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Texte revu en septembre 2012, paru dans sa première version en septembre 2005 dans la Revue de Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence volume 53, numéro 5, pages 211 à 223. Ce texte reprend les thèmes développés dans les articles parus dans Paternité et virilité, Spes, 1963 (chap. V. p. 115-135) ; Lettres de l’école freudienne numéro 4, 1967 ; Confrontations psychiatriques, n° 16, p. 149-188, 1978.
Texte revu en septembre 2012, paru dans sa première version en septembre 2005 dans la Revue de Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence volume 53, numéro 5, pages 211 à 223. Ce texte reprend les thèmes développés dans les articles parus dans Paternité et virilité, Spes, 1963 (chap. V. p. 115-135) ; Lettres de l’école freudienne numéro 4, 1967 ; Confrontations psychiatriques, n° 16, p. 149-188, 1978.
Texte revu en septembre 2012, paru dans sa première version en septembre 2005 dans la Revue de Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence volume 53, numéro 5, pages 211 à 223. Ce texte reprend les thèmes développés dans les articles parus dans Paternité et virilité, Spes, 1963 (chap. V. p. 115-135) ; Lettres de l’école freudienne numéro 4, 1967 ; Confrontations psychiatriques, n° 16, p. 149-188, 1978.
CHAPITRE V
ASPECTS PATHOLOGIQUES DE LA PATERNITE
Tout n’est malheureusement pas normal dans la
paternité vécue par Vadulte du sexe masculin, mais
ces aspects pathologiques sont, en réalité, trés mal
connus encore.
Le P* Ag, Ebtinger, médecin des Hépitaux de
Strasbourg, est en France un spécialiste du probiéme,
et on ne squrait trop le remercier d’avoir bien voulu
collaborer a cet ouvrage. Une fois de plus se vérifiera
@ la lecture de ce chapitre la difficulté a tracer des
frontiéres entre le normal et le pathologique: expé-
rience fondamentale pour Vvhomme, la paternité remet
en cause toute sa structure psychologique et sa « situa-
tion > d’adulte.IL ne fait de doute pour personne que l’expérience
de la maternité constitue pour la femme une étape
importante de son développement psychobiologique,
et les accidents pathologiques de cette étape — notam-
ment les psychoses dites puerpérales — sont des faits
sinon élucidés, du moins bien connus. L’existence
dune pathologie de la paternité a, par contre, besoin
d’étre démontrée et peut étre mise en doute. L’absence
évidente d’un bouleversement hormonal, volontiers
incriminé dans les psychoses puerpérales, contraint &
attribuer au seul événement vécu de la paternité un
role pathogéne, N’est-il pas excessif de vouloir attri-
buer au vécu si commun et si banal de la paternité une
telle importance ?
Avant de répondre 4 cette question, il convient
de remarquer d’abord que I’étude psychologique du
vécu normal de la paternité est curieusement négligée
ol méme abandonnée, semble-t-il, aux humoristes et
Hux caricaturistes qui ne se privent pas de tourner
les «affres> du pére en dérision. L’expérience du
pore est objet de plaisanteries : « C’est évidemment le
pre qui a le plus souffert», dit-on avec le sourire,
pornant la l'étude de Vexpérience vécue de la pater-
nité, Cette négligence, qui est sans doute le signe d’un
rofouloment généraliaé, ext cependant regrettable et
étude de Vexpérience yéeus de la paternité s'impose
dautant plis qu'un det souels de Vobstéteique mo»
dorne onl de fnive partloiper davantage homme a
Nivenement de li nalaanoe, Mi cette participation eat
on apparenee (i Mola c= MINE dana now elvis
Hon Mathnologie Howe apprend par contre que118 PATERNITE ET VIRILITE
dans le comportement dit de la convade, par exemple,
Vhomme peut mimer laccouchement, traduisant par
1a sa participation.
Dans notre civilisation occidentale, l’attention s’est
portée presque exclusivement sur le réle du pére —
autorité, carence, défaut paternels dans leurs effets
sur le développement de enfant. Il est superflu de
rappeler l’importance accordée depuis Freud au com-
plexe d’CEdipe normatif et 4 ses distorsions patho-
génes. Mais les écrits psychanalytiques eux-mémes,
prolixes lorsqu’il s’agit d’CEdipe, le fils, n’accordent
guére d’intérét 4 Laios, le pére, 4 ses angoisses, qui
cependant furent déterminantes. La mythologie
abonde pourtant en thémes illustrant l’angoisse du
pére devant sa progéniture : i] nous suffira d’évoquer
Cronos dévorant ses enfants ou Zeus qui, ayant lui-
méme échappé a la dévoration paternelle, avale Metis
enceinte pour prévenir la naissance d’un fils qui le
détrénerait. L’ogre de nos contes, abandon ou lexil
du fils dans les légendes (pensons & La vie est un
songe, de Calderon), s‘ils reflétent certes les angoisses
enfantines, n’en sont pas moins inventés et racontés
par les adultes. Mythologie et folklore font pressentir
que l'avénement d’une génération nouvelle n’est pas
seulement vécu comme un «heureux événement »,
mais peut aussi mobiliser une agressivité et une an-
goisse archaiques. Mais si nous ne voulons pas accor-
der aux mythes d’autre valeur que d’éire précisément
mythiques, la pathologie dévoile elle aussi parfois les
fantasmes archaiques que la paternité est susceptible
de réactiver.
