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UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE

RAPPORT DE MÉMOIRE DE MASTER I

THÉME : Éric Weil


aujourd’hui ou comment
penser les enjeux
géopolitiques de notre temps

Présenté par : Encadré :

Papa Abdoulaye THIAW Professeur : Docteur Oumar DIA

Année académique 2016 / 2017

1
I- PRÉSENTATION ET JUSTIFICATION :
A. CONTEXTE

De la même manière que Hegel qui définissait la philosophie comme son temps appréhendé,
en pensée, la pratique philosophique d’Éric Weil consiste pour la pensée à se nourrir de tout
le réel compris dans tous les discours philosophiques. Car, pour Éric Weil, l’homme est
essentiellement discours et son « être se révèle comme langage. Il n’y a pas le langage :
tout « il y a » pour l’homme naît dans le langage. Il n’y a que du langage »1 . Mais le
langage s’exprime en une pluralité de discours philosophiques, portant chacun sur une
réalité particulière. Et à ce constat Éric Weil veut comprendre toute la réalité comprise
dans tous les discours. Pour ce faire, il affirme que : « ce n’est pas dans l’expression de
multiples discours de nos maîtres que nous avançons et nous vivons mais dans celle d’un
discours unique qui donne sens à notre vie et nous évite tout simplement d’être exposé au
désespoir de la violence et à la violence du désespoir »2. En effet, ce qui intéresse Éric
Weil, est loin d’être toute cette multiplicité de discours mais celui qui a pour but de
comprendre l’unicité de l’être dans la pluralité de discours possibles. Aussi, pour renforcer
sa pensée il dira : « Il ne suffit pas de postuler l’unité du discours et l’unité de l’être : il faut
montrer la possibilité d’un discours un qui saisisse l’unité de l’être dans la multiplicité de
ce qui est ; et on ne montrera cette possibilité qu’en la réalisant »3.

Pour le philosophe la réalité ne peut être réfléchie que dans le tout du discours, le tout du
langage. Toute la réalité a pour réfèrent l’individu, l’homme, et se manifeste via le langage,
le discours, sous deux « possibilités » : la raison et la violence. C’est à dire pour Éric Weil,
« l’homme peut choisir entre la raison et la non raison » 4 . Éric Weil se soucie de
comprendre l’homme pour penser la réalité. C’est en ce sens qu’il écrit : « la philosophie
peut se définir comme la réflexion de la réalité dans l’homme réel »5.

La pratique de la philosophie d’Éric Weil a pour tâche fondamentale de comprendre la


violence contenue dans les différents discours et de contribuer à la résoudre dans
l’alternative d’un monde d’espoir et non de peur, d’unité et non de division. Penser
aujourd’hui avec Éric Weil n’est pas réactualiser ou réadapter sa philosophie, car elle émane
du plus haut sommet de l’être et surplombe tous les temps et tous les lieux. Elle est un

1 2
E. Weil, Logique de la philosophie, Paris, Vrin, 1996, p.420.
2
Ibidem. P.41.
3
Ibid.p34.
4
Ibid.p56.
5
E. Weil, Philosophie et Réalité, Paris, Gallimard, 1976, p13.
moyen d’appréhender le rapport entre la liberté de l’individu et la systématicité du discours
enfin, c’est comprendre la diversité des discours philosophiques et celle de la remise en
cause de l’idée de vérité. Avec Éric Weil, la mondialisation d’aujourd’hui pourra être
comprise non pas comme homogénéisation mais comme richesse, diversité et que tout
discours comporte comme le dit Gilbert Kirscher :

« Une part d’arbitraire qui le constitue. Le choix libre du discours demeure un choix
déterminé d’un discours particulier. Tout discours comporte une tâche aveugle, une cécité
partielle qui le caractérise, une méconnaissance qui l’institue ». 6 Elle est pour le monde
lumière et pour l’esprit et l’âme source intarissable d’inspiration, de bonne conduite dans le
seul but d’apaiser la terreur, d’humaniser le monde, de promouvoir le « vivre ensemble » et
l’acceptation de tous.

Avec Éric Weil, une réflexion libre et raisonnable ouvre la voie sur l’actualité historique et
tente de mettre en dialogue la modernité et la violence. Ce qui est aujourd’hui la réalité pour
le philosophe pour la raison raisonnable, c’est essentiellement le discours de la violence qui
sévit et s’exporte dans tous les domaines de la vie.

En effet, il serait légitime de voir les réalités qui assaillent notre temps et qui constituent
les enjeux de la géopolitique. Face à la montée du terrorisme international, Daech avec l’état
islamique en Orient, Boko Haram en Afrique de l’ouest, l’horreur a monté d’un cran et a
cristallisé notre vie quotidienne. En plus de l’émergence aussi des partis populistes avec
l’extrême droite partout en Europe, du repli identitaire, du sexisme, de la crise migratoire, du
racisme, de la xénophobie (la récente loi anti-immigration de Donald Trump interdisant sept
pays (Irak, Iran, Libye Somalie, Soudan, Syrie, et Yémen) à dominance musulmane l’entrée
aux Etats Unis), de la mondialisation sauvage et violente (limites du capitalisme avec la crise
économique et financière depuis 2008), l’humaine condition semble fléchir au détriment des
désirs et instincts égoïstes. Egalement il y’a les guerres idéologiques qui nous rappellent le
syndrome de la guerre froide et de la coexistence pacifique entre les USA et la Russie par états
interposés qui, aujourd’hui se prouvent sur le terrain par la guerre en Syrie, les essais
nucléaires et tirs de missiles balistiques de la Corée du nord et de l’Iran, qui plus est les effets
plus que néfastes de la cybercriminalité et la continuation de la politique de colonisation des
terres palestiniennes à Jérusalem Est, ont fait que notre monde semble au plus profond de ses
racines secoué et menacé. C’est tout le sens des propos de Gramsci, lorsqu’il disait que : « le

6 3
G. Kirscher, Figure de la violence et de la modernité essais sur la philosophie d’Éric Weil, Lille, Presse
Universitaire de Lille, 1992, p39.
vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les
monstres ».7

Notre monde, ne semble- t-il pas hanté par les monstres ? Ne vivons-nous pas sous la peur
omniprésente et la violence permanente ? Ainsi, comme le dit Gilbert Kirscher

«La philosophie d’Éric Weil n’est- elle préoccupée que de cette autre, de cette violence à
laquelle elle se refuse, de cette violence qu’elle sait ne pas pouvoir réfuter ni même éduquer,
de cette liberté qui ignore l’autorité de la raison et qui peut être s’ignore elle- même». 8

Contrairement à Marx qui considère la lutte des classes comme le moteur de l’histoire, Éric
Weil prône la non-violence et la considère comme la fin de l’histoire. C’est ce qui justifie ses
propos « La fin de l’histoire, c’est la fin de l’oppression qui empêche les hommes de se sentir
ouverts pour ce qui est en droit d’humanité, toujours à leur disposition» 9. Et Kirscher de faire
écho dans la même œuvre : « la fin de l’histoire ce n’est pas à l’action mais à la violence» 10 .

Parler de géopolitique revient tout simplement à se retrouver sur le terrain de la politique


internationale en général, entre bloc de pays et des relations entre Etats particulièrement.

En effet, s’il n’y a pour Éric Weil que « le langage et que tout naît dans le langage » 11 la
géopolitique doit être prise et comprise dans et par le langage et de l’agir des hommes. Car pour
lui, parler a une connotation particulière, « parler renvoie à la praxis » 12 . La définition d’Éric
Weil de l’homme comme étant un « animal doté de langage et de langage raisonnable » 13
constitue le mode opératoire sur lequel tout découle : la raison, et sa face contraire : la déraison.
Á ce propos, il dira

« Le philosophe bon gré mal gré, s’il ne veut pas renoncer à la philosophie, au
mouvement du discours, doit en tirer la conclusion, et elle dit que l’homme choisit
librement la raison, librement donc sans la raison» 14 .

