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Notre-Dame peut-elle vraiment être

reconstruite en cinq ans?


 Par Claire Bommelaer

 Publié le 16/04/2019 à 20:46

ANALYSE - Avant même le début des travaux d’urgence,// Incluso antes del inicio del trabajo de
emergencia.// des questions se posent sur les grandes orientations à suivre dans l’épineux dossier de la
restauration de la cathédrale.
Et maintenant? Dès lundi soir, devant le parvis de Notre-Dame et alors que le feu n’était pas encore éteint, Emmanuel Macron a
promis que la France reconstruirait la cathédrale, avant d’être plus précis lors de son allocution de mardi: la reconstruction doit être
achevée «dans les cinq années».
Depuis l’incendie, les dons affluent à travers le monde, et l’argent ne sera sans doute pas le problème majeur dans ce qui devrait être
le chantier du siècle. Il a fallu plusieurs siècles pour parachever Notre-Dame ; il faudra sans doute, selon le Groupement des
entreprises de restauration de monuments historiques, «dix à quinze ans» pour lui redonner forme.
Mais que refaire? Comment? Selon quel schéma? De multiples questions techniques mais aussi philosophiques se posent, qui
mettront des mois avant de trouver une réponse. «La première chose à faire est de mesurer la stabilité du monument. L’eau et la
chaleur sont de puissants vecteurs de déstabilisation, y compris sur les parties ...

Depuis lundi soir, les dons, parfois importants, affluent pour la


reconstruction de la cathédrale. Les familles Pinault, Arnault
et Bettencourt ont débloqué à elles seules un demi milliard
d’euros. Le gouvernement a lancé mardi un site hébergé par le
ministère de la Culture et le centre des monuments nationaux.
Les dons affluent pour reconstruire Notre-Dame de Paris. À tel point que ce mercredi matin, les promesses de dons, provenant
d’anonymes, d’entreprises et de grandes fortunes françaises , approchent du milliard d’euros, a indiqué Stéphane Bern sur RMC. «Je
vois, par les différents résultats que m’envoient les fondations demi-heure par demi-heure, que ça monte, ça monte. On est près de
900 millions ce matin. Je pense qu’on passera la barre du milliard dans la journée» a- expliqué le journaliste et chargé de la mission
du Loto du patrimoine.
Le président de la République Emmanuel Macron avait déclaré dès lundi, soir qu’une souscription nationale serait lancée. Un site
rebatirnotredamedeparis.fr, hébergé par le ministère de la Culture et le centre des monuments nationaux, a été lancé mardi soir.
Mardi, les annonces de dons de la part de grandes fortunes françaises et d’entreprises se sont succédées.
Les images de l'intérieur de Notre-Dame de Paris - Regarder sur Figaro Live
• Familles Pinault, Arnault et Bettencourt: 500 millions
La société d’investissement de la famille Pinault, Artemis, va débloquer 100 millions d’euros pour participer à la
reconstruction de Notre-Dame de Paris, a annoncé son président François-Henri Pinault. «J’ai vu ma fille de 17
ans pleurer. Cela nous a pris aux tripes. C’est un défi incroyable, et dans les temps qui courent un geste
symbolique. On sera beaucoup à participer, chacun en fonction de ses capacités», a-t-il expliqué mardi
matin sur Europe 1. La famille héritière de L’Oréal, les Bettencourt Meyers, ainsi que le géant mondial des
cosmétiques ont annoncé mardi un don total de 200 millions d’euros pour Notre-Dame de Paris, dont
100 millions d’euros via la fondation Bettencourt Schueller.
» LIRE AUSSI - Notre-Dame de Paris: incendie maîtrisé, ouvriers entendus... Ce que l’on sait
Le groupe LVMH et la famille Arnault ont également annoncé mardi un «don», d’un montant de 200 millions d’euros au fonds
dédié à la reconstruction de Notre-Dame. «La famille Arnault et le groupe LVMH, solidaires de cette
tragédie nationale, s’associent à la reconstruction de cette extraordinaire cathédrale, symbole de la
France, de son patrimoine et de son unité», écrivent-ils dans un communiqué.
» LIRE AUSSI - Comment aider à la reconstruction de Notre-Dame de Paris?
• D’autres entreprises françaises se mobilisent
D’autres groupes et familles actionnaires ont annoncé leur participation à la reconstruction. Patrick
Pouyanné, le PDG de Total, a ainsi indiqué que le groupe ferait un don de 100 millions d’euros pour
financer la reconstruction. Martin et Olivier Bouygues ont annoncé un don de 10 millions d’euros,
ajoutant que le groupe Bouygues s’engagerait dans un mécénat de compétences pour prendre part aux
travaux de rénovation.
La famille Decaux a annoncé mardi dans un communiqué qu’elle contribuerait à la restauration du
monument, à travers JCDecaux Holding, en apportant 20 millions d’euros à la souscription pour la
reconstruction de Notre-Dame de Paris.
L’homme d’affaires milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, qui contrôle la société d’investissement
Fimalac, a également annoncé vouloir participer à «l’effort national de reconstruction». Montant du don:
10 millions d’euros «pour la restauration de la flèche, symbole de la cathédrale» qui est tombée dans
l’incendie de lundi. Des banques se sont jointes à la liste des futurs donateurs: Crédit Agricole Île-de-
France (5 millions), Société générale et BPCE donneront chacun 10 millions d’euros, et Crédit Mutuel
ainsi que BNP Paribas ont également fait des promesses des dons sans préciser le montant.
Le géant informatique français CapGemini s’est dit «solidaire de l’effort national» et a annoncé le
versement d’un million d’euros pour contribuer à la reconstruction de la cathédrale. Vinci, Michelin et Air
Liquide ont également annoncé souhaiter participer au financement, mais sans indiquer pour l’heure de
montant tout comme le groupe immobilier Duval.

