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GENTILHOMME
MOLIÈRE
Complément pédagogique
Luc Bouvier
COLLECTION
PARCOURS D’UNE ŒUVRE
SOUS LA DIRECTION DE MICHEL LAURIN
CHENELIÈRE ÉDUCATION
Le Bourgeois gentilhomme
Complément pédagogique
Étude de l’œuvre
Par Luc Bouvier, professeur au cégep de l’Outaouais
Collection « Parcours d’une œuvre »
Sous la direction de Michel Laurin
© 2008, 2005 Groupe Beauchemin, Éditeur Ltée
Coordination: Johanne O’Grady
Correction d’épreuves : Christine Langevin
ACTE I
ACTE I, SCÈNE 1
Compréhension
4. Quels sont les deux champs lexicaux associés à l’art dans cette scène ?
Il y a le champ lexical du succès (ex. : « gloire », l. 26 ; « applaudissements », l. 26 ; « doux
accueil », l. 31 ; « chatouillantes approbations », l. 31-32 ; « connues », l. 34 ; « caressées », l.
34 ; « ce sont des douceurs exquises », l. 36 ; etc.) et celui de l’argent (ex. : « douce rente », l.
16 ; « les paye bien », l. 22-23 ; « solide », l. 41 ; « louer avec les mains », l. 41-42 ; « son
argent redresse les jugements de son esprit », l. 44 ; « discernement dans sa bourse », l. 45 ;
« ses louanges sont monnayées », l. 45 ; etc.).
1
Pour toute notion liée au théâtre (action, dénouement, didascalie, exposition, ressort dramatique, théâtre
dans le théâtre, règle des trois unités, etc.), référez-vous au « Lexique du théâtre », p. 209-210. Pour toute
notion sur le comique, référez-vous à la section « Procédés de fabrication du comique », p. 167-176.
1
© 2008, 2005 Beauchemin, Éditeur Ltée
Action et personnages
Comique
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2- « […] son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement dans sa
bourse ; ses louanges sont monnayées […] » (l. 44-45).
3- « […] il payera pour les autres ce que les autres loueront pour lui » (l. 59-60).
Voir aussi le portrait qu’il trace de Monsieur Jourdain (question 4 sous « Action et
personnages »).
ACTE I, SCÈNE 2
(Voir l’extrait 1)
ACTE II
Compréhension
2. Que nous apprennent ces scènes sur la vie des nobles au XVIIe siècle ?
Le noble, c’est l’honnête homme du XVIIe siècle. Il est cultivé, il connaît la danse et la
musique. Il a « un concert de musique chez soi tous les mercredis ou tous les jeudis »
(sc. 1, l. 262-264). Monsieur Jourdain a un Maître de musique et un Maître à danser. Il est
galant : le noble offre des repas avec chant et ballet (sc. 1, l. 275-280). De plus, le
bourgeois gentilhomme apprend à faire la révérence (sc. 1, l. 293-305). Le gentilhomme
sait manier l’épée : d’où le maître d’armes (sc. 2). Il est éduqué : c’est la raison pour
laquelle Monsieur Jourdain s’est pris un Maître de philosophie (sc. 3).
Action et personnages
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2. Relevez la réplique de la SCÈNE 2 par laquelle Monsieur Jourdain explique
pourquoi il prend des leçons d’escrime. Quel défaut fait-elle ressortir ? Est-ce une
caractéristique « noble » ?
1- « De cette façon donc, un homme, sans avoir du cœur [courage], est sûr de tuer son
homme, et de n’être point tué » (l. 333-334).
2- Monsieur Jourdain manque de courage, il est peureux.
3- Non.
Comique
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2. Qui est le pantin à ficelle dans ces trois scènes ? Justifiez.
Monsieur Jourdain est le pantin à ficelle entre les mains de ses maîtres. Par exemple, le
Maître de musique lui vend l’idée d’un « concert de musique chez soi tous les mercredis
ou tous les jeudis » (sc. 1, l. 262-263) ; le Maître d’armes le bouscule comme une
marionnette.
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8. En quoi y a-t-il satire des maîtres dans ces scènes ?
Molière s’attaque au pédantisme et à l’infatuation des maîtres (voir les réponses aux
questions 7, 9 et 10).
10. Quand les maîtres parlent d’un art autre que le leur, quelle transposition est
en jeu ? Donnez-en un exemple.
1- Il s’agit de la transposition sur la valeur puisqu’ils dévalorisent tout art autre que le leur.
2- Le mot du Maître de philosophie : « Je vous trouve tous trois bien impertinents de
parler devant moi avec cette arrogance et de donner impudemment le nom de science
à des choses que l’on ne doit pas même honorer du nom d’art, et qui ne peuvent être
comprises que sous le nom de métier misérable de gladiateur, de chanteur et de
baladin ! » (sc. 3, l. 406).
Compréhension
2. Que nous apprend la scène sur la mode des nobles en 1670 ? Aidez-vous de la
note 4 de la page 46.
La mode commande que les nobles s’habillent richement de tissus de couleur, rares et
chers. Ils portent des bas de soie et des souliers étroits – contre lesquels Monsieur
Jourdain peste –, une rhingrave et un pourpoint imprimés, comme l’illustrent les « fleurs
en enbas », une perruque et un chapeau avec plumes. L’Inventaire après décès ajoute le
ceinturon et les gants. Le tout est richement orné avec des rubans. De plus, à l’image du
roi, le noble se fait aider pour s’habiller.
