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Dussart Cédric

2eme année 2009/2010

Bibliographie critique

Thème : Architecture révolutionnaire

Ouvrages choisis :

_Emil Kaufmann, Trois architectes révolutionnaires : Boullée, Ledoux, Lequeu,


1952,American Philosophical Society, Philadelphie, traduction française 1978, éditions de la SADG
par Françoise Revers, 318 pages, illustrations noir et blanc.

_Collectif (catalogue d’exposition), Les Architectes de la Liberté 1789-1799, 1989, Ecole


nationale supérieure de Beaux-Arts, Paris, 396 pages, illustrations couleurs.

_Anthony Vidler. L'espace des Lumières : architecture et philosophie, de Ledoux à Fourier,


1987, Princeton Architectural Press (Etats Unis), Traduit de l'anglais par Catherine Fraixe, 1995,
Picard, collection Villes et sociétés Paris, 328 pages, illustrations noir et blanc.
Introduction

L'architecture révolutionnaire est une notion assez récente dans le domaine de l'histoire de
l'architecture. Exprimée pour la première fois par l'historien de l'art allemand, E. Kaufmann dans le
années 1920 et concrétisée en 1952 avec la parution de Trois architectes révolutionnaires : Boullée,
Ledoux, Lequeu. Kaufmann tente alors de définir les projets atypiques et souvent utopiques de trois
architectes français de la fin du 18e siècle, avant et pendant la période révolutionnaire. Peu à peu
l'on s'intéresse à l'architecture révolutionnaire.

C'est avec des manifestations comme l'exposition Les Architectes de la Liberté 1789-1799
organisée pour le bicentenaire de la Révolution en 1989 que l'intérêt pour cette architecture prend
de l'ampleur. L'exposition présenta d'immenses et magnifiques planches des projets de l'époque. A
la suite de cette exposition est publié un catalogue d'exposition composé d'un grand nombre de
reproductions de ces dessins et d'articles d'auteurs différents traitant d'une multitude de sujets en
lien avec l'architecture de l'époque et plus particulièrement avec les projets nationaux de la période
révolutionnaire. Ces articles permettent de faire le point sur de nombreux aspects encore flous de
l'architecture révolutionnaire.

Dans les mêmes années (1987), un auteur américain, A. Vidler a publié L'espace des Lumières
: architecture et philosophie, de Ledoux à Fourier, qui éclaire le débat d'une nouvelle manière en
mettant en relation les écrits philosophiques et scientifiques du siècle des Lumières avec
productions architecturales françaises de la fin du 18e siècle. Vidler s'attache à retrouver les grandes
idées et théories qui ont guidées les architectes de l'époque (origines de l'Homme, droits de Homme,
démocratie, industrialisation, socialisme).

A la lecture de ces trois ouvrages, on peut remarquer que l'architecture révolutionnaire se


caractérise par 3 aspects novateurs. D'abord l'importance des idées et des théories qui ont guidé les
architectes dans leurs réalisations. Idées inspirées par les Lumières et la Révolution, qui pousseront
souvent les architectes à produire des projets utopiques (Cité Idéale de Ledoux), les idées
l'emportant sur la matière. Ensuite on assiste aussi à une révolution des formes et des esthétiques.
Les règles esthétiques du passé sont remises en question et de nouvelles formes apparaissent issues
des nouvelles idées et modes de pensée. Enfin cette période voit une transformation des rôles dans
la production architecturale; l'architecte change peu à peu de statut et le rôle de maître d'œuvre de
l'État évolue aussi suite aux événements de la Révolution.

Ces trois aspects essentiels de l'architecture révolutionnaire se retrouvent tous ou en partie


dans les trois ouvrages étudiés et il devient intéressant alors de voir quels sont les points d'accord ou
de désaccord entre les auteurs, de voir l'évolution des connaissances sur le sujet depuis la parution
du livre de Kaufmann et enfin de voir quels nouveaux regards cela nous apporte sur l'architecture de
cette époque.
I Idées et théorie révolutionnaires :

Tout nouveau mouvement architectural, s'inspire d'idées ou de théories artistiques,


économiques, religieuses ou sociales. L'architecture française de la fin du 18e siècle n'échappe pas à
cette règle. En effet l'architecture révolutionnaire tente de matérialiser les nouvelles idées du siècle
des Lumières, tout en conservant la mémoire du passé. Dans les trois ouvrages étudiés à chaque fois
apparaît le besoin de trouver des théories ou des événements ayant conduit aux « projets
révolutionnaires ». Kaufmann cantonne sa recherche à l 'univers des architectes de l'époque en se
focalisant notamment sur l'Académie Royale d'Architecture.