7 4
A. Gramsci, Cahiers de prison, Paris, Gallimard.
8
G. Kirscher, op.cit., p33.
9
E. Weil, Logique de la philosophie, op.cit., p175.
10
G. Kirscher, op.cit., p.20.
11
E. Weil, op.cit., p.420.
12
E. Weil, op.cit.p.43.
13
E. Weil, op.cit.p.3.
14
E. Weil, op.cit.p.18.
Ainsi, tous les maux qui gangrènent notre société, aux yeux d’Éric Weil, proviendraient du
discours dans son rapport trahi par les passions sur la raison. En ce sens il écrit :

« Il faut que le monde des hommes soit tel que, la passion n’y ait pas de place, que la
négativité et le désir contribuent à conduire une forme de vie dans laquelle l’homme,
les hommes soient à l’ abri de la violence, que leur caractère soit formé ou transformé
de telle manière que l’individu ne soit pas poussé vers la passion, mais vers la
raison »15.

Éric Weil, philosophe du XX siècle, témoin des violences du nazisme met en doute la pensée
du maître Hegel qui écrivait : « tout résulte de l’idée» 16 ; en même temps, aussi affirmait
dans la Raison dans l’histoire que : « la raison gouverne le monde »17.

De ce point de vue, Éric Weil semble de plus en plus se détacher du maître, mais s’en rapproche
dans son intention de s’approprier de sa pensée, pour penser le tout et accéder à son achèvement.

Par conséquent, la pensée d’Éric Weil, nous permettra de mettre en corrélation l’avènement de
la violence (qui a comme corollaire le refus du dialogue) ; à différentes échelles tout en
inscrivant la cohérence du discours dans l’espace du langage et de sa négativité dans la création.

Ainsi, pour Éric Weil, cette violence qui se présente en chacun de nous est ce qui nous empêche
de jouir de notre pleine humanité, en ce sens qu’il faut offrir à tout individu cette possibilité de
développer les virtualités de l’excellence humaine. C’est dans cet ordre d’idées qu’il nous
apprendra que : « Les hommes ne disposent pas de la raison et du langage seulement pour en
disposer, mais pour jouir pleinement de leur humanité » 18 . Á la différence de Hegel qui
considère que même la violence est « une ruse de la raison » 19, Éric Weil, lui, la considère
comme une « possibilité irréductible de la liberté» 20 qui peut être parfaitement sourde aux
arguments de la raison. Il s’en suivra alors un perpétuel travail du philosophe consistant à
combattre cette violence latente, et veilleuse en nous et dont nous ne pouvons, nous séparer à
cause de nos désirs personnels, nos penchants égoïstes, bref de notre animalité. C’est ce qui
amène Spinoza dans son Ethique à écrire : « L’envie et la jalousie étaient les principales

15 5
E. Weil, op.cit., p.20.
16
G.W.F. Hegel, Science de la logique.
17
G.W.F. Hegel, Raison dans l’histoire, trad. Inédite et présentation par Laurent Gallois, Paris, Points.p.59.
18
E. Weil, op.cit., p.5.
19
G.W.F. Hegel, op.cit.,
20
E. Weil, op .cit.p.57.
affections naturelles qui déterminent le comportement de l’homme lorsque celui- ci ne vit pas
sous la conduite de la raison» 21.

Dans ce même ordre d’idée Sigmund Freud reprend l’idée sous d’autres termes lorsqu’il
affirmait que : « Les manifestations de l’inconscient poussent l’individu à agir pour supprimer
un état de tension organique » 22 . Ainsi, il dira plus loin que « les pulsions tendent à
l’autodestruction, l’agressivité et représentent une menace pour la civilisation» 23.

Cependant, nous constatons que la violence comme la non-violence demeurent une résultante
du discours. Par conséquent, elles sont la source des foyers de tensions partout dans le monde.
Mais, si toutefois la violence résulte du discours, alors la considérons-nous comme une fatalité ?
Éric Weil répond, non sans raison, que :

« La tâche de la philosophie actuelle est de comprendre systématiquement les discours


philosophiques, de situer la philosophie dans l’horizon du langage et lui tracer le parcours
dans son développement discursif, en vue du discours absolument cohérent et raisonnable » 24.

Seulement, le philosophe se trouve contraint d’user de la violence face à des gens qui ont choisi
le discours de la violence et en cela demeurent une menace pour la paix sociétale. Ceux-là,
pour Éric Weil ne sont pas des hommes, des vrais hommes dans la mesure où la seule issue
possible pour renouer au contact est la violence. C’est ce qui légitime ces propos de Weil : « la
violence est la seule manière d’établir un contact avec eux et c’est pourquoi ils ne sont pas des
hommes » 25. L’exemple de la Gambie en est l’illustration la plus plausible.

Aussi faudra-t-il légitimer l’usage dogmatique du discours par le philosophe ou par n’importe
quelle tierce personne. Éric Weil, dans ce cas, s’inscrit logiquement dans la continuation de la
théorie Wébérienne qui défend que la violence au sens de contrainte physique reste constitutive
de l’Etat. Alors légitimer la violence au nom de la raison d’Etat, n’est-ce pas une façon de
donner libre cours à ce fléau dans l’histoire, précisément en ce qu’elle nous a toujours enseigné.

21 6
B. Spinoza, Ethique, Paris, Seuil, 2014.p.720.
22
S. Freud, Essais de psychanalyse, Paris, Petite bibliothèque, Payot.
23
S. Freud, ibid.
24
Francis Guibal "Langage, discours, réalité : Le sens de la
Philosophie selon Éric Weil."
Laval théologique et
Philosophique
683 (2012): 593–617. DOI : 10.7202/1015257ar

25
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit., p.25.
Face à tout ce que la violence commet d’irréparable lorsqu’elle devient la possibilité légitime
de la politique, il serait très difficile voire impossible d’apaiser les cœurs ou de renouer au
dialogue en vue d’une quelconque réconciliation. Le cas de la Côte d’Ivoire, de la Syrie de
Bachar Al Hassad et du conflit Israélo-Palestinien n’ont pas encore fini de nous en édifier.

Par conséquent, tout acte de violence, surtout s’il est le fait de l’Etat, doit être reconnu d’avance
comme un échec de l’action politique en vue de contrôler les situations conflictuelles sans pour
autant recourir à la violence. C’est tout le sens des propos de Gilbert Kirscher : « Le philosophe
reconnaît qu’il ne peut prétendre avoir raison devant la violence, contre la violence de la
violence pour autant qu’il a raison aux yeux de l’homme violent » 26.

Le fait même de n’avoir pas pu résoudre un conflit autrement que par la violence montre une
attitude de rejet du discours et du dialogue dans la société au même titre que dans le concert des
nations. Aussi, devant l’impossibilité de recourir à la violence, le problème n’est pas de se
justifier, mais de trouver l’autre possibilité non violente, d’éviter qu’une telle situation se
renouvelle. En ce sens Éric Weil nous enseigne que la question de la violence est la question
première de la philosophie et il n’y a d’autre réponse à cette question que la non- violence. C’est
la raison pour laquelle il soutient dans son œuvre Logique de la philosophie : « la non- violence
est le point de départ comme le but final de la philosophie » 27.

D’ailleurs, cette non-violence que prône Éric Weil ne se rapproche-t-elle pas de la loi morale
qui, chez Kant, n’est bonne que par elle-même ? Décidément, gardons-nous de les comparer,
car la non-violence, sous un certain angle, est mue par le calcul, celui de garder sa vie sauve (la
dialectique du maître et de l’esclave, en est une illustration). En effet, l’esclave, sentant sa vie
menacée, opte pour la non-violence et se soumet. Par contre, selon Kant, la raison nous fait
découvrir qu’il existe en nous une autre loi que celle entachée de calcul, c’est la loi morale.
Cette loi anéantit les prétentions du calcul et les exigences de l’égoïsme. Cependant, si pour
Kant, la volonté ne doit être déterminée que par la loi morale, il appert que pour Éric Weil,
l’inclination naturelle de l’homme, sa possibilité première est de déterminer sa volonté par la
violence.

