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Les contrats nommés - le régime Marocain S5

Introduction générale :

Dans notre vie quotidienne nous passons des contrats les plus divers (location d’appartement,
de véhicule, assurance, abonnement téléphonique, achats divers … Aussi et afin de donner plus de
sécurité aux parties et parfois aussi pour édicter certains principes impératifs, le législateur est venu
préciser la matière dont se concluent et s’exécutent les plus importants d’entre eux. Il s’agit d’après le
D.O.C de contrats déterminés ceux que la loi règlemente en raison de leur importance : la vente, le
bail, l’entreprise, le prêt, le mandat... etc.
Le D.O.C leur réserve les articles 478 à 1240. Il y a de ce fait, un corps des règles générales
applicables tous les contrats, qu’énoncent les articles 1 à 477 (formation, consentement, forme, cause,
objet, ordre public…) . C’est le droit commun des contrats qui forme avec le régime de la responsabilité
civile et des quasi-contrats l’objet de ce qu’on dénomme la théorie générale des obligations. L’objet
du présent cours est l’étude des régimes spécifiques adaptés aux principales opérations concrètes que
les contrats servent à organiser.
Intitulé également le droit spécial des contrats ou le droit des principaux contrats, ce cours se
propose d’étudier indépendamment des règles générales applicables à l’ensemble des contrats les
dispositions propres à chaque contrat : obligations du vendeur, droits du locataire, responsabilité du
dépositaire…etc.
Afin de cerner l’intérêt de cette discipline, il convient de rechercher ses sources, de la mettre
en regard de la théorie générale des obligations et puis d’approfondir la distinction des contrats
déterminés ou nommés et les contrats innomés avant d’évoquer les difficultés de qualification des
contrats et de proposer une classification de ceux –ci .

A- Sources du droit des contrats :

Parler de sources c’est se poser la question de savoir comment les règles juridiques relatives à
un domaine donné prennent naissance ?

a- Sources de droit interne :

1- En droit interne les règles applicables aux principaux contrats trouvent d’abord leur siège dans le
Dahir formant code des obligations et contrats (D.O.C) du 12 Août 1913. Le D.O.C reste la source
principale du droit spécial des contrats. Il organise les plus usuels, comme la vente, le bail, le prêt ou
le dépôt. Les dispositions du D.O.C sont pour la plupart, supplétives de la volonté des parties. Dans ses
articles 478 à 1240 il y a plus de 760 articles sur lesquelles les différentes constructions contractuelles
peuvent s’appuyer.
2- La loi 15-95 promulguée par le Dahir n° 1-96-83 du ler Août 1996 formant code de commerce,
comporte dans son livre IV intitulé les contrats commerciaux une réglementation relative au
nantissement, à l’agence commerciale, au courtage. Etc. (art 334 à 544).
3- La loi 6-79 promulguée par le dahir n° 1-80-315 du 25 décembre 1980 organisant les rapports entre
les bailleurs et les locataires des locaux d’habitation ou à usage professionnel (baux sans caractère
commercial, industriel ou artisanal) .
4- Le dahir du 24 mai 1955 relatif aux baux d’immeubles ou de locaux loués à usage commercial,
industriel ou artisanal).
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5- Le dahir du 7 octobre 1970 relatif à la protection des œuvres et artistiques qui réglemente un certain
nombre de figures contractuelles : contrats édition, de représentation et de production.
6- La loi 17-99 portant code des assurances.
7- Dans l’ordre interne toujours, il faut compter avec certains types de contrats qui sont régis par le
droit coutumier musulman, révélés par la pratique et consacrés ensuite par la jurisprudence, il s’agit
de la Mossaqat, de la Mogharassa, de la Khammassat ou encore du contrat de vente Safqa.
La pratique a par ailleurs importé et développé d’autres figures contractuelles qui portent un
nom mais qui ne font l’objet d’aucune réglementation légale, par exemple : le contrat de franchising ,
de factoring …etc.
Le rôle des praticiens est indéniable dans le développement des contrats spéciaux : les notaires
, les banquiers, les assureurs, les vendeurs de matériels électroniques préparent très souvent des
contrats qui reposent sur des conditions préétablies dont les parties n’ont plus qu’à remplir quelques
lignes laissées en blanc et signer .

b- Sources de droit international :

A la législation nationale vient s’ajouter la réglementation internationale constituée


essentiellement de textes ratifiés par le législateur marocain et qui viennent s’intégrer à notre droit
positif, il s’agit essentiellement de :
1- La convention de la Haye du 15 Juin 1955 relative aux ventes à caractère international d’objets
mobiliers corporels.
2- La convention de Vienne du 11 avril 1980 sur la vente internationale de marchandises, qui est
essentiellement supplétive.
3- A l’échelon international il faut aussi tenir compte des fameux incoterms régissant la plupart des
ventes internationales, qu’on doit à la chambre de commerce internationale et qui sont si répandus
qu’ils ont acquis la valeur d’usage.

B- Les liens du droit des contrats avec la théorie générale des obligations :

Le droit des contrats spéciaux n’a ni la généralité ni la portée de la théorie générale , cette
dernière discipline a une autorité bien supérieure au droit des contrats spéciaux qui s’attache plutôt,
aux particularités des conventions envisagées une à une . C’est pour cela qu’il se trouve que dans le
domaine des affaires l’importance du droit des contrats dépassent parfois même celle de la théorie
générale des obligations.
Mais il faut tout de même dire qu’à l’ origine le droit des obligations contractuelles est pour
l’essentiel, un droit des contrats spéciaux, en effet le droit romain tout comme le droit musulman
classique connaissaient et organisaient un certain nombre de figures contractuelles.
On a parfois l’impression que l’étude du droit des contrats n’est que la reprise sous une forme
plus élaborée de la théorie générale des obligations, les contrats spéciaux n’étant conçus que comme
des exemple de celle-ci , et que même si le D.O.C définit quelques contrats particuliers en leur donnant
un nom , c’est juste pour que les parties s’en inspirent en tant que modèles avant de la personnaliser
en fonction de leurs projets , Or si la théorie générale des obligations ne vit que grâce aux applications
concrètes tirées du droit des contrats spéciaux , il faut dire aussi que le droit des contrats spéciaux ne
peut pas non plus se passer des règles générales qui sont édictées par la théorie générale des
obligations et surtout de la théorie de l’autonomie de la volonté qui contribue largement à expliquer
certains aspects du phénomène contractuel. La frontière entre les deux matières est donc loin d’être
étanche.

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Parfois certaines dispositions viennent donner des précisions sur la manière dont les règles
générales des obligations s’appliquent :

Exemple 1 : l’article 500 du D.O.C qui explique la manière dont s’opère la délivrance de la chose
et qui diffère selon qu’ils s’agissent de la délivrance d’une chose mobilière ou immobilière.
D’autres dispositions apportent de véritables dérogations aux règles générales et confèrent au
contrat qu’elles gouvernement une sorte de particularisme et d’originalité.

Exemple 2 : l’article. 931 du D.O.C qui permet au mandant de révoquer, quand bon lui semble,
sa procuration. Il s’ensuit donc que l’objet du droit spécial des contrats et avant tout de compléter la
théorie générale afin d’adapter les dispositions légales au particularisme de chaque type d’accord.

C- Distinction contrats déterminés et contrats indéterminés :

La liberté reconnue aux contractants de définir le contenu du contrat a aboutit à ce qu’il peut
y avoir une infinité de contrats ayant pour réglementation celle qui a été prévue par les parties, en
plus des règles générales applicables à tous les contrats, en effet et suivant l’article 230 du D.O.C « les
obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».
Le D.O.C. utilise la dénomination de « contrats déterminés » pour identifier chaque corps de
règles et pour permettre la qualification des contrats en donnant un nom à chacun d’eux : vente ,
louage , échange , dépôt ….Une sorte de statut juridique . A l’inverse ceux que la loi ne détermine pas
ou ne nomme pas, ne bénéficient pas d’un statut juridique défini, ce sont les contrats innomés. Ce
sont ceux qui naissent des besoins de la pratique et qui finissent par être reconnus comme des
nouvelles figures contractuelles.
La liberté contractuelle permet à l’imagination des particuliers de façonner selon leurs besoins
propres les arrangements qui leurs conviennent. Ils ne sont pas tenus de les couler dans l’un ou l’autre
des moules juridiques préfabriqués que la loi met à leur disposition dans le cadre des « contrats
déterminés ».
Lorsqu’on évoque la liberté contractuelle dans le cadre de la théorie générale des obligations,
c’est avant tout pour dire que les personnes ont le droit, à condition de respecter l’ordre public de
déroger aux règles des contrats déterminés. En effet et pour une bonne part, ces règles on un caractère
supplétif. La liberté contractuelle consiste alors à se démarquer par des clauses contraires.

D- Difficultés de qualification des contrats :

Pour l’application des règles d’un contrat déterminé, il est nécessaire d’établir la qualification
juridique correspondante, les parties elles –mêmes déclarent souvent quel sorte de contrat elles
prétendent passer, mais la dénomination qu’elles retiennent n’est pas toujours exacte.
Pour trouver un régime juridique adéquat, on se demande parfois s’il l’on est en présence d’un
contrat déterminé ou si l’on se trouve seulement à proximité, et donc hors champ d’application de son
régime.
C’est bien entendu aux juges que revient la liberté de restituer aux relations contractuelles
leur véritable nature. Il leur appartient de donner aux conventions leur véritable caractère.
Ils y procèdent selon des méthodes intuitives ou par analogie, les rédacteurs du D.O.C ont eux
même prescrit par exemple d’appliquer les règles de la vente au contrat d’échange dans la mesure où
le permet la nature du contrat (art. 636 D.O.C) ou encore d’appliquer au louage de choses, les règles
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gouvernant la délivrance de la chose par le vendeur (art. 636 D.O.C). Les difficultés de la qualification
des contrats amènent à rechercher comment opérer leur classification en différentes catégories.

E- Classification des principaux contrats :

Une bonne classification permet de regrouper de façon rationnelle tous les contrats, il y a
certainement plusieurs manières de procéder. Le D.O.C a dans son deuxième livre établi une
succession de régimes juxtaposés : vente, échange, dépôt et séquestre, prêt, mandat, association,
contrats aléatoires, transaction, cautionnement et nantissement … …. .
La liste établie par les rédacteurs de 1913 n’a rien de rationnelle, elle est le fruit de l’histoire,
elle ne fait pas par exemple état de contrats de première importance, tel le contrat d’assurance dont
on ne pouvait pas imaginer à l’époque l’extraordinaire expansion. Ce contrat, bien que dénommé, lui
aussi fait l’objet d’une réglementation particulière.
Dans un objectif didactique on peut les regrouper en six catégories :
 Une première catégorie constituée des contrats ayant pour objet le transfert de la propriété peut
regrouper la vente et l’échange.
 Une deuxième catégorie des contrats ayant pour objet le transfert jouissance d’une chose peut
regrouper le louage de chose et le prêt à usage ou de consommation.
 Dans la troisième catégorie, on peut regrouper des contrats portant sur un ouvrage ou un service : le
louage d’ouvrage ou contrat d’entreprise, le dépôt.
 Dans une quatrième catégorie les contrats qui portent sur la remise des pouvoirs : le mandat et la
société.
 Une cinquième catégorie peut regrouper les contrats qui organisent la garantie du créancier : le
cautionnement et le nantissement.
 Une sixième catégorie regroupant les contrats portant sur la réglementation d’un litige : la transaction
et le compromis.
Il est également possible de procéder à une classification de ces principaux contrats en deux
catégories, selon que l’opération a pour objet un bien ou la réalisation d’un ouvrage ou d’un service.
La première catégorie intéresse les contrats ayant pour objet le transfert de la propriété ou de
la jouissance d’une chose. Dans ce cadre on se propose d’étudier deux contrats réglementés par le
DOC : la vente et le bail.
Les contrats relatifs aux biens
Titre 1 : La vente.
Titre 2 : L’échange.
Les contrats relatifs aux biens
Les contrats relatifs aux biens sont ceux qui visent soit le transfert d’un droit sur une chose,
soit à permettre l’utilisation de cette chose par le cocontractant.
Dans cette catégorie il convient de mettre le louage, la vente et l’échange qui constituent, pour
le moins que l’on puisse dire, des contrats pivots dont le régime juridique sert de modèle pour les
autres : les règles du prêt à usage sont inspirées du bail tout comme les règles de la vente s’appliquant
largement à l’échange.
Il n’est pas étonnant que les dispositions relatives aux contrats permettant d’acquérir une
chose occupent une position importante dans le D.O.C. La vente constitue, en effet, le premier contrat
auquel la loi donne une réglementation spéciale, aux articles 478 à 618, suivi immédiatement par
l’échange aux articles 619 à 625 et du louage aux articles 626 à 780.
Titre I : les contrats translatifs de propriété
Introduction :