Kaufmann décrit les sources d'inspiration de l'architecture révolutionnaire à travers une suite
de personnages qu'il désigne comme les « Maîtres de Boullée ». Pour lui, l'architecture
révolutionnaire est en partie issue du conflit intergénérationnel entre les anciens de l'Académie,
incarné par J.F. Blondel et la nouvelle génération dont font partie les architectes révolutionnaires. Il
considère Blondel comme un visionnaire voyant l’aspect novateur de l’architecture de Boullée ou
Ledoux (« il devinait sans doute les grandes promesses du modernisme » ) mais aussi comme le
professeur et le gardien des règles et de la tradition architecturale du 18 e siècle ce qui l’empêchait
de prendre part en faveur de la jeune génération. Ce conflit amène de jeunes architectes comme
Boullée ou Ledoux à chercher de nouvelles références comme Laugier. Il publie son Essai sur
l'Architecture en 1753 et offre ainsi une nouvelle base théorique aux architectes. Sa vision
rationaliste et historiographique de l'architecture, incarnée par la cabane primitive est essentielle
pour l'architecture révolutionnaire. Dans L'espace des Lumière, A. Vidler s'attache à remonter au
delà de la cabane primitive de Laugier en établissant l'Homme à l'État de Nature, de Rousseau
comme le premier architecte de l'Humanité. Kaufmann cite aussi Bonffrand présenté lui comme un
précurseur freiné par son époque, ses projets étant encore fortement empreints de l’esprit baroque,
Kaufmann voit dans le second projet pour le Palais de Malgrange le chaînon manquant entre
architecture baroque et architecture révolutionnaire. Cependant on ne le retrouve pas ou peu dans
les 2 autres ouvrages. Enfin Legeay est retenu par Kaufmann notamment pour ses eaux fortes
proches de celles de Piranèse, qui contiennent déjà tout la puissance fantastique et romantique que
l’on retrouve dans des projets utopiques ou dans les réponses aux concours nationaux lancés par le
Nouveau Régine après 1789 (surtout lors des concours de l'An II). Kaufmann se réfère aussi aux
ouvrages théoriques de ses architectes révolutionnaires Boullée avec son Essai sur l'art et Ledoux
avec l’Architecture considérée sous le rapport de l’Art des Mœurs et de la Législation. Il analyse
toute la portée qu'ont eu ces textes sur l'architecture mais n'aborde pas en détails les sources de la
pensée théorique de Boullée et Ledoux comme l'a fait A. Vidler par la suite. Ainsi, Kaufmann
concentre les origines de l'architecture révolutionnaire à l'intérieur du microcosme des architectes et
des dessinateurs de l'époque alors que les 2 autres ouvrages tentent d'ouvrir sur d'autres domaines
ayant influencés l'architecture.

Dans le catalogue de l'exposition Les Architectes de la Liberté 1789-1799, la notion d'édifice


national est essentielle pour comprendre la production architecturale de la dernière décennie du 18e
siècle. Des projets de bâtiments publics existaient déjà avant 1789. Les règnes de Louis XV et Louis
XVI avaient permis la création de grands projets d'utilité publique comme la Halle au blé (1763-
1767) par Le Camus de Mezière, la nouvelle Comédie (Odéon) (1779-1782) par Peyre et De Wailly
ou les barrières de Paris (1784-1789) par Ledoux (voir les articles de Mark K. Deming et de Franck
Folliot). Cependant ces projets cependant étaient marqués par un distingo, exposé par J.F. Blondel
dans son Cours d'Architecture entre les « monuments érigés pour l'utilité publique » et ceux
« élevés pour la magnificence » du roi ou de l'église (Église St Geneviève par Soufflot 1763-1790).
Avec la Révolution et la fin de la monarchie, apparaît l'idée de nation souveraine. Dès lors la
distinction entre édifices d'utilité publique et d'apparat, s'estompe. Toute nouvelle construction doit
servir et glorifier le peuple français. S'exprime alors l'idée d'un bâtiment national à la fois utile et
commémoratif.
Le cas de l'Assemblée Nationale est l'incarnation même de cette nouvelle idée. Apparue
comme une nécessité pressante lors des États Généraux à Versailles puis à Paris en 1789, de
nombreux architectes notamment P. A. Pâris, produisent des projets d'assemblées. Très vite l'idée de
la salle semi circulaire à gradins s'impose et après maints transferts suivant les événements de la
Révolution, l'assemblée nationale est aménagée dans le Palais Bourbon par J.P. Gisors et E.C.
Leconte. Pendant plusieurs années, les architectes ont produit des projets d'assemblée qui
dépassaient la simple utilité, devenant le nouveau temple de la nation, le palais du peuple, ce type
de bâtiment acquiert une dimension sacrée voire mystique que l'on retrouve dans les projets de
Palais National quasiment utopiques de Boullée ou de Lequeu (voir les articles de Pierre Pinon et de
Claudine de Vaulchier).

