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Expérience no 10

CAPILLARITE
1. Généralités
Les forces moléculaires agissent dans les liquides ainsi qu'à la
surface de contact du liquide et de son récipient. L'énergie po-
tentielle d'une molécule diffère suivant la position qu'elle oc-
cupe dans le liquide. Elle est minimum lorsque la molécule est
au sein du liquide. Donc, si l'on veut retirer une molécule du
sein du liquide pour l'amener à la surface, on doit effectuer un
travail. Ce travail se retrouve comme énergie potentielle de la
couche de surface. De là résulte qu'à la surface les molécules
s'assemblent en nombre minimum, ce qui correspond à l'énergie
potentielle la plus faible de l'ensemble du liquide. On peut
ainsi dire que la surface tend à se contracter sous l'effet
d'une pellicule élastique superficielle. Ainsi, une goutte libre
est sphérique car la sphère est la figure de surface minimum
pour un volume donné (en négligeant le poids propre).

Pour créer un élément de surface df supplémentaire, il faut une


énergie dU. Le rapport dU/df = α s'appelle le coefficient de
tension superficielle ou "constante" de capillarité.

α = Energie/Surface

Lorsque d'autres forces agissent, un équilibre s'établit entre


ces forces et les forces superficielles. Ces autres forces sont
la pesanteur et l'attraction moléculaire des récipients. Il faut
remarquer qu'un liquide dans un récipient a une surface libre,
tandis qu'une membrane en a deux.

Pour augmenter de dx le côté d'une membrane rectangulaire, la force


extérieure F agissant sur le bord correspondant doit effectuer un
travail, dA, qui se retrouve sous forme d'énergie potentielle de
surface, dU.

dA = F dx ; dA = dU
dU = αdf = α2bdx -> Fdx = α2bdx
F = 2αb
α = tension de surface

(force/longueur = énergie/surface)

En particulier, sur toute ligne de jonction liquide - récipient


s'exerce une tension parallèle à la surface du liquide
d'intensité α.

α dépend en fait du gaz avec lequel le liquide est en contact.


Cependant, comme cette dépendance est très faible, on peut indiquer
pour chaque liquide quelle est sa tension superficielle α
caractéristique (exactement lorsque le liquide est en contact avec
sa propre vapeur). Remarquons que α diminue très fortement
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lorsque la température augmente, ce qui est naturel puisque les
forces de cohésion moléculaires sont fortement compensées par
l'agitation thermique. Pour la température critique au-dessus de
laquelle seule la vapeur peut exister, le ménisque du liquide
disparaît, ce qui signifie que α s'annule.
Capillarité
La capillarité se manifeste de façon particulièrement visible
dans les tubes dits capillaires, c'est-à-dire de petit diamètre.
Mais on entend généralement par capillarité, actuellement, tous
les phénomènes qui se produisent au lieu de raccordement de la
surface libre d'un liquide et d'une paroi solide ou d'un autre
liquide. L'observation montre que l'angle δ de raccordement est
soit aigu, soit obtus. Dans le premier cas, on dit que le
liquide mouille, dans le second, qu'il ne mouille pas la
surface. La mouillabilité parfaite se manifeste par un δ = 0° et
le liquide s'étale le long de la paroi en une couche très mince.
Elle ne se produit que sur des parois tout à fait propres

La force F, responsable de la dé-


pression (ou de l'ascension) du
liquide dans un tube est consti-
tuée par l'intégrale le long de
la ligne de jonction liquide-
parois C, des tensions de surface
τz (force/cm) entre liquide et
parois du tube (τz n'est
différent de O que le long de la
ligne de jonction liquide-
parois).

A l'équilibre, cette force est


compensée par le poids de la co-
lonne d'eau:
r
Mg + F = 0 où F = ∫ τ dl =
C
z 2πRτz

c'est-à-dire:
πR2hρ⋅g = 2πRτz
d'où
τz = (1/2)R⋅ρgh

Dans notre cas, nous ne nous intéressons pas directement à cette


grandeur, mais à la tension superficielle α du liquide (qui ne
dépend pas de la matière dont est constitué le tube). Nous
allons pouvoir déduire cette dernière en considérant l'équilibre
des tensions de surface en un point quelconque de la courbe de
jonction liquide-parois:
τz = αcosδ

En utilisant la valeur trouvée précédemment pour τz:


αcosδ = (1/2)R·ρgh
donc
2α cos δ
h =
ρgR
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On peut obtenir le même résultat d'une façon plus générale:


l'équilibre de la surface d'un liquide est régi par la loi.
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( + )α = ∆p
R1 R2
où (1/R1 + 1/R2) est la "courbure moyenne" au point considéré, et
∆p la différence des pressions agissant de part et d'autre de la
surface au voisinage de ce même point.
Dans notre cas, la pression dans l'air au-dessus du ménisque est
bien entendu la pression atmosphérique, pa. La même pression
agit au niveau de la surface libre du liquide dans la cuve
(niveau 0). Afin de satisfaire les lois de l'hydrostatique, la
pression du liquide contenu dans le tube au niveau h doit donc
être pa - ρgh.
Si on néglige la hauteur du ménisque par rapport à h, on voit
que la différence de pression ∆p est dans notre cas pour chaque
point du ménisque:

|∆p| = ρgh

La courbure moyenne du ménisque est donc constante. Comme,


d'autre part, le tube est supposé cylindrique et vertical, la ligne
de raccordement liquide-tube est un cercle, et on pourrait montrer
de rayonque
r le ménisque est une calotte sphérique
exprimable en fonction de R et δ.

