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Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris

POUVOIR ET TEMPORALITÉ CHEZ MAX HORKHEIMER


Author(s): Marc JIMENEZ
Source: Archives de Philosophie, Vol. 49, No. 2, HISTOIRE ET NOSTALGIE DE DIEU à
l'occasion du 90e anniversaire de Max Horkheimer (1895-1973) (AVRIL-JUIN 1986), pp. 231-
238
Published by: Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43035066
Accessed: 27-01-2019 21:13 UTC

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Archives de Philosophie 49, 1986, 231-238.

POUVOIR ET TEMPORALITÉ
CHEZ MAX HORKHEIMER

par Marc JIMENEZ

« L'histoire peut être une illusion,


mais sans cette illusion, il est
impossible de comprendre l'être
dans sa dimension temporelle ».
(Gerschom Scholem)

RÉSUMÉ : Max Horkheimer n'a pas explicitement traité du temps ni de la


temporalité . Cependant , le temps est présent, subtilement et fondamentale-
ment, dans les concepts, dans les catégories et dans le mode de pensée du
philosophe .
Cette immanence de la temporalité détermine la critique de l'idéologie et
de la domination, une critique encore plus radicale que ne le serait une
dénonciation directe du politique.
Là réside probablement l'héritage de la pensée juive - primauté du tem-
porel sur le spatial - commun à toute la Théorie critique , du Jetztzeit de
Benjamin à la dialectique négative d'Adorno ; un héritage qui permet d'ex-
pliciter les rapports complexes que la Théorie critique a entretenus avec
Hegel, avec Marx, avec une certaine tradition philosophique occidentale...

SUMMARY : Time and temporality do not correspond to any explicit theme


in Max Horkheimer's work. Nonetheless, the idea of time subtly and fun-
damentally pervades the author's concepts, his categories and his mode of
thought.
This immanence of temporality determines his critique of ideology and
domination, making it even more radical than it would be if it were a
straight denunciation of the realm of politics (le politique/
It is most probably here that one can detect the legacy of Jewish thought
- the primacy of time over space - shared by the whole of Critical
Theory, from Benjamin's Jetztzeit to Adorno' s negative dialectics. It is
this legacy which helps to throw light on details of the complex rela-
tionship between Critical Theoiy and Hegel, Marx and a certain aspect of
Western philosophical tradition...

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232 M . JIMENEZ

La notion de temporalité possèd


sied mal a priori à la Théorie
Horkheimer. Elle est d'une extr
évoque la philosophie de Bergso
lorsqu'on discute de l'existentia
temporalité revêt ce caractère
mer, c'est sans doute parce qu'
concepts « opératoires » désorm
de la Théorie critique, tels les
dialectique, de matérialisme,
marxiste.

Bref, la temporalité n'est pas u


Cette question n'est pas seulemen
Ou bien si elle l'est, c'est dans l
considère son « Introduction à l
une introduction à la philosoph
revient à hausser la question ter
problématique philosophique.

Il s'agit moins, dans cette courte


philosophie de Horkheimer s'artic
temporalité, que de montrer c
s'effectue chez le penseur au n
temporalité. On tente donc de c
l'un des fondements majeurs
domination, quand bien même
thématisé dans la réflexion et d

Ce faisant, on rejoint d'une ce


Jürgen Habermas qui, dans ses Pr
de définir le rapport entre l'idé
Plus précisément la question ser
l'œuvre de Horkheimer -peut-o
biblique à la temporalité ? - n'es
de ce rapport ?
Il va de soi que Horkheimer, d
définit lui-même dans les année
C'est par une citation de Sigw
l'étude Zum Problem der Wahrhe
culier nous est donné dans le te
est perçu dans une certaine dur
changeante et pouvant y transfor
sairement que le rapport au tem
sur l'existence, les qualités, les