Dans ce même esprit, l'on peut citer aussi l'intérêt nouveau pour « l'architecture de la mort ».
Les sentiments nationalistes ravivés lors de la Révolution entraîne une volonté de graver dans la
pierre le souvenir des héros morts pour la patrie. Ainsi la réhabilitation de l'église Sainte Geneviève
en Panthéon, les colonnes commémoratives, les cénotaphes et nouveaux cimetières sont autant de
nouveaux projets réalistes ou utopiques commandées par l'Etat aux architectes révolutionnaires
(voir les projets de Boullée ou de Legrand et Molinos). De plus le rapport à la mort change,
l'inhumation chrétienne pour le salut de son âme ne convient plus au mode de vie urbain hygiénisé,
les morts sont enterrés à l'extérieur de la ville (Cimetière du Père Lachaise) et trouvent le « repos »
dans des jardins bucoliques (voir l'article de Richard A. Etlin). Ce goût pour l'antiquité romaine se
retrouve aussi dans les fastueux projets de décors et d'aménagements de places pour les fêtes
commémoratives avec par exemple les arcs de triomphe ou l'aménagement du champ de Mars à
Paris. Là, le caractère symbolique prend le pas sur la raison et l'on tombe vite dans l'extravagance
de la fièvre révolutionnaire (voir la porte du Parisis qu'on peut appeller l'arc du peuple de Lequeu).

La période révolutionnaire se caractérise aussi donc par la production d'une architecture


« religieuse » consacrée aux grands idéaux de la Révolution. Des projets de temples l'Égalité, de la
Liberté, de la Raison, de la Nature, de la Fraternité ou de la Concorde … apparaissent alors (voir
les projets de Durand, Boullée ou Lequeu). Bien que souvent restés à l'état de croquis, ils ont eu un
fort impact sur les gens de l'époque. Le but étant d'exprimer grâce à l'art, les nouvelles idées de la
Révolution. Empruntant à l'architecture religieuse de l'Antiquité (Égyptiens, Grecs et Romains) ils
construisent les nouveaux temples dédiés au culte révolutionnaire ou à l'être suprême voir même
celui dédié au futur empereur (voir l'article de James Leith).

Cette pensée révolutionnaire mystique se retrouve aussi à travers le développement des loges
maçonniques que décrit A. Vidler dans L'espace des Lumières. Seul auteur dans les trois ouvrages
étudiés à aborder le sujet, il met en évidence l'influence non négligeable qu'a eu la franc-maçonnerie
sur les architectes de la fin du 18e siècle. Même si leurs appartenances officielles à un groupe
maçonnique ne sont pas toujours biens connues, de nombreux grands architectes et théoriciens du
18e siècle sont considérés par l'auteur comme très proches de ces milieux secrets; par exemple
Laugier, Quatremère de Quincy, Le Camus de Mézière, Poyet, Ledoux, Brongniart, De Wailly ou
encore Lequeu. Il est d'ailleurs extrêmement frappant de voir que la pensée maçonnique et la
réflexion théorique sur les origines de l'architecture s'accordent dans une synergie parfaite
notamment grâce aux symboles. La cabane primitive de Laugier devient dès lors le temple de
Salomon des francs-maçons. L'architecture devient le symbole du lien divin entre l'Homme
bâtisseur et le Dieu omniscient (référence aux mythes cosmogoniques antiques : Adan, Salomon,
dieux égyptiens...). L'architecte a le profil de « l'acteur social idéal » qui en respectant les principes
de l'architecture des origines est capable d'apporter l'harmonie divine. Nourrie par cet univers
mystique de la franc-maçonnerie, l'architecture des loges est détaillée et analysée avec finesse par
l'auteur (par exemple avec la loge de Ledoux décrite par W.Beckford)
Dans son ouvrage A. Vidler, s'intéresse aux nombreux domaines qui ont influencés de près ou
de loin l'architecture révolutionnaire. En premier lieu : l'inspiration des textes de Lumières.
S'interrogeant sur la cabane primitive de Laugier, il la relie aux textes de Latifau (peuples
améridiens) Rousseau (Homme à l'état de nature) et Defoe (Robinson Crusoé), l'auteur constate que
l'idée d'Homme primitif, à l'état de nature, est essentielle à pour imaginer la « cabane primitive » .
Le besoin de se protéger est présenté comme la source de l'architecture, l'art de bâtir venant au
secours de l'Homme non civilisé (voir le frontispice de l'Essai sur l'architecture de Laugier,
allégorie de l'architecture gravure de Charles Eisen). Placée sur ce piédestal ontologique, la cabane
rectangulaire avec un toit en pente porté par le système poteau-poutre (colonne-entablement)
devient le stéréotype de toute construction.

La pensée scientifique et raisonnée est aussi une des sources de l'architecture de la fin du 18e
siècle. D'abord du point de vue constructif, la découverte des architectures passées (antiquité et
moyen-âge) et sa classification par les antiquaires tel que Viel de Saint-Maux ou Court de Gébelin
ou Quatremère de Quincy permettent d'entamer des réflexions sur les différents systèmes
constructifs (colonne-entablement, croisée d'ogive) qui seront repris ensuite par les techniciens et
des ingénieurs des ponts et chaussées (voir dans Les Architectes de la Liberté 1789-1799 l'article
d'Antoine Picon et de Michel Yvon)ou par des architectes comme Durand (voir dans Les Architectes
de la Liberté 1789-1799 l'article de D. del Pesco).