Dès lors, il appartiendra donc au philosophe de reconvertir sa première possibilité (la violence)
comme le prisonnier de La République de Platon qui s’est échappé de la caverne, reconvertissait
sa vue pour ainsi contempler la pure vérité et délibérait par sa propre lumière naturelle (la

26 7
G. Kirscher, op.cit.p.34.
27
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.p.59.
raison). Pour ce faire, il faut s’inscrire sur une logique d’éducation des individus, de la société,
des gouvernants à pouvoir s’élever au-dessus de nos inclinations égoïstes et nos penchants
partisans. Mais, nous devons aussi penser à promouvoir le vivre ensemble dans ce que Simeone
Weil appelle « un milieu humain 28», c’est-à-dire une communauté, une société où tous les
membres partagent les mêmes valeurs et les mêmes convictions. L’urgence de notre temps n’est
plus le repli sur soi comme le prône Donald Trump dans son célèbre slogan : l’Amérique
d’abord ou la sortie dans l’union européenne de la Grande Bretagne. Mais, elle épouse les
propos du premier ministre canadien Justin Trudeau, le 29 janvier 2017 passé, suite à l’attentat
perpétré dans une mosquée de Québec. Á cette occasion, il affirmait que : « nous devons
répondre à l’horreur par l’amour et la compassion ». Martin Luther King n’avait – il pas raison,
lors d’une marche pacifique, le 7 mars 1965 à Alabama contre l’oppression dont sont victimes
les noirs, de dire que : « là où il n’y a pas d’échanges et de dialogues c’est la violence et la
terreur qui s’installent »

B PROBLEMATIQUE

De nos jours, notre monde se trouve aux antipodes des valeurs qui nous lient, car les relations
internationales sont de plus en plus biaisées par les intérêts privés au langage dogmatique.
Certes, il serait illusoire de croire vivre dans un monde sans violence. Toutefois cela ne
constitue pas une échappatoire pour légitimer la violence. L’enjeu se trouve ailleurs : à savoir
comment penser une géopolitique mondiale où les rapports entre les différents protagonistes
que sont individus, sociétés, ou nations restent soumis à la prédominance de la raison et de
l’action raisonnable ? Doit-on choisir le dialogue si l’on récuse la violence ou bien doit-on se
préoccuper de vaincre celui qui fait usage de la violence ? Comment faire pour concilier d’une
part le refus de la violence, la différence des opinions, et d’autre part la réalité de fait du
désaccord et le désir de paix ?

Par ailleurs, si nous sommes contraints de vivre ensemble sous le sceau de la mondialisation,
se ferait-elle par la discussion ou signifierait-elle l’imposition violente d’un discours
particulier ? Enfin, le dialogue ainsi que la non-violence sont-ils les seuls antidotes pour
l’éradication de la violence ?

Partant de ces questions, il nous serait loisible de nous intéresser sur les différents discours par
lesquels s’exprime la géopolitique de nos jours. Dans ce point, nous étudierons l’hégémonie du
capitaliste dans les relations internationales, le langage du calcul des pays émergents et le

28 8
S. Weil Semeone : Oppression et liberté, Paris, Gallimard, 1955.
discours subordonné des pays pauvres. Il s’agit ici de montrer que la géopolitique ne se dit pas
en un seul discours, mais en une pluralité de discours quand bien même domine celui des
grandes puissances. Ensuite, il nous faut élucider comment transformer ces différents discours
en un discours unique raisonnable capable d’instaurer une paix durable. Et, nous dirons les
fondements d’un dialogue raisonnable. Enfin, avec Éric Weil nous traiterons des différentes
alternatives pour vaincre la violence dans l’espace géopolitique.

Clarifier ces équations équivaudrait à s’approprier du concept Weilien de langage et à l’inscrire


dans la géopolitique. Ainsi nous comprendrons la pluralité de la réalité, dans les possibilités de
l’être.

II DEVELOPPEMENT ET ARGUMENTATION

Le philosopher d’Éric Weil se caractérise par la volonté d’exposer de la façon la plus critique
les problèmes du monde de notre temps. Si, pour le professeur Sémou Pathé Gueye la
philosophie a pour définition de nous élucider sur les grands problèmes du monde et sur celle
de la destinée humaine ; celle d’Éric Weil s’est totalement et entièrement développée tout en
apportant des alternatives aux opaques fléaux auxquels sont confrontés le monde d’aujourd’hui.
Mais Éric Weil ne se limite pas aux grands problèmes du monde, il met en garde l’humanité
sur les dérives de la raison qui dès fois peut déchoir et porter préjudice à tous. C’est tout le sens
de ces propos : « le philosophe a peur, non pas de l’homme, ni de la mort, mais de ce qui n’est
pas raison et dont il est, condamné à vivre avec» 29 .

Ce dont qui n’est pas raison, est aux yeux d’Éric Weil : violence ou déraison. C’est pourquoi il
soutenait dans sa Logique « il est essentiellement raison et langage raisonnable, tout en étant
toujours au-dessous du niveau de la raison. Bien plus et bien pis » 30 . Cette violence pour
Kirscher est : « le refus du discours et de la raison, le refus de la compréhension et de la
communication selon le langage informé par la raison, le refus de la communication humaine
médiatisée selon l’exigence de la vérité » 31 . Et Mariama Ba de renchérir en disant : « Et
pourtant, l’homme se prend une créature supérieure. A quoi lui sert son intelligence ? Son
intelligence enfante aussi bien le bien que le mal, plus souvent le mal que le bien » 32. Cette
violence s’est déchainée et va crescendo là où même surgissent les plus hautes élaborations
discursives de la raison. C’est dans ce sillage que le professeur Djibril Samb affirmait : « En

29 9
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.19.
30
E. Weil, op.cit.p5.
31
G. Kirscher, op.cit.p.39.
32
M. Ba, Une si longue lettre, Dakar, Les Nouvelles Editions Africaines, 2OO9,p.164.
quelques décennies, des penseurs intellectuellement très limités ont proposé successivement le
paradigme de « fin de l’histoire » et celui du « choc des civilisations » 33 ; « comme pour
transformer la planète sous un ordre impérial, visant irrémédiablement à faire développer un
mondialisme puissant et dominateur, porteur de conflits »34. Ainsi, il va sans doute remettre en
cause la confiance portée en la raison, car ces deux paradigmes doivent être passés sous une
critique sans complaisance. Celle-ci sera repensée, conçue et enracinée dans les valeurs
humaines que sont : ouverture, tolérance solidarité et respect. En ce sens, il faut distinguer la
raison rationnelle de la raison raisonnable chez Éric Weil. Cette intention à rester raisonnable
est cette force qui amène toujours l’homme à maîtriser, à dominer ses aspirations, ses instincts
bestiaux dans le but de faire promouvoir la pleine humanité. Par contre, la raison rationnelle,
plus connue aujourd’hui sous le vocable de « raison instrumentale », est cette faculté, propre à
l’homme, qui lui permet de dominer la nature et d’être « maître et possesseur de la nature» 35 ,
de la transformer et de se distinguer des autres animaux. C’est ce phénomène qui nous mène
vers le scientisme, la toute-puissance de la science étendue à l’ensemble de la planète et
caractéristique principale de celle-ci. En effet, le monde que nous dépeint la géopolitique laisse
apparaître rarement une image fidèle de la réalité. La violence a pris de nouvelles formes et
s’est répandue dans toutes les sphères étatiques en rapport avec la mondialisation, sans compter
son lot de corollaires. C’est ce qui justifie les propos du professeur Samb :

« Face à la mondialisation, les cultures sont, en effet, inégales. L’espoir est symétrique au
désespoir, la richesse à la pauvreté, et la défiance se dessine plus aisément que la confiance. Il
se trouve, en outre que les plus forts, c’est-à-dire les plus riches, non seulement plus insatiables
à mesure qu’ils s’enrichissent davantage, mais encore_ et ces là pis_ veulent imposer leurs
propres cultures au reste du monde » 36.

