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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

STAGE D’EXPERTISE COMPTABLE


RAPPORT SEMESTRIEL

2ème ANNEE : 1er SEMESTRE


2ème SEMESTRE
ème er
3 ANNEE : 1 SEMESTRE
2ème SEMESTRE

TITRE DU RAPPORT :

LES AVANCES AUX CULTURES DES EXPLOITANTS AGRICOLES, INCIDENCES


COMPTABLES ET FISCALES DES DIFFERENTES METHODES D’EVALUATION.

Etude d’une situation pratique de commissariat aux comptes


Etude d’une situation pratique d’expertise comptable
Projet de plan et de notice explicative
STAGIAIRE

Nom et Prénom : Observations :

N° d’inscription :
MAITRE DE STAGE

Nom et Prénom : Observations :

Signature :

0
Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

CONTROLEUR DE STAGE

Nom et Prénom : Observations :

Signature :

SOMMAIRE

Introduction

I ) Présentation et définition des avances aux cultures

A ) Prise de connaissance des avances aux cultures

B ) Prise de connaissance des différentes méthodes d’évaluation

C ) Contexte et présentation du client

II ) Evaluation des avances aux cultures par les méthodes mixtes

A ) Dispositions communes aux deux variantes

B ) Variante « M1 » : Evaluation forfaitaire des autres façons culturales

C ) Variante « M2 » : Evaluation forfaitaire des frais de mécanisation

III ) Evaluation des avances aux cultures au coût de production réel

A ) Dispositions communes aux deux variantes

B ) Variante « R1 » : Coefficient de frais selon la date de clôture de l’exercice comptable

C ) Variante « R2 » : Evaluation selon le coût de production effectif

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

IV ) Incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation

A ) Incidences comptables

B ) Incidences fiscales

Conclusion

INTRODUCTION

Les exploitants agricoles représentent une part significative de la clientèle des cabinets
d’expertise comptables implantés en zone rurale.

L’article L311-11 du Code Rural défini l’activité agricole ainsi : « Sont réputées agricoles
les activités qui correspondent à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique de caractère
végétal ou animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement de ce cycle
ainsi que les activités exercées par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement de l’acte
de production ou qui ont pour support l’exploitation. »

Cette clientèle compte de nombreuses activités très disparates, avec différentes formes
juridiques d’exploitation. De plus en plus d’exploitations prennent la forme d’Exploitation
Agricole à Responsabilité Limité (14 % des exploitations). Mais l’exploitation individuelle reste la
forme juridique la plus présente dans le secteur agricole environ 78% (Source : Agreste, Enquête
sur la structure des exploitations en 2007)

Ces exploitations diffèrent de la clientèle habituelle des cabinets comptables par ses
particularités. Dans un premier temps, elle est différente de part son plan comptable spécifique,
puis dans un deuxième temps à cause d’un régime fiscal particulier : les bénéfices agricoles.
Les bénéfices agricoles sont définis par le code général des impôts dans l’article 63
comme : « les revenus que l’exploitation de biens ruraux procure aux fermiers, métayers ou aux
propriétaires exploitants eux-mêmes ».

L’une des spécificités des bénéfices agricoles est : « […] pour les productions végétales, les
produits en cours sont constitués des seules avances aux cultures qui sont inscrites, à leur prix de
revient, dans les stocks d’entrée et de sortie des exploitations agricoles soumises au régime
d’imposition d’après le bénéfice réel. » article 72 A I du code général des impôts.

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

L’administration fiscale admet plusieurs méthodes d’évaluations de ces avances aux


cultures que je vais présenter dans ce rapport. Le problème de ces nombreuses possibilités est de
faire un choix qui devra être le plus réfléchi, car ces différentes méthodes auront des incidences sur
les comptes de l’exploitation, ainsi que sur le plan fiscal.

L’intérêt de connaître les incidences des différentes méthodes d’évaluation des avances aux
cultures est que l’expert comptable à un devoir de conseil envers ces clients, et doit lui présenter
les différentes solutions en lui conseillant la plus adaptée à sa situation.