En outre, Vidler met aussi l'accent sur l'apparition de nouveaux programmes architecturaux
rendus nécessaires par les transformations sociales et les avancées scientifiques avec notamment
l'hôpital (Poyet) la prison (Ledoux et Durand) ou encore les premières usines (Ledoux et les Salines
de Chaux). Ainsi pour définir cette architecture révolutionnaire, il prend en compte des données
économiques et sociales (Pouvoir des physiocrates). Il concentre sa réflexion sur l'aspect utilitaire et
réformateur de ces nouveaux bâtiments et les relie à l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert aussi
bien dans la démarche intellectuelle que dans les nouvelles esthétiques engendrées. Vidler offre
ainsi une vision très large des éléments historiques et des théories de l'époque qui ont influencé la
production architecturale de la fin du 18e siècle.

Les idées et théories qui ont guidé la production architecturale française à la fin du 18e siècle
sont donc nombreuses et d'origines diverses. Kaufmann les focalise essentiellement à l'intérieur du
monde des architectes et des dessinateurs de l'époque. Les auteurs des Architectes de la Liberté
1789-1799, se concentrent eux sur la dimension institutionnelle de cette architecture . Vidler lui se
réfère aux différents courants de pensée philosophiques et scientifiques du siècle des Lumières qui
ont eu un impact sur l'architecture de l'époque. Cependant il est incontestable qu'il y a un lien de
cause à effet entre les changements sociaux et intellectuels entraînés par les idées des Lumières et
l'architecture française de la fin du 18e siècle.
II Formes et esthétique révolutionnaires

L'architecture révolutionnaire est marquée par une forte production de projets sur le papier
mais les véritables réalisations de ces projets sont beaucoup moins nombreuses et perdent beaucoup
de force par rapport aux projets sur papier. Les techniques de dessin se prêtaient alors
magnifiquement à l'expression les nouvelles idées révolutionnaires. L'utilisation du lavis pour les
ombres, un excellente maîtrise de la perspective et un soucis du détail très poussé, ont permis à des
architectes tels que Boullée, Ledoux, Lequeu mais aussi Brongniart ou Combes ... d'exprimer au
mieux leurs intentions et leurs sentiments. Cependant les formes et les esthétiques produites sur le
papiers restent coincées dans ces univers idéalisés et utopiques et le passage à la réalisation en
pierre trahit souvent les intentions et la beauté originelles des dessins (exemple des barrières de
Paris de Ledoux) (voir dans Les Architectes de la Liberté 1789-1799 l'article Geneviève Monnier) .

C'est Kaufmann qui en premier, dès les années 1920, voit l'intérêt esthétique et la modernité de
l'architecture révolutionnaire. En effet, les architectes de la fin du 18e siècle remettent en question
les canons architecturaux imposés par leurs ainés de l'Académie et de leur professeur J.F. Blondel,
ils cherchent de nouvelles inspirations formelles dans l'architecture antique grecque et égyptienne,
beaucoup plus épurée que l'architecture romaine alors seule référence connue. Les premiers travaux
d'archéologiques sur l'architecture grecque (voir Leroy) puis sa théorisation par Winckelmann
(présenté par A. Vidler) augmente la palette de références formelles des architectes. Les architectes
révolutionnaires Boullée et Ledoux mais aussi des architectes dits néoclassiques comme J.A.
Gabriel, M. Crucy, V. Louis, … utilisent ce langage épuré de l'architecture antique et poussent plus
en avant ce jeu abstraction des formes géométriques au point d'atteindre une esthétique parfois très
similaire aux productions du mouvement moderne, ce qui n'échappe pas à l'historien de l'art qu'est
Kaufmann. Par exemple avec le projet d'Hôtel-Dieu sur l'île des Cygnes à Paris de Poyet, le plan est
composé de deux cercles reliés par des rayons servant de salles pour malades . Boullée lui produit
des projets souvent utopiques, hors d'échelle où la symétrie, la pureté des formes géométriques
(cercle, triangle, carré) et les effets de perspective donnent à ses bâtiments des sentiments de
monumentalité et de puissance. Cette architecture parlante permet d'exprimer les idéaux universels
des Lumières et de la République ( voir dans Les Architectes de la Liberté 1789-1799 l'article Jean
Pierre Mouilleseaux).

