Mémoire
ème
Cycle supérieur d’Écriture – 3 année
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris
Résumé
Aux États-Unis, George Gershwin et le cinéma hollywoodien
donnèrent dans les années 20 le départ du mini piano concerto de style
jazz symphonique. En 1941, le rachmaninovien Warsaw Concerto (9’) du
britannique Richard Addinsell lança une vogue qui dura une trentaine
d’années et inspira des compositeurs de tous horizons et de toutes
nationalités, de George Antheil à Dmitri Shostakovich, d’Arthur Bliss à
Miklos Rozsa, de Duke Ellington à Henri Sauguet, de Norman Dello
Joio à Malcolm Williamson… Nous avons établi dans ce mémoire les
premiers répertoires (chronologique et alphabétique) des mini piano
concertos : plus de 300 œuvres.
Fréquemment mise à jour.
191 p.
Abstract
In the United States in the 1920s, George Gershwin and Hollywoodian cinema gave
the start of the mini piano concerto written in symphonic jazz style. In 1941, the
Rachmaninovian Warsaw Concerto (9') by British Richard Addinsell triggered a
vogue which lasted around thirty years, and touched composers from diverse
backgrounds and nationalities, from George Antheil to Dmitri Shostakovich, from
Arthur Bliss to Miklos Rozsa, from Duke Ellington to Henri Sauguet, from Norman
Dello Joio to Malcolm Williamson… For this thesis, we have established the first
(chronological and alphabetical) repertories of mini piano concertos: more than 300
works.
Frequently updated.
181 p.
Avant-propos …………………………………………………………….…. p. 3
Nota ………………………………………………………………………….. p. 6
1- Introduction ………………………………………………………………. p. 7
1
2- L’utilisation du Denham Concerto dans un film ……………………. p. 110
Annexe 1
Œuvres dont nous n’avons ni partition ni enregistrement, mais dont plusieurs
indices donnent à penser que ce sont des mini piano concertos …..… p. 157
Annexe 2
Premier Répertoire alphabétique (et détaillé) des mini piano
concertos ………………………………………………..…………………….. p. 161
Annexe 3
Essai de recensement des compositeurs fictionnels ayant écrit une œuvre
concertante pour piano écoutable dans un film ………………………….. p. 181
***
2
Avant-Propos
Prendre pour sujet de mémoire « Le mini piano concerto des années 40-60 :
une vogue déclenchée par le Warsaw Concerto de Richard Addinsell » a été
possible parce que nous avons eu l’opportunité d’entrer en contact, par le
biais d’internet, avec des collectionneurs et des spécialistes de la musique
orchestrale des XXe et XXIe siècles. Grâce à certains d’entre eux1 nous avons
pu découvrir un très grand nombre d’œuvres presque oubliées. Parmi elles,
des pièces pour piano et orchestre de courte durée, pour la plupart écrites
dans un style que l’on peut qualifier de cinématographique, proche de celui
de l’Age d’or d’Hollywood2. Ces pièces ont été composées principalement
durant les décennies 40-60, et plusieurs d’entre elles l’ont été pour le
cinéma, à l’exemple du Warsaw Concerto du britannique Richard Addinsell
(1904-1977) écrit pour le film "Dangerous Moonlight/Dangereux clair de
lune"3 réalisé en 1941 par Brian Desmond Hurst. Le Warsaw Concerto, d’une
durée de 9 minutes, a connu un succès considérable qui ne faiblit pas. Mais
c’est l’arbre qui cache la forêt car presque toutes ces brèves pièces
concertantes sont tombées dans un oubli quasi-total, sort qu’elles partagent
hélas avec la grande majorité des compositions orchestrales de la seconde
moitié du XXe siècle4.
1
Nous tenons ici à remercier tout particulièrement le Dr Allan B. Ho, professeur à
l’Université d’Edwardsville (Southern Illinois, USA), auteur du « Music for Piano and
Orchestra : The Recorded Repertory » auquel nous collaborons depuis 2010 (Pour « The
Recorded Repertory » voir Bibliographie et "Sitographie").
2
Selon les historiens du cinéma, l’Age d’or d’Hollywood se situe dans les décennies 30 et
40. Cf. Douglas Gomery, « Hollywood, l’âge d’or des studios » (1987). Bien sûr, plusieurs des
grands compositeurs d’Hollywood ont écrit, pour le cinéma ou en dehors, des mini piano
concertos.
3
"Dangerous Moonlight" porte aux USA le titre de "Suicide Squadron".
4
Les catalogues privés des œuvres rares de trois des plus grands collectionneurs de
musique orchestrale du XXe siècle font respectivement plus de 1000 pages, plus de 900
pages et plus de 800 pages, écrites en petits (ou très petits) caractères.
3
Les Anglo-saxons qui, à la différence des Français, ont toujours
apprécié ces courtes pièces post-romantiques pour piano et orchestre, ont
plusieurs expressions pour les définir, notamment celle de micro-concertos,
à l’instar de David Ades dans le Grove Dictionary5 ou celle utilisée par
l’américain Fred Flaxman, animateur d’émissions télévisées et de radios, qui
présenta dans sa série Compact Discoveries une
« hour devoted to mini piano concertos written especially for the movies, mostly in
the 1940s »6
« une heure consacrée aux mini piano concertos écrits spécialement pour des films, la
plupart dans les années 40 ».
Les articles en langue anglaise répètent tous que la vogue des mini
piano concertos a été grande, et expliquent cette vogue par le fait que les
plus célèbres d’entre eux ont été écrits pour le cinéma. Certes le prestige du
cinéma a été pour beaucoup dans leur succès, mais ce prestige n’explique
pas tout. Toutefois ces articles ne vont guère au delà de cette constatation et,
pour la plupart, ne citent qu’une poignée de mini piano concertos écrits
pour des films7. Quant aux monographies et thèses universitaires anglo-
saxonnes8, elles en mentionnent certes davantage, mais, elles aussi,
n’abordent ces œuvres que sous l’angle de l’histoire du cinéma ou celui de la
musique de films. Il n’existe à notre connaissance aucune synthèse, même
ébauchée, sur ce genre musical.
Nous avons eu la possibilité de découvrir à ce jour plus de trois cents
mini piano concertos de toutes provenances9 et, pour une immense majorité
d’entre eux, composés en dehors du cinéma. Ayant pu ainsi prendre la
mesure de cette "vogue" internationale, il nous a paru nécessaire d’établir un
"Premier Répertoire chronologique (et détaillé) des mini piano concertos", ce
qui, semble-il, n’avait jamais été fait. Nous avons opté pour une approche
chronologique. Toutefois, pour la commodité du Lecteur désireux de
pouvoir retrouver facilement une œuvre par le biais de son auteur, nous
avons aussi établi un "Répertoire alphabétique" que l’on peut consulter dans
Annexe 2. Il est permis d’espérer que ce "Premier Répertoire" sera utile à
5
Article "Williams, Charles" by David Ades (2007) [en ligne sur inscription, consulté le 27
septembre 2017].
6
Cf. sur internet « Compact Discoveries » : Program 32 "Movie Concertos" (2017) [en ligne,
http://www.compactdiscoveries.com/CompactDiscoveriesScripts/32MovieConcertos.html,
consulté le 15 juin 2017]
7
Ce sont invariablement : Warsaw Concerto (1941) du britannique Richard Addinsell ;
Cornish Rhapsody (1944) du britannique Hubert Bath ; Concerto Macabre (1945) de l’américain
Bernard Herrmann ; Spellbound Concerto (1946) de l’américain (d’origine hongroise) Miklos
Rozsa et The Dream of Olwen (1947) du britannique Charles Williams.
8
Articles et mémoires sont cités à la fin de ce travail dans Bibliographie et Sitographie.
9
Le nombre total des mini piano concertos est nécessairement bien plus grand.
4
quiconque veut avoir une vue d’ensemble concise et précise de ce genre
musical, et en connaître les principaux artistes (voir chap. VI).
Une dernière précision nous semble utile d’être apportée : c’est parce
que nous apprécions le concerto pour piano sous toutes ses formes que nous
en sommes venu à l’apprécier aussi sous la forme particulière du mini piano
concerto. Écrire un mémoire sur ces œuvres, c’est découvrir un pan de la
musique concertante du XXe siècle aujourd’hui presque oublié. Certes les
musicologues et critiques anglo-saxons, plus ouverts que les Français à la
musique de films, au Symphonic Entertainment (Musique orchestrale de
divertissement), à la Light Music et à l’Easy Listening (Écoute facile)10, ont
familiarisé le public avec les mini piano concertos ; mais, à notre
connaissance, personne n’en a établi l’historique ni expliqué les raisons
sociologiques de leur vogue, puis du déclin de celle-ci.
Nous espérons apporter dans ce travail les premiers éléments pour une
synthèse plus approfondie qui reste à écrire.
10
Bien que proches par l’esprit populaire qui les anime, ces registres sont dissemblables : la
Light Music, typiquement britannique, connut ses plus grands succès dans les années 30-
60. L’Easy Listening, au delà d’être une désignation commerciale utilisée par les labels, fut
un genre très apprécié des Américains, étant proche à la fois de la musique de films et de la
chanson ; il se développa dans les années 50 et connut un brusque déclin dans les années
70.
5
NOTA
• Nous indiquons le minutage de chaque œuvre citée. Est choisie la minute inférieure si le
nombre de secondes n’atteint pas 30, et inversement.
• Comme les compositeurs et les arrangeurs mentionnés dans ce mémoire sont pour la
plupart inconnus ou peu connus, nous nous sommes astreint, par souci de précision et par
politesse, de toujours indiquer pour chaque nom de compositeurs/arrangeurs sa nationalité
ainsi que ses dates de naissance et de mort (le cas échéant). Liste des abréviations utilisées :
• Le mot "musicologue" que nous associons à certains noms propres n’est pas forcément
garant d’un titre universitaire.
• Chaque titre de film cité est suivi du nom du réalisateur et de la date de sortie.
• Toute citation en langue anglaise a été traduite par nous (sauf indication).
• Parmi les mini piano concertos mentionnés, beaucoup ont été mis en ligne sur YouTube
par nos soins (collectionCB, collectionCB2, collectionCB3, collectionCB4 & collectionCB5).
L’on peut aussi utiliser l’Annexe 2 : "Programme musical fait par nos soins et mis en ligne
sur YouTube" où sont indiqués les titres des œuvres écoutables avec leurs liens.
• Afin que le "Premier Répertoire chronologique (et détaillé) des mini piano concertos"
soit un outil de recherche fiable et utile, nous avons recensé uniquement les œuvres dont
nous avons pu vérifier qu’elles sont des mini piano concertos. Il en est de même pour le
"Premier Répertoire alphabétique (et détaillé) des mini piano concertos" (Annexe 3).
6
CHAPITRE I
1- Introduction
7
de leurs films, un court concerto pour piano et orchestre chargé de faire
ressentir ce que ni les paroles ni les images ne suffisent à exprimer. Ainsi,
grâce à une œuvre de concert écrite dans le but d’avoir un effet cathartique
sur le spectateur, les émotions éprouvées par les héros du film purent, à la
note près, être celles du public.
Ce fut la spécificité des studios Denham, installés près de Londres,
que d’intégrer dans leurs films une pièce concertante écrite dans le style
post-romantique qu’avait popularisé le compositeur russe Sergei
Rachmaninoff (1873-1943). Par l’artifice d’un faux/vrai concert ou d’un
vrai/faux concerto pour piano, ces courtes œuvres ont réussi par leur seule
vertu musicale à soutenir le moral des Britanniques engagés dans la Seconde
Guerre mondiale. "Dangerous Moonlight" (1941), du réalisateur Brian
Desmond Hurst, dans lequel on peut entendre le Warsaw Concerto de
Richard Addinsell (1904-1977/GB), fut le premier film à ne plus soumettre une
musique aux diktats des images, mais, au contraire, à faire d’elle un élément
essentiel de l’intrigue. Pour la première fois dans l’histoire du cinéma une
musique devenait en quelque sorte "l’image" de marque d’un film (très
précisément celle d’un film patriotique). Cette audace, largement plébiscitée,
donna le départ d’une vogue de tabloid concertos que les Britanniques
appelèrent les "Denham Concertos" du nom des studios qui les firent
naître11. Chacun d’eux magnifiait une vision romantique de la vie qui tentait
de faire contrepoids aux douleurs de la guerre. Car malgré sa courte durée
(ou plutôt en raison même de sa concision) le Denham Concerto est écrit de
façon à donner l’illusion d’être le concentré d’un véritable concerto. Outre sa
concision et sa densité, son autre spécificité réside dans la qualité de ses
thèmes, toujours mémorables. Pour Pierre Berthomieu, historien de la
musique de film, « l’existence mélodique garantit une mémoire affective du
sens. Sa reprise et sa répétition, principe du symphonisme, instaurent un
état lyrique. »12
Instaurer chez le spectateur/auditeur un « état lyrique »13 fut le coup de
génie des producteurs de films proposant un Denham Concerto. Ils
entrèrent ainsi non seulement dans l’histoire du cinéma, mais également
11
On attribue au présentateur de radio britannique Steve Race (1921-2009), qui fut aussi
essayiste et compositeur, la formule « Denham Concertos » pour des « piano-concerto like
pieces written for British films » « des pièces aux allures de concerto pour piano écrites
pour des films britanniques », cf. parmi plusieurs occurrences : David Ades, sur le site de
la "Robert Farnon Society" [en ligne,
http://www.robertfarnonsociety.org.uk/index.php/legends/peter-yorke, consulté le 7 juin
2017]. Aussi Michael Darvell, "British Light Classics" (October 30, 2007) [en ligne,
http://www.classicalsource.com/db_control/db_concert_review.php?id=5100, consulté le 25
mai 2017]
12
Pierre Berthomieu, « La musique de film » (2004), p. 47.
13
Ibid.
8
dans l’histoire des mœurs du XXe siècle puisqu’ils créèrent avec une dizaine
de films tout d’abord, puis avec leurs imitateurs, un nouveau genre musical.
Comme l’écrit l’universitaire américain Yvan Raykoff :
« The perennial circulation of these classical and populars works via films and film-
music recordings, together with the many arrangements and popular song derivations of
their well-known melodies, have insured the piano concerto’s place in the canon of
twenthieth-century popular culture. »14
« La diffusion constante de ces œuvres classiques et populaires via les films et les
enregistrements de musiques de film, ainsi que les nombreux arrangements et adaptations
en chansons populaires de leurs mélodies bien connues, ont consolidé la place des
concertos pour piano dans la culture populaire du vingtième siècle. »
14
Yvan Raykoff, « Concerto con amore : Relationship and Ritual in the Soundtrack Piano
Concerto » (2000), Part I, p. 1.
15
Très précisément des para Denham Concertos : La Rhapsody for Elizabeth (1952/8’) de
Stanley Laudan (1912-1992/Pol/GB) & Gordon Rees (GB) ; le Queen Elizabeth Concerto
(1952/7’) de Pete Almann (pseudonyme de Peter Deutsch, 1901-1965/Ger/Den).
16
Cette pièce est souvent appelée Concertino pour la différencier de son Piano Concerto No. 2
en trois mouvements.
17
Le Concerto populare (1956) a aussi pour titre Concerto to end all Piano Concertos. Il a été
interprété depuis par plusieurs pianistes.
18
Yvan Raykoff, « Concerto con amore : Relationship and Ritual in the Soundtrack Piano
Concerto » (2000), Part V, pp. 6-7, note 123.
9
Le succès des Denham Concertos encouragea des compositeurs de
tous horizons à s’essayer à ce nouveau genre musical. Dans les années 40 et
50 s’ajoutèrent donc aux mini piano concertos de film de nombreuses autres
œuvres écrites en dehors du cinéma, presque toujours dans le style du
Hollywood de l’Age d’or. Les décennies 1960 et 1970 connurent l’apogée
d’œuvres de plus en plus courtes auxquelles l’industrie du disque accola
l’étiquette "Easy Listening" (Écoute facile). Quoique de tailles et d’origines
variées ces mini piano concertos s’inscrivent tous plus ou moins (souvent
moins) dans la tradition du post-romantisme concertant incarné par Sergei
Rachmaninoff (1873-1943/Rus).
Aujourd’hui, les tabloid concertos écrits pour un film sont les seuls qui
intéressent les historiens du cinéma et ceux de la musique de films.
Toutefois ils ne constituent que la pointe de l’iceberg. Des centaines de mini
piano concertos furent joués dans différents pays, sans presque jamais
obtenir une reconnaissance publique. Pour reprendre notre image, ils
constituent la grande partie immergée de l’iceberg (voir ci-dessous). Nous
avons pu en découvrir suffisamment pour établir le "Premier Répertoire
chronologique (et détaillé) des mini piano concertos" (voir chap. VI). Il en
existe beaucoup plus car durant la seconde partie du XXe siècle nombreux
furent les compositeurs nostalgiques d’une époque où une œuvre musicale
romantique pouvait toucher un large public et constituer un événement
social marquant.
19
Il existe plusieurs tabloid concertos pour d’autres instruments concertants, voir chap. IV,
paragraphe 2.
10
4- para Denham Concerto : courte œuvre pour piano et orchestre écrite
dans le style du Denham Concerto, mais en dehors du cinéma.
5- micro-concerto : œuvre concertante d’une durée presque toujours
inférieure à quatre minutes que l’industrie du disque classe dans l’Easy
Listening. Ils se multiplient dans les décennies 50 et 60.
11
John Huntley, auteur de « British Film Music » (1947 ; rééd. 1972), ouvrage
qui fait référence chez les Anglo-saxons, donne pour définition :
« A tabloid concerto is a short, one-movement piece, written in the style of a Romantic
piano concerto, specifically for use in a movie »20
« Un tabloid concerto est une courte pièce en un mouvement, écrite dans le style d’un
concerto pour piano romantique, pour une utilisation dans un film. »
Si on tente une définition qui fasse la synthèse de celles que nous venons
de lire, un tabloid concerto est :
Un genre de concerto populaire d’une taille moitié moindre de celle d’un
concerto ordinaire, écrit dans une forme condensée et caractérisée par le
sensationnalisme des thèmes et de leurs traitements.
(A type of popular concerto that is about half the size of an ordinary
concerto, written in condensed form and dominated by sensational themes
and treatments.)
20
John Huntley, « British Film Music » (1947 ; rééd. 1972), pp. 53-54.
21
Dictionary of Cambridge [en ligne,
http://dictionary.cambridge.org/fr/dictionnaire/anglais/tabloid, consulté le 14 juin 2017]
22
Merriam-Webster Dictionary [en ligne,
https://www.merriam-webster.com/dictionary/tabloid, consulté le 14 juin 2017]
23
Oxford Dictionary [en ligne,
https://en.oxforddictionaries.com/definition/tabloid, consulté le 14 juin 2017]
12
Bien qu’elle rende compte des spécificités du tabloid concerto composé
pour un film, notamment les Denham Concertos, cette définition ne
convient pas à tous les mini piano concertos. En effet, comme nous venons
de le voir, cette appellation regroupe cinq sous-genres.
Une définition qui conviendrait à tous les mini piano concertos doit
impérativement tenir compte de trois constantes :
- ils sont toujours courts, souvent d’une durée très inférieure à la moitié
de celle d’un concerto pour piano traditionnel,
- ils sont d’un seul tenant (même s’ils conservent parfois une tripartition
fort-lent-fort),
- ils sont écrits dans un style post-romantique qui imite plus ou moins le
style des musiques de films américains ou britanniques des années 40 et 50,
correspondant, dans ces deux pays, à l’Age d’or du cinéma24.
En tenant compte de ces trois constantes, nous proposons la définition
suivante :
Un "mini piano concerto" est une œuvre d’un seul tenant dépassant
rarement les 12 minutes25, souvent écrite dans un style néo-romantique
popularisé par Rachmaninoff et le Hollywood de l’Age d’or.
Les plus célèbres ont été composés pour le cinéma. Leur vogue
commence en 1941 avec le Warsaw Concerto du britannique Richard
Addinsell et s’achève en 1970 avec le Love Story Theme du français
Francis Lai.
24
L’Age d’or du cinéma américain coïncide avec celui du cinéma britannique. Les
historiens anglo-saxons sont d’accord sur ce point. Cf. notamment Jan G. Swynnoe, « The
Best Years of British Film Music : 1936-1958 » (2002), p. 22. Aussi John Morris, « Two
Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the 1940s » (2008), p. 6.
25
Pour la question de la durée, voir le chapitre II "Les Frontières d’un genre musical".
13
concerto qui, à l’exemple de beaucoup d’autres genres musicaux, n’a jamais
vu sa spécificité établie sur une base stable. De plus, il est dans la nature
même des œuvres musicales d’être protéiformes. Leur composition peut
emprunter à des styles si différents, et cela de façon si nuancée, qu’un critère
multiple est nécessaire pour qu’un recensement soit cohérent et efficace.
L’anecdote qui suit est révélatrice de la difficulté de délimiter le mini piano
concerto :
Le compositeur et pianiste concertiste Cyprien Katsaris26 auquel nous
avons annoncé par mail notre intention d’écrire un mémoire sur les mini
piano concertos a attiré notre attention sur « l’importance du concerto du
compositeur américain Leroy Anderson composé au tout début des années
50 » et nous « recommande la Fantaisie sur des thèmes populaires russes, Op. 48
d’Arensky d’une durée de 9 minutes. Pour votre information ce joyau
musical avait été utilisé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux
Olympiques de Moscou dans les années 80. »27 La réponse de ce grand artiste
montre que l’identité musicale du mini piano concerto est presque toujours
sujette à discussion. En effet, les deux œuvres proposées à notre attention ne
sont pas, à proprement parler, des mini piano concertos. Certes la durée de
neuf minutes de la Fantaisie sur des thèmes populaires russes du russe Anton
Arensky (1861-1906), connue aussi sous le titre de Fantaisie sur des thèmes de
Ryabinin28, convient parfaitement à un mini piano concerto. Mais en raison
de la date de sa composition – 1899 – cette œuvre rhapsodique appartient au
répertoire classique, comme le sont toutes les fantaisies et rhapsodies sur des
thèmes populaires écrites durant le XIXe siècle et au tout début du XXe
siècle.
Quant au Piano Concerto de l’américain Leroy Anderson (1908-1975)
mentionné par M. Katsaris, son écriture relève en effet de ce que les Anglo-
saxons appellent la Light Music29, d’autant que son auteur a toujours eu la
réputation d’en être un des plus émérites représentants. Toutefois son Piano
26
Cyprien Katsaris, 1er prix au Concours International Cziffra en 1974, est l’auteur en 2014
d’une remarquable adaptation/interprétation du Warsaw Concerto (1941) de Richard
Addinsell (1904-1977/GB), à partir de la version pour piano solo réalisée en 1942 par Henry
Geehl (1881-1961/GB).
27
Mail que nous a envoyé M. Katsaris le 5 mai 2017.
28
Trofim Ryabinin (1791-1885) est « the last of a venerable line of bïlina singers from
northern Russia. » « le dernier de la vénérable lignée des chanteurs bylinais de la Russie du
Nord », Michael C. Tusa, National Traditions in Nineteenth-Century Opera, volume II : Central
and Easter Europe, The Ashgate Library of Essays in Opera Studies, Ed : Ashgate Publishing,
USA (2010), p. 347.
29
Le compositeur de films John Williams (b. 1932/USA) a dit de Leroy Anderson qu’il était
« one of the great American masters of light orchestral music » « un des plus grands maîtres
américains de la Light music orchestrale ». Richard S. Ginell, Notes pour « Leroy
Anderson, Orchestral Works, vol. 5 » (CD Naxos – 8.559382).
14
Concerto (1953), d’une durée de 20 minutes, est en trois mouvements, donc,
ne répond pas aux critères d’être d’un seul tenant et d’une durée qui ne doit
guère dépasser 12 minutes.
15
CHAPITRE II
À l’aide de divers exemples qui sont des cas limites, est-il possible de
définir les frontières du mini piano concerto et de valider les sept critères
proposés au chapitre précédent ?
16
- Paulena Scherzo (c. 1947/3’) de l’américain Earl Lawrence (1908-?)
- Festival Scherzo (1951/4’) de la britannique Madeleine Dring (1923-1977)
- Capriccio for piano and orchestra (1955/8’) du néerlandais Cor de Groot
(1914-1993)
- Rondo-Burleske (1956/5’) et Harlekinade (1957/5’) de l’autrichien Arthur
Bornschein (?-?)
- Concert Caprice (c. 1960/4’) et Piano mobile (c. 1960/3’) de l’allemand
Heinz Kiessling (1926-2003)
- Gazellen, intermezzo (c. 1960/2’) du danois Julius Jacobsen (1915-1990)
- Piano Concerto No. 3 « Una fantasia » (1974/13’) du français d’origine
ouzbèke André Hossein (1907-1983)
Il faut ici noter qu’est souvent associée aux mini piano concertos, par les
éditeurs de disques anthologiques, une œuvre brillante datant de 1852 : le
Scherzo (7’) du Concerto symphonique No. 4 du britannique Henri Litolff (1818-
1891). Cette habitude éditoriale est illogique car le Scherzo de Litolff –
parfaitement classique – n’a rien à voir stylistiquement avec notre registre31.
La concision d’une œuvre classique, au sens large de ce terme, n’est pas
un indice suffisant de son appartenance au genre du mini piano concerto.
Par exemple, The Night/Natten (1936/9’) du danois Poul Schierbeck (1888-
1949) ; le Piano Concerto (1942/12’) de l’italien Bruno Maderna (1920-1973) ; le
Piano Concerto (1945/10’) et la Ballade (1955/14’) de l’estonien Els Aarne (1917-
1995) ; la Fantaisie concertante (1948/12’) de la française Suzanne Joly (1914-
2012) ; le Scherzo fantasque (1948/9’) de l’helvético-américain Ernest Bloch
(1880-1959) ; le Nocturne (1950/8’) de l’espagnol majorquais Jaume Mas Porcel
(1909-1993) ; Fishing by Moonlight (1949-52/7’) du britannique Robin Milford
(1903-1959) ; la Rhapsody (1952/10’) de l’espagnol Manuel Oltra (1922-2015) ; la
Fantasy-Concerto (1956/12’) de la géorgienne Meri (Mary) Davitashvili (1924-
2014) sont de courtes pièces concertantes32 certes frontalières, mais que nous
aurions tort de considérer comme relevant de notre domaine car leur
écriture les rattache sans ambiguïté à la musique "classique".
La difficulté d’une sélection rigoureuse s’accroît lorsque le contexte de
la création de l’œuvre se prête à un mini piano concerto, mais que son style
reste indéfinissable. C’est le cas notamment de trois œuvres du compositeur
classique américain Roy Harris (1898-1979) : le Concerto « Jamboree » (1944/14’)
31
On trouve le Scherzo de Litolff dans plusieurs disques consacrés au mini piano concertos,
notamment dans Concertos Under the Stars (Capitol Records, 1959) et dans Piano Classics from
the Silver Screen (Philips, 1990). Nous n’avons bien sûr pas recensé dans le "Répertoire" ce
mouvement d’un concerto qui date de 1852.
32
Presque toutes les œuvres citées dans ce mémoire ont été mises en ligne par nous sur
YouTube (collectionCB, collectionCB2, collectionCB3, collectionCB4 et collectionCB5).
17
commandé par le chef d’orchestre jazz Paul Whiteman (1890-1967/USA) ; la
Radio Piece (1946/5’), et la Fantasy for piano and orchestra (1954/14’) interprétée
par l’orchestre de la Metro-Goldwyn-Mayer. Ce sont trois œuvres
concertantes concises à la croisée de plusieurs influences stylistiques, sans
que l’esprit populaire ou le style hollywoodien ne se dégage suffisamment –
ajoutons, en ce qui concerne la Radio Piece, que son écriture se rapproche
certes de la musique de film telle qu’elle se concevait dans les années 40,
toutefois le piano n’est pas concertant.
La difficulté augmente encore quand un compositeur dit "classique" a
travaillé pour le cinéma. C’est le cas de l’espagnol Joaquin Turina (1882-
1949), qui composa en 1931 une brillante et évocatrice Symphonic Rhapsody
(Rapsodia sinfónica) pour piano et cordes, d’une durée de 8’. C’est aussi le cas
d’Arnold Bax (1883-1953/GB) dont les musiques de film sont très appréciées33.
Sa pièce concertante Morning Song, connue également sous le titre Maytime in
Sussex, d’une durée de 8’, a été écrite en 1947 pour célébrer le vingt-et-
unième anniversaire de la Princesse Elizabeth d’Angleterre, laquelle
appréciait particulièrement les mini piano concertos34. Et lorsque l’on sait
que la pianiste Harriet Cohen, qui fit la création de Morning Song, avait déjà
fait en 1944 celle de la Cornish Rhapsody du britannique Hubert Bath (1883-
1945) – l’un des trois plus célèbres Denham Concertos – l’on est en droit de
se poser la question : Morning Song est-il un mini piano concerto ? Là encore
la réponse est négative car cette œuvre se rattache à la tradition pastorale de
la musique classique anglaise. Il est d’ailleurs fréquent que les compositeurs
ayant travaillé pour le cinéma ne souhaitent pas écrire dans le même style
lorsqu’ils écrivent des partitions dites "sérieuses". C’est le cas notamment du
français Georges Delerue (1925-1992) qui avec son Concertino for piano and
strings (1954/9’) conserve certes son habitude de faire "court" mais rompt ici
avec le romantisme léger qui était sa marque de fabrique dans ses musiques
de film.
Il paraît logique de penser que les compositeurs de cinéma ou de Light
Music font nécessairement des mini piano concertos lorsqu’ils écrivent des
courtes œuvres concertantes pour piano. C’est pourtant loin d’être toujours
le cas. Un exemple particulièrement significatif est Cascades to the Sea, poème
symphonique pour piano et orchestre (1944 ; rev. 1998/14’), du canadien
Robert Farnon (1917-2005) qui fut l’un des compositeurs les plus prolifiques
et l’un des chefs d’orchestre les plus actifs de la Light Music35. Auteur de
deux micro-concertos – Mid-Ocean (1954/4’) et On the Seashore (1960/3’) –
33
Notamment sa musique pour le film Oliver Twist (1948) du britannique David Lean.
34
Voir chap. IV, paragraphe 3.
35
Le site qui rassemble tous les compositeurs spécialisés dans la Light Music est la "Robert
Farnon Society". Le musicologue David Ades, qui rédigeait pour le Grove Dictionary les
articles ayant trait à la Light Music, en fut jusqu’à sa mort le directeur.
18
Farnon était tout désigné pour écrire un mini piano concerto. Toutefois,
malgré sa concision, Cascades to the Sea est une œuvre d’esprit classique, au
sens large du terme, qui rejoint le rivage de l’impressionnisme, tribut de
Robert Farnon à la musique concertante classique de la première moitié du
XXe siècle. Mentionnons aussi les Minutenkonzert (1950/13’) du néerlandais
Cor de Groot (1914-1993), compositeur dont nous venons de citer le Capriccio
(1955/8’). Les Minutenkonzert – titre qui pourrait se traduire par "Minutes
concertantes" et non par "Miniature Concerto" comme l’a fait le musicologue
Maurice Hinson36 – ont la particularité de proposer onze miniatures
concertantes d’une minute chacune, écrites dans un style s’apparentant au
Symphonic Entertainment. Toutefois, en raison de cette forme très
inhabituelle, nous ne les avons pas recensées dans le Répertoire.
36
Maurice Hinson, « Music for Piano and Orchestra : An Annotated Guide » Enlarged
Edition (1993), p. 117.
37
L’exception qui confirme la règle : le Piano Concerto in C minor (1958/3’) du britannique
David Rose (1910-1990). Sans doute faut-il voir là une volonté, non dénuée d’humour, de se
singulariser, car David Rose était une vedette de l’Easy Listening (Écoute facile).
19
et 14 de la "Ferde Grofé Collection" de la "Music Division of the Library of
Congress".
L’on est en droit de penser que ces compositeurs ont voulu ici se
libérer des contraintes imposées par le cinéma et le "Symphonic
Entertainment" (Musique orchestrale de divertissement), pour lequel ils ont
travaillé. L’on comprend qu’ils aient souhaité, tout en imitant le style et
l’esprit du tabloid concerto, aller au delà de sa durée traditionnelle.
Ou en un seul mouvement :
20
- Piano Concerto (1963) du letton Romualds Grinblats (1930-1995) : 14’
- Piano Concerto (1968) de l’américain Morris Cotel (1943-2008) : 10’
- Piano Concerto (1972) de l’ouzbek Rustam Abdullayev (b. 1947) : 11’
- Concerto piccolo (1975) de l’allemand Karl-Heinz Pick (1929-2009) : 8’
- Piano Concerto in One Movement (1977) du japonais Teruyuki Noda (b.
1940) : 11’
- Piano Concerto No. 1 (1977) de l’ukrainien Miroslav Skoryk (b. 1938) : 12’
- Piano Concerto « Towards a Yearning » (1977) du norvégien Oistein
Sommerfeldt (1919-1994) : 12’
- Piano Concerto No. 1 (1977) du belge Daniel Capelletti (b. 1958) : 12’
- Piano Concerto (1978) du polonais Boleslaw Szabelski (1896-1979) : 7’
- Piano Concerto (1986) du belge Auguste Verbesselt (1919-2012) : 13’
38
Le terme "rhapsodie" est certainement le deuxième terme le plus employé dans les titres
des mini piano concertos. Voir les statistiques du "Premier Répertoire" (chap. VI).
39
À la différence des Anglo-saxons, les compositeurs allemands utilisent plus volontiers le
terme "Konzertstück" ("concert piece").
40
Jack Sullivan, « Hitchcock’s Music » (2006), p. 120.
21
« Quand Rozsa, qui était fréquemment consterné par la désinvolture d’Hollywood,
protesta que ‘ce n’est pas un concerto’, Kern répondit ‘Ça n’a pas d’importance ! Le mot
concerto a du sex-appeal, et c’est comme ça qu’on appellera "Spellbound". Rozsa laissa
Kern suivre son idée et intitula concerto sa pièce. »
Il faut faire une nette différence entre les mini piano concertos et les
"Concertos for Children", même si ces derniers sont parfois aussi en un seul
mouvement, comme le Concertino in A minor, for piano and strings (c. 1950/5’)
41
Sur ce sujet, lire l’article de Glenn Riddle, « Concertos for Intermediate-Level Piano
Students » (2015) [en ligne,
http://www.appca.com.au/pdf/papers2015/part1/2015-APPC-Riddle---Concertos-for-
intermediate-piano-students.pdf, consulté le 2 juin 2018]
22
du russe Yury Polunin (1913-1982) ou le Piano Concerto for Little Hands
(1965/7’) du polonais Feliks Rybicki (1899-1978). Dans les années 2000, un
éditeur japonais diffusa, sous le titre de « Piano Schloss Concerto Series »,
une collection de dix-huit volumes de partitions et de quatorze CDs qui
réunit des "Concertos for Children" (dont plusieurs en un seul mouvement)
spécialement écrits pour l’occasion par des compositeurs actuels,
principalement japonais et polonais.
