est l'énergie cinétique de translation sommée à l'énergie cinétique
de rotation, sommé à l'énergie potentielle. Ce qui nous donne :

en notant L le moment cinétique donné par nous avons :

d'où :

40
Il en résulte donc :

D'où l'angle associé à deux distance radiales est donné par :

La figure ci-dessous montre un processus de collision par un potentiel central U(r). La particule incidente
possède une vitesse initiale :

en avec et

par symétrie à nouveau.

41
L'angle est l'angle de déflexion lorsque la particule incidente approche le diffuseur à la distance minimum
.

Revenons-en à nos équations où le moment cinétique est lié au paramètre d'impact par la relation
ou encore :

Nous pouvons donc écrire après simplifications :

42
où nous avons posé (l'énergie de rotation et du potentiel considérés comme négligeables par rapport
par rapport à l'énergie cinétique) et

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La distance minimale d'approche est donc déterminée par la valeur plus grande pour laquelle le
dénominateur s’annule:

c'est-à-dire (trivial) :

Nous avons donc :

Comme nous le voyons dans cette dernière relation, la particule incidente subira une collision frontale
lorsque b=0. Dès lors, la valeur de l'approche maximale est :

44
L’expérience de Rutherford permit d’estimer la taille du noyau atomique. En effet, les particules  qui ont
rebondi sur le noyau avec un angle de diffusion de 180° (nous parlons alors de "rétrodiffusion"), sont celles
qui se sont approchées le plus près de ce dernier. Puisque nous avons :

avec une énergie cinétique initiale de 7.7 [MeV], Rutherford trouva pour le rayon de l’atome d’or (Z=79)
avec des particules alpha (Z=2) une valeur de :

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