La révolution des formes est particulièrement visible à travers l'œuvre de Ledoux. Kaufmann
consacre une grande partie de son livre à décrire les projets de Ledoux et la nouvelle esthétique qu'il
met en place. Les projets de maisons individuelles, de la cité idéale de Chaux et la myriade de
barrières de Paris lui permettent de tester constamment de nouvelles formes, de nouveaux
assemblages. Grâce à des planches regroupant quasiment toutes les barrières de Paris, Kaufmann
présente et analyse le jeu des volumes extrêmement développé, l'interpénétration des volumes,
opposition entre cercles et orthogonalité, mise en scène des masses. Ces innovations sont
extrêmement modernes à la fois pour le 18e siècle travaillant généralement sur les vues planes
(élévations et plans) et modernes aussi pour le 20e siècle où le Mouvement Moderne avec le
Bauhaus expérimente une architecture nouvelle dédié elle aussi au jeu des volumes et des formes
géométriques (orthogonales). A ce titre le travail de Ledoux sur les ouvertures est assez exemplaire.
Se débarrassant de toute modelature complexe et baroque, les fenêtres deviennent des vides souvent
représentés en noir qui rythment les façades des bâtiments de Ledoux (voir les maisons Hostein).Si
Kaufmann fait une description détaillée de l'architecture de Ledoux, c'est Vidler qui tente de trouver
une explication à ces nouvelles formes. Outre la volonté d'un retour à l'antique, l'architecture de
Ledoux présente selon l'auteur de l'Espace des Lumières, un lien évident avec l'Encyclopédie de
Diderot. Les planches dessinées de l'Encyclopédie représentent en majorité les outils et les ateliers
des différents métiers existant alors. Dans un but didactique, les machines et les ouvriers sont
présentés dans des ateliers vastes et bien ordonnés. Comparés aux planches de Ledoux lorsqu'il
conçoit des fonderies ou des salines, on retrouve cette même pureté de représentation. Les ateliers
sont grands, mettant en valeur le travail des ouvriers et présentant des formes géométriques pures.
De plus certaines formes de bâtiments sont directement inspirées du travail même des ouvriers.
C'est frappant pour les logements des bûcherons reprenant la forme pyramidale des entassements de
bois ou encore avec l'atelier des tonneliers composés de cylindre encastrés reprenant l'idée du
cerclage des tonneaux. Les projets de Ledoux mais aussi de Boullée ne sont pas pour autant
totalement libérés des normes architecturales du passé. En matière de décoration, les entrées des
temples, des palais ou les cénotaphes de Boullée présentent toujours quelques statues, inscriptions
et frises comme dans les bâtiments de ses prédécesseurs baroques. De même Ledoux pour les
salines royales d'Arc-et-Senans ponctue ses façades de bouches d'amphores déversant une saumure
pétrifiée et dramatise son entrée en créant une grotte artificielle. Ces digressions baroques n'ont pas
échappées à l'historien de l'Art qu'est Kaufmann mais cela ne pose pas de problèmes particuliers car
dans le cas de Ledoux et Boullée, ces décorations sont utilisées avec parcimonie à la différence des
productions de la période révolutionnaire (1789-1799) notamment certains dessins de Lequeu.

La notion d'architecture parlante devient alors transparente et bascule très rapidement dans le
symbolique et le mauvais goût. Les projets de Lequeu, d'architectes et d'artistes de la dernière
décennie du 18e siècle en sont l'exemple, c'est ce que révèle en partie certains articles du catalogue
Les Architectes de la Liberté 1789-1799. Les bâtiments conçus alors se couvrent de pyramides
égyptiennes et d'obélisques censés représenter la grandeur du peuple français égalant la civilisation
égyptienne. Des sculptures allégoriques des grands concepts révolutionnaires (liberté, paix,...)
viennent mimer les sculptures antiques des divinités greco-romaines. Ce jeu de l'architecture
symbolique trouve son apothéose dans les dessins de Lequeu qui se joue de tout les codes
architecturaux du passé et les assemble à sa guise pour créer une architecture de la subversion.

Le rapport à la Nature , à la Terre est aussi très important. Ledoux et Boullée inséraient le plus
souvent leurs bâtiments dans le site par le biais de la végétation ou par un jeu de volume entre le
terrain et les sous-bassement des bâtiments (voir les description des maisons individuelles de
Ledoux par Kaufmann). Cependant ce rapport entre architecture et nature n'était idéal et plaisant
que sur le papier. Les architectes de la période révolutionnaire gardent ce rapport avec la nature
mais leurs intentions deviennent maladroites lorsqu'ils faut les réalisés concrètement, en créant des
montagnes complètement artificielles (Projet de montagne dans la cathédrale Saint André à
Bordeaux pour la Fête de la Liberté et de la Raison, 1793 A.T. Brongniart) ou en recouvrant les
bâtiments sous une épaisseur de végétation (« Ornementation des piliers et des voûtes » pour le
temple de la Raison dans l'Eglise Saint Maurice de Lille en 1793, F. Verly).