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Action et personnages
4. Pourquoi Monsieur Jourdain n’apprécie-t-il guère que le Maître tailleur ait utilisé
le même tissu pour les deux habits, celui du tailleur et celui du bourgeois
gentilhomme ?
Si un Maître tailleur se promène avec un habit fait du même tissu que le sien, cela
dévalorise celui de Monsieur Jourdain, qui n’est donc pas plus noble qu’il le faut.
5. Quelle remarque montre que Monsieur Jourdain n’est pas totalement dupe de
son propre snobisme ?
« Il a bien fait : je lui allais tout donner » (l. 698).
Comique
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piqûres, chamarrures, guipures, passements2. Le comique de geste vient du traitement que
les garçons tailleurs infligent à Monsieur Jourdain lors de la séance d’habillage.
Leurs gestes ne sont pas conformes à ce qu’on s’attendrait dans de telles circonstances.
Le « pavanage » de Monsieur Jourdain, une fois son habit de noble revêtu (voir les
illustrations aux pages 48 et 49), relève également du comique de geste.
2
Broderies : dentelles représentant des fleurs, des arabesques ; piqûres : dessins ajoutés à l’aiguille sur une
étoffe ; chamarrures : ornements aux couleurs éclatantes ; guipures : dentelles ; passements : garnitures de
tissu de fils mêlés (d’or, d’argent, de soie).
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2- quand Monsieur Jourdain accepte que les fleurs de son habit soient placées la tige
vers le haut parce que les « personnes de qualité portent les fleurs en enbas » (l. 648-
650), selon les dires du Maître tailleur ;
3- et le moment où il vide sa bourse entre les mains des garçons tailleurs qui
l’encensent (l. 677-698).
ACTE III
ACTE III, SCÈNES 1, 2 ET 3
Compréhension
Action et personnages
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3. Comment Nicole, à la SCÈNE 2, et Madame Jourdain, à la SCÈNE 3,
reçoivent-elles Monsieur Jourdain ?
Pour l’une, Nicole, elle se met à rire ; pour l’autre, Madame Jourdain, elle l’assène de
reproches.
Comique
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2. Dans la SCÈNE 2, en quoi le comique de geste pourrait-il consister ?
La façon de marcher, de déambuler de Monsieur Jourdain relève du comique de geste.
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2- Monsieur Jourdain demande à Nicole : « […] sais-tu bien comme il faut faire pour dire
un U ? » (l. 834-835 ; aussi l. 837, 839 et 843). Ne pouvant comprendre, Nicole répond au
mieux qu’elle fait un U : « Je dis U » (l. 842 ; aussi l. 840).
10. Dans la SCÈNE 3, relevez les moments où le snobisme de Monsieur Jourdain est
poussé à l’extrême.
1- Il emploie à mauvais escient le terme « prérogatives » (l. 793).
2- Il regrette de ne pas être allé au collège : « Plût à Dieu l’avoir tout à l’heure, le fouet,
devant tout le monde, et savoir ce qu’on apprend au collège ! » (l. 805-807).
3- Il explique maladroitement les nouvelles connaissances et techniques acquises en
linguistique (l. 813-857) et en escrime (l. 858-873).
4- Il est subjugué par Dorante (l. 882-891 et 894-896) en qui il a totalement
confiance (l. 901-902, 904, 906 et 908-909).
Compréhension
2. Selon Dorante, qu’est-ce qui touche le plus sûrement le cœur d’une femme ?
Pourquoi une telle affirmation de sa part ?
1- « Vous avez pris le bon biais pour toucher son cœur : les femmes aiment surtout les
dépenses qu’on fait pour elles ; et vos fréquentes sérénades, et vos bouquets continuels,
ce superbe feu d’artifice qu’elle trouva sur l’eau, le diamant qu’elle a reçu de votre part,
et le cadeau que vous lui préparez, tout cela lui parle bien mieux en faveur de votre
amour que toutes les paroles que vous auriez pu lui dire vous-même » (sc. 6, l. 1092-
1098).
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2- Étant donné que Dorante détourne à son profit les présents que Monsieur Jourdain
offre à Dorimène, il s’arrange, en laissant entendre que les déclarations d’amour sont de
peu de valeur, pour que ni Monsieur Jourdain ni Dorimène ne s’aperçoivent de ses
fourberies : Dorimène ne sachant pas que Monsieur Jourdain l’aime et Monsieur Jourdain
ignorant que Dorimène ne l’aime pas.
Action et personnages
Comique
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2. Relevez la réponse ironique de Madame Jourdain à la SCÈNE 6.
« Madame Jourdain vous baise les mains » (l. 1057). La formule de refus est ici ironique.
Compréhension
3. Qui est le « Comte » (l. 1191) dont parle Cléonte à la SCÈNE 9 ? Qu’imagine
Cléonte à son sujet ?
1- Il s’agit de Dorante.
2- Il s’imagine que Lucile s’est laissé « éblouir à la qualité [noblesse] » (l. 1192).
Action et personnages
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3. À la SCÈNE 8, comment lexicalement la colère de Cléonte et de Covielle se
manifeste-t-elle ?