La différence ontologique entre mini piano concertos et "Concertos for
Children" tient donc dans leurs conceptions artistiques respectives : les
premiers sont d’esprit hollywoodien et spectaculaire ; les seconds, qui
ciblent davantage leur public, ont un but pédagogique évident. Seule leur
courte durée pourrait les faire superficiellement se ressembler.
Enfin, en ce qui concerne les concertinos classiques d’une durée égale
aux mini piano concertos – par exemple le Concertino (1924/11’) du suisse
Arthur Honegger (1892-1955), le Concertino (1927/15’) de l’australien Arthur
Benjamin (1893-1960), le Concertino (1954/11’) du britannique Gordon Jacob
(1895-1984), le Concertino in E major for piano and strings (1955/10’) du
britannique Robin Milford (1903-1959) ou le Concertino (1977/13’) du suisse
Jean-Frédéric Perrenoud (1912-1988) – leur écriture et le contexte de leur
création les placent d’office, comme pour les concertos cités ci-dessus, dans
le registre classique, au sens large de ce terme.
La durée est-elle intrinsèque à la nature d’une composition et définit-
elle son appartenance à un genre musical précis ? Les auteurs eux-mêmes
s’interrogent. Ainsi le compositeur français Nicolas Bacri (b. 1961) se
demande si sa Symphonie n°6 (1998)42, d’une durée de 12 minutes, est une
symphonie dans l’acception traditionnelle de ce mot43. Certes d’autres
compositeurs ont écrit avant lui de très courtes pièces intitulées
symphonies :
42
Composée à la demande de Radio-France pour l’Orchestre National de France et
Leonard Slatkin.
43
Cf. le site du compositeur français Nicolas Bacri : « Une symphonie de douze minutes est-
elle une vraie symphonie ? Il me semble que l’on peut répondre oui si l’œuvre en question
répond aux critères de conception présidant à ce genre, cela, au-delà de toute
préoccupation de durée physique si tant est, comme je le crois, que la musique — et ce
n’est pas le moindre de ses paradoxes — n’est pas un art traitant de l’organisation du temps
mais de son abolition. » [en ligne,
http://www.nicolasbacri.net/popup/symphonie6.html, consulté le 11 juillet 2017]
23
- le polonais Roman Palester (1907-1989) : Symphony No. 4 (1948) : 8’
- l’américain Howard Swanson (1907-1978) : Short Symphony (1948) : 11’
- le roumain Mihail Andricu (1894-1974) : Symphony No. 3 (1949) : 11’
- l’américain Louis Scarmolin (1890-1969) : Symphony No. 3 « Sinfonia
breve » (1952) : 10’
- le chilien Gustavo Becerra-Schmidt (1925-2010) : Symphony No. 1 (1955) :
12’
- le letton Gederts Ramans (1927-1999) : Symphony No. 1 (1957) : 13’
- l’israélien Josef Tal (1910-2008) : Symphony No. 2 (1960) : 12’
- le néerlandais Herman Mulder (1894-1989) : Symphony No. 7 (1963) : 12’
- le chilien Tomas Lefever (1926-2003) : Symphony No. 1 (1964) : 7’
- le britannique Havergal Brian (1876-1972) : Symphony No. 22 (1965) : 9’
- l’australien Carl Vine (b. 1954) : MicroSymphony (1986) : 11’
- le letton Arturs Grinups (1931-1999) : Symphony No. 9 (1989) : 12’
44
Par exemple, lorsque Erich Wolfgang Korngold (1897-1957/Aut) arrangea en pièce de
concert son tabloid concerto pour violoncelle et orchestre écrit pour le film
"Deception/Jalousie" (Irving Rapper, 1946), il en respecta l’esprit en allongeant sa durée d’à
peine cinq minutes (passant de 8 à 13 minutes).
45
Cf. "Hollywood Loves the Piano" (2000), documentaire américain de Peter Rosen. Le
Wiktionnaire dit du mot glamour : « Emprunté au vocabulaire anglais du cinéma
24
« With the possible exception of the violin, the piano would seem to have the most
demonstrative voice for the film composer faced with the sizzling emotional température of
high drama, enabling him to convey both romantic flair and subtle character nuance
through the broad canvas of the instrument’s sonorities. »46
« À l’exception peut-être du violon, le piano semblerait posséder la voix la plus
démonstrative pour le compositeur de musique de film confronté aux émotions brûlantes
du grand drame, lui permettant d’exprimer à la fois le panache romantique et les subtiles
nuances de caractère grâce à la vaste palette des sonorités de l’instrument. »
25
L’américain Louis Alter (1902-1980), qui se fit connaître dans le domaine
du jazz symphonique, est l’auteur notamment d’une Manhattan Serenade
(1929/5’) qui fut créée par le chef d’orchestre Nathaniel Shilkret puis souvent
interprétée49. C’est un parfait exemple du style Broadway/Hollywood dans
lequel George Gershwin s’illustra, mais dans Manhattan Serenade la part de
piano est par trop réduite. Il est à remarquer que les compositions de jazz
symphonique des années 30 ont souvent un piano dans leur instrumentation,
mais cela fait rarement d’elles des mini piano concertos car les solos de piano
ne sont pas plus prépondérants que ceux des autres instruments. C’est le cas
de plusieurs œuvres interprétées par le Paul Whiteman Concert Orchestra,
notamment les Midnight Reflections (1927/4’) de Matt Malneck (1904-1981/USA).
C’est aussi le cas de la Park Avenue Fantasy (1933/5’) du même Matt Malneck
(associé à Frank Signorelli, 1901-1975/USA) qui ne comporte pas assez de
piano ; toutefois, en 1945 le canadien Robert Farnon (1917-2005), auteur
prolifique de Light Music et de deux micro-concertos50 – ou l’un des
membres de son équipe d’arrangeurs51 – en fit cette fois un simili tabloid
concerto, qui fut interprété par le pianiste Denny Vaughan. Quant à la pièce
Deep Purple (1934/5’) de l’américain Peter de Rose (1900-1953), qui se trouve
sur la face B du vinyle de la Park Avenue Fantasy, elle relève de notre
domaine car elle commence et se termine par un solo virtuose de piano,
caractéristique des futurs tabloid concertos. Indice supplémentaire : le nom
de la pianiste Dana Suesse est indiqué, contrairement à ceux des autres
musiciens solistes. La compositrice et pianiste Dana Suesse (1909-1987/USA),
qui travailla avec Paul Whiteman (1890-1967/USA), était surnommée « the
Girl Gershwin »52. Puisque nous évoquons Dana Suesse, celle-ci a composé
plusieurs pièces jazz symphoniques avec piano d’inspiration hollywoodienne
mais en dehors de notre registre, comme, par exemple, American Nocturne
(1941/4’). Il en est de même des innombrables compositeurs qui ont écrit de
courtes pièces concertantes purement jazz à l’exemple de Vernon Duke
(1903-1969/Rus/USA) avec son American Arabesque (1941/3’).
49
La Manhattan Serenade fut interprétée notamment dans un arrangement de Scott Bradley
(1891-1977/USA) pour l’épisode "Mouse in Manhattan" (1945) de la série des Tom and Jerry.
Le compositeur et arrangeur Morton Gould (1913-1996/USA) en donna une version en 1958.
50
Mid-Ocean (1954/5’) et On the Seashore/Seashore (1960/3’).
51
Le musicologue David Ades écrit de la Park Avenue Fantasy dans l’arrangement de Robert
Farnon : « […] it may have been the work of Dick Misener, or possibly one of the regular
team of arrangers which included Gary Hughes and Tony Braden. » « […] c’est sans doute
le travail de Dick Misener, ou peut-être celui d’un des arrangeurs de l’équipe de Robert
Farnon qui incluait Gary Hughes et Tony Braden. » [en ligne,
https://www.chandos.net/chanimages/Booklets/GL5184.pdf, consulté le 28 juillet 2017]
52
Cf., entre cent autres sources, The New Yorker, December 16, 1933, p. 12 [en ligne,
http://www.newyorker.com/magazine/1933/12/16/girl-gershwin, consulté le 23 juillet 2017]
26
La frontière est tout aussi étroite dans le domaine de la musique de
films. Al Goodman (1890-1972/USA) arrangea en 1952 les thèmes principaux
écrits par Miklos Rozsa (1907-1995/Hun/USA) pour "The Lost Weekend/Le
Poison" (Billy Wilder, 1945) en une courte pièce d’un seul tenant. Toutefois,
bien qu’Al Goodman ajoute du piano à la partition originale, il ne l’utilise
pas comme instrument principal, mais uniquement au début et à la fin.
La nécessité d’une part concertante de piano se pose aussi pour les
micro-concertos de l’Easy Listening. Bien que les labels aient imposé un
minutage fixé à moins de quatre minutes, il est toujours possible pour un
compositeur de réserver au piano un rôle relativement concertant, souvent
même avec une petite cadence. Mais tous les micro-concertos ne sont pas
écrits ainsi, et, dès lors, ils ne peuvent être retenus. C’est le cas, par exemple,
de la Rhapsody to the Rockies (publ. 1966/3’) d’Edmond De Luca (1909-
2004/USA) par ailleurs auteur de deux vrais micro-concertos53. Il en est de
même avec la Starlight Rhapsody (c. 1960/5’) et la Rhapsody D’Amour (c.
1960/7’) de Joseph Francis Kuhn (1924-1962/USA), par ailleurs auteur de la
Manhattan Rhapsody (c. 1960/5’), de la Midnight Rhapsody (c. 1960/7’) et de
Capitol City by Starlight (Washington Concerto) (c. 1960/3’) qui ayant une part de
piano plus concertante sont des mini piano concertos.
53
Lone Star Concerto (c. 1945 ; publ. 1966/3’) et Motor City Concerto (publ. 1966/3’).
54
Cf. l’article de Christine Bini : « Dans le film de Bertrand Blier, Préparez vos mouchoirs,
sorti en 1977, il est question de Mozart. Il n’est même question que de lui. » [en ligne,
http://lalectricealoeuvre.blogs.nouvelobs.com/archive/2013/01/24/mozart-schubert-bertrand-
blier-et-la-chair-de-depardieu.html, consulté le 27 juillet 2017]
55
Ce concerto a été orchestré avec l’aide du thaïlandais Somtow Sucharitkul (b. 1952).
27
post-romantique, mais non cinématographique, encore moins hollywoodien,
à l’exception de son rachmaninovien concerto pour piano en sol mineur Il y
a sur la Terre (1991/6’) que nous avons, pour cette raison, inclus dans le
"Répertoire". Il n’en est pas de même pour son Concerto pour piano en la
bémol (1977/5’) ou La Tourmente, allegro (1994/3’). Dans ces derniers exemples,
entre courtes pièces concertantes populaires et mini piano concertos, la
frontière est étroite.
56
L’américain Frank Skinner a souvent ménagé une part de piano dans sa musique de film.
Spécialisé dans le drame sentimental, le piano participait très naturellement au
romantisme exacerbé de ses partitions. Skinner fut le collaborateur attitré des mélodrames
du réalisateur Douglas Sirk. Mais Skinner n’a jamais écrit, à notre connaissance, un
véritable mini piano concerto.
28
- Main Title de "Two Weeks in Another Town/Quinze jours ailleurs"
(Vincente Minelli, 1962) écrit par David Raksin (1912-2004/USA).
57
Deux autres productions de la Hammer, "Stolen Face" (Terence Fisher, 1952) et "Kiss of
the Vampire" (Don Sharp, 1963), contiennent elles aussi des tabloid concertos : A Stolen
Face : Ballade (8’) de Malcolm Arnold (1921-2006/GB) et la Vampire Rhapsody (7’) de James
Bernard (1925-2001/GB).
29
augmentée58 ; l’Elegy for piano and strings (1998/5’) composée par Alla Pavlova
(b. 1952/Ukr/USA) pour être le Main Title du film jamais réalisé "The
American Healys" et qui est désormais une œuvre classique indépendante.
Mais aucune de ces pièces concertantes ne présente les quatre
caractéristiques d’un tabloid concerto :
- lyrisme rachmaninovien de l’écriture pianistique
- glamour de l’orchestration hollywoodienne
- dramatisation quasi constante
- construction séquentielle (juxtaposition de highlights/meilleurs
moments).
À cette constatation s’ajoute l’argument selon lequel un tabloid
concerto, en raison même de sa nature d’œuvre faisant le pont entre écriture
classique (au sens large de ce terme) et écriture cinématographique, est
nécessairement autre chose qu’un simple morceau avec piano extrait d’une
bande sonore, même lorsqu’il s’agit de la pièce d’Elmer Bernstein intitulée
Pursuit (5’), composée pour le film de Vincente Minnelli "Some Came
Running/Comme un torrent" (1958). Il ne fait aucun doute que dans Pursuit
l’écriture est hollywoodienne mais, là encore, il s’agit d’un morceau ayant du
piano dans son orchestration, non d’un mini piano concerto, et encore
moins d’un tabloid concerto.
58
Love Theme for Piano and string orchestra, from "Cinema Paradiso" (1988). Pianist :
Marina Seltenreich, LGT Young Soloists, conductor : Alexander Gilman. Le nom de
l’arrangeur n’est pas indiqué.
59
George Greeley (1917-2007/USA) : Grieg Piano Concerto in A minor (1957/6’).
60
Chacun de ces deux arrangements dure 6 minutes.
30
(Poco allegretto) de la Symphony No. 3 (1883) de Johannes Brahms (1833-
1897/Aut). Aucun de ces courts arrangements concertants d’œuvres du
répertoire classique ne doit être retenu61.
Il en est de même des arrangements concertants de thèmes de films, qui
proliférèrent. Parmi les thèmes les plus souvent arrangés pour piano et
orchestre l’on trouve ceux des films :
31
concertos, il nous a immédiatement demandé : « S’agit-il bien du style de ces
concertos comme celui joué par José Iturbi dans le film Anchors Aweigh (avec
Gene Kelly) ? »63. Là encore, le choix de cette œuvre montre que la nature du
mini piano concerto est sujette à discussion. Dans cette version
cinématographique très virtuose, la Donkey Serenade est en fait un
arrangement réalisé par Axel Stordahl (1913-1963/USA), l’un des
orchestrateurs de la musique du film, d’une pièce pour piano intitulée
Chanson (1918) de Rudolf Friml (1879-1972/Ger), très vite orchestrée par Adolf
Minot (18??-19??/USA). En 1937 la Donkey Serenade avait déjà été arrangée en
chanson par le compositeur Herbert Stothart (1885-1949/USA) pour le film
musical "The Firefly/L’Espionne de Castille" de Robert Z. Leonard64.
Plus récemment, il en est de même pour la pièce concertante de Marvin
Hamlisch (1944-2012/USA) écrite pour le film "The Way We Were/Nos plus
belles années" (Sidney Pollack, 1973). Dans un style très hollywoodien, d’une
durée de 3’, cette pièce est elle aussi originellement une chanson, interprétée
dans le générique du film par la chanteuse Barbra Streisand.
Terminons avec un dernier exemple caractéristique : I Got Rhythm de
George Gershwin (1898-1937/USA). Ce célèbre thème a été écrit pour la
comédie musicale "Treasure Girl" (1928). En 1930, avec des paroles d’Ira
Gershwin, il est devenu une chanson. De nos jours I Got Rhythm est surtout
connu par les variations pour piano et orchestre composées en 1934. Certes la
durée de neuf minutes des Variations on I Got Rhythm est identique à celle de
beaucoup de mini piano concertos ; toutefois le genre même du thème et
variations est spécifique au registre dit "classique"65. Il ne faut donc pas,
malgré la personnalité de son auteur, faire de cette pièce brillante un mini
piano concerto comme l’est sa Rhapsody in Rivets/Manhattan Rhapsody (9’)
écrite pour le film "Delicious" (1931) de David Butler (voir chap. IV,
paragraphe 1), et qui deviendra, dans sa version remaniée et augmentée, une
œuvre de concert sous le titre de Second Rhapsody (1932/14’).
63
Mail que M. Philippe Cathé nous envoya le 17 février 2017.
64
Dans le film de Robert Z. Leonard la Donkey Serenade est chantée par Alan Jones.
65
Le musicologue américain Steve Elman écrit « This isn’t a concerto, but it’s not exactly a
typical theme-and-variations piece either. Each of the variations is actually a slow prelude
followed by a variation, usally in a brighter tempo. » « Ce n’est pas un concerto, mais ce
n’est pas non plus exactement une pièce typique "thème et variations". Chacune des
variations est en fait un lent prélude suivi d’une variation, en général dans un tempo plus
rapide. » in « Chronology of Jazz-Influenced Piano Concertos and Related Works,
compiled by Steve Elman » (2005) p. 10. Pdf en ligne :
http://artsfuse.org/downloads/JIPC-Overall_chronology-4.pdf, consulté le 2 août 2017]
32
indépendants de l’autre, ont produites en si grand nombre et dans des
contextes si variés qu’il est souvent difficile de faire une séparation aussi
rigoureuse qu’indispensable.
33
CHAPITRE III
66
Catalogue consultable sur le site du label Hyperion Records [en ligne,
http://www.hyperion-records.co.uk/s.asp?s=S_1, consulté le 2 septembre 2017]
67
Voir notamment le chapitre V : Les Denham Concertos, le must des tabloid concertos.
34
façon spectaculaire68 qu’a eue Grieg d’exprimer le sentiment lyrique. Un
lyrisme non académique qui, près d’un siècle plus tard, sera au cœur de ce
que l’on appellera les Denham Concertos. Il est d’ailleurs significatif que les
producteurs américains de "Song of Norway" (Andrew L. Stone, 1970), film
qui romance la vie de Grieg, chargèrent Roland Shaw (1920-2012/GB),
directeur musical de DECCA, d’arranger le Piano Concerto in A minor en une
sorte de Denham Concerto de dix minutes69.
Grieg avait esquissé en 1882 trois thèmes pour un Piano Concerto No. 2
in B minor qu’il ne composa jamais. Il est intéressant de constater qu’en 1997
la Oslo Grieg Society a organisé une compétition internationale de
composition sur le thème « "re-imagine" Grieg’s second concerto » « "re-
imaginer" le second concerto de Grieg » dans lequel devaient être utilisées
les esquisses de Grieg70. Parmi les participants, Vladimir Belyayev (b.
1948/Rus) proposa un Piano Concerto No. 2 based on Grieg’s sketches for a
Concerto in B minor (15’) conçu dans l’esprit d’un tabloid concerto et écrit dans
un style proche d’un Denham Concerto. Il ne remporta pas la compétition71,
mais le parti pris de Belyayev est, de notre point de vue, tout à fait logique
puisque la filiation née du style novateur de Grieg a historiquement abouti
aux Denham Concertos.
L’on ne s’étonnera pas que nous citions en tant qu’anticipateur – si
l’on nous permet ce terme – Piotr Tchaikovsky (1840-1893/Rus) qui, avec
l’introduction de son Piano Concerto No. 1 in B-flat minor (1875) a écrit en
quelque sorte le premier micro-concerto72. Les musicologues s’expliquent
mal cette introduction/ouverture d’environ quatre minutes, d’une tonalité
différente (ré bémol majeur) du reste de l’œuvre, et dont le thème à la fois
grandiose et glamour73 n’est jamais repris durant tout le reste de ce concerto
68
"Spectaculaire" au sens où le comprend notamment le compositeur français Thierry
Escaich (b. 1965) qui intitula un CD regroupant plusieurs de ses improvisations à l’orgue :
« Improvisations : Organ Spectacular » (Label Accord, 2008).
69
Nous n’avons pas recensé le tabloid concerto de Roland Shaw dans le "Premier
Répertoire" parce qu’il est basé sur une œuvre préexistante (cf. chap. II, critère n°7 : un
mini piano concerto n’est pas un arrangement d’une œuvre du répertoire classique, d’un
thème de film, d’une chanson…)
70
Cf. ce qu’écrivent deux des participants du concours en présentation de leur concerto
respectif : le belge Laurent Beeckmans : http://www.grieg.be/artConcertobminor.htm
et le norvégien Helge Evju :
https://cdn.shopify.com/s/files/1/0134/6772/files/Evju_Concerto_Introduction.pdf
71
Le premier Prix de la Oslo Grieg Society International Competition for Composers 1997
fut attribué à l’italien Alberto Colla pour son Piano Concerto No. 1 basato su frammenti e
schizzi incompiuti di E. Grieg (19’), écrit dans un style résolument moderniste.
72
Le micro-concerto est une œuvre concertante d’une durée presque toujours inférieure à
quatre minutes que l’industrie du disque classe dans l’Easy Listening (Écoute facile).
73
Rappelons que le Wiktionnaire dit du mot glamour : « Emprunté au vocabulaire anglais
du cinéma hollywoodien » [en ligne, https://fr.wiktionary.org/wiki/glamour, consulté le 24
35
qui frôle les quarante minutes. L’historien de la musique russe Francis Maes
constate que, en raison de son indépendance du reste de l’œuvre,
l’introduction pose depuis longtemps une énigme aux analystes et aux
critiques. Est-il sacrilège de penser que cette section est une petite œuvre en
soi et qu’elle préfigure le concept de Main Title (Générique) ? On peut du
moins constater qu’elle convient si bien à notre époque que celle-ci lui a
réservé le sort des "tubes" : elle a été arrangée de toutes les façons et, en tant
que stand-alone piece (pièce jouée seule), elle s’est imposée comme parfait
modèle du micro-concerto.
De l’avis des musicologues, Sergei Rachmaninoff (1873-1943/Rus) est
l’un des compositeurs qui, avec ses quatre concertos pour piano74, a le mieux
incarné l’écriture post-romantique. Son deuxième concerto pour piano (1901)
est devenu si emblématique du romantisme musical du XXe siècle que le
cinéma s’en est emparé plusieurs fois75, en particulier dans le film anglais
"Brief Encounter/Brève rencontre" (David Lean, 1945) dont le succès fut en
grande partie dû à l’osmose entre musique et scénographie mélodramatique.
La reprise régulière dans le film des passages les plus marquants de ce
concerto a fait que dans la mémoire des spectateurs cette œuvre s’est
transformée en tabloid concerto. Succès oblige, les divers thèmes de ce
concerto furent plusieurs fois arrangés en mini piano concertos, et même en
chansons76. Mais dès 1891, avec le 1er mouvement de son 1er concerto,
Rachmaninoff anticipait le style des futurs Denham Concertos en reprenant
l’écriture spectaculaire du concerto de Grieg. Pour le musicologue américain
Jeremy Norris :
« The initial idea of composing the Concerto in F-sharp minor probably occurred
while Rachmaninoff was spending his summer holidays on the Satins’ country estate,
Ivanovka, in 1890. There he heard, on an almost daily basis, Grieg’s Piano Concerto in A
minor, as his cousin Alexander Siloti was practicing it in preparation for forthcoming
concerts. The influence of Grieg’s Concerto imprints itself not only on Rachmaninoff’s
piano style but also substantially on the principal musical ideas of the new concerto. »77
juillet 2017]. Le Dictionary of Cambridge donne comme emploi de ce mot : « Who can resist
the glamour of Hollywood ? » « Qui peut résister au glamour d’Hollywood ? » [en ligne,
http://dictionary.cambridge.org/fr/dictionnaire/anglais/glamour, consulté le 24 juillet 2017]
74
Les quatre concertos de Rachmaninoff : n°1 en fa dièse mineur, op. 1 (1891) ; n°2 en ut
mineur, op. 18 (1901) ; n°3 en ré mineur, op. 30 (1909) ; n°4 en sol mineur, op. 40 (1926).
75
On peut entendre des extraits du Concerto pour piano n°2 notamment dans les films "I’ve
always loved you/Concerto de l’amour" (Frank Borzage, 1946), "The Seven Year Itch/Sept
ans de réflexion" (Billy Wilder, 1955) et "The World of Henry Orient" (George Roy Hill,
1964).
76
Citons Full Moon and Empty Arms (1945) chanté par Frank Sinatra et All By Myself (1976) du
chanteur pop Eric Carmen.
77
Jeremy Norris, « The Russian Piano Concerto : The nineteenth century, Volume 1 », 1994,
p. 100.
36
« L’idée initiale de composer le Concerto en fa dièse mineur s’est probablement
produite lorsque Rachmaninoff passait ses vacances d’été dans la résidence d’état Satins’,
Ivanovka, en 1890. Là-bas il écoutait, presque chaque jour, le Concerto pour piano en la
mineur de Grieg puisque son cousin Alexander Siloti le répétait en vue de concerts à venir.
L’influence du Concerto de Grieg s’est manifestée non seulement sur l’écriture pianistique
de Rachmaninoff mais aussi substantiellement sur les principales idées musicales du
nouveau concerto ».
« The Catoire adopts the Rachmaninoff style of concerto-writing, in both style and
manner, with big, splashy piano textures against expansive orchestral lines […] »80.
« Le concerto de Catoire adopte le style d’écriture concertante de Rachmaninoff, à
la fois dans le style et la manière, avec de grandes textures de piano jaillissant contre des
lignes orchestrales qui se déploient […] ».
37
« The glamorous opening of the piece is perfect film music, years and years before
Hollywood, let alone the talkies. »81
« L’ouverture glamour de la pièce est de la parfaite musique de film, des années et
des années avant le Hollywood des films parlants. »
81
Commentaire du mélomane anglophone [en ligne, https://www.amazon.co.uk/Georgy-
Catoire-Concerto-Sherwood-1932-33/dp/B007G8PDU6, consulté le 12 août 2017].
82
Commentaire du mélomane francophone [en ligne,
https://www.amazon.fr/Georgy-Catoire-Percy-Sherwood-Concertos/dp/B01K8LYR3G,
consulté le 12 août 2017].
83
Michael Fredericks : Concerto Theme (1954/3’). Une trop courte durée imposée par
l’industrie de l’Easy Listening.
84
Notice de John France publiée dans Musicweb-international [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/classrev/2001/Aug01/Winding.htm, consulté le 12
août 2017]
38
« Hollywood never had it this good – close your eyes and black-and-white films of
lost love, heartache and yearning passion are conjured up. If the other two movements are
less successful they are only slightly so; the second is a gorgeously tuneful Andante, the
Finale a Russian dance. Chronologically, of course, Hollywood has nothing to do with
Bortkiewicz and his First Concerto. Dedicated to his wife, the work was premiered in 1912
(and published the following year), after which it was taken up enthusiastically. »85
« Hollywood n’a jamais rien produit de mieux – il suffit de fermer les yeux pour voir
défiler des images en noir et blanc d’amour perdu, de peine de cœur et de passion ardente.
Les deux autres mouvements sont à peine moins réussis : le deuxième est un Andante
magnifiquement mélodique, le finale une danse russe. Historiquement bien sûr,
Hollywood n’a rien à voir avec Bortkiewicz et son Premier Concerto. L’œuvre, dédiée à sa
femme, fut créée en 1912 (et publiée l’année suivante) et fut ensuite reprise avec
enthousiasme. »
85
Jeremy Nicholas, Notes de programme pour le CD "The Romantic Piano Concerto Vol.
4", 1993 (Hyperion Records 66624).
86
On doit notamment à Max Steiner, autrichien émigré aux USA en 1914, la célèbre
musique du film "Gone with the Wind/Autant en emporte le vent" réalisé en 1939 par
Victor Fleming.
87
David Hurwitz sur le site classicstoday [en ligne,
https://www.classicstoday.com/review/review-3148/, consulté le 27 août 2017]
39
« […] the models for Medins’s 1932 Piano Concerto are clearly those of
Rachmaninoff »88
« […] les modèles du Piano Concerto (1932) de Medins sont clairement les concertos
de Rachmaninoff ».
40
L’Allegro for piano and orchestra (1915/10’) du néerlandais Willem Pijper
(1894-1947), aujourd’hui plus connu sous le titre curieux Orchestral Piece with
piano, a une structure très fragmentée favorisant de nombreux contrastes,
comme si l’œuvre exprimait les moments forts d’une histoire dramatique.
Le portugais Luis de Freitas Branco (1890-1955) a composé en 1917 une
Balada for piano and orchestra (13’) qui annonce nettement le style des tabloid
concertos. Cette composition est-elle déjà l’indice de l’intérêt que prendra
Freitas Branco pour la musique de film, car dès 1931 il en composera92 ?
La croate Dora Pejacevic (1885-1923) compose en 1919 avec sa Phantasie
concertante (14’) la première œuvre, historiquement parlant, à être un tabloid
concerto stylistiquement et structurellement. Avis partagé par le critique
musical Bob McQuiston :
« A delightful romantic wallow, it anticipates the likes of Hekel Tavares’ (1896-1969)
Concerto in Brazilian Forms (1936), Richard Addinsell’s (1904-1977) Warsaw Concerto (1941),
and Sir Hubert Bath’s (1883-1945) Cornish Rhapsody (1944). »93
« Une délicieuse œuvre baignant à fond dans le romantisme, qui anticipe des
œuvres similaires telles que le Concerto in Brazilian Forms (1936) de Hekel Tavares (1896-
1969), le Warsaw Concerto (1941) de Richard Addinsell (1904-1977) et la Cornish Rhapsody
(1944) de Sir Hubert Bath (1883-1945). »
92
Freitas Branco écrivit la partition du documentaire "Douro, Faina fluvial" (1931) de
Manoel de Oliveira. Il composa la musique d’au moins cinq films dont "Gado Bravo"
(Lopes Ribeiro, 1934).
93
Critique musicale de Bob McQuiston, « Pejacevic », sur "Classical Lost and Found" [en
ligne, http://www.clofo.com/Newsletters/C110622.htm, consulté le 19 août 2017]
94
Boriana Buckles, « The Significance of selected piano compositions by Pancho
Vladigerov, A Monograph », Louisiana State University (2004), p. 11.
41
« Pancho admirait aussi la musique de Tchaikovsky, Rimsky-Korsakov, Glazunov, et
particulièrement Rachmaninoff. Selon sa mère, il comptait étudier en Russie avec soit
Glazunov soit Rachmaninoff […] ».
Dès 1918, avec son Piano Concerto No. 1 in A minor, Vladigerov met en
scène une musique romantique qui se fait dramaturgie. En 1927, lors de la
création française de ce concerto, le critique Albert Doyen met l’accent sur
ce qui est l’essence du style de Vladigerov :
« The composer performed his own Concerto for Piano and Orchestra – an extreme,
fiery work, in which everything is in motion, full of energy and bursts of vitality. The work
sometimes lacked tasteful restraint ; however, we heard evidence of youth, health,
individuality, and a composer confident of his own talent. These are traits we observe too
rarely to let them pass unnoticed. »95
« Le compositeur a interprété son propre Concerto pour piano et orchestre — une
œuvre extrême, fébrile, dans laquelle tout est en mouvement, bouillonnante d’énergie et de
vitalité. Il manquait parfois à l’œuvre une retenue de bon goût ; toutefois nous avons
entendu l’évidence de la jeunesse, de la fougue, de l’individualisme, et un compositeur
confiant dans son propre talent. Ce sont des traits que nous observons trop rarement pour
qu’ils puissent passer inaperçus. »
95
Cité et traduit en langue anglaise par Boriana Buckles dans « The Significance of selected
piano compositions by Pancho Vladigerov, A Monograph » (2004), p. 17 ; retraduit en
français par nous.
96
Le critique musical Lorenzo Ciavarini Azzi écrit à propos du Violin Concerto No. 1 (1921)
de Vladigerov : « Quant aux parties lentes de l’œuvre, elles font voyager les auditeurs
jusqu’à Hollywood, rappelant les mélodies nostalgiques des films de Charlie Chaplin » [en
ligne,
http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/musique-classique/roussev-interprete-
vladigerov-et-sibelius-fire-and-ice-un-son-venu-de-l-est-227835, consulté le 7 juillet 2017].
Cette similitude anticipatrice avec ce qui deviendra le style hollywoodien de l’Age d’or se
retrouve chez Vladigerov tout aussi nettement dans les Three Impressions for orchestra (1920),
la Traumspiel Suite (1924) ou la Symphony No. 1 (1939).
42
La Concertante Piece (1926/6’) du slovaque Eugen Suchon (1908-1993)
occupe une place à part. On ne connaît pas la genèse de cette composition,
interprétée que très récemment97. Il n’est donc pas possible de savoir quelles
étaient les intentions de Suchon, âgé de dix-huit ans, lorsqu’il la composa.
Mais nous pouvons constater l’audace de l’écriture. Pas une note qui ne
prouve un sentiment d’urgence, une conception moderne de l’effet.
S’appuyant sur une écriture lisztienne, le jeune Suchon la court-circuite
systématiquement, comme si dans sa fougue il recyclait ce qu’il a appris de
ses maîtres et s’amusait à dérouter l’auditeur. Tant d’effets et de raccourcis
stylistiques, ainsi que la juxtaposition de highlights dans une œuvre de
seulement six minutes font de la Concertante Piece de Suchon l’ancêtre du
tabloid concerto et, par son extrême concision, anticipe celui, d’une durée
similaire, que Bronislaw Kaper (1902-1983/USA) écrira à partir du Piano
Concerto No. 1 de Franz Liszt (1811-1886/Hun) pour le film "Schumann’s Love
Song/Passion immortelle" (Clarence Brown, 1947)98.
En Ukraine, Viktor Kosenko (1896-1938) écrit en 1928 un Piano Concerto
in C minor où la filiation directe entre le style rachmaninovien et les Denham
Concertos est particulièrement évidente dans le premier mouvement (20’), le
seul composé par l’auteur – les deux autres mouvements ayant été
complétés/arrangés après sa mort99. Dans ce concerto, où l’on entend l’un
des idiotismes fameux de Rachmaninoff, le jeune Kosenko anticipe
fréquemment les Denham Concertos100.
En France, Cyrnos, symphonic poem for piano and orchestra (18’) de Henri
Tomasi (1901-1971/Fra), datant de 1929, a une écriture post-rachmaninovienne
qui est déjà celle des futurs Denham Concertos. Henri Tomasi, qui écrira
aussi de nombreuses musiques de films dès 1938, explique dans une note de
programme que « Cyrnos exprime les sentiments personnels de l’auteur qui
tressaille au souvenir de son pays [la Corse]… »101, mais, mis à part cette
97
Eugen Suchon, Concertante Piece (1926), création vers 2010 par Tomas Nemec et le Slovak
Radio Symphony Orchestra dirigé par Mario Kosik.