Les projets architecturaux de la fin du 18e siècle qu'ils soient restés sur le papier ou qu'ils aient
été construits, expérimentent de nouvelles formes caractérisées par leur pureté géométrique, par la
monumentalité et affranchies en partie du classicisme du milieu du 18e siècle, même si des
éléments de décoration antérieurs subsistent et si la symbolique révolutionnaire viennent
bouleverser cette architecture géométrique. Il y a un relatif consensus dans l'ensemble des trois
ouvrages sur une continuité dans la production architecturale de 1770 à 1800 (voir la conclusion du
livre d'A. Vidler).
III Architectes et institutions révolutionnaires

Chaque mouvement architectural, est souvent incarné par certains acteurs qu'ils soient
architectes, artistes ingénieurs ou théoriciens. L'architecture française de la fin du 18e siècle
n'échappe pas à cette règle. Dès le début, avec Trois architectes révolutionnaires, Kaufmann
cristallise le concept d’architecture révolutionnaire autour de trois architectes : Boullée, Ledoux,
Lequeu qui forment ainsi une trilogie parfaite pour décrire l’histoire de l’architecture
révolutionnaire (« Boullée incarne principalement le combat pour les formes nouvelles ; Ledoux, la
recherche d’un nouvel ordre ; Lequeu, le dénouement tragique du mouvement révolutionnaire » ).
Cependant les travaux qui viennent après la redécouverte de cette architecture par Kaufmann, vont
peu à peu nuancer les choses et révéler que Boullée, Ledoux et Lequeu ne sont pas les seuls acteurs
de cette architecture révolutionnaire. D'autres architectes De Wailly, Durand, Brongniart, Percier
Fontaine, Chalgrin, Combes, Molinos, Thibault, Poyet, … ont aussi contribué à cette révolution
architecturale. Les institutions ont eu aussi une importance cruciale de l'Académie Royale
d'Architecture, jusqu'au nouveau régime. Enfin des théoriciens comme Quatremère de Quincy ont
aussi pris part aux débat architectural d'alors.

Boullée est le premier architecte révolutionnaire aux yeux de Kaufmann, notamment dans la
recherche de nouvelles formes. Le dépouillement et la symétrie sont chez Boullée un gage de beauté
aussi bien pour les projets « domestiques » comme l’Hôtel de Brunnoy que pour les monuments et
édifices publics aux dimensions utopiques (Cénotaphes ou Portes de ville). La recherche d’un idéal
artistique à travers des formes géométriques simples et pures chez Boullée est en parfait accord
avec les critères esthétiques que l’on rencontre dans l’architecture du 20e siècle. De plus Boullée se
préoccupe aussi de l’aspect structurel et de l’individualité des bâtiments. Cependant il reste trop
souvent dans une recherche prioritairement esthétique et idéologique (Muséum, Bibliothèque et
Temples), la recherche de l’émotion par la perspective ou par la monumentalité fait basculer
nombres de ses projets dans l’utopie. Dans Les Architectes de la Liberté 1789-1799 l'article de J.P.
Mouilleseaux donne un autre éclairage sur Boullée. Il met l'accent sur le rôle de théoricien et de
professeur de Boullée. Bien qu'il n'est jamais été professeur à l'Académie, il a cependant inspiré de
nombreux programmes de concours et fit partie de jurys. Représentant l'architecture à l'Institut
national à partir de 1795 il a participé activement à la formation d'architectes qui s'illustreront
ensuite : Brongniart, Chalgrin, Pâris, Thibault et Durand. Son travail théorique (Essai sur l'Art)
préfigure par certains points l'architecture du Mouvement Moderne. Ainsi à la fois dans son activité
et dans sa réflexion il révolutionne le rôle d'architecte.

Figure centrale de l'architecture révolutionnaire, C.N. Ledoux est le premier architecte


« redécouvert » par les historiens, Kaufmann et Vidler lui ont consacré chacun plusieurs
monographies. Bien qu'il est produit majoritairement sous l'Ancien Régime, Ledoux est vu comme
un architecte révolutionnaire, moderne aussi bien dans sa réflexion que dans les formes qu'il a
produit. Pour Kaufmann, Ledoux est un précurseur, un prophète de l’architecture moderne
(« certains de ses propos pourraient préfacer aujourd’hui nos livres d’architecture moderne »
« Beaucoup des plans de Ledoux ressemblent à ceux de notre architecture actuelle, Ledoux était un
précurseur »). Son travail sur la Cité idéale de Chaux en est l'illustration même et dans les 3
ouvrages étudiés tous saluent la modernité mais aussi le caractère utopique du projet. L'architecture
parlante, l'organisation rationnelle, fonctionnaliste des équipements et des logements, l'autonomie
des bâtiments et le quasi-refus de l'ornementation sont les réponses architecturales de Ledoux pour
sa cité pré-industrielle. La similitude avec l'architecture du Mouvement Moderne au 20e siècle est
frappante. C'est d'ailleurs cela qui pousse Kaufmann comme S. Giedion à chercher constamment à
établir un lien entre art et social dans les projets qu’il étudie avec plus ou moins de succès,
l’architecture de l’utopie, du plaisir imaginée par les architectes révolutionnaires étant parfois loin
de la situation sociale de l’époque. A la suite de Kaufmann, les auteurs sont beaucoup plus prudents
lorsqu'ils étudient Ledoux (voir la position de G. Erouart dans l'introduction au texte de Kaufmann
ou encore dans Les Architectes de la Liberté 1789-1799 l'article de D. del Pesco). Ledoux est
intéressant parce qu'il tente donner une forme et une vie aux idées nouvelles du 18e siècle. Il
expérimente, son but étant d'élever chaque chose chaque bâtiment au rang de l'œuvre d'art, mettant
ainsi le principe de l'Égalité universelle en application. La figure de Ledoux, comme Boullée est
essentielle à la définition de l'architecture française au 18e siècle, sa production papier ou construite
très importante (Barrières de Paris), et sa réflexion (l’Architecture considérée sous le rapport de
l’Art des Mœurs et de la Législation) en témoignent.