I ) Présentation et définition des avances aux cultures

A ) Prise de connaissance des avances aux cultures

La loi impose aux exploitants agricoles soumis au bénéfice réel pour les exercices ouverts
depuis le 31/12/1983, de valoriser leurs produits en cours de végétaux, par les seules avances aux
cultures inscrites à leur prix de revient dans les stocks.

Les avances aux cultures sont définies par l’article 72 A II du Code Général des Impôts :

« Les avances aux cultures sont représentées par l'ensemble des frais et charges engagés au
cours d'un exercice en vue d'obtenir la récolte qui sera levée après la clôture de cet exercice. Il
s'agit exclusivement :

- Des frais correspondant aux semences, engrais, amendements et produits de traitement des
végétaux;
- Des frais de main-d'œuvre relatifs aux façons culturales, de l'amendement des terres et des semis ;
- Des frais de matériels relatifs aux mêmes travaux : carburants et lubrifiants, entretien, réparation
et amortissement du matériel, travaux réalisés par des tiers. »

En revanche les frais de fermage et les frais financiers ne sont pas retenus dans le calcul du
prix de revient des avances aux cultures.

Cette définition nous renvoie au principe comptable :


- D’indépendance des exercices : rattachement des produits et charges à l’exercice auquel ils
appartiennent ;
- De quantification monétaire : évaluation des avances aux cultures à leur prix de revient.
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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

Les frais de semences, engrais, amendements constituent des stocks de matières premières
lorsqu’ils sont en magasin, des avances aux cultures lorsqu’ils sont en terre pour la récolte de
l’exercice à venir et des charges lorsqu’ils sont utilisés pour la récolte de l’exercice en cours.

Il faut donc distinguer les frais et charges affectés à la récolte de l’exercice, de ceux utilisés
pour la récolte de l’exercice suivant.

En pratique pour distinguer ces frais je me base sur la date de récolte du type de culture
exploité. En cas de pluralité des types de culture il convient de subdiviser les comptes de semence,
engrais, amendement…, par type de culture auxquels ils sont affectés.

Les avances aux cultures doivent être distinguées des arriérés de fumure (valeur résiduelle
des fumures afférentes aux récoltes levées avant l’établissement du bilan et des résidus de ces
récoltes enfouis) et des améliorations du fonds résultant des pratiques culturales (assolements,…).
Selon l’administration, l’obligation d’inscription ne s’applique qu’aux avances aux cultures. La
valeur des arriérés de fumure et des améliorations du fonds peut être inscrite à un compte
d’immobilisation en cas de passage du forfait au réel ainsi qu’en cas d’apport des valeurs en terre à
une société d’exploitation agricole.

Le montant des avances aux cultures va différer en fonctions du type de culture (vigne, blé,
maïs…), qui ont des dates de récolte différente, et en fonction de la date de clôture de l’exercice.

Si la date de clôture est fixée juste avant la ou les récoltes le montant des avances aux
cultures sera élevé. En revanche si celle-ci est fixée juste après la récolte le montant des avances
aux cultures sera quasi nul.

La fixation de la date de clôture de l’exercice comptable aura toute son importance quant à
la valeur des avances aux cultures et aux attentes du client. Elle sera déterminée en fonction des
cultures exploitées et des objectifs visés par l’exploitant.

Les attentes des clients sont multiples :


- minimiser sa charge d’impôt ;
- la juste évaluation de son patrimoine ;
- la gestion de son patrimoine sur le long terme.

La méthode d’évaluation des avances aux cultures va donc dépendre de ces attentes.

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

B) Prise de connaissance des différentes méthodes d’évaluation

Les avances aux cultures doivent être évaluées à leur prix de revient. L’administration
fiscale autorise quatre types de méthodes à l’exclusion de tout autre pour évaluer celles-ci. Ces
quatre méthodes ont été retenues en vue de tenir compte des différentes étapes du développement
des entreprises agricoles.

