clinique
Approches systémiques
Alexandra STOLNICU
Stéphan HENDRICK
UMONS, FPSE
Service de Psychologie clinique systémique et psychodynamique
octobre 2017
Deux grands courants – Côté Est – Côté Ouest
• Côté Est
• L’historicité – facteur explicatif essentiel de la « maladie mentale »
• Le présent s’explique par le passé et se transmet de génération en génération
• Homéostasie
• Le symptôme d’un individu n’est plus tant l’expression d’une perturbation intrapsychique mais bien
davantage le témoin d’une perturbation au sein de la famille.
• Comprendre la fonction du symptôme
• Comment l’observation et la modification des interactions peuvent parfois suffire à produire des
changements décisifs.
Les travaux de BATESON
(Mucchielli, 2004)
• Les interactions humaines ont une propriété caractéristique fondamentale: celle d’induire chez l’interlocuteur des réactions
spécifiques qui sont à la source première d’une « dynamique des interactions ».
• Schismogènese:
• « un processus de différenciation dans les normes de comportement individuel résultant d’interactions cumulatives entré individus »
• Schismogenèse complèmentaire:
• Se caractérise par des comportements dissemblables mais articulés
• On considère un individu A autoritaire, interagissant avec un individu B, lequel sous l’influence inductrice de A, réagit avec un comportement
de soumission.
• Cette réponse de soumission favorise aussitôt le rôle autoritaire de A.
• Les deux individus entrent alors dans des échanges « cumulatifs » qui vont favoriser la constitution de rôles complémentaires.
• un processus intitulé « schismogenèse complémentaire »
• Schismogenèses symétrique:
• l’inverse du processus de « schismogenèse complementaire »
• Se caractérise par des comportements similaires
• À l’action de l’un, répond le même type d’action de l’autre, entraînant les individus dans une surenchère sans fin.
• Les partenaires font alors des effort pour instaurer et maintenir l’égalité des positions et ils échangent des interactions « en miroir »
Les travaux de BATESON
• Schismogenèse: genèse d’un schisme au sein d’un système social
• Schismogenèse « complémentaire »
• - les participants se positionnent dans des rôles complémentaires (domination /
soumission).
• Schismogenèse « symétrique »
• - les participants se répondent selon le principe de « œil pour œil, dent pour dent »
Modèles d’interaction
(Marc et Picard, 2004)
• Modèle complémentaire :
• La relation est fondée sur la reconnaissance et l’acceptation de la différence
• Les partenaires y adoptent des comportements contrastés, s’ajustant l’un à l’autre
• Chaque message répond à celui de l’interlocuteur en obéissant aux injonctions qu’il
comporte
• Exemple:
• Dans un couple vivant sur ce modèle:
• Mme s’attachera à avoir un comportement « féminin » et à se cantonner des tâches strictement
« ménagères »
• Mr va avoir un comportement « viril » et à s’octroyer des responsabilités « masculins » (gagner de
l’argent, gronder les enfants, bricoler …)
Modèles d’interaction
(Marc et Picard, 2004)
• Modèle symétrique:
• L’accent est mis sur les efforts déployés pour instaurer et maintenir l’égalité entre les
partenaires
• Cette égalité s’établit par des messages en « miroir »:
• Toute comportement de l’un entraîne un comportement identique chez l’autre
• Exemple:
• Dans un couple ou les partenaires définissent leur relation sur le signé de l’égalité:
• Mr mettra un point d’honoeur à laver aussi la vaisselle ou faire les course
• Mme à réparer aussi un bouton électrique défaillant ou changer une roue de secours
• Au besoin même, ils tiendrons mentalement la comptabilité des « services » qu’ils se
« doivent » mutuellement.
Les travaux de BATESON
• Théorie de types logiques (procédure de l’abstraction)
• Il existe, en logique, une discontinuité entre la classe et ses membres.
• Une classe ne peut pas être membre d’elle-même: la classe des chats n’est pas un chat.
• l’erreur qui consiste à classer ensemble le nom avec la chose nommée équivaut à manger la
carte à la place du menu
• Il n’est pas correct de classer ensemble une classe et les éléments qui sont ses non-
membres
• Classe des chaises – classe de « non – chaise » (tables, armoires).
• La communication humaine implique une multiplicité des types logiques: le jeu, les
sacrements, les métaphores, l’humour …
Les travaux de BATESON
La relation carte-territoire
• La carte n’est pas le territoire et, en même temps, s’y réfère point
par point.
• Le langage entretient avec les objets qu’il désigne le même rapport que la carte entretient avec le territoire.