Leur colère s’exprime par des propos excessifs et des hyperboles. Ainsi, Nicole est
« perfide » (l. 1136), « scélérate » (l. 1143), « vilaine » (l. 1144) et profère de « traîtresses
paroles » (l. 1137), tandis que Lucile est « infidèle » (l. 1139). De plus, et Cléonte et
Covielle ordonnent à répétition à Nicole de sortir (l. 1136, 1139, 1143-1144 et 1146).
Comique
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3. En quoi consiste l’inversion dans la SCÈNE 9 ?
Cléonte demande à Covielle de lui faire un portrait de Lucile qui la lui fasse haïr. À
chaque tentative de Covielle, Cléonte réplique par une remarque qui enjolive la jeune
femme. À la fin, Covielle se rend compte que le processus inverse opère. Cléonte
aime de plus en plus Lucile.
Compréhension
Action et personnages
1. Retrouvez les divers états d’âme de Lucile et Nicole, d’une part ; de Cléonte et
Covielle, d’autre part.
1- (l. 1240-1264) Lucile et Nicole cherchent à comprendre la réaction de leurs
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amoureux ; ulcérés, Cléonte et Covielle refusent toute explication.
2- (l. 1265-1299) Lucile et Nicole tentent de s’expliquer : Cléonte et Covielle refusent
d’écouter.
3- (l. 1300-1332) Cléonte et Covielle veulent connaître l’explication ; Lucile et Nicole
refusent de s’expliquer.
4- (l. 1333-1351) Cléonte et Covielle annoncent qu’ils vont se tuer ; Lucile et Nicole se
rendent à leur demande.
5- (l. 1352-1368) Tous se réconcilient.
Comique
Compréhension
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« alliances avec plus grand que soi sont sujettes toujours à de fâcheux inconvénients » (l.
1428-1429). Elle désire donc pour sa fille « un honnête homme riche et bien fait, [plutôt]
qu’un gentilhomme gueux et mal bâti » (l. 1415-1416).
Action et personnages
1. En quoi Cléonte représente-t-il l’« honnête homme » du XVIIe siècle dans ces scènes ?
Cléonte se conduit en honnête homme. Il est distingué et modéré dans sa conduite lors de
sa demande en mariage. Il ne cache pas le fait qu’il n’est pas gentilhomme. Pour lui,
l’usurpation des titres est inacceptable : il a des « sentiments sur cette matière un peu plus
délicats » (sc. 12, l. 1385-1386). De plus, il s’est « acquis dans les armes l’honneur de six
ans de services » (sc. 12, l. 1390-1391).
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6. À la fin des SCÈNES 12 et 13, en quoi le suspense consiste-t-il ?
SCÈNE 12 : Le clan du bon sens réussira-t-il à contrer l’opposition du père au mariage
de sa fille avec Cléonte ?
SCÈNE 13 : En quoi consiste le moyen imaginé par Covielle pour amener Monsieur
Jourdain à donner sa fille à Cléonte ?
Comique
Compréhension
Action et personnages
2. Comment Dorante s’y prend-il pour que Dorimène accepte de venir se régaler
chez Monsieur Jourdain ?
Il lui dit que c’est un lieu neutre : « Quel lieu voulez-vous donc, Madame, que mon amour
choisisse pour vous régaler, puisque, pour fuir l’éclat [le scandale], vous ne voulez ni
votre maison, ni la mienne ? » (sc. 15, l. 1491-1493).
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3. Pourquoi Dorimène hésite-t-elle à épouser Dorante ?
Son scepticisme quant à la réussite d’un mariage la fait hésiter : « […] il faut des deux
parts bien des qualités pour vivre heureusement ensemble ; et les deux plus raisonnables
personnes du monde ont souvent peine à composer une union dont ils soient satisfaits » (l.
1508-1511). Dorante laisse entendre qu’un mariage peu réussi expliquerait cette attitude :
« […] l’expérience que vous avez faite ne conclut rien pour tous les autres » (l. 1513-
1514).
6. À la fin des trois scènes, que se demande le spectateur par rapport à Dorante ?
Dorante pourra-t-il continuer à tromper l’une et l’autre sans être découvert ?
Comique
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4. Dans la SCÈNE 16, relevez des répliques ironiques de Dorante.
1- « Madame, Monsieur Jourdain sait son monde » (l. 1533).
2- « Madame, voilà le meilleur de mes amis » (l. 1545).
3- « Galant homme tout à fait » (l. 1547).
5. Relevez les apartés de la SCÈNE 16. Que font-ils ressortir ? Quel procédé du
comique de situation est en jeu ?
1- Entre Dorimène et Dorante : l. 1541-1543 et 1544 ; entre Dorante et Monsieur
Jourdain : l. 1551-1552, 1553-1554, 1555-1557, 1561-1562, 1563-1564 et 1565-1566.
2- Les apartés font ressortir la manipulation dont Monsieur Jourdain est l’objet (pantin
à ficelle, comique de situation).
ACTE IV
Compréhension
2. Que nous apprend le « que vous touchez » (l. 1664) sur la façon de manger sous
Louis XIV ?
La fourchette, introduite pourtant vers 1600, n’est guère d’usage courant en 1670.
Louis XIV mange avec ses doigts, comme c’est le cas des convives au banquet du
Bourgeois gentilhomme.
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3. En quoi un dîner digne de la noblesse consiste-t-il au temps de Molière ?
