LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
Traduction par
CAMILLE JORDENS
Sagesses chrétiennes
ÉDITIONS ÉDITIONS
DU CERF ALBIN MICHEL
PARIS
1994
Les notes dAngelus Silesius sont appelées par un astérisque et
placées sous les pensées ; les notes du traducteur viennent en bas
de page et sont appelées par un chiffre.
CAMILLE JORDENS.
L'homme, lui, contemple Dieu,
L'animal, la motte de terre.
D'où, chacun peut connaître
Ce qu'il est.
LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
ou
Avant-propos au lecteur
7. Voir la note 2.
8. Jn 1, 12.
22 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
17. Ex 25, 9.
18. Ph 2, 7-8.
AVANT-PROPOS 27
À l'éternelle Sagesse,
à Dieu,
Au Miroir sans tache,
que les Chérubins et tous les esprits bienheureux
contemplent dans un éternel étonnement,
À la Lumière, qui illumine tous les hommes
venant en ce monde,
À la Fontaine intarissable, à la Source originelle
de toute Sagesse,
Lui attribue et Lui adresse en retour
ces goutelettes recueillies par grâce
de la goulotte de sa vaste Mer
Son
du désir incessant de Le contempler
sans cesse mourant -
Johannes Angelus.
PREMIER LIVRE
IV, 62; 158; 205; V, 212. Cette inanité de l'homme qui recèle
néanmoins le Tout en soi, et sa traduction en une symbolique géo-
métrique, se trouve déjà au Moyen Âge dans le Livre des vingt-
quatre maitres, surtout chez Nicolas de Cues, qui était mathémati-
cien, et enfin dans Monas Hieroglyptica (1591) de John Dee, volume
que Silesius possédait.
7. Über (au-delà) relève de l'apophatisme. C'est la contemplatio
per excessum ou l'hypertheos de Denys I' Aéropagite.
34 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
15. La Sur-Déité.
Les « on dit » sur Dieu ne me suffisent toujours pas io.
La déité dépassée : voilà ma vie, ma lumière.
70. L'Amour.
Notre Dieu est Amour, et tout vit par l'amour.
Qu'il serait heureux l'homme qui demeurerait constam-
ment en Lui!
94. L'humilité.
L'humilité est le fond, le couvercle et l'écrin
Dans lequel sont rangées et renfermées les vertus.
95. La pureté.
Quand par Dieu je suis devenu pureté,
Je n'ai plus à me retourner pour trouver Dieu quelque
part.
IO 1. Le Christ.
Quel miracle ! Le Christ est autant agneau que berger
Quand, en mon âme, Dieu se fait homme.
109. Le créé.
Le créé subsistant entièrement dans le Verbe divin,
Comment pourrait-il jamais dépérir et disparaître ?
116. La Rosée.
La rosée 42 revigore les champs : pour désaltérer mon
cœur
Elle doit tomber du cœur de Jésus.
165. La Sagesse 59 •
La Sagesse aime à se trouver où sont ses enfants.
Pourquoi donc ? Que c'est stupéfiant ! Elle même est
un enfant.
58. Le motif de l'abandon complet recoupe celui de l'homme
dépassant la perfection de l'ange; voir II 44 : die Überengelheit,
la sur-angélicité.
59. Première occurrence d'un motif omniprésent chez Silesius par-
ticulièrement dans les livres III et V. Voir Ps 19, 8 «la sagesse du
70 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
190. L'équanimité.
Je ne sais que faire. Tout m'indiffère : lieu, non-lieu,
Éternité, temps, nuit, jour, joie et peine.
213. Le péché.
La soif n'est pas un objet, pourtant elle peut te
tourmenter.
Comment le péché ne rongerait-il pas éternellement le
méchant?
214. La douceur.
La douceur est velours où Dieu s'étend et se repose 78 ,
Possèdes-tu la douceur, Il te remercie d'obtenir Son
coussin.
215. La justice.
Qu'est la justice ? Ce qui en toute égalité à tous se donne,
Prescrit, somme : ici-bas et dans le Royaume des cieux.
77. Mt 11, 12.
78. Probablement une allusion indirecte à Mc 4, 38.
PREMIER LIVRE 81
216. La divinisation.
Dieu est mon esprit, mon sang, ma chair et mes os.
Comment ne .serais-je pas avec Lui déifié de part en
part?
221. La foi.
La foi, grande comme un grain de sénevé, déplace la
montagne dans la mer 80 •
Imagine ce qu'elle serait capable d'accomplir si elle était
citrouille.
