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Après avoir enchaîné les couacs pour son vaccin contre la dengue,
Sanofi compte sur de nouvelles innovations et l’intelligence artificielle
pour rester un des champions mondiaux dans les vaccins et faire
tourner ses usines françaises.
Au sein du groupe pharmaceutique Sanofi (34,46 milliards d'euros de
chiffre d’affaires en 2018), la division vaccins, Sanofi Pasteur (en
croissance de 2,4% avec 5,1 milliard d’euros de ventes), est une
pépite assez méconnue.
Pourtant, le Français est le numéro un dans les vaccins contre la
grippe (avec 40% de parts de marché), et dispose dans l'Hexagone
de trois usines spécialisées et pointues dans lesquelles il compte
encore investir. Combien ?
David Loew, le vice-président exécutif de Sanofi Pasteur ne livre pas
le montant. Mais il est "assez significatif" : "on dépense 40% de notre
Capex annuel en France, et on a doublé depuis 2014 les
investissements en France", confie-t-il.
Neuville-sur-Saône au ralenti
Parmi ces sites, un tourne cependant au ralenti depuis plusieurs
mois. A Neuville-sur-Saône, en Rhône Alpes, Sanofi Pasteur avait
massivement investi et misé sur la production d’un vaccin contre la
dengue. Cette première mondiale, lancée en 2016 et fruit de vingt
ans d’innovation en R&D et d’investissement industriels, devait
permettre de lutter contre cette maladie tropicale qui sévit
majoritairement dans les pays émergents. Problème, Dengvaxia a
enchaîné les couacs et s’est même vu interdit aux Philippines : fin
novembre 2017, Sanofi avait en effet annoncé qu’il pouvait
augmenter le risque de dengue sévère chez des enfants jamais
exposés au virus.
Depuis, le produit a certes reçu des autorisations – sous conditions -
de la part des autorités sanitaires américaines et européennes. Mais
les ventes n’ont pas été du tout à la hauteur des espérances du
Français. David Loew reconnaît désormais une "surestimation des
prévisions de vente" et que le groupe n’avait "pas suffisamment bien
pris en compte" la capacité des pays ciblés à "s’offrir de grandes
campagnes de vaccination". Sanofi doit maintenant faire preuve de
patience et attendre le lancement en 2021 d’un test - en cours de
développement avec un laboratoire américain - capable de détecter
les patients ayant déjà été contaminés par la dengue de ceux encore
préservés. Conséquences, même après, "je pense qu’il y aura des
ventes mais elles seront beaucoup plus modestes", reconnaît-il.
IA et "machine learning"
Pour gagner du temps dans le développement et la production de
ses produits, Sanofi Pasteur compte aussi sur le "machine learning".
Avec l’intelligence artificielle, "on prédit mieux que l’Organisation
Mondiale de la Santé quelles souches du virus de la grippe circulent",
explique David Loew. Objectif, gagner ainsi six à huit semaines sur le
temps de production. Mais aussi disposer d’un vaccin protecteur sur
plusieurs saisons, alors que les vaccins contre la grippe ont souvent
été mis en cause ces dernières années pour leur faible efficacité,
face à des souches ayant pu muter.
Sanofi Pasteur s’apprête aussi à lancer un vaccin contre la méningite
en Europe l’an prochain, et planche avec la fondation Bill and
Melinda Gates et son concurrent anglo-saxon GSK sur un vaccin
contre le sida, spécifique pour les pays émergents, qu’il produirait,
même s’il n’aurait probablement qu’une efficacité à 50%.
second article
L’usine du vaccin contre la dengue de Sanofi
en chômage technique
GAËLLE FLEITOUR SANOFI , PHARMACIE / BIOTECHNOLOGIES