Un repas digne de la noblesse est abondant : il comprend plusieurs services. Il est
également accompagné de musique et de chant et se clôt sur un ballet.
Action et personnages
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colère ne dure pas, car, dès que sa femme part, il est repris par sa naïveté qui lui fait croire
qu’il s’est conduit en noble auprès de Dorimène : « J’étais en humeur de dire de jolies
choses, et jamais je ne m’étais senti tant d’esprit » (sc. 2, l. 1708-1709).
4- Dorimène se conduit en noble, mais comme Dorante dans la SCÈNE 2, elle
traite Madame Jourdain avec toute la morgue d’une noble outragée.
Comique
Compréhension
1. Quand Covielle a-t-il annoncé qu’il allait jouer un tour à Monsieur Jourdain ?
Covielle a présenté le tour à Cléonte à la SCÈNE 13 de l’ACTE III (l. 1466-1473).
Action et personnages
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3. Quels traits de caractère font en sorte que Monsieur Jourdain peut croire à la
réalité du fils du Grand Turc qui veut épouser sa fille ?
Covielle flatte le snobisme de Monsieur Jourdain en soutenant que le père du bourgeois
gentilhomme est noble (sc. 3, l. 1722 et 1724). Sa vanité et sa naïveté font le reste : il est
suffisamment vaniteux pour croire que réellement le fils du Grand Turc veut épouser sa
fille et naïf pour croire à la réalité du personnage.
5. Qui porte le masque dans ces scènes ? Y a-t-il du théâtre dans le théâtre ?
1- Covielle et Cléonte portent le masque.
2- Sans que Monsieur Jourdain le sache, une troupe de théâtre, à laquelle se joignent
Covielle et Cléonte, joue une mascarade. L’un des spectateurs est un personnage de la
pièce, Dorante, à qui Covielle affirme qu’il pourra « voir une partie de l’histoire » (sc.
5, l. 1852-1853).
Comique
1. En quoi consistent les comiques de forme et de geste dans les trois scènes et la
cérémonie turque ?
Les costumes turcs renvoient au comique de forme. Quant au comique de geste, il est
facile d’imaginer Covielle et Cléonte gesticulant à qui mieux mieux dans leur
accoutrement. Voir aussi la version de l’édition de 1682 de la cérémonie turque qui
fournit des indications supplémentaires (annexe, p. 47).
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2- Monsieur Jourdain croit l’affirmation de Covielle-Turc selon laquelle le père de
Monsieur Jourdain est gentilhomme (voir la réponse à la question 3 sous « Action et
personnages ») ; que le fils du Grand Turc veut épouser sa fille ; que la dignité de
Mamamouchi existe ; que la cérémonie d’intronisation est réelle.
ACTE V
ACTE V, SCÈNES 1, 2, 3 ET 4
Compréhension
1. Qu’est-ce qui montre que Dorante place Monsieur Jourdain sur un pied d’égalité
(voir la note 4, p. 62) ? Pourquoi a-t-il changé d’attitude par rapport à la SCÈNE 4
de l’ACTE III ?
1- Au XVIIe siècle, appeler quelqu’un par son nom est impoli, sauf s’il est de rang
inférieur. L’emploi de « Monsieur » (sc. 3, l. 1952) sans le nom de famille montre que
Dorante place Monsieur Jourdain sur un pied d’égalité.
2- En l’appelant uniquement « Monsieur », Dorante élève socialement Monsieur Jourdain
pour mieux entrer dans la folie du bourgeois gentilhomme devenu Mamamouchi.
Action et personnages
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4- Après ce qui s’est passé lors de l’arrivée surprise de Madame Jourdain (ACTE IV, sc. 2),
le retour de Dorimène n’est guère bienséant (voir 2).
Comique
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5. Qui est le pantin à ficelle dans ces scènes ?
Monsieur Jourdain est le pantin à ficelle.
11. Quels défauts de Monsieur Jourdain sont poussés à l’extrême ? Précisez les
moments où ils transparaissent particulièrement. Quel est le comique en jeu ?
1- Ce sont son snobisme, sa vanité et sa naïveté.
2- Il y a quand il se croit vraiment Mamamouchi (sc. 1, l. 1888-1889, 1891-1892 et
1920-1921) ; quand il croit aux compliments de Dorante et de Dorimène, à la SCÈNE 2
(voir la réponse à la question 8) ; voir aussi la réponse à la question 9.
3- Il s’agit du comique de caractère.
ACTE V, SCÈNES 5 ET 6
(Voir l’extrait 4)
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EXTRAIT 1 (p. 16-24)
ACTE I, SCÈNE 2
Compréhension
Action et personnages
2. Quels sont les éléments chantés ou dansés qui accompagnent la scène ? Comment
sont-ils liés à l’action ?
1- a) La chanson Je languis nuit et jour (l. 116-119) ; b) la chanson Je croyais Janneton
(l. 131-137) ; c) le Dialogue en musique (l. 203-241) ; d) le « petit essai des plus beaux
mouvements et des plus belles attitudes dont une danse puisse être variée » (l. 246-248),
qui constitue le premier intermède.
2- La première chanson a été commandée par Monsieur Jourdain pour la sérénade qu’il
veut offrir à Dorimène. La deuxième sert à montrer les préférences de Monsieur Jourdain.
Quant au dialogue en musique et au petit essai de danse, ce sont des morceaux préparés
par les maîtres, dans l’espoir que Monsieur Jourdain les rétribuerait pour ces pièces.
