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150 VERDADE E CONSENSO “um “uténtico consenso”, por conseguinte as condigSes de uma stuacio-de- fala ideal. [Em Teoris da Verdade o argumento¢ semelhante. £ possivel explic- taro conceito normativo do consenso como a capacidade de empregar a6 gica da argumentagao descrta por Toulmin, Mas a questio mais uma vez no se resume nisso. E preciso que se tenha efetivamente a liberdade de austionar uma pretensto de verdade em todos os nveis da argumentagio. Ora, s6 podemos nos preveni contra a ilu de proceder a um éiscuso erf- tico se pudermos nos assogurar dessa liberdade, ¢ para iss0 0 tnico critério € a antecipago de uma situagio-de-fala ideal.2? Em suma, as condigdes de uma comunicac live e irestrita devem estar preenchidas para que se possa proceder 20 exame de uma pretenséo de verdade. Mas seri que isto significa que tais condigBes sto a0 mesmo tempo condigdes da verdade? Ora, esa é a qestio que discutinos na pri- ieita parte deste trabalho, e ndo vejo razes para modifica aresposta. Néo repetiei portanto 0 argumento e me contento em repsar 0 seguinte ponto: ainda que a questdo da veraidade e da correso (ou a questio da organiza- Go equitativae desinteessada da discusio de pretensses de valdade) tenha Priordade sobre a questo da verdade (enisso Habermas tom rao, e tlvez também seja iso apenas o que importa), manifestemente solugdo da pri- mera questao ndo traz por si s6 a solugio da primeira. Para teminar, uma Stim reflexo: a condigSes da veracidadee da correga0 consttuem condi- {goes de um auténtico consonso, é verdade; mas, do mesmo modo que as ‘condigdes da verdade, nfo admitem uma controvésia sensata; nest sentido, festdo aquém da posibilidade de consenso e dissenso e, por consepuinte, ‘emibora sejam condiges do consenso, seria equivoco chamé-las de condi- ‘g0es consensus, Universidade Federal de Minas Gerais 2wr, p. 255, DEMOCRATIE ET VERITE Francis Wolff La célebre formule du Sophiste du V° S.A. C., Protagoras, “homme est la mesure de toutes choses, de celles qui sont comme elles sont, de celles qui ne sont pas, comme elles ne sont pas”, état la phrase-clé d'une oeuvre perdue, qui s'intitulait, au témoignage de Platon, la Vérité. Sans avoir in tention dajouter une interprétation a toutes celles qui ont pu étre propo- sées, de cette formule ni d'évoquer les problémes qu'elle a pu soulever en survolant une littérature particuliérement abondante, je me propose sim- plement ici de répondre aux questions suivante: —De quel type de situations cette formule se faissitelle Iécho et quels problémes prétendait-lle affronter? =Quel concept de la vérité suppose Ia doctrine qui la soutend? —Quels rapports unissent une telle conception de la vérité et la pra- tique de Ia démocratie grecque, dont Protagoras fut sans doute un des rares théoriciens? 1 Pour répondre & la premitre question, rien de mieux que nous tourner vers un exemple trés simple, tel que nous le présente Platon dans le Théététe, dans un passage od il semble suivre au plus prés la pensée de Protagoras. Deux hommes, appelonses X et Y, se proménent dans le vent, l'un frissonne et Pautre non — ou encore Pun frissonne légérement et autre 1 Mhéétdte, 16le, 162a, 1706; Catyle 3916. 152 DEMOCRATIE T VERITE, fortement, “Que vontils dire & propos du vent lui-méme"? “Selon Protago- ras pour celui qui frissonne “Te vent est froid”, pour V'autre “Ie vent n'est pas fod”, car c'est ainsi qu'il apparatt& l'un et a Vautre2, Le ‘isonnement pourrait étre le suivant: puisque l'un et autre évaluent les choses comme étant ou n’étant-pas en fonction de ce qui leur apparait, et puisque Pun comme Mautre sont hommes, “de toutes les choses ‘valuables ~ c'est ainsi que je traduis xpr}nara — la mesue c'est homme, aussi bien decelles qui sont, comme elles sont, ue de celles qui ne sont pas, come else sont pa, Mas rant de quite es deux hommes pou Wir ce qu'il advint de la vésité, je voudrais analyser leur st sxemplaire force de simplicité " " “ation sxempie ____Je eros que pour comprendte leur dialogue et les conséquences qui sen tirent, faut distinguer deux moments: le moment purement phéno- ménal, de ta relation de chacun X ou Y avec les apparences qui 'entourent, ici et maintenant; et Je moment du fan 06), du jugement (pai de la relation entre X et Y. nei ones). Galegement (es) Dans un premier moment, qu’on pourrait dire presogique, il n'y a que le phéncméne, “produit mixte entre le sensible et le sens", cst dire ni vent, ni froid, ni concept de vent, ni concept de froid, ni “vent en soi", ni froid qui enest dit ére ou ne pas éire. Done pas de mesure. Chacun vit dans tun monde apparences mouvants, instables, multiples, indéfinies et alog- ques. Nul ne sent ni vent, ni froid, ni souffle lger ou violent, mais un mixte singulier et indscomposable, un phénoméne, que faute de pouvoir mieux ‘nommer jappelerai “frisson-de-ventalité Or, ils trouve que ces hommes parent; cest4-dre doublement qu'is expriment c¢ qui leur apparatt,et se parient, autrement dit dialoguent. Le premier dit: “le vent est froid”. Dans ce jugement, X exprime le phénomé- ne “frisson-de-entalite”, en posant comme étant le froid, X-qui-frissonne mesure done le froid du vent comme il lui appara et ce fasant, pose in tant-froid, en Pattribuant au vent. . En d'autres termes, pour que X exprime ce qui lui apparait en un juge- ‘ment qui ait un sens pour Y, il faut: = passr du phénoméne subjeciif,instable, momentané, aux concepts, Ici ceux de froid et de vent, = recourir au jugement, de telle sorte qu’au liew de parler de soi, de son rapport intime et inexprimable aux apparences, X parle des choses, du 2 Theat, 152, 3 "Car homme tu es aussi bien que moi” (Thééréte 1526) 45, . Demont Ue septicime ef le phnomdne, Pat Via, 1972,» 105 «sor a dseepon a “phnoméne” faite per Paton Theete 15661380” FRANCIS WOLFF 153 vent par exemple. X ne dit pas en effet “je ressens quelque chose actuelle- ‘ment comme un frisson-de-ventalité” mais bien “e vent est froid”. La posi- tion de la présence d'une chose est le fondement dune communication pos- sible —Recourir 4 Yattribution, de telle sorte que ce qui apparait va étre posé comme éiant, et comme tel mesuré. Ce qui est ici mesuré, c'est la chose évaluable, le froid; ce qui mesure, c'est homme en tant qu'l parle — Yest-Aire triplement, qu’il parle des choses qu'il peut évaluer, qu'il les ‘communique parle concept, et qu'l les mesure comme étant tees ou telles. Pour que le vent soit froid, il suffit qu'llsoit dit frotd par qu il appa- raft tel, X-qui-ressent-lefrisson-de-ventalité. Je pose done: AE, quion peut lire ainsi: Vapparence-de-roid implique Vetre (dit) froid (du vent); ou encore: pour que le vent soit froid, pour X, c"estadite soit dit froid par X, il suffit qu'il apparaisse tel dX. Mais le deuxiéme homme, tout aussi homme, et tout autant mesure, en tant qu'l parle, ici répond; mieux, il contredit. I-dit: “le vent n'est pas roid” Remarquons Wabord que la forme méme de cette proposition (néga- tive) nous confirme qu'il ya bien deux temps distinets, celui du phénoméne, ct calui du dialogue. Y ne se contente pasen effet d’exprimer simplement oe ‘qui lui apparatt, auquel cas il pourrait dire au mieux que “le vent est chaud ou léger, ou agréable non pas “qu'il n'est pas froid”. En effet, ce qui appa rait a Y dans la relarion phénoménate, est toujours quelque chose, la lege reté ventale, Vagrément dun souffle d'air, ot, pourquoi pas, la douceur un rayon de soleil, la lourdeur de son vétement. Mais s'il ne ressent pas la