Cest pourquoi c’est & V’expérience clinique que
nous ferons appel pour tenier de démontrer la réalité
dune pathologie de la paternité. En effet, les réactions.
pathologiques a la paternité, pour méconnues qu’ellos
soient, sont, croyons-nous, fréquentes et peuvent revie
tir dans leurs aspects extrémes, psychotiques, di
formes particuliérement démonstratives. Auss! ostell
peut-¢tre opportun d’introduire notre exposd par
quelques observations, nécessairement trés aLrighPATERNITE ET VIRILITE
de quelques cas de psychoses de paterniié. Précisons
. qu’en parlant de psychose de paternité il n’est évi-
demment pas question d’ériger la paternité en facteur
étiologique. Il ne s’agit que de désigner par cette déno-
mination —~ d’une maniére analogue aux psychoses
puerpérales — des phénoménes psychotiques sur-
venant en relation chronologique étroite avec l’an-
nonce d’une paternité, la grossesse et l’accouchement
de la femme, l’avortement ou la naissance de l’enfant,
et dont les themes se référent indubitablement au vécu
de la paternité. Il est bien évident que la réaction
pathologique a cette situation commune et banale
dépend, comme toute psychose, de la structure anté-
rieure du sujet et de la signification particuliére que
Vévénement peut prendre en fonction de cette struc-
r ture.
Précisons aussi que notre étude se limite aux réac-
tions immédiates et que nous n’envisagerons pas
Pévolution ultérieure de sentiment paternel.
De méme, nous laissons de cété l'étude des réper-
cussions dues a l’absence de paternité.
Observation N° 1 (1).
S. Lucien est un homme de vingt-sept ans, cuisinier,
admis le 30 octobre 1957 4 la suite d’un raptus suici-
daire avec automutilation de la verge, précédant de
quelques jours le terme de la premiére grossesse de
sa femme.
Marié a vingt el un ans, il était resté cing ans sans
enfant et avait craint d’étre stérile (se souvenant qu’il
avait eu les oreillons). La grossesse de sa femme le
réjouit, mais la survenue d’hémorragies au troisiéme
mois fait craindre un avortement, et dés ce moment S.
ne cessera d’étre tourmenté, craignant Ja fausse couche
(1) ‘Toutes nos observations ont
pavenatlgue rare ie ion
‘Th,120 PATERNITE ET VIRILITE
et redoutant la mort de l’enfant. Mais aussi le nom que
portera l’enfant le préoceupe beaucoup, car il est lui-
meéme fils de fille mére et n’a pas connu le nom de son
pere. Enfant abandonné, il a refusé A sa majorité de
faire la connaissance de sa mére, alors qu’il en avait
Voccasion, refus qu’il se reproche maintenant. Enfin,
il se préoccupe de son hérédité qui lui est entiérement
inconnue et qui pourrait comporter des tares.
La grossesse approchant de son terme, l’anxiété
grandit: le souci au sujet de la santé de sa femme,
la peur de la perdre A l’accouchement se font plus
i aigus, des auto-accusations s’ébauchent: il n’a pas
i épargné suffisamment de fatigues & sa femme, des
infidélités de jadis lui reviennent a l’esprit, qu’il se
reproche violemment. Bientdt, il se sent surveillé au
travail, croit que ses camarades sont au courant de
ses infidélités.
Le 29 octobre au soir, il est dans un état oniroide,
i voit des tableaux bouger au mur, se sent poursuivi par
la police. Le 30 octobre, brusquement, il saisit un cou-
teau et se sectionne la verge aux deux tiers.
A l’admission (aprés passage en clinique chirurgi-
cale), le souvenir de l’acte de mutilation est confus.
S. présente un état dépressif accusé avec auto-accu-
sations nombreuses, idées d’indignité multiples. On
reléve qu’il croit étre abandonné de Dieu parce qu'il a t
perdu son alliance un mois aprés son mariage. S, ne
peut admettre que son fils né entre-temps soit en vie.
Peu a peu, V’angoisse et la dépression se dissipent.
S. admet, aprés avoir yu le livret de famille et le certi-
ficat de baptéme, la réalité de la naissance normale.
Le sens de l’auto-mutilation ne peut étre précisé dayan-
tage. Toutefois, il semble certain qu’il avait voulu, en
se mutilant, se suicider.
