Vous êtes sur la page 1sur 97

CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti541 - Mécanique des sols et géotechnique

Stabilité des sols, fondations

Réf. Internet : 42219 | 4e édition

Actualisation permanente sur


www.techniques-ingenieur.fr
Tec h n ique s de l ’I n gé ni eur
La plus impor tante ressource documentaire scientifique
et technique en français

Une information fiable, claire et actualisée


Validés par un comité scientifique et mis à jour en permanence sur Internet,
les articles Techniques de l’Ingénieur s’adressent à tous les ingénieurs et
scientifiques, en poste ou en formation.
Outil d’accompagnement de la formation et de la carrière des ingénieurs,
les ressources documentaires Techniques de l’Ingénieur constituent le socle
commun de connaissances des acteurs de la recherche et de l’industrie.

Les meilleurs experts techniques et scientifiques


Plus de 200 conseillers scientifiques et 3 500 auteurs, industriels, chercheurs,
professeurs collaborent pour faire de Techniques de l’Ingénieur l’éditeur
scientifique et technique de référence.
Les meilleurs spécialistes sont réunis pour constituer une base de
connaissances inégalée, vous former et vous accompagner dans vos projets.

Une collection 100 % en ligne


• Accessibles sur www.techniques-ingenieur.fr, les dernières nouveautés et
actualisations de votre ressource documentaire
• Les articles téléchargeables en version PDF

Des services associés


Rendez-vous sur votre espace « Mon compte » en ligne pour retrouver la liste
des services associés à vos droits d’accès et les utiliser.

 Des services associés


Pour toute information, le service clientèle reste à votre disposition :
Tél : 01 53 35 20 20 l Fax : 01 53 26 79 18 l Mail : infos.clients@teching.com

III
Cet ouvrage fait par tie de
Mécanique des sols et géotechnique
(Réf. Internet ti541)
composé de  :

Géotechnique Réf. Internet : 42238

Stabilité des sols, fondations Réf. Internet : 42219

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

IV
Cet ouvrage fait par tie de
Mécanique des sols et géotechnique
(Réf. Internet ti541)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Daniel DIAS
Professeur des universités, responsable du département Géotechnique de
Polytech' Grenoble

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Olivier BENOIT Stéphane MULLER


Pour l’article : C246 Pour l’article : C250

Laurent BRIANÇON Gérard PHILIPPONNAT


Pour l’article : C305 Pour l’article : C2682

Stéphane BRÛLÉ Georges PILOT


Pour les articles : C251 – C253 Pour l’article : C255

Fahd CUIRA Léo QUIRIN


Pour les articles : C251 – C253 Pour l’article : C250

Philippe DELMAS Philippe REIFFSTECK


Pour l’article : C305 Pour l’article : C254

Roger FRANK Jean-Pierre ROSSETTI


Pour l’article : C248 Pour l’article : C257

Didier HANTZ François SCHLOSSER


Pour l’article : C257 Pour l’article : C245

Emmanuel JAVELAUD Jean-François SEMBLAT


Pour l’article : C260 Pour l’article : C260

Yann JUILLIE Thomas SIMONNOT


Pour les articles : C242 – C244 Pour les articles : C242 – C244

Jean-Pierre MAGNAN Philippe UNTERREINER


Pour l’article : C255 Pour l’article : C245

Didier MAZET-BRACHET
Pour l’article : C257

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

VI
Stabilité des sols, fondations
(Réf. Internet 42219)

SOMMAIRE

1– Stabilité des sols Réf. Internet page

Renforcement des sols par inclusions C245 11

Stabilité des pentes. Glissements en terrain meuble C254 17

Risques naturels gravitaires. Géologiques et torrentiels C257 21

Amélioration des sols C255 27

Ouvrages de soutènement - Poussée et butée C242 31

Murs et écrans de soutènement C244 37

Bases de l'interaction sol-structure sous séisme. Principes généraux et efets inertiels C251 45

Base de l'interaction sol-structure sous séisme. Efets cinématiques et stabilité C253 51


sismique
Les géosynthétiques de renforcement C305 57

2– Fondations Réf. Internet page

Fondations supericielles C246 67

Fondations profondes C248 71

Eurocode 8 : fondations supericielles et profondes C250 81

Efets de site sismique pour les ouvrages de surface C260 85

Constructions métalliques. Fondations pour pylônes et mâts C2682 93

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

VII
 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Stabilité des sols, fondations
(Réf. Internet 42219)


1– Stabilité des sols Réf. Internet page

Renforcement des sols par inclusions C245 11

Stabilité des pentes. Glissements en terrain meuble C254 17

Risques naturels gravitaires. Géologiques et torrentiels C257 21

Amélioration des sols C255 27

Ouvrages de soutènement - Poussée et butée C242 31

Murs et écrans de soutènement C244 37

Bases de l'interaction sol-structure sous séisme. Principes généraux et efets inertiels C251 45

Base de l'interaction sol-structure sous séisme. Efets cinématiques et stabilité C253 51


sismique
Les géosynthétiques de renforcement C305 57

2– Fondations

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires


QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTU

Renforcement des sols par inclusions

par François SCHLOSSER



Professeur à l’École Nationale des Ponts et Chaussées
Président-Directeur Général de Terrasol
et Philippe UNTERREINER
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Maître de conférences à l’École Nationale des Ponts et Chaussées
Chercheur au CERMES (ENPC/LCPC)

1. Renforcement des sols : concepts et types ..................................... C 245 - 2


1.1 Concept de sol renforcé .............................................................................. — 2
1.2 Types de renforcement ............................................................................... — 3
2. Interaction sol-inclusion ........................................................................ — 3
2.1 Efforts dans les inclusions et principales techniques ............................... — 3
2.2 Inclusions linéaires ...................................................................................... — 3
2.3 Inclusions bidimensionnelles ..................................................................... — 5
2.4 Renforcements tridimensionnels ............................................................... — 6
3. Description des techniques et comportement des ouvrages...... — 7
3.1 Répartition des efforts dans les renforcements ........................................ — 7
3.2 Mobilisation du cisaillement et de la flexion. Principe du multicritère... — 8
3.3 Influence de l’extensibilité des renforcements ......................................... — 8
4. Principes généraux de dimensionnement ......................................... — 9
4.1 Notions d’états limites de service (ELS) et ultimes (ELU) ........................ — 9
4.2 Notions sur les coefficients partiels de sécurité........................................ — 9
4.3 Durabilité et comportement à long terme ................................................. — 11
4.4 Méthodes aux états limites de service (ELS)............................................. — 11
4.5 Méthode aux états limites ultimes : calculs à la rupture.......................... — 12
4.6 Chargements particuliers............................................................................ — 13
5. Techniques de soutènement en remblai renforcé........................... — 13
5.1 Murs quasi inextensibles en sol de remblai renforcé .............................. — 13
5.2 Murs extensibles en sol de remblai renforcé ............................................ — 14
5.3 Renforcements tridimensionnels ............................................................... — 14
6. Renforcement des sols en place par clouage .................................. — 15
6.1 Stabilisation des pentes instables.............................................................. — 15
6.2 Clouage en soutènement ............................................................................ — 16
7. Fondations en sol renforcé ................................................................... — 18
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@QYYT@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQU

7.1 Radiers avec éléments de renforcement horizontaux .............................. — 18


7.2 Remblais renforcés sur sols mous ............................................................. — 18
7.3 Fondations en sol renforcé par groupes ou réseaux de micropieux ...... — 18
8. Conclusions ............................................................................................... — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 245

e renforcement des sols consiste, dans son principe, à associer un sol à des
L éléments résistants de manière à former un matériau composite.
Après une présentation des différents types de renforcements et des techniques
correspondantes, on étudie le comportement élémentaire entre le sol et un élément
de renforcement, comportement qui est commun à toutes les techniques de sol
renforcé.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 245 − 1

QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTU

RENFORCEMENT DES SOLS PAR INCLUSIONS _______________________________________________________________________________________________

Un certain nombre de principes généraux de dimensionnement concernant les


calculs aux états limites ultimes (ELU) et de service (ELS), les coefficients partiels
de sécurité et la durabilité sont ensuite exposés avant d’aborder plus en détail
chacune des techniques.


1. Renforcement des sols :
concepts et types
Dans les ouvrages de soutènement de type traditionnel : murs
poids, parois moulées, rideaux de palplanches, le sol retenu ne par-
ticipe pas à la stabilité de l’ouvrage (cf. article Murs de soutènement
[C 244]). Au contraire, dans les ouvrages de type plus récent :
m urs cellulaires ou à caisson, m urs à ancrages m ultiples et
ouvrages en sol renforcé, une partie du sol à retenir participe à la
stabilité d’ensemble de l’ouvrage, en étant associée à des éléments
structuraux (figure 1). Le développement de ces techniques est lié
aux économies qui peuvent être réalisées, d’autant plus que ce type
d’ouvrage, relativement flexible, peut s’adapter à tout type de sol de
fondation. Ainsi, la préfabrication des éléments structuraux comme
la rapidité de construction permettent d’économiser aussi bien
sur les matériaux que sur la main-d’œuvre.
La différence essentielle entre les trois catégories d’ouvrages
(mur cellulaire ou à caisson, mur à ancrages multiples et mur en sol
renforcé) est le mode d’interaction entre le sol et les éléments-
structuraux. Dans le cas d’un mur cellulaire ou à caisson, les élé-
ments structuraux sont assemblés de manière à former des cellules,
par la suite remplies de sol. L’ensemble se comporte comme un mur
poids relativement déformable [5]. Dans un mur à ancrages multi-
ples, le volume de sol à retenir est contenu par un parement fixé à
des ancrages à l’aide de tirants suffisamment longs qui n’interagis-
sent pas avec le sol. Par opposition, dans les ouvrages en sol ren- Figure 1 – Principaux types de murs de soutènement associant le sol
forcé, l’interaction entre le sol et les inclusions s’exerce sur toute et des éléments structuraux
leur longueur ou leur surface. À l’échelle de l’ouvrage, le massif en
sol renforcé peut être alors considéré comme un matériau
composite, généralement anisotrope. Les inclusions utilisées,
encore appelées éléments de renforcement, sont des éléments
continus, généralement préfabriqués et mécaniquement résistants
en traction mais possédant aussi, suivant les cas, une certaine résis-
tance à la flexion. La distinction entre ces trois catégories de murs
de soutènement n’est pas toujours facile à faire, d’autant que l’évo-
lution actuelle de ces techniques est très rapide et qu’elles sont par-
fois combinées [45].

1.1 Concept de sol renforcé

Dans un sol renforcé, les propriétés mécaniques du sol initial, qui


le plus souvent ne possède pas de résistance en traction, se trouvent
améliorées par la mise en place d’inclusions résistant à la traction.
C’est ainsi qu’un sable, purement frottant, renforcé par des arma-
tures métalliques possède une cohésion « apparente » qui peut être Figure 2 – Critère de rupture d’un sable
mesurée à l’essai triaxial [34] (figure 2). Le calcul précis de la cohé- sans et avec renforcement [34]
sion « apparente » d’un sol renforcé, matériau composite anisotrope,
est relativement complexe [10] et peu utilisé en pratique pour le
dimensionnement des ouvrages en sol renforcé par des éléments Pour que, dans un ouvrage, le sol et les renforcements se
linéaires ou bidimensionnels. Pour de tels ouvrages de dimension- comportent comme un matériau composite, il est important que les
nement est fait par une approche « discrète », c’est-à-dire où les élé- éléments de renforcement soient suffisamment nombreux par rap-
ments sont modélisés séparément du sol. L’approche « composite » port aux dimensions de l’ouvrage. De plus, pour contenir le sol entre
au moyen de la cohésion « apparente » est notamment utilisée dans les éléments, il est le plus souvent nécessaire d’installer un pare-
le dimensionnement des ouvrages en sol renforcé de façon tridimen- ment, dont la rigidité doit être compatible avec l’extensibilité des
sionnelle, du type Texsol ®. renforcements.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 245 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTU

_______________________________________________________________________________________________ RENFORCEMENT DES SOLS PAR INCLUSIONS

1.2 Types de renforcement verticalement sont soumis à un chargement combiné en


compression, cisaillement et flexion. En stabilisation des pentes
(renforcements verticaux), les efforts de cisaillement et de flexion
Il existe une très grande variété d’éléments de renforcement utili- sont les plus importants. En fondation, les renforcements verticaux
sés dans la pratique et que l’on classe généralement suivant leur travaillent le plus souvent en compression, tandis que ceux placés hori-
forme géométrique ; unidimensionnelle (linéaire), bidimensionnelle zontalement travaillent le plus souvent en traction, et en flexion-
ou tridimensionnelle [40] [42]. En outre, un grand nombre de maté- cisaillement s’ils sont assez rigides.
riaux constitutifs sont possibles : acier, fibres de verre, géotextiles et
produits apparentés (matières plastiques), etc. Il est à noter que les
renforcements bidimensionnels et tridimensionnels, du fait de leur
géométrie, ne peuvent être utilisés qu’avec des sols rapportés. Le 2.2 Inclusions linéaires Q
tableau 1 donne une classification des principales techniques de sol
renforcé en fonction de la géométrie des renforcements et du type
de sol (sol rapporté ou en place). Les éléments de renforcement linéaires et souples travaillent
essentiellement en traction ou en compression. Ceux qui sont plus
rigides en flexion peuvent en outre travailler également en cisaille-
ment et en flexion suivant leur orientation dans l’ouvrage. Dans le
2. Interaction sol-inclusion premier cas, le mécanisme mis en jeu dans le transfert d’efforts
entre le sol et l’inclusion est le frottement latéral. Dans le deuxième
cas, c’est la pression latérale, développée au contact entre le sol et
l’inclusion qui est le phénomène important.
2.1 Efforts dans les inclusions
et principales techniques 2.2.1 Frottement latéral

Dans le renforcement des sols, les inclusions sont qualifiées de L’équilibre d’un petit élément de renforcement montre que la
passives car elles ne sont pas mises en tension lors de leur installa- variation de l’effort normal T (positif si c’est un effort de traction,
tion, contrairement aux tirants précontraints (cf. article Parois mou- négatif si c’est un effort de compression) le long d’une armature ou
lées. Ancrages [C 252] dans cette rubrique). C’est sous l’effet des d’une nappe est proportionnelle à la contrainte de cisaillement à
déformations du sol, durant ou après la construction, et par l’inter- l’interface du sol avec l’inclusion, notée τ (figure 3) :
médiaire de l’interaction entre le sol et le renforcement, qu’elles se — pour les armatures :
mettent à travailler. 1 dT
Suivant leur rigidité relative par rapport au sol, elles peuvent τ = --------- --------
2b dx
travailler simplement en traction ou en compression comme une
barre ou une membrane, ou de manière plus complexe en traction avec T effort normal dans l’armature,
ou compression, cisaillement et flexion comme une poutre. La mobi-
b largeur de l’armature,
lisation de ces efforts dépend de nombreux facteurs dont les plus
importants sont : la rigidité relative des inclusions par rapport au sol, x abscisse le long de l’armature ;
leur géométrie, extensibilité, orientation et densité, ainsi que le pro- — pour les nappes :
cédé de construction (tableau 2). dT
Suivant le type d’application, l’un ou l’autre des efforts sera τ = ----------
dx
privilégié. En soutènement, les éléments de renforcement horizon-
taux travaillent essentiellement en traction tandis que ceux placés avec T effort normal par unité de largeur de la nappe.