98
Nous n’avons pas recensé ce tabloid concerto de Bronislaw Kaper dans le "Premier
Répertoire" parce qu’il est basé sur une œuvre préexistante (cf. chapitre II, critère n°7 : un
mini piano concerto n’est pas un arrangement d’une œuvre du répertoire classique, d’un
thème de film, d’une chanson…)
99
Au premier mouvement (Allegro) du concerto de Kosenko, les compositeurs ukrainiens
Levko Revutsky (1889-1977) et Heorhiy (Georgiy) Maiboroda (1913-1992) ajoutèrent un
Andante con moto et un Allegro moderato sans lien avec le style d’un tabloid concerto.
100
En 1935 Viktor Kosenko (1896-1938) écrivit la musique du film "The Last Port" d’Arnold
Kordyum.
101
Notice de Cyrnos publiée aux Éditions Lemoine [en ligne,
https://www.henry-lemoine.com/fr/catalogue/fiche/22326R, consulté le 8 juin 2019]
43
spécificité, les sections principales de l’œuvre expriment un romantisme
lyrique et flamboyant qui est celui des Denham Concertos des années 40.
En Angleterre, c’est Arnold Bax (1883-1953) qui, avec sa pièce
concertante de 11 minutes Saga Fragment (1932), pose les bases de ce que
seront les tabloid concertos des décennies 1950 et 1960, alors même que les
partitions qu’il écrira dans les années 40 pour le cinéma resteront attachées
aux canons alors en vigueur. De même, en 1934, le premier mouvement (11’)
du Piano Concerto du compositeur autrichien d’opérettes Rudolf Kattnigg
(1895-1955), par la violence et la frénésie de son style, ouvre la voie au tabloid
concerto écrit en 1947 par Leith Stevens (1909-1970/USA) pour le film "Night
Song/La Chanson des ténèbres" du réalisateur John Cromwell (voir chap. IV,
paragraphe 2).
La compositrice tchèque Vitezslava Kapralova (1915-1940) anticipe
également les Denham Concertos dans le premier mouvement, Allegro
entusiastico, de son Piano Concerto in D minor (1935), un stand-alone
movement102 de 9 minutes.
Dans ces concertos pour piano que nous classons comme anticipateurs
des tabloid concertos, on peut remarquer qu’il est souvent question du
premier mouvement. C’est qu’en effet un tabloid concerto de "grande taille"
a presque toujours la forme et la structure d’un premier mouvement de
concerto dit classique. Pour des raisons de concision, il ne comporte pas ou
presque pas d’introduction orchestrale (le piano entre immédiatement d’une
manière que l’on peut qualifier de théâtrale) et ne garde de la cadence
qu’une section la plus réduite et la plus spectaculaire possible, c’est-à-dire le
plus souvent des montées et descentes en octave sans développement
thématique. Ainsi la durée d’un 1er mouvement d’un concerto "classique"
étant souvent comprise entre 12 et 15 minutes, le tabloid concerto "grande
taille", grâce à ces coupes, tourne autour de 9-12 minutes.
Constatons aussi que ces premiers mouvements se caractérisent tous
par un lyrisme spectaculaire qu’ont inauguré Grieg et Tchaikovsky. Citons
parmi les œuvres précédemment évoquées l’intitulé de leurs premiers
mouvements :
102
Article du Dr. David C. F. Wright sur Musicalics : « Her graduation work was her award-
winning Piano Concerto in D minor, Op 7, the first movement of which she conducted at the
Prague Conservatory with Ludvik Kundera as the soloist. This was at the Stadion Hall,
Brno on 17 June 1935 at the Brno Conservatory Graduation Concert. On 15 October 1936 it
was performed by Kundera with the composer conducting and broadcast on Brno radio. » «
Son œuvre de diplôme universitaire était son Concerto pour piano en ré mineur, op. 7, qui
gagna un prix, et dont elle dirigea le premier mouvement au Conservatoire de Prague avec
Ludvik Kundera au piano, durant le concert de fin d’année du Conservatoire de Brno au
Stadion Hall le 17 juin 1935. Le 15 octobre 1936 il a été réinterprété par Kundera avec la
compositrice à la direction et diffusé à la radio de Brno. » [En ligne,
http://musicalics.com/en/node/91026, consulté le 17 juillet 2017]
44
- Piotr Tchaikovsky (Piano Concerto No. 1 in B-flat minor, 1875) : Allegro
non troppo e molto maestoso
- Georgy Catoire (Piano Concerto in A-flat major, 1909) : Moderato, con
entusiasmo (1909)
- Sergei Bortkiewicz (Piano Concerto No. 2 in E-flat major, 1923) : Allegro
dramatico
- Kurt Atterberg (Piano Concerto in B-flat minor, 1929/36) : Molto
espansivo
- Vitezslava Kapralova (Piano Concerto in D minor, 1935) : Allegro
entusiastico.
103
La plus notable de ces exceptions cinématographiques résolument modernistes est le
Piano Concerto écrit par Ken Lauber (b. 1941/USA) pour le film "The World of Henry
Orient/Deux copines, un séducteur" (George Roy Hill, 1964). Voir chap. IV, paragraphe 3.
104
Critique de Rob Barnett sur MusicWeb-International [en ligne, http://www.musicweb-
international.com/classrev/2004/oct04/malling.htm, consulté le 22 juillet 2017]
45
rachmaninovien. L’ouverture de l’œuvre est du pur Warsaw Concerto ; les grandes envolées
romantiques sont à l’ordre du jour. »
Citons également :
105
Rappelons que des extraits du Quebec Concerto d’André Mathieu ont été utilisés dans le
film canadien "Whispering City" (Fedor Ozep, 1947) et que le Symphonic Entertainment a
tiré deux micro-concertos du mouvement lent : un de cinq minutes arrangé en 1943 par
André Kostelanetz (1901-1980/Rus/USA) et André Mathieu, et un de trois minutes arrangé
en 1949 par Charles Williams (1893-1978/GB), voir chap IV, paragraphe 2.
106
André Mathieu enregistra en 1948 un arrangement du deuxième mouvement de son
Piano Concerto No. 4 sous le titre de Nocturne for piano and orchestra (4’), voir chap IV,
paragraphe 2.
107
Le 1er mouvement du Piano Concerto in G minor (1948) de la britannique Ruth Gipps fut
joué en tant que stand-alone piece par Eileen Broster au piano, avec le BBC Northern
Symphony Orchestra sous la direction de la compositrice.
46
Tous les compositeurs de cette liste ont œuvré à la fois dans la
musique classique et dans la musique de divertissement. À propos du
concerto de Paul Creston, le critique Paul Hume, ardent défenseur du
modernisme, écrit dans le journal The Washington Post :
« It has all the allure of the Warsaw Concerto, and the rich orchestration of the
concertos of Rachmaninoff. [Earl] Wild handled its tricks and tough lines with perfect
technique an assurance. But it is not worth the time and effort put into it. »108
« Cette musique a toutes les caractéristiques du Warsaw Concerto, et la riche
orchestration des concertos de Rachmaninoff. [Earl] Wild a maîtrisé toutes les difficultés
de l’œuvre avec une technique et une assurance parfaites. Mais tout cela ne vaut pas le
temps et l’effort investis. »
108
Critique de Paul Hume dans le journal The Washington Post du 2 novembre 1950, p. 16.
Cité dans William Phemister, « The American Piano Concerto Compendium » (seconde
édition, 2018), p. 55.
109
Walter Simmons, « Voices in the Wilderness : Six American Neo-Romantic Composers »
(2004 ; rééd. 2006), p. 343.
47
- Spencer Norton (1909-1978/USA) : Partita for two pianos and orchestra
(1960) – notamment le 1er mouvement « Sinfonia » (5’), dans le style musical
d’un film noir
- Norman Dello Joio (1913-2008/USA) : Fantasy and Variations (1961) –
notamment la Fantasy (9’), dans le style d’un film noir110
- Vladimir Soukup (1930-2012/Cze) : Piano Concerto (1961) – notamment
er
le 1 mouvement « Allegro moderato – Vivace » (10’), dans le style d’un film
noir
- Ervin Litkei (1921-2000/Hun/USA) : Piano Concerto « Peace and
Remembrance » (1963) – notamment les 1er et 2ème mouvements : « Home, Peace
Before War » (4’) et « War and the Prison Camp » (19’)
- Vladimir Bunin (1908-1970/Rus) : Piano Concerto in F minor (1965) en
un mouvement (19’)
- John Ogdon (1937-1989/GB) : Piano Concerto No. 1 (1968) – notamment
er
le 1 mouvement « Energico » (15’), dans le style d’un film noir
- Janos Gyulai Gaal (1924-2009/Hun) : Trois à Paris (avant 1969) –
notamment le 1er mouvement « The Big City and the Loneliness » (7’), dans le
style gershwinien
- François Glorieux (b. 1932/Bel) : Manhattan for piano and Large
orchestra (1974) – notamment les 1er et 2ème mouvements : « First Impressions
of Manhattan » (6’) et « Broadway » (4’), dans le style gershwinien
- Alexander Yossifov (1940-2016/Bul) : Piano Concerto No. 2 (1976) –
notamment le 3ème mouvement « Allegretto » (6’)
- Allan Stephenson (b. 1949/GB) : Piano Concerto (1977) – notamment le
er
1 mouvement « Furioso – Allegro risoluto » (13’)
- Istvan Sarkozy (1920-2002/Hun) : Confessioni (1979) – notamment le
dernier mouvement « Allegro » (10’), dans le style d’un film d’action
- Janusz Sent (b. 1936/Pol) : Piano Concerto No. 1 in E-flat major (1979) –
notamment le 1er mouvement « Andante ma non troppo » (9’)
- Janusz Sent (b. 1936/Pol) : Manhattan Fantasy for piano and orchestra
(c. 1980 ?) – notamment le 1er mouvement « From Brooklyn Heights : Allegro
ma non troppo e maestoso » (9’), dans le style gershwinien
- Bechara El-Khoury (b. 1957/Lib/Fra) : Piano Concerto (1984) –
notamment le 1er mouvement « Drammatico » (11’)
- Laszlo Dubrovay (b. 1943/Hun) : Piano Concerto No. 2 « Concerto
romantico » (1984) – notamment le 1er mouvement « Allegro con fuoco » (11’),
dans le style d’un film noir
110
Norman Dello Joio, compositeur classique ayant travaillé pour le cinéma et la télévision,
est aussi l’auteur d’un simili tabloid concerto que nous avons recensé dans le
"Répertoire" : A Ballad of the Seven Lively Arts (1957/10’).
48
- André Waignein (1942-2015/Bel) : Three Movements for piano and concert
band (1988) – notamment le 1er mouvement « Journey through Romanticism »
(14’)
- Crawford Gates (b. 1921/USA) : Pentameron : Reflections on the Trek
(Piano Concerto No. 2) (1991) – notamment la dernière section « Iowa 1846 – But
In Our Hearts » (11’)
- Stanko Sepic (b. 1941/Ser) : Piano Concerto (c. 1995) – notamment le 1er
mouvement « Allegro moderato » (7’)
- Vladimir Belyayev (b. 1948/Rus) : Piano Concerto No. 2 based on Grieg’s
sketches for a Concerto in B minor (1997) en un mouvement (15’)111
- Miroslav Skoryk (b. 1938/Ukr) : Piano Concerto No. 3 (1997) –
notamment le 1er mouvement « Prayer » (12’)
- Alain Payette (b. 1953/Que) : Concerto pour piano et orchestre (2000) –
notamment le 1er mouvement « Modéré – Passionné » (12’)
- Edward Hart (b. 1965/USA) : A Tidal Concerto for piano and orchestra
(2002) – notamment le 3ème mouvement « Flood » (7’)
- Richard Bissill (b. 1960/GB) : Rhapsody for piano and orchestra
(2003/16’) – écrite comme un hommage aux Denham Concertos. L’auteur
dans ses notes de programme précise « My Rhapsody… is romantic and
dramatic in style and very much in the same mould as these two film pieces
[the Warsaw Concerto and The Dream of Olwen]. »112 « Ma Rhapsodie… est d’un
style romantique et dramatique, tout à fait dans l’esprit de ces deux pièces
écrites pour des films [le Warsaw Concerto et The Dream of Olwen]. »
- Heather Schmidt (b. 1975/Can) : Piano Concerto No. 4 « Phoenix
Ascending » (2005) – notamment le 1er mouvement « Soaring » (9’), dans le style
d’un film noir
- Sergei Firsanov (b. 1982/Rus/Bra) : Rapsodia (before 2005) –
notamment la 1ère section (6’), dans le style gershwinien
- Anna Kuzina (b. 1984/Ukr) : Piano Concerto (2006) en un mouvement
(26’)
- Mona A. Ahdab (b. 1966/Lib/Fra) : Piano Concerto No. 1 « Renaître »
(2011) – notamment le 1er mouvement « Allegro » (12’)
- Lucas Richman (b. 1964/USA) : Piano Concerto « In Truth » (2013) –
notamment le 1er mouvement « To One’s Self » (9’).
111
À propos du concerto de Vladimir Belyayev, voir plus en détail au début de ce chapitre.
112
Article de Marc Bridle, sur le site MusicWeb-International [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/SandH/2003/May03/film95.htm, consulté le 15
janvier 2018]
49
simple : durant la seconde moitié du XXe siècle, les sociétés industrielles se
sont éloignées toujours plus de l’esprit romantique, éloignement qui se
constate dans tous les domaines artistiques.
50
CHAPITRE IV
113
Michel Chion, « La Musique au cinéma » (1995), p. 104.
114
Rodney Greenberg, « George Gershwin » (2008), p. 69.
115
A côté de ses œuvres classiques, George Antheil (1900-1959/USA) écrira la musique d’une
soixantaine de films de l’Age d’or d’Hollywood.
51
inaugure en 1925 le genre du mini piano concerto car, malgré son titre tardif,
il s’agit bien d’une « sort of piano concerto with jazz orchestra »116 « sorte de
concerto pour piano avec orchestre jazz ». Le chef d’orchestre Paul
Whiteman étant devenu célèbre grâce à ses concerts populaires, c’est à lui
qu’Antheil adresse sa Jazz Symphony. Mais elle ne figurera dans aucun des
concerts organisés par Whiteman et, finalement, la création se fera avec
l’orchestre de W.C. Handy, le 10 avril 1927, au Carnegie Hall117.
Une nouvelle fois orchestrée en 1926 par Ferde Grofé, "rewriter"
habituel des Concerts Paul Whiteman, la Rhapsody in Blue, dans sa version de
13 minutes, connaît un succès tel qu’elle propulse Gershwin jusqu’aux
studios d’Hollywood. C’est Hugo Friedhofer (1901-1981/USA), orchestrateur
attitré des studios de la Fox, qui arrange la seconde rhapsodie de Gershwin,
la Rhapsody in Rivets/Manhattan Rhapsody, en une version de neuf minutes
pour la comédie sentimentale "Delicious" (1931) du réalisateur David Butler.
C’est donc George Gershwin qui, en 1931, est le premier à écrire un tabloid
concerto. Il est d’ailleurs significatif de constater que durant toute la
séquence où l’on écoute la Rhapsody in Rivets/Manhattan Rhapsody, le film se
"tait" pour laisser "parler" la musique de Gershwin. A la différence d’une
bande originale qui doit se soumettre à l’image, un tabloid concerto doit par
sa valeur artistique propre rehausser le prestige d’un film. S’instaure donc
dès 1931 cette allégeance du film au tabloid concerto, allégeance qui est et
restera la base des bons rapports qu’entretiendront ces deux formes d’art118.
Hors cinéma, Gershwin fera connaître pour le concert sa Rhapsody in
Rivets/Manhattan Rhapsody sous son titre définitif de Second Rhapsody, d’une
durée de quatorze minutes.
Bien qu’il soit la troisième œuvre recensée dans notre "Répertoire
chronologique (et détaillé) des mini piano concertos" (voir chap. VI), le
Divertimento (1926/7’) d’Edward Burlingame Hill (1872-1960/USA) possède
déjà dans sa structure et son écriture les deux caractéristiques principales
des mini piano concertos des années 40 et ultérieures : une densité et une
recherche des effets de rupture et de dramatisation. Ne suivant pas la voie
ouverte par Gershwin et n’empruntant que très peu au jazz, Edward
Burlingame Hill, dont la formation est classique, cherche une voie nouvelle
qui n’est pas comprise par le critique musical du New York Herald Tribune
116
James M. Keller, "Antheil : A Jazz Symphony" [en ligne,
https://www.sfsymphony.org/Watch-Listen-Learn/Read-Program-Notes/Program-
Notes/Antheil-A-Jazz-Symphony.aspx, consulté le 20 septembre 2017]
117
Ibid. En 1955 George Antheil raccourcit sa Jazz Symphony et la réorchestre dans un style
plus hollywoodien.
118
Cette soumission du film au tabloid concerto sera encore plus nette dans les années 40
dans le cas des Denham Concertos britanniques (voir le chapitre V).
52
Lawrence Gilman qui, à l’occasion de la création du Divertimento, écrit à
propos de Hill :
« He has again amused himself by flirting with Jazzarella… He is admirably
detached, and a bit amused... we wish, indeed, that he had been a trifle less casual ; for his
piece would bear extension and development. We wanted to hear more of it. »119
« Il s’est de nouveau amusé en flirtant avec le Jazzarella… Il est admirablement
détaché, et un peu amusé… nous aurions souhaité, toutefois, qu’il soit un peu moins
désinvolte ; car sa pièce supporterait une extension et un développement. Nous aurions
voulu en écouter plus. »
Exprimer le plus dans un minimum de temps et enchaîner les
"highlights" (meilleurs moments) avec une désinvolture calculée est l’effet
recherché par tout auteur d’un mini piano concerto. Ce qui est remarquable,
c’est qu’Edward Burlingame Hill ait voulu cela dès 1926. Bien évidemment
cette concision n’est pas due à un manque de matière musicale, mais, au
contraire, elle démontre une volonté de vouloir surprendre, de forcer en
quelque sorte les auditeurs à se dire « Nous aurions voulu en écouter
plus »120.
D’autres compositeurs s’essaient à des œuvres dont la concision et le
"popular style" (style populaire) sont des atouts majeurs. Parmi eux, les afro-
américains James Price Johnson (1894-1955) : Yamekraw, a Negro Rhapsody
(1927/15’) et William Grant Still (1895-1978) : Kaintuk’, tone poem (1935/11’). Still
devient orchestrateur et arrangeur121 à Hollywood à l’époque où Gershwin y
travaille.
Durant les années 30 le brésilien Francisco Mignone (1897-1986), qui
mène en parallèle une carrière de compositeur classique et de musicien de
film, écrit ses quatre Brazilian Fantasies (Fantasias Brasileiras) : n°1 (1929/10’),
n°2 (1931/9’), n°3 (1934/11’), n°4 (1936/13’), toutes créées par le célèbre pianiste
Joao Souza Lima. Ces pièces relèvent de notre registre en raison de leur
caractère populaire affirmé, leur écriture syncopée et leur forme
séquentielle. D’ailleurs la n°4 a été choisie pour un ballet de George
Balanchine122 représenté à Santiago du Chili le 27 août 1941.
Des neuf minutes de la Rhapsody in Rivets/Manhattan Rhapsody (1931) de
Gershwin aux neuf minutes du Warsaw Concerto (1941) du britannique
119
Lawrence Gilman, dans l’article « The American Orchestral Society Makes Music at
Aeolian Hall », New York Herald Tribune, 29 March 1927.
120
Ibid.
121
William Grant Still fut notamment l’orchestrateur de Dimitri Tiomkin (1899-1979/USA)
pour "Lost Horizon/Les Horizons perdus" (Frank Capra, 1937).
122
Cf. le site The George Balanchine Foundation [en ligne,
http://www.balanchine.org/balanchine/display_result.jsp?num=200, consulté le 14 janvier
2018]
53
Richard Addinsell (1904-1977/GB), les grandes caractéristiques du tabloid
concerto resteront les mêmes : mélodique, dramatique, séquentiel et court.
Il s’en est manqué de peu que le premier tabloid concerto ne soit écrit
par Alfred Newman (1901-1970/USA), alors compositeur à la Samuel Goldwin
Company. En 1931, Newman compose pour le film "Street Scene/Scène de la
rue", du réalisateur King Vidor, une pièce de concert de 6 minutes qui
deviendra un standard de la musique jazz symphonique d’Hollywood123.
Street Scene, que l’on écoute intégralement au début du film, est un tabloid
concerto… mais pour orchestre seul124. Pour l’historien du cinéma Laurence
E. MacDonald :
« With its clever combination of jazzy and sentimental styles, the music of Street
Scene is uncomfortably close to George Gershwin’s Rhapsody in Blue, which was composed
seven years earlier, especially in its bluesy main theme. »125
« Avec sa combinaison astucieuse de styles jazzy et sentimentaux, la musique de
Street Scene est vraiment très proche de la Rhapsody in Blue de George Gershwin qui a été
composée sept ans plus tôt, surtout dans son thème principal "bluesy". »
123
Street Scene peut s’écouter dans au moins quatre films ultérieurs, dont le fameux "How to
Marry a Millionaire/Comment épouser un millionnaire" (Jean Negulesco, 1953) où l’on voit
Alfred Newman diriger son œuvre durant l’ouverture du film.
124
Domenico Savino (1882-1973/USA) en fit la réduction pour piano ; Charles Gerhardt
(1927-1999/USA) en donna, avec le National Philharmonic Orchestra, une excellente version
orchestrale dans sa collection "The Classic Film Scores of…".
125
Laurence E. MacDonald, « The Invisible Art of Film Music : A Comprehensive History »
(1998), p. 29.
126
Il est habituel de séparer musique diégétique que les personnages entendent eux-mêmes
(chansons, musique de spectacles auxquels ils assistent, etc.) de la musique non diégétique
qui accompagne leurs actions, autrement dit la musique écrite spécialement pour un film.
54
Dès les années 30 on trouve intégrées dans plusieurs scénarios des
pièces censées être diégétiques et présentées comme des œuvres
"classiques", que l’on écoute intégralement dans le film. Ainsi, en 1936, dans
le film suédois "Intermezzo" de Gustaf Molander, la pièce pour violon et
piano Souvenir de Vienne, de l’autrichien Heinz Provost (1890-1959), devient si
célèbre que le réalisateur hollywoodien Gregory Ratoff en fait un remake en
1939, dans lequel cette pièce est rebaptisée Intermezzo. Dès lors, on ne
compte plus les arrangements de cet Intermezzo qui attise l’amour d’un
violoniste (incarné dans le remake par Leslie Howard) et d’une pianiste
accompagnatrice (Ingrid Bergman).
Nous avons vu au chapitre III que c’est Sergei Rachmaninoff (1873-
1943/Rus) qui donna son statut et sa popularité au sous-genre du micro-
concerto, grâce à la Variation n°18 (Andante cantabile) de sa Rhapsody on a
Theme of Paganini (1934). Reprise en boucle par les radios américaines, cette
variation, en tant que stand-alone piece d’une durée de trois minutes, a sans
aucun doute permis au compositeur exilé d’être définitivement adoubé par
les Américains, et d’abord par ceux d’Hollywood127.
Entre d’un côté le jazz symphonique de style gershwinien et, de l’autre,
le cinéma qui fait la navette entre Hollywood et Broadway, le mini piano
concerto devient peu à peu un nouveau genre musical à part entière, même
s’il ne parviendra jamais à s’imposer en tant que tel, d’abord concurrencé par
le jazz et la chanson puis, dans les années 50, par la "pop music".
Les années 30 multiplient les créations d’œuvres de jazz symphonique.
Pour le seul concert au Carnegie Hall du 4 novembre 1932, dirigé par Paul
Whiteman (1890-1967/USA), sont joués128 :
- Concerto in Three Rhythms pour piano et orchestre (1932) de Dana Suesse
(1909-1987/USA), orchestré par Ferde Grofé (1892-1972/USA), en première mondiale
- un arrangement fox trot réalisé par Carroll Huxley (1903-1999/USA) du Bolero
(1928) de Maurice Ravel (1878-1937/Fra)
- Second Rhapsody pour piano et orchestre (1931) de George Gershwin (1898-
1937/USA)
- Caprice viennois (1910) et Tambourin chinois (1910) de Fritz Kreisler (1875-
1962/Aut)
- I Got Rhythm (1930) de George Gershwin, arrangé par Fud Livingston (1906-
1957/USA)
- Grand Canyon Suite (1931) de Ferde Grofé, en première mondiale
127
La variation n°18 servit de Main Theme au film "The Story of Three Loves/Histoire de
trois amours" (Vincente Minelli, 1953). Elle fut éditée en Light Music sous le titre Theme
from The Story of Three Loves. Elle fut par ailleurs utilisée dans plusieurs autres films,
notamment "Somewhere in Time/Quelque part dans le temps" (Jeannot Swarc, 1980).
128
Cf. Dana Suesse, « Jazz Nocturne » Introduced and Edited by Peter Mintun (2013), p. 10.
55
- American Concerto/Jazz Fantasy pour violon et orchestre (1931) de Michel
Gusikoff (1893-1973/USA) et Benjamin Machan (1894-1966/USA)
- An American in Paris (1928) de George Gershwin, arrangé par Carroll Huxley.
129
Cité dans : James M. Keller, « Antheil : A Jazz Symphony » [en ligne,
https://www.sfsymphony.org/Watch-Listen-Learn/Read-Program-Notes/Program-
Notes/Antheil-A-Jazz-Symphony.aspx, consulté le 20 septembre 2017]
130
Le Piano Concerto de Frank Denke est de style gershwinien avec accompagnement
d’orchestre jazz.
131
Il s’agit bien du célèbre pianiste classique américain Earl Wild, qui a aussi travaillé pour
le cinéma et l’Entertainment. Il enregistra notamment sous la direction de Charles
Gerhardt le tabloid Spellbound Concerto (1945) de Miklos Rozsa (1907-1995/Hun/USA).
Adventure a été créée à la radio NBC en 1939 ; Wild jouait à la fois le rôle de soliste et de
chef d’orchestre.
132
Tony Thomas, « Film Score », Riverwood Press (1992), pp. 47-55.
56
mouvement est similaire à un tabloid concerto, le critique musical R. James
Tobin écrit :
« It sounds like an old film soundtrack, in fact, and much of the music itself has a
Hollywood sound to it. As it happens, Gold, who also studied with [George] Antheil, wrote
the scores for several major films, including "Exodus", "On the Beach", "Judgment at
Nuremburg" and "Ship of Fools". Bright, lively and upbeat, dramatically full-blown rather
than subtle, but with some mellow and lyrical writing, sometimes jazzy, Gold’s concerto
sometimes reminds me of Gershwin. »133
« Pour tout dire, cela sonne comme la bande sonore d’un vieux film, et l’essence
même de cette musique est hollywoodienne. De fait, Gold, qui a également étudié avec
[George] Antheil, allait écrire les bandes originales de plusieurs films importants tels que
"Exodus", "On the Beach", "Judgment at Nuremburg" et "Ship of Fools". Brillant,
énergique et plein d’entrain, dramatiquement épanoui plutôt que délicat, avec quelques
passages suaves et lyriques, parfois jazzy, le concerto de Gold me rappelle par endroits le
style de Gershwin. »
133
Critique de R. James Tobin sur ClassicalNet [en ligne,
http://www.classical.net/music/recs/reviews/p/pie00010a.php, consulté le 8 décembre 2018]
134
Robert Everett-Green, « The Pianist and the Pop Star », publié le 3 mai 2003 et mis en
ligne le 18 avril 2018 sur le site The Globe and Mail [en ligne,
https://www.theglobeandmail.com/arts/the-pianist-and-the-pop-star/article1014514/, consulté
le 1er décembre 2018]
57
Szpilman continua d’écrire son Concertino alors que les Allemands contrôlaient la ville et
commençaient les répressions qui finirent par anéantir presque intégralement le demi-
million de Juifs qui y vivait, y compris la mère de Szpilman, son père et ses trois frères et
sœurs. Vous pouvez imaginer comment sa peur et son appréhension se sont exprimées
dans la musique qu’il écrivait dans l’appartement familial. Vous pouvez l’imaginer – mais
vous ne l’entendrez nulle part dans cette musique. Le Concertino, qui, tout comme
Szpilman (décédé en 2000 à l’âge de 88 ans), a survécu à la guerre, est un souvenir de
l’époque du jazz symphonique. Ses notes "bleues", ses rythmes de ragtime et son
orchestration suave évoquent le genre de musique que George Gershwin aurait pu écrire
si, comme Szpilman, il avait étudié avec un compositeur allemand de haut niveau, comme
Franz Schreker. »
135
Isidor Achron, pianiste accompagnateur du célèbre violoniste Jascha Heifeitz (1901-
1987/Lit), était le frère cadet de Joseph Achron (1886-1943/Rus), lui aussi compositeur,
émigré aux USA en 1923.
136
Sur le site de Walter Simmons [en ligne,
http://www.walter-simmons.com/articles/353.htm, consulté le 13 septembre 2017]
137
Critique sur MusicWeb-International [en ligne,
http://www.musicwebinternational.com/classrev/2006/May06/Achron_Concerto_KL5134.ht
m, consulté le 2 octobre 2017]
58
quatre concurrents directs, plus proches qu’eux des véritables enthousiasmes
du grand public : la chanson, la pop music, le rock et la musique de film.
Mais parmi ces nombreux mini piano concertos, il en est un qui va
retenir l’attention durablement : le Warsaw Concerto.
138
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), p. 6. Aussi Jan G. Swynnoe, « The Best Years of British Film Music : 1936–
1958 » (2002), p. XVII.
139
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), p. 75
140
Michael Balcon, « Michael Balcon presents… A Lifetime of Films » (1969), p. 34.
59
il n’était pas question pour ce film d’écrire une œuvre concertante jazz à la
façon de Gershwin. Lorsqu’on évoque l’héroïsme des aviateurs anglais et
celui de la résistance polonaise, il faut une musique qui puisse rappeler à la
fois Rachmaninoff et… Hollywood. Addinsell releva le défi. L’universitaire
anglais Mervyn Cook écrit :
« In 1941, Richard Addinsell composed his Warsaw Concerto for the British film
Dangerous Moonlight (US title Suicide Squadron ; dir. Brian Desmond Hurst), its romantic
plot concerning an amnesiac Polish pilot serving in the Royal Air Force during the battle
of Britain. The Warsaw had been commissioned partly so that the film’s audiences would
not be distracted by the associations which using a well-known pre-existing classical piece
might have elicited – a common concern amongst many observers of the plundering of the
classics in the silent era – though it had originally been planned to use a piano concerto by
Rachmaninoff for which the reproduction rights could not be obtained. The Warsaw
Concerto proved to be hugely popular on both sides ot the Atlantic in live performances,
broadcasts and on record, the interpretation of the work featured in the film (performed by
Louis Kentner and the London Symphony Orchestra) have been issued as one of the
earliest examples of a soundtrack recording. Addinsell was a versatile composer, who went
on to compose a flamboyant witty and impressionistic score for David Lean’s Blithe Spirit
(1945), but it was the romantic pastiche of this first example of what soon became dismissed
as "tabloid concertos" that proved to be his most influential achievement. »141
« En 1941, Richard Addinsell a composé son Warsaw Concerto pour le film britannique
Dangerous Moonlight (titre américain Suicide Squadron ; dir. Brian Desmond Hurst), son
intrigue romantique concernant un pilote polonais amnésique servant dans la Royal Air
Force durant la bataille d’Angleterre. Le Warsaw a été commandé en partie pour que le
public du film ne soit pas gêné par les associations que pourrait avoir produites le fait
d’utiliser une pièce de musique classique pré-existante bien connue – un souci fréquent
parmi les nombreuses personnes qui ont constaté le pillage des classiques à l’époque des
films muets – bien qu’il soit originellement prévu d’utiliser un concerto pour piano de
Rachmaninoff pour lequel les droits de reproductions n’ont pas pu être obtenus. Le
Warsaw Concerto s’est révélé être extrêmement populaire des deux côtés de l’Atlantique à la
fois dans des interprétations en concert, dans des radio-diffusions et sur des
enregistrements commerciaux, l’interprétation de l’œuvre dans le film (joué par Louis
Kentner et le London Symphony Orchestra) ayant été l’un des tous premiers
enregistrements commerciaux d’une bande originale. Addinsell était un compositeur
polyvalent, qui allait composer bientôt une partition flamboyante, gracieuse et
impressionniste pour Blithe Spirit (1945) de David Lean, mais c’est ce pastiche romantique,
premier exemple de ce qui sera rapidement rabaissé comme des "tabloid concertos", qui
s’est révélé être sa réussite la plus remarquable et imitée. »
60
et le London Symphony Orchestra sous la direction du chef d’orchestre
Muir Mathieson142, il s’en vendit en quelques mois plus de trois millions
d’exemplaires143. Un triomphe commercial qui motiva l’industrie du disque à
promouvoir ce genre musical nouveau qui semblait plaire à un public
particulièrement hétérogène. Et cela incita l’industrie du cinéma à donner au
tabloid concerto une place de choix dans plusieurs de ses productions.
La prompte réplique d’Hollywood fut le film "Phantom of the Opera"
(Arthur Lubin, 1943) pour lequel le compositeur Edward Ward (1900-
1971/USA) fait entendre des extraits d’un concerto pour piano, qu’il arrangera
en un tabloid concerto de six minutes : Lullaby of the Bells. En 1944 le cinéma
anglais offre à Hubert Bath (1883-1945) l’opportunité de composer ce qui sera
le deuxième plus célèbre Denham Concerto : Cornish Rhapsody (7’) pour le
film "Love Story"144 du réalisateur Leslie Arliss. Quand, à la fin du film,
l’héroïne-pianist, incarnée par Margaret Lockwood, interprète intégralement
l’œuvre en concert, l’émotion du public provoquée par la musique (de
Hubert Bath) est à son comble, comme cela avait été le cas avec le Warsaw
Concerto, trois ans plus tôt. Ces courtes œuvres concertantes bénéficiant de
l’intérêt grandissant du public, Clive Richardson, célèbre auteur de Light
Music, propose une London Fantasia (1944/9’) qu’il sous-titre « A Musical
Picture of the Battle of Britain ». Ecrite en dehors du cinéma, cette œuvre est
historiquement le premier para Denham Concerto145. Pour le musicologue
David Ades, un des contributeurs au Grove Dictionary :
« Clive Richardson (1909-1998) was part of ‘Four Hands in Harmony’ (with Tony
Lowry), but that was just a small interlude in a long and successful career. He accompanied
several artists on the piano, and was an early contributor of scores to British films
(especially some of the Will Hay comedies, although he wasn’t credited on-screen). London
Fantasia was a big success in the 1940s, when mini-piano concertos were all the rage
(thanks to the ecstatic reception given to Richard Addinsell’s Warsaw Concerto in the 1941
film "Dangerous Moonlight") »146.