Une fiscalité avantageuse pour les entreprises mécènes


Depuis la loi Aillagon de 2003, destinée à favoriser le financement de la culture, les entreprises peuvent
déduire 60% de leurs dépenses en faveur du mécénat, avec la possibilité de bénéficier d’un
échelonnement de l’avantage fiscal sur cinq ans, dans une limite de 25% du don. Cette réduction fiscale
peut même atteindre 90% lorsqu’il concerne l’achat de biens culturels considérés comme des «trésors
nationaux» ou présentant «un intérêt majeur pour le patrimoine national». La remise est alors appliquée
dans la limite de 50% de l’impôt dû.
Cette mesure, qui signifie que l’entreprise ne contribue in fine qu’à 10% de son geste, ne peut en théorie
pas s’appliquer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris: cette extension a parfois été envisagée par
le ministère de la Culture, sans aboutir. Mais plusieurs voix se sont élevées depuis lundi soir pour
pousser le gouvernement à favoriser une fiscalité la plus avantageuse possible.

• Le patronat se mobilise
Les syndicats de patrons ont également appelé à l’action. Le Medef a appelé les entrepreneurs à
participer à la collecte lancée par la Fondation du patrimoine, tandis que la Confédération des petites et
moyennes entreprises (CPME) «se tient à la disposition des pouvoirs publics pour mobiliser son réseau
national d’artisans».
De son côté, l’Association française des entreprises privées (Afep) a invité pour sa part chacune de ses
110 entreprises adhérentes à contribuer, indépendamment de l’initiative de chacune d’entre elles, à la
reconstruction de Notre-Dame de Paris, à hauteur d’une année de cotisation à l’association.
Des soutiens financiers des collectivités
Les collectivités locales ont elles aussi commencé leurs annonces de soutien financier. La région Île-de-
France va débloquer 10 millions d’euros d’«aide d’urgence pour aider l’archevêché à faire les premiers
travaux» de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris», a déclaré la présidente de région
Valérie Pécresse sur Radio Classique. Laurent Wauquiez a annoncé mardi que la Région Auvergne-
Rhône-Alpes, qu’il préside, verserait 2 millions d’euros.
La maire de Paris Anne Hidalgo a de son côté proposé de tenir dans la capitale «une conférence internationale des
donateurs» en vue de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, ravagée par un gigantesque incendie
la veille. «Je proposerai qu’on puisse tenir une conférence internationale des donateurs», a-t-elle déclaré
sur la radio France Inter, pour accueillir «des experts» et «pouvoir lever des fonds». La maire a
également annoncé à une contribution à hauteur de 50 millions d’euros de la Ville. Le département des
Alpes-maritimes devrait donner 1 million d’euros, tout comme Toulouse et sa métropole, comme l’ont
annoncé les exécutifs locaux. La région Occitanie pourrait contribuer à hauteur de 1,5 million d’euros.
» LIRE AUSSI - Incendie de Notre-Dame de Paris: la dernière restauration remonte aux années 1990
• Des dons en nature
Groupama a annoncé offrir 1.300 chênes qu’il prélèvera dans ses forêts normandes, «pour respecter le