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3. En quoi cette scène est-elle une scène d’exposition ? En quoi ne l’est-elle pas ?
Elle l’est, puisqu’elle présente Monsieur Jourdain, le personnage principal ; elle ne
l’est pas, puisqu’elle fournit bien peu de renseignements sur l’intrigue de la pièce.
Comique
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4. En comparant les SCÈNES 1 et 2, en quoi le comportement des deux maîtres
envers Monsieur Jourdain fait-il sourire ? Précisez le procédé du comique de
situation en jeu.
Il s’agit de l’inversion (voir la réponse à la question 5 sous « Action et
personnages »).
10. De quelle transposition le discours des deux maîtres sur leur art respectif
relève-t-il ? Donnez deux répliques caractéristiques pour chacun.
1- Il s’agit de la transposition sur la valeur étant donné qu’il valorise leur art, bien
évidemment pour mieux le vendre.
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2- a) Maître de musique : « Il n’y a rien qui soit si utile dans un État que la musique »
(l. 158-159) ; « Sans la musique, un État ne peut subsister » (l. 162) ; voir aussi les lignes
164 et 165.
b) Maître à danser : « Il n’y a rien qui soit si nécessaire aux hommes que la danse »
(l. 160-161) ; « Sans la danse, un homme ne saurait rien faire » (l. 163) ; voir aussi les
lignes 166 à 169.
11. Sur quel comique de mot l’explication par laquelle le Maître à danser justifie
l’utilité de la danse est-elle basée ? Le Maître de musique, celle de la musique ?
Justifiez.
1- Pour justifier l’importance de la danse, il joue sur l’ambiguïté du terme « pas » qui est
utilisé dans le sens de « mauvais pas dans une […] affaire » (l. 181) et dans celui de « pas
de danse ».
2- Pour justifier l’importance de la musique, le Maître de musique joue sur l’ambiguïté du
terme « accorder » qui est utilisé dans le sens de « manque[r] d’union entre les hommes »
(l. 171-172) et dans celui d’« accorder un instrument de musique ».
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de vocabulaire entre « prologue » et « dialogue » (l. 65-66) ; sa bataille avec les bas de
soie (l. 70-71), sa réflexion incongrue « Donnez-moi ma robe pour mieux entendre »
(l. 113-114) ; le fait d’enlever et de remettre sa robe pour mieux faire admirer son costume
(l. 113-115) ; voir aussi les réponses aux questions 5, 6 et 8.
2- Le snobisme est le défaut poussé à l’extrême.
15. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise
Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez en prenant
tout particulièrement en compte le personnage de Monsieur Jourdain.
En présentant un Monsieur Jourdain ridicule, Molière dévalorise les snobs. Il favorise
donc, par voie de conséquence, ceux qui se conforment à leur état.
Analyse littéraire
1. Montrez que Molière, dans cette scène, obéit aux deux finalités du classicisme :
plaire, soit faire rire puisqu’il s’agit d’une comédie, mais aussi instruire.
Plan-réponse :
1. Molière obéit à la première finalité du classicisme : plaire, faire rire puisqu’il
s’agit d’une comédie.
1.1 Les comiques de forme et de geste (question 1 sous « Comique »)
1.2 Le comique de situation (questions 2, 3 et 4 sous « Comique »)
1.3 Le comique de mot (questions 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 sous
« Comique »)
1.4 Le comique de caractère (questions 14 et 15 sous « Comique »)
2. Molière obéit à la deuxième finalité du classicisme : instruire.
2.1 Le snobisme (questions 1 et 2 sous « Compréhension » ; questions 3 et 4 sous
« Action et personnages » ; questions 1, 3, 5, 8, 9, 14 et 15 sous « Comique »)
2.2 Le pédantisme et la vénalité (questions 2, 5, 6, 7 et 8 sous « Action et
personnages » ; questions 4, 7, 10, 11 et 13 sous « Comique »)
2.3 Les modes de son temps (questions 2 et 8 sous « Action et personnages » ;
questions 6 et 12 sous « Comique »)
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EXTRAIT 2 (p. 36-44)
Compréhension
Action et personnages
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6. Pour chacune des parties de la scène, précisez les traits de caractère de Monsieur
Jourdain qui ressortent.
1- (l. 436-493) Même s’il est désireux d’apprendre pour faire plus noble, Monsieur
Jourdain reste réfractaire à tout effort intellectuel (voir la réponse à la question 3).
2- (l. 494-557) Sa naïveté ressort de ses réactions exagérées durant la leçon de phonétique
(voir la réponse à la question 8 sous « Comique »).
3- (l. 558-612) Sa sottise, elle, ressort lors des explications du Maître de philosophie en
ce qui a trait à la différence entre la prose et les vers.
4- (l. 613-620) Il est colérique, s’emportant à cause du retard de son tailleur.
Comique
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6. En quoi la réponse à la demande de Monsieur Jourdain de lui tourner un billet
« d’une manière galante » (l. 586) est-elle comique ? Précisez le procédé comique
utilisé.
Il y a ambiguïté du comique de mot. Le Maître de philosophie croit que Monsieur Jourdain
veut que le billet soit reformulé à la manière précieuse quand il souhaite qu’il le soit
« d’une manière galante » (l. 586). En fait, le bourgeois gentilhomme ne veut que disposer
autrement les mots.
10. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise
Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez.
Molière, en présentant un bourgeois ridicule et un maître pédant, s’en prend au snobisme
d’une partie de la bourgeoisie de son temps et au pédantisme de certains « intellectuels ».
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Analyse littéraire
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EXTRAIT 3 (p. 62-67)
Compréhension
Action et personnages
2. Dans quel but Dorante vient-il voir Monsieur Jourdain ? Comment s’y
prend-il pour arriver à ses fins ? Donnez-en des exemples.
1- Dorante vient taper Monsieur Jourdain de « deux cents pistoles ».
2- Pour y arriver, il joue sur la vanité du bourgeois gentilhomme.
3- Parmi bien d’autres, il y a sa flatterie sur les habits du bourgeois (l. 923-924, 926-
927 et 930), le fait qu’il souligne qu’il parle du bourgeois à la cour (l. 934-935).
3. Quel fait montre que Monsieur Jourdain, malgré ses rêves de noblesse, est un
bourgeois qui sait compter ?
Monsieur Jourdain a sur lui un « petit mémoire » (l. 970), un état de compte de ce que
lui doit Dorante.
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5. Comment Dorante apparaît-il dans cette scène ?
Dorante apparaît comme un gentilhomme habile, hypocrite et sans scrupules qui flatte
Monsieur Jourdain pour lui soutirer de l’argent.
Comique
2. Qui manipule qui dans la scène ? Relevez quatre apartés de Madame Jourdain
qui le soulignent particulièrement.
1- Dorante manipule Monsieur Jourdain.
2- « Il le gratte par où il se démange » (l. 929) ; « Oui, aussi sot par-derrière que
par-devant » (l. 931-932) ; « Cet homme-là fait de vous une vache à lait » (l. 1002-1003) ;
« C’est un vrai enjôleux » (l. 1013) ; « Il vous sucera jusqu’au dernier sou » (l. 1015-1016) ;
« Allez, vous êtes une vraie dupe » (l. 1028-1029).
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2- Il y a jeu sur la polysémie du terme « porter ». Dorante l’emploie dans le sens figuré
d’« aller », tandis que Madame Jourdain utilise le sens propre, « porter quelque chose ».
10. Quel est le défaut poussé à l’extrême dans cette scène ? Quelles répliques de
Monsieur Jourdain et quelles répliques de Madame Jourdain le font ressortir ?
1- Le snobisme de Monsieur Jourdain ressort particulièrement.
2- Monsieur Jourdain : « Dans la chambre du Roi ! » (l. 937) et « […] voulez-vous que
je refuse un homme de cette condition-là, qui a parlé de moi ce matin dans la chambre
du Roi ? » (l. 1025-1027).
11. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise
Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez en prenant
tout particulièrement en compte le personnage de Monsieur Jourdain.
En présentant un Monsieur Jourdain ridicule, Molière dévalorise les snobs. Il favorise
donc, par voie de conséquence, ceux qui se conforment à leur état. En présentant un père
vaniteux et snob – il se gargarise de sa dignité toute récente – et naïf, il est un pantin aux
mains de Covielle, de Cléonte, de Lucile, de Nicole et de Madame Jourdain – Molière
dévalorise l’autorité paternelle. En conséquence, il valorise la liberté des jeunes en amour.
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Analyse littéraire
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EXTRAIT 4 (p. 118-122)
ACTE V, SCÈNES 5 ET 6
Compréhension
Action et personnages
1. Montrez que les trois mêmes moments se retrouvent dans les SCÈNES 5 et 6.
Qu’y a-t-il de différent ?
1- Lucile, dans la SCÈNE 5, et Madame Jourdain, dans la SCÈNE 6, s’étonnent
(l. 2000-2008 ; l. 2024-2034), refusent le mariage avec le fils du Grand Turc (l.
2009-2018 ; l. 2035-2081) et l’acceptent finalement (l. 2019-2023 ; l. 2082-2107).
2- La différence vient de ce que Madame Jourdain (la SCÈNE 6 a 97 lignes) est beaucoup
plus longue à convaincre que Lucile (la SCÈNE 5 a 24 lignes). Tous les personnages
doivent y mettre du leur pour que Madame Jourdain se décide à écouter Covielle.
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4. Dans la SCÈNE 5, Lucile se conduit-elle différemment que dans la SCÈNE 12 de
l’ACTE III ? Justifiez. Par quelle réplique de la SCÈNE 3 de l’ACTE IV Monsieur
Jourdain avait-il annoncé le comportement de sa fille ?
1- Oui.
2- Tant et aussi longtemps qu’elle ne s’est pas rendu compte qu’il s’agit de Cléonte,
Lucile refuse d’accéder au désir de son père, soit épouser le fils du Grand Turc. Elle fait
preuve de fermeté. Dans la SCÈNE 12 de l’ACTE III, elle était restée coite, laissant sa
mère et Nicole s’en prendre à Monsieur Jourdain.
3- « […] ma fille est une opiniâtre, qui s’est allée mettre dans la tête un certain Cléonte,
et elle jure de n’épouser personne que celui-là » (sc. 3, l. 1807-1809).
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9. Comment le cinquième intermède, le ballet des Nations, s’insère-t-il dans
l’action ? Pourquoi est-ce du théâtre dans le théâtre ?