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particulières, et que tout jugement de cette nature ne peut pr
qu'à une validité limitée à un certain temps »*.
Cette profession de foi relativiste de Sigwart n'est pas en so
très grande originalité. Montaigne, à quelques mots près, et
d'autres, a dit, bien avant, à peu près la même chose ; cette c
dans la citation n'aurait donc pas d'intérêt particulier si elle ne co
tuait le point de départ, chez Horkheimer, d'une critique du s
hégélien. Selon Horkheimer, en effet, l'hypostase de structures c
tuelles conduirait Hegel à un dogmatisme incapable de « satisfaire
tiquement et théoriquement à l'historicité de la pensée individuel
Ce que stigmatise ainsi Horkheimer c'est l'oubli, par Hegel
1'« intérêt temporel », ou mieux encore, selon son expressio
« présuppositions temporelles » : « Ses représentations (celles de H
du peuple et de la liberté ne sont pas reconnues dans leur cadu
leurs représentations temporelles ne sont pas perçues ; elles
contraire prises comme bases en tant que réalités et puissances co
tuelles, cela exactement à l'encontre des développements hist
dont elles sont abstraites »3.
Cette critique de Hegel révèle assez clairement le souci de Horkhei-
mer : reconnaître l'existence d'une vérité relative au temps sans tomber
dans le relativisme. C'est ainsi qu'il se prononce en faveur d'une
dialectique libérée de 1'« illusion idéaliste » et capable de surmonter la
contradiction du dogmatisme et du relativisme.
S'il critique si résolument la part de dogmatisme propre au système
hégélien, c'est parce que les composantes de ce dogmatisme : l'hypos-
tase de structures conceptuelles, l'oubli de l'intérêt temporel, lui
apparaissent comme autant d'éléments susceptibles de légitimer la
domination, les structures de pouvoir, la toute-puissance de l'État.
Comprenons bien cette critique de Hegel. Horkheimer n'attaque pas le
système hégélien de l'extérieur, ni globalement, au nom de principes
socio-politiques, ou de présupposés historico-philosophiques. La
dénonciation est, si l'on peut dire, interne. Hegel, philosophe de l'his-
toire s'il en fût, néglige la temporalité. Adorno reproche à Hegel de
« manquer de sympathie » pour le particulier ; Horkheimer reproche à
Hegel de ne pas satisfaire à l'historicité de la pensée individuelle.
Quelle que soit la validité de cette critique de Hegel, au demeurant
assortie de nuances, l'important est qu'elle révèle à quel point le temps,
la temporalité, l'histoire imprègnent les concepts de la Théorie critique.

1. Max Horkheimer, Kritische Theorie, Fischer 1968, t. 1 ; tr. f. : Théorie


critique , Payot, Paris, 1978, p. 171.
2. Ibid., p. 228 sq. ; tr. f. : p. 171 sq.
3. Ibid .

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234 M . JIMENEZ

On comprend mieux alors l'exigen


concepts », seule capable de rendr
Zum Problem der Wahrheit ann
loppées dans Théorie traditionn
ans plus tard, en 1937.
Dans ce texte capital, Horkheime
la logique traditionnelle, au stat
dernière, il reproche surtout d'êt
On sait que la critique du form
cogito cartésien reposent sur le f
dans l'autre, absence de prise e
historiques et socio-économique
A la base de ces critiques, il n'es
tion de la temporalité, sous-jace
d'être structurée ni véritablem
demeurant, que Horkheimer était
tion structurée de l'histoire et
l'attestent ses notes personnell
bürgerlichen Geschichtsphilos
bourgeoise de l'histoire).
Mais sous le projet conceptuel,
mentation, il y a comme un irr
projet lui-même, que l'on pourr
Ce noyau temporel est certain
phique occidentale a toujours
thématiser ; le temps se révèle
concept ne saisit pas le temps,
Théorie critique, on trouverait
cette primauté de la temporalité
la hantise et l'angoisse du tem
pessimisme critique, dans lequel s
défié les exégètes et les comme
théoriciens critiques ?
Simple hypothèse, certes, de q
particulière dans le domaine
justement, la Théorie critique -
que occidentale - comble le man
à la vacuité du concept par la p
Au risque de schématiser, on p
dentale qu'elle est très largement
le temps que sous la forme logi
termes ne renvoyaient à des acc
cette philosophie, globalement,
l'un de ses critères de validité ne

