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Note d’information sur la jurisprudence de la Cour 228

Avril 2019

Szalontay c. Hongrie (déc.) - 71327/13


Décision 12.3.2019 [Section IV]

Article 35

Article 35-1

Épuisement des voies de recours internes

Recours interne effectif

Effectivité d’un recours constitutionnel pour contester l’application de la législation dans


une procédure, ou pour contester une décision judiciaire, en cas de contrariété supposée
avec la Loi fondamentale : irrecevable

En fait – Le requérant, directeur général d’une société, soutenait que la procédure


pénale dirigée contre lui avait emporté violation de son droit à un procès équitable. Il
arguait en particulier que le principe de l’égalité des armes n’avait pas été respecté et
que les juridictions compétentes n’avaient pas été impartiales.

En droit – Article 35 § 1 : La Cour est appelée à déterminer si, eu égard aux


circonstances particulières de l’espèce et à la nature du grief formulé par le requérant, la
voie de recours indiquée par le Gouvernement, à savoir les procédures prévues aux
articles 26 § 1 et 27 de la loi relative à la Cour constitutionnelle, était accessible,
effective et propre à offrir un redressement suffisant.

En vertu des articles 26 § 1 et 27 de la loi relative à la Cour constitutionnelle, cette


dernière peut être saisie d’un recours constitutionnel lorsque le grief porte – dans le cas
de l’article 26 § 1 – sur l’application dans le cadre d’une procédure judiciaire d’une
législation considérée comme contraire à la Loi fondamentale ou – dans le cas de
l’article 27 – sur une décision de justice considérée comme contraire à la Loi
fondamentale.

Pour la Cour, les griefs du requérant pourraient relever de l’une ou l’autre de ces
dispositions puisqu’ils portent à la fois sur l’application du code de procédure pénale qui
selon lui l’aurait empêché de présenter effectivement une demande de récusation pour
cause de partialité, et sur la condamnation et la peine prononcées à son encontre par
des jugements qui démontraient selon lui l’absence d’impartialité des juridictions et le
non-respect par elles du principe de l’égalité des armes. Dans le premier cas, il pourrait
s’agir d’une question de constitutionnalité de la disposition pertinente, dans le deuxième
d’une question de constitutionnalité de l’application du droit par les juridictions.

Les griefs du requérant relèvent pleinement du droit à un procès équitable, qui est
garanti par la Loi fondamentale (voir, a contrario, Király et Dömötör c. Hongrie). Les
articles 41 et 43 de la loi relative à la Cour constitutionnelle disposent que toute loi ou
décision de justice jugée contraire à la Loi fondamentale peut être abrogée ou annulée.
2

Ils ne prévoient certes pas la possibilité d’une indemnisation, mais cela n’exclut toutefois
pas l’effectivité en l’espèce des voies de recours en question. En effet, l’éventuelle
abrogation de la disposition contestée en vertu de l’article 26 § 1 de la loi relative à la
Cour constitutionnelle, assortie de l’annulation des décisions de justice en application de
l’article 27, aurait entraîné la réouverture d’un procès devant les juridictions pénales
compétentes, conformément à l’article 41 de la même loi. En outre, un recours
constitutionnel fondé exclusivement sur l’article 27 aurait également pu entraîner
l’annulation des décisions de justice litigieuses et l’ouverture d’un nouveau procès en
l’espèce. Un recours exercé avec succès sur la base des articles 26 § 1 et 27
conjointement, ou sur la seule base de l’article 27, aurait ainsi permis de redresser le
grief du requérant en empêchant l’application de la règle contestée et en imposant la
réouverture d’un procès. Si le requérant avait introduit un recours constitutionnel après
l’arrêt définitif et contraignant rendu en deuxième instance, une issue favorable lui aurait
garanti un redressement par la réouverture de son procès pénal sans les vices de forme
allégués. Le délai prévu par la loi – soixante jours à compter de la date où le requérant a
eu connaissance du jugement définitif – offrait à l’intéressé une possibilité réelle de
former un recours constitutionnel.

La voie de recours indiquée par le Gouvernement est donc bien de celles qui auraient pu
permettre à la plus haute juridiction nationale d’examiner les violations alléguées dans le
cas d’espèce.

En ce qui concerne la question de savoir si un recours constitutionnel aurait présenté en


l’espèce une perspective raisonnable de succès dans la pratique, le Gouvernement n’a
fourni aucun exemple d’affaires dans lesquelles la Cour constitutionnelle a été saisie de
questions similaires à celles soulevées par la présente requête. Toutefois, consciente que
sa fonction de contrôle est subordonnée au principe de subsidiarité, la Cour estime
qu’elle n’a pas à substituer sa propre appréciation des questions soulevées en l’espèce à
celle de la Cour constitutionnelle qui, pour sa part, n’a pas eu la possibilité de les
examiner.

Pour qu’un recours constitutionnel soit recevable en vertu de l’article 29 de la loi relative
à la Cour constitutionnelle, il faut qu’une contradiction avec la Loi fondamentale ait
significativement affecté la décision judiciaire contestée. Pour la Cour, compte tenu de la
nature de ses allégations, qui tournaient essentiellement autour du non-respect du
principe de l’égalité des armes et de l’absence d’impartialité des juridictions dans le
procès au terme duquel il fut condamné, le requérant aurait pu avoir un grief
défendable.

En l’espèce, tant un recours constitutionnel fondé sur les articles 26 § 1 et 27


conjointement contre la législation contestée qu’un recours constitutionnel sur la seule
base de l’article 27 contre les jugements rendus dans le cadre de procédures considérées
comme inéquitables étaient des voies de recours accessibles présentant une perspective
raisonnable de succès. Aucune circonstance ne pouvait dispenser le requérant d’en faire
usage.

Conclusion : irrecevable (non-épuisement des voies de recours internes).

(Voir Mendrei c. Hongrie (déc.), 54927/15, 19 juin 2018, Note d’information 220 ;
comparer avec Király et Dömötör c. Hongrie, 10851/13, 17 janvier 2017, Note
d’information 203)

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Rédigé par le greffe, ce résumé ne lie pas la Cour.

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