Chevassus-Lozza Emmanuelle, Gallezot Jacques, Galliano Danielle. Exportations intra-firme ou directes : une alternative pour
les firmes multinationales. In: Economie et statistique, n°326-327, 1999. pp. 97-112;
doi : https://doi.org/10.3406/estat.1999.6227
https://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_1999_num_326_1_6227
Abstract
An Alternative for Multinational Firms: Intra-Firm or Direct Exports Why do firms opt for intra-firm trade
and how does this choice influence their export volume? In France, for; example, intra-firm trade
accounted for a third of industrial exports and nearly one-quarter of food exports in 1 997. In an
analysis of foreign competitiveness the growing i magnitude of this trade reveals different aspects of:
corporate globalisation. . The decision by multinational food firms to trade on the : internal market is
motivated by economies of scale, protecting the brand and know-how and the existence of. trade
barriers. An econometric analysis of an intra-firm trade survey confirms the specific way in which the
internal 2 market of multinational firms operates in this sector. In setting the internal price, these firms
have the possibility of cancelling the effect of the tax burden, which puts a strain on the
competitiveness of direct exports. The. volume of intra-firm exports is also thought to be more
especially influenced by the group's experience on international markets and brand protection
considerations. Moreover, price effects coupled with the multinational firm's way of managing the tax
differentials suggest that i they seek to maximise their overall competitiveness in which the internal
market plays a major role.
Zusammenfassung
Eine Alternative fur die multinationalen Unternehmen:lntrafirmen Oder Direktexporte Warum
entscheiden sich die Unternehmen fur den: Intrafirmenhandel und inwiefern hat diese Wahl einen
EinfluB auf ihr Exportvolumen? Im Jahre 1 997 entfiel auf ihn beispielsweise in Frankreich ein Drittel
der Industrieexporte und nahezu ein Viertel der Lebensmittelausfuhren. Einer , Analyse der externen
Wettbewerbsfàhigkeit zufolge ist die zunehmende Bedeutung dieses Handels in erster Linie3 auf
verschiedene Aspekte der Globalisierung der Firmen zurûckzufûhren. Bei den Lebensmitteln sind die
GrôBenvorteile, der Schutz . der Marke und des Know-hows sowie das Vorhandensein von
Handelsschranken dafur ausschlaggebend, daB die . multinationalen Firmen auf den heimischen
Markt; zurûckgreifen. Eine okonometrische Analyse der Erhebung ûber den Intrafirmenhandel
bestàtigt, daB der. heimische Markt der multinationalen Unternehmen dieses Sektors auf besondere
Art und Weise funktioniert. Bei der Festlegung des Preises fur den heimischen Markt - hàtten diese
Firmen die Môglichkeit, den Effekt der Steuerbelastung, die die Wettbewerbsfàhigkeit der;
Direktexporte beeintrâchtigt, zu neutralisieren. Andererseits hàtten die Erfahrungen der Gruppe auf
den ; Weltmarkten und beirn Markenschutz einen besonderen EinfluB auf den Umfang der
Intrafirmenexporte. SchlieBlich lassen die Preiseffekte - gekoppelt mit dem Verhalten eines
multinationalen Unternehmens gegenûber der unterschiedlichen Besteuerung - darauf schlieBen, daB
es sich um eine Optimierung seiner globalen Wettbewerbsfàhigkeit, bei dem der heimische Markt eine
vorrangige Rolle spielt, bemûht.
Resumen
Una disyuntiva para las firmas multinacionales : exportaciones intrafirma o directas I Por que se deciden las
empresas por unos intercambios intrafirma En que medida influye esta decision en el volumen de
exportaciones ? En Francia, por ejemplo, estos intercambios representan la tercera parte de las
exportaciones industriales y casi la cuarta parte de las exportaciones agroalimentarias en 1 997. La
importancia cada vez mayor de estos intercambios pone de manifiesto,' en el anâlisis de la competitividad
externa; distintos aspectos de la mundializaciôn de las firmas. Para los productos agroalimentarios, los
ahorros de escala, la protecciôn de las marcas y de los procesos de : fabricaciôn y la existencia de
barreras al intercambio influyen en la decision de las firmas multinacionales de recurrir al mercado interne
Un anâlisis econométrico de la encuesta sobre los intercambios intrafirma confirma el . funcionamiento
espeeffico del mercado interno de las empresas multinacionales de ese sector. Esas firmas tendrfan la
posibilidad, al fijar el precio interno, de cancelar el efecto de la carga fiscal que grava la competitividad de
las exportaciones directas. Por otra parte, el volumen de las exportaciones intrafirma estaria mâs
influenciado por la experienca del grupo en los mercados internacionales y por la protecciôn de la marca.