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L’échange et la vente ont tous les deux comme objet le transfert de la propriété d’un bien ,
alors que le bail est un contrat générateur d’un droit- personnel, offrant au preneur l’usage exclusif et
continue d’une chose moyennant le versement d’un loyer .
Ces trois constructions figurent parmi les formes les plus usitées permettant aux hommes de
se procurer les biens dont ils ont besoin.
Vente et échange sont des contrats translatifs de droit, à titre onéreux. Dans la vente la
contrepartie du bien vendu est un prix en argent, dans l’échange, un autre bien.
La vente n’est sans doute pas le premier des contrats. Historiquement il y a eu l’échange qui
est apparu bien avant la vente, qui elle, doit son apparition à la monnaie. Mai c’est la vente qui pour
sa commodité de maniement a prévalu sur l’échange.
En principe, l’échange suit les règles de la vente sauf que la rescision pour lésion n’a pas lieu
en matière d’échange. La distinction entre les deux contrats est obscurcie en cas d’échange avec
soulte. La soulte se défini comme un complément en argent permettent d’équilibrer les prestations
lorsque les biens échangés sont de valeur inégale. Le montant de la soulte doit être déterminé, comme
le prix dans la vente, c’est même de l’importante relative de la soulte que dépend la qualification du
contrat : si la soulte a plus de valeur que son complément en nature l’opération est une vente.
En droit musulman, la vente est formée de l’émission de deux déclarations concordantes. Les
effets en seront le transfert dans l’immédiat de la propriété de la chose vendue, du patrimoine du
vendeur vers celui de l’acquéreur, dans la définition donnée à la vente, l’on prend soin de signaler que
le prix, passe en principe aussi du patrimoine de l’acheteur vers celui du vendeur, au moment de la
conclusion du contrat.
L’effet du contrat de vente, étant à proprement parler, le transfert de la propriété.
Accessoirement à cet effet des droits naissent de part et d’autre en fonction de cet effet et non du
contrat lui-même.
Dans le droit romain l’intérêt économique de la vente devait la faire accéder au rang des
contrats consensuels, dans la loi des XII tables, (Vé siècle av. J.C environ), la 1ère loi de la 6ème table
énonçait notamment que « lorsque quelqu’un engage sa chose ou l’aliène, que ce qu’il aura énoncé,
que ce dont il sera convenu fasse droit, s’il nie ensuite ce qu’il a dit qu’il soit condamné à payer le
double ». Ce caractère consensuel a été ensuite affirmé dans les célèbres instituts de l’empereur
justinien (les lois du Digeste) qui reprennent à leur compte sur ce point les textes anciens (la loi des
douze tables) : « Les obligations se forment par le seul consentement, dans les contrats de vente, de
louage, de société, de mandat. On dit dans ces cas que l’obligation se contracte par le consentement
seul, parce qu’il n’est pas besoin, pour qu’elle prenne naissance, ni d’écrit, ni de présence des témoins,
ni a remise d’une chose ». Mais la vente n’emportait pas transfert de la propriété, celui-ci demeurait
accessoire et resta subordonné à une manifestation matérielle : la remise de la chose entre les mains
de l’acheteur, la tradition. Avec cette remise matérielle, la propriété en est transférée et les tiers en
sont avertis. Le droit positif marocain s’est écarté de cette manière de voir, il admet le transfert de
propriété solo consensus : par le seul effet de l’accord des parties.
Aujourd’hui le droit de la vente tel qu’issu du D.O.C a conservé une grande unité. On trouve
certes des réglementations spécifiques ici et là : ventes de fonds de commerce, de navires … Mais elles
sont en fin de compte peu nombreuses. Les dispositions du D.O.C continuent de former l’essentiel du
droit qui lui est applicable, qu’elle porte sur un bien mobilier ou immobilier, qu’elle soit à caractère
civil ou commercial et lorsqu’elle est envisagée en tant qu’opération internationale.
La vente contrat translatif de propriété sera étudiée à travers les points suivants :
 Les éléments et caractère de la vente (chapitre I).
 La formation du contrat de vente (chapitre II).
 Les effets du contrat de vente (chapitre III).
 Les règlementations de quelques espèces particulières de vente (chapitre IV).
Chapitre premier : Eléments et caractères de la vente
La vente est le plus usité des contrats, on a pu dire cependant que si la vente est le plus usuel
des contrats, elle n’est peut être pas le plus vital.
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Au sens étroit, la vente est un contrat translatif de propriété à titre onéreux. Les conventions
translatives d’autres droits que les droits réels, (droits personnels ou intellectuels) sont appelés
cessions : cessions d’usufruit, de créance, de brevets d’invention, de droit d’auteurs etc. Toutefois en
matière de commerce, les termes vente « et » cession » sont tous les deux employés.
Section 1 : Les éléments constitutifs de la vente :
La vente consiste en un transfert de propriété moyennant une contrepartie monétaire : le
paiement d’un prix.
1- Le transfert de propriété :
La vente transfère à l’acquéreur la propriété et les risques de perte (res perit domino). Au
regard de la nature du contrat, la vente doit être distinguée des autres conventions : bail, prêt,
entreprise, et société).
A- Vente et bail :
Le bail ne transfère pas la propriété ni immédiatement ni à terme :
Dans le cas de la location vente il s’agit soit d’une location avec promesse de vente au profit
du locataire, soit d’une vente à tempérament avec transfert de propriété jusqu’à complet paiement
du prix.
Dans le crédit bail (leasing) : c’est une location de meubles ou d’immeubles consentie par une
entreprise (banque ou établissement financier) qui l’a acheté, construit ou fait construire pour le louer,
avec option d’achat au profit d’un locataire.
B- Ventre et prêt :
Le prêt à usage ou (commodat) ne transfère pas la propriété de la chose prêtée : il est toujours
gratuit.
Le prêt de consommation (nutum) transfère la propriété de la chose prêtée (chose
consomptible) et peut être à titre onéreux ; mais l’emprunteur doit restituer l’équivalent de ce qu’il a
emprunté.
La vente peut être financée par un prêt (bancaire ou autre), elle peut être conclue sous
condition d’obtention du prêt.
Dans la vente à crédit, le vendeur ne consent pas un prêt, il accorde à l’acheteur un délai pour
payer le prix (terme suspensif) après livraison, toutefois, dans les ventes à tempérament (paiement
échelonné du prix), lorsque des intérêts sont stipulés, les règles de l’usure s’appliquent, comme ne
matière de prêt d’argent (art 876 D.O.C).
C – Vente et contrat d’entreprise :
L’entrepreneur fournit une prestation de service. Lorsqu’il fournit, en outre, des matériaux,
ceux-ci deviennent la propriété du maître de l’ouvrage. La distinction entre contrat d’entreprise et le
contrat de vente de chose future est parfois difficile.
D- Vente et contrat de société :
1- La cession de parts sociales est une cession de créance et non une vente, le cédant ne
garantit que l’existence de la créance.
2- L’apport en société n’est pas une vente, mais l’apporteur est tenu envers la société des
mêmes obligations que le vendeur envers l’acheteur.
2- Le paiement d’un prix :
Le prix est une somme d’argent (différence entre la vente et l’échange). Il est l’essence de la
vente et remplis plusieurs fonctions. Tout d’abord il est l’un des critères de qualification du contrat.
Ensuite il est une condition essentielle de sa validité. Il constitue enfin l’objet de l’obligation principale
de l’acheteur, ainsi que la cause et contrepartie de la délivrance de la chose et du transfert de
propriété.
Section II : Les caractères de la vente :
Paragraphe I : Caractères principaux :
Suivant l’article 478 du D.O.C, « la vente est un contrat par lequel l’une parties transmet la
propriété d’une chose ou d’un droit à l’autre contractant, contre un prix que ce dernier s’oblige à lui
payer ».
Il résulte de cette définition que la vente présente cinq caractères :
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 1- C’est d’abord un contrat, donc un accord de volontés.


 2- elle est synallagmatique, puisqu’elle met des obligations à la charge des deux parties.
 3- elle est à titre onéreux, l’exigence d’un prix, la distingue de la donation.
 4- elle est en principe consensuelle, donc sans formalisme étant donné qu’elle se forme par la seule
rencontre des volontés des contractants.
 5- Elle est translative de propriété.
Pour ce 5ème caractère, il convient de signaler que le transfert de la propriété, en vertu de
l’article 488 du D.O.C s’opère en principe dés la formation du contrat par le seul accord des parties.
Paragraphe II : Caractères complémentaires :
A ces cinq caractères il faut en ajouter deux autres à savoir, le caractère commutatif et
l’absence de l’intuitu personae du contrat de vente.
1- Le caractère commutatif :
La chose étant vendue pour un prix, la vente apparaît ainsi comme un contrat commutatif où
chacune des prestations est envisagée comme un équivalent de l’autre.
2- L’absence de l’intuitu personae du contrat de vente :
La vente est un contrat qui ne présente pas en principe un caractère intuitu personae. La
motivation du vendeur de percevoir le prix convenu et celle de l’acheteur de disposer du prix : tout
cela apparaît donc sans lien avec la personnalité des intéressés, exception de la vente d’une œuvre
d’art.
Chapitre Deuxième : Formation du contrat de vente
Suivant l’article 2 du D.O.C, tout contrat doit réunir les quatre éléments nécessaires à sa
formation : consentement, la capacité des parties de s’obliger, la cause et l’objet du contrat, la vente
en tant que contrat doit réunir ces conditions.
Section 1 : l’existence du consentement :
La vente est parfaite, dit l’article 488, du D.O.C dès qu’il y a consentement des contractants
l’un pour vendre, l’autre pour acheter et qu’ils sont d’accord sur la chose, sur le prix et sur les autres
clauses du contrat.
Le consentement peut être exprimé en une forme quelconque : la vente étant un contrat
consensuel. En effet l’accord des volontés suffit en principe à conclure le contrat en dehors de toute
formalité.
Dans un système fondé sur l’autonomie de la volonté, la règle du consensualisme est tellement
évidente que les rédacteurs du D.O.C ont omis de l’énoncer et se sont bornés à envisager le
consentement sous l’angle des vices qui peuvent l’atteindre. Si le consentement est nécessaire (1), il
est en principe suffisant pour que le contrat de vente existe (2).
I - Le consentement est nécessaire pour conclure la vente :
Tout individu est en principe libre de contracter ou non, de vendre ou non, d’acheter ou non,
cependant liberté est restreinte dans de nombreux cas qui peuvent être regroupé en deux catégories :
 Des limitations légales à la liberté de vendre ou d’acheter.
 Des limitations conventionnelles à la liberté de vendre ou d’acheter.
A- Les limitions légales a la liberté de vendre ou d’acheter :
A coté des dispositions du D.O.C, à caractère supplétif, de nombreuses dispositions de loi
viennent limiter, de façon impérative, la liberté de consentement en matière de vente.
Les plus importantes subordonnent la validité du consentement à certaines autorisations
administratives, d’autres suppriment même le droit de vendre et d’acheter, enfin il y a une dernière
catégorie ou la vente est forcée (absence de consentement).
1- Ventes subordonnées a autorisations administratives :
Pour assurer son contrôle sur l’économie, l’état exige que de nombreuses ventes soient
soumises à l’agrément des autorités administratives :
Il en est ainsi de l’importation en vue de la vente de certains produits figurant sur une liste
négative régis par la loi. Pour l’importation des produits qui figurent sur cette liste les importateurs
doivent obtenir un certificat d’importation, qui constitue une sorte d’autorisation préalable à
l’importation délivré le département chargé du commerce extérieur et éventuellement celui du
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département chargé du produit. Tous les produits qui ne figurent pas sur cette liste sont libres à
l’importation.
D’autres ventes portant sur certains produits exigent des autorisations spéciales délivrées par
les autorités administratives : il s’agit de la vente d’armes, de carburants … de boissons alcooliques ou
alcoolisées ….
2- Ventes Interdites :
 La vente de stupéfiants.
 La vente de sang ou d’organes humains …
3- Les ventes forcées :
Les ventes forcées sont celles ou le consentement du vendeur est extorqué par la force de
l’Etat en vertu de l’exercice de sa puissance publique.
Il s’agit de ventes qui font suite à des saisies de bien mobiliers. C’est ainsi que pour le
recouvrement des créances de l’Etat, le trésorier possède un privilège général sur les meubles et les
autres effets mobiliers qui appartiennent au redevables.
S’agissant de vente suite à l’expropriation pour cause d’utilité publique, l’administration peut
en cas de refus du propriétaire d’un bien recourir à la procédure forcée pour acquérir soit la propriété
des biens immobiliers (expropriation), soit la réquisition pour les biens mobiliers.
D’autres ventes forcées peuvent intervenir suite au recouvrement d’une créance due à un tiers
par application de l’article 46 du code de procédure civile.
B- Les limitations conventionnelles à la liberté de vendre ou d’acheter :
La convention des parties peut limiter leur liberté dans le choix de leurs cocontractants. Ces
situations se rencontrent dans les cas de la concession exclusive et de sa variante le contrat de
franchise.
1- Les contrats de concession exclusive :
Il s’agit de contrats par lesquels les producteurs organisent la distribution de leurs produits.
Un fabricant peut certes, vendre directement ses produits au consommateur, mais il peut aussi
s’entremettre à des vendeurs salariés ou à des intermédiaires qui le représentent en tant que
mandataire.
Souvent, les producteurs préfèrent utiliser les services des distributeurs, personnes physiques
ou morales, juridiquement indépendantes et responsables des opérations de distribution des
produits.
Les contrats passés à cette fin concèdent souvent la distribution exclusive des produits en
cause sur une zone déterminée : le producteur concédant confère au distributeur (le concessionnaire)
l’exclusivité de la revente de ces produits à des conditions que précise le contrat. Dans la zone
considérée le concessionnaire se trouve ainsi préservé de la concurrence d’autres entreprises.
Par exemple, imaginons la concession exclusive de la vente des automobiles de marque GMC
consentie pour la ville de Rabat à une société X. Seule cette entreprise pourra vendre les automobiles
de cette marque à Rabat.
La liberté pour le fabricant G.M.C de vendre les véhicules de sa propre marque à d’autres
distributeurs que la société X se trouve ainsi limitées par la convention de concession d’exclusivité.
La zone de concession exclusive devient donc une zone de non – concurrence pour la
distribution des produits de la marque considérée.
2-Une variante de la concession exclusive : la franchise :
Le contrat organise de distribution des produits ou services du franchiseur par le franchis sur
le même schéma que le contrat de concession exclusive.
Le contrat est venu des USA sous une application anglicisée d’un mot d’origine française :
franchising, traduit par franchisage et dans la pratique par franchise, qui vient du vieux mot franche
(qui signifie accorder des privilèges fiscaux notamment dans une zone franche). En France, tout comme
au Maroc, il n’y a pas de réglementation pour ce contrat. La fédération française de franchise créer en
1971 à établi en 1988 une déontologie qui sert de référence aux entreprises. La franchise est y définie
comme une méthode de collaboration entre une entreprise franchisante d’une part appelée parfois
franchiseur et une ou plusieurs entre franchisées d’autre part.
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Elle implique pour l’entreprise franchisante.


 La propriété d’une raison sociale, d’un nom commercial, de sigles et symboles, d’une marque de
fabrique commerce ou de service ainsi que du savoir –faire mis à la disposition des entreprises
franchisées.
 Une collection de produits ou de services offerte d’une manière originale et spécifique exploitée
obligatoirement et totalement selon les techniques uniformes préalablement expérimentés mises au
point.
Au vu du contenu de multiples contrats de franchisage il est possible de déterminer les
obligations pesant sur chacune des parties.
a- Les obligations du franchiseur :
e son savoir-faire.
e formation et une assistance permanente.
et réaliser la publicité nationale.
ment livrer les produits (création d’une centrale d’achat).
 Assister au moment de l’ouverture du magasin pour tout ce qui concerne l’aménagement du local,
décoration. Etc.
b- Les obligations du franchisé :
 Respecter les obligations précisées dans le contrat.
 S’engager à investir en capitaux et en activité.
 Respecter les règles qui découlent de l’application du savoir –faire du franchiseur.
 S’acquitter du paiement d’une redevance initiale forfaitaire (droit d’entrée).
S’acquitter d’une redevance annuelle qui correspond à un certain pourcentage de chiffre
d’affaires hors taxes.
II – Le consentement est suffisant : le caractère consensuel du contrat de vente :
La vente est un contrat consensuel, en principe l’accord des volontés suffit à le conclure.
Néanmoins la loi subordonne l’efficacité de certaines ventes à l’accomplissement de formalités
précises. Si le consensualisme est le principe (A) , exceptionnellement , la rédaction d’un écrit et sa
signature par les parties sont rendues quasi obligatoires pour des motifs de preuve dans les ventes
solennelles (B).
A- Le principe du consensualisme ou la liberté des formes du contrat de vente :
Le consensualisme s’oppose au formalisme antique des rites sacrés, jadis considérés comme
indispensable pour lier la volonté des hommes. C’est ainsi que l’effet juridique de la volonté s’est
progressivement intellectualisé au dessus des signes qui la manifestaient.
Mais cette intellectualisation ne peut être complète car une émission de volonté ne saurait
être efficace si elle est restée intérieure. Pour prendre effet elle doit se manifester même dans les
contrats consensuels par des signes qui soient perceptibles chez l’autre contractant et pour les tiers :
c'est-à-dire un langage. Tout mode d’expression non équivoque de la volonté des parties est en
principe efficace, le plus souvent les parties expriment leurs accords en dehors de tout formalisme.
L’habitude de concrétiser le contrat est si courante que la langue commune entend, par vente
tantôt l’accord abstrait de volonté, tantôt l’écrit qui d’ordinaire manifeste concrètement cet accord.
Le même mot contrat désigne aussi, soit l’acte juridique, soit sa preuve écrite.
1- Contenu du principe :
Le consensualisme est un corollaire au principe de l’autonomie de la volonté que les juristes
du XIX siècle ont promu à la hauteur d’un mythe. Appliqué au contrat de vente le principe du
consensualisme sous entend que la simple rencontre des volontés est suffisante pour que la vente
produise tous ses effets, peu importe que la chose soit remise et peu importe que le prix soit versé (art
488 du D.O.C En pratique le fait de ne pas exiger ces données concourt à la rapidité des transactions
surtout en matière commerciale.
Il y a manifestation expresse de la volonté lorsque son auteur a utilisé un langage, c'est-à-dire
un procédé essentiellement destiné à communiquer avec autrui : l’engagement même verbal d’une
partie accède à la même efficacité juridique de principe que l’engagement écrit.