Le malade est repris prématurément par sa famille,
décidé A entreprendre une cure de désintoxication
alcoolique (sa profession de cuisinier l’exposant A des
exces). Il se fail effectivement réhospitaliser, mais dés
le début de la cure une nouvelle bouffée anxieuse
éelate, avec idées de suicide. S. s’accuse de s’dtre man-PATERNITE ET VIRILITE 121
qué une premiére fois par lacheté. Mais alors que l’an-
goisse parait 4 son comble, il fait une expérience déli-
rante mystique consolatrice: dans son alliance, qué
sa femme venait de lui racheter, et qui brille au soleil,
il voit la Vierge lui apparaitre qui lui montre la voie.
Cette nouvelle poussée psychotique a pu étre rapide-
ment jugulée par le traitement et le malade semble
avoir guéri définitivement.
Observation N° 2.
A. Jean-Louis. Chez ce malade de trente ans, vigne-
ron, une bouffée délirante aigné éclate quatorze jours
aprés ’accouchement de sa femme. Il s’agissait de la
troisiéme grossesse en quatre ans, mal supportée. La
femme avait di étre hospitalisée sept semaines pour
des motifs que nous ignorons, avant la naissance pré-
maturée au septiéme mois d’un enfant qui meurt aus-
sitot. I] faut relever aussi que le malade avait concu
ce dernier enfant au moment de la maladie et de la
mort de son pére cardiaque.
Les thémes extériorisés au cours de sa psychose
étaient composés d’éléments en rapport avec sa pater-
nité, de préoccupations mystiques et exprimaient une
intense culpabilité ramenée plus précisément par le
malade au refus exprimé jadis d’entrer au séminaire
et de devenir prétre, Aussi, en punition, sa femme est
consée étre morte, au ciel, veuve d’ailleurs, lui-méme
¢tant en enfer. Il a des visions, voit son pére qui lui
dil qu'il va mourir, voit passer ses trois enfants. Par
moments, i] se sent possédé par Je diable, se roule a
lerre en hurlant. Un traitement par 5 électrochocs
jugule rapidement cette expérience hallucinatoire et
délirante. Redevenu calme et lucide, le patient attribue
Sa maladie au surmenage et A Vinquiétude installée
aprés la mort de son pére. Il explique qu’il vit inten-
sément les grossesses de sa femme, «tout ad fait
comme elle», D'nilleurs, il avait aidé aux premiers
accouchoments, Apron wa sortie, A, reprend son trasa
122 PATERNITE ET YIRILITI
vail, ne parle plus de son épisode psychotique et
jamais de son enfant mort.
Un an plus tard, au mois de juillet, il est réhospi-
talisé pour un état d’angoisse hypocondriaque. Cetle
nouvelle inquiélude s’élait installée A la suite d’un
incident agricole, mais significatif : il avait di vendre
une vache qui avait mis bas un veau mort-né. Alors
qwil est encore hospitalisé (3-8), sa femme doit étre
opérée d’ «appendicite >». Le 23-8, quatre jours avant
Vanniversaire de la mort de son enfant, éclate une
forte crise d’angoisse avec tremblements, palpitations,
suffocation ; il sent de l’électricité dans tout le corps,
«tout & fait comme I’an passé ». On craint I’éclosion
d’un nouvel épisode psychotique. Mais le traitement
neuroleptique mis en ceuvre jugule I’état de panique,
et aprés quelques jours A. peut quitter le service.
Observation N° 3.
D.L. Othello est un macon italien de vingt-trois ans
chez qui un épisode psychotique aigu éclate, dans le
cours d’une néyrose post-traumatique, A V’occasion
d'une paternité. Une longue histoire d’accident du tra-
vail avec revendication de rente et démélés avec le
médecin conseil et le médecin traitant précéde l’éclo-
sion de la psychose. L’un des médecins avait porté le
diagnostic suivant: «Comportement profondément né-
vrosé avec anxiété, instabilité, préoccupations hypo-
condriaques. » Othello n’était pas marié, mais viyait
depuis plusieurs années en coneubinage. C’est alors que
sur le plan professionnel il se sent diminué et incapable
d’exercer son métier, que son amie devient enceinte,
L’inquiétude ne cesse de grandir ; il n’a plus de repos,
devient de plus en plus jaloux ; l’agitation et la volubi«
lilé ne cessent de croitre, de sorte qu’il doit étre admis
4 la clinique psychiatrique, alors que sa concubine eat
au sixiéme mois de sa grossesse, A l’admission, il eat
subconfus, agité, et persuadé que son enfant est déjh
né. Il se le représente agé d'un an ou davantage etPATERNITE ET VIRILITE 123
imagine qu’il porte son nom. Il exhibe d’ailleurs une
photo, ou plus exactement un prospectus représentant
un splendide bébé. Il écrit des letires enthousiastes @
son amie, vantant la beaulé de son enfant. Pour ne pas
le contrarier, son amie joue le jeu et Iui envoie une
carte postale représentant un enfant d’environ cing
ans (petit Othello) lui offrant des fleurs.