nonfroideur du vent, puisque comme telle ele ne lui apparait pas (pas plus que la froideur), il peut par contre la dire dans la relation humaine i X, la contradiction. Ce n’est pas parce qu’d Y le vent apparait comme non-froid quil est non-froid, mais parce qu'il ne lui apparait pas comme froid, qu'll peut le dire n'étant-pas froid, De méme que la possbilité de Vaffirmation ‘nous montre que homme en patlant passe de 'apparence & 'éte, la possibi Iité de la négation montre que homme en parlant, en contredisant), passe de Vabsence dapparence A la négation de I’étre. En d'autres termes, ob nous retrouvons la formule complete de Protagoras, dans le jugement affirmatif, homme juge Tes choses qui sont comme elles sont, et dans le jugement né- sgatif, Phomme juge les choses qui ne sont pas comme elles ne sont pas; et powvonsnous ajouter, dans la contradiction, homme est la mesure de tou- tes choses. _ Posons done & présent: KX E, qu'on peut lie ainsl: pour que le vent ze soit pas froid pour Y, c'esta-dire soit dit n’éeant pas froid, i suffit qu'il apparasse pas comme tel. Des deux formules précédentes,on tire: A+ E, 154 DEMOCRATIE ET VERITE I faut et i suffit qu’apparaisse, pour que soit, c’estd-dire soit mesuré par qui parle; et "homme qui parle est aussi bien mesure des choses qui lul appa- saissent, quand il les dit telles quelles sont, que de celles qui ne lui apparais- sent pas, quand ills dit telles qu’lles ne sont pas. Nou! pouvons désormais quitter notre exemple et répondre & notre premigre question, en nous demandant, de fagon générale, de quel type de situation fa doctrine de Thomme-mesure prétend rendre compte. Nous savons, par (autres témoignages que Protagoras n’en étendait pas seule- ‘ment Ia validité a tous les jugements concemant les choses “sensibles” ou les “images” (gavraota), mais 4 ensemble des “opinions"s. Lhomme est ‘mesure non seulement de tout ce qui lui apparatt (ou n’apparaft pas) mais aussi de tout ce qui lui paraft (ou ne paraft pas), sans qu'l soit possible de savoir si Protagoras lui-méme faisait une distinction entre les qualifications sensibles, et les qualifications “doxiques”: en tout état de cause la doctrine semble s'appliquer 2 tous les jugements de Ia forme S$ est P: non seulement “le vent est froid”, “Ie vin est amer”, “le vin est doux”¢, mais aussi “cet cst belle”, “cet acte est juste””, voire méme “cette opinion ext Cest done la forme générale de Vattribution qui est en question, 5 La citigue dela thise de Protagoras dans le Crayle part dune interprétaion en termes dapparences (“elles les choses mY apparassent, tells elles sont pour moi, tlles elles Fappauisent, tells elles sont pour toi", 386a) pour passer aussitbt & une autre en termes d"opinions” (386 be). De mEme dans le Théétte, ls notions d “apparen 2" (phémoménes), dimage (pavtacoia), voire de sensation (a0 On018) seront abord au premier plan, dans ta partic expositive, et dans la premitre partie critique (160¢-165e}, avant que I"'apologi de Protagoras” ne metteIopinion” au centre des sritques ultéewes. Aristote, de mime, méle Minterprtation en termes de “phéno- manes” fee. I 1009b1, 100b1, 10L1al8, ef. K 106347 9), d'image (Z 1010 b3, de sensation (Z 100969, 1011235; 1 10831), & celle en temes opinion (Z 100929 sq., 1010b13, 101167; c. K 1062614): “opinions ot spparences” (Z 100948), “opinions et sensations” (Z 101105), “opinions et images” (K.1062b33-34). Sextus. Empirious fit de méme: “images” (Adv. Math. VII 388), “apparences” (yp. Pyr 1, 216-219, Adv. Math. Vi, 62), qu'll méle aux “opinions” (Adv. Math, VII 60). 6 Le vin est dour, le vin est amer: Theérére, 159d s9,; Méta. T- 100903, cf. K 10634 17 Ceci est beau, cock est laid cf. Méta. K 1062618, 1063 a6, qui fait aussi alssion sux déterminations morales, sinsi que K 1062616, Chutyle, 386b-1, Thadtete, 167c, 1724+ (beaut, justice, pis), 8 Ainsi que le montrent d'une part argument de Protagoratcté par Sextus (Adv, ‘Math. 1, 61): tout argument contre ma thise Ia confirme;et d'autre Part celui utilisé ar Paton (Thét, 1703-17 le, cf. Futhyd. 2860, 2884) sprés Démocrite(@sptis Sex: ‘tus, Adv, Math, 389-390, qui donne & Pargumeat le nor de “péritrope"), et avant Aris tote (aera. I” 1012b13-18): la thése se contredit elleméme, paizque Protagoras est ‘obiigé d'amettre pour vale opinion selon laquelle fa iene est fase. FRANCIS WOLFF 155 qui suppose toujours en méme temps la situation du dialogue, et donc Ia possibilité de la contradiction: 4 tout jugement dattribution S est P, doit cortespondre un jugement, une autre “mesure”, de la forme S est non-P ou S n'est pas P, tout aussi “humain” et comme nous allons présent le voir, tout aussi vrai. 0 Quien estila présent de Ia question de la “‘vérite™? La réponse se déduit des résultats précédents, et nous est confirmée par les témoignages qui notent que pour Protagoras,“toutes les opinions de homme son vraies”.*# est en effet facile de déduire cette thése de nos précédents obser- vations: (1) Sice qui apparait a Thomme X, est posé par X dans son jugement comme étanrer si ce qui ne Tui apparait pas est post dans son jugement ‘comme a’ tant pas; 2) si, autre part, tout jugement qui dit les choses qui sont comme elles sont, et les choses qui ne sont pas comme elles ne sont pas, est v1 3) alors, tous les jugements de homme X qui mesure les choses qui sont comme elles sont, et celles qui ne sont pas comme elles ne sont pas, sont vrais, (La premire prémisse (1) est la thése protagoracienne de Iétre com- me étte attribution, que nous avons exprimée par A+ E; la deuxiéme prémisse (2) est une definition de la vérité; la conclusion (3) nous donne la oetrine protagoracienne deta vite). ‘Ainsi le jugement de homme X “le vent est froid” est vai, de méme que celui de Fhomme Y “le vent n'est pas froid”; Te jugement de "homme malade “le vin est amex” est tout aussi vrai que le jugement de "homme bien-portant & propos du méme vin, “il est doux”; le jugement de "homme a “opinion de chacum est pour chacun la vérité” (Chat. 385); “toutes eschoses ‘oping sont vraies pour celui qui les opine” (Théét, 1580); “opinion ne peut opiner sur ce qui nest pa, ni sur ce qui n'est pas rtsenti ot ele est toujours vraie” (bid. 167); “es opinions des hommes sont toujours vies” (170c); “es opinions de tous prononcent o® qui est” (I7la); toutes ler opinions et apparences sont vraies™ (Meta. T 10028): “toutes les opinions sont vaies" (il. 1009b13), D'autre part, de deux scoliastes d'Aristot, nows viennent les témoignages suivant, recuilis ni par Diels “Kranz, ai par M. Untersteiner (Sofia, testimoniarize e frammenti, Ftenze, 1949): selon Elias (Cat, 2650), Protagons aunit utilisé les trols formules suivantes, cele de hommemesure, cette autre “elles semblent ls choses, tells auss elles sont”, et cette ‘rolsiéme” ce qui est opiné par chacun est val; selon Asclepius(Méta. 188v) Protago- ras aurat dit; “quieonque affizme au sujet do nimporte quelle chose, affirme vrai” (Té= smoignages ctés par A. Capizti, Protagora le testimonianze ¢ {frommenti.. Fienae, G.C. Sansoni, 1955). 