Tableau 1 – Classification des techniques de renforcement suivant les éléments de renforcement utilisés
Techniques de renforcement des sols
Type de sols
Renforcements unidimensionnels
Renforcements bidimensionnels Renforcements tridimensionnels
(linéaires)
Terre Armée treillis métalliques horizontaux microrenforcements
(armatures métalliques) (disquettes, plaquettes)
procédé Freyssisol mur Tervoile fibres
(armatures en matière synthétique : (treillis verticaux) (métalliques, géosynthétiques)
Paraweb)
Sols rapportés
mur VSL nappes en géosynthétiques Texsol
(bandes de treillis métalliques) (géotextiles, géogrilles, (fil continu)
géocomposites)
procédés utilisant des pneus
(Pneusol, Arma-Pneusol, Pneu-Tex)
micropieux
(groupes ou réseaux)
Sols en place
clouage en soutènement et en pente

(0)

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 245 − 3

QS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTU

RENFORCEMENT DES SOLS PAR INCLUSIONS _______________________________________________________________________________________________

Tableau 2 – Efforts majeurs dans les inclusions pour différentes techniques de renforcement des sols [39]
Techniques de renforcement Traction Compression Cisaillement Flexion
Armatures ou bandes en remblai (Terre Armée, mur Freyssisol, mur VSL, etc.) ***
Nappes en remblai (géotextiles, géogrilles, géocomposites)
Treillis horizontaux ou verticaux (Tervoile) ***


Procédés utilisant des pneus en remblai (Pneusol, Arma-Pneusol, Pneu-Tex)
Clouage en soutènement (sol en place) ** * *
Clouage de pente instable (sol en place) * *** ***
Micropieux en groupes ou réseaux (sol en place) ** ** * *
Renforcements tridimensionnels en remblai (microrenforcements, fibres, fils) ***
* faible ** important *** prépondérant

Figure 3 – Équilibre d’une longueur élémentaire de renforcement

La mobilisation progressive, le long d’une inclusion, de la valeur


maximale de cette contrainte, appelée frottement latéral unitaire Figure 4 – Frottement latéral unitaire qs en fonction de la pression
limite, noté qs , est fonction du déplacement relatif sol-inclusion, limite pressiométrique p ᐍ dans les graves [30]
noté y, et est décrite par une loi de comportement généralement
complexe [4] :
τ = τ (y ) phénomène dit de dilatance empêchée [35] est caractérisé par un
coefficient de frottement apparent, noté µ*, défini par :
À la rupture, qui se produit pour un déplacement relatif sol-
inclusion de l’ordre du millimètre, le cisaillement τ est égal au frot- τ
tement latéral unitaire limite qs . µ * = -----------
σv 0
Le paramètres qs , qui est déterminant dans le dimensionnement
des ouvrages en sol renforcé, est fonction des caractéristiques de et dont la valeur est en général supérieure à 1 dans les sols
l’inclusion (forme géométrique, état de surface, mode de mise en granulaires et peut atteindre 10 pour des sols très dilatants. Ce coef-
place) et de celles du sol (type de sol, caractéristiques mécaniques, ficient µ* est supérieur au coefficient de frottement réel :
degré de saturation). Parmi les paramètres, les deux plus importants
sont le type de sol et le mode de mise en place, qui sont utilisés dans τ
µ = ----------------------------
les abaques corrélant qs avec les résultats de l’essai pressiométri- σ v0 + ∆ σ v
que. La figure 4 présente les abaques développés dans le cadre du
projet national Clouterre à partir d’une base de données de plus de dont les valeurs sont inférieures à 1 [36]. Les phénomènes
450 essais, pour les clous installés dans des graves suivant trois physiques à l’origine de la dilatance locale dans un sol granulaire, à
techniques différentes : le scellement gravitaire, le scellement basse l’interface avec une inclusion, mettent en jeu la microstructure
pression et le battage. On peut noter l’influence importante du mode granulaire du sol et ne sont pas encore, à l’heure actuelle, tous
de mise en place pour ce type de sol. Dans le cas de sables et d’argi- identifiés [51].
les, cette influence est plus réduite et les valeurs de qs varient entre
0,05 et 0,15 MPa, quand la pression limite pressiométrique p ᐉ varie À l’heure actuelle, le dimensionnement des ouvrages en sol
entre 0,5 et 3 MPa. renforcé se fait aux états limites ultimes (ELU), c’est-à-dire par un
calcul à la rupture. La connaissance complète de la loi de mobilisation
Lors d’un essai d’extraction d’une inclusion linéaire enterrée, le du frottement latéral τ (y ) n’est pas nécessaire et seul le frottement laté-
sol au voisinage immédiat de l’inclusion est cisaillé. Dans le cas d’un ral unitaire limite qs est à déterminer. Sa méthode de détermination
sol frottant et compact, le volume de sol cisaillé autour de l’inclusion dépend de la technique de renforcement.
tend à se dilater, mais cette augmentation de volume est partielle-
ment empêchée par le sol environnant. Il en résulte une Pour les ouvrages en sol de remblai renforcé par armatures, le frot-
augmentation ∆σv de la contrainte verticale normale dont la valeur tement limite qs est obtenu en multipliant le coefficient de frottement
peut être très importante par rapport à la contrainte verticale initiale apparent µ* par la contrainte verticale σv due au poids des terres :
σv 0 et diminue avec la distance à l’inclusion (figures 5 et 6). Ce qs = µ* σ v(z )

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 245 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTU

_______________________________________________________________________________________________ RENFORCEMENT DES SOLS PAR INCLUSIONS

2.2.2 Pression latérale

Quand un élément de renforcement possède une certaine rigidité


à la flexion, il peut travailler dans le sol renforcé en flexion-cisaille-
ment en plus de la traction ou de la compression. Généralement, les
renforcements bidimensionnels ne possèdent qu’une rigidité très
faible à la flexion. Par contre, les renforcements linéaires, suivant le


type de technique, peuvent être soit souples, comme la majorité des
renforcements de sol de remblai, soit rigides comme dans le cas du
clouage des pentes instables. Le clouage des sols utilisés en soutè-
nement est, de ce point de vue là, une technique intermédiaire (§ 6).
Dans le cas d’une inclusion rigide sollicitée en flexion-cisaillement,
l’interaction avec le sol met en jeu le phénomène de butée latérale.
La pression p, au contact de l’inclusion et du sol, peut être calculée
Figure 5 – Phénomène de dilatance empêchée par la méthode du module de réaction comme pour les pieux
dans un matériau granulaire dilatant [36] soumis à des efforts horizontaux (cf. chapitre Fondations profondes
dans cette rubrique). En, général, la phase initiale élastique linéaire
est caractérisée par une loi du type :
p = ks y
avec ks module de réaction du sol,
y déplacement relatif de l’inclusion par rapport au sol
suivant la normale à l’inclusion.
Cette phase de comportement élastique est complétée par un
palier plastique à la pression ultime pu , prise égale à la pression de
fluage pf de l’essai pressiométrique.
Le calcul des efforts de traction ou de compression, de cisaillement
et de flexion conduit à la résolution de l’équation différentielle :
4
d y
EI ---------4- + k s D y = 0
dx

avec E module d’Young de l’inclusion,


I moment d’inertie,
D diamètre de l’inclusion.
Figure 6 – Augmentation de contrainte normale La solution de cette équation introduit la notion de longueur de
due à la dilatance empêchée autour d’une inclusion en traction transfert ᐉ 0 , donnée par la formule ;
dans un remblai [28]
4 EI
ᐉ0 = 4 ------------
ks D
La variation de µ* en fonction de la profondeur z est, pour chaque
technique, connue à partir d’études et d’essais antérieurs. Pour les types de clous utilisés dans les ouvrages de soutènement
Pour les ouvrages en sol de déblai renforcé par des clous (techni- en sol renforcé, cette longueur de transfert est de l’ordre de la
que du clouage des sols), la détermination du frottement latéral uni- dizaine de centimètres. Dans le clouage des sols, quelle qu’en soit
taire qs se fait à l’aide d’essais d’arrachement de clous dans le sol l’utilisation (soutènement ou stabilisation de pentes instables), la
considéré et pour la technique de mise en place utilisée. Dans le cadre modélisation de la mobilisation de la flexion et du cisaillement dans
du projet national Clouterre, des abaques corrélant le frottement laté- les clous se fait en considérant une ou plusieurs surfaces de glisse-
ral unitaire qs avec la pression limite pressiométrique p ᐉ ont été ment potentiel délimitant deux zones de sol pouvant glisser l’une
développés pour chaque grand type de sol et de clou (figure 4). Mais sur l’autre.
ces valeurs doivent être impérativement confirmées par des essais Trois points du clou sont intéressants à considérer dans la phase
d’arrachement de clous en place. initiale de comportement élastique : le point situé à l’intersection
Il a été observé et montré qu’aux incertitudes près des mesures, avec la surface de glissement potentiel où l’effort tranchant est
et en dépit de la grande variabilité des résultats, le frottement latéral maximal et le moment nul, et les deux points situés de part et
unitaire qs peut être considéré comme quasiment indépendant de la d’autre de cette surface de glissement, à une distance ᐉ 0 de celle-ci,
profondeur pour le clouage des sols. En effet, la diminution du coef- où l’effort tranchant est nul et le moment maximal (figure 7).
ficient de frottement apparent avec la profondeur, résultat de la Après plastification du sol et/ou du clou, l’analyse doit être faite
diminution de la dilatance, est compensée par l’augmentation de la en plasticité afin de déterminer les efforts à la rupture dans l’inclu-
contrainte normale [38]. sion. C’est l’objet de la méthode du multicritère, développée dans le
Deux types d’essai d’arrachement sont couramment pratiqués : paragraphe 3.2.
l’essai à vitesse d’arrachement constante (déplacement imposé) et
l’essai par paliers de fluage (force de traction imposée) ([30] et
normes NF P 94-242. 1 et 2). Ils donnent, dans le cas d’un sol qui ne 2.3 Inclusions bidimensionnelles
flue pas, la même valeur de traction limite T ᐉ et donc de frottement
latéral limite qs :
Les inclusions bidimensionnelles (nappes de géotextiles, grilles,
Tᐉ etc.) ne possèdent pas en général de rigidité à la flexion. En outre,
q s = ----------
-
p Ls elles travaillent le plus souvent en traction. Dans le cas des nappes
continues en géotextile, le frottement latéral est l’interaction princi-
avec p périmètre du clou, pale entre le renforcement et le sol. Dans le cas des géogrilles, qui
Ls longueur du clou en contact avec le sol. sont classées comme produits apparentés aux géotextiles, ou des

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 245 − 5

QU

QV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUT

Stabilité des pentes


Glissements en terrain meuble
par Philippe REIFFSTECK
Directeur de Recherche
IFSTTAR, Marne-la-Vallée (Fance)

Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article [C 254] intitulé « Stabilité des pentes –
Glissements en terrain meuble » paru en 1996, rédigé par Jean-Louis DURVILLE et Gilles
SÈVE.

1. Contexte ........................................................................................... C 254v2 – 2


1.1 Différents types d’instabilités de pentes ........................................... — 2
1.2 Problèmes posés ................................................................................ — 2
2. Reconnaissance du site ................................................................. — 2
2.1 Géologie et géomorphologie ............................................................. — 2
2.2 Hydrogéologie .................................................................................... — 3
2.3 Caractéristiques mécaniques : résistance au cisaillement ............... — 3
2.4 Étude cinématique ............................................................................. — 4
3. Calculs de stabilité ......................................................................... — 5
3.1 Notions de coefficient de sécurité et de facteur partiel de modèle . — 5
3.2 Calcul du coefficient de sécurité en rupture plane ........................... — 6
3.3 Calcul du coefficient de sécurité en rupture circulaire ..................... — 7
3.4 Cas d’une surface de rupture bidimensionnelle quelconque ........... — 8
3.5 Introduction d’une force extérieure ................................................... — 8
3.6 Application au dimensionnement d’ouvrages .................................. — 9
3.7 Méthodes de réduction des paramètres de cisaillement c-j ............ — 10
3.8 Perspectives........................................................................................ — 11
4. Méthodes de confortement .......................................................... — 11
4.1 Terrassements .................................................................................... — 11
4.2 Dispositifs de drainage ...................................................................... — 13
4.3 Introduction d’éléments résistants .................................................... — 14
4.4 Cas des remblais sur sols mous ........................................................ — 16
5. Techniques de surveillance ........................................................... — 16
6. Conclusion........................................................................................ — 17
7. Glossaire ........................................................................................... — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 254v2

es glissements de terrain sont des mouvements qui affectent les talus et


L les versants naturels. Ils peuvent provoquer des dommages importants
aux ouvrages et aux constructions, avec un impact économique sensible, et
parfois causer des victimes. Ils surviennent à la suite d’un événement naturel
– forte pluie, érosion de berge, séisme, par exemple – ou sont la conséquence
plus ou moins directe d’actions de l’homme, telles que travaux de terrasse-
ments ou déforestation. L’étude des glissements de terrain et la prévention
des risques qu’ils engendrent relèvent de la géologie appliquée et de la méca-
nique des sols.
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQU

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 254v2 – 1

QW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUT

STABILITÉ DES PENTES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Contexte cisaillement, dues aux forces motrices telles que le poids, excèdent
la résistance du sol le long de la surface de rupture. Les principaux
éléments morphologiques d’un glissement sont représentés sur la
figure 2. On observe des glissements de formes variées :
1.1 Différents types d’instabilités – glissements rotationnels, à surface de rupture à peu près cylin-
de pentes drique circulaire ;
– glissements plans, dont la surface de rupture est plane dans sa
Les mouvements qui affectent les versants sont extrêmement plus grande partie ;
variés par leur dimension, leur morphologie et leur évolution ciné- – glissements composites, avec une ou plusieurs surfaces de


matique. De nombreuses classifications ont été proposées, fondées rupture de forme complexe.
sur différents critères : morphologie, cinématique, nature des maté-
riaux, etc. [2]. Trois familles principales de phénomènes, à l’origine Les dimensions en plan d’un glissement vont du décamètre à quel-
de déplacements importants de matériaux sur les talus et versants, ques kilomètres ; la profondeur de la surface de rupture est comprise,
peuvent être distinguées : dans la plupart des cas, entre 5 et 10 m, mais elle peut atteindre quel-
– les glissements en terrain meuble, caractérisés par la formation ques dizaines de mètres ; les volumes en mouvement dans les glisse-
ments les plus considérables atteignent plusieurs dizaines de millions
d’une surface de rupture le long de laquelle se produisent les
de mètres cubes. Les terrains concernés sont en général à forte com-
déplacements ;
posante argileuse, mais on peut rencontrer des glissements dans des
– les éboulements en terrain rocheux, engendrés par le détache-
sols très sableux, ou dans du rocher altéré et fracturé.
ment rapide, en général le long de discontinuités préexistantes,
d’une masse de rocher qui se disloque lors de sa propagation vers Les glissements des versants naturels peuvent atteindre de gran-
le pied du versant ; des dimensions et entraı̂ner des conséquences graves : à La Salle-
– les coulées boueuses ou coulées de débris, assimilables à en-Beaumont (Isère) par exemple, le glissement survenu en 1994 a
l’écoulement d’un fluide visqueux charriant des éléments de tailles mobilisé plus d’un million de mètres cubes d’argiles glaciaires,
diverses (depuis les fines jusqu’aux blocs) sur des distances parfois causé la ruine de plusieurs maisons et fait quatre victimes [1].
importantes.
Le présent article se rapporte à la famille des glissements (figure 1). 1.2 Problèmes posés
Un glissement de terrain se produit lorsque les contraintes de
Le géotechnicien est consulté sur un problème de stabilité des
pentes dans diverses circonstances et avec plusieurs missions :
– versant naturel en mouvement (lent) : prévision d’évolution, stabi-
lisation (d’une partie ou de la totalité, provisoire ou définitive), adap-
tation d’un projet en conséquence, mise en place d’une surveillance ;
– glissement avec rupture consommée : stabilisation du site,
réparation de l’ouvrage endommagé ;
– création de remblais ou de déblais en terrain stable : dimen-
sionnement des talus, avec renforcement si nécessaire ; cas des
barrages en terre (stabilité des talus amont et aval) ; cas des rem-
blais sur sol mou (évaluation de la stabilité d’ensemble, définition
du mode de construction) ;
– travaux neufs (terrassements) dans un versant stable ou tout
juste stable : définition des précautions à prendre pour ne pas le
déstabiliser.
Les paragraphes qui suivent ont pour but de fournir à l’ingénieur
quelques éléments de réponse à ces divers problèmes.