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tonique, sur la cohérence systémique et systématique de ses
ments ?
Hegel n'est pas le plus mauvais exemple de cette prétentio
non plus d'ailleurs, dont YÊthique s'efforce de rendre comp
elles l'idée d'étendue et celle de perfection divine.
A l'inverse, il y aurait des philosophies de la tempora
lesquelles le temps est objet de réflexion et est plus ou moin
Sans remonter à Héraclite, on pourrait citer Nietzsche
Bergson.
Les philosophies qui animent la Théorie critique seraient dites
« temporelles » en ce que la temporalité imprègne le processus spécula-
tif et réflexif dans son ensemble, affectant les catégories et les concepts
eux-mêmes.
Chez Adorno, cette imprégnation affecte l'écriture même, décom-
posée en aphorismes et déroulée en constellations, et ce n'est pas un
hasard si la musique - art du temps - est au centre de son esthétique,
si elle est en quelque sorte consubstantielle à sa philosophie.
La référence au temps, qui n'est plus seulement simple référence
externe en ce qu'elle influe sur le mode de pensée philosophique lui-
même, est également au centre de la réflexion benjaminienne. La
notion de Jetztzeit quelque peu énigmatique et paradoxale à première
vue, intervient comme cristallisation de la pensée du temps à l'intérieur
de la philosophie de l'histoire de Benjamin. Le néologisme Jetztzeit
s'installe dans le «jeu » des concepts, dans l'espace laissé vide par les
catégories philosophiques traditionnelles. Le Jetztzeit est plénitude de
temps à l'intérieur du présent, et présentification soudaine du passé à
la conscience ; cette « actualisation » provoque une rupture au sein du
continuum historique. Le Jetztzeit assume de ce fait une vocation poli-
tico- et historico-philosophique, puisqu'il conduit à saisir l'histoire non
plus sous l'aspect de la victoire de la domination, mais sous l'aspect
des vaincus, des « oubliés » de l'histoire.
Ce qui est commun à Horkheimer, Benjamin et Adorno, ce serait
donc cette « immanence » du temps aussi bien dans les catégories et les
concepts que dans le mode de réflexion lui-même.
Cette immanence du temps est, chez chacun d'eux, ce qui alimente
secrètement, mais résolument, la critique de l'idéologie, du pouvoir, de
la domination.
La réflexion sur le temps - qu'il faut distinguer ici de la méditation
historique, de la reconstruction du passé par l'historien - apparaît
ainsi comme fondamentalement politique.
Dans le même temps, Horkheimer et les théoriciens critiques en
général, s'abstiennent de penser directement le politique, comme si le
politique était - conformément à l'étymologie - spatialisation de
l'histoire, sa projection circonscrite aux murs de la Cité. Comme si
penser le politique, c'était anticiper sur une vérité - que l'on connaît

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pourtant déjà depuis longtemps


ment d'attendre la révélation.
L'attente est ici plus importante que son objet.
Le refus de penser directement le politique - spatialisation de l'his-
toire, et sans doute sa schématisation - contraint à définir l'antériorité
du politique. L'œuvre entière de Horkheimer serait peut-être à considé-
rer comme préparatoire à un projet politique qui ne se réalisera jamais
et qui ne peut se réaliser ; car cette œuvre est réflexion sur les condi-
tions qui rendent impossible la réalisation du politique... dialectique de
la raison, la perversion originelle de Y Aufklärung,
L'exhortation à la praxis - présente en un temps chez Horkhei-
mer - est simultanément une exhortation à la patience, à une patience
infinie : différer la praxis jusqu'à ce que les conditions de sa réalisation
soient réunies. Ce qui ne diminue en rien ni sa nécessité, ni son
urgence : « Celui qui prône la patience devant la souffrance et la mort
ne doit pas oublier que la patience universelle qui se maintient face au
cours historique constitue une raison essentielle de la 4 nécessité
d'attendre ' »4.
Penser l'antériorité du politique : la Théorie critique relève une
gageure qui la situe à part de la tradition philosophique occidentale.
Car, traditionnellement, en effet, chez Platon et depuis Platon, la
philosophie est fille de la Cité ; elle intervient après le déploiement de
l'espace, après l'instauration de la Polis . Elle est déjà contemporaine
de l'institutionnalisation des normes qui la régissent ; autrement dit,
elle est déjà contemporaine du pouvoir, inséparable de lui, et peut-être
même déjà complice.
La philosophie platonicienne s'élabore dans le temps de réalisation
de la Cité ; elle est « spatiale ». Le Bien absolu, antérieur au politique,
est déjà défini idéalement ; il constitue la projection et la finalité du
politique ; projection utopique : la Callipolis , modèle rétroactif et
contraignant.
Le pouvoir, c'est l'utopie du temps présent ; plus que la négation de
l'histoire - on sait la haine de Platon pour les historiens - c'est le
refus de la temporalité.
La Théorie critique refuse cette part d'héritage ; le Bien absolu,
image parfaite, est littéralement l'inimaginable. Selon l'expression de
Horkheimer, « nous pouvons indiquer le mal, mais non l'absolument
juste ». Manière de refuser la spatialisation, le déploiement de l'image.
La pensée temporelle rompt avec le thème de l'image-fondement, de
l'image-fondatrice, de l'image-référence. Elle se révèle par là même
hostile à la domination, aux pouvoirs et aux dictatures qui disent tous
n'être là que pour un temps, et durent plus longtemps qu'ils ne le font

4. Horkheimer, Die Anfänge der bürgerlichen Geschichtsphilosophie , Fischer,


1970 ; tr. f. : Les débuts de la philosophie bourgeoise de l'histoire , Payot, Paris, 1974.