222. L'espérance.
L'espérance est un câble : si seulement le damné pou-
vait avoir de l'espoir,
Dieu le tirerait du marais où il se noie.
223. L'assurance.
L'assurance est bonne, et la confiance est belle,
Mais si tu n'es pas justifié, elle t'apportera des
tourments.
225. L'Antéchrist.
Qu'as-tu à bayer, homme? L'Antéchrist et la Bête 81
Sont tous deux en toi, si toi tu n'es pas en Dieu.
226. Babylone.
Toi-même tu es Babylone. Si tu ne sors pas de toi,
Tu resteras éternellement le lieu de noces de Satan.
229. La colère.
La colère est un feu d'enfer quand elle s'enflamme en
toi ;
Ainsi est profané le lit de repos que tu es pour le
Saint-Esprit.
246. La teinture 87 •
L'Esprit-Saint fond, le Père consume,
Le Fils est la teinture qui aurifie, auréole.
258. La teinture.
Observe la teinture 93 , tu verras bel et bien
Comment s'opèrent ta rédemption et ta divinisation.
265. À l'unisson 99 •
Quel dommage, qu'à l'instar des oiseaux des bois, nous,
Les hommes, nous ne chantions ensemble de tout cœur
chacun sa note !
287. La beauté.
La beauté est lumière : plus la lumière te manque,
Plus tu es également hideux d'âme et de corps.
291. Le Juste.
Je ne m'étonne pas de ce que le juste pousse comme
. 104
un palm1er ;
Plutôt de ce qu'il trouve encore de l'espace.
106. Nus : 2 Co 5, 3.
107. Le 17, 21 ; voir aussi Il, 161 lm innern wohnt mangut.
108. Réinterprétation de Pr 5, 15.
100 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
7. La vraie lumière.
Dieu est la vraie lumière 3 • Tout le reste n'est que faux
miroitement,
Si tu ne Le possèdes pas, Lui, Lumière des lumières.
4. Ap 12, 1.
5. L'unio en tant que mariage mystique, voir I, 183 ; III, 51 ;
IV, 175.
6. Voir le terme technique sopor mysticus, somnus mysticus chez
Sandeus.
104 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
12. La Virginité.
Que signifie la virginité ? Interroge-toi sur la divinité !
Toutefois si la pureté t'est connue, tu les connais tou-
tes deux.
24. Le Centre 12 •
Celui qui s'est choisi le centre pour demeure
Circonscrit d'un seul regard la circonférence.
26. La liberté.
Noble liberté, ô toi ! Qui ne s'abandonne à toi
Ne pressent pas ce que peut aimer un homme aimant
la liberté.
28. L'équanimité.
L'égalité d'âme est un trésor, si tu la possèdes dans le
temps,
Tu possèdes le Royaume des cieux et la pleine félicité.
13. Rm 6, 23.
108 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
51. L'inexprimable 22 •
Penses-tu exprimer le nom de Dieu dans le temps ?
Quand même une éternité ne suffit pas à l'exprimer.
60. De l'amour.
Homme, tu ne désires rien, tu n'aimes rien : voilà une
façon juste de désirer et d'aimer.
Qui aime aussitôt ce qu'il désire, n'aime pas en défini-
tive ce qu'il devrait aimer.
25. Mc 7, 32-35.
DEUXIÈME LIVRE 115
67. La retraite.
Vu que l'isolement exclut toute forme de communion,
Il faut qu'il se vive dans le non-désir, dans la virginité.
70. La pureté.
La parfaite pureté est l'absence d'image, de forme et
d'amour
Dépouillée de toute qualité, nue, comme l'essence divine.
73. Au pécheur.
Pécheur, détourne-toi de toi et apprends à connaître
Dieu:
Je sais que bientôt tu L'appelleras ton Père chéri 28 •
27. Figure allégorique fréquente dans la mystique rhénane et for-
cément interprétée diversement, ici avec des accents néo-platoniciens.
28. Papa bien-aimé. Abbo en araméen, Rm 8, 15.
DEUXIÈME LIVRE 117
82. Le Cœur.
Mon cœur est étroit du bas, dilaté du haut,
Pour être ouvert à Dieu, et non pas au terrestre.
32. Ville de la paix. Voir surtout Isaïe (32, 18) Jérémie (23, 17)
et Ézéchiel (34, 25).