156 DEMOCRATIE ET VERITE. de telle Cité donnée “tel acte est laid”, est vrai comme celui de Thomme de tlle autre Cité “tel acte n’est pas laid”; le jugement de la majorité des re présentants du peuple athénien “Socrate est coupable” est vrai, ni plus ni moins que celui de la minorité “Socrate n’est pas coupable”. Ainsi, a tout jugement vrai, s'oppos® toujours un autre jugement vrai, ou, comme le dit Protagoras dans une autre célébre formule: “sur toute question, il y a deux jjugements (logoi) en opposition l'un a l'autre”, Ce qui, soit dit en passant, nous permet de comprendre le sens du mot “homme” dans la formule de Protagoras, en dépassant Valternative dans laquelle on a trop souvent voulu T'enfermer: sens individuel ou sens généri- que. Sil s'agit de tout ce qui est capable de mesurer par le discours et de Sexprimer pour autrui par jugement, "homme n’est pas plus Socrate que Phumanité entiére. L’homme qui mesure, c'est bien I'Homme, mais qui justement se dit en autant de sens qu’il y a de mesures: c'est homme en tant qu’il ést le-Socrate-quia-froid-iciet-maintenant-dans-ce-vent, ou Te- -Socrate-pour-qui-le-vinestamer, c’esta-dire Phomme-en-tant-qu’il-est-mals- de, et qui pourrait dans ce cas étre Callias ou Théététe, en tant que malades etc...1°. L’homme n’est pas Vindividu, et en un sens il est “en-deca” de Min: dividu, car dl n'y a pas mémes apparences pour T'individu selon ses états, les liewx, les moments}; mais il est aussi “au-dela” de T'individu, car il ya mémes apparences pour beaucoup d'individus dans le méme état, ou au méme moment. L’homme qui mesure, et dont toutes les opinions sont vraies, est aussi bien un groupe d’hommes qui jugent également (par exem- ple les “sains d'esprit”, les “jeunes”, les “vieux"!2, la majorite du Tribunal pour qui Socrate est coupable, voire “ensemble de ceux pour qui opinion de Protagoras, qui pense que toutes les opinions sont vraies, est fausse”), ou lune Cité (ce qui semble & chaque Cité est aussi tel pour elle, dit Protago- ras)? ou, a le limite, ensemble des hommes, si pour tous les hommes une 9 (Diogene-Laétee, 1X $1 (D-K 80 Al et B6a). Cf, aussi Clément d’Alexandrie (DK 80 A 20) ‘Rappelons que selon fous les témolgnages les jugements vrais its en exemple ‘vont par couple dopposé. Cest cotte vrité des contradictoies ensemble qui est 'ob- jet del critique dAristote (Meta. T 4-6, et. K 6). 10 Thee. 1594, Meta. 101006, K 10631. 11 Car amsis tunes sembtable & tok méme” (Thee. 154). 12Platon pale de Pat de maladie (157e, 166e), du réve (157e s9,)3 de méme qu'Adstote (Metz P 101004 sq.) qui y ajoute dauttes “dispositions” (Bt pris. tre Ioin; ice fort ou fsble); Sextus (Adv. Math, VII 61-64) y sloute fe les sins d esprit les “nourrissons” et les “vellards” 13 Pheer, 167e, 168b, 1723. FRANCIS WOLFF 187 -méme chose apparat, ou n'apparait pas, tre telle Mais, concernant la question de la vérité, nous voudrions montrer rapidement deux points: @abord que, contrairement peut-étre aux appa rences ou a certaines idées regues, la Vérilé protagoracienne suppose ne définition de la vérité qui est celle 4 méme que développera toute la trad: tion classique, depuis Platon et Aristote, et dont nous sommes encore tr: butaires; nous ticherons, de montrer ensuite en quoi, par contre la doctrine protagoracienne de la Vérité,disons-4a pour faire vite “telativste”, s'oppose aux courants doctrinaux dominants hérités au moins dx platonisine, quire posent pourtant sur un méme socle définitionnel. ‘Voyons done d’abord quelle définition de la vérité donne un sens aux théses de Protagoras. Je me propose done de montrer que cette définition, implicite dans Pétat de notce information, est celle que j'appelle para con- vention “definition classique”. Pour expliquer ce que jentends par, jut: liserai une méthode définitionnelle dichotomique, en m'excusant de rappe ler des évidences ou au contraire d'effleurer des problémes massif 19) La vésité, au sens “classique”, n'est pas dans les choses, mais dans Trexercice de la penste (5/avota), comme le remarque Aristote (Mésa. E 4 1027 25), ou encore dans le discours, “lly a,comme dit Paton, un discours ‘wai et un discours faux; celui qu dtles choses comme elles sont es vrai; com- me elles ne sont pas est faux” (Cratyle 385b); ou encore:"dire de ce qui est qu'il n'est pas, ou de ce qui n'est pas qu’d est, est le faux; dre de ce qui est quis, et de ce quin’est pas qu'iln’est pas, c'est le vrai.” (Méta. [7 1011626 3a.) Précisons encore que, pas plus que les choses, les mots qui les désignent, les concepts qui y référent, ou ce qu’Aristote appelle les “nature simples” (@aXa),.. ne sont vrais, mais, enteelacs” (ovo) que constitue Te discours, ou la composition(o6>Ocote)du suet et du prédicat que constitue le jugement attributif, afirmatif ou négatif, qui est vrai ou faux: “en effet, Je vrai est affirmation lors d'une composition, négation dans e cas d'une sé- paration, le faux est leur contradiction” (Mera. E-4 1027620). ‘On aura reconny la vieille opposition entre “vérité ontique” (ou “on- tologique”) et “vérité” que 'appelle “discursive”. Ce que jai dit auparavant de Phomme-mesure en tant qu'l pale et juge, me parait suffisant & montrer que la vérité protagoracienne se range du cdté de la seconde, comme la véri- 14 Tel pourrait éte Vargument selon lequel on me peut juger mi de ce que sont, a de ce que ne sont pas les dicux, "cause de leur invisbité et de 1 tridwet® de la vie hhumaine™ (apres Eusébe, D-K 80 B45 ef aussi (bd. A2, A3, A12, A14), Bien que la phrase soit 2 1a premire personne, on peut penser que Protagoras voulait dire qua ‘un imme nest mesure des dieu, Le., quis ne sont pas mesurables. 15 Voir le misonnement de Mete. © 1051 b 18-1052 3. 158 DEMOCRATIE ET VERITE tc platonicienne ou aristotéicienne; en lissant de cbt la question de savoir si Platon et Aristote n’ont pas réservé une place aussi & une “vérité ontologi 0038) Mais il me semble que cette distinction ne suit pas & qualifier ce {que Yon entende ordinairement par vérité; dire que le discours qui dit ce qui est comme il est, ou ce qui n’est pas comme il n'est pas, est vrai n’épuise pas notre “définition classique” de la vérité siI'on ny ajoute au moins cette pré- cision, remarquablement exprimée par Aristote: “ce mest pas parce que nous persons d'une maniére vraie que tu es blanc, que tu es blanc, mais parce que tues blanc qu’en disant que tu les, nous disons la vérite” (Méta. ©, 10 1051 7), Piécision dans laquelle on n'a vue plus souvent, qu'un signe de ee qu'on appelle Ie “réalisme” d’Aristote. Précision qui nous parat a premigre we évi dente au point d’étre superflue. Que pourrait en effet bien signifier, de dire que c’est parce qu’en le disant nous disons vrai que tu es blanc? TI me semble que c'est hautement significatif, et pas seulement d'une conception “massivement idéaliste” du rapport du discours aux choses. Sou venonsous déja de ce que nous apprennent les travaux de M. Détienne para exemple, sur la Vérité dans la Gréce archarque:"” le Roi de Justice y Gétenait, par ‘ses fonctions, son titre, sa position, V'autorité ’énoncer des jugements vrais; Maitre de Vérité, c'est parce qu'il dit vrai quand il parle, que lorsque le Roi de Justice dit que ceci est tel, ceci est bien tel ~ et non inverse. Alors, ily aurait bien, en fait, deux fagons de concevoir cette “adéquation” (que j'utilise avec toutes les précautions d"usage) entre le dis- cours et les choses, qui définit ta vérité discursive, selon le sens qui serait priortare: des choses au discours, dans la vérité que jappelle “Iogique”, du iscours aux choses, dans la vérité que, faute de mieux, j'appelle “d'autori te”. Mais il ne faudrait pas pour autant croire que la “vérité d’autorité” représenterait, en quelque sorte, un état archatque de la vérité discursive per opposition a un état classique, plus “évolué™. Ni méme qu'elle n’aurait de sens que dans une conception religiuse du discours'®, capable de faire tre tel ce qu'l dit étre tel: c'est parce que tel texte sacré, tlle parole mag ‘que, ov tel pontife infalible ont dit, eux qui disent le vra, que telle chose est. Ov encore que notre rapport dautorité & la vérité ne serait qu'une 16Cf. par ex. chez Platon Pexpression &As}O eta rao Svrev (Menon 86 b, Crat 4384, Phédon 9 e1c..); chez Aristote Vexpression BANOece emt rev ‘ocrydrco»' (Meta, 1 105162) et la discussion dans P. Aubenque, Le probléme de etre chet Aristote, Paris, PUF, 1962, p. 164-170. 