Deux d’entre elles sont à caractères transitoire pour une durée de trois ans, réservées aux
exploitants qui passent du régime fiscal forfaitaire au régime réel simplifié, mais nous ne les
étudierons pas dans ce rapport. Par la suite les exploitants soumis au réel simplifié ou normal ont le
choix entre deux autres méthodes.

Une première méthode appelée méthode mixte, consiste à évaluer certains frais
forfaitairement et d’autres aux coûts réels. Deux variantes sont admises pour cette méthode qui doit
être expressément formulée par une note jointe à la déclaration de résultats du premier exercice
pour lequel porte l’option (annexe 1). Cette option est valable dix ans, renouvelable par tacite
reconduction.

Une deuxième méthode évaluée selon les coûts de production réels, qui comporte
également deux variantes. L’option pour cette méthode est irrévocable, d’où l’intérêt d’évaluer
chacune des méthodes en fonction des intérêts du client et en ayant une vision à long terme des
incidences.

C) Contexte et présentation du client

J’ai été chargé d’effectuer une mission de présentation des comptes individuels pour un
nouveau client Mr. PIRE N. dont l’activité principale est la viticulture.

Mr. PIRE N. est gérant majoritaire d’une exploitation agricole à responsabilité limitée. Elle
est soumise au bénéfice agricole selon le régime du réel simplifié. Le capital de l’exploitation
s’élève à 10 400 € libéré en intégralité et divisé en 1000 parts réparti entre Mr PIRE N. 510 parts et
Mr. PIRE L. 490 parts.

Mr. PIRE N. a créé l’exploitation avec son frère Mr. PIRE L. par rachat d’une exploitation
existante en date du 1er janvier 2007. A la date du rachat la valeur des avances aux cultures inscrites
au bilan est de 40 000 €. La date de clôture de l’exercice comptable est fixée au 30 Juin, et par
exception le premier exercice comptable à une durée de 18 mois pour se clôturer le 30 Juin 2008.

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

J’ai fixé la date de clôture au 30 juin car le montant des avances aux cultures de
l’exploitation rachetée par Mr. PIRE étant élevées, pour ne pas pénaliser son résultat comptable il
faut que la valeur des avances aux cultures au 30 juin 2008 soit la plus élevée possible.

Au 30 Juin 2008 le compte de résultat de Mr. PIRE N. fait ressortir un bénéfice d’un
montant de 30 248,95 € avant l’évaluation des avances aux cultures. De plus Mr. PIRE à adhéré à
un centre de gestion agréé pour les résultats imposables au titre des revenus 2008.

Mr. PIRE N. exploite 23.15 hectares de vigne en fermage avec lesquels il produit
exclusivement du vin d’appellation.
Il embauche deux salariés en contrat à durée déterminée pour l’aider à effectuer les travaux
de taille : 230 Heures ; et lors des vendanges : 35 heures.

Mr. PIRE N. s’attribue une rémunération mensuelle de 700 € à compter du 1er juillet 2007.

Mr. PIRE N. m’a communiqué les temps de travaux effectifs sur l’exploitation qui
représentent du 1er juillet 2007 au 30 juin 2008 un total de 3120 heures dont 2460 pour la récolte à
venir. La taille des vignes lui a demandé 622 heures.

Pour la récolte à venir Mr PIRE m’a indiqué également qu’il a fallu 634 heures de
mécanisation réparties entre les machines suivantes :
- Broyeur à sarments : 56
- Sécateur pneumatique : 159
- Pulvérisateur : 61
- Charrue décavaillonneuse mécanique : 42
- Epandeur à engrais : 35
- Charrue inter-ceps à lame pivotante : 74
- Pré-tailleuse 1 rang 5 disques : 83
- Tracteur : 124

Les amortissements des immobilisations corporelles d’un montant de 11251,05 €


représentent la dépréciation du matériel ci-dessus pour un montant de 8 500 €, et de 2 751,05 €
pour le matériel de vinification.

Mr. PIRE N. souhaite pour ce premier exercice de minimiser sa charge d’impôt sur le
revenu étant donné qu’il possède également des revenus fonciers avec son épouse. Cependant il
souhaite que le résultat comptable reste bénéficiaire.