« Clive Richardson (1909-1998) était un des deux ‘Four Hands in Harmony’ (avec
Tony Lowry), mais ce fut juste une parenthèse dans sa longue et brillante carrière. Il
accompagna plusieurs solistes en tant que pianiste, et fut un des premiers compositeurs de
musique de films britanniques (spécialement ceux des comédies Will Hay, quoi qu’il n’ait
pas toujours été crédité à l’écran). Sa London Fantasia fut un grand succès dans les années
142
L’enregistrement originel du Warsaw Concerto, d’une durée de huit minutes, eut lieu à
Londres, aux studios Columbia, le 19 novembre 1941.
143
Propos de Roy Douglas, orchestrateur du Warsaw Concerto, cité dans Jan G. Swynnoe
« The Best Years of British Film Music : 1936–1958 » (2002), p. 216.
144
Le film "Love Story" porte aux USA le titre "A Lady Surrenders".
145
Nous verrons cela en détail dans le chap. V, paragraphe 1 : Les Denham Concertos : le
must des tabloid concertos.
146
Notice de David Ades dans Guild Booklet [en ligne,
https://www.chandos.net/chanimages/Booklets/GL5195.pdf, consulté le 2 novembre 2017]
61
40 quand les mini piano concertos étaient à la mode (après l’accueil enthousiaste fait au
Warsaw Concerto de Richard Addinsell dans le film "Dangerous Moonlight" de 1941). »
147
Notice de David Ades sur le site de la « Robert Farnon Society » [en ligne,
http://www.robertfarnonsociety.org.uk/index.php/legends/clive-richardson, consulté le 3
novembre 2017]
148
Notice de David Ades pour le CD NAXOS 8.223443 [en ligne,
http://www.naxos.com/mainsite/blurbs_reviews.asp?item_code=8.223443&catNum=223443&f
iletype=About%20this%20Recording&language=English#, consulté le 5 novembre 2017]
149
Page consacrée au Concerto incognito sur le site Musicalics [en ligne,
https://musicalics.com/en/node/454121, consulté le 13 mars 2018]
150
Page consacrée aux enregistrements du pianiste Philip Martin, sur le site du OhioLINK
Music Center [en ligne,
https://music.ohiolink.edu/browse?type=artist&value=Martin,+Philip, consulté le 13 mars
2018]
62
indiquent comme date de composition : "1940". Constatons aussi qu’après
1941 (date du Warsaw Concerto) nombre de compositeurs de Light Music font
des mini piano concertos, mais ils prennent tous pour référence le Warsaw
Concerto. Or le Concerto incognito semble ne rien lui devoir, d’abord par sa
taille de quatre minutes (qui serait très courte pour un para Denham
Concerto, mais qui est une taille maximale en matière de Light Music),
ensuite par son style qui n’est pas à proprement parler hollywoodien.
Citons parmi les auteurs de para Denham Concertos :
Des œuvres citées ci-dessus, celle qui eut le plus de succès est le El
Alamein Concerto d’Albert Arlen. Le critique musical Philip L. Scrowcroft
écrit :
« Albert Arlen, born in 1905, achieved transient fame with his Alamein Concerto (1945),
one of many film-inspired "concertos" (usually singly movement Rachmaninoff-like
rhapsodies which followed up the astonishing success of Addinsell’s still-popular Warsaw
Concerto). »155
« Albert Arlen, né en 1905, a gagné une renommée éphémère avec son Alamein
Concerto (1945), l’un des nombreux "concertos" de style cinématographique (généralement
des rhapsodies rachmaninoviennes d’un seul tenant qui ont suivi l’étonnant succès du
toujours populaire Warsaw Concerto d’Addinsell). »
La date 1945 indiquée par Philip L. Scowcroft est erronée. Elle est due
au fait que ce concerto a été diffusé à la BBC le 13 mars 1945 par la pianiste
Peggy Cochrane avec Jack Payne et son orchestre. Toutefois, la création du
151
Pour être tout à fait précis, le Hollywood Concerto (1944/10’) d’Alexander Laszlo est une
synthèse du style romantique des Denham Concertos et du style jazz Broadway. Pour le
musicologue Maurice Hinson : « Jazz influence, many added-note chords associated with
popular music. » « Influencé par le jazz, de nombreux accords avec notes ajoutées combinés
avec un style de musique populaire. » in « Music for Piano and Orchestra : An Annotated
Guide » Enlarged Edition (1993), p. 163.
152
Après le Norman Concerto, l’américaine d’origine polonaise Esther Allan (1914-1985)
composa plusieurs autres mini piano concertos, dont les dates nous sont inconnues :
Meditation (7’), Ocean Rhapsody (6’) et Romantic Concerto (9’).
153
Le Concerto melodioso (1949) de Willy Mattes est aussi connu sous le titre Vienna Concerto.
154
Le polonais Henryk Warszawski est devenu sous le nom d’Henry Vars compositeur de
films à Hollywood. 1948 est parfois indiqué comme date de composition de ce concerto.
155
Article de Philip L. Scowcroft sur le site MusicWeb International [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/garlands/238.htm, consulté le 4 septembre 2017]
63
concerto a eu lieu au Caire en 1944 avec Phil Finch au piano et Hugo Rignold
à la direction156. En 1945 le El Alamein Concerto connut les honneurs d’une
édition « Theme from… »157. La genèse de cette œuvre mérite d’être racontée
car elle montre le lien qui a toujours uni ce genre musical nouveau et le
cinéma. Arlen, qui était officier dans la Royal Air Force en 1942, fut blessé…
« While he was recuperating in a Cairo hospital from a beating sustained in Tripoli,
he conceived the idea of composing a piano concerto to celebrate the Allied victory at El
Alamein. »158
« Alors qu’il récupérait ses forces à l’hôpital du Caire après avoir reçu une blessure à
Tripoli, il conçut l’idée de composer un concerto pour piano qui célèbrerait la victoire des
Alliés à El Alamein. »
156
Cf. « Arlen, Albert (1905-1993) », article de James Keohne, Australian Dictionary of
Biography [en ligne,
http://adb.anu.edu.au/biography/arlen-albert-22073, consulté le 12 septembre 2017]
157
Voir dans ce paragraphe, ci-dessous.
158
Cf. « Arlen, Albert (1905-1993) », article de James Keohne, Australian Dictionary of
Biography.
159
Chronique de Philip L. Scowcroft sur le site MusicWeb-International [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/garlands/13.htm, consulté le 4 septembre 2017]
64
« This is the first "jazz piano concerto", at least as the composer envisioned it. It is
one of Ellington’s least-known long-form pieces, and the only one that is notated from
start to finish, with no improvised contributions from members of his band, although the
composer, as piano soloist, felt free to embellish at will. Despite Ellington’s intentions, this
is a rhapsody – an elaboration on a series of themes – not exactly in Gershwin’s wake, but
at least in some ways a nod to his work. »160
« C’est le premier "jazz piano concerto", du moins tel que le compositeur le voyait.
C’est l’une des pièces longues d’Ellington les moins connues, et c’est la seule qui est écrite
du début à la fin, sans contributions improvisées de membres de sa formation, bien que le
compositeur, en tant que pianiste soliste, se soit senti libre de l’embellir à volonté. Malgré
les intentions d’Ellington, c’est une rhapsodie – une construction sur une série de thèmes
– pas exactement dans le style de Gershwin, mais du moins en quelque sorte un clin d’œil
à son œuvre. »
160
Steve Elman, « Chronology of Jazz-Influenced Piano Concertos and Related Works,
compiled by Steve Elman » (2005), p. 13.
161
La formule est utilisée couramment, cf. Olga Perez Flora, « Ernesto Lecuona : His Life
and His Songs » (2013), p. 5. Aussi dans José Gil & Rafael A. Lecuona, « Ernesto Lecuona :
the Genius and his Music » (2004), p. 57.
162
Commentaire sur le journal Newsweek du 18 octobre 1943, cité dans Gloria Castiel
Jacobson, « The Life and Music of Ernesto Lecuona » (1982), p. 117.
163
Cf. Dan Dietz, « The Complete Book of 1940s Broadway Musicals » (2015), pp. 228-229.
65
appassionato, dans lequel il introduit une certaine modernité dans l’écriture
romantique alors en vigueur à Hollywood. Pour le spécialiste de la musique
de film américaine Tony Thomas, "Hangover Square" :
« […] is especially interesting on the musical level because the composer is in the
process of writing a piano concerto… one of the most interesting virtuoso pieces ever
written for a film. Dark and dazzling, it was too cerebral a work to become widely
popular. »164
« […] est particulièrement intéressant du point de vue musical car le compositeur est
dans le processus d’écrire un concerto pour piano… l’une des plus intéressantes pièces
virtuoses jamais écrites pour un film. Sombre et étincelante, c’était une œuvre trop
cérébrale pour pouvoir devenir très populaire. »
164
Tony Thomas, « Music for the Movies » (1973, 1ère éd.), p. 144.
165
Steven C. Smith, « A Heart at Fire’s Center : The Life and Music of Bernard Herrmann »
(1991, rééd. 2002), p. 117.
166
Vincent Haegele, « Bernard Herrmann, un génie de la musique de film » (2016), p. 187.
66
Philip Lane indique167 que l’arrangement du Spellbound Concerto a été réalisé
par Eugene Zador (1894-1977/Hun/USA), l’orchestrateur attitré de Rozsa.
Toutefois, lorsqu’on vérifie sur la partition originale du concerto que Miklos
Rozsa dédia à son interprète Leonard Pennario, il n’y a pas mention d’une
orchestration faite par quelqu’un d’autre168. Un rédacteur du American
Record Guide de 1998 constate comme nous :
« The former includes expert notes by Philip Lane […] — but I question Lane’s
attribution of the Spellbound [Concerto] arrangement to Eugene Zador, a claim I have seen
nowhere else. »169
« [Le CD] inclut des notes expertes de Philip Lane […] – mais je doute de l’attribution
que fait Lane de l’arrangement de Spellbound [Concerto] à Eugene Zador, une affirmation
que je n’ai vue nulle part ailleurs. »
167
Philip Lane, Notes de programme du CD : « Warsaw Concerto and Other Piano
Concertos from the Movies » (Naxos 8.554323, 1998), p. 1.
168
Cf. le site de la fondation Leonard Pennario [en ligne,
http://www.pennario.org/Pages/Posters/Rozsa-Spellbound-Cover.html, consulté le 5
octobre 2017]
169
« American Record Guide », vol. 61 (1998), p. 235.
170
« Double Life : the Autobiography of Miklós Rózsa » (1982), p. 187.
67
du réalisateur Michael Curtiz. Pour satisfaire les amateurs de tabloid
concertos, Steiner autorise le chef d’orchestre et arrangeur Charles Gerhardt
à augmenter la part de piano, avec le pianiste Earl Wild. Ces derniers
enregistreront l’œuvre en 1973 dans la collection "The Classic Film Scores
of…"171. Mais même cette version reste un cas limite. Nous avons toutefois
recensé dans notre "Répertoire" (voir chap. VI) la Symphonie moderne
généralement considérée comme un mini piano concerto.
Les autres grands compositeurs d’Hollywood ne sont pas en reste :
Victor Young (1900-1956/USA) enregistre son très gershwinien Manhattan
Concerto (1946/9’) ; Franz Waxman (1906-1967/Ger/USA) arrange à partir de sa
musique pour "The Paradine Case/Le Procès Paradine" (Alfred Hitchcock,
1947) une Rhapsody (13’), sous-titrée Moderato appassionato, qui a la
particularité d’être le plus long tabloid concerto de l’Age d’or d’Hollywood.
Pour le film "Night Song/La Chanson des ténèbres" (John Cromwell, 1947),
dont le personnage principal est un compositeur, les studios de la RKO
permettent à Leith Stevens (1909-1970/USA) de composer un tabloid
concerto que les spectateurs pourront écouter dans son intégralité joué par
de prestigieux musiciens : le pianiste Arthur Rubinstein et le chef
d’orchestre Eugene Ormandy à la tête du New York Philharmonic Orchestra.
Ce Piano Concerto in C minor (connu aussi sous le titre Concerto for Sweeney),
d’une durée de huit minutes, offre la plus longue séquence de concert de
l’histoire des tabloid concertos de l’Age d’or d’Hollywood.
Au Québec, le réalisateur Fedor Ozep pour son film "Whispering
City/La Forteresse" (1947) fait interpréter à son personnage principal, qui est
compositeur, un concerto qui est en fait le Quebec Concerto d’André Mathieu
(1929-1968/Que) dont on entend divers passages tout au long du film172. Le
Quebec Concerto (Piano Concerto No. 3) (1943/22’), en trois mouvements, est en
effet écrit dans un style rachmaninovien pleinement assumé par le jeune
compositeur dont un des titres de gloire fut d’être félicité à l’âge de douze
ans par Sergei Rachmaninoff (1873-1943/Rus) à l’occasion d’un concours pour
jeunes compositeurs organisé en 1941 par le New York Philharmonic
Orchestra qui fêtait son centenaire. Rachmaninoff lui déclara : « Vous êtes le
171
Le disque "Earl Wild Goes to the Movies" (1998) présente le même enregistrement, daté
prétendument de 1965, sous le nom du chef d’orchestre Eric Hammerstein (qui se trouve
être un des pseudonymes du chef d’orchestre Robert Mandell), et crédite le RCA
Symphony Orchestra au lieu du National Philharmonic Orchestra créé par Gerhardt. Or il
semble que le RCA Symphony Orchestra n’ait jamais existé (seul a existé le RCA Victor
Symphony Orchestra, qui cessa en 1963). Par ailleurs, en dehors de ce disque, on ne trouve
aucune trace d’un enregistrement réalisé en 1965.
172
Il y a dans "Whispering City/La Forteresse" (Fedor Ozep, 1947) une des meilleures
utilisations d’une musique concertante dans un film. Quant à la bande originale du film
"Whispering City/La Forteresse" (1947), elle est signée Morris Cecil Davis (1904-1968/Can).
68
seul pouvant avoir la prétention d’être mon successeur »173. Pour profiter de
la vogue, dès 1943 Mathieu avait enregistré un arrangement du deuxième
mouvement du Quebec Concerto, réduit à cinq minutes, avec le CBS
Orchestra dirigé par André Kostelanetz (1901-1980/Rus/USA), célèbre chef
d’orchestre spécialisé dans le Symphonic Entertainment. En 1949, le
britannique Charles Williams (1893-1978) fit un autre arrangement du thème
principal du mouvement lent dans le cadre de la Light Music, le
transformant en un micro-concerto de 3’. Par ailleurs, André Mathieu
enregistra en 1948 un arrangement du deuxième mouvement, cette fois de
son Piano Concerto No. 4 (1947), sous le titre de Nocturne for piano and orchestra
(4’), avec l’Orchestre Symphonique de Radio Canada, sous la direction de
Jean Deslauriers.
Autre indice significatif que la vogue bat son plein dans les années 40 :
les compositeurs de cinéma proposent désormais des tabloid concertos pour
d’autres instruments que le piano. Pour les USA :
173
Sur le site consacré à André Mathieu, page biographique [en ligne,
http://www.da-go.com/musique/mathieu-a/, consulté le 29 octobre 2017]
69
En France, Roger Roger (1911-1995)174 écrit un Jazz Concerto for Harp and
orchestra (1943/7’), tandis qu’en Angleterre Arthur Bliss (1891-1975) compose
en 1946 un mini concerto pour violon de six minutes, comme l’explique le
musicologue John France :
« The Theme and Cadenza (1946) is a Warsaw Concerto for fiddle. Derived from the
radio play ‘Memorial Concert’ written by Trudy Bliss, it features an imaginary composer,
beginning in his student days and concluding with his tragic death as he approaches
success. […] The present piece featured in the ‘memorial concert’ itself and was an ‘early
composition.’ This gorgeous Theme and Cadenza works well as a stand-alone piece. »175
« Le Theme and Cadenza (1946) est un Warsaw Concerto pour violon. Cette œuvre est
extraite de sa musique pour la pièce radiophonique ‘Memorial Concert’ écrite par Trudy
Bliss, qui raconte la vie d’un compositeur imaginaire, commençant par ses années
estudiantines et se concluant par sa mort tragique au moment où il approchait le succès.
[…] Le Theme and Cadenza, inclus dans le ‘memorial concert’ à la fin de la pièce, est censé
être une ‘composition de jeunesse’ de ce compositeur. Ce magnifique Theme and Cadenza
fonctionne en tant que pièce de concert en soi. »
Enfin, il faut aussi tenir compte des mini concertos pour orchestre (sans
instrument soliste) dans un style hollywoodien très prononcé. Citons le
Waukegan Concerto (1947/6’) de David Rose (1910-1990/USA) et le Copper
Concerto (enregistré en 1958/4’) de George Melachrino (1909-1965/GB), sans
oublier la Symphony in Jazz (1950/7’) d’Otto Cesana (1899-1980/USA), célèbre
orchestrateur des studios MGM.
174
Roger Roger est son vrai nom.
175
Critique de John France sur MusicWeb International [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/classrev/2016/Apr/Tippett_sy2_PASC460.htm,
consulté le 5 octobre 2017]
176
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight : Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), p. 96.
70
Kisenga (Robert Adams), un compositeur et pianiste africain qui a été en Europe durant
dix ans mais qui retourne à sa terre natale du Tanganyika. Le "Denham" concerto est sorti
chez Decca en 1946, dirigé par Muir Mathieson sous le titre de Baraza "pièce de concert"
pour piano et orchestre. »
177
Geoffrey Self, « Light Music in Britain since 1870 : A Survey » (2001, rééd. 2016), p. 190.
178
La Light Music exigeant la brièveté, la First Rhapsody (1936) de Melachrino est connue
seulement dans deux versions abrégées : l’une sans piano (4’), l’autre avec (3’).
179
Notice de David Ades sur la Robert Farnon Society [en ligne,
http://www.robertfarnonsociety.org.uk/index.php/legends/peter-yorke, consulté le 1er
octobre 2017]
71
comportaient dans leurs bandes sonores un simili concerto pour piano donnant l’illusion
d’un véritable concerto. »
180
Durant les années 50 The Dream of Olwen (avec au piano Arthur Dulay) fut utilisé comme
générique pour le programme de radio du dimanche soir « Hallmark Hall Of Fame », animé
par le comédien Lionel Barrymore.
181
Dans le film nous n’écoutons sans doute pas en entier la Rêverie concertante de Sauguet,
mais uniquement cinq minutes trente. Elle a toutefois été interprétée en concert en 1948
avec, en soliste, la pianiste Jacqueline Robin. N’ayant pas réussi à nous procurer un
enregistrement autre que la bande son du film, nous ne connaissons pas la durée totale de
l’œuvre.
72
le titre de Swedish Rhapsody. L’œuvre se retrouve ensuite dans le film franco-
suédois "Gypsy Fury/Singoalla" (Christian-Jaque, 1950) ainsi que dans le film
américain "Madame X" (David Lowell Rich, 1966)182. Ce qui fait de la Swedish
Rhapsody (8’) de Charles Wildman le tabloid concerto le plus souvent utilisé
au cinéma.
Il faut aussi noter que le germano-danois Peter Deutsch (1901-1965),
auteur sous le pseudonyme de Pete Alman du para Denham Concerto Queen
Elizabeth Concerto (1952/7’), a composé, cette fois sous son vrai nom, The
Magic Picture (1950/15’)183, sous-titré concerto ou fantasy, qui ne connaîtra,
comme beaucoup d’autres œuvres d’esprit populaire, qu’un destin
radiophonique.
Mentionnons tout particulièrement le Piano Concerto (1950/10’) du
polonais Henryk Wars (1902-1977) qui s’est définitivement installé aux Etats-
Unis après la Seconde Guerre mondiale. Cette œuvre, qui aujourd’hui est
cataloguée comme œuvre classique, a d’abord été écrit en tant que mini
piano concerto, Wars ayant fait essentiellement carrière comme compositeur
de musique de film. Pour l’universitaire polonais Marek Zebrowski :
« One thing is beyond doubt: according to Elizabeth Wars [Henryk Wars’ widow],
Richard Addinsell’s 1941 Warsaw Concerto was apparently one of Wars’s favorite pieces of
music. »184
« Une chose ne fait aucun doute : selon Elizabeth Wars [la veuve d’Henryk Wars], le
Warsaw Concerto (1941) de Richard Addinsell était à l’évidence l’une des œuvres favorites de
Wars. »
182
Il est à noter qu’il n’y a pas de tabloid concerto dans le film américain "Madame X"
(1966) de David Lowell Rich. Un extrait de la Swedish Rhapsody est utilisé dans le générique
et à la toute fin du film. Le thème de la Swedish Rhapsody est voué à l’héroïne de ce drame.
183
Dans « Music for Piano and Orchestra : An Annotated Guide » Enlarged Edition (1993),
p. 80, Maurice Hinson indique une durée de 10’ pour The Magic Picture (Concerto for piano
and orchestra) de Peter Deutsch. Toutefois les notes de programme de la Radio Danoise qui
l’a diffusé le 26 janvier 1963 sont précises : 14.40 [en ligne,
http://files.danskkulturarv.dk/A-1963-01-26-S-0431.pdf, consulté le 14 janvier 2018]
184
Marek Zebrowski, « Concerto for Piano and Orchestra by Henryk Wars : Discovering a
Masterpiece », in « Musica Iagellonica », vol. 9 (2018), p. 104 [en ligne,
http://www.muzykologia.uj.edu.pl/documents/6464892/140681430/06_Zebrowski.pdf/ea3ccd4
f-c3a5-4e40-be46-63fa54b303e5, consulté le 29 avril 2019]
73
Wars Collection at the Polish Music Center, University of Southern California, Los
Angeles. »185
« […] c’est un arrangement lyrique de la chanson à succès de Wars Po mlecznej
drodze/Along the Milky Way, composée en Irak en 1942 sur un texte de Feliks Konarski,
chantée par Rena Anders et destinée aux soldats du Polish Second Corps durant leur
traversée de l’Iran jusqu’à Monte Cassino. Cette chanson a aussi été utilisée avec succès en
1946 dans le film de Michał Waszyński Wielka droga/La Grande strada, avec Rena Anders en
vedette. […] l’utilisation de ce matériau a poussé Wars à donner à son œuvre le titre "Milky
Way Concerto" ou "Starlight Concerto", comme le montre les diverses moutures de la
partition conservées à la Henryk Wars Collection du Polish Music Center, University of
Southern California, Los Angeles. »
- Richard Addinsell : Theme from Warsaw Concerto (USA : Chappell, 1942, 7 p.,
réduction par William Stickles)
- Hubert Bath : Theme from Cornish Rhapsody (Sydney : W.H. Paling & Co., 1944, 7
p.)
- Albert Arlen : Theme from El Alamein Concerto (Sydney : Chappell & Co., 1945, 8
p.)
- Clive Richardson : Theme from London Fantasia (Chappell & Co, 1945, 7 p.)
- Vivian Ellis : Theme from Piccadilly Incident (Chappell & Co. Ltd., 1946, 7 p.)
- George Melachrino : First Rhapsody : the signature tune of the George Melachrino
Orchestra (London : Arcadia Music Pub. Co., 1946, 5 p., réduction par Harry Ralton)
- Miklos Rozsa : Theme from Spellbound Concerto (Sydney : Chappell & Co., 1946, 6
p.)
- Gerard Tersmeden : Theme from Solitaire (Chappell & Co. Ltd., 1947, réduction
par Albert Sirmay)
- André Mathieu : Theme from Quebec Concerto (London : Chappell & Co. Ltd.,
1948 ; Liber Southern, 1949, 7 p.)
- Charles Wildman : Theme from Swedish Rhapsody (Leeds Music Corporation,
1948, 7 p.)
- Reginald King : Theme from Runnymede Rhapsody (New York : Leeds Music, 1950,
4 p.)
185
Ibid., pp. 107 et 124.
74
- Alberto Semprini : Themes from Mediterranean Concerto (London : Ascherberg,
Hopwood & Crew, 1950, 4 p.)
- Kenneth Leslie-Smith : Theme from The Mansell Concerto (London : Chappell &
Co., 1952, 6 p., réduction par Robert Gill)
- Stanley Laudan & Gordon Rees : Theme from Rhapsody for Elizabeth (Melbourne :
D. Davis & Co., 1953, 5 p.)
- Jimmy Sheldon : Blue Mist Theme, from Nob Hill Nocturne (Del Courtney Music
Co., 19 octobre 1953)
- Reynell Wreford : Theme from The Last Rhapsody (London : Ascherberg,
Hopwood & Crew Ltd., 1953)
- Howard Kasschau : Theme from Candlelight Concerto (Sam Fox, 24 décembre 1957)
- Philip Moody : Theme from Laguna Concerto (Hi-Ti Music Corp., 23 septembre
1966, 15 p.)
186
« Themes » avec un "s" car il y a deux thèmes mémorables dans cette œuvre de 1950,
d’une durée originelle de sept minutes.
187
Le critique musical Philip Scowcroft écrit : « Alberto Semprini […] produced a large
number of arrangements and some original compositions like Mediterranean Concerto used
as the signature tune for his popular radio feature "Semprini Serenade" » « Alberto
Semprini […] a produit un grand nombre d’arrangements et quelques compositions
originales telles que le Mediterranean Concerto utilisé comme l’indicatif de sa populaire
émission de radio "Semprini Serenade" ». [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/classrev/2001/July01/britinst.htm, consulté le 5
novembre 2017]
75
Trevor Herbert Stanford (1925-2000/GB), alias Russ Conway, célèbre pianiste
et compositeur populaire, qui ne semble avoir été enregistré que dans une
version abrégée, avec chœur de femmes, sous le titre My Concerto for You
(1960/3’) qui fut très diffusé.
On peut aussi constater que même des œuvres d’auteurs
extrêmement peu connus ont bénéficié d’une édition "Theme from…" pour
piano solo. Il est donc avéré que ce n’est pas non plus la célébrité du
compositeur qui importait, mais la qualité des thèmes (la plupart de ces
œuvres étant d’ailleurs presque toujours plus célèbres que leurs auteurs
respectifs).
188
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), Introduction, p. 7.
76
Dawn/Le Commando frappe à l’aube" (John Farrow, 1942) sous le titre de
Four Norwegian Moods, dont la première fut donnée en 1944 par le Boston
Symphony Orchestra. Stravinsky fera de même avec la musique qu’il a
composée (elle fut refusée) pour le film "Jane Eyre" (Orson Welles & Robert
Stevenson, sorti en 1944), qu’il réutilisera la même année dans ses Odes189. De
son côté, l’américain Gail Kubik (1914-1984) remanie ses musiques de film et
leur donne pour titres : Scenario for orchestra (1957) et Scenes for orchestra
(1962)190. L’ASMA (l’American Society of Music Arrangers) organise depuis
1942 des concerts où les compositeurs de musique de film font connaître
leurs partitions écrites en dehors du cinéma191. Cet état d’esprit est favorable
au mini piano concerto qui, par sa nature même, est hybride puisqu’il résulte
de l’effort d’associer une qualité compositionnelle qui permette de prétendre
à la salle de concert avec les trois éléments majeurs de l’écriture
cinématographique (mélodisme/effets dramatiques/concision). Par ailleurs,
les possibilités offertes par l’industrie du cinéma et celle du disque, plus que
jamais actives, donnent l’opportunité aux compositeurs d’écrire pour un
public élargi aux dimensions du monde.
Aux Etats-Unis, les décennies 1950 et 1960 sont aussi celles de la
production industrielle de courts morceaux catalogués Easy Listening
(Écoute facile) dont la durée dépasse rarement les trois minutes. L’on ne
compte plus les orchestres qui produisent des disques dont les titres attirent
des millions d’auditeurs peu enclins à la musique dite "sérieuse". Certains de
ces chefs d’orchestre deviennent des vedettes192 comme l’étaient déjà les
pianistes qui, à l’exemple de Valentino Liberace, interprètent les airs les plus
appréciés du moment. Le pianiste et arrangeur George Greeley (1917-
2007/USA) fait un best-seller de son album "The World’s Ten Greatest
Popular Piano Concertos"193 qui ne réunit que des mini piano concertos. Les
189
Les Odes (1943) de Stravinsky furent créées le 8 octobre 1943 par l’Orchestre
symphonique de Boston, sous la direction de son commanditaire Serge Koussevitzky.
190
Scenario for orchestra (1957) de Gail Kubik réutilise sa musique de film pour "The
Desperate Hours/La Maison des otages" (William Wyler, 1955). Scenes for orchestra (1962)
réutilise sa musique de film pour "I Thank a Fool/Choc en retour" (Robert Stevens, 1962).
191
L’ASMA de Californie réunissait des compositeurs tels que Clifford Vaughan, Edward
Plumb, Walter Scharf, Adolph Deutsch, Hugo Friedhofer, Leo Shuken, David Raksin,
Robert Russell Bennett, Arthur Morton, Earl Lawrence… cf. The Score, January 1944, pp. 3-
4 [en ligne, http://www.asmac.org/wp-content/uploads/2013/06/ASMAC-Newsletter-1944-
01.pdf, consulté le 12 septembre 2017]
192
Au nombre de ces très nombreuses vedettes de l’Easy Listening : George Melachrino
and His Orchestra, Carmen Dragon and His Orchestra, Annunzio Mantovani, Morton
Gould, Russ Conway, Victor Young, David Rose, Geoff Love, Percy Faith, Otto Cesana,
Andre Kostelanetz, Roger Williams, Frank Chaksfield, Peter Nero, Ray Coniff, Freddy
Martin, Nelson Riddle, Stanley Black, Les Baxter, Ron Goodwin and His Orchestra… En
France : Frank Pourcel et son orchestre, Grand Prix du disque français en 1956.
193
Warner Bros. Records 1249 (1957).
77
arrangements que propose l’Easy Listening conviennent aux soirées
romantiques ou dansantes, et constituent un fond sonore agréable pour qui
les écoute à la radio ou sur un phonographe qui déjà laisse place au tourne-
disque. Il y a toutefois des micro-concertos de l’Easy Listening qui méritent
d’être cités comme Starlight (1951/3’) composé par Otto Cesana (1899-
1980/USA), directeur musical et arrangeur de la Columbia ; ou Prelude to
Peace (1953/4’) de la britannique Joyce Cochrane (1908-1988).
De leur côté, les compositeurs de Light Music proposent des para
Denham Concertos qui, comme l’exige cette appellation, sont de facture
"classique". Par exemple, le pianiste concertiste Alberto Semprini (1908-
1990/GB) écrit en 1950 le Mediterranean Concerto, d’une durée de 7 minutes,
qui sera raccourci à trois minutes pour être catalogué dans la Light Music.
De son côté Robert Docker (1918-1992/GB) compose Legend (1950/7’), dont le
critique musical Barry Knight écrit :
« Legend is probably one of Robert Docker’s best-known original compositions. It
represents that particular strand of light music, the "concerto-like" feature for piano and
orchestra, happily ranking alongside The Dream of Olwen by Charles Williams, Hubert
Bath’s Cornish Rhapsody, Richard Addinsell’s Warsaw Concerto and Miklos Rosza’s
Spellbound Concerto. While these were all for use in films, Legend has remained essentially a
concert or broadcast piece only. He had taken one of the ideas for the piece from a suite he
had written for piano, viola and horn. While Docker was playing the draft version in the
publisher’s office, Sidney Torch was in earshot and remarked upon its potential. It was
used, however, by the BBC’s Home Service in 1959 during their Saturday Night Theatre
series, having been the inspiration for a play by Merlin Roberts entitled "The Long Way
Back". […] Robert Docker performed this work on many occasions for the BBC and in
public concerts all over this country and in Australia. »194
« Legend est probablement l’une des plus célèbres compositions originales de
Robert Docker. Ça représente cette catégorie particulière de light music, "comme un
concerto" pour piano et orchestre, se rangeant tout naturellement auprès de The Dream of
Olwen de Charles Williams, de la Cornish Rhapsody de Hubert Bath, du Warsaw Concerto de
Richard Addinsell et du Spellbound Concerto de Miklos Rozsa. Tandis que toutes ces autres
pièces ont été écrites pour des films, Legend est demeuré seulement une pièce de concert
ou de radio. Il avait pris l’une des idées pour la pièce d’une suite qu’il avait écrite pour
piano, alto et cor. Tandis que Docker jouait la version esquissée dans le bureau de
l’éditeur, Sidney Torch écoutait et a remarqué son potentiel. Cette œuvre a été utilisée par
le BBC’s Home Service en 1959 durant leur série Saturday Night Theatre, ayant inspiré à
Merlin Roberts une pièce de théâtre intitulée "The Long Way Back". […] Robert Docker a
interprété cette œuvre à de nombreuses occasions pour la BBC et dans des concerts
publics partout en Angleterre et en Australie. »
194
Notice de Barry Knight pour le CD Naxos « Robert Docker : Orchestral Works »
(8.223837) [en ligne,
http://www.naxos.com/mainsite/blurbs_reviews.asp?item_code=8.223837&catNum=223837&
filetype=About+this+Recording&language=English, consulté le 8 novembre 2017]
78
Toujours en Angleterre, Charles Williams (1893-1978) fait connaître sa
Romantic Rhapsody (1952/3’). Robert Farnon (1917-2005) fait interpréter son
Mid-Ocean (1954/5’) par Rawicz et Landauer, célèbre duo de pianistes195.
Arnold Steck (pseud. de Frank Leslie Statham, 1905-1974) écrit une Riviera
Rhapsody (publ. 1955/5’).
Mais les plus médiatiques mini piano concertos sont encore et toujours
ceux du cinéma. Pour la seule année 1952, en Angleterre Kenneth Leslie-
Smith (1897-1993) écrit The Mansell Concerto (4’) pour "The Woman’s Angle"
(Walter C. Mycroft) ; le célèbre Malcolm Arnold (1921-2006) compose pour le
film "Stolen Face", du réalisateur Terence Fisher, A Stolen Face : Ballade de
huit minutes qui est sa seule excursion dans ce domaine. En Russie Dmitri
Shostakovich (1906-1975) compose Assault on the Red Hill (7’) pour "The
Unforgettable Year 1919" du réalisateur Mikheil Chiaureli.