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Les contrats nommés - le régime Marocain S5

En effet il ne faut pas croire, contrairement à une opinion répandue dans le public et qui est
souvent proclamée par le commun ignorant le droit, que la signature est une nécessité pour la
naissance des conventions.
Il ne faut pas oublier que le contrat est quelque chose d’immatériel même si l’accord a été
concrétisé par des paroles et des gestes.
Toutes la question réside dans la difficulté de le prouver, c'est-à-dire de faire reconnaître en
justice la vérité, d’une allégation par laquelle on affirme un fait d’où découlent des conséquences
juridiques.
2- L’hygiène de la preuve pré constituée :
Les preuves étant les éléments de conviction que les parties sont autorisées à soumettre à la
justice.
En matière civile le juge n’a pas l’initiative des preuves, c’est aux parties de prouver les faits et
actes quelles allèguent à l’appui de leurs prétentions. La loi n’admet pas toujours indifféremment tous
les modes de preuves, les seuls moyens de preuves reconnus par la loi sont :
1- l’avenu de la partie.
2- La preuve littérale ou écrite.
3- La preuve testimoniale.
4- La présomption.
5- Le serment et le refus de le prêter.
En matière commerciale, l’article 334 du code de commerce dispose que la preuve est libre.
Toutefois elle doit être rapportée par écrit quand la loi ou la convention l’exige.
Les aléas qui subsistent donc quant à l’admission et à l’efficacité de certains modes de preuve
conduisent tout naturellement à privilégier l’écrit d’autant plus que la psychologie des parties charge
l’écrit d’une prééminence totale qui exclurait tout engagement qui ne serait pas exprimé dans l’acte.
Si la plupart des contrats, s’exécutent sans qu’aucun litige ne survienne, cela ne tient sans nul
doute à ce que la présence d’un écrit décourage les contestations éventuelles et c’est à juste titre
qu’on a pu parler d’une hygiène de la preuve préconstituée. L’hygiène étant la prévention par le
formalisme.
Si le principe du consensualisme constitue la règle en matière de vente, il est de plus en plus
rare que des contrats de quelques importances soient astreints à des formalités : ce sont les ventes
solennelles dont la validité est subordonnée à une forme exigée par la loi il s’agit là d’un recul du
consensualisme.
B- Les exceptions au principe du consensualisme : les ventes solennelles :
En exigeant des formes qu’elle détermine, la loi poursuit des objectifs bien précis. Lorsque la
loi prescrit une forme déterminée, la preuve de l’obligation ou de l’acte ne peut être faite d’aucune
autre manière sauf dans les cas spécialement exceptés par la loi.
Le plus souvent les formes dont s’entoure un contrat de vente, représentent simplement une
précaution prise pour sa preuve. Indépendamment de celle-ci le contrat lie, en soit, les parties.
Seulement si l’une d’elle le conteste dans son existence ou dans son contenu, l’autre pour obtenir
justice aura besoin de preuve que la loi détermine. Celle-ci suppléera aux défaillances de la mémoire
pour le compte de la partie de mauvaise foi.
Trois cas de figure permettent d’illustrer les ventes solennelles, il s’agit de :
1. Ventes subordonnées à la rédaction d’un écrit ;
2. Ventes subordonnées en plus de l’écrit au contrôle d’un officier public relevant de l’autorité de la
justice ;
3. Ventes subordonnées à l’accomplissement de formalités de publicité.
1- ventes ou l’écrit est une condition de validité du contrat
L’exemple type de ces contrats est celui de la cession de fonds de commerce, l’article 81 du code
de commerce stipule que « toute vente ou cession de fonds de commerce….. Est constatée par acte en
la forme authentique ou sous seing privé ».
L’écrit constitue une protection pour l’acquéreur du fonds de commerce. L’écrit est le support
servant à l’insertion formelle de diverses informations dans l’acte de vente. Ces informations qui
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s’ajoutent aux clauses habituelles relatives à la désignation du fonds vendu, à son prix, sont destinées
à renseigner très précisément l’acquéreur sur la consistance et la valeur du fonds qu’il se propose
d’acheter. Elles visent donc à éclairer le consentement donné par l’acquéreur.
2- ventes nécessitant pour leur validité en plus de l’écrit d’autres formalités
Dans les ventes aux enchères publiques, en plus de l’écrit, le contrôle direct de la justice est
exigé. Cette formalité vise à protéger le vendeur et ses créanciers.
3- ventes subordonnées à l’accomplissement de formalités de publicité
En vue de les rendre opposables aux tiers, la loi soumet certaines ventes à la réalisation d’un
acte écrit qui doit être soumis aux formalités d’enregistrement. L’article 489 du DOC stipule
que « lorsque la vente à pour objet des immeubles, des droits immobiliers ou autres choses susceptibles
d’hypothèque, doit être faite par écriture ayant date certaine et elle n’a d’effet aux regards des tiers
que si elle est enregistrée en la forme déterminée par la loi ».
III – Les qualités relatives au consentement :
La liberté du consentement des parties peut être atteinte par différents vices. La loi détermine
quels sont ceux qui annulent le contrat de vente, il s’agit évidemment de l’erreur, du dol, de la violence
et de la maladie et autres cas analogues.
1- L’erreur : peut selon le cas empêcher le contrat d’exister, le rendre simplement annulable ou le laisser
subsister. Seul les erreurs les plus graves entrainent la rescision (art 40 à 45 DOC).
2- Le dol : il consiste en des manœuvres déloyales par lesquelles une partie obtient le consentement de
l’autre. Des conditions sont requises par la loi pour ouvrir le droit à rescision : il faut qu’il existe des
manœuvres frauduleuses destinées à provoquer l’erreur et il faut que le dol soit déterminant (art 52
et 53 DOC).
3- La violence : pour qu’il y ait rescision pour violence il faut qu’il existe une véritable menace ; qu’elle
soit illégitime et déterminante (art 41 à 51 DOC).
4- La maladie et les cas analogues : la rescision du contrat fondée sur la maladie et autres cas analogues
est abandonnée à l’appréciation du juge (art 54 DOC).
5- La lésion : elle n’est pas à proprement parler un vice du consentement, c’est un déséquilibre du
contrat. Est réputée lésion, toute différence au-delà du tiers entre le prix porté au contrat et la valeur
effective de la chose.
IV- HYPOTHESES PARTICULIERES DU CONSENTEMENT
1- La vente avec déclaration de command
2- La vente avec promesse de porte fort
3- Les promesses de vente
1) La vente avec réserve d’élection d’ami ou déclaration de command
Dans ces contrats de vente, l’acheteur se réserve la faculté de se substituer à une autre personne,
généralement non désignée, laquelle prendra le marché pour son compte. L’indication que l’acquéreur
fait de la personne qui devra prendre sa place constitue la déclaration de command ou d’ami. Cette
déclaration une fois faite dans le temps déterminé par la loi, s’incorpore à l’acte de vente et ne forme
avec lui qu’un seul et même tout.
2) La promesse de porte fort
C’est l’engagement pris par une personne qu’un tiers accomplira la prestation. C’est le cas par exemple
d’une personne qui se porte fort au prés d’un propriétaire d’immeuble que son fils, une fois majeur
achètera un appartement.
La notion de porte fort est prise dans des situations ou une personne ne peut pas contracter à cause
d’une incapacité temporaire. C’est une autre personne qui s’engage au prés d’un tiers, qu’une fois
l’incapacité levée, l’incapable va ratifier l’acte de vente.
3) Les promesses de ventes
Le terme promesse de vente est concept ambigu qui renferme deux acceptions possibles :
 L’engagement pris simultanément par le vendeur et l’acquéreur qui est un contrat de vente
(promesse synallagmatique) ;
 La promesse unilatérale de vendre ou d’acheter.

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Les promesses de vente sont des opérations usuelles, ce sont des avants contrats par lesquels le
créancier obtient le droit d’acquérir la chose quand il le jugera bon.
Section 2 : la capacité
1- Définition : la capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droit (capacité de jouissance)
et à les exercer (capacité d’exercice).
En matière de contrat de vente comme dans tous les autres contrats, la validité est subordonnée à des
conditions de capacité ; en effet le vendeur doit être capable d’aliéner la chose et l’acheteur d’acquérir
et faire le paiement. Du côté du vendeur, la vente est le prototype de l’acte de disposition, ce qui
justifie en principe des règles de capacité rigoureuses ;
2- Les incapacités spéciales à la vente :
Si certaines personnes sont frappés d’une interdiction d’acheter, c’est parce que la loi estime que ces
personnes pourraient être tentées d’user de leurs fonctions en vue d’acquérir la chose à un prix trop
bas. Ces personnes sont énumérées aux articles 479, 480 et 481 du DOC, il s’agit :
 Du malade pendant sa dernière maladie, qui n’est valable que si elle ratifiée par ses héritiers lorsqu’elle
est faite à un successible ;
 Des administrateurs des municipalités et des établissements publics ;
 Les tuteurs, les conseils judicaires ou curateurs ;
 Les pères qui gèrent les biens de leurs enfants ;
 Les syndics de faillite ;
 Les courtiers et experts pour les biens dont ils ont fait l’estimation.
Section 3 : l’objet de la vente
La vente est un contrat synallagmatique, elle engendre des obligations réciproques. Elle à donc deux
objets : la chose et le prix.
I- La chose
La chose vendue doit :
1) Exister ou pouvoir exister un jour ;
2) Etre dans le commerce ;
3) Etre déterminée ou déterminable ;
A-Nécessité de l’existence de la chose, au moins éventuelle
Le DOC se contente de rappeler la nécessité d’un accord sur la chose pour que se forme la vente. Le
contrat de vente se prête surtout aux choses corporelles du fait que la DOC en matière de biens ne
connait que les meubles ou les immeubles avec une distinction fondamentale entre les biens corporels
et les biens incorporels.
La vente des choses futures est possible, cette vente est très fréquente en pratique et peut affecter le
caractère du contrat selon la volonté des parties ; elle peut avoir un caractère commutatif (un
industriel qui vend un objet qu’il s’engage à fabriquer) comme elle peut être aléatoire (c’est le cas des
ventes dites à coups de filet).
B-Nécessité pour la chose d’être dans le commerce
La mise hors du commerce de la chose peut résulter soit de la volonté de l’homme c’est le cas de
l’inaliénabilité (le habous) qui consiste en un acte juridique par lequel une personne en vue d’être
agréable à dieu, se dépouille d’un ou plusieurs biens et les mets hors du commerce en les affectant à
perpétuité à une œuvre charitable ou sociale, soit de manière absolue (habous publics) soit en réserve
la jouissance à une ou plusieurs personnes déterminées (habous de famille), soit de textes formels par
la mise hors du commerce par des dispositions légales ou pour des considérations religieuses :
L’article 484 du D.O.C dispose : est nulle entre musulmans la vente de choses déclarées
impures par la loi religieuse sauf les objets dont elle a autorité le commerce, tels que les engrais
animaux pour les besoins de l’agriculteur.
C- La chose vendue doit être déterminée :
La chose ou la prestation doit être déterminée faute de quoi il n’y a pas de contrat. C’est
l’évidence même pour une chose des degrés de détermination sont concevables.

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Etant par définition déterminés Les corps certains (choses non fongibles) ne posent pas de
difficulté :Exp je vous vends ma voiture.
S’agissant des choses fongibles c'est-à-dire déterminées seulement dans leurs genre, le contrat
les détermine quant à leur espèce, leur quantité, leur nombre, leur poids, leur qualité …etc.
L’article 486 : « la vente, peut avoir pour objet une chose déterminée seulement quant à son
espèce, mais dans ce cas, la vente n’est valable que si la désignation de l’espèce s’applique, à des choses
fongibles suffisamment déterminées quand au nombre, à la qualité, au poids ou à la qualité, pour
éclairer le consentement donné par les parties ».
Les choses fongibles étant celles qu’il est dans l’usage de compter, de mesurer ou de peser
comme, le blé, le bois, les marchandises en général. On remarquera que toutes les choses
consomptibles sont des choses fongibles mais que toutes les choses fongibles ne sont pas
consomptibles.
En matière de vente à livrer avec avance de prix (vente Salem) , l’art 616 du D.O.C dispose que
les denrées ou autres choses qui font l’objet du contrat doivent être déterminées, à peine de nullité,
poids ou mesure, selon leur nature.
Lorsque les choses vendues sont de celles qui ne se comptent où ne se pèsent, il suffit que la
qualité soit exactement déterminée.
D- La vente de la chose d’autrui :
1- Le principe :
En droit français, la vente de la chose d’autrui est nulle (art 1599 du code civil) , elle peut
donner lieu a des dommages intérêts lorsque l’acheteur a ignoré que la chose fût à autrui
L’article 485 du D.O.C dispose quant à lui que : la vente de la chose d’autrui est valable.
1- Si le maître ratifie.
2- Si le vendeur acquiert ensuite la propriété de la chose.
Cette vente se rencontre dans deux cas pratiques :
 Vente de la chose d’autrui effectuée en connaissance de cause entre le vendeur et l’acquéreur.
L’acquéreur peut toujours demander la nullité de la vente, l’erreur commise par lui étant la condition
de la nullité, en effet le consentement de l’acquéreur étant entaché d’erreur, la vente se trouve
également entachée.
2- Les effets de la nullité de la vente de la chose d’autrui :
a- dans le cadre des rapports entre le vendeur et l’acquéreur :
L’acquéreur peut demander la nullité relative en invoquant l’erreur commise par lui.
L’acquéreur peut demander la résolution de la vente si le propriétaire refuse de ratifier. En
outre le vendeur est tenu des dommages intérêts lorsque l’acquéreur ignorait au moment de la vente
que la chose était à autrui.
b- Les rapports entre l’acquéreur et le propriétaire :
le propriétaire ne peut pas agir en nullité de la vente car la vente ne lui est pas opposable . Il
peut simplement intenter une action en revendication par laquelle il demande que soit proclamée sa
propriété sur le bien.
II – Le prix :
Le prix est l’essence de la vente il doit être :
1- Stipulé en monnaie, sinon il ne s’agit pas d’une vente mais d’un échange.
2- Déterminé ou déterminable au moment du paiement.
Exemple : la consommation de l’électricité au compteur, le prix est déterminée au jour du paiement
art 487 du DOC
3- Réel et sérieux: la vente à un prix dérisoire et une donation déguisée. Le prix réel s’oppose au prix
fictif qui est simulé.
4- Juste : il est difficile de déterminer la valeur objective d’un bien : la lésion est le préjudice qui résulte
du défaut d’équivalence entre plusieurs prestations contractuelles au moment du contrat.
5- Licite : en matière commerciale il existe une réglementation des prix.
Nous nous intéresserons tout particulièrement aux problèmes de la lésion et de minorions des
prix .
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A- La lésion :
En principe la lésion ne vicie pas les conventions appliquées à la vente, le contrat ne peut faire
l’objet d’une rescision ou révision si le prix est disproportionné en plus ou en moins , par rapports à la
valeur du bien vendu, le texte relatif à la lésion au Maroc est l’article 55 du D.O.C qui dispose :
« La lésion ne donne pas lieu à la rescision à moins qu’elle ne soit causée par le dol de l’autre
partie, ou de celui qui la représente ou qui a traite pour elle ».
B- Minoration de prix et conventions simulées :
Il arrive que les contrats indiquent un prix minoré pour éluder l’impôt ou pour bénéficier d’un
tarif moins élevé. Les parties conviennent entre elle du véritable prix ou du prix réel par un acte
ostensible.
Les parties réalisent une simulation lorsque dans une contre lettre elles conviennent d’une
minoration du prix stipulé dan l’acte apparent. Cette minoration correspond à ce qu’en pratique ou a
coutume d’appeler un dessous de table.
Dans ces conditions, les sanctions de dissimulation sont établies par la loi fiscale et par la
jurisprudence.
Si l’acte secret n’est pas opposables aux tiers de bonne, foi , ceux –ci sont fondés à établir la
simulation et on le droit de choisir entre l’acte ostensible et la convention occulte (article 22 du D.O.C).
C- Détermination du prix :
Suivant l’article 784 du D.O.C : le prix de la vente doit être déterminé. On ne peut rapporter la
détermination à un tiers ni acheter au prix payé par un tiers, à moins que le prix ne fût connu des
contractants.
On peut cependant s’en référer au prix fixé dans une mercuriale, au tarif déterminé, ou à la
moyenne des prix du marché, lorsqu’il s’agit de marchandises, dont le prix ne subit pas de variation.
Lorsque ce prix est variables, les contractants sont préservés s’en être référés à la moyenne des prix
pratiqués.