17M. Déticane, Les maitres de vrité dant la Gréce archarque, Pais, Maspero, 1967, chap. 4 18 Sur leficacité de la parole, voir px. P.M. Schuhl, Ess sur la formation de la penséegrecque, Pais, PUP, 1949, p. 42 99 FRANCIS WOLFF 139 @tourderie de notre raison, qui ne trouverait a se dissimuler que dans ces sacralisations involontaires du discours que représentent le plus évident “argument @autorité” ou le plus inoffensif “ils Pont dit 3 la radi ‘Mais si, par opposition a la “‘vérité logique”, nous parlons de “vérité Aautorite” toutes les fois que les choses sont telles parce que le discours qui les dit telles est recon comme vrai, alors la “vérité d'autorite” est sans doute beaucoup plus répandue et nécessaire qu'on ne crit, et n'est ni seu: ement “archafque”, ni seulement “religieuse”, ni méme seulement une for- ime dégradée ou méprisable d’argumentation. Qu’il suffise de remarquer par exemple, que Ia forme “X a dit cela, or X dit ta vérité (parce que c'est X, fu parce qu'il est en mesure de faire étre oe qu'il dit étre), donc cela est”, est le fondement nécessaire du Discours de 1a Loi, comme l'arme cachée de toute pédagogie Et je pense méme que le rapport “<'autorité” se méle si étroitement au rapport “logique” dans toute forme de discours dit vrai, qu’a approfon- dir Popposition, la ligne de démarcation deviendrait de plus en plus difficile & tracer, Je n'en veux que trois exemples: estil vrai qu'il est 7 heures parce que lhorloge parlante I’ dit, ov Phorloge parlante dit-lle vrai quand elle dit qu'il est 7 heures, parce qu'il est 7 heures? Estil vrai qu’en frangais le mot “charrette” s'écrit avec deux r, parce que telle est indication du dic- jonnaire, ou telle indication est-elle vraie parce qu’en frangais le mot “char rette” s'écrit bien avec deux r? Une Cour supréme dit-elle vrai quand elle dit par exemple que le viol est un crime" parce qu'elle a compétence pour constater qu'il est criminel de violer, ou le viol est:il un crime parce que la Cour supréme qui 'a dit, a autorité pour le rendre tel? On voit qu’au moins dans ces cas, justifier son choix d'un des deux pans de Valternative, voire refuser de choisir, engagerait toute une doctrine du Langage, de I"Autorité, du Droit, et pas seulement une conception “idéaliste” ou “réaliste” de la vérité Pour résumer, je erois que la “définition classique” de la vérité doit tre réservée & celle que je viens d'appeler “vérité logique”, et qu’on peut Ventendre ainsi: 6st vrai le dizcours qui dit les choses qui sont telles qu’elles sont parce qu’elles sont telles (et celles qui ne sont pas etc...) Définition que je me suis permis dappeler “classique”, non seulement parce qu’elle a été ‘aborée par les philosopes “classiques” de 1a “Grice classique”, et reprise, au moins implicitement, par les courants dominants de notre tradition phi Tosophique, mais aussi parce qu’on Ia retrouve, posée ou supposée comme tune évidence indubitable chez certains des auteurs modernes Jes moins sus- 19 Avsens du Droit francais, ob ils'oppose au dé, 160 DEMOCRATIE ET VERITE pects de se soumettee, ow dassumer cette paternité?? Assen tenir la, il me semble qu'il failleincontestablement ranger la ver té protagoracienne du méme c6té de alternative que la vérité platonicienne ‘ou aristotélicienne, Car si “toutes les opinions sont vraiee”, c'est en tant quielles disent ce qui est, tel que, et parce que, il apparait tel (4 X). Je crois, migme que c'est justement parce qu'ils econnaissent la méme définition que Protagoras de la vérité, comme caractére du jugement, que Platon et Aristo- te pourront ou devront en réfuter la doctrine, mais non au nom dune nou- velle exigence de vérité, mais au nom d'autres exigences de lérre qui est dit par le discours vrai, C'est en effet seulement pour qui aura déji reconnu, dans le sillage de Protagoras que la vérité n'a d'autre sphére que le discours humain, simplement discours, qui peut, dans le jugement, dire ce qui est (ou n'est pas), parce que V'attribution, en tant que tell, est mesure de ce qui est (ou n'est pas), que se pose la question dite ontologique: mais qu’est-ce done qui est, ou qui est vraiment, ou au plus haut point, pour que seu! le discours ui le dise, parce qu'il le dit, soit vrai? Et éviter ainsi que tous les jugements, ‘Smplement jugements, puissent prétendre a ce titre éminent. Nous voila done déj en train de traiter notre second point: si la Vé- rité platonico.aristotélicienne se fonde sur la méme definition que la Verité de Protagoras, opposition sa doctrine, passe par une autre définition de etre qui doit étre dit parle discours vrai, que celle reconnue par Protagoras, On peut méme dire que toutes les recherches “ontologiques” de Platon (i commencer par celles du Sophiste) et d’Aristote, n’ont peutétre d'autre fenjew que de conserver la conception logique de la vérité, en 1a préservant des “conséquenees ficheuses” qu'elle avait dans la doctrine de Protagoras: le résultat, ou Teffet, ou peutétre le but, sera de promouvoir le discours vrai comme discours de la science. Rappelons rapidement ces trois points. Pour Platon, Aristote, et Ia tradition qui en est issue, “les conséquen- ces Ficheuses” de la vérité protagoracienne se disent d'un mot: la contradic tion. La rupture s‘effectue en ce point: deux fagons de concevoir la contra- diction renvoyant & deux conceptions du jugement. Ce que retient avant tout Protagoras dans la vérité du jugement, c'est la vérité qu'il y a dans Vacte de juger: or cet acte est inséparable de celui qui laccomplit comme des circonstances od il s'accomplit;, en particulier, il est inséparable d'une double relation que nous avons signalée, la relation (“phénoméne”) de celui ui parle 2 ce qui lui apparait ici et maintenant d'une part, la relation de ce lui qui parle & celui qui entend d’autre part. C’est parce que l'acte du juge- ment suppose toujours un interlocuteur et une situation de dialogue, que 20e pense & A. Ayer, Language, Truth and Logic, 1996, London, Pereuin, 1971, p. 166-168. FRANCIS WOLFF, lol juger, c'est toujours d'une certaine maniéte conteedire, et quiil n'y a pas de vérité en dehors de cette contradiction entre locuteuss, comme nous te verrons. Ce qui intéresse Platon, mais surtout Atistote, dans la verité du ju gement, c'est Lénoneé, pur et simple. séparé de son acte d’énonciation. de homme qui l'éncnce, et séparable des citconstances dans lesquelles il est, tenu. C'est pourquoi la contradiction, bien loin d'étre tenue pour la condi tion d'existence de a vrité du jugement, sera tenue pour le signe de Terreut et loin de refléter une situation opposition entre des points de vue, néces saire 4 Vexercice de la parole, représentera un eritére «'incompatibilité en tue des énoness. —De li vient, que des deux prémisses que j'ai énoneées plus haut et sur lesquelles se fonde & mon avis la doctrine protagoracienne de la vérité, c'est non pas la desxi8me, qui définit la vérité. mais bien la premid logique”, celle qui pose les conditions de ce qui est ou n'est pas (ce qui dans Je jugement devient prédicat), qui va étre substitude par une autre, pour per mettre une autre doctrine de la