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POUVOIR ET TEMPORALITÉ 237
accroire, car ce qu'ils dominent, c'est le lieu, l'espace et
Dans son étude historique sur l 'Imagination dialectique M
déclare qu'en dépit de la difficulté qu'il y a à établir un ra
les antécédents juifs de l'École de Francfort et sa théorie dial
existe peut-être « une certaine disposition ». Martin Jay n
cette disposition. Il laisse entendre l'existence d'un rappo
position inconfortable des intellectuels juifs dans l'Allemagne
et l'attitude critique à l'égard de la société : « Cette impre
enfermé dans un rôle que doit avoir ressenti le Juif désireux
ses origines devait engendrer forcément quelque amertume,
pouvait aisément se transformer en critique radicale de la so
son ensemble »5.
Ce commentaire vaut pour l'historien. Mais l'explication ne satisfait
pas le philosophe. On peut concéder sans peine que le statut de mino-
rité opprimée, victime du racisme, engendre un sentiment de révolte.
En l'occurrence, l'explication est un peu courte.
En effet, l'héritage de la pensée juive, indubitablement présent dans
la Théorie critique, ne s'est pas inscrit de façon patente dans la
réflexion des penseurs francfortois. Cet héritage ne saurait être non
plus assimilé à un retour du refoulé, et il n'est besoin d'aucune
investigation psychanalytique pour l'identifier.
Il s'est infiltré dans la totalité du discours critique dans sa lutte
contre l'idéologie, en se faisant discours rationnel et conceptuel,
retourné contre la rationalité sous sa forme instrumentale, et contre la
positivitě du concept ; discours anti-dogmatique qui enseigne que la
recherche de la vérité, la quête philosophique, sont plus importantes,
somme toute, que le but visé.
La temporalité réhabilitée chez Horkheimer, le Jetztzeit de Walter
Benjamin, le tempo musical de la philosophie adornienne, la priorité
qu' Adorno accorde à l'art temporel sur les arts plastiques, nous disent
la même chose : ils nous ramènent au message essentiel du judaïsme,
qui nous invite à dénoncer - comme le précise Revault d'Allonnes6 -
idoles, pouvoir et domination de l'espace, toutes choses qui « ont partie
liée pour nous arracher au temps et à l'intériorité, c'est-à-dire à nous-
mêmes ».
« L'utopie saute par-dessus le temps » : cette métaphore saisissante
de Horkheimer éclaire à elle seule le rapport qu'il convient d'établir
entre la pensée de la temporalité et la critique de la domination.
Contrairement à une idée reçue, le thème de l'utopie n'a jamais été très
bien assimilé par les théoriciens critiques ; peut-être faut-il voir là une

5. Martin Jay, The Dialectical Imagination, Little Brown & Co, Boston/Toronto,
1973, p. 34 ; tr. f. : L'imagination dialectique , Payot, Paris 1977, p. 51.
6. Revault D'Allonnes, Musiques. Variations sur la pensée juive , Bourgois,
Paris 1979.

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réminiscence du geste de Moïse. Q


mise, c'est la promesse qui impor
Parce que la terre est de tout te
Et cette promesse non tenue p
ses risques et ses probables dés
riche malgré tout ^ et comme e
poir.

£P CANADIAN JOURNAL OF PHILOSOPHY


SOME RECENT CONTRIBUTORS: Paul Ardai, Robert Audi, Jonathan Bennett, James Bogen,
Lawrence Blum, Stephen Darwall, Alan Donagan, David Gauthier, Alan Gewirth, Bruce Landesman,
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Zemach

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INDIVIDUALS - $24.00 in Canada, $25.00 US outside Canada;
Students - $13.00 in Canada, $13.00 US outside Canada.
ORDER FROM:
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Calgary, Alberta T2N 1N4 Canada

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