Chapitre troisième : Les effets du contrat de vente


La vente produit trois effets :
Section I : elle opère, la transmission de la chose et la transmission des risques.
Section II : elle fait naître certaines obligations pour le vendeur.
Section III : elle impose certaines à l’acheteur.
Section I : Le transfert de la propriété :
Le transfert de la propriété, but du contrat de vente se réalise instantanément et
automatiquement dés l’échange des consentements : c’est le principe qui découle de l’article 491 du
D.O.C Mais ce principe admet 2 catégories d’exceptions :
 Des exceptions légales.
 Des exceptions conventionnelles.
I- Le principe du transfert immédiat :
A- Contenu du principe :
Quand deux contractants conviennent de transférer un bien déterminé de l’un vers l’autre, à
l’occasion de la vente en droit marocain le principe est que ce transfert est immédiat. L’engagement
de transférer le bien d’un patrimoine à l’autre est réputé automatiquement exécuté , sans formalités
ni délais.
C’est ce qui découle de l’article 491 du D.O.C l’acheteur acquiert de plein droit la propriété de
la chose vendue dès que le contrat est parfait pas le consentement des parties.
En d’autres termes dès l’accord, le bien a changé de propriétaire. Il ne subsiste à l’égard de qui
la transféré que des obligations de délivrance et de garantie.
La transmission de la propriété est indépendante de la livraison de la chose .
Ce principe à une conséquence importante en raison de la règle suivant laquelle : les risques
de pertes d’une chose incombent à son propriétaire. La chose vendue (article 493 in fine) est aux
risques de l’acheteur même avant la délivrance, sauf les conventions des parties. L’acheteur qui

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devient propriétaire, supporte par voie de conséquence les risques dès la conclusion de la vente et
cela même s’il n’a pas reçu livraison de la chose.
Le principe de l’effet translatif immédiat du contrat de vente vaut pour tous les biens, corporels
et incorporels il s’applique également aux démembrements d’un bien existant ainsi qu’au transfert des
universalités telles qu’un fonds de commerce, il vaut pour les créances contractuellement transmises,
les parts sociales et actions de société, les droits de propriété intellectuelle … .
Ce principe apparaît comme la conséquence historique d’une intellectualisation de la
technique juridique. Chez les romains le transfert d’un bien exigeait la tradition, c'est-à-dire une remise
de la possession de ce bien et parfois des formalités plus poussées.
II-Conséquence du principe :
Aujourd’hui même si la livraison du bien que transmet le contrat n’est pas immédiate, même
si le prix n’est pas tout de suite payable, la propriété en est transmise, aussitôt l’accord des parties
réalisé, il y a là une économie du temps des formes.
Un acheteur, par exemple, à donc en principe immédiatement tout l’avantage du transfert de
propriété dès que le contrat est conclu. En revanche devenu sa propriété, le bien passe à ces risques.
S’il périt fortuitement, l’acheteur ne pourra demander diminution ou dispense du prix.
Le principe de transfert de la propriété par le seul échange des consentements comporte des
dangers et l’on comprend que plusieurs législations, étrangère dont le droit allemand, aient préféré
retarder le transfert de la propriété jusqu’à la livraison de la chose et maintenir jusque-là les risques à
la charge du vendeur.
Le droit marocain tout comme le droit français n’ignorent, bien entendu pas les intérêts en jeu
et notamment ceux de l’acheteur et c’est pour cela qu’il existe dans les deux à la fois des limites
naturelles que des possibilités conventionnelles tendant à atténuer les effets du principe du transfert
immédiat de la propriété.
Les atténuations de l’application du principe du transfert immédiat de la propriété :
A- Les limites naturelles :
Ce Principe du transfert immédiat de la propriété voit sa portée atténuée chaque fois que la
vente porte sur des choses qui ne peuvent être individualisées que par le biais d’une opération
ultérieure : c’est le cas de la vente portant sur des choses de genre qui ne sont individualisées, qu’après
avoir été affectées à l’acheteur par un moyen quelconque (pesage, marquage…) c’est également le cas
de la vente de choses futures.
a- Vente de choses de genre :
Le transfert de la propriété et des risques ne se produira qu’après cette opération
d’individualisation. A cet effet l’article 494 du D.O.C dispose :
« Lorsque la vente est faite à la mesure, à la jauge ; au compte, à l’essai, sur dégustation ou sur
simple description tant que les choses n’ont pas été comptées, mesurées, jaugées essayées, dégustées,
ou examinées et agrées par l’acheteur ou son représentant, elles sont aux risques du vendeur alors
même qu’elles se trouveraient déjà au pouvoir de l’acheteur ».
b- Vente de choses futures :
S’agissant de la vente de choses futures , la propriété ne peut s’exercer sur un objet inexistant,
dès le consentement, toutefois aussitôt que cet objet est né , l’acquéreur peut s’en prétendre
propriétaire.
B- Les exceptions contractuelles de la règle de l’effet translatif immédiat de la propriété en matière de
contrat de vente :

La règle de l’effet translatif immédiat du contrat n’est pas d’ordre public, elle est simplement
présumée conforme à la volonté des parties, donc leur accords contractuel peut repousser à une date
ultérieure le transfert propriété. Cela peut se faire essentiellement de deux manières : jusqu’au
paiement du prix ou bien jusqu’à livraison.

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Le retard conventionnel du transfert de la propriété peut par exemple être repoussé jusqu’à
paiement du prix. On y trouvera l’avantage fiscal de reporter à cette date l’échéance des droits fiscaux
(droits d’enregistrement) en cas de vente immobilière.

En outre le vendeur y puise la sécurité juridique : tant que le prix n’est pas encore payé, il reste
propriétaire et peut revendiquer le bien sans avoir à provoquer la résolution judiciaire de la vente. En
revanche, il garde à sa charge les risques de la chose vendue et, si elle périt accidentellement, il ne
pourra pas en demander le prix.

D’un autre point de vue, il est toujours permis de retarder conventionnellement jusqu’à la
livraison le transfert de la propriété et le transfert des risques, soit seulement la charge des risques.
Comme les risques sont généralement assurés, il s’agit finalement de savoir qui devra
contracter et payer l’assurance. L’intérêt de retarder le transfert de la propriété ou les transferts des
risques varie selon la position de l’acheteur ou celle du vendeur.

L’acheteur a intérêt à retarder les transferts des risques jusqu’à la livraison surtout dans les
ventes de choses transportées, sa position est d’ailleurs confortée par l’article 496 du D.O.C qui précise
que la chose vendue voyage aux risques du vendeur jusqu’à réception par l’acheteur.

Dés lors même si la propriété est transférée lorsqu’il s’agit d’un corps certain, la chose vendue
reste aux risques du vendeur pendant le voyage jusqu’à sa réception par l’acquéreur.

Cette règle de l’article 496 ne s’applique pas lorsque les lettres et les factures du vendeur
précisent bien que la marchandise voyage aux risques du destinataire. Cette mention doit être
considéré comme acceptée par l’acheteur qui a reçu ces papiers sans protestation ni réserve (Trib paix
Marrakech 1930-G.T.M 1933 N° 526 p 25).

Le vendeur lui sera plutôt intéressé par les clauses retardant le transfert de la propriété, s’il
craint de ne pas être payé.

Ces clauses sont en principe valables puisqu’il est valable de modifier conventionnellement le
moment du transfert de la propriété et le transfert des risques.

Les ventes dites au départ :

C’est l’acheteur qui a la charge et les risques de transport. Ainsi avec les clauses gare départ
ou départ usine ; l’acheteur supporte non seulement le transport mais aussi le chargement de la
marchandise sur wagon , camion, ou autre . le vendeur est tenu de livrer la chose prête à être chargée.
En revanche avec les clauses franco sur wagon, le vendeur doit assurer le chargement de la
marchandise sur le wagon.

1- Les ventes a l’arrivée :

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C’est le vendeur qui a la charge des risques de transport, mais là aussi les variations sont
possibles selon qu’il assure pas le déchargement (franco gare de destination) ou qu’il livre à domicile
ou dans les magasins de l’acheteur (franco domicile).
NB : Les clauses retenant expressément le transfert de propriété elles sont généralement
destinées à protéger les intérêts du vendeur en lui laissant la propriété jusqu’à complet paiement du
prix.
Section II : Les obligations du vendeur :
Conformément à l’article 498 du D.O.C le vendeur a deux obligations principales : la 1ère est
celle de délivrer la chose vendue, la 2ème celle de la garantie.
1- L’obligation de délivrance :
L’obligation de délivrance est l’obligation pour le vendeur de livrer la chose vendue. Elle a lieu
, lorsque le vendeur ou son représentant se dessaisit de la chose et met l’acquéreur en mesure d’en
prendre possession sans empêchement (art 499 du D.O.C).
L’obligation de délivrance et le transfert de propriété découlent l’une et l’autre du contrat de
vente, ce sont deux effets parallèles de ce contrat mais ils ne sont en aucun cas dans la dépendance
l’un de l’autre.
D’une part ce n’est pas le transfert de propriété qui découle de l’obligation de délivrance :
celle-ci peut exister et se trouver exigible avant que se réalise le transfert de propriété , il est ainsi des
ventes à tempérament avec clause réserve de propriété. La propriété n’est transmise que plus tard
postérieurement à la livraison.
D’autre par ce n’est pas non plus la délivrance qui opère le transfert de la propriété. C’est ainsi
que dans les ventes de chose de genre, l’individualisation de la chose vendue résulte de la délivrance,
et cette individualisation opère le transfert de la propriété , le transfert de propriété et l’exécution de
l’obligation de délivrance sont alors concomitant. Le transfert de propriété et l’exécution de
l’obligation de délivrance sont alors concomitant ; Mais il y’a là qu’une pure coïncidence dans le temps.
En revanche dans la vente de corps certains, le transfert de propriété se produit dès l’échange
des consentements, il précède habituellement la délivrance.
II- L’obligation de garantie :
Garantir, c’est promettre au créancier la possession paisible et utile de la chose qui lui est
transférée.
L’idée que le débiteur d’une chose reste tenu de la garantir, une fois la livraison effectuée, a
pris historiquement naissance à propos de la vente, mais cette idée s’applique à tous les contrats à tire
onéreux (échange, louage d’immeuble, partage …etc).
Les contrats à titre gratuits n’emportent pas , au contraire garantie et la différence s’explique
sans peine.
La garantie due par le vendeur est double , le vendeur doit d’abord garantir la procession
paisible de la chose vendue (c’est la garantie contre l’éviction). Il doit en outre la garantir contre les
défauts ou vices rédhibitoires de cette chose (ceux qui constituent un défaut).
C’est ce qui découle de l’article 532 du D.O.C :
La garantie que le vendeur doit à l’acquéreur a deux objets :
Un : Le premier est la jouissance et la possession paisible de la chose vendue. (Garantie pour
cause d’éviction).
Deux : le second, les défauts de cette chose (garantie pour les vices rédhibitoires).
La garantie et due de plein droit, quant même elle n’aurait pas été stipulée. La bonne foi du
vendeur ne l’exonère pas de cette obligation.
1- garantie pour cause d’éviction :
La garantie due par la vendeur comporte celle de s’abstenir de tout acte de réclamation qui
tendra à inquiéter l’acheteur ou à le priver des avantages sur lesquels il avait le droit de compter au
titre de la chose vendue.

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La garantie d’éviction oblige le vendeur à assurer à l’acquéreur une possession paisible de la


chose vendue. En d’autres termes , le contenu de cette obligation est :
 De ne pas troubler personnellement l’acquéreur .
 Intervenir en cas de trouble par un tiers (appel en garantie).
A- Contenu de la garantie d’éviction :
c- garantie du fait personnel du vendeur
La garantie d’éviction implique que le vendeur ne doit lui-même causer aucun trouble à
l’acheteur, qu’il s’agisse de trouble sur la prétention d’aucun droit (art 533 du D.O.C) ou qu’il s’agisse
d’un trouble de droit (art 534 du D.O.C)
1- Le trouble de fait :
Le trouble de fait est celui qui ne résulte pas d’une prétention juridique : ce sera par exemple
, le fait d’empiété matériellement sur le bien vendu ou le fait pour le vendeur d’un fonds de commerce
de faire concurrence déloyale à l’acquéreur du fonds .
2- Le trouble de droit :
Le trouble de droit est celui qui dérive d’une prétention juridique élevée sur la chose , c’est le
cas que l’on peut imaginer lorsque le vendeur ou son héritier se prétend usufruitier ou locataire de la
chose vendue.
d- la garantie du fait des tiers :
Garantir l’acheteur contre l’éviction implique que le vendeur empêche les tiers d’évincer
l’acheteur .
la garantie du fait des tiers va de paire avec du celle du fait personnel. Toutefois la garantie du
fait des tiers à la différence de la garantie du fait personnel ne joue pas en ce qui concerne les troubles
de fait, si l’acheteur est troublé par un tiers qui ne prétend en aucune façon à un droit sur la chose
vendue, il n’y a là qu’une simple voie de fait dont le vendeur ne répond pas en vertu de l’art 546 du
D.O.C.
Au contraire, le trouble provenant du tiers et un trouble de droit, si le tiers se prétend titulaire
d’un droit sur la chose, le vendeur doit alors garantir tout au moins lorsque la cause de l’éviction lui
est imputable. C’est ce qui résulte de l’article 534 du D.O.C qui dispose que : le vendeur est également
tenu de droit à garantir l’acquéreur de l’éviction qu’il souffre en vertu d’un droit subsistant au moment
de la vente.
B- L’appel en garantie :
Pour qu’il y ait lieu à garantie autrement dit, pour que le vendeur intervienne en cas de trouble
de jouissance, il faut :
1- qu’il y ait un trouble de droit .
2- que la cause d’éviction soit imputable au vendeur.
1- l’existence d’un trouble de droit :
Cela sous entend qu’un tiers a élevé une prétention juridique contre la chose. Selon l’article
537 du D.O.C : « l’acheteur , actionné à raison de la chose vendu , est tenu, au moment où le
demandeur a produit ses preuves, de dénoncer la demande en éviction à son vendeur. Il faut donc en
vertu de cet article que le tiers ait réclamé sa chose , voir qu’il ait produit en justice , les preuves de sa
prétention.
Dés l’instant où l’acheteur est troublé par la réclamation que fait un tiers d’un droit sur la chose
vendue, il peut appeler son vendeur en garantie, et si le vendeur avait lui-même acheté l’objet à une
autre personne, il appellera son propre vendeur en garantie. Le procès , finalement se localisera
surtout entre le dernier acheteur et le premier vendeur, tous les anneaux intermédiaires peuvent
disparaître . C’est alors le premier vendeur qui doit garantir le dernier acheteur.
Dans tout les cas l’acheteur ne doit pas attendre d’être condamné pour recourir contre son
propre garant, il doit le mettre dans l’affaire incidemment, il le fait entrer dans le procès notamment
en vertu des art. 103 à 108 du code de procédure civile du 28 sept. 1974.
Par contre s’il attend d’être condamné pour demander compte à son vendeur par un procès
en garantie principale , il risque de perdre à cause de la forclusion , qui résulte de l’application de
l’article 537 du D.O.C : « L’acheteur actionné à raison de la chose vendue est tenu, au moment où le
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demandeur a produit ses preuves, de dénoncer la demande en éviction à son vendeur. Le tribunal
l’avertit à ce moment qu’en suivant l’action en son propre non personnel, il s’expose à perdre tout
recours son auteur . Si malgré cet avertissement il préfère se défendre directement à l’action , il perte
tout recours contre le vendeur ».
2-La cause de l’éviction doit être imputable au vendeur .
L’article 574 du D.O.C dispose : « Le vendeur même appelé en cause en temps utile, n’est tenu
d’aucune garantie, lorsque l’éviction a lieu par le dol , ou la faute qui a évincé ce dernier et notamment :
a) lorsque l’acquéreur a laissé accomplir contre lui une prescription déjà commencée du temps
de son auteur ou s’il néglige lui-même d’accomplir une prescription déjà commencée par ce dernier .
b) lorsque l’éviction se fonde sur un fait ou une cause personnelle à l’acquéreur ».
C) Conséquence ou effets de la garantie .
Lorsque l’acheteur est évincé par un tiers cela veut dire que le vendeur a manqué à ses
obligations. Il a livré une chose sur laquelle il ne transférait pas les droits qu’il avait promis.
Dés lors lorsque les droits du vendeur sont incomplets , par exemple la chose vendue était déjà
louée ou hypothéquée ou engagée à l’insu de l’acheteur , le vendeur doit l’indiquer dans le contrat de
vente. Si non il garantit automatiquement à l’acheteur une propriété complète :
L’article 535 du D.O.C dispose : « L’éviction d’une partie déterminée de la chose équivaut à
l’éviction du tout, si cette partie est de cette importance par rapport au reste que l’acquéreur n’eût
point acheté sans elle . … »
Le droit positif distingue deux catégories d’éviction . L’éviction totale et l’éviction partielle .
L’éviction totale, dans ce cas l’acheteur à le droit de se faire restituer en vertu de l’article 538
du DOC :
 Le prix déboursé et les loyaux coûts du contrat ;
 Les dépens judiciaires qu’il a fait pour l’appel en garantie ;
 Les dommages qui sont la suite directe de l’éviction ;
 Si le vendeur est de mauvaise foi, l’acquéreur à droit à la plus value, c'est-à-dire à la différence de prix
due à l’érosion monétaire.
L’éviction partielle, si elle n’est pas importante au point de vicier la chose vendue, l’acquéreur
peut à son choix, soit :
 Se faire restituer le prix de la partie évincée et maintenir la vente pour le surplus ;
 Ou bien demander la résolution de la vente et se faire restituer la totalité du prix si l’éviction est grave.
II – La garantie contre les vices cachés :
La garantie contre les vices cachés constitue l’une des pièces maîtresse du droit de la vente .
Elle a une portée large et vaut pour les immeubles comme pour les choses mobilières le résultat et que
tout vendeur y est tenu , même un simple particulier.
Avec cette garantie, le droit marocain a choisi de protéger l’acheteur plutôt que d’exonérer le
vendeur même lorsque ce dernier n’a commis aucune faute. Elle traduit une exigence de loyauté .
Sur le principe d’une telle garantie on peut penser qu’il y a dans la chose vendue autre chose
qu’une existence matérielle, autre chose qu’un droit de propriété , autre chose que la liberté et
l’affranchissement de toute charge , il y a encore des qualités qui la rendent plus au moins propre au
but que l’acheteur s’est proposé .
Il faut souligner que la garantie a pour essence d’être garantie car elle est le prolongement
naturel de la vente . La garantie doit être distinguée des services proprement proposés à l’acheteur
lorsqu’il s’agit d’appareil ou d’engins vendus en série . C’est le cas du service après vente, par lequel
est assuré l’exécution de travaux de réparation nécessité par l’état de la chose qu’elle qu’en soi la
cause. Préventivement l’acquéreur peut aussi contracter un abonnement pour l’entretenir de la chose,
prestation appelée maintenance.
Or parce qu’ils font l’objet d’une rémunération particulière, ces services ne peuvent que
s’ajouter aux droits que l’acquéreur tient de la vente. Ils ne doivent pas chevaucher la garantie qui lui
est due en tout état de cause.
Même si la distinction ne pose pas de difficulté dans la pratique des glissements peuvent se
produire .
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Les vices cachés appelés également vices rédhibitoires sont les défauts qui ne se révèlent pas
au premier examen (art 569 du DOC) et qui empêchent d’utiliser convenablement la chose vendue
(art 549 du D.O.C).
Par ailleurs selon , l’article 549 du D.O.C , le vendeur garantit les vices de la chose qui diminuent
à l’usage auquel elle est destinée d’après sa nature ou d’après le contrat … .
L’alinéa 2 précise que le vendeur garantit également l’existence des qualités par lui déclarées
, ou qui on été stipulées par l’acheteur.
Les vices cachés se distinguent ainsi des différences de qualité ou de quantité avec la chose
promise. Ces différences constituent , non pas un vice de la chose livrée mais une inexécution partielle
de l’obligation de délivrance .
Si la distinction entre l’inexécution totale ou partielle de l’obligation de délivrance est
théoriquement facile à faire, elle soulève en pratique de grandes difficultés parce que le vice caché
atteint sinon la quantité, du moins la qualité de la chose vendue.
C’est pour pallier ces difficultés que le législateur marocain de 1913 a prévu en plus de la
garantie ordinaire telle que prévue par le code civil français dans ces articles 1641 à 1649 , l’obligation
de garantie d’existence de la qualité déclarée par le vendeur ou stipulées par l’acheteur.
La rédaction de l’article 556 du D.O.C laisse apparaître en effet qu’il y a rédhibition soit pour
cause de vice , soit à raison de l’absence de certaines qualités expressément stipulées ou requises par
l’usage du commerce.
Dans le D.O.C les dispositions relatives aux vices cachés sont contenues dans les articles 549 à
575 .
On étudiera les conditions (A), le domaine (B) et les effets de la garantie des vices cachés (C).
A- Les conditions de la garantie contre les vices cachés :
Pour obliger le vendeur à la garantie , le vice de la chose doit présenter quatre caractères :
 Empêcher l’utilisation de la chose.
 Etre caché.
 Inconnu de l’acheteur.
 Antérieur à la vente.
a- vice empêchant l’utilisation de la chose :
Le vice doit empêcher ou diminuer l’usage auquel la chose est destinée d’après sa nature.
1- Le vice rendant la chose impropre à l’usage auquel elle est normalement destinée d’après
sa nature :
2- Le vice diminuant sensiblement la valeur de la chose :
Aux termes de l’article 549 « … les défauts qui diminuent légèrement la valeur ou la jouissance
et ceux tolérés par l’usage ne donne pas ouverture à la garantie ».
Le défaut doit présenter une certaine gravité et constituer un obstacle suffisamment sérieux
qui diminue la valeur de la chose vendue.
Il faudra alors évaluer la gravité du vice par rapport à l’intention de l’acheteur. Autrement dit
l’acheteur aurait il acheté aux prix fixé s’il avait connu ce vice et ses conséquences .
En principe il faut dire que les incidents ou vices mineurs ne portent pas atteinte à un usage et
ne peuvent que diminuer légèrement la valeur d’une chose.
b- le vice doit être caché (ou occulte) : invisible :
Si le vice est apparent, il appartient à l’acheteur de s’en apercevoir. L’art 569 dispose que le
vendeur n’est point tenu des vices apparents ;
Pour la jurisprudence , l’apparence d’un vice s’apprécie au regard de l’acheteur en ce sens que
le juge doit se demander si l’acheteur était lui-même capable de découvrir le vice .En conséquence il y
a vice caché par exemple lorsque le vice d’une voiture automobile, apparent pour un technicien
n’apparaît pas à l’acheteur qui ne possède pas les connaissances techniques suffisantes. En revanche
en considère que le vice est apparent lorsqu’un homme d’intelligence moyenne l’aurait découvert en
procédant à des vérifications élémentaires. D’une façon générale, plus le matériel est complexes et
moins l’acheteur est compétent , plus la garantie des vices cachés revêtira d’importance quant à son
appréciation.
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c- le vice doit être inconnu de l’acheteur :