En fin, los efectos precio, asociados con el comportamiento de gestion por la firma multinacional de los
diferenciales de fiscalidad, parecen senalar la busca . de una optimizaciôn de su competitividad global en
la que el mercado interno desemperïa un papel relevante.
ECHANGES EXTERIEURS
Exportations intra-fîrme
LEIAA d'Ivry sur Seine et la protection de la marque. Enfin, les effets-prix, couplés au comportement
et Danielle Galliano au de gestion par la firme multinationale des différentiels de fiscalité, suggèrent
laboratoire ETIQ : de
Toulouse. Ils remercient une recherche d'optimisation de sa .compétitivité globale dans laquelle le marché
Alban Thomas (Inra) interne joue un rôle privilégié.
pour ses conseils en
>
économétrie, Carlos
Martinez Monga (DGH
,
de la Commission
européenne) pour la mise à
disposition des
informations sur l'imposition des
sociétés et les PI ortées par un développement important de de ces échanges intra-firme (EIF). Leur,
,
rapporteurs pour, leurs leurs investissements directs à l'étranger, existence met en évidence la nécessité de mieux
remarques constructi- les firmes multinationales (FMN), quelles que connaître les déterminants de l'organisation
ves. .
soient leurs activités industrielles, génèrent, au interne de la firme. Elle pose la question
niveau international, des flux internes de fondamentale de la capacité des FMN à contourner
capitaux, de technologies, d'emplois, de services ou? les règles du marché et à dépasser les frontières
Les noms et dates entre de marchandises. Ce constat n'est pas particulier des nations, remettant ainsi en question
parenthèses renvoient à
la bibliographie en fin aux groupes français et la littérature en économie l'analyse des fondements de la compétitivité externe
d'article. internationale reconnaît l'importance croissante et celle de l'efficience des politiques publiques.
.
.
défaillances du-, marché, les obstacles à
l' échange international; et . les coûts qui en s - enfin, les fondements de l'échange intra-firme
découlent, expliquent l'internalisation, du; sont à trouver dans la gestion financière globale
marché au sein de la firme multinationale. Le du groupe. La contrepartie de l'échange est le flux
second i courant, développé par Dunning financier et le prix interne, et non le prix de
(1981), propose une approche plus « marché qui peut disparaître de l'échange intra-firme
éclectique » de la multinationalisation, organisée autour ; (Coase, 1937). La rationalité des critères de
de trois conditions nécessaires à la réalisation gestion du groupe multinational permet, à partir de
de l'internationalisation de la firme : ces prix internes, un arbitrage entre des objectifs
«Avantage spécifique, localisation, internalisation ». de parts de marché et des objectifs de marge ainsi *
qu'une allocation des activités et des profits entre -
.
La condition nécessaire et suffisante réside
dans le fait qu'ildoit être impossible à la firme: les filiales selon les conditions économiques qui
d'exploiter en même temps ses avantages prévalent dans le pays d'accueil (Harris, 1993 ;
spécifiques et ceux liés à la localisation si elle ne Cantwell, 1994) ; ceci tout en tenant compte des
dispose, pas: d'uni marché interne que les problèmes de gestion et d'incitation des
investissements directs à l'étranger permettent managers (Donnenfeld et Prusa, 1995).
de créer. Ainsi, au-delà des explications
classiques centrées sur les imperfections du marché, Toutefois, l'analyse empirique des flux
émerge une conception renouvelée du marché internes à l'entreprise multinationale fait encore
interne de la firme, où l'existence et la mise en largement défaut dans la mesure où ces
œuvre de ses avantages spécifiques et transactions, sont: peu accessibles à l'observateur
compétitifs jouent un rôle central. externe et où les statistiques du. commerce
.