En 1952 c’est au tour de l’espagnol Ricardo Lamote de Grignon
d’écrire un tabloid concerto pour le film "Concierto Mágico/Magic Concerto"
(1953) du réalisateur Rafael J. Salvia. D’une durée de onze minutes, le
Concierto Mágico ne diffère en rien du style habituel de Lamote de Grignon,
en raison même du scénario :
« The film tells the story of a composer who appears to have been cursed since the
various attempts to premiere his concerto are all frustrated by a succession of unfortunate
events. Ultimately, the well-known pianist Leopoldo Querol discovers the work, and with
great enthusiasm presents the premiere of the concerto with great success. »196
« Le film raconte l’histoire d’un compositeur qui se trouve être la victime d’une
malédiction puisque les différentes tentatives de faire créer son concerto ont toutes été
empêchées par une succession d’événements malheureux. Finalement, le célèbre pianiste
Leopoldo Querol découvre l’œuvre et organise avec enthousiasme la première mondiale du
concerto, qui rencontre un grand succès. »
La BBC n’est pas avare elle non plus de mini piano concertos. Les
auditeurs peuvent régulièrement entendre The Last Rhapsody (1953/3’) de
Reynell Wreford (1898-1976/GB) qui sert de thème pour le programme radio
« Music for Murder ». De même la pièce Journey to Romance (1955/4’) est un
arrangement concertant que Richard Addinsell (1904-1977/GB) fait de sa
pièce orchestrale Invocation qui servait d’indicatif à l’émission « Journey to
Romance » diffusée depuis 1946. Enfin, le programme de radio « Destiny »
195
Marjan Rawicz et Walter Landauer ont commencé une carrière de concertistes avant de
se spécialiser dans la Light Music. Ils ont à leur actif une cinquantaine d’albums.
196
Xavier Puig i Ortiz, présentation de la partition, sur le site de l’éditeur [en ligne,
https://www.boileau-music.com/en/works/concierto-magico-b-3593, consulté le 31 août
2018]. Notons que l’affiche du film "Concierto Mágico" (1953) de Rafael J. Salvia a la
singularité de ne présenter que des musiciens, avec ce texte : « Una película dedicada a
todos los que por especial favor de Dios aman la música » « Un film dédié à tous ceux qui,
par une faveur spéciale de Dieu, aiment la musique ». L’on voit les portraits du pianiste
espagnol Leopoldo Querol et du chef d’orchestre catalan Juan Pich Santasusana.
79
familiarise ses auditeurs avec The Destiny Theme (1957/3’) de Milton Carson,
pseudonyme qu’utilisent conjointement trois compositeurs britanniques
(Howard Barnes, Harold Fields et Joseph Roncoroni). Interprété par le
pianiste vedette Alberto Semprini, The Destiny Theme connaîtra un certain
succès.
En 1955, les pianistes duettistes américains Arthur Ferrante (1921-2009)
et Louis Teicher (1924-2008), vedettes de l’Easy Listening, font connaître leur
Hollywood Rhapsody (7’) qui est, à notre connaissance, le seul mini piano
concerto pour deux pianos sans orchestre.
Durant les années 50-60, caractérisées par une constante
internationalisation, des auteurs de tous pays proposent de courtes œuvres
concertantes qui sortent en droite ligne soit de la Rhapsody in Blue (1924) de
George Gershwin (1898-1937/USA), soit du Warsaw Concerto (1941) de Richard
Addinsell (1904-1977/GB). Souvent ces deux styles fusionnent dans les œuvres
de compositeurs allemands. Ce désir de concurrencer les USA était déjà
manifeste pendant l’Entre-deux guerres lorsque l’UFA (Universum Film
AG), fondée en 1917, régnait en Allemagne sur un cinéma techniquement
proche d’Hollywood avec lequel elle voulait rivaliser197. La musique des films
allemands étant similaire à ce qui se faisait de l’autre côté de l’océan
atlantique, il était naturel que les Allemands imitent leurs confrères anglo-
saxons en matière de mini piano concertos, dans le cadre de ce qu’ils
définissent comme "Gehobene Unterhaltungsmusik/Musique légère haut de
gamme". Pour la décennie 1950198, citons :
197
Parmi les fleurons de l’UFA, qui devint très vite un organisme d’État, citons "Docteur
Mabuse le joueur" (1922), "Les Nibelungen" (1924) et "Metropolis" (1927), tous trois du
réalisateur Fritz Lang qui émigrera aux États-Unis ; "L’Ange bleu" (1930) de Josef von
Sternberg qui partira lui aussi pour les États-Unis ; "Les Aventures fantastiques du Baron
de Munchhausen" (1943) du réalisateur Josef von Baky est une super production tournée
pour les 25 ans d’existence de la UFA. Cf. "La Fabrique du film allemand, l’UFA fête ses
100 ans" documentaire de Sigrid Faltin (2017)
198
Les mini piano concertos de compositeurs allemands des années 1940-60 sont très
difficiles à dater. La recherche, même en langue allemande, ne permet qu’une
approximation.
199
Blues-Fantasy fut écrite pour la pianiste américaine Margot Pinter.
80
- Gerhard Winkler (1906-1977) : Towards the Sun (Der Sonne entgegen),
concert piece (?/8’)
- Willy Czernik (1901-1996) : Dionysian Festivity (Dionysisches Fest),
rhapsody (publ. 1954/13’)
- Kurt Herrlinger (1918-2003) : Klavierismen, rhapsody (1956/8’)
- Georg Haentzschel (1907-1992) : Romantic Rhapsody (Romantische
Rhapsodie) (1957/10’)
- Wolfgang Friebe (1909-1989) : Slavic Rhapsody (Slawische Rhapsodie)
(1959/9’)
- Klaus Wusthoff (b. 1922) : Transatlantic Rhapsody (1959/9’)
200
Il est probable que le titre Matinée, écrit en français par le compositeur Ulrich
Sommerlatte ne signifie pas le matin (pour lequel il aurait employé le mot allemand
"Morgen"), mais renvoie au terme qui désigne un spectacle qui a lieu en après-midi.
201
Peter Deutsch (1911-1965/Ger/Den) signa son Queen Elizabeth Concerto "Pete Alman",
pseudonyme pour le moins ironique.
202
La Rhapsody for Elizabeth fut créée en 1952 par Alberto Semprini au piano avec George
Melachrino et son orchestre. En 1958, cette interprétation a été éditée en face B d’un vinyle
avec la Cornish Rhapsody de Hubert Bath en face A. Cf. The Sydney Morning Herald from
Sydney, New South Wales, July 13, 1958, p. 94. [en ligne,
https://www.newspapers.com/newspage/122704764/, consulté le 16 octobre 2017]. En 1956, le
label allemand Telefunken édita une version de la Rhapsody for Elizabeth interprétée par
Adolf Drescher et le Hamburger Rundfunkorchester dirigé par Walter Martin, couplée
également avec la Cornish Rhapsody par les mêmes interprètes.
81
romantic melodies, the lush orchestration and charged emotion of these one-movement
concertos are ably projected on this disk. »203
« Le concerto pour piano miniature semble être un produit typique du règne de la
radio. Il y a une vaste partie du public qui à l’occasion demande des œuvres plus
substantielles que les musiques pop qui monopolisent la programmation des radios, mais
qui n’est pas préparé pour le répertoire classique véritable. Les trois courtes œuvres ici
présentées par Morton Gould et le Rochester (N.Y.) Pops Orchestra vont sans nul doute
satisfaire un tel public. Les mélodies romantiques fluides, l’orchestration brillante et la
haute intensité émotionnelle de ces concertos en un mouvement se retrouvent
parfaitement sur ce disque. »
203
Le LP Columbia est le AL 36. Cf. The Billboard, 22 August 1953, page 38 [en ligne,
https://books.google.fr/books?id=1QoEAAAAMBAJ&pg=PA38&lpg=PA38&dq=morton+go
uld+mediterranean+legend+runnymede, consulté le 27 juillet 2017]
204
La rhapsodie From Dusk to Dawn (1953/6’) est parfois intitulée à tort From Dawn to Dusk
ou juste Dawn to Dusk.
205
Notes sur le dos de la pochette du LP « Concerto for Lovers » (M.G.M. Records C 759,
1954).
82
Concerto (1941), plus ou moins abrégé, qui sert de référence et garantit la
qualité romantico-hollywoodienne des œuvres proposées.
Certains compositeurs ont l’illusion que la célébrité d’une poignée de
tabloid concertos va leur permettre de connaître le même succès. Cette
espérance se propage dans plusieurs pays : aux Etats-Unis, Larry Coleman (b.
1938) compose le Brownstone Concerto (1953/8’) en hommage au quartier
résidentiel de New York, et Jimmy Sheldon (1926-2000) écrit le Nob Hill
Nocturne (1953/11’), en honneur au quartier fameux de San Francisco. Le
journal Billboard décrit ainsi cette dernière œuvre :
« In the tradition of Rhapsody in Blue, Warsaw Concerto and Cornish Rhapsody, this is
a "popular concerto" for piano and orchestra. Composer James Sheldon plays its flowing
themes with finesse, backed by an orchestra conducted by Georges Greeley, who prepared
the orchestration. »206
« Dans la tradition de la Rhapsody in Blue, du Warsaw Concerto et de la Cornish
Rhapsody, c’est un "concerto populaire" pour piano et orchestre. Le compositeur James
Sheldon joue ses thèmes gracieux avec finesse, accompagné par l’orchestre que dirige
Georges Greeley qui a participé à l’orchestration. »
206
The Billboard, 16 February 1963, page 29 [en ligne,
https://books.google.fr/books?id=cQsEAAAAMBAJ&pg=PA29&lpg=PA29&dq, consulté le
8 juin 2019]
207
Notes sur le dos de la pochette du LP WESTMINSTER XWN 18745 (1958).
83
développement-A’-B’) sur deux thèmes de styles opposés : le premier,
énergique et rythmé, d’une écriture "classique" ; le second, qui conclut
l’œuvre, indéniablement hollywoodien.
En Suisse, Toni Leutwiler (1923-2009), auteur fécond de Light Music,
écrit dans le style du Warsaw Concerto une Romantic Fantasy (1954/7’) et à la
manière de Gershwin un Concerto for piano, jazz orchestra and symphony
orchestra (1955/9’). En Suède, le compositeur Per Lundkvist (1916-1999) fait
connaître en 1958 une Mountain Rhapsody (1957/6’) à propos de laquelle le
spécialiste du piano concertant Maurice Hinson écrit : « Flamboyant
theatrical style »208 « Style théâtral flamboyant » ; puis en 1964 une Rhapsody in
Red (10’), ainsi qu’une Midnight Rhapsody (1975/7’) et une Golden Rhapsody
(1990/9’). Toujours en Suède, le compositeur d’origine autrichienne Willy
Mattes (1916-2002), après sa célèbre Swedish Rhapsody (1947/8’) signée Charles
Wildman209, compose le Concerto melodioso/Vienna Concerto (1949/9’), puis
dans les années 50 le Capriccio romantico (?/10’)210 et le Stockholm Concerto
(1957/6’). Enfin, son compatriote Gerard Tersmeden (1920-2004) compose tout
au long de sa carrière plusieurs mini piano concertos : Solitaire (1945/4’), un
para Denham Concerto qui connut divers arrangements en Angleterre et aux
Etats-Unis ; Romantic Rhapsody (1947/7’) et Mini Concerto (1972/8’). En
revanche, sa Mediterranean Rhapsody (avant 1973/12’), sortie sur le vinyle qui
comportait en face A le Mini Concerto, relève davantage du Symphonic
Entertainment et n’a pas une partie de piano suffisamment concertante, tout
comme son For Hermine (avant 1975/6’).
Au Mexique, le compositeur de films Manuel Esperon (1911-2011) écrit
une Fantasia (1951/4’) qui ne semble pas avoir eu le moindre écho. En
Norvège, Kolbjorn Ofstad (1917-1996) fait connaître sa Romantic Rhapsody
(avant 1957/7’). En Italie, tandis que Camillo Bargoni (1907-?) connaît le
succès avec son Autumn Concerto (avant 1956/5’), la compositrice de musique
"sérieuse" Teresa Procaccini (b. 1934) se lance dans l’écriture en série de mini
piano concertos : en 1958 : New York Picture (8’) et Viaggio a Las Vegas (13’) ;
en 1960 : An Evening in Paris (7’), Movie Music (7’), Night Music (6’) et
Sentimental Day (8’).
Aux Etats-Unis, Bernie Wayne (1919-1993) fusionne en 1957 le jazz
symphonique et la musique hollywoodienne dans Blues on the Rocks (7’) ainsi
que dans The Strong and the Tender (8’). La même année le réputé
compositeur Norman Dello Joio (1913-2008/USA), pour la série TV "The
Seven Lively Arts", compose à l’occasion du documentaire qui lui est
208
Maurice Hinson, « Music for Piano and Orchestra : An Annotated Guide » Enlarged
Edition (1993), p. 173.
209
Sur la Swedish Rhapsody voir ci-dessus le paragraphe 2.
210
Le Capriccio romantico (?/10’) est connu également dans une version très abrégée et
réorchestrée sous le titre de Riviera Concerto (1959/3’).
84
consacré211 une Ballad of the Seven Lively Arts (1957/10’) qui mêle elle aussi ces
deux grands styles complémentaires. En Argentine Carlos Guastavino (1912-
2000), célèbre dans son pays pour ses nombreuses chansons, écrit sa
Romance de Santa Fe (1952/10’), dont il fait lui-même la création l’année
suivante. Comme c’est l’usage dans les mini piano concertos, l’œuvre :
« Es un único movimiento con secciones de gran amplitud melódica e intensidad
expresiva […] »212
« est en un seul mouvement avec des sections d’une grande amplitude mélodique et
d’une intensité expressive […] ».
211
"Portrait of a Composer", diffusé sur CBS le 3 février 1958.
212
Notes d’Ana María Portillo pour le CD "Guastavino Sinfónico" (2012) [en ligne,
http://bibliotecadigital.uca.edu.ar/repositorio/revistas/revista-instituto-carlos-vega-27.pdf,
consulté le 1er octobre 2017]
213
Maurice Hinson, « Music for Piano and Orchestra : An Annotated Guide » Enlarged
Edition (1993), p. 38.
214
Le nom de ce grand compositeur s’écrit aussi Mieczyslaw Weinberg.
85
des-sen feigem Bruder (einem Komponisten) während eines Luftangriffs verführt wird –
wurde von Paul Haletzki zur Fantasie für Klavier und Orchester arrangiert. »215
« La musique est devenue si populaire que des extraits ont été joués par divers
ensembles. La musique de Weinberg "à la Rachmaninoff" – pour la scène où pendant un
raid aérien le compositeur Mark, lâche cousin du héros Boris, tente de violer la fiancée de
ce dernier – a été arrangée par Paul Haletzki en une "Fantaisie pour piano et orchestre". »
215
David Fanning, « Mieczyslaw Weinberg, vie et œuvre », Revue « Osteuropa », n°7, 2010,
pp. 5-24.
216
Alshire Records, ALCD 6 (1966).
217
Avec ce genre d’anthologies, le mini piano concerto est à prendre dans son sens le plus
laxiste car dans leur boulimie de tout arranger pour piano et orchestre, les « 101 Strings »
ont également arrangé en 1965 des pièces comme la Méditation de Thaïs (1894) de Jules
Massenet (1842-1912/Fra).
218
Columbia Édition spéciale, réalisée exclusivement pour Eastern Airlines (1965). Édition
Collector, limitée.
86
art. Wal-Berg composera notamment Holiday in Paris (1951/10’) qui est sans
doute dans notre registre le meilleur exemple français219.
De leur côté, les jazzmen américains Stan Kenton (1911-1979) & Pete
Rugolo (1915-2011) réorchestrent en 1958, de façon nettement plus
hollywoodienne, leur Theme to the West créé en 1947 : le résultat, d’une durée
de cinq minutes, est un mini piano concerto.
Le cinéma britannique continue sur sa lancée :
219
Holiday in Paris (1951) occupait la face B d’un LP Telefunken (TW 30017) qui avait le
Warsaw Concerto (1941) en face A. Pianiste : Willi Stech, Philharmonisches Staatsorchester
Hamburg, dirigé par Wal-Berg.
220
Philip Lane écrit dans ses Notes pour le CD DECCA « Love Story : Piano Themes from
Cinema’s Golden Age » (2016) : « There is no piano in Leighton Lucas’s score for
Hitchcock’s Stage Fright (1950) […] » « Il n’y a pas de piano dans la partition de Leighton
Lucas pour Le Grand Alibi (1950) de Hitchcock […] » p. 5, traduction française par Dennis
Collins, p. 8. Mais lorsqu’on visionne le film, il y a un court passage de piano diégétique,
ainsi qu’une Love Scene avec piano concertant.
87
de cette œuvre pour piano solo un Denham Concerto. À propos de cet
arrangement/interprétation, édité sur le CD Naxos de 1998 « Warsaw
Concerto and Other Piano Concertos From the Movies », il nous faut
soulever une question qui n’a, à ce jour, pas trouvé de réponse, et ce malgré
nos recherches : de quand date l’orchestration de Lucien Cailliet, et pour
quelle raison a-t-elle été réalisée ? Elle ne semble pas avoir été faite pour la
sortie du film en 1956, ni avoir été éditée commercialement avant le CD
Naxos, dont la notice apporte nombre d’inexactitudes. Nous avons écrit au
pianiste Philip Fowke, qui nous a malheureusement répondu : « [I] do not
know the date of the orchestral score. I used a copy from the BBC Library
which was returned. »221 « [Je] ne connais pas la date de la partition
d’orchestre. J’ai utilisé une copie de la Bibliothèque de la BBC que je leur ai
retournée. » Nous avons aussi écrit au chef d’orchestre Proinnsias O’Duinn
(qui a dirigé le RTE Concert Orchestra pour le CD Naxos) dont la réponse fut
: « The recording was made many many years ago. I am not aware of the
details regarding the reproduction of the music. »222 « L’enregistrement a été
fait il y a de nombreuses, nombreuses années. Je ne suis pas au courant des
détails concernant les documents utilisés. » À ce jour, la genèse de cette
orchestration demeure inconnue. Pour le "Répertoire chronologique", nous
avons choisi la date 1954, qui est celle du premier arrangement concertant by
Les Baxter.
Toujours à Hollywood, Harry Sukman (1912-1984/USA) écrit pour le
film "Gog" (Herbert L. Strock, 1954) une pièce de trois minutes intitulée
Nightfall dont il composera une version longue sous le titre de Nightfalls into
Starlight (8’) pour le film britannique "The Naked Runner/Chantage au
meurtre" (Sidney J. Furie, 1967).
Ferde Grofé (1892-1972/USA), auquel on doit pas moins de trois
orchestrations de la Rhapsody in Blue de Gershwin223, complète et fait jouer
en 1959 son Piano Concerto in D minor (New England Concerto) qu’il avait
commencé en 1931 alors qu’il travaillait comme arrangeur/orchestrateur pour
le chef d’orchestre populaire Paul Whiteman (1890-1967/USA)224. Comme
plusieurs œuvres mentionnées précédemment, ce "long" mini piano concerto
de 15 minutes fait lui aussi la synthèse des deux grands courants populaires
américains : le jazz symphonique et la musique hollywoodienne. Cette
synthèse se retrouve également dans ses compositions orchestrales :
Broadway at Night (1924), Tabloid Suite (1933) et Hollywood Suite (1938).
221
Mail que nous a envoyé M. Fowke le 22 janvier 2018.
222
Mail que nous a envoyé M. O’Duinn le 23 janvier 2018.
223
L’œuvre a été orchestrée par Ferde Grofé à trois reprises : en 1924, 1926 et finalement en
1942.
224
Ainsi que Grofé l’écrit dans des Notes de programme. Cité dans James Farrington,
« Ferdé Grofé : an investigation into his musical activities and works » (1985), p. 151.
88
L’on continue de produire des mini piano concertos, mais le grand
public, auquel ils sont destinés, se tourne vers des œuvres encore plus
courtes : le rock et la chanson, qui accaparent puis monopolisent l’attention
des auditeurs. Même la musique de film symphonique à la façon des années
40 est menacée, comme le constate le musicologue Michel Chion : « le
renouveau de la musique de cinéma dans les décennies cinquante et soixante
[…] est marqué globalement par l’invasion successive du jazz, puis de la
chanson et enfin de la pop […]. Bernard Herrmann démissionne avec éclat
de son association de compositeurs, pour protester contre la situation. »225 En
parallèle, les Main Themes de musiques de film, dont certains deviennent
des "tubes", ne sont plus symphoniques. Ils sont en général instrumentés ou
chantés :
225
Michel Chion, « La Musique au cinéma » (1995), pp. 140 et 142.
89
- "Butch Cassidy and the Sundance Kid/Butch Cassidy et le Kid"
(George Roy Hill, 1969), avec la chanson Raindrops keep fallin’ on my
head/Toute la pluie tombe sur moi de Burt Bacharach (b. 1928/USA), sur des
paroles de Hal David.
Charles Williams (à qui l’on doit le célèbre The Dream of Olwen, 1947)
compose pour le film "The Appartment/La Garçonnière" (Billy Wilder, 1960)
le Theme from "The Appartment" (4’) qui sera arrangé, avec davantage de
piano, par le chef d’orchestre et pianiste russo-finlandais George de
Godzinsky (1914-1994).
En France, René Cloërec (1911-1995) compose en 1962 un Concerto pour
piano (5’) pour le film "Le Meurtrier" du réalisateur Claude Autant-Lara, qui
ne rencontre pas le succès. Il en est presque de même pour le romantique
Lolita Theme (5’), que compose Bob Harris (1925-2000/USA) pour le film de
Stanley Kubrick sorti en 1962.
En Italie le public ne s’intéresse pas davantage au Windsor Concerto (3’)
écrit par Carlo Rustichelli (1916-2004) pour le film "The Whip and the
Body/Le Corps et le Fouet" (Mario Bava, 1963).
Aux Etats-Unis, pour les besoins du film "The World of Henry
Orient/Deux copines, un séducteur" (George Roy Hill, 1964), un producteur
permet pour la première fois à un tabloid concerto d’être écrit de façon
nettement moderniste. Il s’agit du Piano Concerto (7’)227 composé par Ken
Lauber (b. 1941/USA). Cette œuvre passe inaperçue.
En 1969, dans le cadre de la mission Apollo 11, le documentaire officiel
« Footprints on the Moon », réalisé par Bill Gibson, utilise au moment du
décollage depuis la lune le simili tabloid concerto de Philip Moody (1921-
226
David Huckvale, « James Bernard, Composer to Count Dracula : A Critical Biography »
(2002), p. 124.
227
Le Piano Concerto (1964) de Ken Lauber dure sept minutes, mais dans la musique du film
on n’en entend que quatre minutes.
90
2011/GB/USA), Laguna Concerto (1960/8’), abrégé et retitré pour l’occasion
Lunar Concerto, avec voix off du narrateur.
Des compositeurs anglais de la nouvelle génération commencent
parfois leur carrière avec un mini piano concerto. Tel est le cas de Howard
Blake (b. 1938) avec sa Rhapsody for a Summer’s Night (1961/3’) qui fut créée par
le pianiste Alberto Semprini228. Dans un courrier e-mail229 où nous
évoquions cette œuvre, Howard Blake nous confirma qu’il l’avait bien
composée dans l’esprit du Warsaw Concerto, ce qu’il a par ailleurs écrit dans
son autobiographie :
« I wrote Rhapsody for a Summer’s Night in the tradition of Richard Addinsell’s
Warsaw Concerto or Charles Williams’ The Dream of Olwen. He [Clive Lythgoe] seemed very
pleased, broadcasting it with Paul Fenoulhet conducting the BBC Revue Orchestra. »230
« J’ai écrit la Rhapsody for a Summer’s Night dans la tradition du Warsaw Concerto de
Richard Addinsell ou de The Dream of Olwen de Charles Williams. Il [Clive Lythgoe]
semblait très satisfait, la diffusant avec Paul Fenoulhet qui dirigeait le BBC Revue
Orchestra. »
228
Alberto Semprini (1908-1990/GB), rappelons-le, est lui-même auteur de deux mini piano
concertos : Mediterranean Concerto (1950/7’) et Concerto appassionato (1956/5’), ce dernier
étant un para Denham Concerto.
229
E-mail que nous envoya le compositeur le 26 janvier 2017.
230
Cf. Howard Blake, Autobiography [en ligne,
http://www.howardblake.com/music/Verse-Prose/662/WALKING-IN-THE-AIR-CAN-BE-
DANGEROUS.htm, consulté le 21 octobre 2017]
91
popular vein, the genre of concerti that used to appear in films, and which gave birth to
works like the Warsaw Concerto and the Cornish Rhapsody. »231
« Moneta Eagles a composé deux œuvres pour piano et orchestre. La plus courte des
deux, Autumn Rhapsody, avec un orchestre légèrement réduit, est en un seul mouvement et
dans une veine quasi populaire, ce type de concertos que l’on écoutait dans des films, et
qui a donné naissance à des œuvres telles que le Warsaw Concerto et la Cornish Rhapsody. »
231
Larry Sitsky, « Australian Piano Music of the Twentieth Century » (2005), p. 263.
232
Pierre Berthomieu, « La Musique de film » (2004), p. 60.
233
Le groupe Traffic compose la bande sonore du film "Here We Go Round the Mulberry
Gush" (1967) ; le groupe Pink Floyd : "The Committee" (1968) ; George Harrison (un des
Beatles) : "Wonderwall" (1968) ; le groupe Manfred Mann : "Up the Jonction" (1968)…
234
Dans le titre Rhapsody 21, 21 correspond à 21ème siècle auquel était consacrée par
anticipation l’Exposition Universelle de Seattle, intitulée "Century 21 Exposition". En
pleine acmé de la vogue des mini piano concertos cette œuvre était annoncée ainsi dans
l’édition collector officielle : « Resolution from Washington State Legislature proclaiming
the adoption of Rhapsody 21 as the official theme music for the Century 21 Exposition ».
Était jointe une « Letter of congratulations to the composer of Rhapsody 21 from the Junior
Senator Henry M. Jackson ».
235
Semloh (pseudonyme), plus de 1200 mises en ligne sur UnsungComposers [en ligne,
http://www.unsungcomposers.com/forum/index.php/topic,3621.150.html, consulté le 12
septembre 2017]
92
C’est le chef d’orchestre américain Paul Whiteman (1890-1967), qui
avait fait en 1924 la création de la Rhapsody in Blue (9’) de George Gershwin
(1898-1937/USA), qui dirige en 1961 la création de la Rhapsody 21 (7’). Une
boucle est bouclée.
236
Le concertino "Un été 42" est toutefois plus connu dans une version pour harpe et
orchestre arrangée aussi par l’auteur.
93
pièce n’aura aucun succès particulier. Même constat avec le Concerto for
Harry (9’) de Roy Budd (1947-1993/GB) écrit pour le film "Something to Hide"
(Alastair Reid, 1971) ou le Piano Concerto "Thirty Nine Steps/Les Trente-neuf
marches" (12’) qu’Ed Welch (b. 1947/GB) adapte de sa musique pour le film du
même nom réalisé en 1978 par Don Sharp. Il en est de même en 1994 pour le
Piano Concerto "The Forgotten Manuscript" (11’) composé par Eduard Artemyev
(b. 1937/Rus) pour "Burnt by the Sun/Soleil trompeur" du réalisateur russe
Nikita Mikhalkov, qui fut pourtant récompensé de l’Oscar du meilleur film
en langue étrangère.
En 1980, le français Laurent Petitgirard (b. 1950) arrange trois de ses
partitions pour films237 en une pièce concertante intitulée The Rosebud Suite
(17’), qui est, à ce jour, la plus longue œuvre d’un seul tenant pour piano et
orchestre arrangée de musiques de films.
Le Japon s’étant largement ouvert aux musiques occidentales, le
compositeur populaire (qui est aussi acteur de film) Dan Kosaku238 compose
en 1970 et fait interpréter par le pianiste Kentaro Haneda et le New Japan
Philharmonic Symphony Orchestra un mini piano concerto de 7’ très
influencé par Rachmaninoff, qui deviendra en 1985 le premier mouvement
de son Piano Concerto in D minor, orchestré avec l’aide de l’arrangeur Morioka
Kenichiro (b. 1934). Toujours au Japon, l’un des plus gros succès au box
office des années 70 fut le film "Suna no Utsuwa/The Castle of Sand"
(Yoshitarō Nomura, 1974), traduit en France sous le titre "Le Vase de sable",
succès auquel contribua la longue partition pour piano et orchestre de
Mitsuaki Kanno (1939-1983), car l’un des personnages principaux, Eiryo
Waga, est un pianiste/compositeur. En 2004, on fit une série TV de ce film,
sous le même titre, et le compositeur Akira Senju (b. 1960) composa un
tabloid concerto – intitulé Shukumei/Fate (en 2 mouvements, 12’ et 9’), d’après
le titre du concerto censé être composé par le personnage du film – en
condensant la partition originale de Mitsuaki Kanno. Le premier mouvement
est un mini piano concerto qui n’a presque plus les caractéristiques de ceux
du cinéma de l’Age d’Or. Ce fut toutefois le plus gros succès commercial au
Japon catégorie… "Musique classique".
L’industrie de la musique de films, qui depuis les années 70 multiplie
les rééditions des grandes bandes originales, offre un dernier refuge aux
tabloid concertos de l’Age d’or du cinéma. Aux Etats-Unis, des chefs
d’orchestre comme Charles Gerhardt (1937-1999), Elmer Bernstein (1922-
2004) ou William T. Stromberg (b. 1964) se spécialisent dans le domaine de la
237
Il s’agit des films "Rosebud" (Otto Preminger, 1975), "L’Amant de poche" (Bernard
Queysanne, 1978), "Asphalte" (Denis Amar, 1980).
238
Souvent orthographié Kousaku ou Kohsaku (pseudonyme de Yuzo Kayama, b. 1937).
94
réinterprétation239. En Angleterre le chef d’orchestre Rumon Gamba (b. 1972)
lance avec l’orchestre philharmonique de la BBC la collection « The Film
Music of… » qui se poursuit de nos jours. À l’occasion de la publication d’un
CD consacré aux tabloid concertos de l’Age d’or du cinéma britannique, les
divers fragments d’une pièce pour piano solo (jouée par l’un des personnages
du film) qu’avait écrite Jack Beaver (1900-1963) pour le film "The Case of the
Frightened Lady" (George King, 1940), sont arrangés en 1998 sous le titre
Portrait of Isla (5’) par Philip Lane (b. 1950).
Écrite pour le film "Idol of Paris" (Leslie Arliss, 1948) et arrangée dans
une version de sept minutes par George L. Zalva (?-?/USA) Dedication de
Mischa Spoliansky (1898-1985/Rus/USA) est enregistrée en 2009 à l’occasion
d’un CD de musique de films consacré à cet auteur quelque peu oublié240.
En Allemagne, à partir de sa musique écrite pour la série télévisée
"Carlos", Ernst Brandner (1921-2015) arrange une Carlos-Fantasie (1971/6’) qui
passe inaperçue. Il en est de même pour le "Miracle at Midnight" Piano
Concerto (2001/16’) que l’américain William Goldstein (b. 1942) adapte de sa
musique pour le téléfilm du même nom, réalisé en 1997 pour la chaîne ABC
par Ken Cameron.
Bien que le déclin de la vogue des mini piano concertos se confirme,
des compositeurs de tous horizons continuent d’en écrire, plus par goût
personnel ou par nostalgie que dans l’espoir d’un succès. Ainsi le
britannique Gordon Langford (1930-2017) compose A Song for All Seasons,
fantasy (1997/12’) à propos de laquelle le critique anglais Steve Arloff écrit :
« A Song for All Seasons is described as a "Fantasie for Piano and Orchestra". It
opens with a theme that is as serious as it is melodic, with a twenties feel to it. In fact it
frequently brought Gershwin to mind. This is a miniature gem imbued with excitement
and carried off with panache by William Stephenson as soloist. »241
« A Song for All Seasons est décrit comme une "Fantaisie pour piano et orchestre".
Ça commence par un thème qui est aussi sérieux que mélodique, avec une ambiance
années 20. En fait, ça fait souvent penser à Gershwin. C’est un joyau miniature plein
d’étincelles et porté avec panache par le soliste William Stephenson. »
239
Charles Gerhardt (1927-1999/USA) : Collection « Classic Film Scores of… ». Elmer
Bernstein (1922-2004/USA) : Collection « Original Motion Picture Scores ». William T.
Stromberg (b. 1964/USA) : Collection « Tribute Film Classics ».
240
Dedication (1948) de Mischa Spoliansky avait déjà été enregistrée par Sidney Torch (1908-
1990/GB) et le Queen’s Hall Light Orchestra dans une version Light Music de 4 minutes.
241
Critique de Steve Arloff sur le site MusicWeb-International [en ligne,
http://www.musicweb-international.com/classrev/2004/Feb04/langford.htm, consulté le 22
octobre 2017]
95
Entertainment, d’autant que celui-ci a presque disparu à cette époque, sont à
la frontière même qui sépare mini piano concertos et courtes œuvres
"classiques". Citons le Piano Concerto No. 2 (1982/14’), œuvre certes
"classique", de l’ukrainien Myroslav Skoryk (b. 1938), auteur entre 1961 et 1991
de nombreuses musiques de film. Pour le présentateur d’un concert où était
joué ce concerto :
« Dramatic mood of the piece, play of contrasts, combination of pop and jazz motifs
– this is the diversity that characterizes Skoryk’s neoromantic period. »242
« Le caractère dramatique de la pièce, le jeu des contrastes, la combinaison de
motifs populaires et jazz – c’est cette diversité qui caractérise la période néo-romantique de
Skoryk. »
242
Sur le site ukrainien Philharmonie de Lviv [en ligne,
http://www.philharmonia.lviv.ua/04-2017/news-20170303-1703/?lang=en, consulté le 6
décembre 2017]
243
Notes de Gérald Hugon pour le CD Naxos 8.557692 (2006).
244
Ibid.
245
Traduction anglaise des deux citations de Gérald Hugon par Susannah Howe.
96
Dans les années 80, le Symphonic Entertainment tombe en désuétude.
L’autrichien Werner Brüggemann (1936-1997) est contraint de recourir à un
accompagnement de Concert Band pour faire jouer City Melody (6’), One Day
in My Life (5’) et son Rike, concerto in one movement (8’). Il en est de même pour
les néerlandais Walter Kalischnig (b. 1926) et Rinus van Galen (1930-1989),
auteurs du Continental Concerto (?/8’).
