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CAS PRATIQUES

CAS N°1
Nous somme en 2004.
Mariage en 1985 d’un couple.
Depuis 1994 : troubles mentaux de la conjointe, qui suit un traitement permanent. Elle quitte
régulièrement le domicile conjugal pour être internée dans un service psychiatrique, lors de
crises.
Son époux souhaite divorcer, sans pour autant imputer une faute à sa conjointe. Celle-ci refuse
de divorcer.

1. Sur quel fondement un époux, dont le conjoint, souffrant d’une


altération des facultés mentales, refuse de divorcer, peut il obtenir le
divorce ? (sachant qu’il ne souhaite pas lui imputer une faute)

Il s’agit d’étudier les différents types de divorce, et de vérifier s’ils sont, en l’espèce,
envisageables et quelles sont leurs chances d’aboutir en faveur du demandeur.

Article 229 : Trois causes de divorces peuvent être envisagées.

* Le divorce par consentement mutuel :


- divorce sur requête conjointe : article 230 du code civil
→ condition : accord sur le principe et sur les effets du divorce
→ un délai de 6 mois de réflexion est imposé après le mariage : une telle demande en
divorce ne peut intervenir durant ce délai.

- divorce sur requête acceptée : article 233 du code civil


→ condition : accord sur le principe du divorce

Rq : La volonté de divorcer doit être réelle, libre et persistante. DONC pour pouvoir divorcer
par consentement mutuel, l’époux doit disposer de sa pleine capacité d’exercice, il doit être
apte à exprimer sa volonté.
En l’espèce : l’un des époux refuse catégroriquement de divorcer donc ces deux types de
divorces ne sont pas envisageables puisqu’ils requièrent l’accord des époux sur le principe et
même sur les effets du divorce pour le divorce sur requête conjointe.

* Le divorce pour faute :

CONDITIONS : article 242 du code civil


= violation grave ou renouvelée d’un devoir du mariage pouvant être imputée à l’époux
« dit fautif » et rendant impossible le maintien de la vie conjugal.
Donc 3 conditions :
- violation grave et/ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage
- faute imputable à l’époux
- faute rendant intolérable le maintien de la vie commune
Seuls les faits répondant à ces trois conditions constituent une faute, cause de divorce.

En l’espèce, Monsieur BERGAMOTTE ne souhaite pas imputer une faute à sa conjointe ; ce


divorce, consistant à reprocher une faute à son conjoint, ne peut donc lui être conseillé.

Rq : Concernant l’imputabilité de la faute, cela signifie que l’époux défendeur doit être
conscient qu’il est en train de commettre une faute. Ainsi, la jurisprudence relève que lorsque
le comportement d’un époux trouve son explication dans l’état mental de celui-ci, il ne peut
lui être imputé. Cass. Civ.1 ère , 12 mars1980. L’altération des facultés mentales est appréciée
par les juges du fond.
Donc, de toute façon, les facultés mentales de Madame BERGAMOTTE étant altérées, ses
fautes, même si elles étaient avérées, ne pourraient lui être imputées. Une des conditions
cumulatives du divorce pour faute n’est pas remplie. L’époux risquerait donc de voir sa
demande rejetée.

* Le divorce pour rupture de la vie commune


2 sortes de divorce pour rupture de la vie commune. Celle-ci peut résulter soit d’une
séparation prolongée des époux, soit d’une altération prolongée des facultés mentales de l’un
des époux.
Article 237 du code civil : divorce pour séparation prolongée
a. A quelles conditions un époux peut-il faire une demande de divorce pour rupture de vie
commune fondée sur l’article 237 du c.civ. ?

CONDITIONS :
- séparation de fait ou de droit : fin de la communauté de vie affective (élément
intentionnelle = intention de se séparer de l’un des époux) et matérielle (élement
matériel = défaut de cohabitation )
- sépartion d’une durée de 6 ans minimum, sans interruption : la reprise de la vie
commune (= réconciliation) interrompt le délai ; une nouvelle période de 6 ans est
exigée.

En l’espèce :
Pas de séparation de fait d’une durée de 6 ans. L’élément matériel fait défaut car la
cohabitation n’a pas cessé depuis 6 ans ; Madame BERGAMOTTE revient régulièrement à
son domicile. Donc il faudrait conseiller à Monsieur BERGAMOTTE de quitter le domicile
conjugal et attendre 6 ans… C’est envisageable mais l’issue de cette demande est incertaine.

b. Quels sont les moyens de défenses de l’époux défendeur :

L’article 240 du code civil permet au défendeur de solliciter le rejet de la demande en


invoquant des conséquences d’une exceptionnelle dureté. L’appréciation relève des juges du
fond.
Ex : rejet de la demande en divorce pour aggravation prévisible de l’état de santé de l’époux
défendeur TGI Lille 20 janvier 1977.