Pour pouvoir estimer sa charge d’impôt je lui ai demandé de me communiquer le revenu de


son épouse ainsi que ces revenus fonciers. Sa femme occupe un emploi salarié pour un revenu
annuel imposable de 14 150 € en 2008, et les revenus tirés de la location d’appartement s’élèvent à
1 200 € par mois. Par ailleurs Mr. PIRE n’a pas d’enfant avec sa femme.
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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

J’ai donc calculé l’impact des différentes méthodes d’évaluation des avances aux cultures
sur le résultat comptable de l’exploitation, et leurs incidences sur la charge d’impôt de Mr. PIRE.

II ) Evaluation des A.A.C. par les méthodes mixtes

A ) Dispositions communes aux deux variantes

L’option pour l’une ou l’autre des variantes est valable pour une durée de dix ans,
renouvelable par tacite reconduction.

Dans la méthode mixte certain frais sont retenus pour leur montant réel et d’autres sont
évalués selon des coûts standard.

Les frais retenus pour leur montant réel sont les achats de matières premières, de matières
et fournitures consommables : engrais, amendements, semences, plants, produits de défense des
végétaux ; et les façons culturales réalisées par des tiers. Seul les frais consommés et en terre pour
la récolte à venir sont à retenir dans le montant des avances aux cultures.

En ce qui concerne les matières premières et fournitures consommables produites sur


l’exploitation :
- elles sont évaluées à 80% du cours du jour, selon la règle en vigueur pour l’évaluation
des stocks sous le régime simplifié, lorsqu’il s’agit de biens ou produits faisant
habituellement l’objet de transactions (semences par exemple) ;
- elles ne font pas l’objet d’une évaluation dans le cas des déchets et rebuts destinés à être
enfouis.

D’après le grand livre des comptes de charges en date du 30 juin 2008 de Mr. PIRE (annexe
2), j’ai pu extraire avec son aide, les montants de ces différents frais qui s’élèvent à 10 039,79 €
dont:

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

N° de Intitulé Montant Montant Montant Montant


compte total concernant en stock des
la récolte de A.A.C.
l’exercice

6011000 Achats engrais et amendement 4941,21 262,12 0 4679,09

6012000 Achats semences et plants 650,00 0 0 650,00

6013000 Produits de traitement 8764,32 5952,87 561,60 2132,80

6061000 Eau 787,36 415,73 0 371,63

6063000 Electricité 820,81 490,24 0 330,57

6110000 Sous-traitance 1875,70 0 0 1875,70

TOTAUX 17839,10 7238,01 561,60 10039,79

Je viens de calculer les frais retenus pour leur montant réel : les frais de matières premières,
de matières et fournitures consommables, et les autres façons culturales réalisées par des tiers.

B ) Variante « M1 » : Evaluation forfaitaire des autres façons culturales

Pour cette variante les autres façons culturales sont les frais de mécanisation, et les frais de
main-d’œuvre salariée qui sont évaluées forfaitairement à l’hectare, en fonction de la nature des
cultures et de la date de clôture de l’exercice comptable.

Ces évaluations forfaitaires proviennent de barème d’entraide et d’étude statistique (annexe


3). D’après le barème, le coût standard à l’hectare des travaux réalisés avec main d’œuvre des
vignes est de 1832 € pour les vignes en gobelet et 1854 € pour les vignes palissées.

Mr PIRE exploite 23.15 hectare de vignes palissées, le coût des autres façons culturales
sont donc de 23,15 * 1854 = 42 920,10 €

D’après cette méthode, la valeur des avances aux cultures est égale à la somme des frais
réels (10 039,79) et des frais forfaitaires (42 920,10) soit un total de 52 959,89 Euros.

Cette méthode est séduisante au premier abord de part sa simplicité, l’exploitant n’a pas la
nécessité d’évaluer ses frais de mécanisation, et sa rapidité d’évaluation, mais elle représente mal

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

les frais réels engagés par l’exploitant dans la récolte à venir, qui peuvent être bien plus important
ou bien moindre.
Si l’exploitant a d’important frais de personnel, cette méthode n’est pas recommandée car
elle les évalue forfaitairement à l’hectare d’après des coûts standard.