Quand le russe Nikolai Kapustin (b. 1937) écrit en 1976 une Concert
Rhapsody, sorte de pièce de l’Easy Listening (Écoute facile) dont la durée a
été portée à dix minutes, il opte pour un style résolument jazz, comme dans
presque toutes ses autres œuvres. La musique pop étant désormais
omniprésente246, les compositeurs de musique de film à l’instar de Michel
Legrand (1932-2019/Fra) ou de Lalo Schifrin (b. 1932/USA) préfèrent
s’illustrer dans le jazz plutôt que dans le glamour hollywoodien. Les
compositeurs de spectacle, quant à eux, préfèrent arranger des airs de
comédies musicales ou de rock. Ainsi le croate Alan Bjelinski (b. 1964)
arrange pour piano et orchestre la célèbre Bohemian Rhapsody (2009/7’) du
groupe Queen247 ; l’australien Gavin Lockley (b. 1978) écrit un concerto pour
piano de quatorze minutes à partir de sa comédie musicale King of the Air
(2014 ; histoire et paroles d’Ann Blainey). De son côté, le compositeur pop
Rick Wakeman (b. 1949/GB) joue en concert au Royal Festival Hall de
Londres une sorte de mini piano concerto intitulé Pearl and Dean Concerto
(1974/5’), du nom de la société de publicité cinématographique britannique
Pearl & Dean. Quant au britannique John Lenehan (b. 1958), il arrange le
final de la Symphony No. 9 "New World Symphony" (1893) d’Antonin Dvorak
(1841-1904/Cze) pour en faire un pseudo mini piano concerto auquel il donne
le titre New World Concerto (2006/4’)248.
Comme on peut le voir dans ces derniers exemples, nous sommes bien
loin du genre musical spécifique qui illustra avec élégance le style
hollywoodien, à propos duquel le musicologue Pierre Berthomieu écrit : « Le
lyrisme hollywoodien aime l’ornement mélodique. L’accompagnement
orchestral est toujours riche, généreux dans ses effets de trilles, de trémolos,
ses mélismes, ses exotismes (seconde augmentée, cinquième ascendante), ses
246
Le Letton Imants Kalnins (b. 1941) écrit sa Symphony No. 4 "Rock Symphony" (1972/50’),
son compatriote Zigmunds Lorencs (b. 1949) le Concertino for Orchestra and Rock Band
(1977/12’), l’Américain David Kraehenbuehl (1923-1997) écrit sa Rhapsody in Rock pour piano
et orchestre (1978/6’) et la Néo-Zélandaise Jenny Helen McLeod (b. 1941) son Rock Concerto
pour piano et orchestre (1986/22’).
247
La Bohemian Rhapsody originale du groupe Queen date de 1975.
248
Nous n’avons pas recensé le New World Concerto ni la Bohemian Rhapsody dans notre
"Répertoire" parce qu’ils sont des arrangements d’une œuvre préexistante (cf. chap. II, le
critère n°7 : un mini piano concerto n’est pas un arrangement d’une œuvre du répertoire
classique, d’un thème de film, d’une chanson…), contrairement au King of the Air Piano
Concerto de Gavin Lockley.
97
triolets. Lorsque l’écriture mélodique pratique la dissonance, c’est une
dissonance agréable à l’oreille (septième, neuvième, onzième). »249 Il n’est
plus question de cela après les vagues déferlantes du Disco, de la Techno et
du Rap. À l’aube du XXIe siècle, il semble même impossible artistiquement
de pouvoir composer un mini piano concerto semblable à ceux de l’Age d’or
d’Hollywood. Toutefois en 2014 fut mis en vente un album mp3 intitulé
« Tierra Nueva Antologia Musical De Tabasco Vol. 3 » édité par le label
MultiMusic Mexico, qui proposait plusieurs œuvres pour piano solo ainsi que
quatre courtes œuvres pour piano et orchestre, interprétées et dirigées par le
pianiste, compositeur et chef d’orchestre mexicain Joaquín Borges avec le
National Philharmonic Orchestra. Aucun nom de compositeurs n’est indiqué
sur cet album virtuel. Mais en ce qui concerne les quatre courtes œuvres
concertantes, leur écoute nous autorise à faire ce triste constat : ces quatre
micro-concertos censés dépeindre le Mexique sont en fait des œuvres de
compositeurs d’Amérique du Nord datant des années 50-60. Chaque titre a
été "mexicanisé" :
249
Pierre Berthomieu, « La Musique de film » (2004), p. 51.
250
À propos du LP « Concertos U.S.A. » voir ci-dessus : paragraphe 3 : Les années 50-60 :
l’internationalisation de la vogue.
251
Un National Philharmonic Orchestra a bien existé, mais c’était un orchestre anglais
fondé dans les années 60, sans aucun lien avec "Joaquín Borges" ou le Mexique.
252
Impossible, bien sûr, de trouver la date de naissance de "Joaquín Borges". Il se peut que
le choix de ce nom soit un private joke et fasse référence à l’écrivain et essayiste argentin
Jorge-Luis Borges, dont l’essentiel de l’œuvre traite du vrai et du faux, d’impostures,
d’écrivains imaginaires et de fraudes artistiques.
98
Notre histoire de la vogue des mini piano concertos s’achève donc sur
une fraude, désormais recensée comme telle sur le « Music for Piano and
Orchestra: The Recorded Repertory » du Dr Allan B. Ho253.
253
« Music for Piano and Orchestra: The Recorded Repertory » du Dr Allan B. Ho,
Université d’Edwardsville, Illinois, USA [en ligne,
http://www.siue.edu/~aho/discography/Discography.pdf, consulté le 26 octobre 2017]
99
CHAPITRE V
Dans "The Seven Year Itch/Sept ans de réflexion" (Billy Wilder, 1955)
le personnage (fantasmé) de Marylin Monroe s’écrie en écoutant le Piano
Concerto No. 2 de Rachmaninoff :
« Everytime I hear it, I go to pieces !… It shakes me ! It quakes me ! It makes me
feel goose-pimply all over ! I don’t know where I am or who I am or what I’m doing ! »
« Chaque fois que je l’entends, j’éclate en morceaux !… Ça me secoue ! Ça me fait
trembler ! Ça me donne la chair de poule ! Je ne sais plus où je suis, ni qui je suis, ni ce
que je fais ! »
254
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), Chap. II, p. 32.
100
« La musique des mélodrames a eu tendance à être populaire précisément parce
qu’elle ne requiert aucune connaissance des formes musicales pour être en mesure d’être
appréciée, donc sans doute que le public qui a acheté les enregistrements du Warsaw
Concerto s’immergeait facilement dans cette musique. Les caractéristiques de ce genre de
musique – mélodisme conducteur, texture riche, orchestration dense et harmonie
chromatique, tout cela enraciné dans le 19ème siècle – ont été continuées à Hollywood dans
les œuvres de compositeurs tels que Erich Korngold et Max Steiner. »
255
Les Studios Denham (London Film Productions), installés près de Londres, furent créés
par le réalisateur Alexander Korda. Comme nous avons eu l’occasion de le dire, le chef du
département musique fut le célèbre arrangeur et chef d’orchestre Muir Mathieson (1911-
1975/GB) qui dirigea, à la tête du London Symphony Orchestra, le premier enregistrement
du Warsaw Concerto avec le pianiste Louis Kentner.
256
RKO Radio British Productions.
257
Thomas S. Hischak écrit : « The producers tried to get Sergei Rachmaninoff to write the
concerto for piano and orchestra that is performed in the film, but he declined. » « Les
producteurs ont essayé d’obtenir de Sergei Rachmaninoff qu’il écrive le concerto pour
piano et orchestre qui est interprété dans le film, mais il refusa. » Thomas S. Hischak :
« The Encyclopedia of Film Composers » (2015), article ADDINSELL, Richard, p. 1. Cf. aussi
ce que dit le musicologue Ross Care : « The celebrated Russian pianist and composer,
Serge Rachmaninov, had been approached about doing the score [one-movement
composition for piano and orchestra], and when he refused it Addinsell cast his concerto
in a Rachmaninovian mode of effusive, appealing lyricism. » « Le célèbre pianiste et
compositeur russe Sergei Rachmaninoff a été contacté pour écrire le score [une
composition en un mouvement pour piano et orchestre], et quand il a refusé, Addinsell a
écrit son concerto dans un style rachmaninovien d’un lyrisme démonstratif et attirant. »
Ross Care : "Richard Addinsell – Writer" sur filmreference.com [en ligne,
http://www.filmreference.com/Writers-and-Production-Artists-A-Ba/Addinsell-
Richard.html, consulté le 7 octobre 2017]
258
Stravinsky tenta à plusieurs reprises de devenir compositeur de musiques de film à
Hollywood, notamment pour "The Song of Bernadette/Le Chant de Bernadette" (1943) de
Henry King. Les producteurs lui préfèrent Alfred Newman (1901-1970/USA). Stravinsky
réutilisera la musique écrite pour ce film dans sa Symphonie en trois mouvements (1945). Cf.
notamment le documentaire "Stravinsky à Hollywood" (Marco Capalbo, 2014).
101
copyright259. Les deux versions des faits se recoupent et se complètent. Le
tabloid concerto que Rachmaninoff n’a pas écrit, c’est Richard Addinsell
(1904-1977/GB), compositeur spécialisé dans la musique de film, qui le
signera, en lui donnant pour titre Warsaw Concerto260… Le succès durable de
cette œuvre emblématique mérite que l’on s’attarde sur sa genèse. Le
contexte de la Seconde Guerre mondiale qui propulsa en 1941 le film
"Dangerous Moonlight" rendit le public très réceptif au message de
propagande anti-nazie que véhiculait le film et à l’enthousiasme que suscitait
la musique interprétée par le héros, à la fois compositeur et aviateur. Le
Warsaw Concerto, joué partiellement en concert dans le film, fut tellement
plébiscité que les Studios Denham firent appel à l’orchestrateur Roy Douglas
(1907-2015/GB) pour en faire une version de concert. Le résultat fut l’œuvre
que l’on connaît, d’une durée de 9 minutes. Roy Douglas écrit :
« While I was orchestrating the Warsaw Concerto, I had around me the miniature
scores of Rach. 2nd, Rach. 3rd, and the Pag-Rhap. »261
« Pendant que j’orchestrais le Warsaw Concerto, j’avais sous la main les partitions en
petit format du Deuxième Concerto de Rachmaninoff, du Troisième, et de la Rhapsodie sur un
thème de Paganini. »
259
Lire la citation de l’universitaire Mervyn Cook dans le chap. IV « La Vogue du mini
piano concerto », paragraphe 2.
260
Pour être tout à fait précis, Richard Addinsell a écrit la musique du film, mais c’est à
Roy Douglas (1907-2015/GB) que l’on doit le Warsaw Concerto enregristré sur disque.
261
Jan G. Swynnoe, « The Best Years of British Film Music, 1936-1958 » (2002). Annexe B :
« The True Story of the Warsaw Concerto » by Roy Douglas, p. 216.
102
remember how desperately the suffering Britons needed a warmth like Rachmaninov’s,
even as diffused through another composer, in 1941. »262
« Parfois une musique apparaît au bon moment et dans un contexte idéal pour
devenir une part indélébile du vécu et du souvenir des gens. C’est ce qui arriva avec le
Warsaw Concerto de Richard Addinsell, un pastiche du concerto pour piano romantique
par excellence, composé pour le film britannique de 1941 "Dangerous Moonlight" dans
lequel un pianiste polonais se trouve pris dans la Bataille d’Angleterre. […] Le Warsaw
Concerto est utilisé à la fois comme musique narrative et comme musique de concert à part
entière puisque le pianiste l’interprète en concert dans le film. Cette musique (qui a été
écrite sur le modèle établi par Rachmaninoff) accompagne chaque étape de l’intrigue du
film avec cette passion et cette nostalgie qui sont en contradiction avec la terrible réalité de
la vie en Grande-Bretagne en 1941. Il n’est dès lors pas surprenant que le public ait fait un
triomphe à ce concerto qui a rapidement été édité sur vinyle et dont divers arrangements et
adaptations ont été publiés en partition. […] C’est intéressant de constater que de
nombreux pastiches similaires qui ont été écrits pour des films et/ou sortis sur disque
durant les deux décennies suivantes ont tous été généralement oubliés, laissant le Warsaw
Concerto d’Addinsell marquer le genre. Cela montre combien les Britanniques souffrants
avaient désespérément besoin en 1941 d’une chaleur comme celle de Rachmaninoff, même
exprimée par un autre compositeur. »
262
Blair Johnston, notice sur le Warsaw Concerto pour le site AllMusic.com [en ligne,
http://www.allmusic.com/composition/warsaw-concerto-for-piano-orchestra-for-the-film-
dangerous-moonlight-suicide-squadron-mc0002368548, consulté le 27 juillet 2017]
263
Jan G. Swynnoe, « The Best Years of British Film Music, 1936-1958 » (2002). Annexe B :
« The True Story of the Warsaw Concerto » by Roy Douglas, p. 216.
264
Kevin J. Donnelly, « British Film Music and Film Musicals » (2007), p. 50.
103
concertos". La grande majorité de ces films se concentrait sur un personnage principal qui
était musicien, justifiant l’utilisation d’une musique concertante dans le fond sonore de ces
films. »
1944 - Hubert Bath (1883-1945/GB) : Cornish Rhapsody (7’), de "Love Story/A Lady
Surrenders"266
1946 - Arthur Bliss (1891-1975/GB) : Baraza (7’), de "Men of Two Worlds/Le Sorcier
noir"267
1946 - Vivian Ellis (1904-1996/GB) : Piccadilly 1944 (4’), adapté de sa partition pour
"Piccadilly Incident"268
265
Pour John Huntley, historien de la musique de film britannique, le Warsaw Concerto est
« perhaps the most remarkable piece of film background music ever written… » « peut-être
la plus remarquable pièce de musique de film jamais écrite… ». In « British Film Music »
(1947) p. 190.
266
Dans le film "Love Story" (1944) de Leslie Arliss, l’héroïne, compositrice, jouée par
Margaret Lockwood, « […] who has one year to live, falls in love with Stewart Granger in
Cornwall and writes a piano concerto […] and is included as a concert performance finale
at the Albert Hall, at which she is the piano soloist. » « […] qui a une année à vivre, tombe
amoureuse de Stewart Granger [plus précisément de Kit Firth, pilote de la RAF, interprété
par Stewart Granger] dans les Cornouailles et écrit un concerto pour piano […] joué lors
du final d’un concert au Albert Hall où elle est la pianiste soliste. » Kevin J. Donnelly,
« British Film Music and Film Musicals » (2007), p. 24.
267
"Men of Two Worlds/Le Sorcier noir" est aujourd’hui un film quasiment introuvable.
Voici son synopsis : « An African music student returns home and has to defeat the witch
doctor who dominates his tribe and take them to healthier land. » « Un étudiant en
musique africain retourne chez lui et doit vaincre le sorcier qui domine sa tribu et la
ramener à une vie plus saine » [en ligne, http://www.colonialfilm.org.uk/node/1845, consulté
le 19 octobre 2017]
268
John Huntley précise : « Special recording of an assembly of material used in the
film. » « Enregistrement spécial d’un montage de matériaux utilisés dans le film. » Roger
Manvell & John Huntley, « The Technique of Film Music » (1957 ; rééd. 1967), p. 242.
104
Live"269
1952 - Philip Green (1911-1982/GB) : The Hour of Meditation (3’), de "24 Hours of a
Woman’s Life/Affair in Monte Carlo"
269
Le Kinematograph Weekly du 9 octobre 1947 écrit que le film est « strenuously
accompanied by the pianoforte… » « vigoureusement accompagné par le piano » (vol. 1368,
n°2110, p. 22).
270
Voici ce qu’écrit le britannique Philip Lane (b. 1950) de la musique du film "The Case of
the Frightened Lady" dont il fit de Portrait of Isla un tabloid concerto en 1998 : « "The Case
of the Frightened Lady" contains what is probably the first real piano feature in film –
hardly a concertante role being more piano solo than anything else. » « "The Case of the
Frightened Lady" contient ce qui est probablement la première vraie utilisation du piano
dans un film – clairement pas un rôle concertant mais plutôt du piano solo. » Notice pour le
CD Naxos « Warsaw Concerto and Other Piano Concertos from the Movies » (1998). Pour
l’universitaire John Morris Portrait of Isla « can be considered the first such Denham
Concerto » « peut être considéré comme le premier Denham Concerto », in « Two Shadows
in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the 1940s » (2008), p. 91.
105
Fright/Le Grand Alibi", arr. en 1994 par Philip Lane271
Il faut recenser deux autres œuvres qui ont été adaptées à partir d’une
musique de film britannique ne comportant pas de piano. Elles sont
néanmoins incluses ici (et dans notre "Répertoire", voir chap. VI) en raison
de leur grande célébrité et du fait qu’elles sont traditionnellement
considérées comme des Denham Concertos :
1945 - Nicholas Brodszky (1905-1958/Ukr/USA)/orch. par Charles Williams (1893-
1978/GB) : The Way to the Stars, Main Theme de "The Way to the Stars/Johnny in the
Clouds/Le chemin des étoiles" (1945), arr. en 1960 par Russ Conway (4’) ; autre arrangement
en 1972 par Geoff Love (3’)
1949 - Nino Rota (1911-1979/Ita) : Legend of the Glass Mountain pour orchestre sans
piano, adapté de sa partition pour "The Glass Mountain" (1949), arr. pour piano et
orchestre en 1949 par Arthur Wilkinson (4’) ; autre (libre) arrangement concertant en 1952
par George Melachrino (5’)
Il faut aussi ajouter à cette liste les concertos made in Hollywood qui ont
avec les Denham Concertos des affinités stylistiques certaines :
1943 - Edward Ward (1900-1971/USA) : Lullaby of the Bells (6’), adapté de sa partition
pour "Phantom of the Opera/Le Fantôme de l’Opéra"
1944 - Victor Young (1900-1956/USA) : Stella by Starlight, Main Theme pour piano et
orchestre de "The Uninvited/La Falaise mystérieuse"272, arr. en 1957 par Gordon Robinson
(4’)
1945 - Roy Webb (1888-1982/USA) : Piano Concerto (11’), adapté de sa partition pour
"The Enchanted Cottage"
271
Philip Lane a fait un tabloid concerto à partir de divers passages de la bande originale de
"Stage Fright" mais il n’y a pas de tabloid concerto intégral dans ce film (il y a juste un
court passage de piano diégétique, ainsi qu’une Love Scene avec piano concertant). Ce que
constate aussi le critique musical anglais John France : « The music nearly, but not quite,
becomes Leighton Lucas’s Warsaw Concerto. It is romantic, well written and finely scored.
Just a pity he did not produce a Piano Concerto ! » « La musique est presque devenue,
mais pas tout à fait, le Warsaw Concerto de Leighton Lucas. C’est romantique, bien écrit et
finement orchestré. C’est juste dommage qu’il n’ait pas écrit un vrai concerto pour
piano ! » [en ligne,
http://www.musicwebinternational.com/classrev/2012/Apr12/Benjamin_Lucas_film_CHAN10
713.htm, consulté le 19 septembre 2017]
272
Stella by Starlight devint en 1946 une chanson à succès avec des paroles de Ned
Washington, puis un standard du jazz orchestral interprété notamment par Stan Kenton et
son ensemble, les trompettistes Harry James et Miles Davis, le saxophoniste Charlie Parker,
les pianistes Bud Powell, Nat King Cole… et tant d’autres.
106
1946 - Miklos Rozsa (1907-1995/Hun/USA) : Spellbound Concerto (12’), adapté de sa
partition pour "Spellbound/La Maison du docteur Edwardes"273 ; autre version par Charles
Gerhardt (8’)
1956 - Leonard Pennario (1924-2008/USA) : Midnight on the Cliffs, pour piano solo
(1942), utilisé dans le film "Julie/Le Diabolique M. Benton" (1956), arr. et orch. par Lucien
Cailliet (1891-1985/Fra/USA) (5’)
273
À propos du Spellbound Concerto, l’universitaire John Morris écrit : « […] the publisher
Chappell commissioned Rozsa to write a new version, to take on the success of the Warsaw
Concerto. » « […] l’éditeur Chappell a commandé à Rozsa une nouvelle version pour profiter
du succès du Warsaw Concerto. » in « Two Shadows in the Moonlight, Music in British
Film Melodrama of the 1940s » (2008), p. 37.
274
En ce qui concerne la Rhapsody for piano and orchestra de Franz Waxman, le critique
musical Joseph Stevenson écrit : « Waxman tried mightily to charge the emotions of this
film with the lush, yearning, "little Tristan" style of this score. The yearning, heaving piano
writing actually emerges as possessing convincing and powerful musical argument when
divorced from the film and made into this 12-and-a-half-minute quasi-concerto. It’s a bit of
a Johnny One-Note, emotionally, but given its short length it is quite acceptable. »
« Waxman a fièrement essayé de catalyser les émotions de ce film avec le style brillant,
plein de désir, "petit Tristan" de sa partition. L’écriture pour piano dense et passionnée
s’avère en fait être aussi convaincante et puissante, musicalement parlant, quand elle est
séparée du film et qu’elle prend la forme d’un quasi-concerto de 12 minutes trente. Ça fait
un peu "Johnny One-Note" émotionnellement, mais étant donné sa courte durée c’est tout
à fait acceptable. » Notes sur le site MusicWeb International [en ligne,
http://www.allmusic.com/composition/rhapsody-for-piano-and-orchestra-mc0002433069,
consulté le 3 novembre 2017]
275
À propos de la London Fantasia de Clive Richardson, le musicologue David Ades écrit :
« Towards the end of the war the publishers Lawrence Wright asked Richardson to
compose an eight-minute work similar to Richard Addinsell’s hugely successful Warsaw
Concerto, which had been featured in the 1941 film "Dangerous Moonlight" […] The work
[London Fantasia] was originally conceived as "The Coventry Concerto" being a tribute to
107
1945 - Newell Chase (1904-1955/USA) : Concerto for Louise (10’)
1952 - Stanley Laudan (1912-1992/Pol/GB) & Gordon Rees (GB) : Rhapsody for
Elizabeth (8’)
the Midlands city where Clive Richardson had been stationed. But as the score developed,
the composer realised that it was more suited to the capital city and it eventually appeared
in 1944 as London Fantasia. » « Vers la fin de la guerre l’éditeur Lawrence Wright a
demandé à Richardson de composer une œuvre de huit minutes similaire au très populaire
Warsaw Concerto de Richard Addinsell, qui avait été écrit pour le film de 1941 "Dangerous
Moonlight" […] L’œuvre [London Fantasia] avait originellement été conçue comme le
"Coventry Concerto" qui devait être un hommage à la ville des Midlands où Clive
Richardson résidait alors. Mais à mesure que la partition se développait, le compositeur a
réalisé que cette œuvre était plus adaptée à la capitale et elle a finalement été publiée en
1944 sous le titre London Fantasia. » Notice pour le CD du label GUILD « The Golden Age
of Light Music, vol. 1 » (2006), p. 8.
276
L’intitulé Theme from Runnymede Rhapsody prouve, selon les habitudes de la Light Music,
que c’est un extrait d’une œuvre qui devait faire environ 8 minutes, durée traditionnelle
d’un Denham Concerto ou d’un para Denham Concerto.
277
Le Queen Elizabeth Concerto fut ultérieurement édité sur la face A d’un vinyle avec sur la
face B un autre mini piano concerto : la Romantic Rhapsody (c. 1960) de Kolbjorn Ofstad
(1917-1996/Nor) [en ligne, http://www.worldcat.org/title/queen-elizabeth-concerto-
romantisk-rapsodi/oclc/874416589, consulté le 25 juillet 2017]
108
1955 - Arnold Steck [pseudonyme de Frank Leslie Statham] (1905-1974/GB) : Riviera
Rhapsody (5’)
c. 1955 - Gerhard Winkler (1906-1977/Ger) : Towards the Sun (Der sonne entgegen),
concert piece/fantasy (8’)
1961 - Toni (Antoinette) Mineo (b. 1926/USA) & Attilio Mineo (1918-2010/USA) :
Rhapsody 21 (7’)
publ. 1967 - Hans Vlig van der Sys [pseudonyme de Willem Hans van der Sys]
(1917-1983/Net) & Christian Schmitz-Steinberg (1920-1980/Ger) : Rainbow Concerto (7’)
278
Le Concerto appassionato d’Alberto Semprini devait probablement être plus long, car les
4’50 de l’enregistrement contiennent l’exposition d’un premier thème (2’37) puis d’un
second thème (1’45), puis enchaînent sur une courte coda (0’25) qui vient abruptement, sans
le moindre développement ni aucune réexposition, ce qui est pour le moins curieux
structurellement parlant. La cohérence de la forme présuppose une durée de sept à huit
minutes.
279
Jonathan Woolf, notice pour le CD « War and Peace – Light Music of the 1940s. The
Golden Age of Light Music » (GUILD GLCD 5171). Notice aussi sur MusicWeb-
International [en ligne, http://www.musicweb international.com/
classrev/2010/Nov10/War_and_Peace_GLCD5171.htm, consulté le 30 septembre 2017]
280
Sur le Love Story Theme de Francis Lai, voir chap. IV, paragraphe 4.
109
connaîtra une célébrité comparable aux deux premiers Denham Concertos :
Warsaw Concerto (1941) et Cornish Rhapsody (1944).
Il nous faut maintenant aborder le cas du film "The Glass Mountain"
(1949) réalisé par le britannique Henry Cass. Malgré ce qui est souvent répété,
il n’y a pas de tabloid concerto dans le film. À partir de sa musique pour le
film, Nino Rota (1911-1979/Ita) a arrangé une pièce orchestrale de quatre
minutes sous le titre Legend of the Glass Mountain. C’est Arthur Wilkinson
(1919-1968/GB), célèbre arrangeur de Light Music, qui adapta en 1949 cette
pièce pour piano et orchestre. En 1952 George Melachrino (1909-1965/GB)
l’arrangea plus librement pour en faire un parfait tabloid concerto, bien que
l’arrangement de Wilkinson soit le seul à être souvent réenregistré.
La force suggestive d’une musique explique aisément que l’on puisse au
sortir d’un film avoir eu l’impression d’écouter une œuvre cohérente et donc,
en ce qui concerne notre registre, d’avoir écouté un Denham Concerto. Il
arrive même qu’un compositeur profite du climat romantique d’un film pour
placer des sections orchestrales avec piano presque concertant, même si le
scénario ne s’y prête pas. L’un des plus beaux exemples de cette pratique se
trouve dans "Angel Face/Un si doux visage" (1952) du réalisateur américain
Otto Preminger. Tout au long de ce film noir, le compositeur Dimitri
Tiomkin (1894-1979/USA) donne à entendre un semblant de tabloid concerto
que nous ne pourrons jamais connaître dans son intégralité281. Il ne semble
d’ailleurs pas qu’il ait jamais été composé en tant que véritable tabloid
concerto. Pour rester dans le cinéma hollywoodien, citons le film "New York
Confidential/Objectif : meurtres" (1955) du réalisateur Russell Rouse. Pour ce
film noir, Joseph Mullendore (1914-1990/USA) a composé une partition qui
fait souvent entendre un piano concertant (notamment, comme il se doit,
dans le générique et le final) et qui aurait facilement pu se transformer en un
tabloid concerto. En France, un exemple est donné par le compositeur
Louiguy (1916-1991/Fra) dans sa musique pour le film d’André Cayatte
"Françoise ou la Vie conjugale" (1964).
281
On entend ce tabloid concerto virtuel notamment dans le Main Title, durant une longue
séquence sans parole, et dans plusieurs très courts passages, soit une durée totale d’un peu
plus de 6 minutes. Toutefois le piano n’est jamais tout à fait concertant.
110
piano de dimension réduite. Une conséquence de ce choix est que, bien
souvent, un des personnages principaux a un lien privilégié avec la musique,
notamment par le biais du piano. Or le musicien comme héros de film est un
thème scénaristique qui ne date pas des Denham Concertos des années 40.
C’est un thème récurrent du cinéma :
282
Sur Intermezzo de Heinz Provost, voir chap. IV, paragraphe 1.
111
- USA : "The Seventh Veil/Le Septième voile" (Compton Bennett,
1945) : une jeune femme amnésique, qui sort d’un hôpital après une
agression, découvre grâce à l’hypnose que pratique sur elle un psychiatre
qu’elle est une pianiste virtuose (on écoute dans le film des extraits du Piano
Concerto de Grieg, de la Sonate pathétique de Beethoven, du Piano Concerto No.
2 de Rachmaninoff…)
- USA : "Deception/Jalousie" (Irving Rapper, 1946) : un triangle
amoureux composé d’un violoncelliste, d’une pianiste et d’un compositeur.
Erich Wolfgang Korngold (1897-1957/Aut/USA) écrit le tabloid concerto pour
violoncelle et orchestre du compositeur/personnage Alexander Hollenius,
interprété par Claude Rains.
- USA : "I’ve Always Loved You/Le Concerto de l’amour" (Frank
Borzage, 1946) utilise le Piano Concerto No. 2 de Rachmaninoff pour raconter
les amours contrariés d’un chef d’orchestre autoritaire envers une pianiste
virtuose283.
- USA : "Humoresque" (Jean Negulesco, 1946) : l’histoire d’un jeune
violoniste amoureux d’une femme alcoolique.
- Angleterre : "The Red Shoes/Les Chaussons rouges" (Michael Powell,
1948) : les déboires d’un triangle amoureux composé d’une danseuse, d’un
chorégraphe et d’un compositeur. Brian Easdale (1909-1995/GB) composa un
court ballet qui est le plus célèbre des tabloid ballets.
- USA : "September Affair/Les Amants de Capri" (William Dieterle,
1950) : En Italie une pianiste concertiste tombe amoureuse d’un homme
d’affaires, avec en final et en concert le Piano Concerto No. 2 de
Rachmaninoff.
- France : "Prélude à la gloire" (Georges Lacombe, 1950) : une
adaptation nettement fictionnelle de la découverte par Roberto Benzi (né en
1937) de la musique classique et de la direction d’orchestre. Dès l’âge de dix
ans Benzi donna des concerts qui firent sensation. Le final du film est un
concert où l’enfant, à la tête de l’Orchestre de la Société des Concerts du
283
À propos de ce film, l’universitaire Ethan Sadoian écrit : « The use of Rachmaninoff’s
music in "I’ve Always Loved You" is similar to the use of the Warsaw Concerto in
"Dangerous Moonlight". Passages from the concerto, as well as rearrangements of the
themes, are used in the underscore. And it is also frequently used as source music, in the
extended concert sequences and when Myra [the pianist] and Goronoff [the conductor] are
practicing at the piano. » « L’utilisation de la musique de Rachmaninoff dans "Je vous ai
toujours aimé" est similaire à celle du Warsaw Concerto dans "Dangerous Moonlight". Des
passages du concerto, ainsi que des ré-arrangements des thèmes, sont utilisés comme fond
sonore. Et ce concerto est aussi fréquemment utilisé en tant que musique diégétique, dans
les longues séquences de concert et quand Myra [la pianiste] et Goronoff [le chef
d’orchestre] répètent au piano. » Ethan Sadoian, « The Warsaw Concerto, Analysis,
Influences, and Influence » (2014), p. 84.
112
Conservatoire, dirige Les Préludes de Franz Liszt. Une suite a été faite :
"L’Appel du destin" (Georges Lacombe, 1953).
- France : "Ombre et Lumière" (Henri Calef, 1951) : Après avoir été
victime d’une crise de surmenage lors d’une tournée de concert, une jeune et
très célèbre pianiste ne trouve pas d’autre moyen pour garder l’homme
qu’elle aime que de reprendre une carrière qu’elle croyait pouvoir
abandonner. Le Piano Concerto No. 1 de Tchaikovsky284 est écouté par extraits
durant le film et lors d’un concert qui constitue la scène finale.
Sans compter les biographies plus ou moins romancées de
compositeurs du XIXe siècle285…
Toutefois la spécificité des studios anglais fut de pousser l’efficacité
d’une musique jusqu’à faire d’elle l’équivalent d’un personnage. Ce fut le cas
en 1941 avec le Warsaw Concerto, en 1944 avec la Cornish Rhapsody et en 1947
avec The Dream of Olwen286. La musique, en tant qu’élément essentiel du
scénario, devient l’image de marque des films Denham. À propos du Warsaw
Concerto, l’universitaire Blair Johnston écrit :
« The opening is certainly dramatic enough ; the piano enters with a gusto matched
perhaps only by the Grieg Piano Concerto’s opening plunge ; tympani alone supports this
first gasp. A deliciously syrupy second theme – a melody once famous and instantly
recognized around the globe – is pure Rachmaninov (its cadence-moment is borrowed
straight from the Piano Concerto No. 2), but one should not think any less of Addinsell’s
effort for its unabashed stylistic borrowings. The effort is supremely skillful, the music
graceful, and not overly self-indulgent. »287
« Le début est vraiment dramatique ; le piano entre avec un panache qui est sans
doute seulement égalé par l’ouverture du Piano Concerto de Grieg ; seules les timbales
soutiennent cette première envolée. Un deuxième thème délicieusement sirupeux – une
mélodie qui est devenue célèbre et peut être instantanément reconnue dans le monde
entier – est du pur Rachmaninoff (le moment de cadence qui conclut l’exposition de ce
thème est directement dérivé du Piano Concerto No. 2), mais l’œuvre d’Addinsell ne devrait
pas être jugée moins digne d’intérêt à cause de ses emprunts stylistiques évidents.
284
Dans le générique du film, où l’on entend le fameux incipit, il est indiqué : « Concerto n°2
pour piano et orchestre de Tchaikowsky », erreur sans doute due à la célébrité du Piano
Concerto No. 2 de Rachmaninoff…
285
Rappelons que pour le film "Schumann’s Love Song/Passion immortelle" (Clarence
Brown, 1947), le compositeur Bronislaw Kaper (1902-1983/USA), ou l’un de ses
collaborateurs, a fait du Piano Concerto No. 1 (1851) de Franz Liszt (1811-1886) un mini piano
concerto de 6’. Il n’est pas recensé dans le "Répertoire" parce qu’il est basé sur une œuvre
préexistante (cf. chapitre II, critère n°7 : un mini piano concerto n’est pas un arrangement
d’une œuvre du répertoire classique, d’un thème de film, d’une chanson…)
286
"Dangerous Moonlight" (1941, Studios Denham) ; "Love Story" (1944, Gainsborough
Pictures) ; "While I Live" (1947, Edward Dryhurst Productions).