L’article 241 permet à l’époux défendeur de former une demande reconventionnelle en


divorce pour faute qui sera alors prononcé aux torts exclusifs de l’époux. Il doit invoquer une
faute au sens de l’article 242 du code civil ( violation grave ou renouvelée d’un devoir du
mariage pouvant être imputée à l’époux « dit fautif » et rendant impossible le maintien de la
vie conjugal).
Ex : violation du devoir de cohabitation (article 215) = abandon du domicile conjugal
En l’espèce, Madame BERGAMOTTE ne semble pas pouvoir reprocher à son époux un
manquement à ses obligations nées du mariage, c'est-à-dire une faute au sens de l’article 242
du c. civ. Elle ne peut donc utilement former une demande reconventionnelle.
MAIS l’épouse, en raison de son état de santé, pourrait invoquer la clause de dureté :
Monsieur BERGAMOTTE risque alors de voir rejeter sa demande en divorce, si le juge
considère que le prononcé du divorce aurait des conséquences d’une exceptionnelle dureté sur
son état de santé.

Aussi il ne faut pas conseiller à Monsieur BERGAMOTTE ce type de divorce ; il devrait


attendre 6 Ans, pour une procédure qui risque d’échouer.

Article 238 du code civil : divorce pour altération des facultés mentales

a. A quelles conditions un époux peut-il former une demande de divorce pour rupture de vie
commune sur le fondement de l’article 238 du c.civ ?

CONDITIONS :
- altération grave des facultés mentales, cause de divorce qui nécessite la production
d’un rapport médical (article 1124 NCPC)
- altération depuis 6ans (cette condition de temps ne concerne que l’altération mentale)
- altération rendant impossible la communauté de vie, celle-ci ne pouvant
raisonnablement se reconstituer à l’avenir ( la séparation de fait n’est pas exigée, la fin
de la communauté de vie affective suffit )

En l’espèce, Madame BERGAMOTTE semble atteinte d’une altération grave des facultés
mentales, car celle-ci nécessite un traitement permanent. Son conjoint devra obtenir un
rapport la constatant. Cette alération dure depuis 10 ans donc depuis plus de 6 ans. En outre,
ces troubles et le traitement en hopital psychiatrique rendent impossible toute communauté de
vie ; Enfin il semble qu’aucune amélioration est envisageable. Les conditions d’une demande
en divorce fondée sur l’article 238 du C. Civ sont remplies. L’issue n’en est par ailleurs pas
certaine.
b. Quels sont les moyens de défenses de l’époux défendeur :

- L’alinéa 2 de cet article 238 du C. civ. permet au juge de rejeter d’office la demande de
divorce s’il constate que le divorce risque d’avoir des conséquences graves sur la maladie du
conjoint. Ceci est soumis à l’appréciation des juges du fond. (Civ. 2ème 28 juin 1982).
= clause de dureté

- Article 241 : demande reconventionnelle en divorce pour faute.

En l’espèce, Madame BERAGMOTTE, en raison de son état de santé, pourrait invoquer la


clause de dureté ; les juges pourraient même la relever d’office s’ils constatent que le divorce
aggraverait son état de santé. L’admission de la clause de dureté par le juge laisse une
incertitude sur l’issue de la demande en divorce. Pourtant, ce cas de divorce, est le seul
pouvant être conseillé à Monsieur BERGAMOTTE. Aucune faute ne sera imputée à son
épouse et il n’a pas besoin de son accord. Présisons néanmoins que Monsieur
BERGAMOTTE devra supporter toutes les charges du divorce et pourra alors être condamné
à verser à son ex-femme, une pension alimentaire fondée sur le devoir de secours

CAS n°2 :
Un couple marié depuis 10 ans.
L’épouse découvre que son époux commet un adultère.
C’est la raison pourlaquelle elle entre dans une secte et y passe de plus en plus de temps ; elle
délaisse son conjoint.
Le conjoint envisage alors de demander le divorce aux torts exclusifs de son épouse. Il
souhaite qu’une faute soit reconnue à la charge de son épouse.
Conformément aux souhaits de ce dernier, nous exclusons le divorce par consentement mutuel
et le divorce pour rupture de la vie commune qui ne permettent pas d’imputer une faute au
conjoint. Nous n’envisagerons que le divorce pour faute.
1. Quelle faute l’époux demandeur peut-il invoquer à l’appui de sa demande en
divorce ?