Dans son ouvrage, Kaufmann définit l'architecture des Lumières à partir d'architectes qui n'ont
pas eu de liens directs avec la Révolution française. Ledoux et Boullée ont produit principalement
sous l'Ancien Régime. Ils ont d'ailleurs eu quelques problèmes par la suite pour avoir été proches du
pouvoir monarchique. Lequeu modeste sans culotte, s'est très tôt retrouver seul et n'a jamais eu de
reconnaissance nationale de la part du Nouveau Régime. En tout état de cause Kaufmann, n'aborde
pas l'architecture de la période révolutionnaire proprement dite. Or avec le temps, et notamment
avec la redécouverte en 1983 des projets présentés aux concours de 1794 à 1799 (voir dans Les
Architectes de la Liberté 1789-1799 l'article de W. Szambien), on s'est rendu compte de la forte
activité de l'époque. En effet les concours de l'An II sont les plus importants jamais organisés (enfin
jusqu'au 20e siècle). Lancés par le Comité de Salut Public quelque mois avant la chute de
Robespierre, les jurys et les programmes ont une forte connotation politique (colonne
commémorative pour le Panthéon, temple de l'Égalité dans le jardin de Beaujon, monument pour la
fête du 10 août 1793, …) ainsi que des programmes nouveaux par rapport aux anciens concours
académiques (ferme rurale, ferme républicaine, palais de justice,châteaux d'eau...). Le
gouvernement lance ces concours en pleine insécurité à la fois économique, politique et militaire
(Terreur) cependant de nombreux architectes répondront à ces concours avec enthousiasme et
entrain. Avec la chute de Robespierre, le jugement est reporté et le jury remanié. Quatremère de
Quincy en devient président et d'anciens architectes représentants de l'Ancien Régime font leur
entrée comme Ledoux. Les grands gagnants de ces concours sont Durand et Thibault avec le
Temple de l'Égalité. Ces architectes représentent la nouvelle génération qui va s'imposer au début
du 19e siècle. Au final, les prix attribués n'auront pas beaucoup de valeur (assignats) et aucun des
projets ne sera réalisé. L'architecture des concours de l'An II (« architecture Messidor ») n'est qu'une
architecture de papier mais la mobilisation de l'ensemble de la profession marque bien l'envie
d'instaurer les bases d'une nouvelle architecture. Cet intérêt des architectes pour l'architecture civile,
nationale se retrouve aussi dans l'embellissement des ville de provinces (Lyon, Lille, Nantes, ...)
lancé sous l'ancien régime et qui n'a pas été stoppé par la Révolution et au contraire parfois même
encouragé par de nouveaux projets (port de Cherbourg) (voir dans Les Architectes de la Liberté
1789-1799 l'article Frédéric Morvan Becker).

Parmi les architectes révolutionnaires se trouve J.J. Lequeu. Dessinateur plutôt qu'architecte
l'essentiel de son œuvre se compose de dessins architectures et de croquis annotés. Cité dans les
trois ouvrages étudiés, tous les auteurs s'accordent sur le fait que sa folie n'était qu'apparente et
qu'au contraire ses dessins montrent qu'il possédait des facultés d'observation, d'analyse et de
critique très aiguës (voir la série de ses autoportraits). L'architecture qu'il produit à travers ses
dessins n'est pas destinée à la réalisation. Nombre de ses projets sont avant tout des recherches
d'expression à travers de nouvelles formes (formes géométriques pures et monumentalité) et
l'assemblage original des anciennes (orientalisme et gothique). L'architecture de Lequeu est souvent
une architecture parlante (voir projets de laiterie en forme de vache) mais cette architecture parlante
est souvent caricaturale et de « mauvais goût ». La personnalité de Lequeu est très complexe (voir
Jean Jacques Lequeu :une énigme, P. Duboy, 1987). Il a produit des projets pour tout les grands
programmes de son temps (concours de l'An II, projets de théâtre, de temples républicains
d'assemblée nationale,...) mais il reste toujours en dehors des normes. Vidler voit dans Lequeu un
contestataire incompris. Qui se sert de l'architecture comme d'un langage subversif (Sade, Fourier,
Loyola, R. Barthes, 1971). En ce sens Vidler le rapproche des écrits de Sade et Fourier. Tout les
trois à leur manière remettent en question l'ordre établit à travers l'invention d'univers et de sociétés
basés sur de nouvelles règles (libertinage, libéralisme, socialisme) générant de nouveaux types
d'espaces (architectures fantasmagoriques de Lequeu, châteaux et couvents réhabilités en maisons
closes chez Sade, le phalanstère de l'Harmonie chez Fourier). Ainsi avec ces asiles du libertinage
représentés par la trilogie Lequeu, Sade et Fourier, Vidler tente à l'instar de Kaufmann de voir
comment des utopies sociales ont pu être traduites sous forme d'architecture.