• Le jeu est un phénomène où les actions du « jeu » sont liées à (ou dénotent) d’autres actions de « non jeu ».
• La menace, la parade ou la tromperie sont des phénomènes qui ressemblent au jeu et qui manifestent une différenciation
primitive entre la carte et le territoire :
• le poing serré n’est pas encore le coup de poing.
• La carte et le territoire peuvent entretenir des rapports plus complexes dans les rituels, les fantasmes, l’art, la magie ou la religion.
• On assiste parfois à une tentative de déni de la différence entre carte et territoire : le drapeau qu’on sauve au prix de sa vie, le sacrement.
• La personne se trouve dans l’impossibilité de choisir entre ces deux messages ou de comprendre qu’ils sont opposés.
• Exemple:
• Une mère qui dit à son enfant « viens m’embrasser » (mode digital) et qui, dans le même temps, a un discret mouvement de
recul (mode analogique).
• Le double lien est décrit comme un moyen de pérenniser une situation familiale pathologique
Les travaux de BATESON
La théorie du double lien
• Situation pathogène:
• s’inscrit de façon durable dans le cadre des relations qui ont une importance
vitale pour la survie psychique (et physique) des protagonistes.
• Caractère réciproque
• la mère et l’enfant sont à la fois « victimes » et « bourreaux »; agent et patient du processus
• Caractère contextuel
• la mère balinaise reproduit inconscientement un schéma qui lui est prescrit par sa culture.
• Véronique et Léon ont eux aussi des attitudes paradoxales qui fonctionnent comme des doubles liens.
• Léon apprécie le côté maternant de Véronique. C’est même pour cette raison qu’il l’a choisie. Il dit : « La première fois que je l’ai
vue, j’ai tout de suite compris qu’elle était douce et gentille. Cela lui a rappelé sa mère. Mais une fois en couple, sa peur d’être
envahi l’a poussé à être souvent à l’extérieur.
• Véronique voudrait plus de proximité avec Léon. Mais si ce dernier changeait brusquement et devenait plus proche, il est probable
qu’elle perdrait le contrôle. Est-ce supportable.
• Dans ces séquences, chacun communique à l’autre, par son comportement s’il doit être proche ou éloigné, sous contrôle ou hors
contrôle, etc.
• la façon dont l’un et l’autre communiquent produit un effet sur le comportement du conjoint.
Les travaux de BATESON
• Les prémisses de la communication sont généralement auto-
justificatrices et produisent des distorsions de l’apprentissage.
• Par leur fonctionnement même, elles peuvent créer le consensus qui semblera les
justifier.
• La personne qui croit que tout le monde est son ami ou son ennemi. Cette personne
émettra alors des messages et agira significativement en fonction de sa prémisse. Le
monde que l’entoure aura alors tendance à confirmer sa conviction.
• Transposée chez les humains, cette différenciation se retrouve dans le contraste entre l’amant qui dit « Je
t’aime » à sa dulcinée et celui qui offre simplement une rose.
• On conçoit que si les relations sont mal définies ou conflictuelles ou qu’il y a discordance entre le contenu et
la relation, des symptômes vont émerger.
Paul WATZLAWICK, J. BEAVIN et D. JACKSON
Axiomatique de la communication
• C. La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication
entre les partenaires
• Dans une relation, la ponctuation indique à l’autre le début ou la fin d’un échange déterminé
• Beaucoup des conflits relationnels naissent d’un désaccord sur la ponctuation de la séquence des
faits:
• Chacun perçoit que son hostilité est une réaction à l’hostilité de l’autre:
• « c’est l’autre qui a commencé »
Paul WATZLAWICK, J. BEAVIN et D. JACKSON
Axiomatique de la communication
• D. Les être humains usent deux modes de communication: digital et analogique
• Le langage digital possède une syntaxe logique très complexe et très commode, mais manque d'une sémantique appropriée à la relation.
• Le langage analogique possède bien la sémantique, mais non la syntaxe appropriée à une définition non équivoque de la nature des relations.
• Exemple:
• Dire « Je t’aime » a le mérite – ou le défaut – d’être clair et donc engageant.
• Par contre, offrir une rose peut apparaître comme une démarche plus profonde sur le plan affectif.
• Mais elle est aussi plus ambiguë et sa signification peut dès lors être plus facilement niée ou redéfinie.
• C’est ainsi que naissent beaucoup de malentendus.
• Par ailleurs, la partie non-verbale (vocale et gestuelle) d’un message est essentiellement analogique.