C’est Dorante qui avait prévu un ballet pour clore le « cadeau » offert à Dorimène.
Le ballet des Nations a donc comme spectateurs les personnages de la pièce. Ils
obtempèrent aux ordres respectifs de Dorante et de Monsieur Jourdain : « […]
voyons notre ballet […] » (sc. 6, l. 2113-2114) et « […] allons prendre nos places »
(sc. 6, l. 2115).
Comique
3. Quel procédé du comique de situation est à la base des deux scènes ? Expliquez-le.
Il y a interférence du comique de situation. Le quiproquo porte sur l’identité du fils du
Grand Turc. Au départ, Lucile dans la SCÈNE 5 et Madame Jourdain dans la SCÈNE 6
pensent qu’il s’agit du fils du Grand Turc, alors qu’il s’agit de Cléonte déguisé.
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9. À quelle transposition renvoie l’utilisation d’un turc factice à la SCÈNE 5 ?
Il s’agit de la parodie.
13. Qu’est-ce qui relève du comique de caractère dans ces deux scènes ?
Voir la réponse à la question 7 sous « Action et personnages ».
14. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise
Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez en prenant
tout particulièrement en compte l’autorité paternelle.
En présentant un père vaniteux et snob – il se gargarise de sa dignité toute récente – et
naïf, il est un pantin aux mains de Covielle, de Cléonte, de Lucile, de Nicole et de
Madame Jourdain – Molière dévalorise l’autorité paternelle. En conséquence, il valorise la
liberté des jeunes en amour.
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Analyse littéraire
1. Après avoir situé ces scènes, montrez que Molière y dénoue les fils de l’intrigue,
tout en réussissant à faire amplement rire le spectateur.
Plan-réponse :
1. Situation des scènes.
1.1 Deux scènes qui se répètent (question 1 sous « Action et personnages »)
1.2 Le thème du mariage (questions 1 et 2 sous « Compréhension »; question 5
sous « Action et personnages »)
1.3 L’intermède (question 9 sous « Action et personnages »)
2. Molière y dénoue les fils de l’intrigue.
2.1 Des scènes de dénouement (question 2 sous « Action et personnages »)
2.2 Le perdant, Monsieur Jourdain (questions 3, 6, 7 et 8 sous « Action et
personnages »)
3. Molière fait amplement rire le spectateur.
3.1 Le comique de forme (question 1 sous « Comique »)
3.2 Le comique de situation (questions 2, 3, 4, 5, 6 et 7 sous « Comique »)
3.3 Le comique de mot (questions 8, 9, 10, 11 et 12 sous « Comique »)
3.4 Le comique de caractère (questions 13 et 14 sous « Comique »
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ANNEXE
Six Turcs dansant entre eux gravement deux à deux, au son de tous les instruments. Ils
portent trois tapis fort longs, dont ils font plusieurs figures, et, à la fin de cette première cérémonie,
ils les lèvent fort haut ; les Turcs musiciens, et autres joueurs d’instruments, passent par-dessous;
quatre Derviches3 qui accompagnent le Mufti4 ferment cette marche.
Alors les Turcs étendent les tapis par terre, et se mettent dessus à genoux ; le Mufti est
debout au milieu, qui fait une invocation avec des contorsions et des grimaces, levant le menton, et
remuant les mains contre sa tête, comme si c’était des ailes. Les Turcs se prosternent jusqu’à terre,
chantant « Alli », puis se relèvent, chantant « Alla », et continuant alternativement jusqu’à la fin de
l’invocation ; puis ils se lèvent tous, chantant « Alla ekber5 ».
Alors les Derviches amènent devant le Mufti le Bourgeois vêtu à la turque, rasé, sans
turban, sans sabre, auquel il chante gravement ces paroles :
LE MUFTI
Se ti sabir, Si toi savoir,
Ti respondir ; Toi répondre ;
Se non sabir, Si pas savoir,
Tazir, tazir. Te taire, te taire.
Mi star Mufti : Moi être Mufti:
Ti qui star ti ? Toi, qui être toi ?
Non interdir : Pas entendre :
Tazir,tazir. Te taire, te taire.
Deux Derviches font retirer le Bourgeois. Le Mufti demande aux Turcs de quelle religion
est le Bourgeois, et chante:
Dice, Turque, qui star quista, Dis, Turc, qui être celui-ci,
Anabatista, anabatista ? Anabaptiste, anabaptiste 6 ?
3
Derviches ou dervis : religieux musulmans.
4
Mufti : interprète officiel de la loi musulmane basée sur le Coran.
5
Alla ekber : « Allah est grand ». Le texte est écrit en sabir, ou langue franque, mélange de français, d’italien,
d’espagnol et d’arabe, que l’on utilisait dans les ports de la Méditerranée.
6
Anabaptiste : membre d’une secte protestante allemande, issue de la Réforme.
7
Zwinglien : disciple de Zwingle (1484-1531), fondateur d’une secte protestante au XVIe siècle.
8
Cophte ou « copte » : « nom que les mahométans donnent par mépris aux chrétiens et moines d’Égypte »
(dictionnaire de Furetière).
9
Hussite : disciple de Jean Huss, réformateur tchèque de la fin du XIVe siècle. Moriste : peut-être
l’équivalent de « morisque », les Maures ou Mores d’Espagne. Fronista : possiblement « phrontiste », c’est-à-
dire contemplatif.