287
Blair Johnston, notice sur le Warsaw Concerto pour le site AllMusic.com [en ligne,
http://www.allmusic.com/composition/warsaw-concerto-for-piano-orchestra-for-the-film-
dangerous-moonlight-suicide-squadron-mc0002368548, consulté le 27 juillet 2017]
113
L’écriture démontre extrêmement de talent, la musique est gracieuse et pas trop
complaisante. »
288
Cité dans Kevin J. Donnelly, « British Film Music and Film Musicals » (2007), p. 50. Cité
également dans Ann Heather Laing, « Wandering Minds and Anchored Bodies : Music,
Gender, and Emotion in Melodrama and the Woman’s Film » (2000), p. 201. Louis Levy fut
le directeur musical des films Gainsborough qui produisirent notamment "Love Story"
(1944).
289
John Huntley, « British Film Music » (1947), p. 69.
114
Cornish Rhapsody, 1er thème (partie lente)
290
Ces deux grandes maisons de productions que furent les Studios Denham et
Gainsborough Pictures se sont en quelque sorte spécialisées dans le mélodrame et le film
de propagande anti-fasciste. Sur les « Woman’s Films », lire Mary Ann Doane, « The
Desire to desire : The Woman’s Film of the 1940s » (1987) et Heather Ann Laing,
« Wandering Minds and Anchored Bodies : Music, Gender and Emotion in Melodrama and
the Woman’s Film » (2000).
115
- Margot Pinter (Blues-Fantasy de Nico Dostal)
- Catherine Roe-Williams (Stage Fright Rhapsody de Leighton Lucas)
- Frieda Valenzi (Concerto for the Only One/Konzert für die Einzige de
Heinz Walberg ; Memories, Romantic Concertino/Erinnerungen, Romantische
Concertino de Josef Sirowy)
- Ingeborg Wunder (Piano Concerto de Wolfgang Gottschalk ; Romantic
Melody de Nico Dostal ; Spanish Impressions/Spanische Impressionen de Heinz
Kiessling)
Il est à noter aussi que dans le film des Gainsborough Pictures "Love
Story" (Leslie Arliss, 1944) c’est une compositrice imaginaire291, Lissa
Campbell, interprétée par Margaret Lockwood, qui écrit pour l’amour d’un
homme (aviateur de surcroît) la Cornish Rhapsody. Pour l’universitaire John
Morris :
« The Gainsborough melodramas and those that feature a "Denham Concerto" […]
may be referred to as, simply, "drama" or "romantic drama". What they do have in
common is either a female protagonist, or a proeminent actor as the main female lead,
serving to identify the film as a "woman’s film", as well as a generally romantic theme and
dramatic setting. »292
« Les mélodrames de Gainsborough et ceux qui contiennent un "Denham
Concerto" […] peuvent être appelés, simplement, "drames" ou "drames romantiques". Ce
qu’ils ont en commun est soit un personnage féminin principal, soit une actrice célèbre
jouant le premier rôle féminin, ainsi qu’un thème généralement romantique et une mise en
scène dramatique ; tout cela permet de cataloguer ces films comme des "films pour
femme".
291
Pour un essai de recensement des principaux « personnages/compositeurs » censés avoir
écrit l’œuvre concertante que l’on entend dans un film, voir Annexe 3.
292
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), Introduction, p. 12.
293
Mary Ann Doane, « The Desire to desire : The Woman’s Film of the 1940s » (1987), p. 97.
116
Plus que de la musique de film, le Denham Concerto était une sorte de
catalyseur d’émotions non exprimables, un condensé des sentiments que
devaient ressentir le spectateur et plus particulièrement la spectatrice. Ce
que dit John Morris du « Woman’s Film » "Moonlight Sonata" (Lothar
Mendes, 1937) convient également pour "Dangerous Moonlight" réalisé par
Brian Desmond Hurst en 1941 :
« Considering that the film was made two years before the invasion of Poland which
prompted the declaration of War, the relationship between Britain and Poland can be
contextualised in a broader cultural milieu of the shared values of democracy and
freedom »294.
« Considérant que le film ["Moonlight Sonata", 1937] a été réalisé deux ans avant
l’invasion de la Pologne qui a déclenché la déclaration de Guerre, les relations
diplomatiques entre la Grande-Bretagne et la Pologne peuvent être appréhendées dans un
contexte culturel plus vaste, celui des valeurs partagées de la démocratie et de la liberté. »
294
John Morris, « Two Shadows in the Moonlight, Music in British Film Melodrama of the
1940s » (2008), p. 66.
295
Jane Hines, résumé de la conférence « The Enchanted Concerto : World War II,
Propaganda, and Musemes », Bowling Green State University, USA, 2 juin 2013.
117
1- Entend-on du piano dans le film ?
2- Un personnage a-t-il un lien avec la musique ?
3- Un des deux personnages principaux est-il pianiste ou
compositeur ?
4- Y a-t-il un récital/concert dans le film ?
5- Le Denham Concerto est-il écouté avec orchestre diégétique ?
6- Écoute-t-on le Denham Concerto intégral ?
• "The Way to the Stars" / The Way to the Stars Concerto (1945) :
Pas de tabloid concerto
118
• "The Paradine Case" / The Paradine Case Rhapsody (1947) :
Écoute fragmentaire d’un piano solo / 1, 2, 3
296
Dans la séquence de concert à la fin du film "The Woman’s Angle" (Leslie Arliss, 1952),
il y a un violon et un violoncelle solistes en plus du piano, tandis que : « The slightly edited
published version features just a piano in the soloist role. » « La version publiée,
légèrement remaniée, présente uniquement un piano dans le rôle soliste. » Philip Lane,
Notes pour le CD DECCA « Love Story : Piano Themes from Cinema’s Golden Age »
(2016), p. 4. Traduction française par Dennis Collins, p. 7.
119
Dans cette liste, les cinq Denham Concertos (soulignés) écoutés dans
leur intégralité sont les suivants :
• Cornish Rhapsody (1944/6’) dans le film "Love Story", où l’héroïne est
l’auteur de l’œuvre jouée intégralement en concert.
• Concerto for Sweeney (1947/8’) dans le film "Night Song/La Chanson
des ténèbres", où le personnage principal est un compositeur faisant jouer
son concerto par des interprètes célèbres (le pianiste Arthur Rubinstein et le
chef d’orchestre Eugene Ormandy).
• The Dream of Olwen (1947/4’) dans le film "While I Live", où l’héroïne
est la pianiste interprétant l’œuvre que les personnages écoutent en entier à
la radio.
• Legend of Lancelot (1949/4’) dans le film à sketches "Train of Events",
où les deux personnages principaux de la troisième histoire sont
respectivement un compositeur et une pianiste concertiste.
• Mansell Concerto (1952/4’) dans le film "The Woman’s Angle", où les
quatre enfants de la famille Mansell sont respectivement compositeur,
pianiste, violoniste et violoncelliste.
297
La bande sonore de Spellbound a remporté en 1945 l’Academy-Award Prize de la
meilleure musique de film.
298
Jack Sullivan, « Hitchcock’s Music » (2008), p. 120.
120
Addinsell (qui composa la musique du film de Hitchcock "Les Amants du Capricorne"), et
Kern voulait profiter financièrement de cette vogue. »
Bien qu’il soit incorrect d’employer le terme tabloid concerto pour les
passages du Piano Concerto No. 2 de Rachmaninoff utilisés en tant que bande
sonore de "Brief Encounter/Brève rencontre" – puisque la musique est
antérieure au film –, il s’agit bien de l’utilisation la plus réussie d’un concerto
pour piano dans un film301. Il est à noter que ce concerto constitue
299
"Brief Encounter/Brève rencontre" arrive en deuxième position dans un palmarès des
100 meilleurs films britanniques établi en 1999 par le British Film Institute.
300
Yvan Raykoff, « Concerto con amore : Relationship and Ritual in the Soundtrack Piano
Concerto » (2000), part III, paragraphes 31 et 32.
301
Le Piano Concerto No. 1 de Tchaikovsky fut utilisé avec moins d’efficacité dans le film
américain "The Great Lie/Le grand mensonge" (Edmund Goulding, 1941) et dans le film
anglais "The Common Touch" (John Baxter, 1941).
121
l’intégralité de la "musique du film"302, singularité qui, même dans le cas
d’un tabloid concerto, ne se retrouve dans aucun autre film. Succès oblige,
on arrangea cette œuvre en pseudo tabloid concerto, plus souvent encore en
micro-concerto.
La particularité stylistique de la majorité des Denham Concertos étant
d’être écrits "alla Rachmaninoff", les spécialistes de la musique de film Alain
Lacombe et Claude Rocle ont raison de constater : « La liberté du
compositeur hollywoodien réside dans une saturation de la norme. Il n’est
pas possible d’envisager une partition qui aille à l’encontre des canons
musicaux à la mode. Sa possibilité d’intervention consiste, au contraire, à
renforcer la rigueur du déterminisme thématique. »303 Écrire un Denham
Concerto ou un para Denham Concerto c’est, très précisément, faire la
synthèse, la plus concise possible, des concertos post-romantiques qui ont
constitué la trame sonore de la première moitié du XXe siècle afin de l’offrir
à des spectateurs qui ne sont pas supposés être des habitués des salles de
concerts.
La similitude d’écriture entre les Denham Concertos britanniques et
ceux made in Hollywood s’explique aisément : de part et d’autre de
l’Atlantique il y avait entre les studios des intérêts financiers communs, et
entre les artistes une rivalité et une stimulation permanentes. En raison
même de cet état d’esprit qui régna durant les décennies 1940 et 1950, chaque
compositeur a pu espérer réitérer la réussite du Warsaw Concerto. Il en est de
même pour l’industrie du disque. Pour Alain Lacombe et Claude Rocle : «
Au-delà du pastiche romantique classique, cette composition [le Warsaw
Concerto] reste d’une facture musicale intéressante et admirablement
construite. Sa commercialisation à outrance devait aboutir à l’éveil intéressé
de producteurs pour la reproduction de musiques de film sur disque. »304
Les Denham Concertos en particulier, et les tabloid concertos en
général, ont donc donné à la musique de film l’opportunité de n’être plus
prisonnière d’un film. Leur succès a aussi donné envie à des compositeurs
de tous horizons d’écrire des simili tabloid concertos "comme au cinéma"
sans devoir subir les contraintes inhérentes à la musique de film. Ce fut sans
doute une des raisons de la vogue du mini piano concerto. Ainsi, tous ces
simili tabloid concertos (dont d’excellents para Denham Concertos)
constituent la grande partie immergée de l’iceberg305.
302
À l’exception de deux très courts extraits de musique diégétique entendus dans les lieux
publics où vont les deux personnages principaux.
303
Alain Lacombe & Claude Rocle, « La Musique du film » (1979), p. 37.
304
Ibid., p. 145.
305
Voir le graphique du chap. I : Qu’est-ce qu’un mini piano concerto ?
122
3- Le Denham Concerto est-il une musique de film ?
306
Cité dans « La Musique à l’écran », sous la direction de François Porcile et Alain Garel
(1992), p. 63, col. 2. Le nom du traducteur n’est pas indiqué.
307
William Axt est l’auteur notamment de la musique du 1er Ben-Hur (muet, 1925) de Fred
Niblo.
308
Gilles Mouëllic, « La Musique de film, pour écouter le cinéma » (2003), p. 54.
123
n’est pas d’être une musique qui accompagne l’action du film mais d’être un
court concerto pour piano qui est l’action-même du film dans la séquence où
on l’entend. Cette œuvre concertante, ainsi mise en valeur, "transcende"
d’autant plus le film qu’elle a été écrite dans cette intention.
La musique du film "Dangerous Moonlight" (Brian Desmond Hurst,
1941) n’a pas été éditée en disque alors que le Warsaw Concerto d’où il tire son
origine a été vendu à plus de trois millions d’exemplaires309. Personne ne
semble avoir écouté la musique de Louis Levy (1894-1957/GB) pour le film
"Love Story" (Leslie Arliss, 1944) alors que la Cornish Rhapsody composée
pour ce même film par Hubert Bath (1883-1945/GB) a été très souvent
interprétée et enregistrée. Dans ces deux exemples, ainsi que dans tous les
films où l’on peut entendre un Denham Concerto, la musique de film
s’efface au profit du Denham Concerto. Il semble donc évident qu’il y a une
différence entre la musique d’un film et le Denham Concerto qu’elle
contient. Une séparation de principe autant que de fait car le Denham
Concerto s’écoute lors d’une séquence de concert plus ou moins intégral, à
l’occasion d’une diffusion radio ou à un moment privilégié où sont souvent
exclus bruits et paroles, ce qui est rarement le cas pour une musique de film.
Cette différence est d’autant plus évidente que l’on demande parfois à un
autre compositeur que celui de la musique du film d’écrire ce qui sera le
moment fort du scénario. Il y a donc, selon les usages, d’un côté un
compositeur de musique de film et, de l’autre, l’auteur d’un Denham
Concerto, ce qui sera le cas pour les films suivants :
- "Love Story" (Leslie Arliss, 1944) : musique de film écrite par Louis
Levy (1894-1957) – Cornish Rhapsody de Hubert Bath (1883-1945/GB)
- "Piccadilly Incident" (Herbert Wilcox, 1946) : musique de film écrite
par Anthony Collins (1893-1963/GB) – Piccadilly 1944 de Vivian Ellis (1904-
1996/GB)
- "The Woman’s Angle" (Leslie Arliss, 1952) : musique de film écrite
par Robert Gill (1916-1955/GB) – Mansell Concerto de Kenneth Leslie-Smith
(1897-1993/GB)
-"24 Hours of a Woman’s Life/Affair in Monte Carlo" (Victor Saville,
1952) : musique de film de Robert Gill – The Hour of Meditation de Philip
Green (1911-1982/GB)
- "Foreign Intrigue" (Sheldon Reynolds, 1956) : musique de film de
Paul Durand – Foreign Intrigue Concerto de Charlie Norman (1920-2005/Swe)
309
Jan G. Swynnoe, « The Best Years of British Film Music, 1936-1958 » (2002). Annexe B :
« The True Story of the Warsaw Concerto » by Roy Douglas, p. 216. Voir ci-dessus, chap. V,
paragraphe 1.
124
- "Julie" (Andrew L. Stone, 1956) : musique de film de Leith Stevens
(1909-1970/USA) – Midnight on the Cliffs de Leonard Pennario (1924-
2008/USA)
- "Lolita" (Stanley Kubrick, 1962) : musique de Nelson Riddle (1921-
1985/USA) – Lolita Theme de Bob Harris (1925-2000/USA)
310
Sur les compositeurs imaginaires de concerto pour piano au cinéma, voir l’Annexe 3.
311
Pierre Berthomieu, « La Musique de film » (2004), p. 19.
125
par le biais d’une musique qui n’est, à proprement parler, ni de cinéma ni de
concert. De quoi satisfaire le plus intransigeant des réalisateurs car, comme
l’écrivent les historiens de la musique de film Alain Lacombe et Claude
Rocle, « assez souvent, les réalisateurs demandent avec ou sans malice à leur
compositeur un thème qui dépasse le film et, par voie de conséquence, lui
apporte un prolongement servant l’image ou la trace qui lui subsiste. »312
Faire le choix d’une composition préexistante au film a toujours été un
pari risqué, comme nous le rappelle l’historien du cinéma anglais John
Huntley, à propos du film "Dangerous Moonlight" :
« The associations which individual members of the audience may have in relation
to a certain piece of well-known music are quite beyond the control of the director of a film
in which it is used… And so with "Dangerous Moonlight" it was rightly decided to have a
piece of music specially written, that could be used to become associated in the mind of
the audience with Poland, air raids in Warsaw, and whatever the director wanted to
suggest. »313
« Les associations que certains spectateurs pourraient avoir faites par rapport à une
pièce de musique bien connue sont au-delà du contrôle du directeur du film dans lequel
elle est utilisée… Ainsi avec "Dangerous Moonlight" il a été décidé, à raison, qu’il y aurait
une pièce de musique spécialement écrite pour le film, qui pourrait ainsi s’associer dans
l’esprit du public avec la Pologne, les raids aériens sur Varsovie, et tout ce que le directeur
voulait suggérer. »
312
Alain Lacombe & Claude Rocle, « La Musique du film » (1979), p. 68.
313
John Huntley, « British Film Music » (1948 ; rééd. 1972), pp. 53–54.
314
La seule exception à la règle, du moins à notre connaissance, est le film canadien
"Whispering City" (Fedor Ozep, 1947) où le personnage du compositeur Michel Lacoste est
censé être l’auteur d’un concerto que l’on entend par extraits dans le film, qui est en fait le
Quebec Concerto d’André Mathieu, composé en 1943. Voir chap. IV, paragraphe 2.
315
Alain Lacombe & Claude Rocle, « La Musique du film » (1979), p. 126.
126
« Tabloid concertos often are similar in structure to the Warsaw Concerto: usually a
stormy or forceful opening section, which announces the piece as a concertante work for
piano and orchestra; a beautiful, passionate middle section, often introduced by the piano
alone; and a triumphant closing section. The piano textures, such as octave chords over
arpeggios to present melody, and sweeping arpeggios to accompany melody in the
orchestra, are also similar. Use of strings in widely-spaced octaves to present melodies in
the orchestra is also common. »316
« Les tabloid concertos ont souvent une structure similaire à celle du Warsaw
Concerto : habituellement une ouverture tempétueuse ou puissante, qui annonce la pièce
en tant qu’œuvre concertante pour piano et orchestre ; une section centrale belle et
passionnée, souvent introduite par le piano seul ; et une section finale triomphale. Les
textures du piano, telles que les accords en octave par dessus les arpèges de la main gauche
pour présenter la mélodie et des grands arpèges aux deux mains tout le long du clavier
pour accompagner la mélodie que joue l’orchestre, sont également similaires. L’utilisation
des cordes doublées sur plusieurs octaves pour présenter les mélodies par l’orchestre est
également un trait commun. »
316
Ethan Sadoian, « The Warsaw Concerto, Analysis, Influences, and Influence » (2014), p.
102.
317
Maurice Hinson, « Music for Piano and Orchestra : An Annotated Guide » Enlarged
Edition (1993), p. 2.
127
CHAPITRE VI
1- Présentation
La vogue des mini piano concertos s’est éteinte dans les années 60, et,
aujourd’hui, elle a presque disparu de la mémoire collective. Il était donc
utile et même nécessaire d’établir un "Répertoire" de ces œuvres presques
toutes inconnues, la majorité d’entre elles n’ayant jamais été éditée sur
support CD. Bien sûr ce "Premier Répertoire chronologique (et détaillé)"
comporte des lacunes ; mais il est probable qu’elles pourront être comblées
grâce aux ressources exponentielles d’internet.
Etablir un répertoire, c’est se poser la double question : où finit le
domaine de la pièce pour piano et orchestre dite "classique", où commence
celui du mini piano concerto ? C’est toute la difficulté d’un classement car la
frontière est incertaine, ainsi que nous l’avons vu (chap. II : Les Frontières
d’un genre musical). À l’exception des pièces concertantes écrites pour le
cinéma (les Denham Concertos et plus généralement les tabloid concertos), il
est parfois malaisé de cataloguer telle courte œuvre concertante post-
romantique. Qu’il soit écrit dans un Popular Style, selon l’expression anglo-
saxonne, ne suffit pas toujours à définir un mini piano concerto. Pas
davantage qu’il soit signé par un compositeur de films ou de Light Music,
puisque bien des compositeurs réputés "sérieux" ont aussi travaillé pour le
Symphonic Entertainment (Musique orchestrale de divertissement), tandis
que des compositeurs dits "populaires" ont écrit des œuvres orchestrales
sérieuses. Le style glamour hollywoodien est-il inséparable du mini piano
concerto ? Quelle durée celui-ci ne doit-il pas dépasser ? L’étiquette collée
par un producteur de disques est-elle une garantie suffisante ? Dans certains
cas, les réponses sont loin d’être évidentes.
Même si l’on s’appuie sur les sept critères que nous avons définis (voir
chapitre II), dont plusieurs relèvent du bon sens, l’ambiguïté persiste pour
certaines œuvres. Un recensement rigoureux des mini piano concertos
présente une difficulté identique à celle que l’on rencontre dans tout autre
classement d’un genre artistique. Cette difficulté de classer avec méthode les
œuvres d’art a sa source dans la nature même de la création artistique.
Chacun conviendra que le style d’un auteur emprunte plus ou moins à des
styles connexes au sien, et ce avec d’autant plus de subtilité que cet artiste
s’exprime en toute liberté. En conséquence, plusieurs œuvres recensées ici
peuvent être cause de discussions sans fin. Mais, tel qu’il est, ce "Premier
Répertoire chronologique" permet de se faire une idée rapide et précise de
ce qu’est le registre des mini piano concertos, et devrait inciter des
chercheurs à le compléter et à l’améliorer.
Ce Répertoire est écrit en anglais car nous allons le mettre en ligne sur
internet où la langue anglaise est quasiment de rigueur.
= Durée (minutes)
F= Écrit pour un Film ou arrangé d’une musique de film
J = Avec une influence Jazz, souvent à la manière de Gershwin
M = Composé dans un style plus Moderniste
318
Voir aussi Annexe 1 : Œuvres dont nous n’avons à ce jour ni partition ni enregistrement,
mais dont plusieurs indices donnent à penser que ce sont des mini piano concertos.
A été compté comme une seule personne le compositeur fictif Milton
Carson qui réunissait, pour la série radio « Destiny » (1957-58), les
britanniques Howard Barnes, Harold Fields et Joseph Roncoroni.
A été également compté comme un compositeur unique le collectif
chinois ayant écrit le Shanghai Concerto (2010).
319
Gavin Borchert, "Swept Away : The Lost genre of film concertos" in Seattle Weekly
News [en ligne,
http://archive.seattleweekly.com/2001-04-25/arts/swept-away/, consulté le 10 janvier 2018]
320
Sur le site "Leonard Pennario" [en ligne,
http://www.pennario.org/Pages/Composer/Leonard-Pennario-Midnight.html, consulté le 15
septembre 2017]
l’attestent les pages 13 et 14 de la "Ferde Grofé Collection" de la "Music
Division of the Library of Congress"321.
A été compté le Laguna Concerto (1960) de Philip Moody (1921-
2011/USA) car le titre se réfère à la Laguna Beach, en Californie, où séjournait
l’auteur quand il composa son concerto322.
A été également compté City Melody (c. 1985) de Werner Bruggemann
(1936-1997/Aut) car le titre originel allemand est Hamburgmelodie, du nom de
la ville Hambourg.
N’a pas été compté le Bristol Concerto (1959) de Trevor Herbert Stanford
(1925-2000/GB), alias Russ Conway, car cette œuvre n’a été enregistrée que
dans une version abrégée (3’), avec chœur de femmes, sous le titre My
Concerto for You. Mais les intentions de l’auteur ont bien été de donner le
nom de sa ville natale à son concerto.
N’a pas non plus été compté le Kalauer-Konzert (1967) de Karl-Heinz
Köper (1927-2011/Ger) en raison du choix de l’auteur de conserver l’ambiguïté
entre les deux significations possibles du mot "Kalauer" : "Calembour" et "de
Kalau" (nom d’une petite ville allemande), ainsi que nous l’a expliqué dans
un mail Christoph Dohr, éditeur attitré de Karl-Heinz Köper323.
Les titres avec des noms de villes, de régions ou de pays veulent
surtout indiquer une filiation avec les deux premiers et plus célèbres
Denham Concertos : Warsaw Concerto (1941) de Richard Addinsell et Cornish
Rhapsody (1944) de Hubert Bath. On peut d’ailleurs constater que sont utilisés
seulement des lieux américains ou européens, jamais des lieux exotiques qui
impliquerait l’utilisation d’un style musical exotique et/ou d’une
instrumentation en accord avec l’endroit choisi. D’où la surprise de ce
critique – qui devait ignorer l’existence de la tradition lancée par les Denham
Concertos – qui écrit à propos d’un disque réunissant notamment la Cornish
Rhapsody de Hubert Bath, la Swedish Rhapsody (1947) de Charles Wildman et
la Hollywood Rhapsody (1955) d’Arthur Ferrante et Louis Teicher :
« Modern rhapsodies seem not to involve the emotions of the composer too deeply.
They are written in conservative style (for which the average music lover is infinitely
grateful) and they content themselves with being pleasantly atmospheric rather than
probing the distinctive differences of the locales they are describing. In this category
belong the late Hubert Bath’s Cornish Rhapsody and Ferrante and Teicher’s Hollywood
Rhapsody. »324
321
Document en ligne,
http://lcweb2.loc.gov/service/music/eadxmlmusic/eadpdfmusic/uploaded_pdf/ead_schema_
pdf_batch-31_august_2013/mu013007.pdf, consulté le 23 septembre 2018.
322
Cf. le journal Desert Sun du 15 mars 1978 [en ligne,
https://cdnc.ucr.edu/cgi-bin/cdnc?a=d&d=DS19780315.2.44, consulté le 7 décembre 2017]
323
Mail que nous a envoyé M. Dohr le 7 décembre 2017.
324
Bernard Lebow, Notes pour le LP « Rhapsody » (URANIA, 1955).
« Les rhapsodies modernes semblent ne pas impliquer les émotions du compositeur
trop profondément. Elles sont écrites dans un style conservateur (pour lequel le mélomane
lambda est infiniment reconnaissant) et elles préfèrent créer une atmosphère agréable
plutôt que de sonder les différences distinctives des lieux qu’elles décrivent. Dans cette
catégorie se placent la Cornish Rhapsody de Hubert Bath et la Hollywood Rhapsody de
Ferrante et Teicher. »
325
Pierre Berthomieu, « La Musique de film » (2004), p. 18.
326
Sur les Denham Concertos, voir chap. IV, paragraphe 2, et aussi chap. V, paragraphe 1.
327
Notamment les réductions pour piano solo (voir chap. IV, paragraphe 2).
151
musique populaire et musique "sérieuse". Mais cet effort d’initier le grand
public à la musique d’esprit "classique" a été étouffé par les impératifs
économiques d’une société devenue "société de consommation" et
culturellement monopolisée, dans tous les médias, par la variété
internationale et la pop music. Nous sommes loin de cette époque où le
musicologue britannique Howard Mayfair écrivait :
« Although frowned open by the purists, it cannot be denied that this type of
composition has proved an important link in the chain which joins the classical and
popular musical worlds. »328
« Bien que mal vu par les puristes, on ne peut pas nier que ce genre de composition
s’est révélé être un maillon important dans la chaîne qui joint les mondes de la musique
classique et populaire. »
Avec le recul, il semble évident que les mini piano concertos, pourtant
qualifiés par les Anglo-saxons de Popular Style, ne furent réellement
appréciés que d’une étroite frange d’auditeurs qui, tout en ne voulant pas
écouter uniquement le répertoire classique stricto sensu, ne souhaitaient pas
non plus n’écouter que les nouveautés de la pop music. Mais le pouvoir
d’attraction de cette dernière fut tel qu’il a fini par détourner aussi les
auditeurs auxquels s’adressaient les mini piano concertos. Dans le même
temps, les habitués des salles de concert se tournaient vers une musique
résolument plus moderniste.
Grâce au cinéma, qui conserva l’engouement du public, ont été sauvés
de l’oubli quelques tabloid concertos dont le dernier à avoir eu un succès
retentissant fut le Love Story Theme (1970/4’) de Francis Lai (1932-2018/Fra).
Il est commun de dire que le post-romantisme concertant a été incarné
par Sergei Rachmaninoff (1873-1943/Rus). Et si l’on veut bien considérer que
Rachmaninoff, adoubé par Hollywood, mourut dans sa maison de Beverly
Hills en ayant suscité de nombreux épigones, on peut dire, sans trop se
hasarder, qu’il y a une filiation directe entre la tradition post-romantique
incarnée par Rachmaninoff et les Denham Concertos – le must des mini
piano concertos – ce que notre travail aura montré, nous l’espérons.
Mais le XXe siècle a été un siècle de ruptures qui a brûlé ce qu’il avait
adoré. Face à ce qui pouvait passer pour un désintérêt persistant, beaucoup
de compositeurs de mini piano concertos, désormais oubliés ou à peu près
328
Notes de Howard Mayfair concernant le mini piano concerto de Reynell Wreford (1898-
1976/GB) intitulé The Last Rhapsody (1953/3’), sur la pochette du vinyle EMI RECORDS
LIMITED 7EG 8053 (1954) [en ligne,
https://img.discogs.com/jz-oXYhVGcEgl92EzGzoz2X_KZs=/fit-
in/600x599/filters:strip_icc():format(jpeg):mode_rgb():quality(90)/discogs-images/R-7661763-
1446203957-9306.jpeg.jpg, consulté le 14 mars 2018]
152
inconnus329, ont dû s’interroger comme l’a fait récemment Pierre
Berthomieu, historien de la musique de film : « Que se passe-t-il donc
aujourd’hui, en cette fin du XXe siècle et ce début du XXIe ? Le monde et la
musique perdent l’éternité. La joie de l’instant devient simple plaisir
physique de l’instant. Moins qu’un plaisir : une sensation, une excitation
sans saveur, un stimulus. C’est une nouvelle forme qui s’est installée, la
musique-excitation, qui est aussi une musique-masse, sans tissu dramatique.
Hantée par un complexe culturel, cette forme de composition refuse toute
complexité, toute orchestration singulière, et se destine à souligner la
figuration physique d’une action. »330
En moins d’un demi-siècle, de nouvelles préférences socio-culturelles
ont détourné le public des plaisirs musicaux des générations précédentes.
Tout s’est transformé et continue de se métamorphoser à un rythme si
trépidant que les modes populaires elles-mêmes parviennent difficilement à
durer plus d’une décennie. Il y a tant de courants dans la pop music qu’il est
impossible de s’y retrouver. Quant à la musique dite "sérieuse", comment en
définir les courants ? Chaque compositeur ne veut-il pas que son œuvre soit
écoutée en tant qu’elle-même, sans référence à une école, à un style ou une
technique préexistants ?
Certes, des mini piano concertos en tous genres continuent
sporadiquement d’être composés, mais sans que le public ne leur prête la
moindre attention. Notons toutefois que le 9 mai 2003 un concert du London
Philharmonic Orchestra rendit hommage aux concertos de films. À cette
occasion, David Wishart, producteur du concert, commanda au compositeur
Richard Bissill (b. 1956/GB) une Rhapsody for piano and orchestra dans le style
des Denham Concertos. Pour David Wishart, « […] this was not pastiche –
but a fond remembrance – a splendid evocation of a style and of an era of
British (film) music to be treasured. »331 « ce n’était pas un pastiche – mais un
tendre souvenir – une splendide évocation d’un style et d’une époque de
musique (cinématographique) britannique chers à nos cœurs. »
À la grande époque de l’Age d’or d’Hollywood et de Broadway, les
tabloid concertos en général, et les Denham Concertos en particulier, se
présentaient comme le concentré d’un grand concerto romantique, et
trouvaient leur raison d’être dans la concision et un lyrisme spectaculaire
329
On peut se rendre compte de l’oubli dans lequel sont tombés ces compositeurs en
consultant les noms recensés dans notre "Répertoire chronologique (et détaillé) des mini
piano concertos" (chap. VI) : à peine une dizaine d’entre eux a échappé à ce naufrage
culturel, lequel concerne presque toute la musique orchestrale de la seconde moitié du
XXe siècle (voir Avant-Propos, note 4).
330
Pierre Berthomieu, « La Musique de film » (2004), p. 73.
331
Sur le site du compositeur Richard Bissill [en ligne,
http://www.richardbissill.com/biography.html, consulté le 15 janvier 2018]
153
assumés. Aujourd’hui, les mini piano concertos sont souvent le refuge
d’autodidactes en mal de romantisme qui s’expriment sur des sites internet
accueillants, ou sont des compositions à but promotionnel comme celle de
l’allemand Norbert Jürgen Schneider (b. 1950) pour l’Exposition Universelle
de 1992 qui s’est tenue à Séville332. Et que penser du mini piano concerto que
l’Exposition Universelle de Shanghai de 2010 a commandité pour sa vidéo de
promotion ? Né d’un collectif de compositeurs chinois, le Shanghai Concerto,
d’une durée de sept minutes, interprété par Lang Lang, est bien loin des
mini piano concertos composés un demi-siècle plus tôt, notamment de la
Rhapsody 21 écrite pour l’Exposition Universelle qui s’est tenue en 1962 à
Seattle (USA)333. Autres temps, autres mœurs… autres musiques.
Le cinéma a lui aussi évolué. Et ce n’est pas un des moindres paradoxes
du tabloid concerto que de le voir récemment redevenir l’enjeu majeur d’un
scénario. En effet, dans le film hollywoodien d’Eugenio Mira "Grand Piano"
(2013), un concerto pour piano334 écrit par l’américain d’origine espagnole
Victor Reyes (b. 1962) occupe un espace-temps sans commune mesure avec
tout ce que le cinéma avait pu jusqu’ici offrir aux tabloid concertos : vingt-
six minutes de présence à l’écran sur les soixante-quinze minutes du film !
Comble du paradoxe pour un tabloid concerto qui, par sa fonction à
l’intérieur d’un film, fut toujours une courte pièce, le voici qui se présente en
trois mouvements. Une ultime métamorphose qui, dans l’histoire des mini
piano concertos, prouve que si la page des Denham Concertos semble
définitivement tournée, celle des tabloid concertos de film est loin de l’être.
332
D’une durée de douze minutes, en trois sections enchaînées, le Evolution Concerto
(Concierto Evolución) ambitionna de synthétiser ce que fut la musique classique, la musique
romantique et ce qu’est la musique d’aujourd’hui, à grand renfort de batterie.
333
La Rhapsody 21 (7’) de Toni (Antoinette) Mineo (b. 1926/USA) et de son mari Attilio
Mineo (1918-2010/USA) est à classer dans les para Denham Concertos.
334
Ce tabloid concerto est écrit dans un style éloigné de ses ancêtres les Denham
Concertos.
154
Addinsell (1904-1977/GB) le « Moonshine of Hollywood »335. Mais le « frelaté
d’Hollywood » est-il intrinsèque à la seule musique de film ? À bien y
réfléchir, n’est-il pas le propre de toute musique que l’on n’aime pas – ou
que l’on se refuse de comprendre ?
Le « Moonshine/frelaté » n’existe-t-il pas partout, et même là où
certains ne penseraient pas le trouver ? Pour répondre à cette question, et
non sans une note d’humour bien utile dans un mémoire sur la musique,
voici les remarques d’Elie During, maître de conférence à l’Université Paris-
Nanterre, à propos de l’œuvre de John Cage intitulée 4’33’’. Cette œuvre,
rappelons-le, fut créée en 1952 par le pianiste David Tudor au Maverick
Concert Hall de Woodstock (État de New York). Sur le site de l’Ircam, Elie
During écrit :
« Dans le "silence" de 4’33’’ s’engouffre la rumeur du monde et de tous les discours.
