GENERALITES
L'Anatomie Pathologique est l'étude des modifications morphologiques des organes au cours des
processus pathologiques. Elle repose sur l'analyse des cellules et des tissus par diverses méthodes,
principalement basées sur la morphologie. Elle a un but diagnostique. Elle permet l'appréciation
du pronostic, l'évaluation du résultat des traitements et une meilleure compréhension des causes et
des mécanismes des maladies.
La démarche de l'anatomie pathologique est basée sur une analyse sémiologique dont
l'interprétation repose sur un raisonnement analogique. Cette analyse compare la morphologie des
tissus normaux et des tissus pathologiques. La différence d'aspect entre le Normal et le
Pathologique s'appelle une lésion.
La lésion est donc une altération morphologique (cause ou conséquence d'un processus morbide)
décelable par un moyen d'observation quelconque (macroscopique, microscopique). Cette
définition exclut les modifications fonctionnelles de l'état normal. Une lésion élémentaire est une
unité lésionnelle correspondant à l'altération morphologique d'une structure considérée isolément.
L'association des lésions élémentaires réalise un ensemble lésionnel ou groupement lésionnel qui
permet de formuler un diagnostic. Ces lésions anatomo-pathologiques sont confrontées aux
données cliniques : c'est la corrélation anatomo-clinique. Le dialogue avec les cliniciens est
indispensable pour permettre une interprétation synthétique qui aboutit soit à un diagnostic de
certitude, soit à un diagnostic probable, soit à un diagnostic incertain. Le compte-rendu anatomo-
pathologique décrit les différentes lésions et la conclusion affirme un diagnostic ou propose une
hypothèse diagnostique orientée par les données cliniques. Dans certains cas, le compte-rendu
anatomo-pathologique peut fournir des indications sur la potentialité évolutive des lésions et
permettre d'orienter le pronostic par la connaissance de cas semblables antérieurs et de leur
évolution.
Les grandes familles lésionnelles sont: le processus inflammatoire, les perturbations circulatoires,
les troubles métaboliques, le processus tumoral et les anomalies congénitales. Comprendre les
causes et les mécanismes des lésions observées est le but de la recherche médicale appliquée.
Ainsi, l'anatomie pathologique constitue un carrefour interactif entre la clinique, la biologie
médicale et l'imagerie tant pour le diagnostic des maladies que pour faire progresser les
connaissances médicales...
A. Démarche diagnostique
Celle-ci suit les mêmes étapes que la démarche clinique. Les renseignements cliniques tiennent
lieu d'interrogatoire, la sémiologie des lésions cellulaires et tissulaires est l'équivalent des signes
cliniques. L'anatomo-pathologiste doit intégrer l'ensemble des faits morphologiques observés et
des renseignements cliniques en un groupement lésionnel connu permettant un diagnostic..
B. Matériel d'étude
1. Prélèvements cellulaires : étude cytopathologique
- un examen diagnostique,
Il est réalisé :
- par ponction d'un liquide normal ou pathologique (liquide céphalorachidien, sang, ascite,
liquide pleural...) examiné après cytocentrifugation
- par recueil d'un produit de sécrétion, urines, lavage bronchiolo-alvéolaire … examiné après
cytocentrifugation
- par cytoponction à l'aiguille fine, d'un organe plein ou d'un kyste, parfois de façon dirigée, sous
échographie ou scanner
Iconographie Enseignement
II.
III.Microscopie : pneumocystis (lavage broncho-alvéolaire)
Les pneumocystis carinii sont colorés en noir par la coloration de Grocott (flèches).
IV.Microscopie : cytologie par apposition (sarcoïdose
ganglionnaire)
La biopsie est le prélèvement d'un fragment de tissu chez un être vivant. Elle permet
l'examen d'une partie (biopsie partielle) ou de la totalité (biopsie exérèse) d'une lésion. Elle
est faite :
- sous contrôle de la vue, au bistouri ou avec diverses pinces, en surface ou au cours des
endoscopies (gastrique, bronchique, colique; cœlioscopie...),
- à l'aiguille (ponction-biopsie) dans les organes profonds ; elle peut alors être dirigée, sous
échographie ou scanner. Elle est souvent couplée à un recueil de cellules pour examen
cytologique (cf. paragraphe précédent).
La pièce opératoire est le résultat d'un acte chirurgical avec résection d'un ou plusieurs
organes. Son étude comporte un bilan macroscopique des lésions (nombre, siège, aspect),
qui peuvent faire l'objet de photographies macroscopiques, et la réalisation des prélèvements
nécessaires à l'examen microscopique.
L'examen extemporané est une technique rapide qui permet, au cours d'une intervention
chirurgicale, de donner un résultat histologique en moins de 20 minutes. Il s'effectue par
congélation d'un fragment tissulaire, coupe et coloration simplifiée. Il est moins précis que la
technique histopathologique standard, qui doit toujours le compléter, après le délai habituel
de fixation et la procédure de routine. Il est indiqué lorsque son résultat peut modifier l'acte
chirurgical (état des limites d'exérèse d'une tumeur, recherche d'une infiltration tumorale
métastatique notamment ganglionnaire, nature d'une lésion découverte lors de
l'intervention...).
L'autopsie (ou nécropsie) est un examen fait chez un patient décédé (à la demande des
médecins et de la famille) pour préciser les lésions responsables des symptômes observés,
établir les causes médicales immédiates de la mort et juger éventuellement de l'effet des
traitements appliqués.
A. Méthodes d'étude
1. Etude cytologique
Iconographie Enseignement
VI.