L’épisode délirant dure une quinzaine de jours.
L’agitation se calme sous traitement neuroleptique.
Le malade ne parle plus de son fils, mais lors d’un
congé d’essai, Othello (ce n’est pas un pseudonyme !)
révéle sa jalousie en émettant des doutes sur sa pater-
nité et la fidélité de sa concubine, la contraignant a
des coits répétés alors qu’elle est enceinte de huit mois.
Réadmis, l’inquiétude et Vagitation persistent jusqu’a
Ja naissance. La nouvelle de heureux déroulement
des événements entraine la disparition des troubles
psychotiques. Deux ans plus tard, il est pére 4 nou-
veau, et cette nouvelle paternité réactive ses angoisses,
sous une forme mineure semble-t-il, puisque son
médecin traitant nous écrit qu’il n’eut besoin cette
fois «que d’une psychothérapie >.
Observation N° 4.
§. Gérard, yingt-neuf ans, est un mineur italien,
pére de 4 enfants agés de cing, quatre, trois ans et
tr mois. Sa femme est enceinte. Au quatriéme
mois, 4 peine sa femme lui a-t-elle annoncé cette
cinquiéme grossesse et aussi son mécontentement,
Vidée lui vient que cet enfant pourrait ne pas étre
de lui, I veut lui extorquer l’'aveu de son infidé-
lité ; il s’ensuit des disputes violentes. Un jour, il fait
méme mine de l’étrangler, I] devient aussi brutal
avec les enfants, s’excite de plus en plus, ne peut plus
dormir, Un solr, it voit le dlable «tout noir ayee des
corned» qui passalt «rapide comme le vent», il avait
pepandin ou le lempa ede til tren le mang di cours,
Ja volx di Hable Ta totimall Nordea de ae eondee124 PATERNITE ET VIRILITE
au fond de la mine pour y mourir, Affreusement an-
goissé, il se léve, raconte sa vision a sa femme qui
tente de le calmer. Le lendemain, il se rend néan-
moins 4 son travail, mais a trés peur de mourir. Deux
jours avant son admission 4 la clinique, il va dans un
bois et brile ses habits, mettant en pratique un exor-
cisme gitan que sa mére lui aurait enseigné sur son
lit de mort. Il raconte qu’il avait trouvé dans une
poche une sucette de bébé remplie de sang, enveloppée
dans un chiffon. Cette sucette était attachée 4 son
i costume par un cordon. C’était Vinstrument utilisé
par le diable pour sucer son sang.
Les visites du diable se répétérent, toujours la nuit,
et a chaque fois il lui soutirait du sang, de sorte qu’il
i se sentait le matin avoir le cceur vide. S. imagina que
le diable utilisait ce sang pour fabriquer d’autres dia-
bles. Lorsqu’il lui fut demandé a quoi le cordon de la
sucette le faisait penser, il raconta qu’il devait sou-
vent se lever la nuit pour donner la sucette au bébé
de treize mois, aprés quoi il lui était difficile de se
rendormir. Mais jamais il n’aurait, méme pas par mé-
garde, mis cette sucette dans sa poche, et d’ailleurs
dans le vétement brfilé la sucette avait été attachée
avec une ficelle.
Il est & peine besoin d’interpréter pour saisir les
significations qui se profilent derriére cette apparition
i du diabolique suceur de sang qui l’épuise, du cordon
qui attache la sucette 4 son habit, du chiffon qui
«lange» la sucette, et pour voir l’évidente relation
avec la paternité non désirée, dont le malade en un
premier temps avait tenté de se débarrasser par une
projection délirante sur un rival imaginaire. La bouf-
fée délirante céda en quelques jours; il ne fut pas
possible d’amener le malade — personnalité fruste et
superstitieuse — a une critique véritable de son expé-
rience délirante. Pour lui, l’essentiel fut que le diable
ne se manifesta plus.
Peut-étre n’est-il pas inutile de souligner que la
psychose survint lors de la cinquiéme paternité et qu’il
avait été lui-méme le cinquiéme de 7 enfants,PATERNITE ET) VIRILITE
Observation N° 5.
S. Antoine, cultivateur, né en 1924. Personnalité 4
structure obsessionnelle ayant déja présenté en 1941
un épisode pathologique mal caractérisé, probable-
ment dépressif.
Sexuellement inhibé, S. n’a pas de relations fémi-
nines jusqu’a vingt-cing ans. Pressé par son pére, il se
marie année méme de la mort de sa mére. Quinze
mois aprés son mariage, il a un fils (1951). En 1952,
une fille qui meurt A trois mois, le jeudi saint. Une
deuxiéme fille nait en 1953.