C ) Variante « M2 » : Evaluation forfaitaire des frais de mécanisation

Dans cette variante les autres façons culturales sont évaluées par les coûts réels en ce qui
concerne les frais de main d’œuvre, et forfaitairement pour les frais de mécanisation.

Les frais de main d’œuvre compris dans les avances aux cultures sont les frais de main
d’œuvre salariée y compris celle des associés d’exploitation. La rémunération de l’exploitant ainsi
que ces charges sociales ne sont pas à prendre en compte dans cette méthode.
Le statut des associés d’exploitation est un statut particulier défini à l’article L.321-7 du
code rural. Sur le plan fiscal l’intéressement versé aux associés d’exploitation est soumis à l’impôt
sur le revenu dans la catégorie des traitements et salaires. C’est pourquoi il est à prendre en
compte, comme les salariés sous contrat de travail, dans le montant des avances aux cultures.
Dans mon cas le frère de Mr. PIRE N. est seulement associé. Il ne participe pas à
l’exploitation et ne prend pas de rémunération.

J’ai isolé dans les salaires et charges sociales les travaux de taille qui sont effectués en vue
de la récolte à venir, contrairement aux travaux de vendange qui ont lieu au mois de septembre et
concernent donc la récolte de l’exercice.

Les frais de main d’œuvre des salariés inclus dans les A.A.C. sont uniquement les
rémunérations et charges sociales afférentes aux travaux de taille, soit :

- Salaire brut : 2 642,03


- Mutuelle sociale agricole : 528,41
- IONIS (retraite et prévoyance agricole) : 198,01
- Charges salariales : - 576,77

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

TOTAL 2 791,68 €

Pour ce qui est des frais de mécanisation, ils peuvent être évalués forfaitairement de deux
façons différentes : (Document administratif 5 E-3222 n°52 annexe 5)
- soit en multipliant les durées d’utilisation des différents types de matériel par des coûts
horaires standards ;
- soit en utilisant des coûts standards à l’hectare.
Ces derniers sont obtenus d’après des barèmes d’entraide (annexe 4).

En vue d’obtenir les frais de mécanisation à ajouter aux frais réel des A.A.C., j’ai intégré
dans un tableau Excel les heures d’utilisation des machines que Mr. PIRE m’a communiqué avec
les coûts standards des barèmes :

Le montant des avances aux cultures par évaluation forfaitaire des coûts de mécanisation
est donc de:

Frais de Frais de main Frais d’achat et TOTAL


mécanisation d’œuvre de sous-traitance

A.A.C. selon les 7 415,64 € 2 791,68 € 10 039,79 € 20 247,11 €


coûts horaires

A.A.C. selon les 3 005,56 € 2 791,68 € 10 039,79 € 15 837,03 €


coûts à l’hectare

Cette méthode qui comporte également deux variantes représente mieux les frais engagés
par l’exploitant dans les récoltes à venir, mais elle est difficilement applicable en réalité en cas de
pluralité de culture. En effet il faudrait que l’exploitant totalise pour chaque type de matériel ces
temps d’utilisation des machines à chaque type de culture pour les récoltes à venir. Elle est d’autant
plus difficile à mettre en place lorsque les salariés eux mêmes sont autorisés à travailler sur ces
machines.

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

Cependant elle est très intéressante pour une exploitation qui ne cultive qu’une seule sorte
de végétaux et qui possède peu de matériel.

L’option pour l’une des méthodes mixtes est valable pour une durée de dix années, ce qui
laisse à l’exploitant la possibilité de changer de méthode soit pour une variante de la méthode
mixte soit pour les méthodes d’évaluation au coût de production réel. Ce choix dépendra des
objectifs de l’exploitant et de la structure de son exploitation.