• Basée sur un code dont les unités significatives sont généralement graduables (et donc non «discrètes »)
• ignorant la logique des contraires (ne possède pas la négation)
• permettant la condensation (l'ambivalence et la polysémie)
• la partie analogique de la communication est prédisposée à l'expression affective, à la définition des indices de contextualisation (et donc de la
relation) et à l'expression de l'inconscient.
• L’observateur sera particulièrement vigilant lorsque le message digital est contredit par le message analogique
Paul WATZLAWICK, J. BEAVIN et D. JACKSON
Axiomatique de la communication
• E. toute échange communicatif est symétrique ou complémentaire selon qu’on se fonde sur
l’égalité ou la différence
• Notions sont issues du travail de G. Bateson sur la «schismogenèse».
• Les deux types principaux:
• la symétrie où la recherche du maintien de l'égalité peut obliger à la surenchère (cf. la course aux armements)
• la complémentarité (cf. relation Nord-Sud) où la différence risque en sens inverse de s'accroître toujours plus.
• Dans la vie courante cependant, des mécanismes régulateurs maintiennent la relation à un niveau
d'équilibre ».
• La relation qui s'établit entre individus ou groupes est toujours basée sur l’un ou l’autre de ces
paramètres.
• Les relations toujours symétriques dégénèrent souvent en escalades qui aboutissent généralement à
l'éclatement.
• Les relations toujours complémentaires aboutissent plus souvent à une forme de rigidité.
• Cependant, il arrive que celle-ci échoue parce la « solution » qui consiste à « faire plus de la même chose » ne suffit pas, voire aggrave le problème.
• « remonter » le moral d’une personne dépressive en lui faisant apparaître ses atouts dans la vie augmentent le sentiment de culpabilité ou le sentiment d’être incompris ;
• la volonté des parents à contrôler leur adolescent accroît la volonté de ce dernier à échapper au contrôle.
• Le problème doit être recadré en élargissant le contexte d’analyse et en redéfinissant le problème (changement de type II).
• Il peut arriver que le simple fait de recadrer le problème permet de sortir de l’impasse.
• La genèse des problèmes: les tentatives de solution
Approches transgénérationnelles
et structurales
Approche contextuelle d’Ivan BOSZORMENYI-NAGY
(Meynckens-Fourez et Henriquet-Duhamel, 2014)
• Contexte:
• éthique relationnelle
• Balance de justice : l’équilibre des relations, balance entre les mérites acquis
et les obligations contractées
• Relation est équitable et juste : équilibre correct donner et recevoir
• Ex: on peut recevoir de la considération en donnant de l’attention à tel autre plus fragile.
• Conflits de loyauté
• Chacune des parties en relation doit tenir compte de ses propres loyautés
• !!! Toute relation peut être rompue sauf celle qui existe entre parents et
enfants, même lorsque dix mille kilomètres les séparent.
Approche contextuelle d’Ivan BOSZORMENYI-NAGY
(Meynckens-Fourez et Henriquet-Duhamel, 2014)
• Louisa et Stefano sont mariés depuis trois ans. Ils viennent consulter parce
que la jalousie de Stefano devient insupportable. Louisa ne peut s’absenter du.
domicile sans que Stefano l’appelle sur son portable. Quand elle rentre, les
questions pleuvent: « Où étais-tu? À qui parlais-tu? » Elle ne peut plus. Depuis
trois ans, le couple habite dans la même maison que les parents de Louisa. De
son côte Stefano a rompu tous les points avec ses parents, et même avec ses
frères et sœurs: « Je n’en pouvais plus de leur possession, ils voulaient
toujours tout régenter ». Sa propre jalousie et le contrôle intense qu’il exerce
sur la vie de Louisa peuvent être entendus comme l’expression de sa loyauté à
sa famille d’origine. Tout se passe comme s’il remettait en scène avec sa
femme les relations habituelles dans sa propre famille et dont il a
énormément souffert.
Approche contextuelle d’Ivan BOSZORMENYI-NAGY
(Meynckens-Fourez et Henriquet-Duhamel, 2014)
• Loyauté invisible
• Lorsqu’une personne ne peut être ouvertement loyale à ses origines, les
loyautés deviennent invisibles
• Lucien, dont les parents sont divorcées, se présente comme menteur lorsqu’il est avec
sa mère. Celle-ci ne peut s’empêcher d’y retrouver un trait de caractère qu’elle
détestait chez son ex-mari. Le thérapeute, sentant à quel point il est important pour
cet enfant de se reconnaître comme le fils de son père, peut s’adresser à lui: « N’y a –
t-il pas une autre caractéristique de ton père, positive, que tu pourrais incarner pour
témoigner de ta fidélité?