En automne 1956, nouvelle grossesse de sa femme,
non désirée. Des varices la génent beaucoup, elle est
souvent alitée. Aprés une phase prodromique caracté-
risée par des ruminations obsédantes au sujet de la
sanié de sa femme, un tableau mélancolique franc
s’installe chez S. aux environs de Noél. Les auto-aceu-
sations, multiples, concernent toutes la sexualité. S.
s’accuse de masturbation, de bestialité, est persuadé
avoir le sang malade (syphilis). I n’aurait jamais da
se marier, aurait di se faire prétre. Le malade est
traité par électrochocs qui font progressivement virer
V'état dépressif en état de manie hargneuse. Aprés
arrét du traitement, S. fait une bréve expérience déli-
rante mégalomaniaque le jeudi saint (jour anniver-
saire de la mort de sa deuxiéme fille). Il hurle », L’accouchement se
déroule bien. La femme regagne le domicile trois
semaines plus tard, mais déclare 4 larrivée qu’elle
n’acceptera pas de rapports avant que ses cycles soient
devenus réguliers et qu’elle puisse les contréler par
la méthode des températures. Dans le méme temps, S.
a des soucis professionnels, des dossiers en retard, IL
se sent incapable de résoudre certains problémes liti-
gieux. Un jour, alors qu’il roule en train vers Paris, il
lit dans son journal un fait divers. Titre: «Un agent
S.N.C.F. et sa femme abandonnent leurs enfants ».
Tl lit ce titre a un collégue qui commente: «Il y ena
dautres >. Evidemment, S. pense que la S.N.C.F. va
lui reprocher d’avoir exagéré ses frais de déplacement
et d’avoir par sa négligence trahi la mére patrie (les
dossiers dont il s’occupe sont des dossiers de douane),
Le soir méme, il délire: on le surveille, on a mis des
agents S.N.C.F. a ses trousses, il va étre espionné.
Admis a la clinique psychiatrique, il est persuadéPATERNITE ET VIRILITE 127
que les malades du service sont des espions déguisés,
le supplice l’attend dans la cave, il va étre torturé par
des pointes de feu. I] se sent d’ailleurs coupable envers
sa femme qu’il a trahie, coupable d’avoir fléchi sexuel-
lement, coupable d’avoir trahi la S.N.C.F.
Une cure de Tofranil, immédiatement mise en cu-
vre, améne une sédation de l’angoisse en huit jours,
avec des oscillations de la croyance délirante.
Les réves que le malade fait pendant le traitement
sont particuliérement instructifs et montrent bien que
le probléme de la paternité oceupe une place centrale
dans sa psychose. Son propre nom, qui évoque la
coupure (on peut relever aussi la profession de son
pére: boucher), y est symbolisé de diverses fagons,
associé & des termes de castration. Le theme de l’aban-
don de la femme y est exprimé d’une maniere évi-
dente. Citons un réve particuliérement éloquent : dans
une assiette, que le malade dessine comme un utérus
vu en coupe, mijote une masse informe. Le malade
vient apposer sur le pourtour de la cire A cacheter.
Association a cette cire a cacheter: «ce qui sert 4
apposer ses initiales sur les lettres >.
La paternité est donc bien vécuc, dans un contexte
de culpabilité et d’angoisse, comme l’expérience du
nom a transmettre et 4 imprimer sur ce qui n’est
encore qu’une « masse informe >.
*
we
Les observations que nous venons de résumer se
situent évidemment dans le registre des affections
psychiatriques majeures: les psychoses. Les étroites
connexions, tant chronologiques que thématiques, que
ces états psychotiques ont manifestement avec le vécu
de la paternité autorisent, pensons-nous, 4 parler de
« psychoses de paternité », par analogie aux psychoses
puerpérales. Quatorze observations de ce type ont été
recueillies A la Clinique Psychiatrique de Strasbourg
en quatre ans. Il ne saurait encore étre question128 PATERNITE ET VIRILITE
d’évaluer leur fréquence statistique, surtout qu’elle
apparait de plus en plus grande a mesure de l’atten-
tion portée aux concordances chronologiques. Leur
intérét réside du reste moins dans leur fréquence
numérique que dans les yues qu’elles permettent
d’avoir sur les résonances inconscientes du yécu de la
paternité, sur les fantasmes inconscients qui l’accom-
pagnent, et que l’état psychotique dévoile. Celles-ci
montrent en effet 4 nu les angoisses, les réactions de
culpabilité, de jalousie, les identifications féminines
qui, dans le registre des répercussions néyrotiques
que nous allons maintenant envisager, sont davantage
masquées,
C’est en effet dans le registre névrotique que se
limitent le plus souvent les réactions pathologiques.