La description de architecture révolutionnaire passe nécessairement par la mise en avant de


certains architectes de l'époque. C'est dans le choix et la façon de présenter ces architectes que les
auteurs s'opposent le plus. Kaufmann place dès le début les trois architectes que sont Ledoux,
Boullée et Lequeu sur un piédestal et plus particulièrement Ledoux vu comme un précurseur du
Mouvement Moderne. Vidler dans son ouvrage reprend en partie cette trame mais écartant Boullée
pour ce concentrer sur Ledoux et Lequeu. Cependant il voit en Ledoux plus un artiste et un
architecte voulant traduire les idées des Lumières. Enfin dans Les Architectes de la Liberté 1789-
1799, aucun architecte n'est placé au centre de l'architecture révolutionnaire. Au contraire les
auteurs du catalogue présentent un panel très large des architectes de l'époque, se concentrant sur la
période révolutionnaire 1789-1799 où les concours lancés par l'État permettent à un grand nombre
d'architectes de s'exprimer et même pour certains d'anticiper sur le 19e siècle (voir Durand). Ainsi
l'architecture révolutionnaire n'est plus définie uniquement par la trilogie Boullée, Ledoux, Lequeu.
Conclusion:

A travers ces trois ouvrages, on a vu comment les auteurs tentent de définir ce concept
d'architecture révolutionnaire. E. Kaufmann, avec Trois architectes révolutionnaires : Boullée,
Ledoux, Lequeu, a ouvert tout un champ d'étude sur l'architecture française à la fin du 18e siècle. En
décrivant les projets de ces architectes il a montré qu'il existait une unité et une continuité formelle
dans l'architecture de cette époque comme l'a constaté Vidler dans la conclusion de son ouvrage.

A. Vidler, avec L'espace des Lumières : architecture et philosophie, de Ledoux à Fourier,


approfondit les recherches de Kaufmann en situant l'architecture révolutionnaire dans un contexte
intellectuel bien précis : celui du siècle des Lumières avec ses grandes idées ayant conduit à la
Révolution mais aussi avec la multitude de courants intellectuels de l'époque : les antiquaires, les
premiers scientifiques, les physiocrates, les franc-maçons. Vidler répond en partie aux questions
restées en suspend dans le livre de Kaufmann.

Bien que composé d'articles d'auteurs différents, le catalogue de l'exposition Les Architectes
de la Liberté 1789-1799, approfondit lui aussi le travail de Kaufmann en augmentant le nombre
d'architectes dont la production est proche ou similaire à celle de Boullée, Ledoux ou Lequeu. De
plus catalogue éclaire une autre partie de l'architecture révolutionnaire, celle produite pendant la
période révolutionnaire (1789-1799), où l'État a fait appel aux architectes pour servir la nation et
diffuser les nouvelles idées révolutionnaires.

Cependant se pose le problème du double sens de l'architecture révolutionnaire. Est-elle


révolutionnaire en elle-même ou sont-ce les événements politiques et sociaux de l'époque qui la
définisse comme révolutionnaire ? L'étude des trois ouvrages montre que c'est plutôt la première
solution. En effet, les architectes tel que Ledoux et Boullée n'ont pas attendus la Révolution pour
transformer leurs programmes et explorer de nouvelles formes. Les idées des Lumières qui ont
abouti à la Révolution étaient déjà connues par les architectes. En effet les architectes de l'époque,
surtout ceux de Paris, faisaient partie de l'élite éclairée qui fut le premier public des Lumières. Ainsi
les architectes étaient déjà sur la voie du changement quand la Révolution a débutée. Pendant la
période révolutionnaire, le besoin de nouveaux bâtiments nationaux a attiré beaucoup d'architectes
et lorsqu'ils ont dû en même temps construire les monuments de la propagande du Nouveau
Régime, leurs projets ont perdus les qualités formelles et intentionnelles de leurs premiers dessins.
C'est pourquoi l'architecture révolutionnaire reste une architecture de papier, utopique et comprimée
par les paradoxes. Entre les idées abstraites et généreuses des Lumières et la réalité rude et
complexe de la Révolution.
Architecture Révolutionnaire ?

Dessin de Lequeu ?
Symbole franc-maçonnique ?
Cénotaphe à Robespierre ?

Photomontage à partir d'une pyramide de


Boullée et du Coup d'œil du théâtre de Besançon
par Ledoux

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