vérité. Pour Platon, c'est la contradiction qui, au moins dans un premier temps, sert de pierre de touche des discours ui ne sont qu’“opinions” et de leur corrélat, le non-étre (ou un moindre 4tre)2!; réciproquement Paccord vaut comme fil d'Ariane de la Verité “anton 21 En simplifiant. on pourrait sins sumer les “Etapes” de la wérté cher Paton ~"Le point de d&part, cest Mabsence de contradiction enre es intrlocuteurs, accord signe le premier ettére de wérité: "je sis que ce sur quoi mon dine opine et vee quot tu eras d'accord, cela dis lors etal vit.” (Gorgias 4864.) Mais dans in deusiéme temps, pouraiton dire, ertére va te recone ron seulement comme insuffisant, mais comme trompeur, Car Taccord comme be ‘accord sont 1 signe qu'on n'est pas sort de Vopinion, Ce sont justement fs “So- Dhistes” qui “ont a eoeur de faite adopter pat lex autres leurs opinions personnels” Whedon, 91a). D’oi We fait qu'on peut avoir raison seul contre tous, et qui file citiquer une doctrine de la WErité qui accorderait la priovté 3 Maccord dautrui:“3e aural pas pour but, sinon par surevot, de fare que ce que je dive soit wat juge ment des asistants, mais qui soit te! pour moi au plus haut point selon mon ive ‘ment™ (ibid) =a wre discrimination ne serait alos pas fite parla contradiction avee inter: Jocuteur, mais par la contradiction avec sorméme, dans le dialogue intrieur quest It pensée (Theet, 1896, Sophiste 263e, Lois X B93uetc..). Le jugement wa sera donee jJopement stable (BéE0c0¢) garanti par Maccord avec so}méme (Phéd. 90s) Mais vette fermté du jugement est encore un critée trop “extrinséque Si kes jugements sont stables, est qu'ls sont dits & propos de rai ellevméme stables et fermes, et “sur les choses instables... i nya ab intllect.niselence qui posse de writéabsolue.. Alors qu'il ne sott plus du fout question de fr, de mo, de Gorgias dde Philébe, ot sur la fo} de note raisonnement, proclamonsplutot ore... Quilleus se trouvent, 3 notre avis la fermeté, la pure, la veri. & savoir en ces réalits qu deme rent toujours dans ke méme état, de la méme manire, sans aucun mélange” ete Phil 59 6) —Qu'en risulte-tiI? Quit y a deux sorts de jugements, Yen parenté™ comme los DEMOCRATIE ET VERITE (acvord entre les interlocuteurs, ov plus strement accord de oi & soi), et de son corrélat, etre: le jugement vrai est bien sir défini comme cglui qui dit oe qui est, mais a condition dajouter que ce qui est vraiment (Svre05 bv), est toujours et nécessairement, et ne peut en aucun cas, ni d'aucuné facon, ni pour personne ne pas étre. Le jugement vrai est en fin de compte le jugement totalement affranchi de son acte, qui dit un étre totalement independant de Papparence??. Au point qu’en simplifiant a Vextséme, on pourrait dire que la doctrine platonicienne de la vérité admet comme pre midre prémisse la contradictoire de celle de Protagoras: A» E(ou A +E). Tout ce qui apparatt (ou para) aX, n’est pas, n'est pas vraiment (mais devient); tout ce qui est vraiment (ce qui ne devient pas), n'apparaft pas (ou re paraft pas) 4 X. La méme opposition, en un sens, traverse I“ontologie” aristotéicienne: les jugements susceptibles de pour et de contre, soumis & | contradiction des points de vue, au devenir et a la relativité des citcons tances ou des sujets, se référent a un sens “affaibli” du mot “étre”, “’étre par accident”?5; dont doit pourtant se distinguer “V’étre par sci", pour que soit promu un type de jugement absclument vrai: “a propos des choses con: ‘tingentes, Ia méme opinion ou le méme jugement devient faux et vrai, et fl est possible quills disent tantdt vrai, tant6t faux; & propos des choses qui ne peuvent étre autres qu’elles ne sont, les mémes jugements re disent pas tantt vrai, tant6t faux, mais les mémes sont toujours vrais ou faux” (Méta © 10 1051b12-17). Et Platon comme Aristote, pourraient dire a Protago- sas; certes, le vin est doux, et le vin est amer. Mais étre dow, étre amer, este tout a fait éire? Certes, le vent est froid, et non-froid. Mais étre et ne pas étre en méme temps, cest ne pas tre pleinement. N'étre vrai que felativement, c'est n'étre pas vraiment vrai. Et Pun comme Pautre pourraient souscrite a cette remarque de Vauteur du ch. 6 du live K de la Métaphysi- que: “d'une manitre générale, il est absurde de partir de ce que les choses ickbas apparaissent toujours changeantes et ne persistent jamais dans le ‘méme état, pour en faire la base de notre jugement sur la vérité: c'est en partant des étres qui restent toujours les mémes et qui ne sont passibles Ait le Timée (296) avec deux niveaux “ontologiques". Les jugements cui expriment 6 qui est immuable et fixe, sont ewx-ménes inébranlable, et eux seus sont vats. Coux {qu au contmireexpriment i semblant de Ete, Je deventt, seront tout au plus vase Dlables “car In véité est dla croyance ce que Ite est au devenir” ibid). (C7 aust Rep VI Sid ote..)| ‘Cest en ce point évidemment que s'équivalent™ wits discurive” et “writé ‘ontique”, et qu'on peut i juste tite parler de “aie besuté”, ete. 22 Rappelons le point de départ des consiérations “antolagiques™ du Sophy “ie fait que quelque chose ap paraisse et semble, mais ne soit pas; aussi daffirmer cerisi- nes choses, mais de ne pas die vai, tout cla ext gros cembarras” (2368), 23 Voir te raisonnement de Mets, T 1007420 xq. FRANCIS WOLFF 163 @aucun changement, qu'l faut aller & 1a poursuite de la write” (1063210). — Mais Penjeu de ces nouvelles exigences “ontologiques”, me partt tre dans les deux cas, de fonder un nouveau type de discours, le discours scientifique. Platon, on rejetant le devenir dans le presque-nonétre, et en uj réservant les opinions relatives, Aristote, en distinguant Pattribu- tion essentielle de Vatribution acsidentelle, ne visent pas tant & éliminer la Verité protagoracienne et Vhomme-mesure, qu'd Tui réserver une place, instable, parce que trop humaine, et par contrecoup 3 en promouvir une autre, pour les vérités épistémiques. Platon powvait bien accorder que dans Ja caverne ou la Cité oit nous vivons, nous devons bien nous contenter, dans urgence, de juger par opinions instables les xéalités instables auxquelles ‘nous sommes confrontés, et que ees opinions sont bien vries ou fausses; AAristote pouvait bien reconnaftre que dans le monde sublunaie de la con- tingence et de Maccident, les jugements que nous portons sur ee qui artive peuvent bien étre vrais, pour peu que par hasard tel accident vint d se com- poser avec telle substance: le probléme, c'est que T'accident, méme s'il s'en produit tout le temps, est rare, en ce sens quill se produit toujours autre et autrement, et que de eel, il n'y a pas de science?. A la vérié du discours hhumain, simplement discours et trop humain, que jappellerai désormais vé Tité doxique, Sopposait ds lors une vérté du discours humain, moins dis- cours finalement que le précédent, parce que dégagé de son ace d'énonc tion, que jappellerai désormais vérité épistémique; et le jugement vrai ou faux (verum vel falsum), cohabitera désormals avec le jugement vrai ou bien faux (verum aut falsum)35, 24 Méta, K 1064b15 sq (cf. E 102604). 