2. Reconnaissance du site
2.1 Géologie et géomorphologie
Certaines formations géologiques sont réputées pour leurs ver-
sants fréquemment instables :
– les marnes noires du Lias en Lorraine, en Bourgogne ou dans
l’Aveyron ;

Figure 2 – Principaux éléments de description d’un glissement


Figure 1 – Exemples de glissement de terrain de terrain

C 254v2 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

QX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUT

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– STABILITÉ DES PENTES

– les argiles du Gault en Normandie ; la résistance à court terme (non drainée) et la résistance à long
– les argiles quaternaires varvées du sud de Grenoble, etc. terme (drainée). La forte perméabilité des sols grenus permet un
drainage quasi instantané : la distinction entre court terme et long
La première étape d’une étude de stabilité des pentes est l’éta- terme est alors sans objet. Dans un calcul de type long terme, les
blissement de la structure géologique du site : nature des terrains contraintes à considérer sont les contraintes effectives (s ′ = s - u),
du substratum, épaisseur des formations superficielles, présence car ce sont celles qui gouvernent le comportement du squelette
de failles, etc. Il est important que l’étude géologique s’étende sur
solide du sol. Dans un calcul à court terme, il est plus simple de
une zone plus large que l’emplacement précis de la zone instable.
raisonner en contraintes totales dans toutes les couches de sols
fins.


Ceci permet par exemple de mettre en évidence que le glisse-
ment actuel n’est qu’une partie d’un glissement ancien, de recher- L’enveloppe de rupture des sols dans le plan de Mohr (s, t) est,
cher une alimentation en eau souterraine extérieure à la zone étu- en général, assimilée à une droite d’ordonnée à l’origine c (cohé-
diée, ou d’utiliser l’information apportée par l’analyse d’autres sion) et de pente tan f (frottement).
glissements du même type dans les environs.
2.3.1 Sols grenus et sols fins
Sur un site potentiellement instable, on recherchera des indices
de mouvements anciens ou actifs, tels que moutonnements de la Les sols grenus, s’ils sont propres et secs, ont une cohésion
pente, zones humides, arrachements superficiels, fissures dans les nulle.
constructions rigides, etc.
Pour les sols fins, deux types de caractéristiques sont couram-
Les principaux moyens d’investigation utilisés sont les suivants : ment utilisées :
– dépouillement d’archives, de dossiers d’études d’ouvrages, – caractéristiques drainées : cohésion effective c ′, angle de frotte-
enquête auprès des gestionnaires d’ouvrages ; ment interne f ′ ;
– levés morphologique et géologique de terrain : affleurements, – caractéristiques non drainées : cohésion non drainée cu ainsi
indices de mouvements, zones humides ; que l = Dcu/Ds (coefficient d’accroissement de la résistance non
– photo-interprétation (à plusieurs dates, si possible) : géologie, drainée avec la contrainte de confinement). L’enveloppe de rupture
géomorphologie, etc. ; en contraintes totales est une droite horizontale d’ordonnée à l’ori-
– géophysique, fournissant par exemple la profondeur du subs- gine cu et de pente tan fu = 0.
tratum en place (sismique-réfraction notamment) [C 224] ;
– sondages destructifs ou carottés, diagraphies [C 216]. Des valeurs typiques de cohésion et de frottement sont présen-
tées dans le tableau 1.
Ces investigations sont complétées par des techniques détermi-
nant la géométrie des versants. Le développement et la miniaturi-
sation des techniques de positionnement et de mesure permettent 2.3.2 Résistance de pic, résistance résiduelle
d’obtenir des Modèles numériques de terrain (MNT) des sites à par-
L’existence d’un pic marqué sur les courbes d’évolution de la
tir de drones à vol autonome.
résistance en fonction de la déformation ou du déplacement
dépend de l’état de compacité du sol au début du cisaillement :
2.2 Hydrogéologie on l’observe dans les argiles surconsolidées et les sables denses.
Après un grand déplacement, la résistance tend vers une valeur
Étant donné le rôle primordial que joue l’eau dans les instabilités dite « résiduelle », caractérisée par une cohésion quasi nulle et un
de versants (on estime qu’environ 55 % des glissements ont une angle de frottement affaibli, en raison de la réorientation des parti-
cause hydraulique), l’étude hydrogéologique est très importante. cules sur la surface de glissement (figure 4).
Elle a pour but de connaı̂tre la répartition des pressions interstitiel-
les dans le sol, leur évolution dans le temps et, en prévision de la Les caractéristiques de résistance à utiliser sont donc différentes
réalisation d’un drainage, le fonctionnement des nappes (sens des selon qu’il s’agit de glissements nouveaux (valeur de pic) ou de
écoulements, alimentation…). Les techniques utilisées sont : réactivations de glissements anciens (valeur résiduelle).
– la piézométrie ;
– le repérage des niveaux d’eau dans les puits ;
– les mesures de débits de sources ;
– le recueil des données météorologiques.
Le suivi de ces paramètres doit se faire pendant une année au
minimum, afin de disposer d’une image représentative des condi-
tions hydrogéologiques du site [15].

La figure 3 présente, à titre d’exemple, la hauteur de pluie journa-


lière et les fluctuations piézométriques sur le site expérimental du
versant de Sallèdes (Puy-de-Dôme).

2.3 Caractéristiques mécaniques :


résistance au cisaillement
L’étude mécanique des glissements suppose l’estimation de la
résistance au cisaillement mobilisée le long d’une surface de rup-
ture ([3] [C 216]). La rupture en un point est caractérisée par de
grandes déformations ; il n’y a plus d’équilibre possible si ces
déformations ne sont pas contenues par ailleurs.
Le comportement au cisaillement d’un sol fin est différent selon
que l’on laisse ou non le temps aux surpressions interstitielles de Figure 3 – Pluviosité (bâtons) et pression interstitielle (courbe
se dissiper lors du cisaillement : on est donc amené à distinguer en trait noir) sur le site de Sallèdes pendant 600 jours

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 254v2 – 3

QY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUT

STABILITÉ DES PENTES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Valeurs indicatives des caractéristiques mécaniques de quelques sols


g c ′pic j ′pic c ′R j ′R cu
Types de sol
(en KN/m3) (en kPa) (en degrés) (en kPa) (en dégrés) (en kPa)

Vase organique 13 à 15 0 à 10 25 à 32 0 25 à 30 14 à 18

Argile molle 15 à 19 0 à 10 28 à 34 0 à 5 10 à 15 < 25

Q Argile raide non fissurée 18 à 20 10 à 40 15 à 25 0 à 5 6 à 15 80 à 200

Limon 17 à 19 0 à 40 25 à 35 0 20 à 30 40 à 50

Sable propre 16 à 21 0 30 à 45 (1) 0 25 à 35

Sables et graviers propres 16 à 22 0 35 à 48 (1) 0 30 à 35

g poids volumique, c ′ cohésion effective, f ′ angle de frottement interne.


(1) Valeurs correspondant à un matériau dans un état dense.

Figure 5 – Courbes inclinométriques mettant en évidence une surface


de rupture

– analyse à rebours : on détermine les caractéristiques par calage


sur un glissement déclaré (qui est un essai de cisaillement en vraie
grandeur) ; cela nécessite de faire des hypothèses sur le réseau
hydraulique au moment de la rupture et de bien connaı̂tre la géo-
métrie de la surface de rupture.

2.4 Étude cinématique


Figure 4 – Essai de résistance au cisaillement alterné à la boı̂te
sur l’argile de Villerville (Crédit Maquaire) Le premier objectif de l’étude cinématique est la délimitation en
plan et en profondeur du volume en mouvement. Pour cela, on
2.3.3 Évaluation de la résistance au cisaillement peut utiliser divers instruments, en particulier les nivelles et les
inclinomètres. Les nivelles micrométriques servent à mesurer les
On dispose de différentes méthodes pour évaluer la résistance rotations de la plaque support sur l’horizontale ; la plaque est
au cisaillement en un site donné : fixée sur un ouvrage ou sur un plot scellé dans le sol. La mesure
inclinométrique, réalisée au moyen d’une sonde descendue dans
– mesure in situ (scissomètre ou avec moins de fiabilité phicomè-
un tube scellé dans un forage, fournit l’inclinaison sur la verticale
tre) ou prélèvement d’échantillons pour essais en laboratoire
du tube et, par intégration, sa déformation (figure 5) ; elle permet
(appareil triaxial, boı̂te de cisaillement) ;
en particulier de déterminer la profondeur de la surface de rupture.
– estimation par l’expérience (« la formation des argiles du Keu-
per possède typiquement telles caractéristiques ») ou par l’utilisa- L’étude cinématique permet aussi d’obtenir un ordre de grandeur
tion de relations empiriques reliant la résistance à d’autres caracté- de la vitesse de mouvement, d’analyser la sensibilité aux facteurs
ristiques géotechniques ; extérieurs, ou de contrôler l’efficacité d’une stabilisation.

C 254v2 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

RP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUW

Risques naturels gravitaires


Géologiques et torrentiels
par Didier HANTZ

Maître de conférences
Laboratoire ISTerre et Polytech Grenoble, Université Grenoble-Alpes (Grenoble, France)
Didier MAZET-BRACHET
Ingénieur géotechnicien
Alp’Géorisques (Domène, France)
et Jean-Pierre ROSSETTI
Ingénieur géologue
Alp’Géorisques (Domène, France) Laboratoire ISTerre et Polytech Grenoble, Université
Grenoble-Alpes (Grenoble, France)

1. Mouvements de terrain.............................................................................. C 257 - 2


1.1 Typologie ..................................................................................................... — 2
1.2 Caractérisation de l’aléa ............................................................................. — 5
1.3 Détermination et appréciation du risque .................................................. — 7
1.4 Gestion du risque........................................................................................ — 8
2. Les phénomènes torrentiels ...................................................................... — 9
2.1 Spécifictés des torrents .............................................................................. — 9
2.2 Typologie des phénomènes torrentiels .................................................... — 10
2.3 Crues torrentielles....................................................................................... — 10
2.4 Écoulements torrentiels.............................................................................. — 12
2.5 Caractérisation de l’aléa torrentiel............................................................. — 13
2.6 Détermination et appréciation du risque .................................................. — 14
2.7 Gestion du risque........................................................................................ — 14
3. Avalanches .................................................................................................. — 15
3.1 Manteau neigeux ........................................................................................ — 15
3.2 Caractérisation de l’aléa induit par les avalanches .................................. — 18
3.3 Détermination et appréciation du risque .................................................. — 19
3.4 Gestion du risque........................................................................................ — 19
4. Zonage réglementaire ................................................................................ — 24
4.1 Cadre légal français .................................................................................... — 24
4.2 Objectifs ....................................................................................................... — 25
4.3 Guides méthodologiques ........................................................................... — 25
4.4 Finalités du zonage réglementaire ............................................................ — 25
5. Conclusion ................................................................................................... — 27
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 257

es phénomènes gravitaires sont de formes multiples et affectent régulière-


L ment les personnes et les biens de façon plus ou moins intense.
Avant de débuter cet article il est nécessaire de définir précisément les
termes utilisés plus loin.
Le terme « phénomène » désigne la manifestation d’un agent naturel (ou
parfois anthropique) mettant en jeu les lois fondamentales de la physique du
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQV

globe (gravité, thermodynamique, hydraulique, géodynamique, etc.). Les phé-

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 257 – 1

RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUW

RISQUES NATURELS GRAVITAIRES _____________________________________________________________________________________________________

nomènes abordés ici se limiteront aux mouvements de terrain, aux


phénomènes torrentiels et aux avalanches.
L’« aléa » (hazard en Anglais) est une notion plus complexe, qui peut être
définie comme un phénomène (inondation, mouvement de terrain, avalanche,
séisme, …) pouvant provoquer des dommages, et qui se caractérise par sa
probabilité d’occurrence (ou sa fréquence) dans une période donnée (période


de référence), ainsi que par ses caractéristiques physiques (type et intensité du
phénomène).
Les « enjeux » désignent les personnes, biens, activités, moyens, patri-
moines, susceptibles d’être affectés par un phénomène naturel. La notion
d’enjeu est donc indépendante de celle d’aléa. En revanche, la « vulnérabilité »
est la mesure des dommages de toutes sortes (humains, matériels, etc.), qui
dépendent de l’intensité de l’aléa. La vulnérabilité introduit donc une notion
financière et sociétale.
Le « risque » est une mesure de la probabilité et de l’importance des dom-
mages provoqués par un événement d’origine naturelle ou anthropique
affectant des enjeux.
Le risque résulte donc du niveau de l’aléa, de la nature et de la vulnérabilité
des enjeux exposés. Ainsi, un aléa concernant une zone non aménagée ne pré-
sente aucun risque. Au contraire, un aléa faible, peu intense et/ou peu
probable, impactant une zone très vulnérable, peut engendrer un risque fort.
On conçoit donc deux pistes principales pour réduire le risque, soit :
– en agissant sur l’aléa (par exemple en limitant la probabilité de déclenche-
ment du phénomène : stratégie de protection active ou en limitant la
propagation ou les effets : stratégie de protection passive) ;
– en agissant sur les enjeux et en réduisant leur vulnérabilité (par exemple
en réglementant les aménagements en zones exposées : stratégie de la pré-
vention par la cartographie réglementaire).
Il est également possible de réduire la vulnérabilité par l’acculturation des
populations aux risques. Cela se traduit par la formation des scolaires (la sen-
sibilisation aux risques majeurs est aujourd’hui inscrite dans les programmes
pédagogiques du primaire au secondaire) jusqu’à l’information du citoyen
(mise à disposition de l’information sur Internet, communications par les col-
lectivités, information acquéreurs-locataires, etc.).
Dans les paragraphes suivants, nous nous attacherons à décrire les phéno-
mènes gravitaires. Pour chacun d’eux, nous présenterons les méthodes
d’analyse de l’aléa et du risque, puis les moyens de réduction des risques envi-
sageables en agissant sur l’aléa ou la vulnérabilité des enjeux.

1. Mouvements de terrain 1.1 Typologie

L’expression « mouvement de terrain » est généralement utili- 1.1.1 Mouvements de pente


sée pour désigner un déplacement du terrain provoqué directe-
ment par la gravité, et n’englobe pas les mouvements vibratoires 1.1.1.1 Mouvements liés à la genèse de la pente
du sol provoqués par les séismes ou les tirs de mines, par On peut distinguer deux grands types de pentes :
exemple. Les mouvements de terrain peuvent être dus à la pente
– les premières ont été créées par érosion naturelle, mouvement
(mouvements de pente) ou à la présence de vides souterrains
tectonique ou excavation ;
(effondrements et affaissements).
– les secondes résultent de l’accumulation de matériaux (dépôts
Nous nous appuierons, pour les mouvements de pente, sur les volcaniques, éoliens, remblais).
recommandations [1] données par le comité technique sur les
mouvements de pente (JTC1), commun aux sociétés internatio- ■ Dans le premier cas
nales de mécanique des sols et de la géotechnique (ISSMGE), de La décompression produit inévitablement une dilatation du ter-
mécanique des roches (ISRM) et de géologie de l’ingénieur rain, que l’on appelle parfois « rebond élastique » (figure 1a). Ce
(IAEG), et pour les mouvements dus aux vides souterrains, sur le type de mouvement présente une composante verticale ascen-
guide technique INERIS-LCPC [2]. dante et une composante horizontale dirigée vers le vide.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 257 – 2

RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUW

_____________________________________________________________________________________________________ RISQUES NATURELS GRAVITAIRES

Volume excavé ou
érodé Plan de glissement

a

Surcharge

Figure 1 – Rebond élastique et tassement (indiqués par les flèches Plans


rouges)
de glissement

Des mouvements ascendants de plusieurs centimètres ont ainsi


été mesurés au fond d’excavations de plus de 100 m de profon-
deur. Le rebond provoqué par les grands travaux d’excavation
(qui se déroulent sur quelques années) peut être mesuré, mais
pas celui provoqué par l’érosion naturelle car il est beaucoup plus
lent. On peut cependant en observer les conséquences (fissures
ouvertes proches des escarpements).
■ Dans le cas des pentes formées par accumulation
Les couches inférieures sont comprimées sous le poids des
couches sus-jacentes. Il en résulte un tassement vertical et une
dilatation horizontale, souvent accompagnée par des fissures de
traction (figure 1b).