Ainsi, il est à constater que tous les pays, sous le seuil de la pauvreté, subissent de manière
violente des politiques étrangères qui ne garantissent pas leur développement. Aussi, il nous
semble intéressent d’énoncer ici l’exemple de la coopération entre la France et ses anciennes
colonies. Elle est basée essentiellement sur un faux discours qui ne scande que le profit, l’intérêt
et le gain. La géopolitique se fait de façon équitable avec des pays qui ont le même niveau de
développement, mais d’une manière différente avec des pays inférieurement dominés. Tous les

33 10
D. Samb, «mondialisation et rencontre des cultures : le dialogue est-il possible ? », colloque juin 2002,
alliance franco-sénégalais de Saint Louis et AE/UFR-LSH/UCB, Saint Louis 2002
34
D. Samb, Ibid.
35
R. Descartes, Discours de la méthode
36
D. Samb, Ibid.,
foyers de tension dans le monde sont souvent la conséquence de rivalités et de profits entre
différentes puissances : nationale, bilatérale, multilatérales, etc. Les guerres en Irak, en Syrie,
au Congo, au Mali sont des exemples plausibles. Cette géopolitique est soutenue par
l’expression des pays forts et le suivisme des nations faibles. Ainsi elle est la face actuelle de
la politique internationale. Dans cette situation, les Etats deviennent des « loups pour les états »
C’est ce qui explique ces propos d’Éric Weil :

« La violence a été et est encore la cause motrice de l’histoire et néanmoins la conscience


politique cherche le progrès vers l’élimination de la violence, élimination qui est sa cause
finale » 37.

De ce fait, penser la violence chez Éric Weil aujourd’hui, c’est arriver à promouvoir une
géopolitique où « [elle] aurait disparu, aurait été écartée par l’homme agissant
raisonnablement selon le discours portant sur la violence » 38. Ainsi, dans le but d’humaniser
les relations internationales, Éric Weil innove en insérant la morale dans la politique. Cette
morale ne dédouane l’individu non pas à s’écarter du monde mais plutôt à assumer les lourdes
responsabilités et risques de son action. Pour Éric Weil, il faut fixer à la politique la fin à
réaliser. Ce but, Éric Weil le voit dans la constitution d’une société mondiale où resteront
rassemblées les conditions de la « satisfaction de l’homme dans et par la reconnaissance de
tous et de chacun par tous et par chacun» 39 . La pensée d’Éric Weil n’exclut aucun pays,
aucune personne ; elle reconnaît tout le monde dans sa particularité, dans sa minorité et dans
le respect de sa dignité. Les pays développés peuvent dialoguer avec les pays pauvres de façon
équitable sans aucune tentative d’exploitation. Les minorités seront reconnues, jouiront
totalement de tous leurs droits et la raison raisonnable sera le critère de mesure de la bonne
action mais non pas celle instrumentale porteuse de conflit et de profit surtout. C’est la raison
pour laquelle Kant soutient que :

« l’homme est destiné par sa raison à former une société, à se cultiver, à se civiliser et à se
moraliser par l’art et par les sciences ;aussi fort que soit son penchant animal à s’abandonner
passivement aux attraits du confort et du bien- être ; qu’il appelle félicité ;sa raison le destine
au contraire à se rendre digne de l’humanité dans l’actif combat contre les obstacles qu’
oppose la grossièreté de sa nature » 40.

37 11
E. Weil, Philosophie politique, Paris, Vrin, 1956, pp.232.234.
38
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.p.85.
39
E. Weil, Hegel et l’Etat, Paris, Vrin, 1950, p.109.
40
E. Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, paris, Vrin, 1964.p.165.
Ce n’est qu’en ce moment que la pleine humanité aura triomphée et que l’histoire se réalisera.
Le mal de la géopolitique mondiale d’aujourd’hui est le caractère violent du langage des
politiques. C’est tout le sens des propos de Gilbert kirscher :

« Il y’a politique parce qu’il y’a violence. La politique est le lieu éminent de la lutte, elle-même
violente de la raison contre la violence. La politique raisonnable sera celle qui le sait et qui
veut, en connaissance de cause que la violence soit réduite et que la raison, comme refus de la
violence puisse gouverner» 41 .

Les échanges de propos violents entre le président Américain Donald Trump et ses homologues
Nord-Coréen Kim Jong-Un et Iranien Hassan Rohani, lors de la dernière session ordinaire de
l’organisation des nations unies (ONU) à Washington aux USA, n’ont pas encore fini de nous
en élucider. Ce mal ne se limite pas aux discours mais s’étend aux actes qui effraient toute
l’humanité et qui semblent augurer d’une troisième guerre mondiale : ce sont les tirs de missiles
balistiques et les essais nucléaires de la Corée du Nord et de l’Iran, entre autres. Encore une
fois, le problème de la géopolitique s’exprime par une politique nationaliste caractérisée par
une scission d’union d’états ou de nations simples qui déjà s’est opérée en Angleterre avec le
Brexit, en Espagne avec la Catalogne, en Afrique, avec le Nord et Sud-ouest camerounais, au
Nigeria dans la région du Biafra, au Maroc avec le front Polisario, au Sénégal, la Casamance et
le Soudan du Sud, en Asie, l’Irak et les Kurdes, etc.

En plus, nous ne pouvons ne pas citer les scandales financiers avec les « Panama papers » de
Mossack Fonseca qui ne font que nous révéler l’enrichissement illicite de certains élites et
dirigeants africains , au moment où la majeur partie des populations vive en deçà du seuil de
pauvreté ; sans oublier la prolifération d’armes légères qui, à chaque fois occasionne des
fusillades surtout aux USA dont , la dernière s’est soldée avec un lourd bilan plus de cinquante-
deux tués et de cinq cents blessés à Las Vegas. De plus, avec le génocide des Rohingyas de la
Birmanie, les attaques terroristes répétitives en France, Belgique, Allemagne, en Syrie, Irak, au
Mali, Burkina Faso, Nigeria, Côte- d’ivoire, Egypte, Niger et en Somali récemment avec plus
de trois cents morts et des milliers de blessés, partout dans le monde soit par l’Etat Islamique
DAESCH ou Bokou Haram.

Aussi, le problème de l’immigration vient aggraver la situation. Chaque année, ce sont des
milliers de morts recensés : à Gibraltar 3286 cadavres ont été repêchés entre 1989 et 2001,
l’Italie dénombre officiellement 1000 morts par an. Ce fléau a occasionné aujourd’hui un

41 12
G. Kirscher, op.cit.p.29.
phénomène nouveau à savoir le retour de la traite des noirs en Libye avec des marchés
d’esclaves. Tout ceci est la conséquence des politiques des grandes puissances comme la France
les USA et la Grande Bretagne qui usent de ce qu’on pourrait appeler le droit d’ingérence
humanitaire. Celui-ci ne signifie rien d’autre que l’intervention des grandes puissances ou de
la communauté internationale dans un pays étranger qui massacre ses citoyens. C’est le cas de
la Libye avec Kadhafi lors des printemps arabes, de l’Irak avec Saddam Hussein ainsi que du
Mali, lorsque les djihadiss d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ont menacé de prendre la
capitale Bamako. En ce sens l’auteur de l’œuvre « La démocratie au péril des valeurs » Jean
Gliniasty ancien ambassadeur au Sénégal considère ce droit d’ingérence humanitaire comme
un frein à la promotion de la démocratie. Par le biais de ce droit elles sont intervenues en Lybie
pour tuer Kadhafi et installer le chaos que toute l’Afrique de l’Ouest, les Etats sahéliens et
l’ensemble du monde sont en train de subir. Le terrorisme a monté d’un cran, le peuple Libyen
qui jadis vivait dans une stabilité notoire est déchiré par des guerres confessionnelles et
ethniques. Le pays est devenu la proie des brigands. Grace à l’immigration, ces derniers
exercent le commerce lucratif des esclaves et sèment la terreur. C’est pourquoi il faut fixer à la
politique un but à réaliser, affaire qu’Éric Weil énonce dans Hegel et l’Etat: « satisfaction de
l’homme dans et par la reconnaissance de tous et de chacun par tous et pour chacun » 42.