Pour que la garantie du vendeur puisse enter en jeu , il ne suffit pas que le vice ait été caché ,
il faut encore qu’en fait l’acheteur ne l’ait pas découvert et qu’il ne l’ait pas connu au moment de la
vente.
En effet si l’acheteur avait découvert le vice caché et acheté malgré tout, il a accepté d’acheter
la chose atteinte de vice puisqu’il connaissait l’existence de celui-ci . C’est pour cela que l’article 569
affirme que le vendeur n’est pas tenu des vices dont l’acheteur a connaissance ou qu’il aurait pu
facilement connaître . C’est connaissance des vices par l’acheteur sera souvent établie par le prix qui
a été stipulé, prix dont le moment réduit ne peut s’expliquer que par le fait que l’objet vendu était un
objet atteint d’un vice .
Tandis que la connaissance du vice par l’acheteur exclue la garantie, en revanche la bonne foi
du vendeur n’influe pas sur la nature du vice, que le vendeur ait connu l’existence du vice ou qu’il l’ait
ignoré, ce vice n’en est moins un vice donnant lieu à garantie. Le vendeur est censé connaître la chose
qu’il vend.
d- Le vice doit être antérieur à la vente :
Pour donner lieu à garantie , le vice doit être antérieur à la vente ou concomitant. Il est évident
que si la chose n’est pas atteinte du vice au moment de la vente , l’acheteur ne peut pas demander
garantie – la mesure de l’antériorité ne doit pas toujours être faite par référence à la date de la vente.
Le véritable critère de référence réside dans le transfert des risques. L’essentiel est que l’antériorité
puisse être établie, cela relève de l’appréciation du juge, la charge de la preuve incombe à l’acheteur,
la garantie des vices et une garantie légale.
B- Domaine de la garantie contre les vices caches :
Lorsque le vice présente les quatre caractère indiqués, il ouvre droit à la garantie , mais il faut
que la vente envisagée ne soit pas l’une de celles qui se trouvent exceptionnellement exclues de la
garantie contre le vices cachés. Les exclusions peuvent résulter, soit de la loi soit de la convention.
a- les exclusions légales :
L’article 575 du D.O.C exclut de la garantie les ventes faites par l’autorité de justice . L’action
rédhibitoire n’a pas lieu dans les ventes faites par autorités de justice .
En dépit de la formule très large de cet article il faut entendre par là les ventes qui sont
obligatoirement faite par autorité de justice, à savoir , les ventes sur saisies et les ventes de biens de
mineurs non émancipés et de majeurs en tutelle (art 159 du code de statut personnel).
Au contraire, la garantie demeure en ce qui concerne les ventes pour lesquelles le recours à la
justice est simplement facultatif.
Les motifs de l’exception légale des ventes judiciaires sont d’une part , la large possibilité
donnée à ces ventes en second lieu , l’intérêt des créanciers qui comptent sur le prix pour être payés.
b- les modifications conventionnelles :
Le principe de la liberté des conventions posé par l’article 230 du D.O.C permet de conclure à
la validité des aménagement conventionnels de la garantie.
1- Les conventions contenant des clauses aggravantes de la garantie :
La validité de ces clauses n’est pas douteuse , il est possible de rencontrer des cas où le vendeur
ne garantit pas seulement l’absence de vices caches mais il garantit en outre le bon fonctionnement la
chose vendue pendant un certain temps et cela l’oblige dans les limites de la convention à procéder
pendant ce délai aux réparations que nécessite le bon fonctionnement de la chose.
2- Les conventions restreignant ou excluent la garantie :
L’article 571 dispose que le vendeur ne répond pas des vices de la chose ou de l’absence des
qualités requises :
1° s’il les a déclarés.
2° s’il a stipulé qu’il ne serait tenu d’aucune garantie.
Le vendeur peut donc s’exonérer de la garantie légale qui pèse sur lui en vertu de l’article 549
à condition que les vices n’aient pas été connus du vendeur, car on ne peut se prémunir contre les
conséquences de sa mauvaise foi. En effet, les clauses limitatives de responsabilité n’exonèrent pas le

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vendeur de mauvaise foi de sa responsabilité contractuelle à raison des vices de la chose vendue ou à
l’absence de qualité promises.
C- Mise œuvre et effets de la garantie des vices :
Le vice caché découvert, l’absence de certaines qualités constatées l’acheteur dispose d’une
action qui intentée dans un bref délai, aboutit à une résolution du contrat (c’est l’action rédhibitoire
accompagnée éventuellement de dommages intérêts). Si l’acheteur préfère garder la chose, il n’a droit
à aucune diminution des prix . (Art 556 du D.O.C).
1° : L’option l’action rédhibitoire et la possibilité de garder la chose sans aucune diminution
de prix :
Si l’acheteur préfère garder la chose atteinte d’un vie rédhibitoire ou manquant de ses qualités,
il n’a droit à aucune diminution de prix. Cette solution du droit marocain s’écarte de la législation
française en la matière. L’action rédhibitoire n’est autre chose que l’action en résolution de la vente
avec restitution du prix .
Si l’acheteur opte pour la résolution de la vente , il doit alors restituer au vendeur la chose
vendue affectée du vice rédhibitoire telle qu’il la reçue avec ces accessoires, ce qui en fait partie et les
fruits de la chose depuis le moment de la résolution (art 561 du D.O.C).
L’acheteur n’a droit à aucune restitution ni diminution du prix s’il ne peut restituer la chose
(Art 562 D.O.C) par contre si la chose vendue à périt à cause du vice dont elle était affectée la perte
est pour le vendeur (art 563 D.O.C).
2°- L’action en dommages intérêts :
L’acheteur dont la chose est affectée d’un vice caché peut ne pas se contenter de la résolution
de la vente . En effet, du fait de l’existence du vice, l’acheteur a pu éprouver un préjudice
supplémentaire que ne répare entièrement la restitution du prix. Il est ainsi par exemple si le vice a
pour conséquence a résolution de la vente d’une chose dont la cher . On peut également imaginer que
le vice a été à l’origine d’un accident qui à causé un préjudice à l’acheteur.
Les rédacteurs du D.O.C ont estimé qu’en vertu de l’article 556 l’acheteur a droit aux
dommages intérêt dans trois cas d’espèces :
Premier cas : Lorsque le vendeur connaissait les vices de la chose ou l’absence de qualités par
lui promises et n’a pas déclaré qu’il vendait sans garantie : cette connaissance est toujours présumée,
lorsque le vendeur est un marchand ou un artiste qui vend les produits de l’art qu’il exerce. L’action
en dommages intérêts est facilitée pour l’acheteur lorsque le vendeur est un professionnel. La loi
considère ce dernier comme étant automatiquement de mauvaise foi parce qu’il aurait dû connaître
le vice de la chose vendue.
On peut s’interroger sur la sévérité de cette position surtout lorsque la vente intervient entre
deux professionnels.
Deuxième cas : lorsque le vendeur a déclaré que les défauts n’existent pas à moins qu’il ne
s’agisse de vices qui ne sont révèles qu’après la vente, ou que le vendeur pouvait ignorer de bonne foi.
Troisième cas : Lorsque les qualités dont l’absence est constatée avaient été expressément
stipulés ou étaient requises par l’usage du commerce.
L’action en dommages intérêts peut dans ce cas resulter de l’absence de conformité par
rapport à ce qui a été expressément convenu entre l’acheteur et le vendeur ou tout simplement si la
non conformité de la chose et imputable à l’absence de qualité requises par l’usage du commerce.
3° - Délais dans l’acheteur doit agir en garantie :
Délais : d’action ,l’article 573 du D.O.C dispose que toute action résultant de vices rédhibitoires
, ou du défaut des qualité promises, doit être intentée à peine de déchéance :
Pour les choses immobilières dans les 365 jours après délivrance.
Pour les choses mobilières et pour les animaux dans les 30 jours après la délivrance pourvu
qu’il ait été donné au vendeur l’avis dont il est parlé à l’article 553 (notification des vices au vendeur
aussitôt après leur découverte).
Délai de notification : l’avis en question consiste en la notification immédiate au vendeur de
tout défaut constaté par l’acheteur après examen de l’état de la chose vendue aussitôt reçue.

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Le législateur a fixé un délai de 7 jours après réception pour qu’il déclare le défaut constaté en
matière de meubles inanimés, il s’agit du délai d’information prévu par l’art 553.
Cet article 553 décide que les vices de la chose vendue, qui ne sont reconnaissable par un
examen ordinaire doivent être notifiés aussitôt après leur découverte .
Les délais de forclusion prévus aux articles 573 sont des délais impératifs et la jurisprudence
est constate en la matière.
Section III : Les obligations de l’acheteur :
Aux termes de la l’article 576 du D.O.C , deux obligations principales pèsent sur l’acheteur.
 Celle de payer le prix.
 Celle de prendre livraison de la chose (obligation de retirement).
1- L’obligation de payer le prix :
Selon l’article 577 du D.O.C : l’acheteur est tenu de payer le prix à la date et de la manière
établie au contrat, à défaut de convention , la vente est censée faite au comptant que l’acheteur doit
payer au moment même de la délivrance .
Quand est ce qu’il faut payer le prix et où ?
Quelles sont les garanties dont dispose le vendeur impayé ? .
A- Epoque et lieu du paiement :
a- Epoque :
Si l’époque du paiement n’a pas été réglée par le contrat l’art 577 la fixe au moment où doit
se faire la délivrance.
En effet l’obligation de payer le prix est une obligation corrélative à l’obligation du vendeur de
livrer la chose vendue. Il est donc normal que, sauf convention contraire, ces deux obligations
s’exécutent en même temps.
En conséquence, si un délai est accordé au vendeur pour la délivrance, l’acheteur bénéficie de
plein droit du même délai pour payer le prix.
C’est là une situation différente de celle qui existe en droit commun, lorsqu’un délai dans un
contrat synallagmatique est accordé à l’une des parties pour exécuter l’une de ses obligations le délai
ne profite pas de plein droit à l’autre partie pour exécuter ses propres obligations.
En tout cas, de l’interdépendance entre l’obligation de délivrance et l’obligation de payer le
prix, il ne faut pas conclure que la délivrance fait présumer le paiement du prix : l’article 577 D .O.C ne
déroge en aucune façon aux règles de la preuve : l’acheteur, bien qu’il est reçu la chose vendu doit
prouver qu’il a payé le prix .
L’échéance ainsi fixée dans la loi doit être respectée. Cependant le juge peut toujours accorder
à l’acheteur un délai de grâce tout comme le vendeur lui-même peut accorder se délai. Dés lors le
terme commence à couvrir à partir de la date de conclusion du contrat si les parties n’ont pas établit
un autre date.
Lorsque le prix est payé immédiatement, dés la formation du contrat, la vente est dite au
comptant. Lorsque le prix est convenu payable dans un certain délai, la vente est dire à crédit.
b- le lieu de paiement :
De même que le paiement du prix doit être fait sauf convention contraire , à la date de
délivrance, c’est au lieu de la délivrance que , sauf convention contraire que le prix doit être payé.
L’article 577 déroge ainsi au droit commun des contrats d’après lequel une créance est payable
au domicile du débiteur. Ici au contraire, le prix est payable au lieu de la délivrance et ce lieu est en
principe celui où la chose est située au moment de la vente, c'est-à-dire, souvent le lieu du domicile
du vendeur créancier du prix.
Le prix est donc portable et non quérable comme en droit commun. Cette dérogation au droit
commun s’explique par le fait que le vendeur livre la chose à l’acteur en échange du prix. Les deux
obligations étant corrélatives, il est indispensable que le prix soit payé là où la chose est livrée.
Mais le motif de la règle en trace la limite. En effet, si d’après la convention le paiement doit
s’effectuer à un moment autre que le moment de la délivrance , le droit commun reprend son empire :
le prix doit être payer au domicile du débiteur : celui de l’acheteur.