DEUXIÈME LIVRE 119
84. L'illumination.
Plus haut ! Là où l'éclair doit t'envelopper dans le
Christ,
Il te faut vivre, comme les trois (Moïse, Élie et Jésus),
au sommet du Thabor 33 •
90. La soumission.
L'éclair du Fils de Dieu illumine à la seconde même,
De part en part, les cœurs qui Lui sont entièrement
soumis.
91. La Patience.
La patience 34 dépasse l'or ; elle peut contraindre Dieu,
Et faire acheminer vers mon cœur tout ce qu'il a et tout
ce qu'il est.
105. Un géant.
Quand Dieu, dans son essence*, se trouve naître en moi,
Je suis - ô merveille - et géant et enfant.
• Tauler, Institutions chap. 1.
110. La transfiguration.
Mon corps sera pour Dieu comme une escarboucle,
Quand sa nature grossière 41 périra dans le feu.
111. Marie.
Tu exaltes Marie, et moi j'ajoute :
Elle est Reine des reines.
117. La solitude.
La solitude est une nécessité, mais ne te permets pas
de familiarités,
Ainsi tu peux partout être au désert.
133. L'équanimité.
Ami, crois-moi, si Dieu ne m'ordonne pas d'aller au ciel,
Je préfère rester ici, voire même en enfer.
134. L'équanimité.
Qui n'est de nulle part, et de nul n'est connu,
Aura même en enfer sa patrie bien-aimée.
135. L'abandon.
Je ne veux vigueur ni violence, ni art, sagesse, richesse,
apparences :
Je ne veux qu'être enfant en mon Père.
153. L'éternité.
Qu'est-elle, l'éternité ? Elle n'est ni ceci ni cela,
Ni maintenant, ni telle chose, ni nulle chose ; elle est,
je ne sais quoi.
200. Le dépouillement.
Qui a perdu son âme et s'est dessaisi d'elle
Peut vivre bienheureux, il est quitte envers Dieu.
226. Le baptême.
Ah, pécheur ! ne te targue pas de ton baptême :
Dans la boue le lys le plus beau devient boue et fumier.
231. Héliotrope 67 •
Ne t'étonne pas, ami, que je ne puisse sur rien arrêter
le regard :
Il me faut sans relâche me tourner vers mon Soleil.
246. Le Diable.
Le diable n'entend que tonnerre, vacarme et craque-
ments.
Aussi pourras-tu trouver plaisir à le rendre par ta dou-
ceur fou à lier.
258. L'éternité.
Au cas où l'éternité te semblerait plus longue que le
temps,
Tu prends en considération les tourments et non la
béatitude.
TROISIÈME LIVRE
2. Sur l'Étable.
Ah, pèlerin, viens par ici, l'étable de Bethléem vaut
mieux que la citadelle et la cité de Jérusalem.
Ici l'hébergement est bon, car l'Enfant éternel y repose
avec sa Vierge, son Épouse et sa Mère.
3. À la Vierge Marie 2 •
Dis-moi, femme que je vénère, n'est-ce pas ton humi-
lité qui t'a élue, ta soumission de recevoir et
d'enfanter Dieu ?
Dis, en est-il autrement ? Pour que je puisse, moi aussi,
sur terre devenir Servante, Épouse et Mère de Dieu.
1. 1 R 10, 18-20. Dans l'alchimie, le trône de Salomon repré-
sente le degré le plus haut et l'achèvement du Grand Œuvre.
2. Les poèmes-dédicaces d'exaltation sont caractéristiques de l'âge
158 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
4. Un Soupir.
On déposa Dieu sur la paille quand Il devint homme :
Ah ! si seulement j'avais été ce foin et cette paille !
5. Aux Savants.
Tu trimes sur les Écritures et par des arguties ta rai-
son pense trouver le Fils de Dieu. De grâce, libère-toi
de cette quête inlassable ! Viens dans l'étable L'embras-
ser en personne, et bientôt du jouiras de la Force du
cher Enfant.
9. Aux bergers 4 •
Réponds-moi, petit peuple de mon cœur, qu'as-tu
donc chanté quand tu pénétras dans l'étable, la voix
tremblante et que tu aperçus Dieu sous la forme d'un
enfant ? Afin que moi aussi je puisse louer, Jésus, mon
petit, d'un chant de (simplicité) pastorale.
20. Dieu-homme.
Songe donc, Dieu devient toi et accède au malheur
Pour que, tu aies accès au Royaume et deviennes Lui.