Cependant, c’est comme si, la mondialisation accélère la migration. C’est la raison pour laquelle
elle est particulièrement devenue un sujet politique de discussion et d’enjeu majeur de
développement et de relation internationale. Il serait inimaginable de voir des pays subsahariens
acceptaient des plans d’aide dans le but uniquement de retenir leurs concitoyens chez eux. Les
frontières sont très difficiles à percer à cause des politiques d’expulsion et de la peur de l’autre,
l’exotisme. Ils sont allés même jusqu’à sanctionner ceux qui aident les réfugiés ou les immigrés.
En France le procès de l’agriculteur Cédric Herron accusé de délit de solidarité, jugé le 19 juin
2017 devant la cour d’Aix -en Provence est un bel exemple. Cependant, il est à constater que
ce problème ne fait réagir personne, car ce ne sont que des hommes de couleurs qui y périssent,
l’opinion internationale, non seulement ne s’en alarme guère ; mais plutôt adopte la politique
du « laisser-mourir » dans le but uniquement de pouvoir les dissuader, les décourager. Et
pourtant, l’union européenne comme les Etats Unis, s’ils avaient la volonté politique, allaient
trouver des alternatives adéquates, quoique toujours manifestaient la bienvenue aux bons
cerveaux bien formés ou aux talents impressionnants. Bref le mal est à tous les niveaux de la
vie sociale, politique, économique, culturelle, environnementale, du savoir et même des

42 13
E. Weil, Hegel et l’Etat, op.cit., p.109.
relations entre Etats, à l’échelle mondiale. Angoissante et désolante que puisse être la situation,
nous ne perdons jamais de vue le défi, l’urgence et la lourde tâche que nous devons relever, à
savoir : saisir et comprendre « ce qui est ». Il ne s’agit pas là de développer une théorie de l’être
ou une ontologie ni une philosophie transcendantale à la manière de Kant, ou Aristote mais
plutôt de comprendre avec Éric Weil la source de cette violence en l’homme tout en l’insérant
et le basant sur le discours, le langage et sa face contraire par lesquelles tout prend source. Ainsi,
Gilbert Kirscher, toujours à propos du discours, renchérit en écrivant: « Aucun discours ne peut
se justifier absolument. S’il le pouvait, ce serait au prix de la négation absolue de la liberté.
Pour l’individu fini et libre un tel discours n’aurait plus aucun sens, il ne permettrait
aucunement d’orienter l’homme » 43.

Cela, pour dire que les relations internationales ne sont raisonnables que lorsqu’elles découlent
d’un discours raisonnable et cohérent ; lequel portera l’universel et la totalité dans ses
différentes contradictions. Voilà pourquoi Éric Weil affirme : « Le discours absolument
cohérent de l’homme universel (qui s’est universalisé dans et par son histoire) embrasse la
totalité des contradictions, et toute violence concrète possède un sens par la raison qui s’est
développé elle-même » 44.

C’est, ce discours raisonnable qui fonde l’humanité à en croire Gilbert Kirscher des lorsqu’il
écrit : « Il y’a chez Éric Weil une volonté de ne pas mal user du langage, de le respecter comme
le milieu en lequel et par lequel se constitue la communauté humaine » 45. Par conséquent, il est
à constater que la géopolitique, les relations internationales ne peuvent échapper à la
contradiction, et sans laquelle comme le dit Éric Weil « L’existence est, ou bien animale ou
divine » 46 . En plus de la contradiction, la géopolitique et les relations internationales sont
caractérisées par la violence qui, loin d’être exclue, nous habite et ne nous quitte jamais, mais
nécessite d’être orientée, guidée et même éduquée sans quoi l’humanité sombrera dans une
incertitude totale. Á ces maux, Éric Weil oppose une alternative sans commune mesure à
savoir : se réapproprier du réel, de ce qui est tout en le repensant dans le monde tel qu’il nous
est présenté. Pour ce faire, il inscrit la violence dans le discours insatisfait, insaisissable, et
inachevé de l’homme dans une géopolitique ou il ne cessera jamais de se mouvoir dans les
contradictions et où il tentera de se faire raisonnable, car pour Éric Weil « Rien ne dépend de

43 14
G. Kirscher, op.cit.,p.p.40.
44
E. Weil, op.cit., p.54.
45
G. Kirscher, op.cit., pp.18.19.
46
E. Weil, op., cit.p.46.
lui (l’homme) sauf de vouloir et de se décider raisonnable » 47. L’homme peut transcender son
être, son animalité pour ne rester que raison, car c’est un animal « doté de langage raisonnable»
48
qui lui donne la possibilité de choisir soit la violence soit la raison. C’est pourquoi Éric Weil
affirme dans la Logique de la Philosophie :

« Toute l’activité de l’intelligence, de sa raison n’est que l’entreprise de s’orienter dans le


monde du donné, activité toujours certaine de son succès.(….).Ramener la réalité à la
possibilité à comprendre ce qui est et ce qu’est l’homme par ce qui pourrait être et n’est
pas, découvrir la nécessite non dans la nature telle qu’elle est en elle-même, mais telle qu’elle
apparaît dans et par le regard de l’homme en faisant la certitude inébranlable sur la conscience
immédiate de l’action et de la responsabilité de l’action voulue» 49 .

En somme, pour pacifier le monde tout en demeurant dans une géopolitique raisonnable,
humanisante et saine nous devons promouvoir la mondialisation de la diversité considérée
comme un rendez-vous du « donner et du recevoir » et éviter comme le dit le pape François « la
mondialisation de l’indifférence » du discours qui exclut et qui divise. C’est pourquoi Kirscher
disait : « Le discours ne lui sert pas à exclure mais à lier, dans le dialogue d’un lieu qui soit
celui de la liberté » 50.p19. Á la place de l’hospitalité, l’hypocrisie mondiale nous fait croire à
l’hostilité ; les murs par conséquent priment sur les ponts (Trump, le président des USA veut
construire un mur le long de la frontière Mexicaine). Nous devons choisir un monde d’espoir
et non de la peur, l’unité et non plus la division. C’est tout le sens des propos de Mariama Ba
dans une Si longue lettre :

« C’est de l’harmonie des hommes, dans la diversité admise, dans la promotion de la


démocratie partout dans le monde qu’émergent la pleine humanité, comme l’accord de
multiples instruments fait la symphonie agréable » 51.

De ce fait, il faut dans la géopolitique mondiale privilégier la force de l’argument raisonnable


et non l’argument de la force. En effet, le problème se trouve ailleurs à savoir si l’on doit
éradiquer de manière définitive la violence ou tout simplement neutraliser celui qui fait usage
de violence.

