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Revue des Études Grecques

30. Parthenius of Nicaea. The poetical fragments and the Ἐρωτικὰ


Παθήματα, edited with introduction and commentaries by J. L.
Lightfoot
Alain Billault

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Billault Alain. 30. Parthenius of Nicaea. The poetical fragments and the Ἐρωτικὰ Παθήματα, edited with introduction and
commentaries by J. L. Lightfoot. In: Revue des Études Grecques, tome 113, Janvier-juin 2000. pp. 261-262;

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1999] COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 261

grands médecins et botanistes de l'antiquité, Crateuas (ne-ier s. av. n. è.),


Dioscoride (ier s. av. n. è.), Galien bien sûr (11e s. de n. è.) et Oribase
(ive s. de n. è.) pour ne citer que les plus marquants. Une bibliographie
rassemblant les principales éditions d'auteurs anciens ainsi que les travaux
dus à l'érudition moderne achève cet élégant ouvrage qui se clôt sur un
quadruple index, 1) des noms propres, 2) des termes médicaux, 3) des
animaux venimeux et substances toxiques et 4) des poids et mesures utilisés
dans les deux poèmes de Nicandre.
Véronique Boudon.

30. Parthenius of Nicaea. The poetical fragments and the Ερωτικά Παθήματα,
edited with introduction and commentaries by J. L. Lightfoot, Oxford,
Clarendon Press, 1999, in-8°, 607 p.

On se réfère peu à Parthénios de Nicée. Si on en a l'idée, on se reporte


à l'édition de S. Gaselee dans la Collection Loeb (1916) et il est rare qu'on
la lise en entier. Cette négligence devrait prendre fin grâce à J. L. Lightfoot
qui édite, traduit et commente dans le même volume les fragments poétiques
et les Ερωτικά Παθήματα, en montrant tout leur intérêt.
Elle expose d'abord les informations que nous possédons sur la vie de
Parthénios : il est le seul poète hellénistique dont une œuvre en prose soit
conservée en entier. Originaire de Bithynie, il est capturé par les Romains
pendant la troisième guerre de Mithridate, en 73 ou en 65 av. J.-C. Emmené
à Rome, peut-être comme esclave, il retrouve la liberté et séjourne dans
VUrbs et à Naples. C'est là qu'il rencontre peut-être Virgile. J. L. Lightfoot
se garde bien de l'affirmer, mais donne au lecteur envie de le croire, car
le face-à-face du dernier élégiaque grec et du maître latin de l'épopée et
de la poésie bucolique ferait figure de passage du témoin d'un monde à
l'autre. Or Parthénios apparaît bien comme le messager de la poésie
hellénistique à Rome. Dans une passionnante enquête d'archéologie littéraire,
J. L. Lightfoot éclaire son influence en révisant certaines idées reçues sur
la tradition qu'il représente. Elle critique ainsi la séparation artificielle
établie par certains entre les épopées disparues avec les rois qu'elles
célébraient et les petites pièces apolitiques dont Callimaque serait le virtuose,
car il y eut aussi de courtes pièces panégyriques, parfois qualifiées d'épiques,
et Callimaque écrivit aussi une poésie de cour dont les sources et les thèmes
n'étaient pas substantiellement différents de ceux des épopées. Elle en vient
ainsi à contester la distinction traditionnelle entre poésie populaire et poésie
savante et refuse de l'appliquer à l'exégèse de Parthénios. Ce dernier fait
revivre l'élégie, disparue dans le monde hellénistique après le me siècle. Il
est influencé par Callimaque, mais aussi par Euphorion en qui on peut voir
un de ces poètes grecs fantômes que les philologues traquent dans les vers
des poètes latins. Pour J. L. Lightfoot, le modèle de ces spectres est Philétas
de Cos à qui elle consacre des pages pleines de science et d'humour.
On retrouve les mêmes traits dans les trois derniers chapitres consacrés
aux 'Ερωτικά Παθήματα. J. L. Lightfoot commente le mot ύπομνημάτιον par
lequel Parthénios définit son recueil dans la lettre à Cornelius Gallus qui
lui sert de préface et montre l'utilisation, très répandue à l'époque romaine,
mais peut-être aussi à l'époque hellénistique, de ces carnets de notes
destinées à servir de matériau à une composition littéraire. Parthénios envoie
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à Gallus pour ses poèmes des histoires qu'il a trouvées chez d'autres poètes
où elles sont mentionnées, mais non traitées. J. L. Lightfoot fait remarquer
que ces histoires se déroulent surtout en Asie Mineure et que Parthénios
les résume en rationaliste. Elle souligne avec raison qu'elles sont différentes
des intrigues qu'on trouve dans les romains dont elles pourraient, cependant,
constituer des épisodes. Elles expriment une vision de l'amour qui n'est pas
celle des romanciers, même si elles sont aussi dramatiques que leurs récits.
Avec son style simple et détendu, Parthénios fait plutôt penser à Hérodote
et la qualité de sa langue dénote une ambition littéraire incontestable.
Cependant, J. L. Lightfoot souligne que l'intérêt principal du recueil est
d'illustrer la plasticité de la mythologie, son aptitude à s'adapter aux cadres
narratifs les plus divers sans rien perdre de sa force et de son charme.
C'est la preuve que la mythologie restait vivante à l'époque hellénistique,
qu'elle n'avait pas été victime de la codification érudite et léthale qu'on
imagine parfois et qu'elle pouvait encore plaire.
J. L. Lightfoot termine son introduction aux Ερωτικά Παθήματα sur la
notion de divertissement. Celui du lecteur continue avec le texte de
Parthénios et son commentaire. Ces histoires font penser à d'autres histoires.
J. L. Lightfoot en évoque beaucoup. On peut parfois penser à d'autres
rapprochements et trouver, par exemple, que le destin de Leuconè et de
Cyanippos (X) rappelle ceux d'Actéon et d'Hippolyte. Mais de telles
différences d'opinion ne peuvent faire oublier l'essentiel : voici un livre que
ses qualités scientifiques et littéraires destinent à devenir une référence
majeure pour ceux qui s'intéressent à la littérature grecque post-classique.
Alain Billault.

