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Avril 2019
Article 35
Article 35-1
Pour la Cour, les griefs du requérant pourraient relever de l’une ou l’autre de ces
dispositions puisqu’ils portent à la fois sur l’application du code de procédure pénale qui
selon lui l’aurait empêché de présenter effectivement une demande de récusation pour
cause de partialité, et sur la condamnation et la peine prononcées à son encontre par
des jugements qui démontraient selon lui l’absence d’impartialité des juridictions et le
non-respect par elles du principe de l’égalité des armes. Dans le premier cas, il pourrait
s’agir d’une question de constitutionnalité de la disposition pertinente, dans le deuxième
d’une question de constitutionnalité de l’application du droit par les juridictions.
Les griefs du requérant relèvent pleinement du droit à un procès équitable, qui est
garanti par la Loi fondamentale (voir, a contrario, Király et Dömötör c. Hongrie). Les
articles 41 et 43 de la loi relative à la Cour constitutionnelle disposent que toute loi ou
décision de justice jugée contraire à la Loi fondamentale peut être abrogée ou annulée.
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Ils ne prévoient certes pas la possibilité d’une indemnisation, mais cela n’exclut toutefois
pas l’effectivité en l’espèce des voies de recours en question. En effet, l’éventuelle
abrogation de la disposition contestée en vertu de l’article 26 § 1 de la loi relative à la
Cour constitutionnelle, assortie de l’annulation des décisions de justice en application de
l’article 27, aurait entraîné la réouverture d’un procès devant les juridictions pénales
compétentes, conformément à l’article 41 de la même loi. En outre, un recours
constitutionnel fondé exclusivement sur l’article 27 aurait également pu entraîner
l’annulation des décisions de justice litigieuses et l’ouverture d’un nouveau procès en
l’espèce. Un recours exercé avec succès sur la base des articles 26 § 1 et 27
conjointement, ou sur la seule base de l’article 27, aurait ainsi permis de redresser le
grief du requérant en empêchant l’application de la règle contestée et en imposant la
réouverture d’un procès. Si le requérant avait introduit un recours constitutionnel après
l’arrêt définitif et contraignant rendu en deuxième instance, une issue favorable lui aurait
garanti un redressement par la réouverture de son procès pénal sans les vices de forme
allégués. Le délai prévu par la loi – soixante jours à compter de la date où le requérant a
eu connaissance du jugement définitif – offrait à l’intéressé une possibilité réelle de
former un recours constitutionnel.
La voie de recours indiquée par le Gouvernement est donc bien de celles qui auraient pu
permettre à la plus haute juridiction nationale d’examiner les violations alléguées dans le
cas d’espèce.
Pour qu’un recours constitutionnel soit recevable en vertu de l’article 29 de la loi relative
à la Cour constitutionnelle, il faut qu’une contradiction avec la Loi fondamentale ait
significativement affecté la décision judiciaire contestée. Pour la Cour, compte tenu de la
nature de ses allégations, qui tournaient essentiellement autour du non-respect du
principe de l’égalité des armes et de l’absence d’impartialité des juridictions dans le
procès au terme duquel il fut condamné, le requérant aurait pu avoir un grief
défendable.
(Voir Mendrei c. Hongrie (déc.), 54927/15, 19 juin 2018, Note d’information 220 ;
comparer avec Király et Dömötör c. Hongrie, 10851/13, 17 janvier 2017, Note
d’information 203)