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On a donc finalement: ∆p = α( + )
R1 R2

1 1 2 cos δ
Comme R1=R2 on a: ρgh = α( + ) =
r R
α
r
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2α cos δ
On retrouve le résultat: h =
ρgR
Membranes liquides

Comme on avait vu au début de l'introduction

|F| = 2αb

avec α = tension superficielle (force/longueur). On peut donc


mesurer cette force due à la tension superficielle en mesurant
la force nécessaire pour arracher un anneau de diamètre D à une
surface liquide. Le périmètre de la lame étant b = πD et en
considérant les deux surfaces de la lame, on trouve

F = 2απD
Cette force peut se mesurer à l'aide d'une balance de torsion
(dynamomètre de torsion).
II. Manipulations
a) Balance de torsion (tensiomètre)
S’assurer que la balance est bien horizontale (la bulle d’air
doit être dans le petit cercle noir ; si ce n’est pas le cas,
régler l’horizontalité avec les deux vis).
Equilibrer la balance avec l'anneau sec dans l'air (fléau entre
les deux marques). Tremper l'anneau dans le liquide à mesurer,
la force étant à zéro. Ramener à l'aide de la vis sous le
plateau (hauteur du godet) le fléau entre les deux marques.
Augmenter progressivement la force tout en gardant la balance à
l'équilibre (fléau entre les deux marques). On note la force au
moment où l'anneau s'arrache de la surface liquide. On
manipulera avec un soin particulier l'anneau en platine iridium
qui est très délicat, et on veillera à une propreté parfaite de
tous les objets en contact avec le liquide à mesurer.

Remarque: L’unité utilisée pour lire la force -5sur la balance de


torsion est le dyne (dyn) (1 dyn=10 N). Cette unité
est encore utilisée en biologie pour les forces présentes
sur les parois cellulaires.

b) Tubes capillaires
Nettoyer soigneusement les tubes capillaires au moyen d'un
mélange approprié puis les rincer plusieurs fois à l'eau distillée;
les plonger ensuite dans la cuve A contenant de l'eau déionisée.

Remarque: Lorsque les tubes ne sont pas utilisés, ils sont


entièrement plongés dans un produit de nettoyage. Il
ne faut donc pas jeter ce dernier.
Pour H20 la mouillabilité du verre est pratiquement totale:
δ=0°. Par conséquent:
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h =
ρgR

On en tire graphiquement α en reportant h en fonction de 1/R


(ρH20 tiré des tables pour la température correspondante).

Effectuer plusieurs déterminations de h en ayant soin de


soulever chaque fois le tube pour s'assurer que le liquide "glisse"
bien, donc que le tube est propre.

III. Exercices
1) Mesurer la tension superficielle de l'eau à température am-
biante dans les 5 tubes capillaires à l'aide du tensiomètre.
Reporter h=f(1/R).
Rayons R des capillaires: 0.2975 ± 0.001 mm
0.3550 ± 0.001 mm
0.8125 ± 0.001 mm
1.0125 ± 0.001 mm
Estimer à l’oeil quel capillaire correspond aux valeurs de R
ci-dessus.

La hauteur h se mesure à l’aide de l’appareil muni d’une


règle (prendre l’échelle de droite qui est en cm) et d’un
viseur (demander à votre assistant comment l’utiliser). Cet
appareil permet de mesurer h avec une précision de 3
décimales.
2a) Mesurer α, à l'aide du tensiomètre, pour un mélange alcool-
eau déionisée en fonction de la concentration.
Reporter α = f(%|CH3-CH2-OH|).
Circonférence de l'anneau: 6.000 ± 0.005 cm.
2b) De même, mesurer αH2O (eau déionisée) en fonction de la
température (10°C < T < 60 °C).

CONSIGNES A RESPECTER POUR QUE L'EXPERIENCE MARCHE BIEN


Dans toutes ces consignes: eau = eau déionisée.
A) Balance à torsion (tensiomètre)
1) L'anneau doit être parfaitement propre. Avant une série de
mesures, le nettoyer à l'alcool puis le rincer soigneusement
avec de l'eau. Idem pour les récipients.
2) Pour diminuer la température de l'eau chaude, on préparera
une quantité suffisante d'eau froide en mettant le récipient
dans la glacière (muni d’un couvercle). Ne pas mettre de glaçons
dans cette eau car ils sont produits à partir de l'eau du
robinet.
3) Pour s'assurer que la température restera constante pendant
toute la durée d'une série de mesures, on peut utiliser un
bain-marie.
4) Avant chaque mesure, bien remuer le liquide avec le
thermomètre pour assurer une température homogène.
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B) Tubes capillaires
1) Sortir ces tubes de leur solution de nettoyage et les rincer
abondamment à l'eau. Vous pouvez vous aider des petites "poi-
res" en caoutchouc. Il ne doit rester aucune bulle dans les
capillaires. Faire "cuire" les tubes pendant 1/4 h. dans
l'eau bouillante.
2) Rincer soigneusement à l'eau le bac et le remplir
3) Placer les tubes dans leur support et les maintenir en place
au moyen de la lame métallique (tissage).
4) Faire monter et descendre plusieurs fois les ménisques en
vous servant des "poires".
5) Assurez-vous que les ménisques se déplacent librement dans
les capillaires (il suffit de faire monter et descendre le tube;
le ménisque doit rester à la même hauteur par rapport à la
surface de l'eau dans le bac). Si ce n'est pas le cas,
recommencer le nettoyage.
6) L'ascension dans le petit capillaire doit être au moins de 4
à 5 cm. Sinon recommencer le nettoyage.

ChW décembre 2005

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