III ) Evaluation des A.A.C. au coût de production réel

A ) Dispositions communes aux deux variantes

Ces deux variantes peuvent être appliquées par tous les exploitants agricoles, qu’ils soient
soumis au régime fiscal du réel normal ou du réel simplifié. Cependant l’option pour cette méthode
est irrévocable mais l’option pour l’une ou l’autre variante reste possible.

Dans cette méthode tous les frais correspondants aux avances aux cultures sont évalués
selon leur coût de production réel.
Les frais de matières premières, de matières et fournitures consommables et les façons
culturales réalisées par des tiers sont identiques à ceux évalués dans les méthodes mixtes soit
10 039,79 €.
L’évaluation des autres façons culturales est obtenue en appliquant aux frais de main
d’œuvre et de mécanisation comptabilisés, un coefficient variable en fonction de la date de clôture
de l’exercice ou en fonction des temps de travaux réellement pratiqués sur l’exploitation des
cultures en terre.

J’ai identifié dans le grand livre des comptes de Mr. PIRE le solde des comptes de charges
représentant les autres façons culturales :

N° de
Libellé Montant
compte
Frais de mécanisation 6132000 Location de matériel 613,51
6155000 Entretien et réparation du matériel 2 002,02
6064000 Carburant 4 965,13
6811200 Amortissement des immobilisations corporelles 8 500,00

TOTAL 16 080,66
Frais de main d’œuvre 6411500 Personnel temporaire 3 041,24
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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

6440000 Rémunération de l’exploitant 8 400,00


6451000 Cotisation M.S.A. 608,25
6453000 Cotisation IONIS 227,93
6459000 Cotisation salariale 663,92
6460000 Cotisation sociale personnelle de l’exploitant 2 726,72

TOTAL 15 668,06

Concernant les comptes de frais de mécanisation, seuls les matériels utilisés pour les
cultures en terre sont pris en compte dans les avances aux cultures. Les matériels de vinification ou
de transformation des végétaux pour les autres cultures ne sont pas à intégrer aux avances aux
cultures.

B ) Variante « R1 » : Coefficient de frais selon la date de clôture de l’exercice comptable

Pour cette méthode l’évaluation des autres façons culturales est obtenue en appliquant aux
frais de mécanisation et aux frais de main d’œuvre comptabilisés un coefficient variable en
fonction de la date de clôture de l’exercice comptable.

Ce coefficient est égal au rapport entre le temps passé sur l’exploitation pour les cultures en
terre à la clôture de l’exercice et le temps total à consacrer aux cultures de l’exploitation.
Les temps de travaux par nature de culture peuvent être tirés d’études statistique (annexe 6).
En ce qui concerne la vigne les temps de travaux sont en moyenne de 2,2 unités de travail annuel
pour une exploitation de taille moyenne. Une unité de travail annuel équivaut au travail d’une
personne à temps plein sur l’année soit 1600 heures

J’ai donc calculé pour Mr PIRE ce coefficient en fonction des éléments qu’il m’a
communiqué.

Coef. = Temps passé sur l’exploitation pour les cultures en terre à la clôture de l’exercice
Temps total à consacrer aux cultures de l’exploitation

Coef. = 2460 + 230 = 2690 = 0,7642


2,2 * 1600 3520

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

L’évaluation des autres façons culturales s’élève à : (16080,66 + 15668,06) * 0.7642 soit
24 262,37 €. L’évaluation des avances aux cultures par cette méthode est de 10 039,79 + 24 262,37
= 34 302,16 €.

Cette méthode reflète mieux les coûts engagés par Mr. PIRE dans la récolte à venir car elle
prend la totalité des frais comptabilisés dans les comptes annuels. Cependant elle repose encore sur
des statistiques de temps de travaux qui peuvent être très différents des temps réellement passés sur
l’exploitation.
L’avantage de cette méthode est qu’elle est simple et prend l’ensemble des frais engagés
pour leurs montants réels. Ce qui représente plus vraisemblablement le patrimoine de l’exploitant
au bilan.