Tableau 1
'
Dont échanges intra-firme + 13.3 population des 317 groupes qui interviennent dans?
Groupes étrangers
j
:
réalisent 78 % des exportations et 36 % des concernent les mêmes produits qu'à l'exportation, les
;
importations agro-alimentaires françaises. Leurs importations intra-firme sont, par contre, le fait'
marchés internes canalisent près de 30 % des de groupes étrangers (70 %), américains,
échanges totaux? des groupes (exportations hollandais et suisses. Selon les branches, la part
et importations) ce qui représente; in fine, 23 % des échanges qui; transitent à l'intérieur des
des exportations et 11 % des importations firmes multinationales peut être plus élevée : elle
françaises. Enfin, ces échanges internes aux représente 35 à 45 % des échanges extérieurs
groupes ont un effet positif sur le plan national dans des produits plus standardisés et moins
la mesure où ils dégagent un excédent périssables comme les boissons, farines : et céréales
.
commercial de 16 milliards de francs. transformées, conserves de légumes et autres ^
produits alimentaires.
L'importance du marché interne des firmes
multinationales varie selon les produits, leur origine et De par la nature de ses produits et de ses
leur, destination. Les trois quarts des échanges procédés de production, l'internalisation des
intra-firme dans l' agro-alimentaire sont des échanges agro-alimentaires est moins avancée que
exportations, réalisées principalement par des groupes celle de l'industrie manufacturière. Les EIF
français (61 %), américains (17 %) et hollandais représentent,- dans le secteur industriel, 34 %
(10 %) (cf. tableau 3). Il s'agit de boissons, de des exportations et 31 % des importations totales
:
produits de la branche « autres produits alimentaires » (Hannoun et Guerrier, 1998): C'est au niveau
Encadré 1
LES SOURCES POUR L'ANALYSE DES ECHANGES INTRA-FIRME
Les statistiques du commerce international ne font treprises qui interviennent dans les échanges de
pas de distinction entre les échanges intra-firme et biens alimentaires transformés, sans se limiter à
les échanges entre entités indépendantes. Ceci celles qui ont comme activité principale l'industrie
explique la rareté des analyses empiriques relatives agro-alimentaire (IAA). Plusieurs fichiers
aux transactions internes aux firmes multinationales statistiques administratifs ont été mobilisés pour permettre
présentes en France. La seule source de données un traitement complet de l'enquête Mondialisation
concernant' les échanges intra-firme provient industrielle. L'appariement de ces différentes
d'enquêtes réalisées auprès d'entreprises, ce qui sources statistiques - données douanières,. liaisons
■
implique l'établissement de questionnaires par les financières existant entre les firmes (Lifi),- enquêtes
autorités nationales. Le ministère du Commerce des: annuelles d'entreprises (EAE) - a été réalisé au
États-Unis et le ministère japonais du Commerces sein de la base de l'Inra sur les marchés extérieurs
extérieur et de l'Industrie (MITI) conduisent ce type des industries agro-alimentaires (Medina). Pour ce
d'enquête depuis la fin des années 70. L'enquête faire, trois étapes ont été nécessaires :
française Mondialisation industrielle , s'est
également donnée comme objectif de mesurer la part du - mise en cohérence des déclarations d'échanges ;
.
internationaux internes aux groupes industriels. Elle avec les déclarations douanières des entreprises en
a été réalisée en 1994 par le Sessi (ministère de 1993. À partir d'un appariement des fichiers
l'Industrie) auprès des entreprises industrielles, le d'entreprises des douanes et de l'enquête Mondialisation
Scees (ministère de l'Agriculture) pour les industrielle, les divergences d'informations fournies
entreprises agricoles et agro-alimentaires et par l'Insee par les firmes sur les triplets « entreprise, produit et
:
auprès des filiales françaises du commerce de gros. pays de destinations (ou origine) » du flux ont été
L'enquête a touché 6 800 entreprises,1 dont 6 000 corrigées ;
industrielles et 800 commerciales. Comme il
s'agissait d'une investigation nouvelle, près de 60 % des - recomposition des frontières du groupe de sociétés
entreprises ont été contactées par téléphone pour, et identification de la tête de groupe. Cette étape;
relance ou complément d'information. Au total, le: s'est appuyée sur l'exploitation de l'enquête sur les
taux de réponse apparaît satisfaisant : 80 % du liaisons financières entre les entreprises, après
nombre des entreprises et 95 % des. variables appariement avec l'enquête Mondialisation industrielle;
;
l'exploitation de l'enquête a porté sur toutes les d'exportation et les dépenses de publicité.