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Naturellement la convention peut toujours modifier le lieu de paiement que les dispositions
supplétives de la loi fixent suivant les cas, au lieu de délivrance ou au domicile de l’acheteur.
Il en est ainsi lorsque l’acheteur remet au vendeur au chèque en paiement, c’est au moment
et au lieu où le chèque est payé, le banquier tiré que le prix se trouve payé.
B- Montant du paiement :
Le montant du paiement dû par l’acheteur au vendeur est fixé par le contrat de vente.
Le cas échéant, l’acheteur doit payer moins ou plus que le prix exact de la chose vendue.
Il doit payer plus, dans la mesure où la loi met à sa charge un certain nombre de frais, il s’agit
notamment :
 Des frais d’enlèvement et de réception de la chose vendue (droits de transit et de douane).
 Des frais du paiement du prix.
 Des frais occasionnés par les opérations de change.
 Des frais d’actes de notaire.
 Des frais d’enregistrement et de timbre .
 Des frais d’emballage.
 Des frais de chargement et de transfert.
Il importe de noter que la mise à la charge de l’acheteur des frais de la vente ne concerne que
les rapports entre l’acheteur et le vendeur.
Mais si le vendeur se trouvait ainsi amené à payer les frais, il aurait un recours contre
l’acheteur.
Aux côtés de ces frais il faut aussi mentionner les sommes à payées en plus par l’acheteur : les
intérêts du prix qui sont dus aux taux légaux (art 875 du D.O.C ) , lorsque l’acheteur paie sont prix en
retard.
C- Garantie du paiement :
Lorsque l’acheteur n’exécute pas ses obligations de payer le prix, le vendeur a le choix entre
deux attitudes : l’exécution forcée du contrat ou la résolution.
a- L’exécution forcée du contrat :
Si le vendeur choisit l’exécution du contrat, il dispose contre l’acheteur d’une action en
paiement du prix, mais le législateur ne se contente pas de lui reconnaître la possibilité d’exercer une
telle action , il lui confère en outre deux garanties .
Si la chose n’a pas encore été remise à l’acheteur, le vendeur a un droit de rétention sur cette
chose (art 504 à 508 du D.O.C).
Si l’acheteur à déjà entre les mains la chose vendue, le vendeur a un droit de revendication sur
cette chose.
1°- Le droit de rétention :
En cas de non paiement du prix l’art 504 du D.O.C permet au vendeur de refuser la
délivrance : « Le vendeur qui n’a pas accordé de terme pour le paiement n’est pas tenu de délivrer la
chose .. » c’est l’application au contrat de vente de l’exception d’inexécution. C’est la conséquence de
la corrélation qui existe entre les deux obligations , l’art 507 dispose que le vendeur n’est pas tenu de
délivrer la chose vendu , quand même il n’aurait pas accordé un délai pour le paiement (vente au
comptant).
Ce droit de rétention , le vendeur le conserve en vertu de l’article 507 du D.O.C.
1°) si depuis la vente l’acheteur est tombé en déconfiture (le droit de rétention ouvert pour le
vendeur à terme) .
2°) s’il était déjà en faillite au moment de la vente, à l’insu du vendeur .
3°) s’il a diminué les sûretés qu’il avait donné pour le paiement, de manière que le vendeur se
trouve en danger de perdre le prix.
Par ailleurs le droit de rétention subsiste dans les vente en bloc le vendeur peut retenir la
totalité des choses vendues jusqu’à paiement de la totalité de prix (art 505 D.O.C).
2°- Le droit de revendication :

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L’article 582 du D.O.C confère au vendeur impayé de revendiquer la chose mobilière vendu qui
se trouve entre les mains de l’acheteur , pour se faire il faut respecter que l’action en revendication
soit intentée dans les quinze jours à partir de la remise de la chose à l’acheteur.
La revendication à lieu même si la chose vendue a été incorporée à une chose immobilière et
à l’encontre de tous les ayants droit à l’immeuble.
Effet de revendication :
La revendication remet le vendeur dans la position où il se trouvait avant d’avoir livré la chose
. Il recouvre le droit de rétention et peut refuser de se dessaisir jusqu’au versement du prix .
Mais si la vente n’est pas résolue, le vendeur peut donc, s’il le veut contraindre l’acheteur , par
toutes les voies de droit, à prendre livraison , moyennant paiement . Mais bien entendue , s’il préfère,
le vendeur peut demander la résolution du contrat (art 581 du D.O.C).
b- L’action en résolution :
la résolution de la vente fait recouvrer au vendeur rétroactivement la propriété de la chose
vendue et cela lui permet d’échapper au concours des autres créanciers de l’acheteur, puisque la chose
vendue est censée n’être jamais entrée dans le patrimoine de l’acheteur.
Trois résolutions de la vente :
 Elle est facultative.
 Elle est judiciaire.
 Elle peut être conventionnelle.
1- La résolution de la vente est facultative :
Le caractère facultatif de la résolution de la vente par le vendeur impayé signifie que ce dernier
peut toujours maintenir le contrat en accordant à l’acheteur un délai de grâce. Cette faculté peut
également être exercée par le juge.
2- La résolution judiciaire de la vente :
La résolution de la vente pour défaut de paiement du prix ne se produit pas de plein droit par
la seule stipulation d’un délai. Le vendeur doit le faire prononcer par le tribunal, c’est une résolution
judiciaire en vertu de l’application des dispositions de l’art 259 du D.O.C la résolution du contrat n’a
pas lieu de plein droit, mais doit être prononcée en justice.
Le non paiement du prix par l’acheteur n’est pas une cause de résolution de plein droit du
contrat qu’au cas de stipulation expresse au dit contrat ou de coutumes du lieu.
Dans notre droit la résolution est donc judiciaire mais les parties peuvent convenir que le
défaut de paiement de prix à l’époque convenue entraînera la résolution de la vente sans intervention
du tribunal.
Les effets de l’action en résolution pour défaut de paiement du prix sont en principe ceux du
droit commun. La chose doit être restituée au vendeur qui la reprend libre des droits réels que
l’acheteur aurait pu , dans l’intervalle, consentir à des tiers.
Le vendeur en revanche restitue, les acomptes versés sur les prix. Si la chose est frugifère, il
pourra réclamer la restitution des fruits, mais devra en retour, les acomptes par lui touchés.
L’acheteur sera tenu de réparer le préjudice résultant des dégradations qu’il aurait fait subir à
la chose. En somme la résolution offre au vendeur la possibilité de réclamer à l’acheteur des dommages
intérêts pour la réparation du préjudice que cette résolution lui cause.
3- Les résolution de la vente peut être conventionnelle :
L’article 581 de D.O.C décide que « s’il est stipulé, d’après le contrat ou la coutume du lieu que
la vente serait résolue faute du paiement du prix, le contrat est résolu de plein droit par le seul fait du
non paiement dans le délai convenu ».
Il et en effet d’usage en ce qui concerne les ventes de certaines marchandises, autrement dit
de procéder à ce qu’on appelle une revente compensatoire.
Cela implique que le vendeur, puisqu’il revend, a recouvré d’abord la propriété des
marchandises, par la résolution de la vente.
La résolution sans intervention du tribunal nécessite en toute hypothèse une sommation de
payer faite par le vendeur selon l’article 254 du D.O.C « le débiteur est en demeure, lorsqu’il est en
retard d’exécuter son obligation, ou en partie, sans cause valable ».
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II- L’obligation de prendre livraison de la chose : l’obligation de retirement) :


Il a été dit précédemment que l’obligation de délivrance qui pèse sur le vendeur consiste
seulement , sauf convention contraire, dans l’obligation de mettre la chose vendue à la disposition de
l’acheteur.
Par conséquent, l’acheteur, lorsque la chose vendue est ainsi mise à sa disposition, il se trouve
tenu de l’enlever lorsqu’il s’agit de vente mobilière, cela est toujours le cas de la marchandise .
A- Contenu de l’obligation de retirement :
a- analyse de l’obligation de retirement :
l’obligation de retirement qui pèse sur l’acheteur ne n’exécute point un transfert de propriété
, l’acheteur acquiert en général la propriété dès l’échange des consentement, mais il n’en reste pas
moins tenu de prendre livraison.
L’obligation de retirement ne s’exécute pas non plus par le transfert de possession la
possession, elle aussi passe en général à l’acheteur par le seul échange de consentements, car en
principe, dès l’échange des consentements, l’acheteur possède par l’intermédiaire du vendeur, bien
qu’il n’ait pas encore la chose neutre les mains. L’acheteur devenue possesseur n’a pas pour cela
exécuté sont obligation de retirement.
En effet l’obligation de retirement opère un transfert , non pas de la propriété ni de la
possession , mais de la détention de la chose vendue .
b- Le lieu du retirement :
Selon l’art 580 du D.O.C l’acheteur est tenu de prendre livraison de la chose vendu dans le lieu
et la date fixé par le contrat.
Puisque le retirement est corrélatif à la délivrance, l’acheteur est tenu d’effectuer celui-ci au
lieu où le vendeur est tenu d’effectuer la délivrance. A cet égard on sait que sauf convention contraire,
la délivrance doit s’effectuer au lieu où se trouve la chose au moment de la vente. C’est donc là que
l’acheteur doit procéder au retirement .
Toutes les conventions qui modifient le lieu de la délivrance, modifient par la même le lieu de
retirement qui ne peut être que celui de la délivrance .
a- Frais et moyens de retirement :
Le retirement étant à la charge de l’acheteur , c’est lui qui doit supporter les fais, il supporte
donc les frais de douanes lorsque la livraison s’effectue avant le passage en douane .
D’autre part , l’acheteur sauf convention , ou usage contraire doit fournir le matériel nécessaire
au retirement (personnel + matériel).
d- Epoque de retirement :
En principe le retirement doit s’effectuer au moment où s’exécute la délivrance, celle-ci devant
s’accomplir , sauf convention contraire, dès la conclusion de la vente .
Selon l’art 580 DOC à défaut de convention ou d’usage , il est tenu de la retirer immédiatement
, sauf le délai normalement nécessaire pour opérer le retirement.
Si le contrat de vente n’a fixé aucun délai pour l’enlèvement de la marchandise, il appartient
au vendeur de mettre l’acheteur en demeure de prendre livraison.
Cette mise en demeure adressée à l’acheteur produit deux effets :
 Un effet pratique : à partir de l’échéance de la mise en demeure, le vendeur peut faire enlever la chose
et la déposer au frais de l’acquéreur .
 Un effet d’avertissement – cela indique au débiteur défaillent (l’acheteur) que le créancier (le vendeur)
se prépare à agir le justice.
B- Sanction de l’obligation de retirement :
Qu’arrive t-il lorsque l’acheteur n’exécute pas l’obligation de retirement .
Le vendeur a le choix entre deux solutions : ou bien l’exécution du contrat, ou bien sa
résolution.
Si le vendeur opte pour l’exécution, le tribunal peut à sa demande, soit ordonner à l’acheteur
de procéder et cela au besoin sous astreinte, soit autoriser le vendeur à faire enlever la chose vendue
et à la déposer chez un tiers, le tout aux fais de l’acheteur.

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Mais en général , lorsque le vendeurs se trouve en face d’un acheteur qui refuse de procéder
au retirement , il préfère la résolution du contrat, il peut alors s’adresser au tribunal dans ce sens mais
il est moins sûr , puisque le tribunal est toujours libre de refuser de la prononcer.
Aussi et afin que la résolution puisse jouer de plein droit, il faudra stipuler un délai pour le
retirement dans le contrat dès lors à l’expiration du délai de retirement et avec la résolution de la
vente, le vendeur devient alors rétroactivement propriétaire de la chose vendue et peut aussitôt
procéder à sa revente évitant ainsi les risques d’une baisse des cours ou les risques de détérioration
de la chose en question.
Chapitre quatrième
La réglementation de quelques espèces particulières de vente
Le D.O.C étudie quelques variétés particulières de vente , la vente à réméré (ou avec faculté
de rachat, article 585 à 600 ). La vente sous condition suspensive en faveur de l’une des parties (vente
à option , 601 à 612) , et la vente à livrer avec avance de prix (selon ) , (art 613 à 618).
Section I : La vente a réméré :
Le rémérée provient du latin redimere : racheter. La vente avec rachat ou vente à réméré dit
l’art 585 est celle par laquelle, l’acheteur s’oblige , après la vente parfaite, à restituer la chose au
vendeur contre remboursement du prix. La vente à réméré peut toujours avoir pour objet des choses
mobilières ou des choses immobilières .
Il s’agit là d’une vente sous condition résolutoire. Elle est d’un emploi fréquent, elle permet au
propriétaire d’obtenir du crédit en faisant argent de son bien mobilier ou immobilier , mais en
conservant l’espoir de la reprendre une fois passée la crise qui l’à contraint à vendre.
Elle permet de tourner les règles relatives au monopole du recours au crédit bancaire. Elle
présente donc des dangers : aussi la loi-a-t-elle imposé certains conditions à son exercice.
I- Condition de validité :
1°) La faculté de réméré doit avoir été stipulée dans l’acte même de la vente pour que les tiers
en soit avertis. Si la vente à réméré porte sur un immeuble immatriculé , la faculté de rachat doit en
outre être publiée tout comme le contrat de vente lui-même sur les livres fonciers.
2°) la faculté de réméré ne peut être stipulée pour un terme excédent trois ans (art 568 du
D.O.C)
Il s’agit là d’un délai de rigueur, qui n’est susceptible de suspension. Toute fois si la faculté de
rachat a été stipulée pour un délai plus long le juge peut réduire ce terme et le ramener au terme de
trois. Par ailleurs Le juge ne peut pas non plus prolonger le terme stipulé par les parties, par les délais
de grâce , que les parties elles même ne peuvent proroger conventionnellement, au moins à l’égard
des tiers : il s’agit là de la volonté du législateur d’assurer une bonne sécurité des transactions. (Art.
587 D.O.C).
II- Condition de l’exercice du réméré :
Pour exercer le réméré :
1°/ Le vendeur doit avoir la capacité d’alnier .
2°/ Le vendeur doit rembourser le prix ainsi que les dépenses utiles qui ont augmenté la valeur
de la chose jusqu’à concurrence de la plus value.
3°/ L’acheteur doit resituer la chose augmentée le cas échéant des fruits et accroissements de
celle-ci depuis le jour où le prix à été payé ou consigné .
Si un individu meurt avant l’exercice du réméré, ce droit passe à ses héritiers pour le temps qui
restait à leur auteur (art 59.D.O.C).
III- Situation des parties avant l’exercice du réméré :
L’acheteur est propriétaire et peut exercer tout les droits de jouissance et d’administration
pendant la durée du délai stipulé , il perçoit les fruits et exerce toutes les actions relatives à la chose.
Le vendeur est considéré comme propriétaire sous condition suspensive , les droits qu’il
consent sur la chose se trouveront validés s’il exerce le réméré.
IV- Les effets du réméré après son exercice :
Lorsque le réméré est exercé , la vente est rétroactivement résolue , tout se passe comme s’il
n’y avait jamais de vente du tout.
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Autrement dit la condition résolutoire a joué : le vendeur reprend la chose avec ses accessoires
et restitue le prix. Mais le vendeur n’est pas astreint à payer les intérêts du prix ni l’acheteur à restituer
les fruits.
A l’égard du tiers, le vendeur reprend la chose exempte de toutes les charges et hypothèques
dont l’acquéreur l’aurait grevé (art 598 du D.O.C). Il est cependant tenu d’exécuter les baux faits sans
fraudes par l’acquéreur , si le terme du bail ne dépasse pas le délai stipulé pour le rachat , et s’il a date
certaine.
Section II : La vente sous condition suspensive (la vente a option) :
Notions générales de la condition :
La condition est une modalité qui affecte les contrats dans le temps. Elle met en jeu l’existence
même des rapports contractuels car elle les fait subordonner l’existence de ces rapports à la réalisation
d’un événement futur et incertain.
La condition peut être suspensive ou résolutoire :
Dans la condition suspensive , le rapport de droit dont l’existence dépend de l’avènement de
la condition est provisoirement supposé inexistant. Cette présomption sera renversée dès que la
condition se réalise. Le rapport de droit momentanément suspendu , prendra par-là , tous ses effets.
Au contraire, son existence serait définitivement consolidée par la défaillance de la condition.
En matière de vente par exemple, quand une chose est vendue à l’essai (art 449 D.O.C) , le
succès de l’essai est une condition suspensive de la vente. Le contrat ne transmet aucun droit. Mais si
l’essai est satisfaisant la vente devient définitive avec tous les rapports de droit que cela engendre. Si
l’essai échoue, elle est regardée comme n’ayant pas été conclue.
Dans la condition résolutoire, au contraire, le rapport de droit qu’elle concerne est
provisoirement supposé existant, mais cette présomption est renversée si la condition se réalise. Ainsi
par exemple dans la vente à réméré, on stipule que tous les effets de la vente seront anéantis si , dans
un délai déterminé, l’acheteur, qui se réserve le droit rembourse le vendeur. Ce remboursement
devient la condition résolutoire du contrat.
En analysant de près la condition résolutoire, on voit qu’elle n’est en fait qu’une variété de la
condition suspensive, ce qu’elle suspend ce n’est pas la naissance mais la disparition du rapport de
droit. L’acte sous condition résolutoire est un acte pur et simple, résoluble sous condition.
Néanmoins la distinction entre la condition suspensive et la condition résolutoire est utile
parce que ces deux modalités produisent des effets biens distincts du fait que la condition suspensive
suspend la formation de l’acte, et que la condition résolutoire la disparition de l’acte.
Le D.O.C évoque la vente sous condition suspensive en faveur de l’une des deux parties dans
ses articles 601 à 612.
C’est ainsi que l’article 601 du D.O.C admet que la vente peut être faite sous condition que
l’acheteur aura le droit de se départir du contrat dans un délai détermine … .
La vente sous condition suspensive en faveur de l’une des parties ou ventes à option, s’analyse
comme une vente normale à laquelle il faut ajouter des particularités tenant à la fois aux conditions
qu’aux effets de la vente en question.
I- Condition de validité de la vente à option :
A – La clause d’option doit être expresse :
Cette exigence découle de l’article 601 qui précise notamment que la condition doit être
expresse, elle peut être stipulée, soit au moment du contrat , soit après par une clause additionnelle.
Il s’ensuit que la clause à option ne se présume pas et qu’elle doit être mentionnée dans le
contrat de vente ou dans un contrat annexe .
La condition doit donc être portée à la connaissance des deux parties de manière non
équivoque car celui qui accepte la condition n’est plus maître de son engagement.
La stipulation de la condition n’obéit à aucune condition de forme sauf dans les contrats où
l’écrit est obligatoire.
B- La clause d’option peut être stipulé soit au moment du contrat soit après par une clause
additionnelle :