1.1.1.2 Glissements Figure 2 – Glissements translationnels sur 1 ou 2 plans

Un glissement est un mouvement d’une masse de sol ou de


roche, sur une surface de rupture (ou de glissement) individuali- Escarpement Fissures de traction
sée, ou sur une zone relativement mince de cisaillement intense.
Limite latérale
On distingue différents types de glissement correspondant à dif-
Bourrelet de pied
férentes formes de la surface de rupture.
■ Glissements translationnels
Ils se produisent généralement sur un ou deux plans (dièdre) de
discontinuité, pré-existants dans un massif rocheux (figure 2).
Cependant, ces « plans » peuvent comporter des « marches Surface de rupture
d’escalier » (glissements en escalier).
a glissement rotationnel
■ Glissements rotationnels
Ils se produisent sur une surface axisymétrique (figure 3a,
extraite de l’article [C254]). On les appelle parfois « glissements
circulaires », car, sur une coupe verticale la surface de rupture est
un arc de cercle.
Ils peuvent se produire dans des massifs continus (souvent
dans des sols) ou ne comportant pas de plans de discontinuité
permettant un glissement translationnel.
b glissement composite
■ Autres glissements
Ils sont appelés « glissements composites » (ou fractionnés), car
Figure 3 – Glissement rotationnel et glissement composite
ils impliquent une déformation interne ou un fractionnement de la
masse en mouvement (figure 3b) extraite de l’article [C254].
Le cas le plus simple est le glissement sur deux plans inclinés blocs). Le bloc aval, reposant sur le plan le moins incliné, est qua-
dans la même direction, qui implique le fractionnement en deux lifié de « bloc passif », car il est poussé par le bloc amont « bloc
compartiments de la masse en glissement (glissement à deux actif », qui glisse sur un plan plus incliné.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 257 – 3

RS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUW

RISQUES NATURELS GRAVITAIRES _____________________________________________________________________________________________________

Glissement

Chute libre

Q Basculement Rebond

Chute libre
Enjeu

a basculement b chute

Figure 4 – Basculement (a) et glissement (b) suivis d’une chute

1.1.1.3 Basculements

Un basculement est un mouvement de rotation vers l’aval,


autour d’un axe situé sous le centre de gravité de la masse en
mouvement (figure 4a).

On distingue deux types de basculement :


– le basculement de bloc prédécoupé ;
– le basculement par flexion d’un banc rocheux ou d’un pan de
falaise (que l’on appelle parfois « fauchage »). a coulée boueuse

1.1.1.4 Chutes (ou éboulements)


Lorsque le glissement ou le basculement d’un bloc n’est pas
contenu (figure 4b), il peut se transformer en un mouvement qua-
lifié de chute, qui consiste en chutes libres, rebonds, roulements
et, éventuellement, chocs contre d’autres blocs. Ce type de mou-
vement est forcément très rapide (quelques km/h à quelques
dizaines de km/h).

1.1.1.5 Écoulements
b fluage
Dans un écoulement, la déformation du terrain n’est pas localisée
sur une surface de glissement, mais diffuse comme dans un fluide
visqueux. Mais la masse en mouvement peut éventuellement se Figure 5 – Écoulements rapide et lent (fluage)
déplacer sur une surface basale comme un glissement. Elle peut
alors accélérer et s’écouler sur le versant en aval de la zone de
départ (on parle alors de « coulée boueuse »). Un glissement peut À l’exception de la chute (forcément très rapide), les autres
évoluer en écoulement de ce type si la masse se fluidifie (figure 5a). types de mouvement peuvent avoir des vitesses très variables, de
Les chutes de roche impliquant un grand nombre de blocs (forte quelques mm/an à plusieurs dizaines de km/h.
interaction entre les blocs) peuvent se comporter comme un écou- Signalons enfin que plusieurs mécanismes peuvent intervenir
lement fluide. On parle alors d’« avalanche rocheuse ». simultanément ou successivement dans un même mouvement.
Dans le cas où il n’existe pas une surface basale de disconti-
nuité de déplacement, l’écoulement, généralement très lent, est
qualifié de « fluage » (figure 5b). 1.1.2 Mouvements liés à des vides souterrains
Ces mouvements peuvent être liés à des cavités naturelles ou
1.1.1.6 Remarques complémentaires artificielles. Dans le second cas, ils ne constituent plus un risque
Pour mieux caractériser un mouvement, les mécanismes décrits strictement naturel ; mais comme la majorité des cavités artifi-
ci-dessus peuvent être complétés par : cielles ne sont pas connues, le risque qu’elles représentent est
– le type de matériau impliqué (roche ou sol) ; souvent traité comme un risque naturel.
– le type d’activité (mouvement potentiel, actif, suspendu, inactif, Nous ne parlerons ici que des mouvements de surface, et pas
stabilisé) ; de l’instabilité des cavités lorsque celle-ci n’affecte pas la
– la vitesse du mouvement. surface.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 257 – 4

RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUW

_____________________________________________________________________________________________________ RISQUES NATURELS GRAVITAIRES

Lorsqu’il n’est pas fait référence explicitement à une durée,


l’aléa n’est pas totalement caractérisé et on parle de
« susceptibilité ». Suivant le type de mouvement, une intensité
peut être définie à partir :
– de l’énergie cinétique (chutes de roche, avalanches rocheuses) ;
– du déplacement total ou différentiel (glissements) ;
– du débit par unité de largeur ou de l’épaisseur (écoulements).


La caractérisation de l’aléa peut être effectuée à deux échelles
Effondrement différentes. On peut :
du toit des cavités
– chercher à identifier et délimiter les volumes de sol ou de
Cavités naturelles
ou artificielles
roche susceptibles de se mettre en mouvement (ou d’accélérer
s’ils le sont déjà) ;
– ou identifier des zones homogènes plus larges dans lesquelles
Figure 6 – Formation d’un fontis (Crédit Graphies/MEDD-DPPR) des mouvements, présentant des caractéristiques similaires,
risquent de se produire.
Dans le premier cas, on parle d’« aléas localisés », et dans le
second d’aléas diffus. La notion de probabilité d’occurrence ne se
1.1.2.1 Affaissements traduit pas de la même manière dans les deux cas.
Les affaissements sont des mouvements lents et progressifs ■ Pour un aléa localisé
dus au fléchissement des terrains, provoqués par l’exploitation
souterraine d’une couche à une profondeur suffisante pour que C’est la probabilité que le volume identifié se mette en mouve-
l’effondrement éventuel du toit de la couche ne se propage pas ment (probabilité de rupture ou de départ) ou qu’il atteigne un
brutalement jusqu’à la surface. Il se forme progressivement une enjeu (probabilité d’impact).
cuvette d’affaissement, dont les bords sont en pente douce, et qui
peut s’étendre sur plusieurs centaines de mètres.
On appelle « probabilité de propagation », la probabilité
Les exploitations profondes à l’origine des affaissements ont un (conditionnelle) que le volume atteigne l’enjeu, sachant qu’il
caractère industriel et sont généralement connues. Le problème s’est détaché de sa zone de départ.
du risque associé ne se pose alors pas de la même manière que
pour les risques naturels. Dans le cas simple où un seul volume menace l’enjeu, la
« probabilité d’impact » est le produit de la probabilité de
départ par la probabilité de propagation.
1.1.2.2 Effondrements
Les effondrements sont des mouvements plus brutaux, résul-
tant de la propagation jusqu’à la surface de l’instabilité d’une ■ Pour un aléa diffus
cavité souterraine naturelle ou artificielle (figure 6). Il se forme un On utilise plutôt la notion de fréquence temporelle, qui est le
« fontis » (ou « doline d’effondrement »), dont les bords sont nombre moyen d’évènements se produisant par unité de temps
beaucoup plus raides que ceux d’une cuvette d’affaissement. sur une certaine zone (ou celle de fréquence spatio-temporelle,
Les cavités souterraines naturelles peuvent être dues à la disso- qui est le nombre d’évènements par unité de temps et de surface
lution de la roche (cavités karstiques dans le calcaire ou le gypse), ou longueur de falaise).
ou au vide laissé par l’écoulement de la lave fluide sous une
croûte de lave durcie par le refroidissement en surface. Des cavi-
1.2.1 Détection et localisation des aléas
tés de taille plus modeste peuvent également être liées à l’entraî-
nement des grains d’un sol par une circulation d’eau souterraine Pour détecter les mouvements qui sont déjà actifs, on recherche
(phénomène de « suffosion »). des indices de mouvement, tels que :
Les effondrements liés à des cavités naturelles ont générale- – des fissures ouvertes ;
ment un diamètre inférieur à la centaine de mètres et leur profon- – des arbres penchés ;
deur peut être de plusieurs dizaines de mètres. – des bourrelets (qui se forment souvent en pied de glissement) ;
– des chutes de pierre fréquentes (qui peuvent indiquer un mou-
vement d’une masse plus importante).
1.2 Caractérisation de l’aléa On peut également utiliser des méthodes de télédétection
(satellitaires ou terrestres) pour détecter une déformation de la
Selon le JTC1 [1], la caractérisation de l’aléa doit comprendre :
surface du terrain ou le mouvement de certains points caractéris-
– sa localisation ; tiques.
– le volume concerné (ou la surface) ;
– le type de phénomène (avec la vitesse du mouvement Pour identifier des zones de mouvement potentiel, on recherche
potentiel) ; des situations typiques propices à chaque type de mouvement,
– sa probabilité d’occurrence dans une période donnée. par exemple :
Dans le contexte de l’aménagement du territoire (zonage à – parois rocheuses très raides pour les chutes de roche ;
l’échelle d’une commune par exemple), la période considérée est – sols argileux pour les glissements ;
souvent le siècle. Mais, lorsqu’un mouvement actif est identifié, le – roches solubles ou gisements exploités historiquement en sou-
délai pertinent à considérer peut être beaucoup plus court terrain pour les effondrements.
(quelques jours, voire quelques heures). Dans le cas d’un mouve- Cette recherche est basée sur l’expérience acquise collective-
ment lent identifié, la probabilité recherchée est alors celle qu’il se ment et individuellement par les géologues. Selon le niveau
transforme en un mouvement plus rapide représentant un nou- d’investigation, des zones d’aléa diffus (voir § 1.2.2) ou des aléas
veau risque. localisés (voir § 1.2.3) seront identifiés.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 257 – 5

RU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUW

RISQUES NATURELS GRAVITAIRES _____________________________________________________________________________________________________

1.2.2 Aléas diffus Le passage d’une fréquence à une probabilité suppose de


connaître la loi d’occurrence temporelle du phénomène. La loi la
1.2.2.1 Caractérisation de l’aléa plus utilisée pour les mouvements de pente est la loi de Poisson [8].

Le descripteur utilisé pour un aléa diffus est la fréquence spatio- 1.2.2.2 Évaluation de la susceptibilité
temporelle de rupture, déterminée par zone homogène et par
classe de phénomènes (types de mouvement et intensité). Pour Lorsque les données disponibles sont insuffisantes pour esti-
les chutes de roche, les petits glissements ou les effondrements, mer la fréquence spatio-temporelle des phénomènes, d’autres

Q c’est le nombre d’évènements par an et par km2 (ou par km). Le descripteurs peuvent être utilisés pour évaluer la susceptibilité à
tableau 1 donne quelques exemples de fréquences spatio-tempo- certains mouvements.
relles de mouvements de terrain déterminées à différentes Une première approche consiste à déterminer la densité spa-
échelles. tiale des évènements passés :
Lorsque ces mouvements peuvent se propager loin de la zone – densité de cicatrices sur une paroi rocheuse ;
de départ, il est nécessaire de déterminer leur distance de pro- – nombre de glissements par km2 ;
pagation afin de déterminer la fréquence d’impact sur des enjeux – ou pourcentage de surface affectée par des glissements.
(potentiels ou existants). Celle-ci s’exprime en nombre d’impacts Une approche plus poussée consiste à déterminer les facteurs
par unité de temps et par unité de longueur le long du versant de susceptibilité (géologiques, topographiques, hydrologiques,
(km de route par exemple). On peut aussi s’intéresser au nombre climatiques, …), dans le but d’identifier les zones les plus suscep-
d’impacts avec une énergie minimale. tibles. Ces facteurs peuvent être choisis en s’appuyant sur l’expé-
Deux méthodes peuvent être utilisées pour déterminer la dis- rience des géologues ou sur des méthodes statistiques associées
tance de propagation. à des systèmes d’information géographique (SIG). Cette approche
a donné lieu à des systèmes de notation de ces facteurs de sus-
■ Méthode de la ligne d’énergie ceptibilité [9].
Elle prend en compte globalement la perte d’énergie au cours
du mouvement (par frottement pour les glissements et par 1.2.3 Aléas localisés
rebonds successifs pour les chutes).
À l’échelle d’un volume identifié potentiellement instable (com-
À partir du point de départ d’un mouvement, la ligne d’énergie
partiment rocheux ou masse de sol), il n’existe pas de méthode
définit un cône, dont l’intersection avec la topographie donne les
quantitative éprouvée permettant d’évaluer la probabilité de rup-
points d’arrêt des blocs. Son inclinaison est appelée « angle de
ture en fonction du délai considéré.
propagation » (ou « angle d’énergie »). Il correspond à la perte
d’énergie par unité de distance horizontale. Dans le cas où un mouvement est déjà déclaré et suivi, il est
cependant possible dans certaines conditions de prédire une date
■ Méthode trajectographique à laquelle le compartiment risque de se propager dans la pente
Elle consiste à calculer la trajectoire de blocs ou d’une masse en sous-jacente (prédiction à court terme). Les méthodes de prédic-
mouvement à partir du principe fondamental de la dynamique. tion les plus utilisées reposent sur l’extrapolation du déplacement
mesuré [10] [11]. Des méthodes sismiques basées sur la détection
Elle nécessite de connaître, notamment, la topographie précise du
des microséismes ou la variation des fréquences de résonnance
versant et les paramètres de restitution d’énergie lors des
sont également expérimentées.
rebonds. Ces paramètres, comme l’angle d’énergie, sont le plus
souvent déterminés empiriquement à partir d’analyses en retour. Les méthodes d’analyse de la stabilité utilisées pour dimension-
ner les pentes (cf. [C254] et [11] [12]) permettent théoriquement
Compte tenu des incertitudes sur les différents paramètres, la d’évaluer l’état de stabilité actuelle d’une pente, mais pas de pré-
détermination des points d’arrêt est généralement effectuée de voir son évolution dans le temps, ce qui serait nécessaire pour
manière probabiliste. caractériser complètement l’aléa. En effet, dans le contexte du
dimensionnement (Eurocode 7), les incertitudes sont prises en
compte en adoptant des coefficients de sécurité partiels sur des
Notons que la fréquence d’impact peut être obtenue directe- « estimations prudentes » des différents paramètres et en choisis-
ment si un inventaire des impacts est disponible (par exemple
sant des modèles pessimistes, « du côté de la sécurité » (notam-
sur une voie de communication). ment sur la persistance des discontinuités), ce qui permet de

Tableau 1 – Exemples de fréquences spatio-temporelles de mouvements de terrain


Fréquences
Types de mouvement Types de terrain et étendue de la zone étudiée Sources
(en an–1.km–2 ou an–1.km–1)

Chutes de roche (volume > 1 m3) Falaise de calcaire stratifié (0,13 km2) 100 [3]

Chutes de roche (volume > 1 m3) Falaise de gneiss massif (0,37 km2) 8 [3]

Glissements Terres Noires (410 km2) 0,002 [4]

Mouvements de pente Vancouver Island (Canada) 0,004 – 0,012 [5]

Grands glissements (dépôt > 1 km2) Alpes calcaires (105 km2) 10–7 [6]

Effondrements de carrières souterraines Massif de gypse de l’Hautil (10 km2) Jusqu’à 1 [2]

Effondrements naturels Karst gypseux en Turquie (70 km de gazoduc) < 10–6 [7]

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 257 – 6

RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUU

Amélioration des sols

par Jean-Pierre MAGNAN



Ingénieur des Ponts et Chaussées. Docteur ès Sciences
Chef de la Division de Géotechnique - Mécanique des Sols 1
au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC)
Professeur-adjoint à l'École Nationale des Ponts et Chaussées
et Georges PILOT
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Délégué à l'Action Internationale au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC)
Professeur-adjoint à l'École Nationale des Ponts et Chaussées