10. /ch al/ein : voir aussi III, 37. Insistance sur la singularité de
l'élection divine, aussi éloignée que possible d'une vision ecclésiale
des choses.
164 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
(Dt 8, 3), la Parole de Dieu (ls 55, 1) et, du point de vue mystique,
le sang rédempteur Rm 5, 9 ; Ep 1, 7).
TROISIÈME LIVRE 167
42. Au pécheur.
Réveille-toi, chrétien qui es mort, vois : notre Pélican 14
T'arrose du Sang et de l'Eau de son Cœur.
Si tu les absorbais correctement la bouche grande
ouverte, instantanément tu serais vivant et bien
portant.
Jésus ; 56, l'âme avide de Dieu ; 62, saint Laurent ; 65, Marie-
Madeleine ; 73, saint Barthélemy ; 84, les roses ; 154, saint Ignace ;
181, sur Dieu ; 246, sur la crèche). Silesius utilise aussi la préposi-
tion de : 206, de la conscience ; 207, de la science.
17. Mechtilde de Magdebourg (vers 1212-1283) ou plutôt Mech-
tilde de Hackenborn (1242-1299), la cistercienne de Helfta, dont Sile-
sius possédait des textes, Dos Buch geistlicher Gnaden [...] Mechtil-
dis und Gertrudis... , livre reçu en 1652 de Franckenberg.
18. François d'Assise (1182-1226) est le « saint Séraphinique »
par excellence qui reçut les stigmates (voir Dante, Le Paradis 11, 37).
170 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
55. Au pécheur.
ô pécheur, si tu prenais conscience de la brièveté du
présent
Pour considérer ensuite l'éternité, tu n'accomplirais rien
de mauvais.
explicite), 38, 39; IV, 46; V, 345. Sainte Gertrude a aussi favorisé
la piété du nom de Jésus (l'équivalent occidental de la « Prière de
Jésus » orientale) : voir III, 239.
172 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
61. L'humilité.
Homme, ne sois pas arrogant, l'humilité t'est une
nécessité.
Une tour 22 sans un véritable fondement tombe d'elle-
même dans la boue.
26. Le 7, 37.
27. Le pain du ciel est la manne ; mais aussi le « Pain de vie »
de saint Jean.
28. Les portes du Temple de l' Ancienne Alliance étaient de cèdre.
Or Marie elle-même est temple de Dieu, plus même, comme on dit
dans les Litanies laurentines, Arca foederis, arche d'alliance.
29. Bernard de Clairvaux, le réformateur de Citeaux au XII• siè-
cle. Il est le fondateur de la mystique nuptiale médiévale.
TROISIÈME LIVRE 175
68. La béatitude.
Qu'est-ce qui constitue la béatitude? Un afflux de
toutes les joies, une contemplation continue de Dieu ?
Un amour sans ennuis, une existence sans décès ? Un
tendre baiser de Jésus et ne pas être un instant séparé
de l'Époux.
89. La beauté.
J'aime fort la beauté, mais je ne puis la qualifier de
belle,
À moins de la contempler toujours au milieu des épines.
106. Au pécheur.
Ah, pécheur ne t'y fie pas. Ce n'est pas parce que tu
vois
Marie-Madeleine quitter apaisée et consolée notre
Seigneur,
Que tu lui ressembles déjà. Veux-tu goûter cette
consolation,
Jette-toi d'abord, comme elle, à ses pieds.
43. Paradoxe : vivre c'est mourir. Dès lors, nulle joie n'est intan-
gible.
44. Le 7, 47-50.
TROISIÈME LIVRE 185
114. La métamorphose.
La bête sera homme, l'homme être angélique,
Et l'ange Dieu, quand nous aurons la pleine guérison.
46. Koth ne signifie pas ici excréments, mais terre, alors que dans
107 .2 Koth signifie « excréments qui souillent ».
188 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
132. Le cœur.
Sans cesse attiré par Dieu et L'attirant à son tour,
Mon cœur est Fer et Aimant.
56. 1 Co 13, 8.
196 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
166. La croix.
Autrefois, la croix était la diffamation et la dérision
suprêmes.
À présent, l'empereur lui-même la porte sur sa tête et
sa couronne.
168. La divinité.
La divinité est une source, tout s'écoule d'elle.
En elle encore tout se reverse : aussi est-elle également
une mer.
169. La pénitence.
La pénitence est comme un fleuve, elle éteint de ses
vagues
L'emportement de Dieu et dissout le feu de l'enfer.