31. Schmidt (Thomas S.), Plutarque et les Barbares. La rhétorique d'une


image (coll. d'Études classiques vol. 14), Louvain & Namur, éd. Peeters,
Société des Études classiques, 1999, in-8°, vm-374 p.

Venant après la grande étude de J. Jiithner (Hellenen und Barbaren,


1923), celle de Y. A. Dauge (Le Barbare : recherches sur la conception
romaine de la Barbarie et de la civilisation, 1981), celle de A. Dihle (Die
Griechen und die Fremden, 1994), venant après les quelque quatre centaines
d'études citées dans sa bibliographie, l'ouvrage de Thomas S. Schmidt
n'apporterait pas grand-chose de nouveau, si, prenant quelque hauteur par
rapport à un sujet souvent traité, l'auteur n'avait pas envisagé le Barbare
dans l'œuvre de Plutarque sous le jour très particulier de la rhétorique
d'une image. L'intérêt de cette recherche n'est pas tant dans l'opposition
traditionnelle du Grec et du Barbare, que dans le fait que cette opposition
vaut aussi entre le Romain et le Barbare, sans que cependant la fierté
d'être Grec et non Romain disparaisse jamais de la perspective de Plutarque.
On peut, au fil des chapitres, suivre ce que l'auteur appelle la rhétorique
des doublets : sauvage et Barbare, cruel et Barbare, témérité et Barbarie,
débauche et Barbarie, etc., ce qui permet a contrario d'exalter les vertus
proprement grecques, sagesse, tempérance, justice, courage, douceur,
humanité, prudence, grandeur d'âme, etc., même si cette opposition se révèle un
peu trop systématique. Plutarque ne peut se défendre d'une grande réticence,
si ce n'est d'une véritable répulsion devant tout ce qui est « barbare », et
il n'aime pas qu'on dénigre les Grecs en faveur des Barbares (d'où son

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