Tableau 3
Nationalité du groupe, provenance et destination des échanges intra-firme
A - Importations intra-firme
En%
Provenance géographique Intensité (1)
Nationalité
Total Union Reste Total Union Reste
européenne du monde européenne du monde
Ensemble 100 81,48 18,52 23,71 25,18 18,84
Française 29,99 18,96 11,04 12,87 10,71 19,70
Néerlandaise 16,87 15,26 1,61 42,19 44,16 29,67
Allemande 8,16 7,49 0,67 48,58 48,48 49,79
Italienne 4,93 4,41 0,52 22,97 37,53 5,33
Autres UE 5,98 5,83 0,14 46,61 49,82 12,76
Suisse 15,07 12,98 2,09 47,55 51,04 33,36
Américaine 19,00 16,55 2,46 28,79 34,73 13,38
Reste du monde 0 0 0 0,94 1,81 0,71
1 . Part des importations intra-firme du groupe dans ses importations totales selon la provenance géographique.
Lecture : les importations intra-firme représentent 12,87 % des importations totales des groupes français, 19,7% de leurs importations
en provenance du reste du monde.
B- Exportations intra-firme
En%
Destination géographique Intensité (1)
Nationalité
Total Union Reste Total Union Reste
européenne du monde européenne du monde
Ensemble 100 71,75 28,25 25,38 27,12 21,81
Française 60,72 41,96 18,76 21,19 22,57 18,66
Néerlandaise 9,39 4,27 5,12 46,35 39,57 54,07
Allemande 0,65 0,54 0,11 13,21 13,04 14,12
Italienne 4,68 4,2 0,48 30,04 34,35 14,34
Autres UE 0,83 0,69 0,14 13,33 18,35 5,71
Suisse 7,19 5,86 1,33 44,44 53,19 25,76
Américaine 16,5 14,22 2,28 37,62 38,95 31,00
Reste du monde 0,03 0,01 0,02 6,15 5,18 6,48
1 Part des exportations intra-firme du groupe dans ses exportations totales selon la destination géographique.
|
.
Sources : enquête Mondialisation industrielle, Sessi, Scees et Insee, fichiers des Douanes et base de données Medina de l'Inra, 1993.
;
barrières à l'entrée du marché unique et l'échange a lieu à l'intérieur de la firme
d'accéder à une demande plus vaste encore que la. multinationale ou sur le marché. Toutefois, hormis
seule demande française. Ainsi, l'essentiel des l'étude de Benvignati (1990); aucun travail ne
échanges des filiales françaises des groupes teste vraiment cette différence. .
non communautaires (américains et suisses
.
Europe (39 % des exportations vers l'Union Pour les déterminants liés à la gestion
européenne des filiales américaines sont intra- financière globale du groupe; la plupart des auteurs
firme, 53 % pour les filiales suisses). mettent en évidence la possibilité, pour ; les f
groupes, de maximiser leur profit global par
Loin de réduire les échanges internes des l'internalisation des transactions (Wang et
.
groupes européens, le marché unique favorise Connor, 1996). Cette conception accorderait:
la construction de leurs propres réseaux à la firme la capacité de fixer des prix internes
régionaux. C'est pour leurs importations que (prix de transfert) en fonction de sa stratégie
les filiales françaises des groupes européens sur le marché ou afin d'obtenir une
ont le plus recours au marché interne (les taux minimisation globale des taxes dans le: contexte de
d'importation intra-firme desrgroupes l'hétérogénéité internationale des fiscalités.
allemands pouvant atteindre près de 50 %). Les échanges internationaux intra-firme sont
Associés au fait que l'essentiel des produits est dès lors une condition nécessaire à un
revendu en l'état, les échanges intra-firme transfert de revenus (Harris, 1993 ; Jacob, 1996).
permettent de compléter les gammes et de On peut associer à ce type de déterminants les
satisfaire la préférence pour, la variété des pratiques de la gestion du risque de change.
consommateurs. Le marché interne sert alors Ainsi, en internalisant leurs transactions, les
de vecteur à la mise en œuvre des avantages FMN peuvent limiter les coûts de transaction-
spécifiques de la firme dans un marché par le choix des monnaies de facturation ou»
unique caractérisé par un processus croissant de , de paiement.