47 15
E. Weil, ibid., p.48.
48
E. Weil, ibid., p.3.
49
E. Weil, ibid., p.46.
50
G. Kirscher, op.cit.p.19.
51
B. Mariama, Une si longue lettre, op.cit.
Face à ce dilemme, force est de constater qu’il existe dans la nature de l’homme une inclination
à faire preuve de malveillance et c’est ce qui explique son comportement violent. Mais comme
l’écrit Éric Weil, cette violence est reconnue comme l’essence de l’individu, en tant que tel. Et
si l’homme parvient à comprendre et à transformer cette violence, il n’y aura plus d’opposition
entre violence et discours. Ainsi, la communauté des vrais hommes se trouve confuse et
menacée doublement, déjà par une violence venant de l’intérieur parce que portée par ceux qui
ont choisi dans la déraison, et celle de l’extérieur d’autres communautés dont la vie sociale est
basée sur un principe irrationnel. Pour parer à cette menace double la communauté des vrais
hommes, comme l’écrit Éric Weil, doit se constituer en Etat en se dotant : « d’une constitution
politique et militaire» 52 . Car selon Éric Weil, face à la violence même potentielle, les vrais
hommes n’ont qu’une possibilité, celui de se constituer en organisation socio-politique pour
contraindre les individus et les groupes qui : « refusent de se soumettre à la raison» 53 . Cette
organisation ne peut être que l’Etat dans le but d’essayer de rappeler à l’ordre ceux qui usent
gratuitement de la violence. Éric Weil dans cette perspective s’inscrit logiquement dans la
continuation de la conception Wébérienne de l’Etat, qui détient le monopole de la violence
légitime. C’est ce qui justifie ses propos sur l’Etat moderne qui est caractérisé par le fait qu’il
« détient le monopole de l’emploi de la violence » 54 , aussi il ajoutera : « Nul ne peut être
contraint, en quelque domaine que ce soit sinon par l’Etat» 55 . Á ce propos, Éric, Weil écrit
: « Le premier crime, le crime fondamental dans l’Etat moderne, est constitué par l’emploi de
la violence (même indirecte) par un individu à titre individuel » 56.Chez Éric Weil l’individu
est potentiellement violent parce qu’ambivalent et comme il nous le montre dans sa manière
de définir l’homme comme étant « animal doué de raison et de langage plus exactement de
langage raisonnable » 57.

Par ailleurs, la violence de l’Etat n’est ni partisane ni illégale ni même arbitraire, elle se justifie
simplement par une nécessité de ramener à la raison les hommes déraisonnables et violents. De
la même manière que l’Etat est appelé à régir la violence entre les citoyens, qu’il faut un Etat
mondial qui organiserait en une société universelle les relations entre les différents Etats
particuliers. Á ce propos, Éric Weil écrira dans Christianisme et Politique :

52 16
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.p.25.
53
E. Weil, op.cit.p.132.
54
E. Weil, Ibid., p.142.
55
E. Weil, Ibid., p.142.
56
E. Weil, Ibid., p.
57
E. Weil, Ibid., p.3.
« L’individu humain ne naît pas raisonnable il doit accéder à la raison qui n’est autre que
l’égalité universelle reconnue et consacrée. Celle-ci est le terme d’un progrès en quoi consiste
l’histoire : progrès « vers l’universel lequel n’est jamais donné, mais à chaque instant doit être
cherché dans la lutte contre ce qui s’y oppose » progrès vers la constitution d’un Etat « où la
liberté de chacun pourra coexister avec la liberté de tous » où « l’homme sera ce qu’il y’a sur
terre de plus grand pour l’homme » 58 .

Aux yeux d’Éric Weil, un tel Etat parfaitement rationnel doit être considéré selon toute
probabilité comme un idéal régulateur. C’est la raison pour laquelle dans Essais et conférences
il soutient que la :

« Nécessité d’un Etat mondial qui d’une part organise l’économie mondiale de la terre comme
unité et qui, de l’autre garantisse la plus grande liberté à tous les groupes ethniques définis par
la communauté de langue et de tradition culturelle, et à toutes les associations à l’intérieur des
nations, à moins qu’elles ne se tournent vers la violence » 59.

Pour prévenir l’irruption de la violence dans les Etats particuliers d’abord et enfin dans la
politique étrangère internationale, essentiellement basée sur le conflit et la défense d’intérêts
égoïstes et partisans, il nous faut promouvoir un Etat mondial raisonnable et régulateur qui
accepte et reconnaît tous les discours particuliers, qui à leur tour sont compris et convertis en
discours raisonnables. C’est dans cette perspective que l’humanité gagnerait à s’humaniser vers
un monde nouveau de fraternité et d’ouverture ou le profit n’est pas roi et dicte ses exigences.
Ainsi, la compréhension de l’ensemble des discours particuliers fait ce qu’on appelle la
positivité de l’être qui se reconnaît raisonnablement comme liberté. Cependant, l’homme a aussi
la possibilité de se fier à son individualité, de considérer son discours particulier, de lui donner
un sens, car il a la pleine liberté de choisir. Mais lorsque son choix porte sur la violence, lorsqu’il
opte pour la déraison, il sera malheureux, car étant incapable d’imposer sa vision aux autres.
C’est tout le sens de ses propos d’Éric Weil :

« Le philosophe veut que la violence disparaisse du monde. Il reconnaît le besoin, il admet le


désir, il convient que l’homme reste animal tout en étant raisonnable : ce qui importe, c’est
d’éliminer la violence. Il est légitime de désirer ce qui réduit la quantité de violence qui entre
dans la vie l’homme ; il est illégitime de désirer ce qui l’augmente » 60.

58 17
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.p.4.
59
Éric Weil, Essais et conférences, Tome I, II, Paris, Plon 1970/1971.p110.
60
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.p.20.
L’ambiguïté de l’être humain réside ainsi dans le fait qu’il est aussi bien capable de violence.
Mais l’humanité de l’individu n’est et ne peut être que dans l’option de la non-violence. Car le
langage de la violence n’accepte pas la discussion encore moins la contradiction. C’est un
discours unique qui supprime toute autre forme de discours, individuel et partiel qui impose
une certaine universalité et n’ayant connu aucun principe commun. Ce discours unique, dans
les relations internationales, est la cause de multiples conflits armés dans le monde. C’est un
discours dominateur qui impose sa vision du monde (l’occidentalisme que le monde est en train
de subir, l’exploitation sans précédent des pays pauvres, par les puissances occidentales
masquée par un simulacre de dialogue). Nous avons une idée de ce semblant de dialogue le 24
juillet 2016 lorsque la chaine de télévision de l’assemblée nationale française LCP, dans une de
ses émissions faisait des révélations sur le financement du groupe terroriste DAESH. Quand
Claude Goasguen avocat et homme politique français dit la vérité sur ce problème, les
journalistes qui l’interviewaient, étaient mal à l’aise. Voilà ces propos :

« Il n’y a aucun doute que le business du groupe terroriste islamique ISIS profite à de
nombreuses personnes souvent des dirigeants et que les médias sont complices, tout au moins
de ne pas enquêter honnêtement comme le feraient de réels journalistes. Oui, l’Europe, la
France, Obama soutiennent Al-Qaïda en Syrie ».

C’est pourquoi Éric Weil écrit : « Violence, en elle-même, est la négation de tous sens,
l’absurde pur, on tombera dans les conflits intérieurs les plus violents (et les plus évitables). Si
l’on se convainc qu’il suffit de parler de non-violence et de bonne vie dans la société ; on
sombrera dans la violence » 61. Ainsi, le philosophe se bat pour comprendre et interpréter les
actions de celui qui opte pour la violence, de chercher aussi à voir le sens de son agir afin de
mieux le saisir. Car l’individu violent ne se préoccupe guère de la cohérence du discours ou
même d’une vérité. Son discours s’écarte des principes communs et ne cherche pas à s’adhérer
des principes universels. De ce fait, la violence apparaît dans la géopolitique comme un obstacle
à l’intérieur des discours particuliers dans lesquels le discours raisonnable se doit de
comprendre avant qu’ils ne produisent des effets destructeurs. C’est dans ce sens qu’Éric Weil
écrit : « Tout discours philosophique montre que celui qui l’a formulé a été poussé par le
problème de la violence » 62. Et, pour Éric Weil la question de la violence dans le monde de
l’homme en quête de sens n’est pas une question philosophique parmi tant d’autres, mais la
question première de la philosophie. Et il n’y a d’autres réponses à cette question que la non-