C'est un temps très important de l'examen anatomopathologique qui peut, à lui seul, orienter
vers un diagnostic.
Iconographie Enseignement
VII.
.
L'examen au microscope optique est indispensable avant toute autre technique plus
compliquée. Il n'est réalisable qu'après plusieurs étapes :
Iconographie Enseignement
Diapo_645.jpg
Macroscopie : étude d'une pièce opératoire de colectomie
Inclusion en paraffine des prélèvements effectués sur la lésion. La paraffine, liquide et chauffée, est
refroidie sur une plaque réfrigérée.
- la coupe du bloc de paraffine au microtome permet de réaliser une coupe très fine de
3 à 5 microns d'épaisseur pour chaque prélèvement. Cette épaisseur permet aux rayons
lumineux du microscope de traverser le prélèvement et d'éviter les superpositions
cellulaires. La coupe est déposée et collée sur une lame en verre. De multiples coupes
successives peuvent être faites dans un même bloc.
Iconographie Enseignement
Fibrose hyaline : fibres de collagène très épaisses, colorées en jaune par le safran; les fibrocytes (F) et les
vaisseaux (V) sont très rares.
La durée minimale de la technique est de deux à trois jours, mais elle est en fait très
variable selon :
A.
1. Techniques particulières
Il peut s'agir de colorations spéciales , faites sur les coupes obtenues après inclusion
en paraffine, mettant en évidence :
Iconographie Enseignement
- les fibres de collagène : elles sont mises en évidence par les colorations trichromiques
et, plus finement, par le rouge sirius ,
Diapo_637.jpg
Microscopie : foie normal (coloration par le rouge sirius)
Le rouge sirius souligne l'espace porte (EP) en bas et la veine centro-lobulaire (VCL) en haut, et faiblement
les capillaires sinusoïdes.
- les fibres réticuliniques : argentation , Diapo_589.jpg
Microscopie : foie normal (coloration de la réticuline)
- le glycogène : PAS,
- les mucines : PAS, bleu Alcian , Diapo_633.jpg
Microscopie : colon normal (coloration du mucus par le bleu
alcian)
Les cellules caliciformes du revêtement de surface et des cryptes sont colorées par le Bleu Alcian.
- les grains de sécrétion neuro-endocrines : argentation selon Grimélius , Diapo_590.jpg
Microscopie : coloration de Grimélius
Iconographie Enseignement
Diapo_289.jpg
Dépôt de substance amyloïde dans la pulpe blanche splénique avec métachromasie (coloration rose
groseille) après action du violet de Paris.
- des agents infectieux : germes (coloration de Gram), bacille tuberculeux (coloration de
Ziehl , auramine examinée en lumière ultra-violette ), champignons (PAS ,
argentation de Grocott ), virus de l'hépatite B (orcéine modifiée selon Shikata ).
Diapo_039.jpg
Microscopie : coloration des BK par le Ziehl
Diapo_040.jpg
Microscopie : coloration des BK par l'auramine (lumière ultra-
violette)
Longs bâtonnets présentant une fluorescence jaune verdâtre
Iconographie Enseignement
Diapo_210.jpg
Microscopie : hépatite virale B
Coloration par l'orcéine modifiée selon Shikata : les hépatocytes contenant l'antigène HBs sont "de
manière non spécifique" positifs.
- La coloration par le bleu de toluidine est utilisée sur les coupes des examens extemporanés
et sur les coupes semi-fines (inclusions en résine pour la microscopie électronique).
Diapo_565.jpg
Microscopie : épithélium malpighien (semi-fine)
Coupe passant par le corps muqueux de Malpighi. Les desmosomes sont visibles à fort grossissement
(flèche). Coloration au bleu de toluidine
- On utilise également les examens en lumière polarisée (mise en évidence de corps
étrangers biréfringents , biréfringence de l'amylose et en lumière ultraviolette
.
- coupes à congélation :
ce sont des coupes de tissus frais congelés réalisées sur un microtome refroidi à -20°C
(cryostat). Après coupe et coloration, les lames sont directement observées (sans milieu
de montage). Cette technique permet la réalisation d'examens extemporanés per-
opératoires. En évitant la fixation du tissu et son inclusion en paraffine, elle peut aussi
être utilisée pour :
la mise en évidence des graisses (dont on a vu que les solvants nécessaires à
l'inclusion en paraffine les font disparaître ; chapitre IX)
Diapo_631.jpg
Microscopie : côlon normal, immuno-marquage des cellules
lymphoïdes
Application d'un anticorps anti-CD45 reconnaissant les lymphocytes T et B. Négativité des cellules
épithéliales.
Diapo_634.jpg
Microscopie : côlon normal (immuno-marquage des cellules
endocrines)
Application d'un anticorps anti-chromogranine, mettant en évidence les cellules endocrines du colon
dispersées au sein des cryptes.
Diapo_609.jpg
Microscopie : Pneumocystis carinii (immuno-marquage)
Poumon : les pneumocystis sont mis en évidence par un anticorps anti-pneumocystis carinii (coloration
rouge) et comblent certaines alvéoles.
Diapo_592.jpg
Microscopie : toxoplasmose - immunomarquage
Application d'un anticorps anti-insuline réalisant un marquage de certaines cellules endocrines des ilôts
de Langerhans.
- pronostique : il existe des anticorps dirigés contre des protéines nucléaires exprimées
lors de la prolifération cellulaire, permettant d’apprécier l’activité proliférative des
tumeurs malignes
REMARQUES
CHAPITRE I - RESUME
Matériel d’étude :
Méthodes d’étude :