TROISIÈME LIVRE 197
179. De l'amour.
L'amour de ce monde s'achève dans l'affliction :
Aussi mon cœur n'aimera-t-il que l'éternelle Beauté.
206. De la conscience.
Une bonne conscience est au repos, une mauvaise mord
et aboie :
Elle est comme un chien à la chaîne, qu'on a du mal
à calmer.
207. De la science.
Savoir beaucoup est certes satisfaisant ; mais ne donne
pas un bonheur tel
Que d'avoir conscience de n'avoir rien à se reprocher
depuis sa jeunesse.
3. À l'Enfant Jésus.
Je t'ai, mon enfant, doux Nazaréen, souvent com-
paré aux lis. En quoi, je te l'avoue maintenant, je t'ai
fort lésé et j'ai été injuste envers toi : tu es tellement
plus noble comme tu es tellement plus beau.
216 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
8. Le nom de Jésus.
Le nom de Jésus est une huile 1 versée.
Ce nom nourrit, et illumine, et apaise la douleur de
l'âme.
9. L'indicible.
L'indicible qu'on appelle communément Dieu,
Se laisse dire et connaître en une seule Parole 2 •
24. La transformation.
Tu dois déplacer le corps dans l'esprit, l'esprit en Dieu,
Si tu veux, comme tu le désires, te réjouir pleinement.
6. Ac 17, 23.
7. La légende veut que saint Augustin en se promenant le long
de l'océan ait vu un enfant qui voulait vider la mer avec une épui-
sette. Il mit immédiatement cette action insensée en rapport avec
sa prétention à comprendre à fond le divin par sa seule raison.
QUATRIÈME LIVRE 221
26. Moise.
Pensez donc, la face de Moïse rayonnait 8 comme le
soleil, alors qu'il n'avait seulement entrevu la lumière
éternelle dans la pénombre !
Qu'arrivera-t-il aux bienheureux, à la fin des temps,
quand ils contempleront Dieu au grand jour de la
félicité éternelle '!
8. Ex 34, 29.
9. Le thème même du livre et de l'option contemplative de Sile-
sius est serti dans ce distique.
IO. 2 Co 2, 15.
222 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
29. L'amour.
L'amour est comme la mort : il tue mes sens,
Il me brise le cœur et emporte l'esprit loin d'ici.
36. Contemplativement.
Sois pur, tais-toi, fléchis et accède à la Ténèbre,
Ainsi tu arriveras, au-delà de tout, à contempler Dieu.
37. Modestie.
Le cordeau du cœur est la modestie :
Qui ne se mesure pas à elle, manque la vertu de
beaucoup.
42. Marie.
Marie est appelée (dans sa litanie 17) trône et tente de
Dieu,
Arche, citadelle et donjon, maison, fontaine, arbre,
miroir d'un bassin.
Mer, étoile, lune, aurore, colline.
Comment peut-elle être tout cela ? Elle est un autre
monde.
50. Le Golgotha.
Est-ce là le mont du Crâne 18 ? Comment se fait-il
donc que la Rose et le Lys se dressent ici dans leur
parure inflétrissable ?
Et là plus loin l' Arbre de vie ? Et la Fontaine aux
quatre fleuves ?
C'est le paradis : enfin quoi que ce soit, pour moi
le mont du Crâne et le paradis ne font qu'un.
69. Le péché.
Le péché n'est rien d'autre que l'homme détournant
Son regard de Dieu pour le tourner vers la mort.
70. L'homme.
L'homme seul est le plus grand des prodiges :
Il est capable, selon son agir, d'être Dieu ou démon.
81. La mort.
La mort ne me remue pas : par elle je ne fais qu'arriver
Où je suis déjà en esprit et de cœur.
87. L'amour.
L'amour du siècle exige tout pour soi seul ; l'amour
de Dieu donne tout en partage au prochain : cet amour-
ci, chaque homme en conviendra, est véritable.
Celui-là devrait plutôt être qualifié de convoitise, non
d'amour.
90. La vertu.
La vertu, selon le sage, est à elle-même sa plus belle
récompense.
S'il l'envisage d'un point de vue strictement temporel,
je n'en crois rien.
94. Le Monde.
On vient à Dieu par Dieu ; au diable par l'entremise
du monde.
Ah ! Comment un homme peut-il rester dans le voisi-
nage d'un tel fils de garce.