travail des Compagnons de l’époque», pour la «reconstruction de la charpente» de la cathédrale. Saint-
Gobain mettra «à disposition son expertise en matière de rénovation et de matériaux, notamment en
matière de restauration de vitraux» dont certains ont explosé. De son côté, la compagnie Air France a
annoncé qu’elle assurera «le transport gratuit de tous les acteurs officiels qui participeront à la
reconstruction».
• Des promesses de dons dans le monde du sport
La présidente de la Ligue de football professionnel (LFP), Nathalie Boy de la Tour, a également promis
mardi que le football français allait «se mobiliser pour pouvoir aider financièrement à la reconstruction»
de la cathédrale. Côté hippisme, le monde des courses a décidé de rebaptiser le Prix du Président de la
République, qui doit se tenir dimanche à Auteuil, du nom de la cathédrale et «d’en reverser le bénéfice
au profit de la reconstruction» de l’édifice.
• Les cultes au chevet de Notre-Dame
Le pape François a appelé mardi, dans un télégramme adressé à l’archevêque de Paris, à la
«mobilisation de tous» pour que la cathédrale «puisse redevenir, grâce aux travaux de reconstruction et
à la mobilisation de tous, ce bel écrin au cœur de la cité, signe de la foi de ceux qui l’ont édifié, église-
mère de votre diocèse, patrimoine architectural et spirituel de Paris, de la France et de l’humanité». Le
ministre de la culture du Saint-Siège, le cardinal Gianfranco Ravasi, a fait savoir que le Vatican était
disposé à offrir «son savoir-faire mondialement reconnu» en matière de restauration. De son côté, le
Conseil français du culte musulman (CFCM), instance officielle représentative de l’islam en France, a
lancé un appel aux dons auprès des musulmans de France, tout en exprimant «son immense tristesse»
face aux plaies d’un «symbole du Christianisme» et «coeur de l’Histoire de France».
• Quelques dons venus de l’étranger
Par un tweet matinal aux Etats-Unis, Tim Cook, le patron d’Apple, a assuré que la firme à la pomme
allait «donner pour les efforts de reconstruction afin d’aider à restaurer le précieux héritage de Notre-
Dame», sans préciser de somme. Henry Kravis, co-fondateur du fonds d’investissement américain KKR,
et son épouse Marie-Josée Kravis, «attristés par l’incendie», ont annoncé contribuer «dès à présent» à
hauteur de 10 millions de dollars (8,85 millions d’euros). C’est le premier don d’ampleur venu de
l’étranger.
La ville hongroise de Szeged a annoncé faire un don de 10.000 euros, s’estimant redevable à Paris. En
1879, la capitale française avait aidé à la reconstruction de cette ville du sud du pays, dévastée par une
inondation. En Côte d’Ivoire, c’est le roi de Krindjabo, capitale du royaume de Sanwi dans le sud-est du
pays, qui a promis un «don» pour la reconstruction, sans préciser de montant. Un prince de son
royaume avait été baptisé dans la cathédrale dans les années 1700. La milliardaire brésilienne Lily Safra
a fait un «don important», a également affirmé à l’AFP Stéphane Bern, chargé de la mission du
patrimoine, sans dévoiler de montant.
» LIRE AUSSI - Quand Victor Hugo évoquait la «grande flamme furieuse» de Notre-Dame de Paris

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