• Légitimité
• Je gagne quelque chose en donnant
• Je gagne quelque chose si je prends un risque d’engagement, de préoccupation, de
souci. J’acquiers des mérites qui vont me légitimer. (Légitimité constructive)
• Pour celui qui a subi une injustice, la légitimité peut prendre la figure d’une
vengeance différée, d’une exigence à réclamer son dû (légitimité destructive)
• Ainsi, une personne lésée cherchera à obtenir une compensation; un préjudice pourra
légitimer une action destructrice
• Ces actions « réparatrices – destructives » peuvent se transmettre de génération en
génération.
• Si une réparation n’a pas pu être trouvée dans une génération, celle-ci peut alors charger la
génération suivante d’obtenir cette réparation (legs) des loyautés intergénérationnelles
qui aboutissent à l’apparition des symptômes.
Approche basée sur la différenciation de soi: Murray BOWEN
• La différenciation de soi:
• La capacité de penser et réfléchir et de ne pas réagir automatiquement aux stress émotionnels, d’origine interne ou externe,
• de pouvoir se différencier Soi de sa famille.
• Dans certains famille, les membres sont « collés » les uns aux autres, réagissent tous de la même manière et
présentent une unité qui exclut les manifestations d’autonomie – FUSION: un état de différenciation très
bas.
• Une des caractéristiques de la différenciation est la possibilité de discriminer entre pensées et émotions.
• Les personnes les plus différenciées peuvent distinguer entre les deux et ainsi choisir de répondre à une situation sur une
base plutôt intellectuelle ou plutôt émotionnelle.
• Les personnes les moins différenciées n’arrivent pas à opérer cette distinction et sont guidées dans leurs réactions par les
émotions, propres par celles des autres.
Approche basée sur la différenciation de soi: Murray BOWEN
(Meynckens-Fourez et Henriquet-Duhamel, 2014)
• Différenciation de soi:
• processus de croissance personnelle – vise à sortir des relations fusionnelles,
que l’on rencontre spontanément lorsqu'il y a angoisse
• Le travail de différenciation permet de se positionner sans attendre le soutien de l’autre, sans réagir
émotionnellement à ses critiques
• L’individu s’engage alors dans toute une gamme de relations intenses sans avoir « besoin » de l’autre,
« besoin » qui pourrait empêcher son fonctionnement.
• « L’autre » dans une telle relation ne se sent pas utilisé et ne doit ni louer ni critiquer, ce qui permet le
respect de l’identite de chacun et l’orientation vers un but.
• « Voila qui je suis, ce que je crois, ce que je soutiens, ce que je veux faire, et ne pas faire ».
• Il s’agit de garder un fonctionnement émotionnel contenu dans les limites du soi, ce qui donne la liberté de
se mouvoir dans n’importe quel système de relation.
• À terme, la différenciation renforce la cohésion d’une famille ou d’une équipe plus qu’elle ne l’entrave, car
elle permet la recherche d’une cohérence qui ne nie pas les différences.
Approche structurale de Salvador MINUCHIN
• La famille ne peut remplir correctement ses fonctions que si sa structure
n’est pas perturbée
• Notion de cycle de vie familial: une famille évolue et les tâches et les
contraintes se modifient avec le temps
Cybernétique et théorie des systèmes
• Cybérnetique (WEINER, 1944) – décrire les systèmes qui sont régulés par des boucles de
rétroaction.
• Concepts clés:
• Rétroaction
• Homéostasie
• Non-sommativité:
• les propriétés d’un système ne résultent pas seulement (voire pas du tout) de la somme des propriétés de ses
éléments.
• Equifinalité:
• les même conséquences peuvent avoir des origines différentes.
• Rétroaction:
• les liaisons entre les éléments du système sont circulaires
• Homéostasie:
• un système tend à maintenir son équilibre
La famille en tant que système
• La famille obéit aux lois générales des systèmes
• Chaque famille est délimitée par des frontières qui présentent de propriétés spécifiques à chacune d’entre elles
• Les interactions et les mécanismes de rétroaction sont importants dans la description et la compréhension des systèmes
• Les comportements sont mieux expliques par des processus de causalité circulaire que par des processus de causalité linéaire
• Chaque système familiale est constitué des sous-systèmes et est lui-même inclus dans des super-systèmes
Fonctions de la famille
• Fonction de contenance et défensive
• Limites dedans/dehors et frontières externes, satisfaction des besoins
d’attachement et de protection
• Fonction identificatoire
• Inscription des racines dans une histoire, intégration des valeurs familiales
• Processus de changement