35. Théophile est un nom traditionnel de l' Antiquité grecque (voir
Ac 1, 1). Il veut dire« ami de Dieu». L'âme qui a opté pour Dieu
s'élève vers Lui (visage de l'aigle que l'on trouve sur le frontispice
de la seconde édition (Voir II, 171), vit un sentiment de démarca-
tion et de solitude à l'égard des autres hommes qui, sur le plan spi-
rituel, n'ont pas encore atteint une réelle maturité, et sont donc des
oisillons.
238 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
36. l Co 7, 31.
QUATRIÈME LIVRE 239
101. De la mort.
Malgré tout, mourir a encore des avantages : si un chien
d'Enfer pouvait l'obtenir,
Sur-le-champ, il se ferait enterrer vivant.
109. Le Sage.
Le sage cherche le repos, et fuit l'agitation :
Le monde est pour lui infortune, le ciel sa patrie.
118. Le miroir.
Le mir01r te montre dans ton apparence extérieure :
Quel malheur qu'il ne te montre pas aussi ton
intériorité !
57. Ct 3, 7.
256 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
181. La Béatitude.
Une âme bienheureuse n'a plus conscience de l'altérité.
Elle est, avec Dieu, une unique lumière, et une unique
gloire.
60. S'inspire de Mt 7, 7.
61. Rm 8, 39 « rien ne pourra nous séparer de l'amour de
Dieu ».
QUATRIÈME LIVRE 263
77. Au pécheur.
Tu cries : Au voleur ! et tu le morigènes ouvertement ;
Tais-toi, tu as volé bien plus à Dieu que lui au monde.
CINQUIÈME LIVRE 285
11. 1 Co 8, 1.
12. Qo I, 18 (« car en beaucoup de sagesse il y a beaucoup
d'affliction »).
CINQUIÈME LIVRE 287
18. Voir Je Gloria, « Toi seul es saint ! » ainsi que la triple accla-
mation « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître-de-tout » (Ap
4, 8).
CINQUIÈME LIVRE 295
227. L'équanimité.
Au saint, tout est égal : que Dieu le laisse alité et
malade,
Il Lui en rend grâce aussi bien que de la santé.
CINQUIÈME LIVRE 315
32. Innig und gemein. L'éternité est vue ici comme connaturelle
à l'homme et non simplement un don gracieux de Dieu.
CINQUIÈME LIVRE 317
FIN
SIXIÈME LIVRE 1
68. Autocritique.
Tu te ris du soldat surchargé de butin ;
Tu mérites assurément, Euclion 10, qu'on se rie de toi.
Il. Mt 7, 13.
12. On vise le pays de cocagne.
SIXIÈME LIVRE 363
97. L'éternel.
On voit quasiment tout le monde exécuter devant les
Juifs une parade nuptiale,
Et pourtant si peu de gens achètent 16 le Royaume des
cieux.
15. Mt 6, 21.
16. Mit Juden spissen laufen signifie pratiquer l'usure ou, mieux,
dans le prolongement de Mt 25, 14-30 : faire fructifier (parabole des
talents).
368 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
135. Devenir Dieu avec Dieu, c'est être tout avec Lui.
Qui devient Dieu avec Dieu est avec Lui une liesse,
Une éternelle majesté, un règne et une gloire.
19. Ps 22, 7.
SIXIÈME LIVRE 377
196. Au trouble-paix.
Veux-tu labourer avec Ixion à la même charrue,
Ne t'étonne pas d'être condamné à la même roue que
lui.
21. Ixion, roi des Lapithes. Il voulut posséder Héra, la femme
de Zeus, mais il n'embrassa que les nues, et il fut puni.
SIXIÈME LIVRE 387
31. Mt 6, 6.
32. Impossible de rendre en français le jeu sonore :
Beschauligkeit-Seligkeit : contemplitude-béatitude.
398 LE PÈLERIN CHÉRUBINIQUE
33. Mt 7, 26.
34. Distique polémique à propos de l'intercession des saints refu-
sée par les réformés.
35. Seul distique de Silesius dans lequel on trouve une confes-
sion explicite de sa foi catholique.
SIXIÈME LIVRE 399
263. Conclusion 37 •
Ami, cela suffit. Au cas où tu voudrais lire davantage,
Va, deviens toi-même le livre, toi-même l'essence.
FIN
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
En guise d'avertissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
PREMIER LIVRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
DEUXIÈME LIVRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
TROISIÈME LIVRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
QUATRIÈME LIVRE............................ 215
CINQUIÈME LIVRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
SIXIÈME LIVRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401
Collection « Sagesses chrétiennes »
dirigée par Aymon de Lestrange