25 Nous résumons dans le tableau suivant les diverses “writs” rencontrées: eri ome one sont). rete ronte ve / [des choses qui sont son série discursive comme elles sont parce pyrite doxique (Qe discours vmit ait tes gue le eiscours quilts dit [(cy ajscours vials dient Jcnoses qui sont comme [telles est val) ies. choses tees qu’elles les sont ete.) sont, si et seulement si ert ogee ics dcous sont vais elles (op)paraenttlles parce quils. disent es [4% Jehoses qui sont comme byeinéépitémique itersont afta ies aiscours vis disent les choses teles qu'elles sons, si et seulement si ees sont stables, ie, (n(ap)parassent pas a0, 164 DEMOCRATIE ET VERITE m Je voudrais désormais aborder la troisiéme partie de mon programme en montrant que si la Vérité platonicoaristotélicienne a ouvert et défini Je champ des discours scientifiques, la Vérité protagoracienne, ou plutot 1a “Vérité doxique” trouvait son point d’ancrage dans la vie démocratique de Ja Cité, et s'appliquait, de fagon privilégiée et s'applique sans doute encore, au champ politico judiciaire. Rappelons d'abord quelques traits formels qui opposent cette “vérité épistémique” et cette “vérité doxique”. Ala difference du “jugement épistémique”, le “jugement doxique” vrai porte sur un étre contingent, qui pourrait ne pas étre tel et d’aileurs qui ne lest pas toujours. (Rappelons que Ietre dont il s'agit est 'étre mesuré, antrement dit le prédicat). — L'attribut du jugement doxique est contingent et changeant; quant au sujet, c'est toujours un “ceci” déterminé, et non pas un concept ou un "universel comme dans le jugement épistémique. — Alors que de deux jugements épistémiques contradictoires, 'un des deux au moins est faux, deux jugements doxiques peuvent étre également vais, Miewx: alors que pour étze vrai, le jugement épistémique doit exclure la vérité de la contradictoire, pour étre vrai, le jugement doxique doit au ‘moins supposer la vérité de la contradictoire. Non seulement parce que dite “e vin n'est pas doux”, c'est répondre par la négative au jugement réel ou supposé “le vin est doux”, et donc juger pour s'opposer, et ne juger que pour s'opposer, mais parce que méme le jugement affirmatif “ce général est lun trafte”, “cette maison est belle”, n'a de sens, ne peut étre proféré, et Test jamais proféré que pour s‘opposer a la contradictoire, — c’estad-dire & ‘un interlocuteur, réel ou imaginaire qui pourrait justement, ici et mainte nant, & a ce propos, dite le contraire. On pourrait méme dire que les juge ‘ments doxiques qui ne supposent pas la vérité de la contradictoire n’exis- tent pas, tout simplement parce quiils ne méritent pas d'exister. On se tait. Enfin, dernier trait, qui peut-tre les résume tous: lors que la vrité épistémique est vérité d'un énoneé, indépendant des circonstances et du su Jet de son énonciation, la verité doxique est vérité d'un acte de jugement, Qui n'a de sens que relativié & celui qui ’énonce, a celui a qui i est adressé, ‘aux circonstances et aux conditions dans lesquells il est proféré. “Vérité re. lative” comme on dit parfois, mais a condition d'y entendre non seulement 1a relation du jugement & homme qui juge, mais & Vensemble de Tacte du Jugement. Or il me semble que, quoique des jugements épistémiques ou doxiques ppuissent s’énoncer dans les circonstances ou les contextes les plus vars ls ‘ont lun et autre un champ éminent et formalisé d'effectuation chargé d'en ‘sarantir la vérité: sila vérité 6pistémique ne se réalise Iégitimement que dans iediscnars scientifique, le 60M eakih Mx de cc ee. FRANCIS WOLFF 165 assemblées démocratiques, et a pour champ privilégi¢ de réalisation, le champ politicojudicisire, Les délibérations dans une démocratie on en effet ‘mémes objets, mémes procédures et mémes prineipes que la vérité doxique, 1) Lobjet des délibérations publiques est précisément de juger des ‘choses contingentes, qui peuvent étre autrement qu’elles ne sont justement parce qu'elles dépendent de I'action humaine: ce qui est & chaque fois nou- ‘eau et singulier ~ car 4 chaque événement, a chaque circonstance politique Goit sépondre un jugement approprié — ce qui est toujours particulier — car chaque procés engage un jugement qu'on ne peut ni induire d'un autre ni tansférer a un autre, et qui n'a d'autre fondement que les opinions multi- ples de ceux qui y sont confrontés, et pour seule garantie le débat public. Ce nest pas de juger si “les hommes sont mortels” qu'il s'agit en effet, mais si “Socrate est coupable”; ef ce west pas une verte éternelle qu'il faut établir, savoir si “tout corps plongé dans un liquide etc...”, mais une vérité urgente, ici et maintenant: telle expédition maritime est-elle efficace, tels généraux sontils des traitres, telle dépense publique estelle @intéret ‘général? En somme, la délibération publique doit établir la vérité de propo: sitions qui ne peuvent étre déduites d'aucun syllogisme, parce que subsu- ‘mées sous aucun concept. Et pourtant elles sont décidables, puisqu’il est ordinaite d'une importance vitale que leur vérité ou leur fausseté soit déci- de, 2) Une tell décison, portant sur des étres contingents et singuliers, te peut done ate un démonstration, On wit en effet immediatement manitre légitime d'établir que “tel général est un traitre”, n'a rien avoir avec les procédures du discours scientifique. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'elle sot laisse au hasard de improvisation ou a Timprécision des formes. Je ne crois pas qu'il faudrat imaginer qu'il y aura d'un cbté des procédures rigoureuses,précses, methodiques, chargéesétalir des vérités épistemiques, et d'un autre, des vértés doxiques établies sans qu'on sache Pourquoi ni comment. Il me semble méme qu’en général, c’est-d-dire hors des procédures officielles et codifiées, nous sommes tout aussi désarmés ‘ace aux vériés épistémiques que face aux vérités doxiques; et nous ne sau- sions peuttre pas mieux ni plus mal justifier “la somme des angles d'un triangle est égale & deux droits" que “Ia Martinique, c'est la France”, ov “Un tol est un salaud”. Cest seulement dans le discours scientifique que Tétablissement des vértésépistémiques acquiert cette rigueur que novs lul pittons ordinairement; mais c'est de méme & des procédures tout aussi exigentes, réglementées et aussi peu impressinistes que recourent les ins- situtions delibératives chargées stablir des véités politiques ou juridiques. Que Ton songe & tout Pappareil de régles et de formes par lesqulles lls garantssent la sérénité des débats"; que Ton se souvienne aussi que tout Droit soumet “Y'administration de la preuve” & des conditions logiques et 166 DEMOCRATIE ET VERITE, techniques rigoureuses?6, Pour s'en tenir aux Grecs, qu'il suffise enfin de rappeler que T'art de persuader, c'est-A-dire de faire triompher une vérité selon les régles du débat public, avait acquis & Page classique un degré de sophistication qu’était loin avoir encore acquis Part de éémontrer, c’est dire d'établir des vérités selon les régles du discours sciertifique; la “xhé- torque”, Art par excellence, était codifié par d'innombrables Traités (Téxvax) aujourd'hui perdus; mais celui @’Aristote, entre autres, nous laisse imaginer @ quelle formalisation du discours,, A quelle réglementation technique et juridique, et 2 quelle connaissance intime de V'acte de juger, dovait se soumettze 'argumentation pour qu'elle soit probante. De toutes ces régles de procédure qui entourent Iétablissement légitime des vérités doxiques, deux me parsissent particulitrement significatives, et propres & mettre en évidence sa spécificité: — L’argumentation logique qui établit une vérité doxique nest ni in- dépendante du raisonneur, ni de Pauditeur, ni des circonstances. Alors que argumentation logique qui établit une vérité epistémique doit sa valeur et sa force contraignante au fait qu'elle pourrait ¢tre tenue par n'importe qui, S‘imposer & r’importe qui, r’importe ob, n'importe quand, bref que ce “qui”, ce “ob”, et ce “quand” doivent