Mais ici la connexion avec le vécu de la paternité ris-
que davantage de rester ignorée du fait du processus
— commun dans les névroses -— du déplacement qui
consiste en ceci que l’angoisse née de la situation de
Ja paternité est vécue par le malade comme étant liée
4 une autre circonstance, par exemple A des difficultés
dordre professionnel. La réaction pathologique est
@ailleurs d’autant plus facilement méconnue que la
propension est plus forte chez l’observateur a tenir la
fonction de procréation pour négligeable. Une curieuse
dissociation semble s’étre produite ; alors que la sexua-
lité a acquis droit de cité, —- au point d’obnubiler
parfois les esprits, — la procréation, son réle et ses
répercussions psychiques semblent étre l’objet d’un
refoulement général, dés lors qu’il s’agit de Vhomme.
Voici deux brefs exemples de réactions névrotiques :
— Le premier est facilement rattaché a sa cause: la
crainte de la paternité. Un homme de trente-quatre ans
— profession libérale — se présente en état de grande
angoisse, annoncant que depuis quinze jours s’est ins-PATERNITE ET VIRILITE 129
tallée subitement une impuissance. I incrimined’abord
le surmenage, des difficultés d’ordre professionnel,
méme la situation politique, pour finalement, au mo-
ment de prendre congé, signaler précipitamment qu’a
la suite de annonce que lui avait faite sa femme d’un.
retard de régles et d’une possibilité de grossesse, il
avait ressenti une violente hostilité envers elle. Depuis
lors, il s‘adonnait 4 la masturbation avec fantasmes sa-
diques. Mais il lui était, par contre, devenu impossible
d@avoir une érection en présence de sa femme, quoi-
qu’il se soit rapidement ayéré qu’il s’était agi d’un
simple retard de régles et qu’il n’y avait pas grossesse.
Nous apprendrons dans des entretiens ultérieurs qu’il
a épousé aprés de longues hésitations une femme trés
«maternelle > qui lui a apporté le bonheur dans la
sécurité, bonheur et quiétude qu’il redoute fortement
de voir menacés par V'intrusion d’un enfant. Alors qu’il
a réussi professionnellement et socialement, l’épreuve
de la paternité vient réyéler brutalement la précarité
de son équilibre et déyoile la nature véritable du lien
qui l’unit 4 sa femme trop « maternelle >.
Ici, examen du malade nous met d’abord en
présence d’un tableau de dépression anxieuse aux
causes apparemment banales. Un chauffeur de taxi
vient consulter pour insomnies, irritabilité, nervo-
sisme. Pour lui, il s’agit de surmenage et des consé-
quences de l’irrégularité de son horaire de travail. En
effet, il travaille la nuit, dort mal le jour. L’attente
aux feux rouges l’énerve, dit-il, tout particuliérement
et lui devient par moments intolérable. Sa femme, qui
Paccompagne, a une tout autre version : il I’a obligée
quinze jours avant la consultation a pratiquer un avor-
tement (le troisiéme d’ailleurs). Pendant le temps
qu’avait duré la courte grossesse, il avait eu une acti-
vilé sexuelle redoublée. Aprés l’avortement, la reprise
des contraintes, et plus encore la culpabilité incons-
ciente fortement réprimée, mais que de nombreux
indices manifestaient 4 I’évidence, déclenchérent une
angoisse qui trouvait son expression culminante
9|
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130 PATERNITE ET VIRILITE
devant les feux rouges, dont le sens symbolique n’a
guére besoin d’étre souligné.
Nous ne pouvons multiplier les exemples, mais vou-
drions signaler un type de réaction anxieuse qui
accompagne fréquemment l’expérience de la pater-
nité: le besoin impérieux et contraignant d’assurer
la sécurité du foyer, par exemple par la construction
dune maison ou par la souscription de primes d’assu-
rance, Certes, ce souci peut paraitre bien légitime et
nous n’entendons pas mettre en cause son ulilité
réelle. Mais il reste que dans bien des cas le caractére
précipité de la décision ou aspect obsédant de ce
» trahissent V’anxiété et l’insécurité qui les
sous-tendent. On ne peut du reste manquer d’étre
frappé par la fréquence chez les hommes de dépres-
sions dites de la construction, oi s’exprime la crainte
de défaillir dans le réle de maitre de maison et du
foyer.
*
ae
Ces quelques exemples yont nous permettre de
tenter une mise en place trés imparfaite et toute pro-
visoire des éléments constituants de l’événement véeu
de la paternité dans ses aspects positifs et négatifs.
Lexpérience de la paternité est normalement celle
de la preuve, manifeste, sociale, de la virilité qui con-
fére 4 ’homme le sentiment de sa puissance, la certi-
tude de la possession de la femme.
Avec la paternité, "homme accéde véritablement au
registre symbolique. Donnant son nom, il s’insére dans
une lignée, il devient maillon d’une chaine symbolique.
Si la mére donne la yie, le pére donne son nom, et
cest par lui que l’enfant est recu par la société.