1. Amélioration des sols fins..................................................................... C 255 - 2


1.1 Comportement des sols fins et problèmes typiques................................ — 2
1.2 Aménagement du projet ............................................................................. — 2
1.3 Méthodes d’amélioration des sols fins...................................................... — 3
1.3.1 Préchargement.................................................................................... — 3
1.3.2 Accélération de la consolidation ....................................................... — 3
1.3.3 Renforcement par colonnes............................................................... — 4
1.3.4 Amélioration temporaire par congélation ........................................ — 5
1.4 Méthodes d’élaboration des projets .......................................................... — 5
1.4.1 Préchargement.................................................................................... — 6
1.4.2 Drains verticaux ou tranchées drainantes ........................................ — 6
1.4.3 Renforcement par colonnes............................................................... — 6
1.5 Méthodes de contrôle de l’efficacité du traitement .................................. — 6
1.6 Domaines d’application des méthodes ..................................................... — 6
2. Amélioration des sols grenus............................................................... — 8
2.1 Comportement des sols grenus et problèmes typiques .......................... — 8
2.2 Méthodes d’amélioration des sols grenus ................................................ — 8
2.2.1 Préchargement.................................................................................... — 9
2.2.2 Vibrocompactage................................................................................ — 9
2.2.3 Pilonnage............................................................................................. — 9
2.2.4 Compactage statique en profondeur ................................................ — 9
2.2.5 Colonnes de sol traité......................................................................... — 10
2.2.6 Micropieux .......................................................................................... — 10
2.2.7 Amélioration temporaire par congélation ........................................ — 10
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@QYXX@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQU

2.3 Méthodes d’élaboration des projets .......................................................... — 10


2.3.1 Préchargement.................................................................................... — 10
2.3.2 Vibrocompactage................................................................................ — 10
2.3.3 Pilonnage............................................................................................. — 10
2.3.4 Compactage statique en profondeur ................................................ — 11
2.3.5 Colonnes de sol traité......................................................................... — 11
2.3.6 Micropieux .......................................................................................... — 11
2.3.7 Congélation ......................................................................................... — 11
2.4 Méthodes de contrôle de l’efficacité du traitement .................................. — 11
2.5 Domaines d’application des méthodes ..................................................... — 12
3. Amélioration de sols particuliers ........................................................ — 13
3.1 Tourbe........................................................................................................... — 13
3.2 Lœss.............................................................................................................. — 13
3.3 Déchets industriels et urbains .................................................................... — 13
Références bibliographiques ......................................................................... — 14

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 255 − 1

RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUU

AMÉLIORATION DES SOLS _______________________________________________________________________________________________________________

es méthodes d'amélioration des sols sont l'un des outils dont dispose l'ingé-
L nieur pour résoudre les problèmes de stabilité ou de déformations qu'il
rencontre lors de l'élaboration d'un projet. Certaines de ces méthodes sont très
anciennes, comme le battage de pieux de bois dans les sols de faible portance,
d'autres sont plus récentes, comme les méthodes d'injection, de pilonnage ou
de congélation. Elles ont connu, depuis une vingtaine d'années, un développe-
ment considérable et sont maintenant utilisées comme un élément à part entière

Q des projets.
Les méthodes d'amélioration des sols décrites dans le présent article ont été
classées par type de sols à traiter : sols fins, sols grenus et sols particuliers. On
passe en revue dans chaque cas les principaux types de problèmes que l'on
rencontre en pratique, puis on décrit sommairement les méthodes d'améliora-
tion les plus couramment utilisées, les méthodes de calcul et de contrôle
correspondantes, ainsi que les domaines d'application de chaque méthode. Les
méthodes de renforcement des sols par géotextiles ou par clouage, ainsi que
les techniques d'injection ne sont pas décrites ici.

1. Amélioration des sols fins projet. Ces aménagements sont assez variés. Ils peuvent simple-
ment concerner l’implantation de l’ouvrage et le choix de sa
géométrie (nombre de travées d’un ouvrage d’art), impliquer un
1.1 Comportement des sols fins changement de conception des fondations (fondations
compensées) ou une modification de la structure de l’ouvrage à
et problèmes typiques construire (radier général sous un bâtiment, renforcement de la
base d’un remblai au moyen de géotextiles, utilisation de matériaux
Les dépôts de sols fins mous et compressibles (argiles, vases) légers), ou encore conduire à régler tout ou partie des problèmes
sont fréquents dans les vallées et en bordure des côtes. Ces zones en remplaçant les sols médiocres par des matériaux de meilleures
ont été longtemps considérées comme peu propices à la construc- caractéristiques.
tion, mais on y construit maintenant fréquemment tous les types Les formations de sols mous et compressibles sont assez souvent
d’ouvrages (routes, bâtiments, réservoirs, piscines, usines, etc.), au hétérogènes, tant par l’épaisseur des dépôts que par la nature des
prix d’un traitement préalable des sols de fondation [1] [2]. matériaux. Une reconnaissance assez large du site dévolu à la
Ces sols fins ont trois caractéristiques essentielles : construction, avec des moyens relativement légers (photographies
— ils subissent des déformations importantes sous les charges aériennes, reconnaissance pénétrométrique) permet de bien cerner
qui leur sont appliquées ; ces deux facteurs, d’éviter les zones les moins favorables (sols très
— leurs déformations ne sont pas instantanées, mais peuvent organiques, sols mous de très grande épaisseur) et de choisir celles
durer pendant des mois, voire des années ; que l’on pourra le plus facilement améliorer (zones à intercalations
— leur capacité portante est souvent trop faible pour supporter sableuses, par exemple).
les charges prévues dans les projets. Une solution intuitive pour éviter les problèmes de stabilité et de
Les problèmes que l’on rencontre en pratique sont tous liés aux tassement posés par la fondation des ouvrages ou des bâtiments
trois caractéristiques précédentes : tassements excessifs, tasse- sur les sols mous est de réaliser un ouvrage dont le poids ne
ments différentiels, déformations à long terme, instabilité de dépasse pas le poids du sol de fondation excavé pour recevoir cet
l’ouvrage. On peut citer, à titre d’exemples : ouvrage. Dans ce cas, la contrainte moyenne à la base de la
— le tassement des remblais d'accès à un pont, à l'entrée d'un fondation est simplement égale à la valeur de la contrainte totale
bâtiment fondé sur pieux, avec formation d'une marche d'ampleur régnant initialement au niveau de la fondation dans le massif de
croissante et des effets parasites sur les fondations ; sol. Cette solution, appelée fondation flottante ou fondation
— les tassements excessifs des fondations superficielles d'un compensée, s’applique essentiellement dans le cas de formations
bâtiment ; épaisses de sols mous de très faible résistance au cisaillement et
— les ruptures d'ouvrages en cours de construction ou de forte compressibilité.
d'exploitation (remblais, silos, etc.). La substitution totale des sols de fondation est parfois décidée
lorsque l’épaisseur des sols très mous est faible (jusqu’à 4 ou 5 m).
Techniquement, cela est possible par l’un des procédés suivants :
— excavation mécanique, évacuation et substitution par
1.2 Aménagement du projet remblaiement classique ;
— poinçonnement de la couche molle par le remblai construit à
l'avancement ; dans certains cas, l'opération est facilitée par le tir
Si l’on peut considérer, à quelques exceptions près, que n’importe
de charges explosives placées à la base des sols mous, en avant
quel ouvrage peut être construit sur n’importe quel site, dans le cas
du talus du remblai.
où les propriétés géotechniques des sols sont trop mauvaises, cette
réalisation peut se traduire soit par des coûts de fondations Les facteurs qui interviennent dans le choix entre cette solution
spéciales très élevés, soit par des coûts et délais très importants de et celle de l’amélioration du massif de fondation sont assez divers :
traitement préalable des sols de fondation. Ce constat conduit à la coût de l’opération, disponibilité du matériau de substitution,
conclusion qu’il vaut mieux, face à des conditions de construction possibilités de mise en dépôt du matériau extrait, coût de l’entre-
très difficiles, étudier d’abord les aménagements possibles du tien à long terme de l’ouvrage à construire, etc. Lorsque les sols

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 255 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUU

______________________________________________________________________________________________________________ AMÉLIORATION DES SOLS

mous sont très épais, la substitution totale devient exceptionnelle, On peut aussi diminuer les pressions interstitielles, et donc
mais une substitution partielle présente encore des avantages précharger le sol, en rabattant la nappe dans la zone à consolider
techniques appréciables : diminution des tassements et améliora- (figure 2c ) ; les effets de cet abaissement de la nappe sur le
tion des conditions de stabilité. Ces gains ne peuvent s’apprécier voisinage doivent être soigneusement étudiés dans ce cas.
qu’à la suite d’une étude géotechnique spécifique et d’une
comparaison économique des solutions.
1.3.2 Accélération de la consolidation

1.3 Méthodes d'amélioration des sols fins Dans les dépôts de sols fins, les vitesses de consolidation sont
en général très faibles parce que l’eau interstitielle doit parcourir un
long chemin pour sortir du massif de sol. Il s’ensuit que les tasse-

ments peuvent durer pendant de longues périodes (plusieurs mois,
1.3.1 Préchargement années ou dizaines d’années, suivant les sites), ce qui est souvent
inacceptable, tant pour les ouvrages définitifs que pour les opéra-
Cette technique consiste à placer sur le terrain une charge égale tions de préchargement. La mise en place de réseaux drainants
à la charge définitive pf augmentée éventuellement d’une surcharge dans le massif de sol (drains verticaux ou tranchées drainantes)
ps qui assure tout ou partie des effets suivants (figure 1) : réduit la distance que l’eau doit parcourir pour atteindre une surface
— produire un développement rapide des tassements de drainante et sortir du sol fin, ce qui a un effet très bénéfique sur les
consolidation primaire et accélérer l'apparition et le développement temps de consolidation [3] [10].
des tassements de compression secondaire ; on peut rendre ainsi La technique de drainage la plus fréquemment employée consiste
le sol traité plus rapidement constructible, sans redouter à moyen à mettre en place un maillage régulier (maille triangulaire ou carrée)
ou à long terme des tassements absolus ou différentiels de drains verticaux (figure 3). Jusqu’au début des années 80, les
importants ; drains verticaux étaient en général des drains de sable, réalisés par
— augmenter la résistance au cisaillement et la capacité portante diverses techniques : battage, vibrofonçage ou lançage d’un tube
du massif de sol, ce qui peut être utilisé pour une construction par fermé ou d’un tube ouvert, forage à la tarière pleine ou creuse. Pour
étapes. un diamètre nominal donné, les drains réalisés par lançage ou par
Pratiquement, deux techniques sont utilisées pour appliquer au forage à la tarière creuse sont considérés comme les plus efficaces.
sol la contrainte de préchargement : À partir des années 80, la part des drains préfabriqués en forme de
— la méthode la plus courante (figure 2a ) consiste à édifier sur bandes de 10 cm de largeur et quelques millimètres d’épaisseur
le site un remblai (une solution alternative est de remplir des réser- (figure 4) a augmenté de façon très rapide. Ces drains comportent,
voirs d'eau) ; on augmente ainsi la contrainte totale appliquée à la en général, une partie centrale (l’âme) assurant la circulation de
surface de la couche compressible ; en fin de consolidation, quand l’eau le long du drain et une gaine filtrante en géotextile ou en
les surpressions interstitielles créées par la charge sont dissipées, papier. Une structure unique peut aussi jouer à la fois le rôle de filtre
la charge apportée par le remblai est supportée par le squelette du et de canal. Les drains préfabriqués sont habituellement mis en
sol, qui se déforme sur toute son épaisseur ; place par fonçage à l’intérieur d’un mandrin tubulaire, de section
— une autre méthode consiste à utiliser la pression atmos- toujours supérieure à celle du drain. La longueur des drains peut
phérique, en appliquant un vide partiel sous une membrane étanche atteindre plusieurs dizaines de mètres.
posée à la surface du sol (figure 2b ) ; on diminue dans ce cas la Le drainage peut être également réalisé par des tranchées de
distribution d'équilibre des pressions interstitielles dans le massif quelques dizaines de centimètres de largeur et de quelques mètres
de sol, à contraintes totales constantes ; l'utilisation de cette de profondeur remplies de matériau perméable. Cette technique
technique a été limitée pendant longtemps par la mauvaise qualité est plus rarement utilisée.
des membranes disponibles ; cet obstacle est désormais levé et le Les sols traités par des réseaux drainants sont toujours
recours à l'application du vide devrait se développer. recouverts d’une couche drainante de 0,5 à 1 m d’épaisseur. Cette
couche est souvent mise en place avant les drains, pour permettre
la circulation des engins sur le chantier. Elle peut être partiellement
remplacée par une ou plusieurs nappes de géotextiles.

Figure 1 – Principe du préchargement pour le contrôle des tassements

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 255 − 3

RY

SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTR

Ouvrages de soutènement
Poussée et butée
par Thomas SIMONNOT
Directeur ACCOTEC (Gif-sur-Yvette, France) Q
et Yann JUILLIÉ
Expert près la Cour d’appel de Paris (Gif-sur-Yvette, France)
Première version par François SCHLOSSER

1. Définition des forces de poussée et de butée........................... C 242v2 – 2


1.1 Généralités ......................................................................................... — 2
1.2 Relation fondamentale entre pressions latérales et déplacements .. — 2
2. Coefficients de poussée et de butée........................................... — 4
2.1 Cas géostatique .................................................................................. — 4
2.2 Cas général d’un massif de sol pulvérulent ...................................... — 8
3. Calcul des forces de poussée et de butée ................................. — 8
3.1 Méthode de Coulomb ........................................................................ — 8
3.2 Méthode de Rankine .......................................................................... — 12
3.3 Méthode des équilibres limites ......................................................... — 15
3.4 Comparaison des différentes méthodes ............................................ — 15
4. Calcul de la poussée exercée par un sol saturé, siège d’un
écoulement d’eau............................................................................ — 16
4.1 Massif non drainé .............................................................................. — 16
4.2 Massif drainé ...................................................................................... — 16
5. Cas particuliers ............................................................................... — 17
5.1 Surcharges à la surface du sol .......................................................... — 17
5.2 Effet de silo......................................................................................... — 18
5.3 Effet du compactage .......................................................................... — 19
5.4 Renard hydraulique ............................................................................ — 19
5.5 Surcharges dynamiques .................................................................... — 20
6. Conclusion........................................................................................ — 21
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 242v2

’objet de cet article est de déterminer les forces de poussée et de butée en


L fonction de la géométrie des écrans ou de mur de soutènement et du massif
de sol retenu, des caractéristiques mécaniques du sol et des déplacements rela-
tifs du mur par rapport au sol.
Ainsi, l’article présente les coefficients de poussée et de butée, leurs métho-
des de calcul (Mohr-Coulomb, Rankine, et équilibres limites) en les comparant.
Ces méthodes sont développées pour les différents types de sols (cohérents
ou pulvérulents), avec des exemples de calcul.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQU

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 242v2 – 1

SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTR

OUVRAGES DE SOUTÈNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Définition des forces Si l’on effectue une translation horizontale de l’écran vers l’inté-
rieur du remblai, la force P croı̂t en fonction du déplacement D jus-
de poussée et de butée qu’à un maximum Pp qui correspond à la mobilisation totale de la
butée (figure 2b). La valeur de Pp est de 3 à 4 fois la valeur de la
force initiale P0.
Inversement, lors d’une translation horizontale de l’écran vers
1.1 Généralités l’extérieur du remblai, la force P diminue jusqu’à une valeur mini-
male Pa qui correspond à l’état complet de poussée. La valeur de Pa


Pour un ouvrage de soutènement simple, de type mur en béton est de l’ordre de la moitié de celle de P0.
retenant un massif de sol (figure 1), les types de sollicitations qui
s’exercent sur ce mur sont : On parle aussi de butée limite et de poussée limite pour
préciser qu’il s’agit des efforts extrêmes correspondant à la
– la force de pesanteur W, poids du mur, qui s’exerce sur la face
du mur en contact avec le sol ;
– les trois forces de mécanique des sols :
O
 la force de poussée (ou encore poussée) et on la note Pa,
l’indice a précisant qu’il s’agit d’une force active. C’est la
force du massif de sol s’exerçant sur la face amont du mur et
qui a tendance soit à renverser le mur, soit à le déplacer
horizontalement,
 la force de butée (ou encore butée) et on la note Pp, l’indice p
précisant qu’il s’agit d’une force passive (qui ne s’exerce
qu’en réaction à un déplacement effectif). C’est la force
qu’exerce le sol sur la face aval du mur, et qui a tendance à Δ
retenir le mur,
 la force portante N ou Rb, verticale, et la force de résistance au
glissement, T ou Rh, qui s’oppose au glissement du mur sur
P
sa base sous l’action de la poussée.