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Lorsqu’elle est stipulée au moment du contrat, la clause d’option ne soulève guère de


difficultés. Toutefois lorsqu’elle est stipulée postérieurement par une clause additionnel , celle-ci peut
être interprétée comme une sorte d’avenant apparaissant dès lors comme un nouvel accord de
volontés qui modifie une réglementation contractuelle déjà en place.
II – Effet de la vente à option :
La loi fixe un délai pour que le titulaire de l’option puisse exercer son droit d’opter. Ce délai est
de soixante jours pour les biens immeubles, cinq jours pour les meubles , la seule question importante
est de savoir quel est l’effet que produit l’acte conditionnel.
A- Avant que la condition soit levée :
Tant que les parties n’ont pas encore manifesté leur choix, le contrat de vente demeure en
suspend et de la même façon , les fruits de la chose demeurent et suspend . En effet dans tous les
contrats translatifs de biens , l’existence d’une condition a pour résultat de rendre provisoirement
incertaine l’apparence du bien transmis, les deux contractants sont conditionnellement propriétaire .
B- L’option positive :
La partie intéressée (le vendeur ou l’acheteur accepte la vente, art 607 D.O.C)
Si la partie en question accepte la vente, celle-ci devient pure et simple. Dés lors l’acceptation
a un effet rétroactif au jour auquel l’engagement a été contracté. La situation admise provisoirement
est anéantie. L’avènement de l’acceptation de la vente reporte tous les effets du contrat à la date
antérieur où il a été conclu.
C- L’option négative , la partie qui s’est réservée le droit d’option effectue un choix négatif :
Le contrat est réputé n’avoir jamais existé et les parties doivent selon l’article 611 du DOC, se
restituer réciproquement ce qu’elles ont reçues l’une de l’autre.
Section III : La vente a livrer avec avance de prix (selem) :
Définition : L’art 613 du D.O.C définit le selem comme un contrat par lequel l’une des parties
avance une somme déterminée en numéraire à l’autre partie, qui s’engage de son côté à livrer une
quantité déterminée de denrées ou d’autres objets mobiliers dans un délai convenu.
Il s’agit là d’une vente soumise à des règles spécifiques affectant particulièrement l’objet la
preuve ainsi que le dénouement du contrat.
I – L’objet de la vente selem :
Le selem ne peut porter que sur les choses mobilières (des marchandises) ou des denrées dont
les quantités , qualités , poids ou mesures , doivent être déterminés à peine de nullité du contrat.
D- Le prix :
La règle posée par l’article 614, du D.O.C exige que le prix soit payé au vendeur intégralement,
et dès la conclusion du contrat. L’ensemble même du selem se retrouve donc dans cette formule où
l’acheteur avance une somme déterminée en numéraire dés la conclusion du contrat et où le vendeur
est tenu à l’échéance fixée de livrer la marchandise vendue.
Il faut distinguer , la vente à livrer avec avance du prix de la vente à livrer tout court, et dans
laquelle le prix n’est payé qu’à l’expiration d’une certain délai.
II – La preuve du contrat selem :
Le selem est un contrat qui ne peut être prouvé que par écrit. Cette exigence est reprise aussi
en matière civile qu’en matière commerciale.
Si le principe de l’exigence d’un écrit est retenu, il n’en demeure pas moins que la loi n’affecte
cette condition de preuve d’aucune condition de forme quelconque.
Le recours à l’acte authentique ou sous seing privé est laissé à l’initiative des parties.
III – Le dénouement du contrat :
Le contrat de vente selem comporte un délai de livraison, s’il n’est pas déterminé, les parties
sont présumées s’en remettre à l’usage des lieux.
Les usages locaux et commerciaux du Maroc exigent une mise en demeure par lettre
recommandée pour tous les marchés à livrer. La seule échéance du terme ne suffit donc pas.
Si l’on aspire en général à l’exécution normale du contrat il n’est pas exclu qu’une mauvaise
exécution soit imputable à une force majeure.
L’inexécution du contrat pour cause de force majeur :
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Aux termes de l’article 618 du D.O.C si le débiteur (le vendeur) est empêché, par une cause de
force majeure, de livrer ce qu’il a promis , sans faute ni demeure de sa part, le créancier a le choix : ou
de résoudre le contrat et de se faire restituer le prix qu’il a avancé , ou d’attendre jusqu’à l’année
suivante .
Il y a là une option dont bénéficie l’acheteur soit qu’il renonce à la vente soit qu’il attende
l’année suivante, dans ce cas est toujours selon l’art 618, si l’année suivante, le produit qui fait l’objet
de la vente, l’acheteur est tenu de le recevoir et n’a pas la faculté de résoudre le contrat.

Titre II : Les contrats translatifs de jouissance :

Ces contrats, comme les contrats translatifs de propriété, portent sur la chose.
Ces contrats sont, également, proches des contrats de louage de services , qui comportent
aussi une obligation de mise à disposition de la chose au profit d’autrui.
A- Le louage de chose :
1- Le contrat de bail :
Historique
Le contrat de louage a mis longtemps pour prendre corps. C’est un contrat solennel du droit
romain , locatio conducto , qui comprenait deux types de louage : la locatio rerum consiste à fournir
une chose et la locatio opératum consiste à fournir ses services.
Le droit romain assimilait le travail de l’homme à une chose que l’on met à la disposition
d’autrui.
Le D.O.C , à travers le droit français, s’est inspiré du droit romain, notamment en ce qui
concerne le jumelage entre ces deux formes du contrat.
Art . 626 du D.O.C. : « Il y a deux sortes de contrats de louage : celui des choses , celui des
personnes ou d’ouvrage ».
Les sources du contrat de louage :
 (D.O.C : le contrat de louage y est réglementé par les articles 626 à 722.
 Les art. 626 à 634 établissement les règles communes aux différents baux.
 Les arts 635 à 686 énumèrent les obligations du locateur et celles du preneur.
 Les art 687. 699 déterminent les causes d’extinction du contrat.
 Les art 700 à 722 sont consacrés aux baux fermes ou baux ruraux.
 (Dahir du 24 mai 1955 relatif à la location de fond de commerce, édicte un principe contraire au droit
commun : le renouvellement du bail du local loué à l’arrivée du terme fixé par le contrat.
 Dahir du 25 décembre 1980 organisant les rapports contractuels entre les bailleurs et les locataires des
locaux d’habitation ou à usage professionnel.
Typologie du bail :
Le bail rural :
Le D.O.C ne les énumère pas. Une décision de la cour de cassation de 1953 les définis comme
portant « sur un bien foncier destiné à la production agricole » . C’est la pratique qui a révélé leurs
existences.
- La « mougharassa » : la location d’un terrain pour le cultiver et se répartir les fruits.
- La « moussakate » : elle concerne l’eau .
- La « khamassate » : celui qui fructifie le terrain loué reçoive le 1/5.
Le bail urbain :
- Le bail d’habitation porte soit sur un local destiné à l’habitation , soit sur un local destiné à
un personne morale pour l’exercice d’une activité non lucrative.
- Le bail professionnel porte sur un local où s’exerce une profession non commerciale
ou industrielle (toutes les professions libérales).
- Le bail commercial est un bail d’immeuble dans lequel le locataire exploite un fond
commercial, artisanal ou industriel dont il est propriétaire .
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Intérêts :
En matière immobilière , l’intérêt de la matière se répartit entre les baux d’habitation , les baux
commerciaux et les baux ruraux .
En matière mobilière , le D.O.C reconnaît la location de chose . Cependant il ne lui consacre
pas de réglementation spécifique , bien qu’elle est pris une importance considérable.
Section I : Définition et distinction :
L’art 627 du D.O.C stipule que : « Le louage de choses est un contrat par lequel l’une des parties
cède à l’autre la jouissance d’une chose mobilière ou immobilière , pendant un certain temps,
moyennant un prix déterminé que l’autre partie s’oblige à lui payer ».
Selon la classification générale des contrats , le contrat de louage est un contrat :
 Systématique.
 Commutatif.
 a titre onéreux .
 Et à exécution successive.
I-Les éléments du contrat de bail :
Ce contrat transfert la jouissant de la chose, moyennant un loyer, pendant une durée limitée
et comporte l’obligation de restituer .
A- La jouissance d’une chose :
La jouissance est la faculté d’user de la chose, sans excès ni abus, et d’en percevoir les fruits.
Elle peut être continue ou intermittente. La jouissance du preneur n’est pas un droit réel , c’est un
droit de créance particulier qui s’exerce à l’égard de la chose louée. Le locataire peut se servir de la
chose comme dans le prêt, mais il dispose de prérogatives plus importantes que l’emprunteur,
puisqu’il n’est pas tenu à l’usage personnel.
B- Pendant un certain temps :
Le bail est un contrat à exécution successive. Le D.O.C utilise la formule « pendant un certain
temps », car la limitation du contrat dans le temps est impérative, conformément au principe
prohibant la constitution d’obligations n’ayant pas de date buttoir et pouvant aboutir à une aliénation.
Mais l’art , 87 du dahir du 2 juin 1915, fixant les législation des immeubles immatriculés,
autorise le « bail emphytéotique », c'est-à-dire un bail consenti pour plus de 10 ans , sans dépasser 99
ans , et ne pouvant pas être renouveler par tacite reconduction.
C- Moyennant un loyer :
Le bail, étant par essence un contrat à tire onéreux , il implique donc le versement d’un prix
qui est généralement , une redevance locative payable en argent, mais il peut s’exprimer en produits.
Le prix doit être stipulé , déterminé ou déterminable (comme pour la vente), si non les parties
sont présumées, selon l’art 634 , « s’en être remises au prix courant pratiqué pour les choses de même
nature dans le lieu du contrat … »
Le prix payé par le locataire au-delà de la durée du bail devient une indemnité d’occupation.
D- A charge de restituer :
Le bail est un contrat de restitution , bien que l’art 627 ne le fasse pas ressortir, il oblige à
rendre la choses lorsqu’il parvient à son terme. Cette restitution se fait à l’identique , dés lors que le
bail porte sur une choses déterminée .
II-Les traits caractéristiques du contrat de bail :
Certains traits contribuent à l’originalité du louage de choses. Le louage de choses constitue le
prototype du contrat à exécution successive des obligations . De ce fait, des règles adaptées doivent
lui être appliquées.
Ex : En cas d’inexécution d’une obligation découlant du contrat de louage, on parle de
résiliation et non pas de résolution.
La durée du contrat peut être :
 Déterminée : Les parties sont libres de fixer la durée du bail qui prendra fin à l’arrivée du terme
convenu. Elles pourront le prolonger par un accord express ou par « tacite reconduction ».

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 Indéterminée : Art.688 du D.O.C : « Si aucun terme n’a été établi, le louage est censé fait à l’année, au
semestre, par mois , etc. Et le contrat cesse à l’expiration de chacun de ces termes, sans qu’il
soit nécessaire de donner congé, à moins d’usage contraire ».
b- Le bail : un contrat intimité personnae :
Deux raisons militent pour le caractère intuitu personae du bail :
 La durée justifie que l’on s’intéresse au preneur au moins pour sa solvabilité .
 L’usage de la chose et sa conservation dépendra du preneur , il faut lui faire confiance .
Le D.O.C autorise le preneur à sous louer et même à céder son bail en tout ou en partie. Art .
668 du D.O.C : « le preneur a le droit de sous louer et même de céder son bail à un autre, en tout ou en
partie, à moins que la défense de sous louer ou de céder n’ait été exprimée ou ne résulte de la nature
de la chose » .
La défense de sous louer doit être entendue d’une manière absolue, et entraîne celle de sous
louer pour partie, ou céder la jouissance même à titre gratuit.
Section 1 : La formation du contrat de bail :
Art 628 du D.O.C : « le louage de chose est parfait par le consentement des parties sur la
chose, sur le prix et sur les autres clauses dont ils pourraient convenir dans le contrat ».
Le bail est un acte de nature consensuelle, mais certaines règles spéciales s’ajoutent aux règles
traditionnelles (capacité , objet, etc).
A- Les parties au contrat de bail :
I- Le bailleur :
Toute personne à le droit de donner à bail une chose qui lui appartient, pourvu qu’elle est la
capacité de contracter.
Art.630 du D.O.C : « Ceux qui n’ont sur la chose qu’un droit personnel d’usage et d’habitation
ou un droit de rétention ou de gage ne peuvent la donner à louage ».
a- Le bailleur doit être propriétaire :
1- la copropriété :
C’est une personne qui à la propriété de sa partie privative, objet d’un titre particulier issu du
morcellement d’un titre foncier principal. La loi précise que le copropriétaire peut donner à bail sa
partie privative. Le preneur aura la jouissance des parties communes.
II- L’indivision :
C’est lorsqu’un bien appartient, dans son ensemble, à plusieurs personnes dont le droit de
propriété consiste en une quote- part de la totalité.
L’indivision est un état de droit, appelé communauté ou quasi société, qui peut être volontaire
(acquisition d’un bien en commun) ou forcée (succession non encore partagée).
En principe , le communiste peut se servir de la chose au prorata de son droit :
Si sa partie est individualisée, il peut la donner à bail.
Si sa partie n’est pas individualisée, le D.O.C pose des règles .
La délibération de ¼ des communistes est obligatoire, mais elle est insuffisante, car elle
n’engage pas la minorité .
D’autant plus que le bail est un acte de disposition qui atteint directement la propriété et dans
lequel l’avis des opposants doit prévaloir.
III- L’usufruit
C’est le droit d’user de la propriété d’autrui. Le propriétaire ne dispose plus que d’un droit de
nue propriété. L’usufruitier peut exercer , sur la chose, tous les actes matériels et juridiques. Il peut ,
donc la donner à bail , à condition que la durée du bail n’excède pas celle de l’usufruit, de plus le terme
de la location ne doit pas excéder trois ans.
b- Le bailleur doit être capable :
La capacité requise, en matière de louage, est celle de contracter. Les incapables, donc n’ont
pas le droit de donner à bail un de leurs biens.
II- Le locataire ou le preneur :
a- La capacité :