C ) Variante « R2 » : Evaluation selon le coût de production effectif

Dans cette variante les avances aux cultures sont évaluées d’après leur coût de production
effectif. Les autres façons culturales peuvent être déterminées selon les mêmes règles que celles de
la variante « R1 » mais en retenant les temps de travaux réellement pratiqués sur l’exploitation.

Le coefficient appliqué aux frais de main d’œuvre et aux frais de mécanisation est alors
égal à :

Coef. = Temps passé sur l’exploitation pour les cultures en terre à la clôture de l’exercice
Temps de travaux réellement pratiqués sur l’exploitation

J’ai calculé pour Mr. PIRE ce coefficient qui est de :

Coef. = 2460 + 230 = 2690 = 0,7947


3120 + 265 3385

Les autres façons culturales représentent une somme de (16080,66 + 15668,06) * 0.7947
soit 25 230,15 €. Le montant des avances aux cultures représente un total de 35 269,94 €.

Les avantages de cette variante sont qu’elle représente exactement les frais engagés par
l’exploitant dans la récolte à venir et ne fausse pas le bilan de l’exploitation. Elle est simple
d’application car il n’y a pas la nécessité d’avoir recours à des barèmes d’entraide.
Cependant l’exploitant devra, comme pour la variante « R1 », comptabiliser ces temps de
travaux effectif sur l’exploitation ainsi que ceux de ces salariés.
Un inconvénient majeur à cette méthode est qu’elle est irrévocable. Seul le choix entre les
deux variantes « R1 » et « R2 » reste possible pour l’exploitant. D’où l’importance de calculer le
montant des avances aux cultures avec chaque méthode avant de prendre une décision.
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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

La documentation administrative 5 E-3222 propose en annexe un tableau récapitulatif des


différentes méthodes d’évaluation des avances aux cultures possible en fonction du régime
d’imposition de l’exploitant (annexe 7).

IV ) Incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

A ) Incidences comptables

Le choix d’une méthode d’évaluation des avances aux cultures aura un impact sur le
résultat comptable de l’exploitation. En effet, le montant des avances aux cultures est inscrit au
bilan de l’exploitation dans les productions en-cours, et varie chaque année à la date de clôture de
l’exercice par l’écriture comptable suivante :


341000 A.A.C AAC N - AAC N-1
713400 Variation des A.A.C AAC N - AAC N-1

Dans le cas de Mr. PIRE je résume dans le tableau ci-dessous l’évaluation des avances aux
cultures par les différentes méthodes. J’indique également les variations par rapport à celles du
bilan d’ouverture qui étaient de 40 000 €, ainsi que le nouveau résultat comptable de l’exploitation.

Méthode Montant des A.A.C. Variation Nouveau résultat

M1 52 959,89 12 959,89 43 208,84

M2 coût / heure 20 247,11 - 19 752,89 10 496,06

M2 coût / Ha. 15 837,03 - 24 162,97 6 085,98

R1 34 302,16 - 5 697,84 24 551,11

R2 35 269,94 - 4 730,06 30 539,88

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

D’après les informations que Mr. PIRE m’a communiqué, il souhaite minimiser sa charge
d’impôt tout en ayant un résultat comptable bénéficiaire.
La méthode « M2 » d’après les coûts horaires semble être la plus adaptée aux volontés de
Mr. PIRE. De plus l’option pour cette méthode n’est pas irrévocable, Mr PIRE aura toujours la
possibilité de changer de méthode en fonction de ces attentes, mais l’option pour l’une des
méthodes dite « mixte » est valable pour dix années.

En cas d’option pour une autre méthode, le principe de permanence des méthodes nous
oblige à garder la même méthode d’évaluation d’un exercice à l’autre. Il faudra donc faire un
ajustement extracomptable sur la 2151 « Détermination du résultat fiscal » de la liasse fiscal.

On peut voir dans ce tableau que la méthode d’évaluation des avances aux cultures à un fort
impact sur le résultat comptable qui peut varier considérablement. C’est pourquoi il est
indispensable de connaître les volontés et objectifs du client avant de faire le choix de la méthode.