1.2 Relation fondamentale


entre pressions latérales
et déplacements
Des expériences simples, sur modèles réduits, montrent que les
valeurs des forces latérales précédemment introduites (forces de a écran rigide en translation
poussée et de butée) dépendent essentiellement des déplacements
horizontaux de l’ouvrage de soutènement.
Supposons, par exemple, que l’on encastre légèrement à la sur- P
face horizontale d’un massif de sable un écran vertical parfaite-
ment lisse et que l’on remblaie progressivement et horizontale-
ment derrière l’écran, en appliquant à ce dernier des efforts de Pp
résultante générale P tels qu’il n’y ait aucun déplacement de
l’écran (figure 2a). Ce dernier étant parfaitement lisse, la force P Butée
est horizontale (pas de frottement entre l’écran et le massif). Elle
est appelée « poussée au repos » et notée P0.

P0

Pa
Pa
Poussée

W
Pp Δa O Δp Δ
T
b relation force/déplacement
N

Figure 2 – Relation force/déplacement pour un écran rigide


Figure 1 – Sollicitations exercées sur un mur de soutènement en translation

C 242v2 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTR

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– OUVRAGES DE SOUTÈNEMENT

rupture du sol. Mais, dans la pratique, on omet souvent l’adjectif voûte » dont la conséquence est de concentrer les efforts au voisi-
« limite », les termes de poussée et de butée correspondant alors nage des appuis fixes et au contraire de les diminuer dans les
implicitement à la rupture. C’est ce que nous ferons dans la suite zones de grands déplacements.
de cet article.
Dans la suite de cet article, c’est la rotation en pied de l’écran qui
Si l’on compare les déplacements, on constate qu’il faut un sera implicitement considérée.
déplacement Dp beaucoup plus important pour atteindre l’état com-
plet de butée que le déplacement Da nécessaire pour atteindre celui
de poussée.


Plus précisément, si h est la hauteur hors fiche de l’écran, les vp / h vp / h
ordres de grandeur de ces déplacements va pour la poussée et vp Types de mouvement
pour la butée sont chiffrés aux figures 3 et 4. sol lâche sol dense
du mur
( en % ) ( en % )
De la même façon, la forme du diagramme des pressions exer-
cées par le massif de sol sur l’écran dépend de la nature du dépla-
cement imposé à l’écran. vp
Les quatre diagrammes présentés à la figure 5 montrent l’allure a) 7 ( 1,5 ) à 25 ( 4,0 ) 5 ( 1,1 ) à 10 ( 2,0 )

h
approximative de la répartition de la poussée pour quatre déplace-
ments particuliers de l’écran :
– rotation autour du pied (figure 5a) ;
– translation horizontale (figure 5b) ;
– rotation autour du sommet (figure 5c) ;
– déplacement de flexion entre deux appuis fixes, le pied et le
b) vp 5 ( 0,9 ) à 10 ( 1,5 ) 3 ( 0,5 ) à 6 ( 1,0 )

h
sommet (figure 5d).
La répartition la plus homogène et la plus pure est celle corres-
pondant à la rotation en pied. Ce type de déplacement est très fré-
quemment rencontré dans le cas des murs poids (cf. article [C 244]).
Les autres déplacements provoquent dans le sol, derrière l’écran et
de façon plus ou moins accentuée, un phénomène appelé « effet de
c) 6 ( 1,0 ) à 15 ( 1,5 ) 5 ( 0,5 ) à 6 ( 1,3 )

h
vp

va / h va / h Définitions
Types de mouvement du mur sol lâche sol dense vp est le mouvement du mur nécessaire pour mobiliser la butée
( en % ) ( en % ) des terres ;
h est la hauteur du mur.

va

a) 0,4 à 0,5 0,1 à 0,2 Figure 4 – Mouvements nécessaires pour mobiliser la butée
h

b) 0,2 0,0 à 0,1


h

va

0,8 à 1,0 0,2 à 0,5


h

c) a c

va

d) 0,4 à 0,5 0,1 à 0,2


h

va

Définitions
va est le mouvement du mur nécessaire pour mobiliser la poussée
des terres ;
b d
h est la hauteur du mur.

Figure 5 – Répartition de la poussée selon le type de déplacement


Figure 3 – Mouvements nécessaires pour mobiliser la poussée de l’écran

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 242v2 – 3

SS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTR

OUVRAGES DE SOUTÈNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

2. Coefficients de poussée  Dans le cas des sols surconsolidés, le coefficient K0 correspond


à une décharge du sol différente de la charge (figure 6b), et sa
et de butée valeur est alors supérieure à celle du premier chargement corres-
pondant au sol normalement consolidé ; elle peut même atteindre
des valeurs supérieures à 1 :

2.1 Cas géostatique K 0 = (1 − sin ϕ ′ ) ROC

avec ROC (rapport de surconsolidation) le rapport entre la contrainte


On se place dans le cas simple d’un massif de sol semi-infini, homo-
gène et isotrope, à surface horizontale, appelé « cas géostatique ». de préconsolidation s’p et la contrainte effective verticale s’v0 des
terres au repos derrière l’écran.
2.1.1 Terres au repos : coefficient de pression  Enfin, lorsque le terrain est incliné vers le haut à partir de l’ou-
latérale vrage de soutènement, avec un angle β ≤ ϕ ′ , alors le coefficient des
Les équations de l’équilibre mécanique montrent que la terres au repos devient :
contrainte totale s v s’exerçant sur un plan horizontal à la profon- K 0;β = K 0 (1 + sin β )
deur z est verticale et a pour valeur (figure 6a) :
σv = γ z 2.1.2 Sol pulvérulent

avec g poids volumique du sol. 2.1.2.1 Coefficients de poussée et de butée


Lorsqu’il n’y a pas de possibilité de déplacement latéral, les
Par contre, le calcul de la contrainte totale horizontale (ou
contraintes, verticale s v (contrainte principale majeure) et horizon-
radiale) s h s’exerçant au même point sur tout plan vertical nécessi-
tale s h (figure 7a), sont égales respectivement à :
terait la connaissance de la loi de comportement du sol. Aussi, la
détermine-t-on expérimentalement en remarquant que dans un sol σv = γ z
en place, sous un chargement uniforme, il n’y a pas de déplace- σh = K 0 yz
ment latéral (Dh = 0).
On utilise généralement un appareil triaxial dans lequel il est
possible de mesurer à chaque instant le déplacement radial de
l’échantillon. L’essai consiste à appliquer sur un échantillon de sol
σv
constamment drainé (c’est-à-dire un sol dans lequel la pression
interstitielle est constamment nulle : u = 0) des contraintes, axiale

v
et radiale, croissant de telle façon qu’il n’y ait aucune déformation

σ
h =
σv = γz
latérale de l’échantillon (Dh = 0).

σ
Z
γ

0
ai K
& Le résultat de l’essai est indiqué sur la figure 6b : les contraintes
σh σv
s v et s h croissent proportionnellement. Le rapport s h/s v est appelé

Ess
coefficient de pression latérale au repos et noté K0 :
σh ∆h = 0
K 0 = σh / σ v

& Remarques 0 σh

 Le coefficient K0 est généralement inférieur à 1. a contraintes totales b chemin de contraintes


 Il ne s’applique qu’aux contraintes effectives. Dans un sol en à la profondeur z lors d’un essai Ko
à l’appareil triaxial
place, saturé, K0 s’exprime par :
σ ′h
K0 = Figure 6 – Coefficient K0 de pression latérale des terres au repos
σ ′v
Avec :
Tableau 1 – Coefficient K0 pour quelques types de sols
σh = u + σ ′h
σ v = u + σ ′v Types de sol Valeurs de K0

avec s’h contrainte effective horizontale,


s’v contrainte effective verticale, Sable lâche 0,45 à 0,50
u pression interstitielle.

 La valeur de K0 varie suivant les différents sols. Elle est donnée Sable compact 0,40 à 0,45
de façon approximative au tableau 1.
 Dans le cas des sables et des argiles normalement consolidées,
il existe une formule empirique, due à Jacky (1944), donnant la Argile normalement consolidée 0,50
valeur de K0 en fonction de l’angle de frottement interne effectif j’ :
K 0 = 1 − sin ϕ ′
Argile surconsolidée > 0,50
avec j’ angle de frottement effectif (cf. [C 254]).

C 242v2 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTR

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– OUVRAGES DE SOUTÈNEMENT

σv σv
P
G
PG
Tz π π
z +ϕ –ϕ
2 PG plans de glissement
2
∆h > 0 expansion latérale
KO Tz (σh)p (σh)p
∆h < 0 contraction latérale


∆h = 0 ∆h > 0 ∆h < 0 σ contrainte normale
τ contrainte tangentiale
a b c ϕ angle de frottement interne

τ
J P
G
ue
èq
ins a état au repos
intr
oite b état de poussée (σ, contrainte
I Dr
principale majeure)

ϕ c état de butée (σ, contrainte


C B A D principale mineure)
O π σv = γ z π
+ϕ –ϕ (σh)p σ d diagramme de Mohr
(σh)p 2 2

d H

Figure 7 – États de contraintes de poussée et de butée pour un sol pulvérulent, dans le cas géostatique

Cet état des contraintes est représenté par le cercle de Mohr de On peut caractériser chacun des deux états de contraintes précé-
diamètre AB sur la figure 7d. dents par la valeur du rapport s h /s v. Dans l’état de poussée, on tire
facilement du diagramme de Mohr de la figure 7d :
Examinons de quelle façon il peut y avoir rupture dans la masse
du sol. σ v − (σh )a σ v + (σh )a
= sin ϕ
Si l’on permet au sol une expansion latérale (Dh > 0), la 2 2
contrainte verticale s v reste principale, égale à g z, et la contrainte
horizontale s h diminue. Sur la figure 7d, le point B se déplace jus- d’où :
qu’au point C pour lequel le cercle de Mohr est tangent aux droi-
tes intrinsèques. Il y a alors rupture du sol et cette rupture a lieu (σh )a 1 − sin ϕ ⎛ π ϕ⎞
= = tan 2 ⎜ − ⎟
en tout point du massif. Les plans de rupture en chaque point σv 1 + sin ϕ ⎝ 4 2⎠
enveloppent un réseau de surfaces de glissement planes, dont
l’inclinaison est déterminée à partir des points de contact I et G Le rapport (s h)a /s v est appelé coefficient de poussée et noté Ka.
du cercle de Mohr à la rupture avec la courbe intrinsèque et qui Pour un sol pulvérulent et dans le cas géostatique, son expression
⎛π ⎞  dans le dia- est donc :
font entre elles l’angle ⎜ + ϕ ⎟ égal à l’angle ICG
⎝2 ⎠
⎛ π ϕ⎞
gramme de Mohr. Cette rupture correspond à l’état de poussée K a = tan 2 ⎜ − ⎟
(figure 7b). On note (s h)a la contrainte horizontale ⎝ 4 2⎠
correspondante.
Dans l’état de butée, le rapport (s h)p /s v, appelé coefficient de
Il est également possible de provoquer la rupture du massif de butée et noté Kp, a pour expression :
sol par compression latérale (Dh < 0). Dans ce cas, le point B
(s h = K0 g z) sur la figure 7d se rapproche d’abord du point A cor- ⎛ π ϕ⎞
respondant à un état de contrainte isotrope (s h = s v = g z). Puis, la K p = tan 2 ⎜ + ⎟
⎝ 4 2⎠
contraction latérale augmentant, le point B atteint le point D ; il y a
alors rupture, le cercle de Mohr étant tangent aux droites intrinsè-
ques ; on note (s h)p la contrainte horizontale correspondante. La Il est important de remarquer que ces deux coefficients sont
rupture a lieu en même temps en tout point du massif et les plans inverses l’un de l’autre :
⎛π ⎞ K a = 1/ K p
de glissement font entre eux un angle de ⎜ − ϕ ⎟ égal à l’angle
⎝2 ⎠
 dans le diagramme de Mohr. Cette rupture correspond à l’état
JDH En résumé, le rapport des deux contraintes principales s h /s v
de butée (figure 7c). dans le cas géostatique et pour un milieu pulvérulent évolue entre

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 242v2 – 5

SU

SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

Murs et écrans de soutènement


par Thomas SIMONNOT
Directeur ACCOTEC, Gif-sur-Yvette (France)


et Yann JUILLIÉ
Expert près la Cour d’appel de Paris Gif-sur-Yvette (France)

1. Différents types d’ouvrages de soutènement ........................... C 244v2 – 2


1.1 Cas de poussée reprise par le poids de l’ouvrage de soutènement — 3
1.2 Cas de poussée reprise par encastrement de l’ouvrage
de soutènement dans le sol de fondation ......................................... — 4
1.3 Cas de poussée reprise en totalité ou partie par des ancrages ....... — 4
2. Dimensionnement des ouvrages de soutènement ................... — 4
2.1 Approche n 2 de l’Eurocode 7 .......................................................... — 4
2.2 Mécanismes de ruine des ouvrages de soutènement ...................... — 6
2.3 Modes de rupture des ouvrages de soutènement ............................ — 6
2.4 Résistance au cisaillement du sol et frottement sol-mur ................. — 7
2.5 Calcul des efforts de poussée ou de butée ....................................... — 10
3. Dimensionnement des murs-poids en maçonnerie ou béton . — 11
3.1 Stabilité externe ................................................................................. — 12
3.2 Stabilité générale du site – Sécurité au grand glissement ............... — 16
4. Murs en sols renforcés et murs en sols cloués......................... — 16
4.1 Fonctionnement du sol renforcé ....................................................... — 17
4.2 Principes du dimensionnement interne des ouvrages en sols
renforcés ............................................................................................. — 17
4.3 Avantages et limitations des murs en sols renforcés ....................... — 18
4.4 Clouage et murs à ancrages multiples .............................................. — 18
5. Murs caissons et batardeaux cellulaires .................................... — 18
5.1 Dimensionnement des murs caissons ............................................... — 19
5.2 Dimensionnement des batardeaux cellulaires fondés
sur le substratum compact ................................................................ — 20
5.3 Dimensionnement des batardeaux cellulaires fondés dans le sable — 23
5.4 Dispositions constructives pour les batardeaux cellulaires ............. — 23
6. Écrans de soutènement ................................................................. — 23
6.1 Différents types d’écran ..................................................................... — 23
6.2 États limites à vérifier ........................................................................ — 24
6.3 Vérification des butées ....................................................................... — 24
6.4 Stabilité du massif d’ancrage ............................................................ — 30
7. Exemples........................................................................................... — 31
7.1 Cas d’un mur de soutènement .......................................................... — 31
7.2 Cas d’un écran de soutènement ........................................................ — 32
8. Conclusion........................................................................................ — 32
9. Glossaire – Définitions................................................................... — 35
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 244v2

e rôle des ouvrages de soutènement est de retenir les massifs de terre.


L Il en existe une grande variété se caractérisant par des fonctionnements dif-
férents et conduisant à des études de stabilité interne spécifiques. Les deux
grandes familles d’ouvrages de soutènement sont les murs et les écrans.
Tous ces ouvrages ont en commun la poussée exercée par le massif de sol ou
de roche retenu. Par contre, c’est principalement la manière dont est reprise
cette force de poussée qui différencie les différents types d’ouvrages.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQU

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 244v2 – 1

SW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Après avoir donné une classification des divers ouvrages de soutènement, on


indique pour chaque type les étapes principales de la méthode d’étude de
dimensionnement.
Le principe général du dimensionnement d’un soutènement repose sur les
vérifications suivantes.
Nota : le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes et expressions importants utilisés tout au long de l’article.