Quel plus bel hommage au chef-d’œuvre de Cage, son morceau favori, que de le rejouer et
de le réinterpréter en y joignant une profusion de gloses, d’hypothèses et de spéculations
qui se sont depuis le début projetées sur lui, comme dans un test de Rorschach ? […] C’est
un portrait chinois où chacun s’efforce de tenir une perspective, ou plusieurs à la fois :
4’33’’ comme œuvre d’art conceptuel, 4’33’’ comme "tube", 4’33’’ comme tautologie, 4’33’’
comme œuvre expérimentale, 4’33’’ comme œuvre "queer"336, 4’33’’ comme non-œuvre,
4’33’’ comme proposition spéculative, etc. […] 4’33’’ est un "tube" qui est dans toutes les
têtes : avec son format de 45 tours, il est sans conteste l’œuvre la plus connue de Cage,
peut-être le morceau le plus populaire de toute la musique contemporaine. »337
335
Voici le passage entier de Kaikhosru Sorabji : « When is a Concerto not a Concerto? The
answer is: When a film forms all over it, and when it gets struck by the very dangerous
Moonshine of Hollywood, and when the great, tripe-hearted democracy thinks it is going
all classical and highbrow as it sits and listens, in the Palmers Green or Peckham Rye
Pallas-Athenaeum, to the multitudinous masterpieces of Mr Richard Addinsell, having had,
naturally enough till then, not the slighest idea how nice and easy "nice" music was to
listen to. » « Quand un Concerto n’est-il pas un Concerto ? La réponse est : Quand il est
intégralement lié à un film, quand il est frappé par le très dangereux style frelaté
d’Hollywood, et quand les grandes démocraties pensent du fond du cœur que tout cela
devient classique et sérieux ; quand les gens qui s’installent au Palmers Green ou au
Peckham Rye Pallas-Athenaeum pour écouter la multitude de chefs-d’œuvre de M. Richard
Addinsell, ignorent, assez naturellement jusqu’ici, combien il était agréable et facile
d’écouter de la "belle" musique. » in « Mi contra fa » (1947), p. 17. Cité aussi dans Mervyn
Cooke, « A History of Film Music » (2008), chap. XI, épigramme du paragraphe 1.
336
Le terme anglais "queer" signifie : tordu, étrange, louche, de travers, par opposition au
mot "right" qui signifie : droit.
337
Elie During, « Présentation du concert du 25 mars 2010, Centre-Pompidou » [en ligne,
http://brahms.ircam.fr/works/work/7099/, consulté le 4 novembre 2017]
155
rendre aussi séduisante que la couleur, la forme et le parfum d’une fleur. La
fin s’approchera de l’imperceptibilité. »338
Il est peut-être là, le « Moonshine d’Hollywood » : dans l’ambition
qu’ont les artistes de vouloir rêver, ou, du moins, de vouloir apporter un peu
de rêve au public. Du rêve et… du cœur.
4’33’’ relève-t-il du domaine du rêve, du registre du cœur ? Que les
adeptes de la musique expérimentale puissent se poser autant de questions
sur un « format de 45 tours », comme l’écrit Elie During, voilà, selon nous,
une façon de phantasmer/rêver la musique qui rejoint celle des amateurs de
tabloid concertos, de simili tabloid concertos, de Denham Concertos, de para
Denham Concertos, de micro-concertos... Car puisqu’il est certain que 4’33’’
a été écrit « for any instrument or combination of instruments » « pour tout
instrument ou combinaison d’instruments », ainsi que l’a indiqué John Cage,
pourquoi 4’33’’, dans sa nécessaire version pour piano et orchestre, ne serait-
elle pas un terrain d’entente pour tous les mélomanes ?
Et même, pourquoi ne pas inviter certains auditeurs à écouter 4’33’’
comme un idéal para Denham Concerto ? 1952, date de la création de 4’33’’,
correspond à une année riche en Denham Concertos et para Denham
Concertos, comme le montre notre "Premier Répertoire chronologique" (voir
chap. VI)339.
Puisqu’il est recommandé de rêver sur 4’33’’ – une œuvre que chacun
peut entendre selon ses possibilités, ses envies ou son idéal, nous dit-on –
que l’on nous permette d’ajouter à « une profusion de gloses, d’hypothèses et
de spéculations »340 le souhait que 4’33’’ « comme "tube" »341 puisse être pour
les adeptes de la musique expérimentale ce qu’est un mini piano concerto
pour les amoureux de la musique (post-)romantique : l’occasion de s’exalter
et, parfois même, de se sentir vivre mieux.
338
Le texte original de Cage se lit dans “A Composer’s Confessions”, cité dans James
Pritchett, “The Music of John Cage” (1993), p. 59. Le nom du traducteur n’est pas
mentionné dans l’article d’Elie During.
339
Ne serait-ce qu’en Angleterre, l’année 1952 est celle du Tune in G major de Richard
Addinsell (1904-1977) ; du Mansell Concerto de Kenneth Leslie-Smith (1897-1993) ; de la
Whispering Valley de Ronald Binge (1910-1979) ; de la Romantic Rhapsody de Charles
Williams (1893-1978). Chacun de ces mini piano concertos a sensiblement la durée du 4’33’’
de John Cage.
340
Elie During, « Présentation du concert du 25 mars 2010, Centre-Pompidou » [en ligne,
http://brahms.ircam.fr/works/work/7099/, consulté le 4 novembre 2017]
341
Ibid.
156
ANNEXE 1
157
- Grothe Franz (1908-1982/Ger) : Impromptu, valse bleu, for piano and small
orchestra, from "Furioso" (1950/5’)
- Grothe Franz (1908-1982/Ger) & Alexander Axel (1926-2016/Ger) : Piano
Concerto [thème principal basé sur la chanson de Grothe "A New Life begins"
écrite pour le film "The Castle in Flanders", 1936] (publ. posthume en
1983/10’)
- Gyldmark Oskar (1893-1977/Den) : Capriccio (1943/c. 5’)
- Gyulai Gaal Janos (1924-2009/Hun) : The Source (A forrás), symphonic
picture (1961/8’)
- Hagen Hans (1915-1979/Aut) : Concert Piece (Konzertstück) (?/?)
- Haletzki Paul (1911-2000/Ger) : Fantasy for Piano and Small orchestra (?/6’)
- Hötter (Hoetter) Heinz (1923-2000/Ger) : Rhapsody for Silvia (Rhapsodie für
Silvia) (?/4’)
- Hyde Miriam (1913-2005/Aus) : Fantasy-Romantic (création 1942/?)
- Jones Kenneth Baden (1915-2013/GB) : Rhapsody (?/?)
- Kartun Leon (1895-1982/Fra) : Rhapsodic Poem (Poème rapsodique), for piano
and jazz orchestra (1935/c. 8’)
- King Stanford F. (1912-2010/USA) : Pocket Concerto (1952/?)
- Kleinsinger George (1914-1982/USA) : Dawn to Dawn in New York (1955/9’)
- Kuhlman Elzard (1904-?/Net) : Jazz Concerto (1935/?)
- Kuster Herbert (1909-1986/Ger) :
Cleopatra, fantasy for piano and strings (1953/?)
Atlantis, impression (1954/?)
- Landauer Walter (1909-1983/Aut) : Vienna Concerto (LP COLUMBIA
DB3526, 1954/c. 8’)
- Lombardo Mario (1931-2012/USA) : Blue Interlude, rhapsody (publ. 1961/?)
- Lovelock William (1899-1986/GB/Aus) : Raggy Rhapsody (1976/10’)
- Marky Paul de (1897-1982/Hun/Can) : Ballade (interprétée en 1944/?)
- Martin (Leon) Georges (?/?) : American Caprice (1954/?)
- Mc Carthy John B. (?/Ger) : Impression (?/?)
- McKalip Mansell Brown (1915-?/USA) : Central Park South, fantasy (1955/?)
158
- Pelz William (1908-1962/USA) : Sentimental Rhapsody (1938/4’)342
- Reinl Franz (1903-1977/Aut) : Romantic Rhapsody (Romantische Rhapsodie)
(1942/12’)
- Rizo Marco (1920-1998/Cub/USA) : Broadway Concerto (publ. 1962/?)
- Roger Roger (1911-1995/Fra) : Jazz Concerto No. 2 « Concerto romantique »
(1947/14’)
- Sirowy Josef (1901-1971/Aut) : Memories, Romantic Concertino (Erinnerungen,
Romantische Concertino) (?/8’)
- Spear Eric (1908-1966/GB) : Concerto for Fun (publ. 1951/?)
- Strassner Rudolf (1927-2013/Ger) : Romantic Piano Concerto No. 1
(Romantischen Klavierkonzert Nr.1) « Hollywood Concerto » (avant 1966/?)
- Stuart Coolidge Peggy (1913-1981/USA) :
Cracked Ice, A Miniature Rhapsody (1937/?)
Boston Concerto (interprété en 1950/?)
American Sketch (c. 1950 ?/?)
- Suesse Dana (1909-1987/USA) : Concertino (1945/10’)
- Swain Freda (1902-1985/GB) : Airmail Concerto (1940s/?)
- Templeton Alec (1910-1963/GB/USA) : Rhapsodie harmonique (1954/11’)
- Thompson Randall (1899-1984/USA) : Jazz Poem (1928/14’)
- Wagner Joseph (1900-1974/USA) : Fantasy in Technicolor, for piano and band
(1948/13’)
- Walberg (Wal-Berg) Heinz (?-?/Ger) : Concerto for the Only One, Lyric
Rhapsody (Konzert für die Einzige, Lyrische Rhapsodie) (1961/8’)
- Wal-Berg [pseud. of Voldemar Rosenberg, 1910-1994] (Fra) : Deux Décembre,
concertino (1989/11’)
- Waldenmaier August Peter (1915-1995/Ger) : Legende appassionata, op. 37
(?/?)
- Waslohn Al(vin) (1925-1977/USA) : Jazz Rhapsody (création 1946/8’)
- Wehding Hans-Hendrik (1915-1975/Ger) : Rhapsody (c. 1960/12’)
342
Selon le musicologue William Phemister, le pianiste Guy Maier, pour qui William Pelz
composa sa Sentimental Rhapsody, décrit cette œuvre comme « a miniature Rhapsody in
Blue » « une Rhapsody in Blue miniature ». In « Beyond Rhapsody in Blue: Other Great
American Piano Concerto », National Conference, Spokane, Washington (USA), 18 mars
2019.
159
- Wirth Carl Anton (1912-1986/USA) : Rhapsody (1947/?)343
- Wurz Richard (1885-1965/Ger) : Scenes, concert piece (Scenen, konzertstück)
(?/?)
***
343
William Phemister décrit la Rhapsody de Carl Anton Wirth ainsi : « The Wirth Rhapsody,
if it gets proper promotion, could well take the place of the popular Warsaw Concerto. »
« La Rhapsody de Wirth, si elle bénéficiait d’une large audience, pourrait bien prendre une
place similaire au populaire Warsaw Concerto. » In « The American Piano Concerto
Compendium » (seconde édition, 2018), p. 241.
160
ANNEXE 2
Ce Répertoire est écrit en anglais car nous allons le mettre en ligne sur
internet où la langue anglaise est quasiment de rigueur.
- Addinsell Richard (1904-1977/GB) : Festival, from the incidental music for the play
"Trespass" (1947/5’)
- Addinsell Richard (1904-1977/GB) : Tune in G major (orig. for solo piano 1943 ; orch.
1952/5’)
161
- Addinsell Richard (1904-1977/GB) : Journey to Romance (1955/4’) [arr. from Invocation
for orchestra, for the BBC radio program "Journey to Romance", 1946]
- Allan Esther (1914-1985/Pol/USA) : Meditation for piano, strings and harp (c. 1945/7’)
• Alman Pete [see also real name Deutsch Peter, 1901-1965] (Ger/Den) : Queen
Elizabeth Concerto (1952/7’) [composed for the Coronation of Queen Elizabeth II]
• Arnold Malcolm (1921-2006/GB) : A Stolen Face : Ballade, adapted from his score for
"Stolen Face" (1952/8’)
• Artemyev Eduard (b. 1937/Rus) : Piano Concerto "The Forgotten Manuscript", from
"Burnt by the Sun" (1994/11’)
• Bargoni Camillo (1907-?/Ita) : Autumn Concerto (Concerto d’Automno), for piano and
strings (publ. 1956/5’) ; also arr. by Brian Fahey (for the pianist Russ Conway) with
orchestra and women’s choir (1960/3’)
• Beaver Jack (1900-1963/GB) : Portrait of Isla, from "The Case of the Frightened
Lady" (1940), arr. by Philip Lane (1998/5’)
162
• Beffa Karol (b. 1973/Fra) : Dark, for piano and strings (2013/7’)
• Bergen Hans Willy (1920-1997/Ger) : Amoretta, rondo for piano and strings (1958/4’)
• Bernard James (1925-2001/GB) : Vampire Rhapsody, from his score for "Kiss of the
Vampire" (1963/7’)
• Binge Ronald (1910-1979/GB) : The Whispering Valley, intermezzo for piano and
strings (publ. 1952/4’)
• Bliss Arthur (1891-1975/GB) : Baraza, concert piece for piano, male chorus and
orchestra, from "Men of Two Worlds" (1945/7’)
- Bolling Claude (b. 1930/Fra) : Piano Concerto, from "Le Magnifique" (1973/3’)
• Breuer Franz Josef (1914-1996/Ger) : Rhapsody to the Night (Rhapsodie einer Nacht) (c.
1955/9’) ; also abridged version (1965/5’)
- Bruggemann Werner (1936-1997/Aut) : One Day in my Life, for piano and concert
163
band (c. 1985/5’)
• Budd Roy (1947-1993/GB) : Concerto for Harry, from "Something to Hide" (1971/9’)
• Buder Ernst Erich (1896-1962/Ger) : Fantasy in Blue (Fantasie in blue) (c. 1955/9’)
• Carson Milton [collective alias of the three British composers Howard Barnes,
Harold Fields and Joseph Roncoroni]/arr. by Alberto Semprini : The Destiny Theme,
for the radio program "Destiny" (1957/3’)
• Chinese Collective : Shanghai Concerto (2010/7’) [composed for the Shanghai World
Expo]
• Conway Russ [pseud. of Trevor Herbert Stanford, 1925-2000] (GB) : Concerto for
Dreamers (1959/4’)
- Conway Russ [pseud. of Trevor Herbert Stanford, 1925-2000] (GB) : Concerto for
Lovers (1959/3’)
- Conway Russ [pseud. of Trevor Herbert Stanford, 1925-2000] (GB) : My Concerto for
You, for piano, women’s choir and orchestra (1960/3’) ; abridged version of the
apparently unrecorded Bristol Concerto (without women’s choir) (1959/?)
164
• Dello Joio Norman (1913-2008/USA) : A Ballad of the Seven Lively Arts (1957/10’)
• De Luca Edmond (1909-2004/USA) : Lone Star Concerto (Dallas) (c. 1945 ; publ.
1966/3’)
• Deutsch Peter (1901-1965/Ger/Den) [see also pseud. Alman Pete] : The Magic Picture,
concerto/fantasy (1950/15’)
- Deutsch Peter (1901-1965/Ger/Den) [see also pseud. Alman Pete] : The Beginning of a
Romance (before 1961/3’)
• Duchac Miroslav (1924-2008/Cze) : Concertino for piano and jazz orchestra (1953/5’)
• Dumont Cedric (1916-2007/Swi) : The Song of the Piano, concerto (publ. 1967/6’)
• Eisbrenner Werner (1908-1981/Ger) : Cavatina for piano and strings (c. 1950/7’)
• Eliezer Benzion (1920-1993/Bul) : Fantasy for piano and jazz orchestra (1962/7’)
165
• Ellis Vivian (1903-1996/GB) : Piccadilly 1944, for "Piccadilly Incident" (1946/4’)
• Farnon Robert (1917-2005/Can) : Mid-Ocean for orchestra ; arr. for two pianos and
orchestra by Marjan Rawicz and Walter Landauer (1954/5’)
• Fink Nataliya (b. ?/Rus) : Nostalgia (Nostalgie), for piano and pops orchestra (2014/6’) ;
also version for piano and concert band
• Fischer Ernst (1900-1975/Ger) : Visions (Visionen), nocturno for piano, strings and
four horns (1949/6’)
• Gebhardt Rio (1907-1944/Ger) : Concerto in E-flat major for piano and jazz band
(1932/11’)
• Goldstein William (b. 1942/USA) : Miracle at Midnight, piano concerto, arr. from his
166
score for the film of same name, 1997 (2001/16’)
• Green Philip (1911-1982/GB) : Song of Soho : Rhapsody, from "Murder Without Crime"
(1950/6’)
- Green Philip (1911-1982/GB) : The Hour of Meditation, from "24 Hours of a Woman’s
Life/Affair in Monte Carlo" (1952/3’)
• Grothe Franz (1908-1982/Ger) : Illusion, Valse lente, arr. for piano and orchestra from
"Illusion" (1941/4’)
- Grothe Franz (1908-1982/Ger) : Vision, for piano, strings, oboe and harp, from "Vom
Teufel gejagt/Chased by the Devil" (1950/5’)
- Grothe Franz (1908-1982/Ger) : Tender Reverie (Zärtliche Träumerei), for piano, strings
and harp (publ. 1954/4’)
- Grothe Franz (1908-1982/Ger) : Madame Bovary Melodie, from the TV film "Madame
Bovary" (1968/5’)
• Gubin Sol (1928-1996/USA) : Nights at Beacon Hill (Boston Concerto) (before 1966/3’)
• Haentzschel Georg (1907-1992/Ger) : Nocturne for piano, strings and harp (c. 1950/4’)
167
- Haentzschel Georg (1907-1992/Ger) : Romantic Rhapsody (Romantische Rhapsodie)
(perf. 1957/10’)
• Hallberg Bengt (1932-2013/Swe) : Rhapsody, adapted from his score for the 1973 TV
series "Den vita stenen/The White Stone" (1977/10’)
• Inden Michael [pseud. of Michael Stenz, b. 1930] (Ger) : Lost in Dreams, intermezzo
168
for piano and strings (c. 1965/5’)
- Inden Michael [pseud. of Michael Stenz, b. 1930] (Ger) : Romantic Sketch (Romantische
Skizze) (before 1966/6’)
• Jenkins Gordon (1910-1984/USA) : Twilight Interlude, for piano and strings (1939/3’)
• Jernestrand Lennart (1929-2007/Swe) : Impromptu, for piano and strings (c. 1960/4’)
• Kalman Charles (1920-2015/Aut) : Hudson Concerto (orig. for solo piano 1948 ; orch.
1960/9’)
• Kasschau Howard (1913-1994/USA) : Candlelight Concerto, for piano and band (1957/?)
• Kenton Stan (1911-1979/USA) & Rugolo Pete (1915-2011/Ita/USA) : Theme to the West
(1958/5’) ; the original version is more jazzy and in a less hollywoodian style (1947/4’)
• King Reginald (1904-1991/GB) : Fantasy (1946, adapted from an earlier version from
1923/13’)
• Koetsier Jan (1911-2006/Net) : Musical Sketch (1948 ; rev. 1956/9’) [later integrated as
the first movement of his three-movement "Homage to Gershwin", 1969]
169
• Koper Karl-Heinz (1927-2011/Ger) : Kalauer-Konzert (1967/9’)
• Kosaku Dan [pseud. of Yuzo Kayama, b. 1937] (Jap) : Piano Concerto (1970/7’) [later
integrated as the first movement of his Piano Concerto in D minor, 1985]
• Lai Francis (1932-2018/Fra) : Love Story Theme, from "Love Story" (1970/4’)
• Lauber Ken (b. 1941/USA) : Piano Concerto, from "The World of Henry Orient"
(1964/7’) [only 4 minutes are heard in the movie]
• Laudan Stanley (1912-1992/Pol/GB) & Rees Gordon (?-?/GB) : Rhapsody for Elizabeth
(1952/8’) [composed for the Coronation of Queen Elizabeth II]
170
• Legrand Michel (1932-2019/Fra) : Concerto Theme, from "Les Demoiselles de
Rochefort/The Young Girls of Rochefort" (1967/3’)
- Legrand Michel (1932-2019/Fra) : Concertino for piano and orchestra, adapted from his
score for "Summer of ‘42" (1971/4’)
- Leutwiler Toni (1923-2009/Swi) : Concerto for piano, jazz orchestra and symphony
orchestra (1955/9’)
• Lockley Gavin (b. 1978/Aus) : King of the Air, piano concerto, from his score for the
musical of same name (2014/14’)
• Lucas Leighton (1901-1982/GB) : Stage Fright Rhapsody, from "Stage Fright" (1950),
arr. by Philip Lane (1994/5’)
- Lundkvist Per (1916-1999/Swe) : Rhapsody in Red (Rapsodi i rött) [arranged for piano
and concert band in 1978] (1964/10’)
171
- Mantovani Annunzio (1915-1980/Ita/USA) : Serenata d’amore, for two pianos and
orchestra (1958/4’)
- Mathieu Andre (1929-1968/Que/Can) : Nocturne [arr. from the 2nd movement of his
Piano Concerto No. 4, 1947] (1948/4’)
- Mattes Willy (1916-2002/Aut) [see also pseud. Wildman Charles] : Capriccio romantico
(c. 1955/10’) ; abridged and reorchestrated version of the principal theme as Riviera
Concerto (1959/3’)
- Mattes Willy (1916-2002/Aut) [see also pseud. Wildman Charles] : Stockholm Concerto
(1957/6’)
172
- Mignone Francisco (1897-1986/Bra) : Brazilian Fantasy (Fantasia brasileira) No. 2
(1931/9’)
• Mineo Toni (Antoinette) (b. 1926/USA) & Mineo Attilio (1918-2010/USA) : Rhapsody
21 (1961/7’) [composed for the Seattle World’s Fair]
• North Alex (1910-1991/USA) : Blues (Lament for Gershwin) (1939/9’) ; later integrated as
the slow movement of his three-movement Rhapsody for "Four Girls in Town", 1957
[entitled Piano Concerto with Trumpet obbligato in a 1995 CD]
173
- Ostijn Willy (1913-1993/Bel) : Concert Piece in D minor (1960/9’)
• Paramor Norrie (1914-1979/GB) : Cancerian Concerto, for piano and orchestra with
woman’s voice (1957/3’)
• Parker Jim (b. 1934/GB) : Midsomer Rhapsody, from the TV series "Midsomer
Murders", season 8, episode 8 "Midsomer Rhapsody" (2005/3’)
• Pauls Raimonds (b. 1936/Lat) : Rhapsody for piano and light music orchestra (1964/8’)
• Petitgirard Laurent (b. 1950/Fra) : The Rosebud Suite (1980/17’) [it is not actually a
true suite, but a one-movement work with recurring themes taken from his scores for
"Rosebud" (1975), "L’Amant de poche" (1978) and "Asphalte" (1980)]
• Portnoff Mischa (1901-1979/USA) : 57th Street Rhapsody [with solo trumpet], from
"Carnegie Hall" (1947/5’)
• Procaccini Teresa (b. 1934/Ita) : New York Picture [also entitled Rapsodia americana in
the version for piano and concert band] (1958/8’)
- Procaccini Teresa (b. 1934/Ita) : Viaggio a Las Vegas [also entitled Ritmo fantasia in
the version for concert band without piano] (1958/13’)
- Procaccini Teresa (b. 1934/Ita) : An Evening in Paris (Una sera a Parigi) (1960/7’)
- Procaccini Teresa (b. 1934/Ita) : Sentimental Day [also entitled Fantasia romantica in
174
the version for piano and concert band] (1960/8’)
- Procaccini Teresa (b. 1934/Ita) : Night Music [also entitled Musica notturna in the
version for piano and concert band] (1960/6’)
• Provenzano Aldo (1930-1999/USA) : Sunset Boulevard Concerto (c. 1955 ; publ. 1966/3’)
• Pütz Johannes (1926-1971/Ger) : The Black Swan (Der schwarze Schwan) (c. 1955/5’)
• Reisman Joe (1924-1987/USA) : Ballad of the Sea, arr. for two pianos, women’s choir
and orchestra by Walter Landauer (1962/3’)
• Roger Roger (1911-1995/Fra) : Jazz Concerto ; also version for harp and orchestra
(1943/7’)
175
• Rose David (1910-1990/USA) : Piano Concerto in C minor (1958/3’)
• Rota Nino (1911-1979/Ita) : Legend of the Glass Mountain, for orchestra without piano,
adapted from his score for "The Glass Mountain" (1949) ; arr. for piano and orchestra
by Arthur Wilkinson (1949/4’) ; another concertante arrangement by George
Melachrino (1952/5’)
- Rozsa Miklos (1907-1995/Hun/USA) : New England Concerto, for two pianos and
orchestra, based on the themes from his scores for "Lydia" (1941) and "Time out of
Mind" (1947) (1984/15’)
• Rustichelli Carlo (1916-2004/Ita) : Windsor Concerto, from "The Whip and the Body"
(1963/3’)
• Saint-Preux (b. 1950/Fra) : Piano Concerto in G minor "Il y a sur la Terre" (1991/6’)
• Sandner Ronald (b. ?/Ger)/arr. by Harald Heinemann (b. ?/Ger) & Helmut Sommer
(b. ?/Ger) : Romantic Fantasy (Romantische Fantasie), for piano and concert band
(before 1990/8’)
• Savino Domenico (1882-1973/Ita/USA) : A Study in Blue, for piano and jazz orchestra
(1928/5’)
176
• Seeger Erwin (?-?/Ger)/arr. Richard Etlinger (1894-1960/Ger) : Sails on the Passat
(Segel im Passat) (c. 1955/5’)
• Smith Ronnie (b. ?/GB)/orch. by Paul Bateman (b. ?/GB) : Rhapsody (2009/10’)
• Steck Arnold [pseud. of Frank Leslie Statham, 1905-1974] (GB) : Riviera Rhapsody
(publ. 1955/5’)
177
for Sweeney], from "Night Song" (1947/8’) ; extended version by Santiago Rodriguez
with an added 2-minute solo piano piece taken from the movie score (1995/10’)
• Storrle Heinz (1933-1999/Ger) : Silver Clouds (Silberne Wolken), intermezzo (c. 1965/4’)
- Stuart Coolidge Peggy (1913-1981/USA) : Out of the Night, rhapsody (before 1960/10’) ;
abridged version under the title Melody Out of the Night (1960/4’)
• Sukman Harry (1912-1984/USA) : Nightfalls into Starlight ; orig. under the title
Nightfall, from "Gog" (1954/3’) ; extended version in "The Naked Runner" (1967/8’)
• Sys, Hans Vlig van der [pseud. of Willem Hans van der Sys, 1917-1983] (Net) &
Schmitz-Steinberg Christian (1920-1980/Ger) : Rainbow Concerto (before 1967/7’)
• Tsfasman Alexander (1906-1971/Rus) : Concerto No. 1 for piano and jazz band (1941/14’)
• Tura Will (b. 1940/Bel)/arr. and orch. by Robert Groslot (b. 1951/Bel) : Fantasy in Blue
(c. 1980/3’)
- Tura Will (b. 1940/Bel)/arr. and orch. by Robert Groslot (b. 1951/Bel) : Urban
Rhapsody (c. 1980/4’)
• Vlak Kees (1938-2014/Net) : West Coast Concerto, for piano and concert band (1999/12’)
178
- Wal-Berg [pseud. of Voldemar Rosenberg, 1910-1994] (Fra) : Holiday in Paris, ballade
(1951/10’)
• Ward Edward (1900-1971/USA) : Lullaby of the Bells, piano concerto (1944/6’), adapted
from his score for "Phantom of the Opera" (1943) ; arrangement by Santiago
Rodriguez (1995/6’)
• Wayne Bernie (1919-1993/USA) : Concerto to the Golden Gate (San Francisco) (c. 1950 ;
publ. 1966/3’)
• Weedon Penny (Penelope) (b. ?/GB) : Gower Rhapsody (2013/6’) [piano + VST]
• Welch Ed (b. 1947/GB) : Thirty Nine Steps Concerto, adapted from his score for "The
Thirty Nine Steps" (1978/12’)
• Wildman Charles [see also real name Mattes Willy, 1916-2002] (Aut) : Swedish
Rhapsody (1947/8’), originally entitled Romance in Minor (Romans i moll) written for
179
"Brott i sol/Crime in the Sun" ; later retitled Swedish Rhapsody and featured in "Gypsy
Fury/Singoalla" (1950) and "Madame X" (1966)
• Williams Charles (1893-1978/GB) : The Dream of Olwen, from "While I Live" (1947/4’)
[film reissued as "The Dream of Olwen" in 1950] ; reorchestrated and slightly
arranged version by Sidney Torch (5’)
• Winkler Gerhard (1906-1977/Ger) : Towards the Sun (Der sonne entgegen), concert
piece/fantasy (c. 1955/8’)
• Wreford Reynell (1898-1976/GB) : The Last Rhapsody, theme for the radio program
"Music for Murder" (1953/3’)
****
180
ANNEXE 3
181
Compositeur : Edward Ward – Lullaby of the Bells (6’)
182
• Nom fictionnel : Olwen Trevelyan
Titre de l’œuvre concertante dans le film : The Dream of Olwen, poem
Film : "While I Live" connu aussi sous le titre "The Dream of Olwen" (GB)
Date de sortie : 1947
Réalisateur : John Harlow
Compositeur : Charles Williams – The Dream of Olwen (4’)
183
Titre de l’œuvre concertante dans le film : Piano Concerto
Film : "Crescendo/Le Mannequin défiguré" (GB)
Date de sortie : 1970
Réalisateur : Alan Gibson
Compositeur : Malcolm Williamson – "Crescendo" Concerto (4’)
***
184
BIBLIOGRAPHIE
ET
"SITOGRAPHIE"
Bibliographie
Ouvrages :
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Indianapolis, USA : Indiana University Press, 1987, 211 p.
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Royaume-Uni : University of Aberystwyth, 2007, édition Palgrave Macmillan,
231 p.
Farrington James, Ferde Grofé : an Investigation into his Musical Activities and
Works, USA : Florida State University, 1985, 193 p.
185
Greenberg Rodney, George Gershwin, USA : Phaidon Press, 2008, 240 p.
Hinson Maurice, Music for Piano and Orchestra : An Annotated Guide, USA :
Indiana University Press, Bloomington and Indianapolis, 1981 ; Enlarged
Edition : Royaume-Uni : First Midland Edition (Milton Keynes), 1993, 360 p.
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Orchestral Music, a Biographical and Discographical Sourcebook, Royaume-Uni :
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Lane Philip, « Warsaw Concerto and Other Piano Concertos from the
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Lane Philip, « Love Story : Piano Themes from Cinema’s Golden Age »,
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188
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***
190
Biographie
Corentin Boissier compose sur partition dès l’âge de six ans. Il est remarqué par le
compositeur Thierry Escaich : « Il possède déjà de réelles qualités qui feront de lui un
musicien complet. Il a déjà un véritable sens de la couleur harmonique, un sens de
l’invention et surtout du renouvellement, une invention rythmique – bref, diverses
ouvertures d’esprit qui laissent présager un réel tempérament de créateur ».
Après avoir suivi les cycles spécialisés d’Écriture et d’Orchestration au CRR de
Paris où il obtient les deux Diplômes d’Etudes Musicales (DEM) avec "Mention Très Bien",
il obtient en 2019 le Master d’Écriture Supérieure au CNSM de Paris avec quatre Prix
"Mention Très Bien" : Harmonie, Contrepoint, Fugue & Formes, Polyphonie ; et sept
Certificats (Orchestration, Arrangement, Analyse...) Son Mémoire sur Le mini piano
concerto des années 40-60 : une vogue déclenchée par le "Warsaw Concerto" de Richard
Addinsell a reçu les félicitations du jury.
Soucieux d’écrire une musique classique directement accessible, Corentin Boissier
a composé à ce jour une vingtaine d’œuvres dans un esprit néo-romantique. Sa ballade
pour saxophone alto et piano De Minuit à l’Aube est créée aux Musicales de Bagnac-sur-Célé
de 2014 par le duo Christine Marchais et Marc Sieffert. Sa rencontre avec le jeune pianiste
multi-lauréat Philippe Hattat donne lieu aux créations de sa Sonate pour piano n°1 «
Romantica », de sa Double Toccata, de sa pièce de concert Solitude ainsi que de trois de ses
24 Preludes to Travel.
Ses trois pièces pour piano Romantic Young Ladies sont enregistrées et mises en
ligne sur YouTube par la concertiste italienne Annarita Santagada. Son Glamour Concerto,
version pour piano solo, est enregistré en 2016 au Québec par la concertiste Minna Re
Shin. L’Aria of Past Times est interprétée successivement par la soprano Sayuri Araida, le
baryton Aurélien Gasse, l’harmoniciste Claude Saubestre, la flûtiste Iris Daverio et le
violoncelliste Eric Tinkerhess. Ce dernier crée en concert la Sonate pour violoncelle et piano
avec l’auteur au piano.
Attiré par tous les aspects de l’Écriture musicale, Corentin Boissier consacre une
part de son activité à l’orchestration et à l’arrangement. Entre autres, son orchestration de
la 9ème des Neuf Pièces pour piano op. 24 d’Alfredo Casella est jouée par l’orchestre des
Gardiens de la Paix en 2016 à l’Église Saint-Joseph des Nations ; son orchestration du
Passepied de Debussy est donnée en concert à l’Auditorium Marcel Landowski à Paris ; son
arrangement du standard jazz Caravan, pour le Local Brass Quintet, est joué au Musée de
l’Orangerie, à Paris, en 2017. À propos de son orchestration de l’Humoresque de Poulenc, le
compositeur Nicolas Bacri lui écrit : « Bravo pour votre orchestration. C’est très bien
entendu et tout à fait dans le style ».
En février 2018, sa Sonate pour piano n°2 « Appassionata » a été créée à la Salle Cortot,
à Paris, par la concertiste Célia Oneto Bensaid. Un enregistrement vidéo réalisé en studio a
été mis en ligne sur YouTube.
En mars 2019, en vue d’une édition CD, ses deux concertos pour piano et orchestre
(Glamour Concerto et Philip Marlowe Concerto) ont été enregistrés par la concertiste
britannique Valentina Seferinova et l’Ukrainian Festival Orchestra sous la direction du
chef d’orchestre américain John McLaughlin Williams.
Contact : corentin.boissier@free.fr
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