s'annuler complétement pour que argumentation soit démonstrative, argumentation logique qui établit les vérités doxiques doit, pour @tre probante, efficace, se mouier sur mesures a ici, au maintenant, & IX qui parle, et & TY auquel il s'adresse, comme le montre par exemple Aristote au début du livre II de la Rhétorique. Autre- ‘ment dit, au contraire de la démonstration, I'argumentation logico juridique Ge reprends ici Popposition de C, Perelman) a d’autant plus de force “véri- flante” qu'elle est plus relative et moins universell. ‘Au contraire de Ia démonstration qui ne peut établir la vérité d'une proposition sans exclure celle de sa contradictoire, 'art de persuader doit pouvoir conclure les contraires (Aristote, Riét. 1355234). Mieux: on peut ‘méme dire qu'une bonne partie des régles de procédure des institutions dé- libératives qui garantissent a manifestation de la vérité n'ont pour but que Féquilibrer, A égaliser les argumentations du oui et du no, du pour et du contre, de Vattaque et de la défense. Et de méme qu'une vérité épistémi- que qui aurait pu soutenir 'égale vérité de sa contradictoire ne serait pas considérée comme établie, une vérité doxique qui n’aurait pas 616 soumise A cette éprouve ne serait pas considérée comme légitimement stablie. Allons plus loin: on dirait méme que dans une démocratie, Punanimité est aussi suspecte que le désaccord dans la communauté scientifique. 26 Voir sur cette question Tart. de C. Perelman “La spéctiité dela preuve jure que” in Jutice et Raison (Bruxelles, 2.0 ed. 1972). Cf. d'une mane générale en- semble de ses travaux, notamment fs art. de Top. cit et ceux réuni dans Le champ de orgumenteion (Bruxelles, 1970) FRANCIS WOLFF 167 3) Mais la vérité doxique a non seulement les mémes objets et obit la méme procédure que les jugements des institutions démocratiques, mais obéit aux mémes principes. Et c'est pourquoi, me semble-til, les principe de Ia Vérité protagoracienne peuvent étre mis en paraléle avec les princes de Texercice de la démoeratie, Que signifie ainsi la formule de Phomme-mesuse, interprétée comme un principe démocratique? —D'abord que seul Thomme est mesure, en ce sens que ni Dieu, ni Maitre de vérté, ni Révélation, ne sont juges.q priori des choses & la mesure du discours humain. De méme toute institution démocratique (Assemblée du peuple, Tribunal, voire jury d'un concours dramatique) se fonde sur TFidée que le monde commun. est & la mesure de homme, et que rien s'est, tel a priori, sans que les hommes qui s'y affrontent ne Maient jugé tel —Ensuite que four homme, & tout moment, est mesure, en ce Sens qu'il faut et il suffit que tele chose iui apparasse tlle, pour qu'il puisse la jugertelle en vérté, On voit 8 l'évidence que c'est sur ce principe que se fonde toute institution démocratique, ce que les Grecs appelaient Iiségori, Je droit égal pour chacun d'exprimer sur toute chose son opinion. Et nous fen avons une confirmation indirecte dans le témoignage d'Aristote, qui nous dit que selon Protagoras on ne peut pas diseriminer la vérté d'sprés le nombre des. voix (Méta.T’ 1009b1): Vinstitution démocratique doit rezon- naitte I vérité de toute opinion si minortate ou iso soitelle (mais s elles sont toutes également vraies, cela ne signifie pas qu'elles soient toutes éga- lement utiles — comme le précise le Protagoras du Théététe, 1662-168¢); Ie nombre de voix que recueille toute opinion ne lui eonféxe ai te aucune vérité, qui réside toujours dans Pacte de oeux qui ’énoncent, Sila démocra tie a un sens, cest a condition de se conformer & cette rele: n'y a pas de jugement qui soit reconmu comme raid un moment donné par une commu- nauté qui soit par -méme reconnu comme vrai par 'ensemble de ses mem- bres: une opinion majoritaire ne devient pes vraie pour la minorité qu la tient pour fausse, sous prétexte qu'elle devient opinion vraie pour la Cité. — Plus précisément, quand Protagoras nous dit que chacun, danscha- que état, jeune, viewx, malade, bien portant, est mesure de ce qui lui ops rait alors, cela signifi qu'il n'y a pas de mesure des mesures qu puisse me surer en dernidre instance la seule qui sot absolument vrai: n’est-ce-pas la conversion dans sa propre doctrine du principe fondamental de la démocra tie? I n'y a pas de métamesure,cestA-dice de situation, de compétence ou de position de discours dont on puisse e prévaloir pour juger la valeur de ‘Erté des jugements contradictoires; ni inversement de situation humaine ui par elle-méme infirme ou dégrade la valeur de vérité d'une opinion. Passe-ton une visite médicale avant de Sexprimer la tribune de PAssem- biée? Faudraitil que tous nos états et nos dispositions soient normalsées a -ee 168 DEMOCRATIE ET VERITE quills sont jeunes, Hi les vieux parce qur'ils sont vieux, ni les malades parce qu'ils sont malades, ni les colériques, niles sanguins, ni les atrabilaires, ni les phlegmatiques. A ce compte aucun homme ne serait mesure, parce qu'il est homme, qu'il n'est qu'un homme, Hime semble de méme que l'autre formule-clé de la doctrine protago- racienne de la Vérité “sur toute question, il y a deux jugements en opposi- tion Tun avec l'autre”, est un autre principe-clé de la démocratie. = Le nerf, nous l'avons vu, de la doctrine protagoracienne, est cette Gvidence qu'il n’existe pas dacte de jugement, qui ne suppose la situation du dialogue, et done au moins la possibilité du jugement contradictoire. Cotte régle du logos (entendue dans le double sens de discours et de langa- ge) se réalise & grande échelle dans la vie démocratique de la Cité. Car elle suppose réunies les deux mémes conditions que tout dialogue; Ventente @'une part, réalisée par la parole, qui marque la fin de la violence; la guerre est en effet pour les Grecs Penvers du politique, le conflit non-linguistique, gui est au-delA ou endegi du discours. Mais ily faut d'autre part lacontra- diction: sans opposition le dialogue est aussi vide qu’il est impossible dans la violence; se parler sans pouvoir dire non est aussi peu parler que s injurier les deux degrés zér0 du dialogue. L’art du dialogue, la dialectique, n'est rien autre que Part de la contradiction, dans le respect absohu des régles, Cesteddire de lentente propre au seul discours2”. Sans conflit entre opi- nions, Ia vie de la Cité serait aussi vide qu’elle est impossible dans l'état de guerre que décrit Protagoras dans sa “fable” sur la formation de la Cité (Protgoras, 320c-322d), Et c'est bien parce que la vérité protagoracienne n'a pas de sens sans la possibilité du dialogue, qu’elle se réalise éminem- ‘ment dans 'exercice de la démocratie, qui est le maximum de contradictions dans le minimum de violence. = Mais la formule protagoracienne nous est aussi parvenue sous une forme plus raffinée; au dire de Sénéque (Lettres é Luc. 88, 43) elle sénon- ‘erait ainsi: “sur toute question, il est possible de soutenir également le pour et Ie contre, y compris sur cette question de savoir si sur toute question on. peut soutenis le pour et Je contre”. Formule dans laquelle on pourrait voir, et dans laquelle on a vu en effet, un abime logique. Mais n’est-ce-pas aussi tun principe démocratique? Que non seulement tout probleme abordé ne peut étre tranché sans que les voix contradictoires se fassent entendre, mais, qu’aussi ce principe luiméme doit pouvoir étre tranché de la méme fagon; qu'il doit atre possible, au moins en droit, de mettre la démocratie &l'épreu- ve Gelle-méme, en décidant démocratiquement, si oui ou non, la Cité doit décider démocratiquement en toute question en opposant le oui et Je non, Daillevrs, non plus en droit mais en fait, la présence, minoritaire, d'un pat- 27 Sur ler “rigles du jeu dalectque”, voir p. eX. de J. Brunschwig Introduction ‘aux Topiquet d"Anistote (Paris, Les Belles-Lettres, 1967, not. p. XXII sq.). FRANCIS WOLFF 169. 