3 CONDITIONS : article 242 du code civil


= violation grave ou renouvelée d’un devoir du mariage pouvant être imputée à l’époux
« dit fautif » et rendant impossible le maintien de la vie conjugal.
- faute imputable à l’époux
- violation grave et/ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage
- faute rendant intolérable le maintien de la vie commune
ex : l’adultère, violation de l’obligation de fidélité posée à l’article 212cc. Ce n’est plus une
cause péremptoire de divorce ; s’il constitue une violation suffisamment grave des devoirs et
obligations du mariage pour rendre intolérable le maintien de la vie commune, il constiturera
une faute, cause de divorce.
Ex : abandon injustifié du domicile conjugal, car c’est un manquement à l’obligtaion de
commnauté de vie (article 215 C.civ.).
Ex : activité syndicale trop absorbante, et perturbant la vie familiale. Douai, 12 octobre 1984.
Ex : « le zèle excessif touchant la pratique de la religion, lorsqu’il est source de perturbation
dans la vie familiale » Cass. Civ. 2è., 25 janvier 1978.

Il faut choisir les exemples en fonction du cas d’espèce à résoudre. Choisissez les exemples
utiles à la résolution du cas pratique.

En l’espèce, quelle faute Edgar peut-il imputer à Lise ?


L’appartenance à une secte n’est pas une faute en soi. Mais il en sera ainsi si le demandeur
apporte la preuve que l’appartenance à cette secte est la cause d’une détérioration grave de la
vie conjugale. C’est le zèle excessif, lorsqu’il est source de perturbation de la vie familial, qui
permet de constituer une faute, cause de divorce.
En l’espèce, Edgar pourra prouver que Lise délaisse sa vie conjugal, s’absente de plus en plus
… Une faute pourra alors être retenue à l’encontre de Lise. La décision est laissée à
l’appréciation des juges du fond. Mais Lise pourrait « riposter », et Edgar n’obtiendrait pas un
divorce aux torts exclusifs de Lise, comme il le souhaite.
2. Quelle sont les moyens de défense de l’époux défendeur ?

L’époux défendeur (assigné en divorce) peut invoquer une fin de non-recevoir qui est la
réconciliation (les faits fautifs intervenus avant une réconciliation ne sont pas recevables ; ils
sont considérés comme « pardonnés ») ou va se défendre en essayant de prouver qu’il n’a
pas commis les fautes qui lui sont reprochées (= « défense au fond »).

L’article 245 cc permet aussi à l’époux défendeur de former une demande reconventionnelle
en divorce pour faute. Pour cela il doit invoquer, à son tour, les fautes du demandeur. (Il ne
nie pas sa faute mais va prouver une faute du demandeur). La faute invoquée par le défendeur
doit répondre aux conditions de l’article 242 cc.
Il pourra obtenir un divorce aux torts partagés du couple (une faute étant retenue à l’encontre
des deux époux) ou un divorce aux torts exclusif de son conjoint (si les juges considèrent que
la faute du demandeur excuse celle du défendeur). Si sa demande reconventionnelle n’est pas
acceptée, le divorce sera prononcé à ses torts exclusifs ( bien sûr si la demande principale du
demandeur est acceptée).

Mais quelle peut –être l’attitude de Lise ?


Aucune réconciliation ne semble avoir eu lieu ; et Lise aurait des difficultés à prouver qu’elle
n’est pas dans cette secte.
Elle va néanmoins pouvoir former une demande reconventionnelle en divorce pour faute.
En l’espèce, Lise va devoir prouver l’adultère commis par son époux dans ses relations de
travail. La preuve est libre (art. 259cc) dès lors qu’elle n’est pas obtenue par fraude ou
violence. Elle pourra demander une autorisation judiciaire pour faire procéder à un constat
d’huisser, dans la limite de la vie privée de son époux.
Si cette preuve est apportée, cet adultère pourra constituer une faute au sens de l’article 242cc.
Si tel est le cas, excuse-t-telle la faute de Lise ? Si les magistrats jugent que oui, le divorce
sera prononcé aux torts exclusifs d’Edgar, sinon il sera prononcé aux torts partagés.
Il y a très peu de chance que le divorce soit prononcé aux torts exclusifs de Lise.
Nous pensons même que l’adultère ayant conduit Lise à entrer dans la secte, le divorce a de
forte chance d’être prononcé aux torts d’Edgar. C’est la raison pour laquelle nous
conseillerions à Edgar de réfléchir, avec sa femme, à un divorce par consentement mutuel.

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