Tableau 4
Les facteurs d'influence des échanges intra-firme
les travaux déjà menés sur le sujet (Chevassus- conforté par l'expérience que possède le
Lozza et ai, 1998 et 1999). Elle explore le groupe à l'international qui traduit son savoir-
comportement des firmes multinationales à faire et l'intensité de son engagement sur les
l'exportation en tenant compte de la décision de marchés internationaux. Ce résultat est conforme
recourir ou non au marché interne et de l'endogé- à ceux de Markussen (1995) qui notait la forte
néité du, rôle des prix de transfert par rapport influence de l'expérience du groupe sur les
notamment aux variables fiscales (cf. encadré 2).. transactions intra-firme. Bien que les effets dus
aux dépenses de publicité sur l'EIF semblent
Ainsi, en présence de firmes multinationales, diviser la littérature, elles agissent ici
on cherche à vérifier si les déterminants du positivement sur la décision de passer par le marché
volume des échanges directs jouent de manière, interne. L'argument, à ce niveau, serait alors de
différente de ceux qui influencent le volume considérer le rôle des dépenses en publicité
L'objectif est d'estimer l'effet de l'échange intra- - les entreprises sont les filiales agro-alimentaires
firme sur le volume d'exportation mais aussi sur ses de groupe ayant répondu à l'enquête ;
variables explicatives (cf. tableau). Pour cela, on a
testé l'équation [1] suivante : - le produit est appréhendé au niveau le plus fin de
la nomenclature douanière (nomenclature
IX + y , . Zx . Intra + y Q . Zx . (1 - Intra ) + b. Intra + u [1] combinée à 8 chiffres, soit ici 884 produits concernés) ;
où IX est le volume des exportations, Zx un - les zones géographiques ou marchés retenus
vecteur de variables explicatives de IX et Intra, une sont : les onze pays membres de l'Union
variable dichotomique qui vaut 1 si l'échange est de européenne en 1993, la Suisse, les États-Unis, le Japon
type intra-firme et 0 sinon. Le niveau d'observation et le reste du monde.
est le triplet (entreprise, produit, marché) où :
Les variables des modèles
Variables Commentaire Mesure Sources
Variables concernant l'échange, le marché et la
nature du produit
X Exportations en quantité de l'entreprise (j), filiale de Douanes, Lifi et
groupe, pour le produit (i) à destination de la zone (k). Mondialisation
Les produits sont observés en nomenclature NC8.
Prix Valeur unitaire (valeur/quantité) pour le produit (i) Douanes
exporté par l'entreprise (j), filiale de groupe.
Degré de concentration Mesure des barrières Indice d'Herfindahl de concentration calculé sur la base EAE
du marché à l'exportation à l'échange des exportations totales de la branche (définie en
nomenclature CPF6).
Zone d'échange Zone (k) de destination des produits : les onze pays Mondialisation
membres de l'UE en 1993, les États-Unis, la Suisse, le et Douanes
Japon et le reste du monde.
Impôts Rapport du taux d'imposition sur les sociétés entre le Commission
pays de destination et la France. européenne ; DGI
Bl Variable dichotomique Est égal à 1 si le produit est un bien intermédiaire, à 0 il Broad Economie
caractérisant la nature s'agit d'un bien final. Categories
du produit échangé
Intra Distinction marché Variable dichotomique caractérisant l'échange : est Mondialisation
interne / vente directe égale à 1 si l'échange est intra-firme, à 0 sinon.