1 aristocratique, qui pouvait démocratiquement sexprimer sur toute ques tion, sans reconnaite le pricipe démocratique selon lequel toute ques tion doit are ainsi soumise aux avs contradictoues de tous, pu fonction. ne comme arant de a valeur de la déimoctatie carla démoctale n'a jamais té ddmocratiquement senversée, Mas il aly « pas plus dabine logique & admettre Ia relative vésilé de la véité relative, qu'il a'y en a dans le Tat etre démocrawe: car ete démocrat, st 4 la Tos tent pour viale ne opinion, et admettre pour vai le principe méme selon quel opinion con- tradictoire pourrait étre tenve pour vei. Non que je ees de tent m opinion pour viaie sous prétexte que la communauté & laquelle appartiens ‘ne 'a pas reconnue comme tlle; mas en sige général, je ne cesse pas pour autant d'étre démocrate. J'admets encore, jesus vraiment démoctate que 1e principe méme de la démocrate poutrit & bon doit ire démoccatique- ment discuté, comme toute autre opinion; je seraisméme prét admetire que ce que je viens 'admeltue puise se dscuter, et ainsi de suite & infin Et cost ce mime principe que me semble reconaite Protagoras dans :4 doctrine de la Verié, ainsi que plusieurs textes, entre auties un du Theetére (Paget it du “fin dy fn, 1719 34) nous le font presenti ce protagoracien, c'est admettre pour vrai opinion de ceux qui pensent que Popinion de Protagors selon laquelle toute opinion eat ws et faa, et ainsi de suite & Ping " Time semble done que cette “vrité logique”, que Ton fit gore a clasiciame gree avoir defini, et & laquelle notre pensée est encore redeva bie, a cu dis le départ deux champs application, sépondant & deux types Tinsitutionaisation du discours chargés de discriminer le vsi du faux, 2H, une Sapo de ce rsonnemen,auqusl nous avons di ful llson m7 et dont nous ne pouns ih analyser Ia stuctrelogigue (dune lourde blisraphic detachons seulement le remarquable at, de M. Pe Bamnyeat “Prtagoas and all ~sftation In Pat's Thaetots", The Phllonophical Review, Api 1976, Paton uve Sone Protagors Thge qu'on pout compte les wen ceux ul touteanent opinion Protagors selon lel tute opinion sont wales ot Jee soutiennent quelle ext fuse, pour détenminer sel ext wie ov fause Si, comme sous Be pensons, et aus comme le context (170) et la conelsion tie pat Paton Xe montent (1728 9), ls polimgue éstique cache un aétat pogo, argument ‘iendt ce: son soumetalt a lmocati des props rigs (eon tema hit §ctucun son opinion our savoir sl faut en fous ocasons se dtcrminct en demandant opinion de chacun) Ia dmocrte se content eiemime ie. aut at un homme pour penser, “su moins dans Is plus rants ps, ls get 1 aide, te tempéte™ 1705, qo 200 opinion sit sus wate gue cle in ce vant); em drautres termes, selon Platon, qui au fond (17led) n'accorde pas luiméme tne grande valour a vet argument (puisgu'suss bien i ve contcdit ause hitmen): soumis aux principes de la démocrate, les démocrates au pied du mur opteracat dé ‘mocratiquement pour une “monsschie gelsinée”” 170 DEMOCRATIE ET VERITE selon des proofdutes et des crittes parfois antthétiques: dun cOté te “discours scientifique”, réservé 8 ceux qui ont le “loisit” (oxo) et Ie désintéressement de s€ consacrer i Ia “contemplation” (Bewpia), en laborant sur Puniversel un point de vue universel, c'est dire le point de vue particulier de ceux qui ont pas de point de vue; d'un aute, le discours poiitco,juridique, ouvert & tous, c'est-dire 8 tous ceux qui n’ont que leur point de vue particulier, et qui, devant la contingence de Phistoire, a singu Javté des situations humaines, ou simplement ce que Descartes applle “les actions de la vie qui ne souffrent aucun délai”, doivent bien sen contenter pour juger de ce qui est: & condition de respecter les régles fondamentales de la communauté et de la dialectique, dont les principes de la démocratie sreeque sont la meilleureilustration histovique Tout se passe comme si, d2s lors que le discours humain eit 6 pensé comme pouvant dire par luizméme ce qui est ou n'est pas, ie. comme uni que puissance de vérité, qui nat de compte & rendre qu’a ses propres tees, ils fit scindé en deux selon ses types d’objt,et la vErté avec ll. De cette scission dont le debat entre rhétorique et philosophie fut la premiére mani: festation historique, mais qui alla plus tard jusqu’a engager le choix entre deux “vies” (vi active ou vie contemplative), les doctrines de Protagoras et de Platon sont le témoignage éloquent: non qu‘elles soient deux défenses et illustration, Tune de la vérité doxique Vautre de Ia véritéépistémique, sTopposant de part et d'autre de la scission, Mais parce qu’elles me paraissent deux manixes antthétiques de tenter, dj, de la dépasser: il me semble que ly Vérité de Protagoras, avec son “homme-mesure de routes choses” et ses “ous jugements en opposition sur fou sujet" est une tentative pour appli- 4u-r les principes et les régles du débat politique, ie. de la démocrate, dans Je domaine de la,connaissance; en dauttes termes, Pentreprise importer les procédures de fa vérité doxique dans le champ épistémique; et qu’en re- vanche Platon aiéc son “philosophe roi” et sa science de Puniverseltriom- phant du brut et des contradictions des assemblées, tenta d'importer dans Je champ politique les procédures dela véritéépistémique, qu'il contribuait A degager, Je crois que nous avons hérité ces deux vérités, méme si nous avons en partie perdu les deux procédures insitutionlles qui les ilustraient de fa gon exemplaire pour les Grecs: nous ne sommes plus démoerates comme ils Je furent, et notre discours scientifique a'a pluses mémes propriétés que le leur. Néanmoin reconnaissons que nous n'avons pas les mémes criteres pour discriminer le vrai du faux dans le discours scientifique,et, par exemple, dans Je domaine judiviate; et que nous fasons au savant comme au juge le devoir @énoncer des vértés, Peut-etre méme sommes-nous mieux placés que les Grecs nous qui concevons le discours des sciences elon la figure du progres indéfini, pour entendre que leurs vértés ne sont ni plus ni moins vaies que FRANCIS WOLFF im celles des tribunaux. Une fois reconnue comme telle, la véritéjudiciaire est ‘méme plus contraignante en un sens que la vérité scientifique. On sait que la chose jugée, un fois jugée, s'impose A tous, et en particulier aux deux parties, de fagon isréversible et incontestable: le débat contradictoire, oi, les théses en opposition doivent etre soutenues également, nous parait le seul moyen 4’érablir légitimement une vérité judiciaire; mais il nous parait, tout aussi légitime que ce débat cesse aprés, dés lors que la vérité, ainsi garantie, s'est manifesté, Inversement, si nous admettons toujours qu’une vérité scientifique ne peut étre établie légitimement qu’en respectant une procédure qui la mette & I'abri de Ia contradiction et de la relativité, nous pensons que tout leffort légitime des savants consiste& tenter de la relativi ser et de la falsifier aprés, das lors qu'elle risquerait d'etre reconnue comme tune vérité absolue. Constatons seulement que, si depuis les Grees, chacune des deux véri- tés a connu son histoire singuliére, leur opposition constitue toujours Pho- rizon de notre histoire, Université de Sao Paulo

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