61 18
E. Weil, Philosophie politique, op.cit.p.120.
62
E. Weil, Logique de la philosophie op.cit.p.1O9.
violence, qu’il considère encore une fois comme « le point de départ et le but final de la
philosophie » 63 .C’est pourquoi des mouvements comme celles de « women wage peace », qui
veut dire battre campagne pour la paix, devront être encouragés pour plus pacifier notre monde.
Ce mouvement est composé de femmes juives et musulmanes. Elles marchent chaque année
par milliers pour la paix. Son premier coup d’éclat est survenu le dix-neuf octobre 2016. Quand
une foule immense de femmes vêtues de blanc ont défilé pacifiquement devant la résidence du
premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. De toutes confessions et de tous bords
politiques, elles n’étaient là que pour une chose; réclamer la Paix. Mais hélas ! Le pacifisme
n’a pas la faveur des médias. Pourtant, cette initiative mériterait qu’on y regarde de plus près.
La paix (la vraie) s’obtient rarement par les armes. Pour un monde sans guerre, ni conflit, nous
n’avons rien à inventer de mieux que d’orienter notre géopolitique vers le respect, l’amour et
la tolérance. Fortes de ce constat, des milliers de femmes juives, musulmanes, chrétiennes et
athées ont décidé d’unir leur force dans un magique combat pour la paix en Israël et en
Palestine. Depuis, de nombreuses autres marches similaires ont été organisées un peu partout
en Israël, en Palestine et en Cisjordanie. L’objectif majeur est qu’un véritable dialogue
s’instaure entre les différentes parties en conflit. Une démarche apolitique qui, peu à peu prend
une véritable ampleur.

Aujourd’hui, les initiatives de paix sont nombreuses mais bizarrement on en entend très peu
parler. Comme si l’on préférait donner systématiquement la parole à ceux qui font le choix de
la guerre. Toutefois le recours à la violence n’est qu’un moyen pour venir à bout de la violence,
car c’est ce qui amène Éric Weil à écrire :

« Ce n’est pas que la philosophie refuse la violence absolument, loin de-là ; on soutiendrait
facilement qu’une philosophie qui se comprend comme compréhension et comme voie de
contentement recommande l’emploi de la violence parce qu’elle est amenée à constater qu’elle
doit se dresser contre la violence» 64 .

Sous ce rapport, avec Éric Weil, la violence est considérée comme un antidote à la violence.
C’est la raison pour laquelle Éric Weil se pose la question : « comment l’homme(le vrai homme)
irait-il vers le mal qu’est la contradiction» 65 . La réponse se trouve dans le fait de vouloir
rétablir l’ordre public, la paix dans la société. La grande différence qui existe entre Éric Weil
et les autres qui prônent la non-violence ; c’est que, pour Éric Weil la violence peut éliminer la

63 19
E. Weil, Ibid., p.59.
64
E. Weil, Ibid., p.58.
65
E. Weil, ibid,p136.
violence. C’est aussi ce qui légitime ces propos : « Quand on n’est pas du même avis, il faut se
mettre d’accord ou se battre (…) Si l’on ne veut pas de cette deuxième solution, il faut choisir
la première » 66 . Car en usant de la violence, le philosophe se méconnaît dans le discours
raisonnable. Il ne se connaîtra que lorsque cette violence sera anéantie et exclue du discours.
C’est toute l’importance de ces propos d’Éric Weil :

« Se prenant pour violent, il n’est pour le discours qu’un philosophe qui se méconnaît, mais qui
ne se méconnaîtra plus à partir du moment où ce qui le révoltait aura été supprimé ou modifié
et qu’il aura reçu satisfaction» 67 . Chez Éric Weil la violence est une disposition naturelle de
l’homme, inhérente en lui, même pour le philosophe. Mais, il lui incombe d’opposer à celle-ci
une lutte permanente pour tâcher toujours de la maîtriser et de la dominer. Ainsi, elle sera exclue
et contrôlée ; mais pas de manière définitive, car elle reviendra toujours contrer le discours, la
raison. Á ce propos Éric Weil écrit : « Seule la destruction du discours_ soit par le silence, soit
par le langage non cohérent_ correspond à la violence pure qui n’est pure qu’en connaissance
de cause » 68. L’incompréhension de la philosophie réside simplement dans cette possibilité de
la violence, considérée comme un problème.

Dès lors que la violence est une possibilité de l’être, elle peut être un moyen pour régler le
problème de la violence. Donc, penser aujourd’hui avec Éric Weil, c’est comprendre que
l’homme ne peut pas se cantonner dans une position figée. Car il se trouve dans des situations
contre lesquelles son choix même libre n’est pas raisonnable. Voulant écarter la violence il ne
cède pas à la violence. Celle- ci étant inhérente à l’homme, ne peut pas se départir de lui, car
le discours violent est « tenu, formé et élaboré par la violence» 69 . L’homme, pour Éric Weil
peut être « maître de la nature70 » sans pour autant être « affranchi de la violence naturelle et
humaine» 71 . Voilà pourquoi il urge de repenser les relations internationales ainsi que la
géopolitique avec la pensée d’Éric Weil dans une perspective de trouver une issue heureuse à
ces enjeux que sont : immigration, pauvreté, mondialisation, droit de l’homme, bonne
gouvernance, économie, etc. Avec Éric Weil il nous semble évident que ceux-ci trouvent leur
issue dans l’acceptation du principe de la diversité aujourd’hui rejeté. Celle-là est une manière
de décloisonner les consciences, de conjurer les peurs, confronter les idéaux, et, pour parler
comme l’auteur de l’Aventure Ambiguë Cheikh Hamidou Kane, hybrider les imaginations et ré-

66 20
E. Weil, Ibid.p.24.
67
E. Weil, Ibid.p.61.
68
E. Weil, Ibid.p.62.
69
E. Weil, Ibid.
70
R. Descartes
71
E. Weil, Ibid.p.59.
enchanter l’espérance en cultivant l’amour dans la solidarité. L’homme en choisissant la raison,
le discours est libre mais ne demeure définitivement dans ce choix-là. Il se voit offrir une autre
possibilité. Par conséquent, l’homme n’est pas définitivement discours. C’est ce qui fait que la
raison n’est pas une nécessité pour lui mais une possibilité. Donc, ni la raison ni la violence ne
relève de la nécessité, ne peut être non plus inéluctable, permanent mais simplement une
possibilité.

Par contre les principales critiques sur Éric Weil proviendraient du fait pour lui, que l’on
pourrait résoudre la violence par la violence tout en prônant la non-violence. C’est pourquoi
pour lui parmi les moyens susceptibles de ramener à la raison les hommes déraisonnables, il
n’en distingue que la persuasion, c’est-à-dire la discussion, le dialogue et la violence.
Cependant, dès lors que le dialogue n’aboutit pas à sa fin Éric Weil recommande l’utilisation
de la force pour exclure ces violents de la communauté des vrais hommes et les contraindre, car
ils ne peuvent entendre que le discours de la violence. Á ce propos il écrit dans Essais et
Conférences que : « c’est la fin qui justifie les moyens» 72. Éric Weil semble ne laisser aucune
place à une alternative non violente et ne comprend pas que toute action violente entreprise
pour régler le problème de la violence est un échec de la raison et de l’humanité. Comme John
Rawls à propos de l’économie, Éric Weil se trouve être sur le point de l’efficacité. Ce faisant,
il devrait privilégier la force de la raison dans l’action non violente, car la non-violence exige
l’action non violente. Si la non-violence appelle l’usage de la violence, elle devient une
alternative efficace pour faire plier l’homme violent mais elle ne résoudra en aucune manière
le problème, car il existerait toujours des hommes violents. Cependant dans le cadre de notre
réflexion la géopolitique d’aujourd’hui a plus que besoin d’une action raisonnable non violente
dans le discours et dans l’agir que de la violence vus les échecs des différentes interventions
armées des grandes puissances en Irak, Syrie, Libye et partout dans le monde.