Variables caractérisant l'entreprise exportatrice
Économies d'échelle Rapport de la taille de l'entreprise (j) à la taille moyenne EAE
des entreprises situées au-dessus de la médiane des
effectifs salariés cette distribution est calculée pour les
entreprises qui ont la même activité principale
;
>
.
d'effet sur les volumes d'exportations de la firme1 la décision de faire des échanges intra-firme [2] et
entre les deux types d'échange. L'égalité des l'impact de ce choix sur le volume des exportations
coefficients pour chacune des variables a été testée à (variable Intra ; dans [1']).
partir d'un test de Fisher. Une différence
significative permet de conclure sur un effet différencié Prise en compte de l'endogénéité de la variable
entre marchés interne et externe. prix : méthode des variables instrumentales et
test d'Hausman
.
.
ou non à une filiale du groupe. La modélisation est relation entre Ip x et IX . De ce fait, l'hypothèse de non-
réalisée en deux étapes,- selon une procédure Heck- corrélation, entre Ip x et u le terme d'erreur, n'est plus
man, afin de pouvoir obtenir un estimateur sans biais -. viable et les estimateurs des MCO sont biaises.
de la variable Intra (Greene, 1997).
La méthode utilisée, dans ce cas, est celle des
- les prix, variables explicatives de la fonction variables instrumentales par laquelle on régresse,
d'exportation, sont aussi: un élément de la stratégie, selon une procédure 2SLS, le système d'équations
d'exportation de la firme, que l'échange ait lieu ou suivant :
non sur son marché interne. En ce sens," il est
nécessaire de tester l'éventuelle endogénéité des prix /X-Pq + y, . Zx. Intra + yQ.Zx.{-\ -Intra)
dans le modèle, en utilisant la méthode des + k\ .M . Intra + ko . M . ( 1 - Intra) + ft . Intra + u
variables instrumentales et en évaluant l'endogénéité
par un test d'Hausman. lpx - <p0 + H1 . Z . Intra + 8 0 . Z " . ( 1 - Intra ) + tp . Intra + e
Prise en compte du processus de sélection où Zp< est le vecteur des instruments (dont les
sous-jacent : la procédure Heckman impôts) de /px .
On formalise, dans un premier temps, le processus Pour tester l'endogénéité de /px , on estime
de sélection qui conduit la FMN à exporter ou non directement la. régression [1'] par les moindres carrés
à destination d'une filiale par un Probit du type : ordinaires et on compare, par un test d'Hausman,
-
partir de l'équation [2] de la manière suivante : des variables instrumentales Zpf et des variables
explicatives de IX, Zx , autres que / $ . La
prédiction de cette régression est ensuite introduite dans-
M ■* -a —{ a . Z ) si Intra
, - 1 la régression [1'] aux côtés de la variable / $ . Un
•
Tableau 5
Les déterminants des prix à l'exportation
Variables (en logarithme) Coefficients (1) Test de Student (2)
Constante 2,846 ***
Productivité
Échanges intra-firme -0,185 (n.s.)
Échanges directs -0,119 ***
Impôts
Échanges intra-firme 0,050*** n.s.
Échanges directs -0,038
Taux d'ouverture de l'entreprise
Échanges intra-firme 0,087 (n.s.)
Échanges directs 0,057
Choix de l'entreprise (ratio de Mills)
Réaliser des échanges intra-firme -0,131*** **
Réaliser des échanges directs -0,175 ***
Échanges intra-fime 0,170 *
Union européenne - 0,222 ***
Nombre d'observations 5 973
R2 ajusté 0,6043
1 . Légalité des coefficients est testée par le test de Fisher, n.s. : non significatif au seuil de 1 0 % ; * : significatif au seuil de 5 %.
2. *** indique un effet significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 %, * significatif au seuil de 1 0 % et n.s. non significatif.
Sources : enquête Mondialisation industrielle, Sessi, Scees et Insee, fichiers des Douanes et base de données Medina de l'Inra, 1993.
Tableau 6
Les déterminants du volume des exportations
Variables (en logarithme) Coefficients (1) Test de Student (2)
Constante 5,520 ***
Prix (3)
Échanges intra-firme -1,164*** ***
Échanges directs -0,827 ***
Taux d'expérience du groupe
Échanges intra-firme 0,556*** ***
Échanges directs 0,344 ***
Dépenses de publicité de l'entreprise
Échanges intra-firme 0,122** ***
Échanges directs -0,028 n.s.
Degré de concentration
Échanges intra-firme -0,353 (n.s.) ***
Échanges directs -0,159
Choix de l'entreprise
Réaliser des échanges intra-firme -0,351** *
Réaliser des échanges directs -0,201 n.s.