On distingue donc trois grandes familles d’ouvrages de
1. Différents types d’ouvrages soutènement :
de soutènement – les murs de soutènement : ce sont des ouvrages généralement
fondés superficiellement, dont le poids (incluant parfois une partie
de la masse de sol retenu) joue un rôle prépondérant ;
– les écrans de soutènement : ce sont des ouvrages minces
Un ouvrage de soutènement peut retenir soit des terres en rem- (acier, béton armé ou bois), retenus ou soutenus par des ancrages,
blai, c’est-à-dire rapportées, soit le terrain en place, en déblai. des butons ou la butée des terres. Leur résistance à la flexion joue
L’effort de poussée exercé par le massif de terre retenu (cf. arti- un rôle important, alors que leur poids est insignifiant ;
cle [C 242]) peut être repris de diverses manières. – les ouvrages en remblai ou sol renforcé : ce sont des ouvrages
Trois modes principaux peuvent être distingués : qui comportent des rangées sensiblement horizontales de renforce-
ments, interposées entre des couches successives du remblai au
– la poussée est reprise par le poids de l’ouvrage de fur et à mesure de la construction de l’ouvrage.
soutènement ;
– la poussée est reprise par encastrement de l’ouvrage de Le tableau 1 montre les différents types d’ouvrages de soutène-
soutènement ; ment classés d’après la distinction précédente, en séparant les
– la poussée est reprise par des ancrages. ouvrages rigides des ouvrages souples ou semi-souples.

Tableau 1 – Classification des ouvrages de soutènement d’après le mode de reprise de la poussée


Mode de reprise
Ouvrages de soutènement
de la poussée

Poids de l’ouvrage

Mur-poids en béton ou maçonnerie Mur en sol renforcé Ouvrage cellulaire

Encastrement

Mur en « T inversé » en béton armé Paroi moulée Palplanches

Ancrage

Mur en béton, ancré Paroi moulée ancrée Rideau ancré

C 244v2 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

SX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT

1.1 Cas de poussée reprise par le poids


de l’ouvrage de soutènement
On distingue 4 familles principales d’ouvrages.

& Murs-poids en béton ou maçonnerie


Barbacanes
Le type d’ouvrage le plus classique et le plus ancien est le mur-
poids en béton ou en maçonnerie (figure 1). Ce sont des ouvrages
rigides qui ne peuvent supporter sans dommages des tassements
différentiels supérieurs à quelques pour-mille. Q
& Murs en sols renforcés
Les murs en sols renforcés (figure 2), dans lesquels le sol est a mur en béton b mur en maçonnerie
renforcé par des inclusions souples résistant à la traction (géosyn-
thétiques, armatures métalliques), sont des ouvrages souples qui Figure 1 – Murs poids
supportent les tassements différentiels du sol de fondation.

a ouvrage à b ouvrage à c culée porteuse d culée mixte


parement vertical parement incliné

e ouvrage avec parement f ouvrage avec parement g ouvrage avec parement


d’éléments de hauteur partielle de blocs modulaires semi-elliptique en acier

h ouvrage avec parement i ouvrage à parement à fruit avec j ouvrage à parement vertical
constitué de gabions retours de nappe avec retours de nappe et écran
désolidarisé

Figure 2 – Murs en sol renforcé

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 244v2 – 3

SY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

& Murs en gabions


Les murs en gabions (figure 3), dans lesquels le sol est renforcé
par des inclusions souples résistant à la traction (géosynthétiques,
armatures métalliques), sont des ouvrages souples qui supportent
les tassements différentiels du sol de fondation.
Géodrain
& Ouvrages cellulaires
Les ouvrages cellulaires (figure 4) sont très variés et le type le


plus ancien est le mur caisson en éléments préfabriqués.
Remblai drainant
Dans les travaux maritimes, par exemple, on utilise pour la cons- Gabion
truction des quais de grands batardeaux cellulaires en palplanches
métalliques ou de grands caissons en béton armé.
Géotextile anti-contaminant
Dans un ouvrage cellulaire, la cellule est remplie de sol et
l’ensemble forme un ouvrage qui peut être, dans certains cas, très
souple.
Drain de collecte
1.2 Cas de poussée reprise
par encastrement de l’ouvrage Figure 3 – Mur en gabions

de soutènement dans le sol


de fondation
Décalage
Parmi les ouvrages de ce type, on citera 2 types de murs et de
parois.
& Mur en « L » ou « T inversé » en béton armé (ou mur cantilever)
Le mur en « L » ou en « T inversé » en béton armé (ou mur canti- q - Angle de pose
lever) qui, doté d’une base élargie et encastrée à la partie supé-
rieure du sol de fondation, fonctionne en faisant participer à
l’action de soutènement une partie du poids du remblai. Ce type
de mur peut d’ailleurs être considéré comme un ouvrage poids si
l’on y inclut le poids du remblai compris entre le mur et la verticale
passant par l’extrémité arrière de la semelle (figure 5). Figure 4 – Mur cellulaire
Les murs cantilever en béton armé sont également des ouvrages
rigides. Il existe également des techniques d’ouvrages en déblai où la
poussée des terres est totalement reprise par des ancrages précon-
& Écrans en parois auto-stables traints. C’est le cas des murs épinglés construits par excavations
Les écrans en parois auto-stables (figure 6) comprennent par successives de 2 m de hauteur environ, avec coulage d’éléments
exemple : verticaux en béton armé et mise en place d’ancrages précontraints
(figure 8b).
– les parois moulées, technique qui consiste à construire un mur
au sein du sol en place, avant toute excavation, par bétonnage
d’une tranchée remplie de boue pour en assurer la stabilité. Cette
technique est particulièrement utilisée pour les travaux sous la
nappe, en zones urbaine et portuaire. Une paroi moulée fonctionne 2. Dimensionnement
par encastrement total ou partiel dans le sol de fondation ;
– les rideaux de palplanches, encastrés dans le sol de fondation :
des ouvrages
ce sont des ouvrages de soutènement flexibles, où l’interaction
structure-remblai a une influence prépondérante sur le comporte-
de soutènement
ment de l’ouvrage ;
– les parois composites, réalisées à partir de pieux forés sécants.
2.1 Approche n 2 de l’Eurocode 7
1.3 Cas de poussée reprise en totalité Dimensionner un ouvrage de soutènement consiste à déterminer
ses éléments géométriques et ses éléments structuraux pour qu’il
ou partie par des ancrages soit stable sous l’action des forces qui lui sont appliquées et
Dans les ouvrages de soutènement en déblai, l’effort de poussée notamment de la poussée des terres qu’il retient.
est fréquemment repris en partie ou en totalité par des ancrages La plupart des méthodes de dimensionnement reposent sur des
(figure 7). C’est le cas notamment des rideaux des parois moulées calculs à la rupture avec la prise en compte de coefficients de sécu-
et des écrans composites de type berlinoise ou assimilé (lutétienne, rité. Dans le cas des parois souples ou semi-flexibles ancrées, telles
parisienne, moscovite). que les rideaux de palplanches et les parois moulées, il est courant
À la différence d’une paroi moulée, une paroi berlinoise est réali- de dimensionner l’ouvrage par un calcul en déformation à partir de
sée à partir de poteaux placés préalablement dans le sol en place. la méthode aux coefficients de réaction, qui consiste à assimiler la
Au fur et à mesure de l’excavation, on vient placer entre les paroi retenant le sol à une poutre sur un appui élasto-plastique
poteaux des éléments de soutènement soit préfabriqués (poutres, continu.
plaques), soit coulés en place, et l’on reprend la poussée des terres Avec l’application de l’Eurocode 7, le calcul des ouvrages de sou-
par des ancrages précontraints fixés sur les poteaux (figure 8a). tènement est réalisé en justifiant la résistance structurale de

C 244v2 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

TP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT

Voile

Patin

a mur avec contreforts intérieurs b mur avec contreforts extérieurs

Figure 5 – Murs « L » ou « T inversé »

1
h

2
f

1 Terrain naturel

2 Terrain excavé

3 Terrain en place

Figure 6 – Paroi auto-stable ou « en console » Figure 7 – Paroi ancrée

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 244v2 – 5

TQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

39,40 NGF

Q P

N
640 k

T
80 0 kN

3,80 m

kN
00
13
15,80 m

P Poteau A Ancrages précontraints


T Tête d’ancrage de tirant précontraint P Poutre
NGF Nivellement général de la France

a paroi berlinoise b mur épinglé de 35 m de hauteur


construit à Monaco

Figure 8 – Écrans partiellement ou totalement ancrés

l’ouvrage (STR) et la résistance du terrain (GEO) selon l’approche – instabilité générale (grand glissement) ;
de calcul n 2 définie par l’Eurocode, qui consiste à appliquer les – rupture interne du mur (insuffisance de résistance structurale).
coefficients de sécurité partiels aux actions ou leurs effets et aux
résistances (et non pas aux propriétés du terrain).
2.3 Modes de rupture des ouvrages
de soutènement
2.2 Mécanismes de ruine des ouvrages
de soutènement & Pour les murs de soutènement
Cinq modes de rupture, illustrés à la figure 9, peuvent être
Il convient de distinguer les murs de soutènement et les écrans rencontrés :
de soutènement qui ont des mécanismes de ruine communs et
différents. – le glissement de l’ouvrage sur sa base (figure 9a) ;
– le renversement de l’ouvrage (figure 9b) ;
& Pour les écrans de soutènement – le poinçonnement du sol de fondation, ou défaut de portance
Les risques de ruine à prendre en considération sont : (figure 9c) ;
– le grand glissement englobant l’ouvrage (figure 9d) ;
– l’insuffisance de résistance du terrain (défaut de butée en pied, – la rupture des éléments structuraux de l’ouvrage (figure 9e).
de capacité portante, de butée en tête, de soulèvement du fond de
fouille, etc.) ; Les quatre premiers types de rupture sont relatifs à l’instabilité
– l’insuffisance de résistance de la structure de l’écran ; externe de l’ouvrage, la rupture des éléments structuraux consti-
– l’instabilité d’ensemble ; tuant l’instabilité interne.
– l’instabilité du massif d’ancrage (ancrage trop proche de l’écran) ;
& Pour les écrans de soutènement
– l’annulation de la butée du terrain en pied de l’écran par écou-
lements et pressions d’eau (boulance, érosion). On peut rencontrer sept états limites ultimes :
& Pour les murs – défaut de butée (figure 10) ;
– rupture par insuffisance structurale de l’écran (figure 11) ;
Il convient de considérer la ruine par : – défaut de capacité portante (figure 12) ;
– défaut de capacité portante du sol de fondation (poinçonne- – rupture d’un appui (buton ou tirant – figure 13) ;
ment ou rotation excessive) ; – instabilité hydraulique (figure 14) ;
– glissement du mur sur sa base (insuffisance de résistance – instabilité du massif d’ancrage (figure 15) ;
mobilisable) ; – instabilité d’ensemble (grand glissement – figure 16).

C 244v2 – 6 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

TR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT

a b c

d e

Figure 9 – Modes de rupture des murs de soutènement

L’étude de la stabilité externe d’un ouvrage de soutènement fait Pour le calcul des efforts de poussée ou de butée d’un sol non
appel à des concepts et à des méthodes de calcul qui sont com- saturé, on prendra généralement la résistance effective (c′, j ′)
muns à l’ensemble des ouvrages. Nous ne les détaillerons que mesurée sur le sol saturé.
dans le cas des murs en béton ou en maçonnerie. Dans le cas d’un sol fin saturé (limon, argile), il sera parfois
Par contre, l’étude de la stabilité interne est assez spécifique à nécessaire de faire deux calculs, l’un à court terme correspondant
chaque type d’ouvrage. Nous l’expliciterons systématiquement, aux conditions juste après la construction, l’autre à long terme cor-
sauf dans le cas des murs poids en béton ou en maçonnerie où respondant aux conditions dans lesquelles les surpressions inter-
cette étude relève des calculs classiques de béton. stitielles se sont dissipées, soit quelques semaines à quelques
mois après la construction. C’est le cas des parois exécutées dans
le sol en place avec excavation. Cependant, l’expérience montre
2.4 Résistance au cisaillement du sol que c’est le calcul à long terme et en contraintes effectives (c′, j ′)
qui est le plus défavorable, aussi se contente-t-on souvent de ce
et frottement sol-mur seul calcul.

2.4.1 Paramètres de résistance au cisaillement Remarque


Il convient d’être prudent sur la prise en compte de la cohésion
La résistance au cisaillement du sol est l’un des paramètres les
effective c′ dans le cas des sols saturés. On la néglige souvent
plus importants dans l’étude de la stabilité d’un ouvrage de sou- dans le calcul de la poussée considérant qu’elle peut être faci-
tènement. En dehors des sols pulvérulents où seul intervient lement détruite sous l’effet, notamment, des déplacements de
l’angle de frottement interne j, les sols comportant une partie l’ouvrage.
notable de fines ont une résistance au cisaillement dépendant à
la fois de leur état de saturation et de la rapidité de la sollicitation
de cisaillement. Pour un sol fin saturé, la résistance à court terme 2.4.2 Frottement sol-mur
est caractérisée par la seule cohésion non drainée cu, l’angle de
frottement étant alors nul (j u = 0). Par contre, la résistance effec- L’angle de frottement d entre le sol et le parement arrière du mur
tive ou à long terme est caractérisée par deux paramètres : c′ la dépend des facteurs suivants :
cohésion effective et j ′ l’angle de frottement interne effectif (cf. – la rugosité du parement ;
article [C 216]). – l’angle de frottement interne du sol j ;

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 244v2 – 7

TS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTT

MURS ET ÉCRANS DE SOUTÈNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

a basculement autour d’un centre de rotation situé


sous le fond de fouille (écran non ancré)

b basculement autour d’un appui en tête c basculement autour d’un appui en pied

Figure 10 – Défaut de butée

a écran non ancré (en console) b écran avec un appui en tête c écran avec plusieurs niveaux d’appuis

Figure 11 – Insuffisance structurale de l’écran

– le tassement relatif entre le mur et le sol ; Lorsque l’ouvrage de soutènement a tendance à tasser plus que
– l’inclinaison de la surface. le sol retenu, ce qui est le cas, par exemple, d’un mur plaqué contre
un talus de déblai, l’angle d est alors négatif. Le tassement relatif
En première approximation, on peut déterminer cet angle de frot- entre le sol et le mur joue ainsi un rôle important.
tement en fonction de l’état de surface du parement, comme il est
Dans tous les cas courants de murs rugueux en béton ou en
indiqué dans le tableau 2.
maçonnerie, la valeur de 2/3 j est celle à retenir.

