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Air France: Lancer une nouvelle compagnie,

une bonne idée?


AVIATION Le PDG d'Air-France veut créer une nouvelle compagnie pour se
positionner sur les longs-courrier moins chers...

On ne saura bientôt plus où donner de la tête pour dénicher des billets peu chers pour un
petit week-end au Portugal. En 2017, un nouveau venu viendra grossir les rangs des
compagnies low-cost Easyjet, Ryanair, Eurowings, Wow Air, Norwegian… Le PDG
d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac a en effet présenté ce jeudi son projet de création
d’une nouvelle compagnie pour des vols moyen et long courrier moins chers. Une bonne
stratégie pour Air France ?
Le low-cost s’invite sur les longs courrier

Cette nouvelle compagnie, dont on ne connaît pas encore le nom, proposera des vols dès
l’hiver 2017 sur le moyen-courrier et à l’été 2018 sur le long-courrier tandis que Transavia,
l’actuelle compagnie low-cost du groupe va se recentrer « sur ses marchés domestiques
français et néerlandais ».

« C’est une bonne nouvelle ! », assure Philippe Berland, spécialiste de l’aérien chez Sia
Partners. Car le discount gagne les destinations lointaines. Eurowings, la compagnie low cost
de Lufthansa, invite depuis juin ses passagers à rejoindre Boston à partir de 144,90 euros
l’aller simple. Et la compagnie prévoit d’inaugurer neuf liaisons long courrier en 2017.

De même, le Groupe Dubreuil (Air Caraïbes) a lancé French Blue cette année. « Ce
positionnement d’Air France-KLM est indispensable : la compagnie est coincée entre d’un
côté les low-cost comme Easyjet et les compagnies asiatiques et du Golfe qui proposent des
tarifs extrêmement bas », analyse Gérard Feldzer, consultant en aéronautique et en
transports.

La nouvelle compagnie sera « la réponse aux compagnies du Golfe qui se développent à bas
coûts sur des marchés clés où Air France-KLM souhaite continuer à croître » mais où ses
lignes sont déficitaires, précise le groupe. Selon Jean-Marc Janaillac, arrivé à la tête du
groupe Air France-KLM début juillet et aussi nommé président d’Air France mercredi : « KLM
a 10 à 15 % de ses lignes long-courrier qui ne sont pas bénéficiaires, Air France beaucoup
plus avec 35 % dont 10 % de lignes très lourdement déficitaires ». La future compagnie devra
à la fois sauver des lignes menacées, rouvrir des lignes fermées et exploiter 30 % de
nouvelles lignes. Elle disposera pour cela de 10 avions d’ici 2020.

Et elle se positionnera sur des destinations business et loisirs, avec des standards
comparables à ceux d’Air France en termes de qualité, ajoute Air France-KLM parlant d’un
« laboratoire de la capacité d’innovation du groupe ». « L’objectif est de pouvoir offrir des
prix qui soient compétitifs avec un bon rapport qualité-prix, par rapport à ceux que
pratiquent nos concurrents », selon Jean-Marc Janaillac.

Renouer le dialogue social

« Si le plan semble à la hauteur des enjeux dans un marché mondial particulièrement


concurrentiel, il faudra voir dans le détail sa mise en œuvre », nuance Philippe Berland. Car
le PDG, arrivé en juillet, a face à lui des syndicats très remontés. En lançant une nouvelle
compagnie et en baptisant ce projet « Trust together », il tente sans doute de tourner la
page à des années de grogne sociale.

« Placer ce projet sous le signe de la confiance est une bonne méthode pour relancer le
dialogue avec les salariés », reprend Philippe Berland. « Le PDG doit jouer sur l’innovation et
offrir de l’espoir au personnel, sinon ça ne sera qu’un plan de plus, insiste Gérard Feldzer. Et
il a intérêt également à rassurer ses partenaires notamment KLM, fatigué des conflits
sociaux à répétition. »
Frilosité du côté des syndicats

Mais les négociations, qui vont s’ouvrir dès les prochaines semaines, s’annoncent déjà
difficiles. Après la présentation du plan en détail ce jeudi, les syndicats ne semblent pas tous
convaincus. La nouvelle compagnie « s’appuiera sur des pilotes d’Air France volontaires,
avec des règles d’utilisation et de rémunération adaptées et un personnel navigant
commercial (PNC) recruté en externe, afin de se mettre » au niveau de coûts du marché », a
expliqué jeudi la direction.

L’ambition du projet semble séduire les pilotes. « Avec la perspective d’une nouvelle
compagnie les pilotes ont de nouvelles perspectives de carrières : des copilotes deviendront
plus rapidement commandants. Alors que pour le personnel navigant, beaucoup plus
nombreux, les promotions sont plus rares », explique Gérard Feldzer, ancien pilote de la
compagnie française.

En revanche, hôtesses et stewards ont clamé leur colère. « En créant une entité similaire,
opérant sur un même segment de marché, à coûts moindres, notre premier concurrent sera
notre nouvelle filiale », écrit le syndicat Unac. Qui n’hésite pas à parler de « mort
annoncée » de la compagnie historique Air France.

Oihana Gabriel, le 03 novembre 2016

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