Échanges intra-fime 1,605 **
Nombre d'observations 5 808
■
R2 ajusté 0,2544
i
1 Légalité des coefficients est testée par le test de F sher. n.s. : non significatif au seuil de 1 0 % ; * : significatif au seuil de 5 %.
2. *** indique un effet significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 %, * significatif au seuil de 1 0 % et n.s. non significatif.
.
<
formation. endogène;des prix favorise le volume des EIF : on retrouve le
(instrumentation) (3). La question est de . savoir si les résultat de Wang et Connor (1996), pour qui les
:
facteurs explicatifs de l'échange sont différents dépenses de publicité captent la consolidation
:
selon quel'échange se réaliseà travers des de l'image de marque de l'entreprise. Enfin, la
filiales ou directement sur le marché. concentration sur les marchés a bien, sur le
volume des exportations, l'effet négatif
attendu, sans être pour autant différent sur le marché
Effet plus fort d'une baisse de prix» interne..
sur le volume
pour les exportations intra-firme Ces résultats confirment, dans une certaine
mesure, le fonctionnement particulier du
La comparaison de l'influence respective des marché? interne des firmes- multinationales de
variables expliquant les exportations permet de l'agro-alimentaire, notamment en ce: qui
mettre en relief les éléments de ces divergences. concerne les déterminants du volume des
Que les exportations soient directes ou internes, échanges. Le marché interne offrirait au groupe
plus les prix diminuent, plus leur volume multinational un cadre spécifique de gestion;?
augmente. Cependant, cette relation est significa- des stratégies industrielles et marchandes et un
tivement plus intense sur le marché interne que espace privilégié de sa gestion financière,
,
.
sur le marché externe (cf. tableau 6). Ayant écarté espace abordé ici seulement par le biais des
précédemment l'influence de la fiscalité sur les échanges de produits. □
prix, cette plus grande sensibilité du volume des
échanges internes par rapport aux prix peut ;
•
BIBLIOGRAPHIE
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Theory of the Multinational Enterprise, Mac Millan, Économie et Prospective Internationale, n° 53, pp. 81-
London. 94.
.
Disposant d'une information harmonisée et corrigée effet, au sein de la population observée, les
sur les flux d'échanges intra-firme de l'enquête, il entreprises filiales de groupe ayant répondu à l'enquête,
convenait d'extrapoler ces données à l'ensemble des il apparaît que le choix d'internaliser une partie des
entreprises participant au commerce extérieur échanges n'est pas partagé par toutes les firmes et
français en 1993 de manière à pouvoir évaluer on est face à un comportement du type :
l'importance des échanges intra-firme. La présence
de non-réponses à l'enquête impliquait donc un Y' si Y* a 0
protocole de redressement. Dans ce cadre, il est tentant
,
d'appliquer un calcul simple de pondération, soit par 0 Si Y' ( 0
le rapport entre la population théorique (ensemble
national pour une stratification donnée) et la Avec : Y = échange intra-firme et Y* = X i b + u
population observée, soit en utilisant les moindres carrés
t.
.
ordinaires sur les seuls individus répondants. (équation de l'échange intra-firme).
Toutefois, les données concernées, touchant à la stratégie
des groupes sur les marchés extérieurs, sont En définitive, dans le protocole de redressement, on
suffisamment sensibles pour cacher un processus de a tenu compte simultanément de trois situations :
sélection des individus observés dans lequel ceux-ci les entreprises non répondantes, soumises à un
interviennent de façon déterminante (auto-sélection). biais d'auto-sélection, les firmes observées
De ce fait, la procédure classique de redressement déclarant effectuer un certain volume d'échange avec
par stratification a posteriori n'est plus adaptée. Par d'autres filiales du même groupe et celles déclarant
ailleurs, au-delà de ce statut particulier des non- ne pas recourir à ce type de transaction. Pour
réponses à l'enquête Mondialisation industrielle, l'essentiel, un modèle Tobit généralisé, estimé en deux
une deuxième difficulté surgit car le phénomène- étapes selon une procédure du type Heckman a été
même d'échange intra-firme n'est pas linéaire. En adopté pour le redressement.