Mais c’est en méme temps accession & l’égalité
avee les parents. C’est en devenant pére que I’ex-
enfant s’émancipe définitivement.
Cest une valorisation sociale: qu’on songe seule-
ment a la gloriole que confére a certains le titre de
«pére de famille nombreuse ».PATERNITE ET VIRILITE 131
C'est un gage de pérennité qui vient, sinon combler,
du moins étancher le désir d’éternité : la succession
est assurée, la possibilité est donnée de projeter désirs
el réves sur l’enfant (il doit étre plus heureux que
moi, ayoir une meilleure situation, etc.).
Enfin, l'enfant donnera l’occasion d’achever sa pro-
pre enfance. A travers l'enfant, l’adulte revivra les
étapes de son enfance. L’adulte qui a dQ abandonner
son propre narcissisme, son égocentrisme infantile, va
étre séduit par cet étre égocentrique, image de lui-
méme enfant, et retrouve ainsi son narcissisme
(Freud).
A tous ces aspects positifs peuvent correspondre
des manquements négatifs, et ¢’est en fonction de sa
structure mentale, de son histoire, que le futur pére,
ex-enfant, va répondre lorsqu’il sera confronté tout au
long de l’évolution de ses enfants avec son propre
passé.
Si nous nous limitons 4 la venue au monde de l’en-
fant, il semble 4 premiere vue que les réactions 4
la paternité devraient s’orienter principalement selon
qu'il existe ou non un désir d’enfant. En fait, les
choses ne sont pas aussi simples, et c’est bien davan-
tage de l’attitude inconsciente envers l’enfant 4 venir
que dépend la réaction positive ou négative normale
ou névrotique. En effet, un enfant non désiré, par
exemple en raison des difficullés matérielles du cou-
ple, peut trés bien étre désiré inconsciemment et donc
étre fort bien accepté en profondeur et, malgré de
superficielles manifestations d’humeur, étre recu sans
conflit, Au contraire, un enfant trés désiré consciem-
ment — par exemple un premier — mais pour des
motifs néyrotiques — uniquement en tant que moyen
de réassurance narcissique par exemple — peut trés
bien étre, dés la grossesse — par le dérangement qu’en
fait il proyoque — source de conflits.
L’expérience de puissance que constitue normale-
ment la paternité peut étre troublée de maintes manié-
res. Schématiquement, on peut opposer, d’une part, les132 PATERNITE ET VIRILITE
perturbations dues a V’interférence d’angoisse et de
sentiments de culpabilité en rapport direct avec l’évé-
nement actuellement vécu, et, d’autre part, la réacti-
vation par la situation de la paternité de fantasmes
archaiques dont l’actualisation anachronique peut étre
Voccasion de troubles graves dont les psychoses que
nous avons présentées sont des exemples.
Une identification trop marquée a la femme fait par-
tager au futur pére ses angoisses communes : craintes
au sujet de l’état du fruit (hantise de malformations)
et angoisses devant l’accouchement, angoisses sécu-
laires que les progrés de l’obstétrique et les méthodes
modernes de psychoprophylaxie n’ont pas encore
chassées. Aussi n’est-il pas rare de voir des tableaux
anxieux et hypocondriaques durant le temps de la
grossesse de la femme et se dissipant aprés « l’heureux
événement »,
Le sentiment de fierté virile est souvent terni par la
culpabilité : avec la répétition des paternités, les féli-
citations se font plus ironiques ; 4 la fierté d’avoir pu
étre pére succéde la honte de n’ayoir pas su éviter un
nouveau fardeau, de ne pas savoir .
En note, Freud ajoute cette citation de Lichtenberg :
«L'astronome sait 4 peu prés avec la méme certitude
si la lune est habitée et qui est son pére ; mais il sait
avec une tout autre certitude qui est sa mére>. De
méme qu'il n’y a pas un homme qui ne se soit 4 un
moment de son enfance posé la question de sa filiation,
il n’y a probablement pas de pére qui n’ait 4 un
moment ou & un autre, au moins en fantasmes, percu
Vimpossibilité de faire la preuve de sa paternité. Lors-
que la paternité est rejetée, le recours 4 l’accusation
d'infidélité est une projection facile. Cette premiére
réaction de rejet : < il n’est pas de moi », est un moyen.
de défense qui a aussi souvent la signification d’une
autopunition, puisqu’il implique humiliation d’une
infidélité méconnue.