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En principe , la capacité du locataire ne soulève pas de difficulté sachant que le contrat est à
son égard un simple acte d’administration destiné à satisfaire un besoin : se loger. Le représentant de
l’incapable a , donc le pouvoir de le passer dans l’intérêt de l’incapable.
b- La sous location :
L’art 668 du D.O.C édicte le principe selon lequel le preneur peut sous louer et même céder
son bail à une autre personne, à moins que la défense de sous-louer n’ait été exprimée.
Le dahir de 1980 l’a interdite et a instauré l’autorisation obligatoire du bailleur.
L’usage de la sous location ou de la cession a pour effet d’introduire une tierce personne dans
le jeu des relations contractuelles : le bailleur principal, le preneur bailleur et le sous locataire.
La sous location est un acte indépendant et distinct du bail principal, mais en même temps que
un sous contrat, il disparaît automatiquement à l’expiration du bail principal.
Les conditions d’application de la sous location sont double :
Le consentement du bailleur principal :
Le dahir de 1980 a instauré de nouvelles règles :
- Le locataire qui veut sous louer doit notifier au bailleur principal sont intention.
- Ce dernier doit donner son accord dans un délai de 30 jours .
- S’il omet de répondre, le locataire peut exécuter la sous location.
La détermination du sous loyer :
Le dahir de 1980 dispose que « lorsque le prix de la sous location est supérieur à celui de la
location, principale affairant à la partie sous louée, le bailleur a droit à une augmentation
correspondante du loyer principal.
Dans la détermination du sous loyer , il doit être tenu compte du loyer principal , pour que le
sous locataire ne soit pas lésé .
La sous location ne doit pas être faite de concert entre le bailleur principal et le preneur dans
le seul but de faire supporter au sous locataire la majoration du loyer principal .
Le fait que le sous loyer dépende du loyer principal autorise le sous locataire à intervenir
volontairement dans les instances de fixation du loyer entre le propriétaire et le locataire principal.
Si le preneur principal omet d’invoquer certains moyens , le locataire peut recourir à la tierce
opposition.
c- La cession de bail :
Elle consiste dans la transmission des doits résultant du bail, C’est l’ancien bail qui est cédé il
n’y a, donc, pas de bail nouveau .
La loi de 1980 prévoit des règles identiques que la sous location (notification au propriétaire).
B : l’échange de consentement :
Le bail est un contrat consensuel, mais le D.O.C exige la forme écrite pour les baux d’immeubles
fait pour plus d’une année. C’est une mesure visant à prouver la durée du contrat et non sa perfection.
Le contrat peut se former par étapes. Il peut être précéder par une offre que le bailleur fait au
public à laquelle le candidat locataire peut répondre. Mais le bail est un contrat intuitu personae, l’offre
n’engage que son auteur.
1- L’objet du contrat :
Art 628 du D.O.C : « le louage de choses est parfait par le consentement des parties sur la chose,
sur le prix et sur les autres clauses dont ils pourraient convenir dans le contrat ».
Art 631 du D.O.C : « l’objet du louage ne peut être qu’une chose qui se consomme par l’usage,
à moins qu’elle soit destinée à être seulement montrée ou exposée. On peut cependant louer toutes les
choses qui se détériorent par l’usage ».
a- La chose :
Toutes sortes de choses peuvent faire l’objet d’un contrat de louage, excepté les choses
consomptibles, les choses hors commerce et les choses impures entre musulmans.
Les aspects importants de l’objet du contrat se rapportent, essentiellement, à la destination
de la chose convenue entre les parties.

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Les tribunaux exigent la description de la chose louée avec l’inventaire écrit de ses accessoires,
afin d’éviter les omissions et les contradictions pouvant être source de vices de forme dans la
procédure.
b- Le prix :
Le prix du bail est communément appelé le « loyer », mais deux autres notions peuvent
cocxister : le « cautionnement » et le pas de porte ».
Définition :
Le loyer ou la « redevance locative » est la somme d’argent versée au bailleur conformément
aux stipulation du contrat de bail.
Le cautionnement est versé par le preneur à titre de garantie et doit lui être restitué en fin de
bail. Le dahir de 1980 précise, dans son art. 4 , que le bailleur peut exiger du preneur le versement d’un
cautionnement supérieur au montant d’un mois de loyer et ce au moment de l’entrée dans les lieux .
Le pas de porte : Dans les baux commerciaux , c’est la somme d’argent que doit payer le
commerçant pour obtenir la jouissance du local. Cette somme est définitivement acquise au bail. Dans
les baux à usage d’habitation, la perception d’un pas de porte constitue un délit de spéculation illicite
, passible d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 150 à 10 000 Dh (art. 3 du dahir
de 1950) (comme dans la corruption , la victime est complice).
2- La détermination du loyer :
Le loyer est déterminé d’un commun accord, quelque soit le type de loyer :
Le locataire a le droit de demander la révision du loyer par voie judiciaire dans un délai de 3
moins à compter de la date du bail (art. 2 du dahir de 1980).
3- Les autres clauses :

Art 628 du D.O.C considère les « autres clause » comme au élément de perfectionnement du
contrat. Le principe , selon lequel les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de
lois à ceux qui les ont faites , n’est pas absolu en matière de bail.
La clause résolutoire de plein droit constitue un rempart pour les bailleurs désirant se prémunir
des mauvais payeurs. Elle sont très fréquentes . Les parties peuvent convenir que le contrat sera résolu
dans le cas où l’une d’entre d’elle n’accomplirait pas ses engagements. Celle clause peut s’avérer très
rigoureuse et son application systématique commande de nuancer son interprétation.
La forme du contrat :
Le louage est un contrat consensuel, aucune forme n’est exigée, sauf en matière immobilière
. Les baux d’immeubles excédant une année doivent être constatés par écrit, à défaut l’acte de bail est
censé fait pour une durée indéterminée. Et ils doivent être enregistrés pour pourvoit être opposables
aux tiers. Les baux excédant trois ans doivent être publiés par une inscription au livre foncier. La validité
des baux habous est soumise à l’autorisation du Ministre des habous, conformément au dahir du 13
juin 1918.
La preuve du contrat :
La bail est un contrat consensuel, mais pour les problèmes de preuve la forme écrite est exigée.
Cependant, on peut toujours faire un simple bail verbal.
La preuve de l’existence du contrat :
- En matière civil , l’art . 443 du D.O.C exige un écrit pour tout contrat de bail excédant 250 Dh
, et il interdit de recourir aux autres moyens de preuve . Cette obligation n’est valable que pour les
parties et non pour les tiers.
- En matière commerciale , la preuve étant libre , le bail à l’encontre d’un commerçant peut
être prouvé par tous les moyens.
La preuve du contenu du contrat : (l’étendue des obligations des parties) .
Pour le bail verbal , la preuve peut se faire par témoins .
Le bail écrit est régit par l’art 444 du D.O.C : « il n’est reçu entre les parties aucune preuve par
témoins contre et outre le contenu des actes … ».
Section 3-Les effets du contrat de bail
I – Les obligations du bailleur :
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Art 635 du D.O.C : « le locateur est tenu de deux obligations principales :


1o celle de délivrer au preneur la chose louée :
2° celle de la garantir ».
a- L’obligation de délivrance :
Définition : La délivrance consiste à mettre la chose à la disposition du preneur , ce
qui implique, comme pour le vendeur, la transmission de la possession physique à la date convenue .
C’est la première étape de l’exécution du contrat pour le bailleur.
Sanctions : Si le bailleur ne rempli pas l’obligation de délivrance , le preneur à la
possibilité de demander l’exécution forcée. Dans ce cas , le bailleur est constitué en demeure , alors
trois actions peuvent être ouverts : l’exécution forcée : les dommages intérêts ; la résiliation du
contrat.
b- L’obligation de garantir :
1- La garantie de la possession paisible :
Le bailleur est garant de son fait personnel aussi bien du trouble de fait que du trouble de droit.
Il répond, aussi , du fait de ses préposés ainsi que du fait de jouissance des autres locataires.
S’agissant des troubles d’un tiers : Le bailleur ne répond pas des troubles de fait des tiers, c’est
au preneur de les faire cesser (art. 649 du D.O.C) sauf s’ils sont d’une telle importance qu’ils le privent
de la jouissance de la chose, alors là , il peut demander la remise proportionnelle du prix (art. 650 du
D.O.C).
En cas d’expropriation pour cause d’utilité publique, le preneur peut poursuivre la résolution
du bail . il n’est tenu de payer qu’à proportion de sa jouissance de la chose.
2- L’obligation d’entretien :
Cette obligation incombe au bailleur, sous réserve de ce que la loi fait supporter aux preneur
pour les petites réparations. L’entretien de la chose présente deux aspects :
Aspect préventif : c’est une sorte d’obligation qui s’exécute de manière continue pour
maintenir la chose en état de servir.
Aspect curatif : qui se traduit par l’intervention pour les réparations nécessaires suite à des
défectuosités.
Si le bailleur ne respecte pas cette obligation, le locataire , peut, après la mise en demeure au
locateur , se faire autoriser par la justice à effectuer les réparations et à les faire retenir sur le loyer.
Le preneur est tenu , sous peine de dommage, d’avertir sans délai le propriétaire de tout fait
nécessitant des repartions urgentes .
Si ces réparations le privent de tout ou en partie de l’usage pendant plus de trois jours , le
preneur peut demander la résolution du contrat de bail ou la réduction proportionnelle du temps
pendant lequel il a été privé de la chose .
4- La garantie des vices cachés :
Art 654 , al , 1 du D.O.C : « le locateur est tenu envers le preneur pour tous les vices et défauts
de la chose louée qui en diminuent sensiblement la jouissance, ou la rendent impropre à l’usage auquel
elle était destinée, d’après sa nature ou d’après le contrat. Il répond également de l’absence des
qualités expressément promises par lui ou requises par la destination de la chose ».
Les réserves à l’égard de cette responsabilité sont émises par :
Art . 656 du D.O.C : « le locateur n’est pas tenu de vices de la chose louée qu’on pouvait
facilement constater , à moins qu’il n’ait déclaré qu’ils n’existaient pas . Il n’est également tenu
d’aucune garantie :
a- lorsque le preneur connaissait, au moment du contrat, les vices de la chose louée ou
l’absence des qualités requises .
b- Lorsque les vices ont été déclarés au preneur .
c- Lorsque le locateur a stipulé qu’il ne serait tenu d’aucune garantie ».
Le bailleur , comme le vendeur , est tenu d’une obligation de résultat, la seule différence c’est
que la garantie du bailleur couvre non seulement les vices antérieurs au contrat mais également ceux
qui apparaissent au cours de la vie du contrat. Car le bail est un contrat à exécution successive et ce
qui est dû au vendeur n’est pas la propriété mais la jouissance continue dans les conditions convenues.
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Les obligations du preneur :


Art 663 du D.O.C : « le preneur est tenu de deux obligations principales :
a. de payer les prix du louage.
b. de conserver la chose et d’en user sans excès ni abus, suivant sa destination naturelle ou celle qui lui
été par le contrat ».
a- La paiement du loyer :
Le paiement du loyer : En principe, le prix convenu est payé au terme fixé par le contrat, si non
en fonction de l’usage local, si non à la fin de la jouissance.
Le montant du loyer : Sa fixation est laissée , librement , aux parties . Mais , cette liberté est
alténuée dans les baux immobilières .
Art. 2, du dahir de 1980 : « le preneur lorsqu’il estime que le prix du bail ou de la sous location
ne correspond pas à la rémunération du capital représentat la valeur actuelle de l’immeuble et du
capital réellement investi ou est hors de proportion avec les avantages ou les utilités que la situation
des lieux loués et les conditions de leurs aménagements sont de nature à procurer, peut dans un délai
de trois mois à compter de date du bail demander la révision du loyer par voie de justice ».
Art . 5 du dahir de 1980 : « la demande de révision du loyer n’est pas recevable avant
l’expiration d’une période de trois ans au moins à compter de la date du bail ou de la dernière
révision ».
La possibilité de la révision triennale.
b- obligation de conservation et utilisation :
Cette obligation est liée à l’obligation de restituer dans l’état dans lequel il l’a reçu , sauf
réparation nécessaires. Il doit agir en bon père de famille.
Avant d’ouvrir droit à restitution des lieux , le bailleur peut les faire visiter. A défaut d’accord
à ce sujet le preneur a le droit de refuser.
Sect. IV : Le régime de l’extinction du bail :
Normalement , le dénouement du bail est provoqué par l’arrivée du terme ou par le congé. Le
louage de chose cesse de plein droit à l’expiration du terme sans qu’il soit nécessaire de donner congé.
En matière immobilière, la loi de 1980 réserve une grande partie aux modalités et au sort du
congé qui n’est recevable que dans les conditions et motifs déterminés par la loi.
1- Les modalités du congé en matière immobilières :
A – Le doit commun :
Les art. 687 à 699 du D.O.C disposent que le bail prend fin avec l’arrivé du terme , si le bail est
à durée indéterminée, chaque partie peut , à tout moment , le résilier unilatéralement.
c- Le bail d’habitat :
Au terme de l’art . 8 et 9 du dahir de 1980 , et nonobstant les dispositions relatives à
l’extinction du louage de chose, le congé doit, sous peine de nullité porter « sur les lieux loués avec
toutes les dépendances, contenir l’indication des motifs invoqués par le bailleur, comporter la mention
d’un préavis de trois mois au moins ».
Nous avons trois types de motifs de congé.
1- Les motifs de déchéance :
Ceux prévus par l’art. 692 du D.O.C :
1- Le changement de la destination des lieux .
2- La négligence dommageable.
3- Le défaut de paiement du loyer .
Ceux prévus par l’art. 12 du dahir de 1980 :
4- Les transformations opérées dans les lieux au mépris d’une clause contractuelle ou sans autorisation
du propriétaire.
5- La cession de bail ou la sous location non autorisée par le locataire .
2- La reprise des lieux :
Le congé peut être valider , s’il a été donné par le bailleur en vu de reprendre les lieux pour y
loyer ses ascendants ou descendants au premier degré ou des bénéficiaires éventuels du legs

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obligatoires Cette possibilité est assortie de deux conditions, sauf si le bailleur offre de reloger le
preneur dans un local d’égale importance, aux même conditions et pour un loyer similaire.
- Les locaux doivent avoir été acquis par le bailleur trois ans au mois avant le congé.
- Le bailleur , ses ascendants ou ses descendants suivant le cas ne doivent pas avoir déjà un logement
leur appartenant et suffisant à leurs besoins normaux.
3- La nécessité de faire des travaux :
La démolition ou les réparations importantes lorsqu’elles sont jugées nécessaires constituent
un motifs de congé valable aux yeux de la loi .
Le propriétaire doit obtenir l’autorisation administrative pour effectuer les travaux .
II – Le sont du congé :
Le juge peut soit refuser le congé soit validé le congé.
a- La reconduction du bail :
La reconduction du bail , contrairement à la tacite reconduction , ne se fait pas
automatiquement à la fin du bail , elle est convenue entre les parties ou ordonnée par le juge . Mais
elle entraîne les mêmes effets.
Si le juge déclare que le congé est irrecevable pour motif de vice de forme, le demandeur devra
refaire la procédure.
Avant le dahir de 1980 , la reconduction avait pour effets d’entraîner le renouvellement du bail
dans les mêmes conditions et pour la même période.
Art. 18 du dahir de 1980 : « à défaut de congé ou si le congé n’est pas validé, le bail qu’il ait été
à l’origine durée déterminée ou indéterminée se poursuit sans détermination de durée au profit du
locataire.
b- Le départ du locataire :
La validité du congé met un certain nombre d’olbigations à la charge des parties .
En cas de difficultés dans l’exécution du jugement, il peut être procédé à l’exclusion du preneur
.
1- Les obligations découlant de la validité du congé par rapport au bailleur.
 Le bailleur doit restituer le cautionnement .
 Il doit payer au locataire , qui perd le droit au maintien dans les lieux sans faute de sa part, une
indemnisation équivalent à six mois de loyer plus des frais de déménagement.
En cas de reprise des lieux pour travaux , le bailleur doit donner priorité au locataire pour
réintégrer les lieux . A cet effet, il doit l’aviser deux mois avant la fin des travaux .
Au cas où les motifs du congé se révéleraient inexacts, le locataire a droit à des dommages
intérêts.
2- Les obligations découlant de la validité du congé par rapport au locataire :
Le preneur doit restituer la chose à l’expiration du terme fixé. Le temps d’occupation dépassant
ce terme donne bien au paiement d’une indemnisation corrélative. Il doit réparer les dégradations de
la chose qui sont causés par son fait, sa faute ou ses abus.

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