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LE MUFTI répète : Ioc. Ioc. Ioc. Non, non, non.
Star pagana ? Être païen10 ?
LES TURCS : Ioc. Non.
LE MUFTI : Luterana ? Luthérien 11?
LES TURCS : Ioc. Non.
LE MUFTI : Puritana ? Puritain 12?
LES TURCS : Ioc. Non.
LE MUFTI : Bramina ? Moffina ?
Zurina ? Brahmane 13? … ? … ?
LES TURCS : Ioc. Ioc. Ioc. Non, non, non.
LE MUFTI répète : Ioc. Ioc. Ioc. Non, non, non.
Mahametana,
Mahametana ? Mahométan, mahométan?
LES TURCS : Hey valla. Hey valla. Oui, par Dieu. Oui, par
Dieu.
LE MUFTI : Como chamara ? Comment appeler ?
Como chamara 14 ? Comment appeler ?
LES TURCS : Giourdina, Giourdina. Jourdain, Jourdain.
LE MUFTI : Giourdina. Jourdain.
LE MUFTI sautant et regardant de côté et d’autre :
Giourdina ? Giourdina ? Jourdain Jourdain ?
Giourdina ? Jourdain ?
LES TURCS répètent :
Giourdina ! Giourdina ! Jourdain ! Jourdain !
Giourdina ! Jourdain !
LE MUFTI : Mahameta per Giourdina Mahomet, pour Jourdain
Mi pregar sera e matina : Moi prier soir et matin :
Voler far un Paladina Vouloir faire un Paladin 15
De Giourdina, de Giourdina. De Jourdain, de Jourdain.
Dar turbanta, e dar scarcina Donner turban et donner
cimeterre16,
Con galera e brigantina Avec galère et brigantin17,
Per deffender Palestina. Pour défendre Palestine.
Mahameta per Giourdina, etc. Mahomet, pour Jourdain, etc.
Après quoi, le Mufti demande aux Turcs si le Bourgeois est ferme dans la religion
mahométane, et leur chante ces paroles :
Le Mufti revient, avec son turban de cérémonie, qui est d’une grosseur démesurée,
garni de bougies allumées, à quatre ou cinq rangs.
10
Païen : impie, qui ne croit pas en Dieu.
11
Luthérien : disciple de Luther (1483-1546), fondateur de l’Église protestante allemande.
12
Puritain : membre d’une communauté de presbytériens hostiles à l’Église anglicane.
13
Brahmane : membre de la caste des prêtres, la plus élevée en Inde. On ignore le sens de Moffina, et
Zurina évoque la ville de Surinam en Guyane hollandaise.
14
Chamara : de l’italien chiamare (appeler).
15
Paladin : nom donné aux seigneurs de la cour de Charlemagne.
16
Cimeterre : sabre oriental à lame courbe.
17
Brigantin : petit navire à deux mâts.
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Deux Derviches l’accompagnent, avec des bonnets pointus garnis aussi de bougies
allumées, portant l’Alcoran 18 : les deux autres Derviches amènent le Bourgeois, qui est tout
épouvanté de cette cérémonie, et le font mettre à genoux le dos tourné au Mufti, puis, le
faisant incliner jusques à mettre ses mains par terre, ils lui mettent l’Alcoran sur le dos, et le
font servir de pupitre au Mufti, qui fait une invocation burlesque, fronçant le sourcil, et
ouvrant la bouche, sans dire mot ; puis parlant avec véhémence, tantôt radoucissant sa voix,
tantôt la poussant d’un enthousiasme à faire trembler, en se poussant les côtes avec les mains,
comme pour faire sortir ses paroles, frappant quelquefois les mains sur l’Alcoran, et tournant les
feuillets avec précipitation, et finit enfin en levant les bras, et criant à haute voix : « Hou ».
Pendant cette invocation, les Turcs assistants chantent « Hou, hou, hou », s’inclinant à trois
reprises, puis se relèvent de même à trois reprises, en chantant « Hou, hou, hou », et continuant
alternativement pendant toute l’invocation du Mufti.
Après que l’invocation est finie, les Derviches ôtent l’Alcoran de dessus le dos du
Bourgeois, qui crie « Ouf », parce qu’il est las d’avoir été longtemps en cette posture, puis ils le
relèvent.
Et s’en va.
Les Turcs répètent tout ce que dit le Mufti, et donnent, en dansant et en chantant, le turban au
Bourgeois.
Ti star nobile, non star fabola. Toi être noble, et pas être faible.
Pigliar schiabola. Prendre sabre.
Puis il se retire.
Les Turcs répètent les mêmes mots, mettant tous le sabre à la main ; et six d’entre eux dansent
autour du Bourgeois, auquel ils feignent de donner plusieurs coups de sabre.
LE MUFTI revient, et commande aux Turcs de bâtonner le Bourgeois, et chante ces paroles :
Puis il se retire.
Les Turcs répètent les mêmes paroles, et donnent au Bourgeois plusieurs coups de bâton en
cadence.
18
Alcoran : Coran, livre sacré de la religion musulmane.
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LE MUFTI revient et chante :
Note : Les vers aux pages 22-24, 96-97 et 123-133 sont décalés vers la droite en fonction de leur longueur.
Ainsi, même si leur disposition semble parfois aléatoire, elle ne l’est pas.
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