III/ DIRECTION DE RECHERCHE ET PLAN DE TRAVAIL POUR LE MASTER 2

DIRECTION DE RECHERCHE

72 21
Éric Weil, Essais et conférences, Tome I, II, op.cit.p.169.
Le dilemme que le monde est en train de vivre, aujourd’hui, c’est que la raison est arrivée à un
niveau de développement aussi prestigieuse que l’on ne puisse expliquer ou comprendre
l’ensemble de ce flot de dérives et de recul de l’humanité. Á ce propos, un penseur moderne
comme Marx Weber parle de : « désenchantement du monde » 73 qui se manifeste par une
violence sans précèdent et une intolérance inouïe avec des hommes qui, ne sachant pas
convaincre, utilisent la terreur pour vaincre. Et Luc Ferry qui, lui, use du vocable de :
« l’éclipse théologique » 74 pour montrer le recul des religions face à la technoscience. Notre
planète se devrait d’éviter de couler sous « la caverne de la société », caverne dans laquelle la
raison raisonnable succombe sous le poids de la raison instrumentale. Ce phénomène est
manifeste en Europe et dans les pays occidentaux où les leaders politiques ne sont intéressés
que par l’électorat d’une société qui foule aux pieds les valeurs universelles, qui nous lient et
qui ne trouvent leur issue seulement que dans le vocable rejeté de diversité ou
de « complexité » pour parler comme Edgar Morin. C’est dans cette perspective que cette
réflexion : « Éric Weil aujourd’hui ou comment penser les enjeux géopolitiques de notre
temps ? », tire son importance et porte les germes de l’idéal d’un monde pacifique raisonnable.

Et pour tenter d’apporter quelques éclaircissements nous allons montrer les différents types de
discours et de langages qui assaillent la géopolitique d’aujourd’hui. Ensuite nous essayerons
avec Éric Weil, de montrer comment traduire ces discours en langage raisonnable. Par la suite
nous exposerons les fondements d’un discours raisonnable dans la géopolitique et enfin nous
ne manquerons pas à amener l’alternative qu’apporte Éric Weil dans le but de faire baisser voire
éradiquer la violence.

Tel est donc l’intérêt de ce plan :

V/ PLAN

1) Les caractéristiques du langage dans la géopolitique mondiale

a) L’hégémonie du langage capitaliste et libéral dans les relations internationales


b) Le langage du calcul des pays émergents
c) Le langage subordonné

2) Du discours dogmatique au discours raisonnable

a) Le discours dogmatique
b) L’expression de la raison

73 22
Marx Weber, Le savant et le politique, Paris, Trad. Julien Freund, Plon, 1959, 222p.
74
Luc Ferry, L’homme- Dieu ou le sens de la vie, Paris, Grasset, 1996, p.252.
c) La reconversion de la première possibilité de l’homme

3) Les fondements d’un dialogue raisonnable dans la géopolitique

a) La reconnaissance des différents protagonistes et la promotion de la diversité


b) La promotion de l’Etat démocratique
c) La morale dans la politique

4) L’alternative d’Éric Weil pour éradiquer la violence

a) La violence institutionnelle
b) Le dialogue, ou la discussion
c) La non-violence

V-BIBLIOGRAPHIE :
OUVRAGES DE L’AUTEUR
WEIL Éric,
1. Logique de la philosophie, Paris, Vrin, 1967.
2. La philosophie morale, Paris, Librairie Philosophique J, Vrin, 1960.
3. , La philosophie politique, Paris, Vrin, 1955.
4. Hegel et l’Etat, Paris, Vrin, 1950.
5. Philosophie et réalité, Paris, Beauchesne, 1982.
6. Essais et conférences, Tome I, II, Paris, Plon 1970/1971.
7. Problème Kantiens, Paris, Revue et augmentée ; 1970.

OUVRAGE DES COMMENTATEURS


1.  Francis Guibal :
 Le sens de la réalité - logique et existence selon Éric Weil (Paris, éditions du
Félin, 2011 )
 Le Courage de la raison - la philosophie pratique d'Éric Weil (Paris, éditions
du Félin, 2009 )
 Figures de la pensee contemporaine : Eric Weil et Emmanuel Levinas en
contrastes
2. KIRCHER Gilbert,

23
 La philosophie d’ERIC WEIL systématicité et ouverture, coll. Philosophie
d’aujourd’hui, P.U.F, 1989.
 Figures de la violence et de la modernité (essais sur la philosophie d’Éric Weil),
P.U.F. Paris, Lille, 1992.
 Éric WEIL ou la raison de la philosophie, problèmes philosophiques,
Septentrion, Presse Universitaire, 1999.
3. QUILLIEN Jean : ERIC WEIL et notre temps (dans cahier ERIC WEIL), 1996.
4. SAVADOGO Mahamade, ERIC WEIL et l’achèvement de la philosophie dans l’action,
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OUVRAGES GENERAUX
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2. APPADURAI Arjun, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la
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3. BARBERT Benjamin, Djihad vs Macworld. Mondialisation et intégrisme contre la
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4. BRAUD Philipe, « Violence symbolique et mal- être identitaire », Raisons politiques
n°9, février 17,2003.
5. BA Mariama, Une si longue lettre, Dakar, Les Nouvelles Editions Africaines, 2OO9,
p.164
6. COOPER Frederick, « Le concept de mondialisation sert-il à quelque chose ? » in
critique international, n°1, 2001.
7. ELIAS Norbert, La Dynamique de l’Occident, Paris, Agora, 1990.
8. FERRY Luc, L’homme- Dieu ou le sens de la vie, Paris, Grasset, 1996, p.252.
9. GIRARD René, La Violence et le sacré Paris, Grasset, 1989.
10. GUILHOT Nicolas, « Les enjeux de la mondialisation », in Les enjeux du débat public
contemporain, Paris, La Découverte, 1999.
11. HABERMAS J, « La lutte pour la reconnaissance dans l’état de droit démocratique »,
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12. Hegel, La phénoménologie de l’esprit, Flammarion, 2012.
 La science de la logique, présenté et traduit par Bernard Bourgeois, Paris, Vrin,
2016.

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 La raison dans l’histoire, trad. de l’Allemand par Laurent Gallois, Paris, Ed.
Points, 2001,248p.
 Les principes de la philosophie du droit, traduction Jean François Kervégan,
Paris Puf, 2013.
 Science de la logique …. Incomplet !
13. HONNETH A, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Cerf, 2010.
14. HUNTINGTON Samuel, Le choc des civilisations. Paris, Odile Jacob, 1997.
15. Kant, Critique de la raison pure, Flammarion, 2006.
 Critique de la raison pratique, Flammarion, 2003.
 Fondements de la métaphysique des mœurs, Le livre de poche, 1996.
 Anthropologie du point de vue pragmatique, paris, Vrin, 1964.p.165
16. MAALOUF Amin, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1992.
17. PLATON : La république livre VII, traduction, Georges Leroux, édit, Flammarion,
2002.
18. RENAULT Alain, Un humanisme de la diversité : Essai sur la décolonisation des
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19. REICH Robert, L’économie mondialisée, Paris, Dunod, 1993.
20. SOREL Georges, Réflexion sur la violence, in Léon-Louis Grateloup, Nouvelle
Anthologie philosophique, Paris, Hachette, 1983.
21. Spinoza : Ethique, GF, Flammarion, 1965.
22. TAYLOR Charles, Multiculturalisme, différence et démocratie, Paris, La Découverte,
2001.
23. WEIL Semeone : Oppression et liberté, Paris, Gallimard, 1955.
24. WALZER Michael, Traité sur la tolérance, Paris ? Gallimard, 1998.
25. WEBER Marx, Le savant et le politique, Paris, Plon, UGE, Coll., 10 /18, 1968.

WEBOGRAPHIE
1. www.erudit.org
2. https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2005

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