B ) Incidences fiscales

Avant de proposer les différents choix de méthode à Mr. PIRE, je dois calculer leurs
impacts sur sa charge d’impôt sur le revenu.

Le revenu des bénéfices agricoles de Mr. PIRE N. correspond à sa quote-part du résultat


comptable, c'est-à-dire 51% auquel j’ai ajouté sa rémunération qui n’est pas déductible fiscalement
soit 8 400 €.
D’après les informations qu’il m’a donné, j’ai ajouté à ces revenus agricoles les revenus de
sa femme, imposable dans la catégorie des traitements et salaire, ainsi que ces revenus foncier qui
sont imposable de plein droit au régime du micro-forfait. J’obtiens ainsi après déduction des 10%
de frais réel sur les traitements et salaire et la déduction de 30% sur les revenus foncier, le revenu
brut imposable du ménage.
A partir de ce revenu brut je détermine sa charge d’impôt hors contributions sociales grâce
au barème de lecture direct de l’impôt sur le revenu (annexe 8).

Je résume dans le tableau ci-dessous la charge d’impôt incombant à Mr. PIRE en fonction
des méthodes d’évaluation des avances aux cultures.

On peut voir dans ce tableau que la charge d’impôt varie considérablement, presque 3 000
€, en fonction de la méthode choisie.
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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

Les attentes de Mr. PIRE sont de minimiser sa charge d’impôt tout en gardant un résultat
comptable bénéficiaire. La solution la plus satisfaisante serait la méthode d’évaluation « M2 »
selon les coûts par hectare. Avec cette solution il réalise une économie d’impôt de 2 865 € par
rapport à la méthode « M1 » tout en ayant un résultat comptable bénéficiaire.

J’ai donc communiqué ces résultats à Mr. PIRE ainsi qu’à son frère pour qu’ils prennent
une décision sur le choix de la méthode. Après leur concertation, ils m’ont communiqué lors d’un
entretien, qu’ils souhaitaient appliquer la méthode d’évaluation « R2 » qui représente mieux les
frais engagés pour la récolte à venir.

Je leur signale alors une autre incidence fiscale des avances aux cultures. Lors de la cession
ou de la transmission de l’exploitation, elles sont considérées comme des stocks inscrits au bilan et
sont donc soumises à la taxe sur la valeur ajoutée. Le taux de cette taxe est de 5,5% ce qui
représente pour Mr PIRE en cas de cession un besoin de trésorerie de 1 939,84 € avec une
évaluation des avances aux cultures de 35 269,94 €.
Ce montant de taxe va d’autant augmenter qu’en ayant choisi la méthode d’évaluation au
coût réel, les avances aux cultures augmentent avec la croissance de l’exploitation. Cette méthode
étant irrévocable le montant de cette taxe peut devenir très important lors de la cession ou
transmission.

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

CONCLUSION

Les avances aux cultures sont une des particularités des bénéfices agricoles.
L’administration fiscale propose quatre méthodes d’évaluation différentes. Chacune d’entre elle a
ces spécificités. Le choix entre l’une d’elle doit être réfléchi et leurs incidences calculées.
De plus les avances aux cultures s’inscrivent dans le patrimoine de l’exploitation sur le long
terme. D’où l’intérêt du choix de la méthode qui reflètera au mieux ce patrimoine.

L’option pour l’une de ces méthodes doit être mentionnée expressément en annexe des
comptes annuels de l’exploitation dès le premier exercice où porte l’option. Cette option aura une
durée variable suivant la méthode choisie.

L’expert comptable aura un devoir de conseil envers cette clientèle d’agriculteur, où il devra
les éclairer sur les différentes méthodes possibles et les incidences qu’elles engendreront. Il devra
également les accompagner dans leur choix en fonction des attentes du client.

Les avances aux cultures représentent une part non négligeable du total de l’actif du bilan
de l’exploitation au même titre que les stocks. C’est pourquoi leur juste évaluation aura une
importance particulière lors de la lecture du bilan par les tiers.

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Les avances aux cultures des exploitants agricoles, incidences comptables et fiscales des différentes méthodes d’évaluation.

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