Les idées de jalousie peuvent encore s’alimenter a
une autre source, déjd évoquée: identification trop
accentuée & la femme enceinte, facilitée par des dispo-
sitions féminines inconscientes ou une homosexualité
latente. Il faut se souvenir ici que les « théories sexuel-
les» des enfants (Freud) congoivent souvent la gros-
sesse comme un phénoméne intestinal et l’accouche-
ment comme une évacuation anale et que le petit
garcon imagine facilement qu’il peut avoir lui aussi
un enfant. Il est fréquent d’ailleurs de voir les
enfants, surtout entre deux et trois ans, jouer & la
maman et bercer une poupée. Si la pathologie n’offre134 PATERNITE ET VIRILITE
que rarement l’occasion d’observer des idées délirantes
de grossesse chez homme, et trés exceptionnellement
des grossesses nerveuses chez l’homme, par contre il
est assez banal de voir surgir des réves ou des fan-
tasmes de grossesse au cours d’une psychanalyse.
Lorsque la grossesse de la femme a réyeillé les dispo-
sitions. féminines inconscientes, V’identification a la
femme peut avoir comme conséquence ’intérét a un
rival supposé se manifestant sous forme de jalousie.
On sait en effet que le jaloux est souvent un homo-
sexuel latent qui traduit son intérét pour ’homme
par le détour d’une identification 4 la femme.
Mais le rival n’est pas foreément un autre amant.
L’enfant lui-méme intrus qui s’insinue en tiers dans
le couple, menace la place de l’homme auprés de la
femme.
La grossesse déja est souvent vécue sur le mode de
repliement narcissique par la mére couvant son fruit.
La relation diadique de la mére & l’enfant jusqu’au
Sevrage peut étre mal tolérée par l’homme qui éprouve
un sentiment d’exclusion. I] est de fait que maintes
névroses du travail débutent chez l’homme au moment
ot son foyer n’est plus le havre de repos qu’il souhai-
tait. Le seuil de tolérance étant évidemment trés
variable, tel mari se précipitant dans des activités
«extra» dés la venue du premier intrus, tel autre ne
fuira le foyer qu’a partir du moment ow la densité
du bruit Jui donne des arguments «réels> pour se
justifier.
Ajoutons encore un facteur que certains de nos
patients ont relevé. Seuls 4 posséder sexuellement leur
femme, ils ont réagi par un sentiment de dépossession,
voire de jalousie, a l’idée que le sexe de leur femme
considéré comme leur bien, devient l’objet d’examens,
est visité par le gynécologue, la sage-femme. Et nous
citerons aussi la déconvenue éprouvée lors de la
reprise des rapports, lorsque le passage de l’enfant a
provoqué des modifications sensibles.PATERNITE ET VIRILITE 135
s
L’inventaire des réactions pathologiques 4 la pater-
nité que nous venons d’esquisser est évidemment
encore irés incomplet et rassemble des données de
fréquence et @importance inégales, Par-dela la diver-
sité des manifestations cliniques, il apparait que la
paternité est susceptible de réactiver des fantasmes
archaiques et fournit l’occasion d’une nouvelle édition
des questions fondamentales de tout homme: qui
suis-je? quelle est mon origine? comment ai-je été
concu ? suis-je enfant désiré ou accidentel d’un cou-
ple parental uni ou désuni ?
Que le statut méme du sujet soit remis en ques-
tion avec V’accession 4 la paternité, ces cas ot V’im-
possibilité de transmettre un nom propre se soldent
par une psychose le démontrent avec éloquence. Plus
généralement, c’est peut-étre lorsque la réalité vient
a répéter avec une similitude trop parfaite le drame
ou les énigmes de Vhistoire infantile, que le sujet
yoit se dérober les repéres de la raison. Lorsqu’en
effet tel malade qui a déja été deux fois pére sans
manifester aucun désordre, chule dans la psychose
lors de sa troisiéme paternité et que nous apprenons
que sa mére est morte en couches précisément au
troisiéme enfant, il est difficile de tenir pour fortuite
cette coincidence. Mais nous ne saurions répondre
aux multiples questions qui se poseront alors inévi-
tablement et le probléme de la genése de l'état morbide
dépasse infiniment le propos de cet exposé.
Pour conclure ces remarques suggérées par quel-
ques. observations, nous voudrions souligner encore
une fois que les faits rapportés ne sont pas des curio-
sités rarissimes, mais au contraire des échantillons
de ce que l’observation clinique permet fréquemment
de déceler, & la seule condition de ne pas partager avec
les malades le refoulement dont l’expérience vécue de
la paternité est généralement l'objet. Et si la patho-
logie ne nous permet certes pas de décider s’il existe ou136 PATERNITE ET VIRILITE
non un instinct » spécifique, elle démontre
avec éclat que la paternité est une expérience fonda-
mentale de homme, qui peut remettre en cause l’orga-
nisation méme de son étre, Et encore n’avons-nous
agé qu’un aspect du probléme — les répercus-
envisa
sions que l’attente de l’enfant désiré ou redouté est
susceptible d’entrainer. Les réactions au défaut de
paternité, multiples et parfois dramatiques, mérite-
raient tout autant notre attention.
Prof. Ag. EBTINGER,
Médecin des Hoépitaux
de Strasbourg.