C 244v2 – 8 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUQ

Bases de l’interaction sol-structure


sous séisme
Principes généraux et effets inertiels Q
par Stéphane BRÛLÉ
Ingénieur géotechnicien et géologue
Responsable Agence Rhône-Alpes de MENARD (Soletanche-Freyssinet-VINCI
Constructions)
et Fahd CUIRA
Ingénieur X-Ponts civil
Directeur scientifique de Terrasol (Groupe Setec)

1. Définitions et enjeux .............................................................................. C251 - 2


2. Méthodes d’analyse de l’ISS sous séisme ........................................ — 3
2.1 Approche globale ou directe...................................................................... — 3
2.2 Méthode de superposition ......................................................................... — 4
2.3 Méthode de sous-structuration.................................................................. — 6
2.4 Méthode hybride......................................................................................... — 6
3. Réponse des structures sous séisme................................................. — 6
3.1 Méthodes de dimensionnement sismique ............................................... — 6
3.2 Étude théorique de l’oscillateur simple amorti ........................................ — 7
3.3 Réponse d’un oscillateur simple à une sollicitation sismique ................ — 10
4. Réponse des fondations sous séisme................................................ — 11
4.1 Caractérisation des sols sous séisme........................................................ — 11
4.2 Réponse d’une fondation superficielle...................................................... — 12
4.3 Prise en compte de la souplesse de la fondation..................................... — 14
4.4 Raideur d’une fondation profonde ............................................................ — 15
4.5 Raideur d’un pieu en groupe ..................................................................... — 18
4.6 Effet de la plasticité du sol sur la réponse des pieux sous séisme ......... — 19
5. Représentation analogique de l’interaction inertielle .................. — 20
5.1 Principe ........................................................................................................ — 20
5.2 Modification de la période propre ............................................................. — 21
5.3 Modification de l’amortissement apparent............................................... — 21
5.4 Application au cas d’un ouvrage fondé superficiellement ...................... — 22
6. Effet de masse et amortissement radiatif du sol ........................... — 23
6.1 Principe ........................................................................................................ — 23
6.2 Formalisme usuel........................................................................................ — 23
6.3 Impédance dynamique d’une fondation superficielle ............................. — 24
7. Perspectives et conclusions................................................................. — 25
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 251

e sujet traité dans cet article est l’interaction entre le sol support des
L ouvrages, les fondations et la superstructure en situation de sollicitation
sismique : l’interaction sol-structure (ISS).
Les enjeux sont importants d’un point de vue technique et économique. Une
caractérisation réaliste de cette interaction peut s’avérer, soit bénéfique
comme la diminution des efforts internes dans la structure, soit préventive en
cas d’effets indésirables identifiés.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQW

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 251 – 1

TU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUQ

BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME _________________________________________________________________________________

L’avènement des textes du référentiel « Eurocode » et, en particulier les


Eurocodes 7 et 8 (normes EN 1997 et 1998), ont accéléré la révision généralisée
des documents en lien avec le sol et les fondations des ouvrages. Notamment,
la dernière génération de code de dimensionnement des ouvrages en zone sis-
mique, comme l’Eurocode 8, incite au développement des dimensionnements
faisant appel à l’interaction sol-structure en condition statique et dynamique.


Plutôt spécifique au savoir-faire d’un nombre restreint de spécialistes
sachant composer à la fois avec les données sismologiques, la dynamique des
sols et de structures, ainsi qu’avec la géotechnique, le concept d’interaction
sol-structure se répand en ingénierie, mais se heurte parfois aux frontières
existantes entre les disciplines.
L’approche proposée dans cet article est de rassembler les principes de l’ISS
afin de donner à l’ingénieur les étapes clés, ainsi que les niveaux successifs de
raffinement qu’il peut porter à son analyse.
Les bases de l’interaction sol-structure sous séisme se déclinent en deux
articles dont l’objectif global est une présentation des enjeux spécifiques de
l’interaction sol-structure et des outils adaptés pour l’ingénieur à l’étude des
problématiques de fondation.
Dans cet article les méthodes d’analyse sont rappelées avec l’introduction
aux modèles rhéologiques et aux modèles numériques. Les principes de la
caractérisation de la réponse des structures sous séismes par modèle analo-
gique et la représentation analogique de l’interaction inertielle sont
développés, avant de détailler l’effet de masse et l’amortissement radiatif du
sol.
L’autre composante déterminante de l’interaction sol-structure, relative aux
effets cinématiques, est présentée dans la suite de cet article intitulée [C253].

1. Définitions et enjeux Pour les besoins de l’étude des effets cinématiques et inertiels,
précisons que les sols pour lesquels la vitesse des ondes de cisail-
lement Vs = 800 m.s-1, constituent le substratum sismique se dif-
L’objectif de l’ISS est d’accroître la stabilité des ouvrages, tout férenciant du « substratum géotechnique », sol dont la cote du toit
en optimisant le coût de construction ou de réhabilitation. Il passe représente conventionnellement la profondeur au-delà de laquelle
aussi par une prise en compte de l’interaction dynamique qui se la déformation induite par le chargement des ouvrages de surface,
développe en cas de séisme entre : est faible à nulle.
– les ouvrages ;
– les sols et formations géologiques sous-jacentes ;
Le mouvement sismique en champ libre est la déformation
– les fondations.
du sol au passage des ondes sismiques en l’absence de
■ Mouvements du sol provoqués par le séisme superstructures pouvant influencer leur propagation.
Le premier effet à prendre en compte est le mouvement du sol,
induit par le séisme, imposé à la structure et aux fondations. Pour ■ Approche dynamique et approche pseudo-statique
le bâtiment, cela se traduit par du balancement et du glissement.
Pour les fondations profondes, il s’agit d’efforts internes consécu- Dans le cas d’un problème dynamique, le chargement et les
tifs aux déplacements imposés du sol. paramètres de réponse sont fonction du temps. La dynamique est
la branche de la mécanique classique étudiant les corps en mou-
Lors d’un tremblement de terre, les ondes sismiques se propa- vement sous l’influence des actions mécaniques leur étant appli-
geant dans le sol mettent en mouvement les fondations des quées. Elle combine la statique qui étudie l’équilibre des corps au
ouvrages en les sollicitant principalement horizontalement. Accé- repos et la cinématique qui étudie le mouvement indépendam-
léré à sa base, chaque bâtiment est soumis à des forces d’inertie ment des causes qui les produisent, notamment sans identifica-
auxquelles sa structure doit résister. Pour maintenir son équilibre, tion des forces y contribuant.
l’ouvrage exerce sur le sol environnant des efforts importants. Il
s’agit du second effet appelé « effet inertiel » ou « couplage » Ramener un problème de dynamique à un cas pseudo-statique
qu’entretient le bâtiment avec le sol via le système de fondation. revient à introduire de nouvelles forces appelées forces d’inertie.
Notamment en dimensionnement des ouvrages sous sollicitations
■ Interaction sol-structure sismiques, ces efforts sont importants et s’opposent au mouve-
En raison de l’interaction dynamique sol-structure, la réponse ment imposé par le chargement appliqué.
sismique d’une structure sur base flexible, c’est-à-dire d’une struc-
ture fondée sur un terrain déformable, diffère sous plusieurs
■ Interaction cinématique
aspects de celle de la même structure fondée sur un terrain rigide L’interaction cinématique se traduit par la différence entre le
(base fixe), soumise à une sollicitation identique en champ libre, mouvement sismique en champ libre (déformation du sol au pas-
comme le montre la figure 1 [1]. sage des ondes sismiques en l’absence de structures anthro-

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 251 – 2

TV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUQ

__________________________________________________________________________________ BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME

a aucune interaction sol-structure b toujours sans interaction sol-structure c avec interaction sol-structure

Cas a : le bâtiment possède un comportement « souple » et le sol une très bonne résistance mécanique.

Cas b : comportement « raide » du bâtiment et sol de très bonne résistance mécanique.

Cas c : bâtiment « raide » et sol de faible ou moyenne résistance mécanique.

Figure 1 – Trois types de mouvements d’un bâtiment avec ou sans interaction sol-structure

piques interférant avec leur propagation) et celui correspondant à ■ Pour les situations courantes
la présence d’un ouvrage en surface et son mode de fondation L’allongement des périodes propres et l’augmentation des taux
(fondations superficielles, fondations profondes). d’amortissement qui résultent de la prise en compte de l’interac-
Elle ne résulte que de la différence de « raideur » entre le sol et tion sol-structure conduisent généralement à un dimensionne-
la fondation, contrariant les mouvements imposés par le sol. Cette ment favorable pour la structure et ses fondations sous séisme.
différence peut se comprendre comme un filtrage car toute l’éner- Cependant, les effets d’ISS peuvent se révéler néfastes dans les
gie incidente ne se transmet pas à l’ouvrage mais s’effectue au cas suivants pour lesquels les codes de construction en zone sis-
prix d’efforts significatifs dans les fondations. mique imposent la prise en compte de l’ISS :
■ Interaction inertielle – les structures hautes et élancées, comme les tours et les che-
minées ;
En revanche, l’interaction inertielle provient des efforts d’inertie – les structures avec fondations massives ou profondes comme les
engendrés par la masse de la structure et retransmis au sol par piles de ponts, les caissons fondés en milieu aquatique et les silos ;
l’intermédiaire des éléments de fondation. La structure devient – les ouvrages reposant sur des sols très mous, caractérisés par
ainsi, en quelque sorte, « source » d’oscillations dynamiques dans une vitesse moyenne de propagation des ondes de cisaillement Vs
le cadre de cette interaction. inférieure à 100 m/s ;
– les structures pour lesquelles les effets de 2e ordre jouent un
L’étude de la réponse dynamique du système sol-fondation
rôle significatif.
sous l’effet de l’interaction inertielle ne peut, en toute rigueur, être
dissociée d’une analyse cinématique préalable en vue d’obtenir le Les effets du premier ordre sont les effets des actions calculés
mouvement à la base de la structure permettant d’établir les sans considération de l’effet des déformations de la structure
efforts d’inertie induits par la superstructure. mais en incluant les imperfections géométriques, tandis que les
effets du second ordre sont les effets additionnels des actions,
L’interaction inertielle sol-fondation est introduite par des fonc- provoqués par la déformation de la structure.
tions d’impédance permettant, pour une fréquence donnée, de Très sensibles aux déformations du sol, mais aussi aux efforts
représenter la liaison de la fondation avec le sol par un ensemble d’inertie en tête, les fondations profondes et, en particulier les pieux,
de modèles analogiques (ressorts, amortisseurs, etc.) adaptés doivent faire l’objet d’une justification spécifique sous séisme avec
aux différents types de mouvement (translations verticales et prise en compte des effets d’ISS, cinématiques et inertiels.
horizontales, rotation d’axe horizontal ou d’axe vertical). Cette
interaction inertielle permet de simuler la modification des
périodes et amortissements apparents de l’ensemble « sol +
structure » par rapport à une analyse limitée à la structure sur 2. Méthodes d’analyse
base fixe.
L’interaction cinématique peut être simulée en pratique par le
de l’ISS sous séisme
moyen d’un déplacement « libre » du sol appliqué sur le support
des impédances. 2.1 Approche globale ou directe
Dans la méthode directe appelée aussi « méthode globale »,
l’analyse du système complet s’effectue en une seule étape, qui
À noter que la mise en œuvre pratique montre que, dans permet d’inclure :
certaines configurations (fondations profondes, fondation – le comportement non linéaire de la structure ou du sol (com-
encastrée), l’interaction cinématique s’accompagne également portement anélastique) ;
d’une composante rotationnelle souvent ignorée dans le – toute hétérogénéité présente dans ce dernier ;
dimensionnement. – le glissement et le décollement des fondations.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 251 – 3

TW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUQ

BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME _________________________________________________________________________________

Elle permet aussi de traiter les conditions de contact à l’ISS et, suffisamment importante pour que ce mouvement ne soit pas
implicitement, les effets de radiation et de dissipation d’énergie affecté par la présence d’une structure en surface, il faut procé-
dans la partie infinie du sol non borné. der à une étape spécifique de traitement du signal visant à
Les approches directes consistent à résoudre directement « remonter » au signal « source », au niveau du substratum
l’équation de la dynamique régissant le comportement du sys- sismique, tel qu’il serait avant de traverser les couches superfi-
tème (sol, fondation, structure). La formulation est orientée vers cielles (celles-ci pouvant jouer un rôle de filtre). Cette opération
un traitement par éléments finis du phénomène d’interaction de traitement du signal se nomme « déconvolution » (figure 2).


mécanique avec, par exemple, généralement un schéma d’inté- • L’étape suivante consiste alors à appliquer ce signal déconvolué
gration par différences finies de la composante temporelle de façon uniforme à la base du modèle complet (sol, fondation,
(figure 2). structure) et la réponse en surface est calculée par une méthode
d’approximation numérique de solutions de problèmes aux
limites dynamiques ([2] et [3]). Il s’agit, comme dans toutes les
méthodes numériques, de trouver une approximation discrète
d’un problème différentiel aux limites linéaires.

■ Variante de la méthode globale


Réponse sismique Donnée : signal Une variante de la méthode globale consiste en la réduction de
de l’ouvrage en surface domaine ([4] [5] [6] et [7]). Elle permet de réduire le domaine du
modèle à un domaine plus petit limitant ainsi le coût calcul.
Déconvolution Dans les grandes lignes, la méthode consiste à ramener les
forces agissant sur le système global sol-structure à une surface
Signal au niveau du substratum continue entourant la structure et une petite partie du sol. Le
domaine complet est divisé en deux modèles :
– le premier modèle considéré comme « proche » est constitué
Figure 2 – Principe de l’approche directe ou globale de la structure et d’une partie du sol avoisinant, de dimensions
suffisamment grandes ;
– le second modèle désigne le reste du domaine. Celui-ci est
■ Étapes de l’approche directe considéré comme assez éloigné pour être assimilé au milieu exté-
L’approche directe nécessite de construire un modèle détaillé rieur. Il peut alors être tronqué. La frontière fictive entre les deux
du sol (Ei, νi, ξi) et de le doter d’éléments absorbants (« frontières parties est désignée par un contour.
absorbantes ») pour éviter les rebonds des ondes dont la propaga-
tion est simulée par méthodes numériques sur les frontières du
modèle fini arbitrairement retenu. 2.2 Méthode de superposition
• Dans un cas réel, les ondes se propagent dans un milieu consi-
déré comme très grand (infini) à l’échelle de l’étude et l’énergie 2.2.1 Théorème de Kausel
initiale émise à la source, dans l’hypothèse d’un milieu pure-
ment élastique, a une distribution décroissante avec la dis- La méthode fait appel au principe de superposition [8] et consiste
tance parcourue (amortissement géométrique ou « radiatif »). à analyser le problème d’interaction sol-structure en plusieurs
• Dans la pratique, le mouvement sismique (de dimensionne- étapes successives. Chaque étape est réputée plus simple à
ment) est connu à la surface du sol, en champ libre. Afin de résoudre que le problème global. Le principe du théorème de super-
connaître le signal sismique u(z, t) à une profondeur donnée, position de Kausel et Roesset est schématisé par la figure 3 [8].

ϕ
M
u F
= + +
ϕ
u

ü ü

SOLUTION INTERACTION INTERACTION INERTIELLE CALCUL DE


TOTALE CINÉMATIQUE AVEC IMPÉDANCES STRUCTURE
DYNAMIQUES

Figure 3 – Schématisation du théorème de superposition de Kausel

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 251 – 4

TX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUQ

__________________________________________________________________________________ BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME

Ainsi, les sous-structures sont constituées, d’une part, par le sol Dans le tableau 1, F représente la force appliquée au modèle,
et, d’autre part, par la structure. Les équations d’équilibre de K désigne la raideur du ressort et C la viscosité du fluide, up et F P
chaque sous-système sont posées, puis les conditions de compa- sont respectivement le déplacement plastique et la force maxi-
tibilité à l’interface sont précisées à savoir la continuité en dépla- male au seuil de plasticité.
cement et en contrainte. Les modèles élémentaires peuvent être combinés en série ou en
parallèle pour obtenir des modèles composés. Parmi ceux-là, les
Il faut distinguer trois grandes étapes dans la méthode : plus fréquemment retenus en ISS sont notamment le modèle de


– étape 1 – Interaction cinématique : on détermine le mouve- Maxwell (un ressort et un amortisseur en série), le modèle de Kel-
ment sismique à appliquer à la base de l’ouvrage tenant compte vin-Voigt (un ressort est un amortisseur en parallèle).
des effets éventuels d’interaction cinématique (cas d’une structure L’utilisation pratique de ces modèles analogiques se révèle
encastrée par exemple). On calcule pour cela le mouvement sis- riche en enseignements, notamment dans la qualification des
mique d’une fondation rigide sans masse représentative de effets d’interaction sol-structure comme le montre la figure 4 et
l’empreinte de la structure dans le sol ; comme il sera développé au § 5.
– étape 2 – Interaction inertielle : on détermine les éléments per-
mettant de simuler l’interaction inertielle. On calcule pour cela les
matrices d’impédances d’une fondation rigide sans masse repré-
sentative de l’empreinte de la structure dans le sol ;
– étape 3 – Calcul de structure : on détermine la réponse sis-
mique de la structure reposant sur un système de ressorts/amortis-
seurs déduits des matrices d’impédances (résultat de l’étape 2). Le
support de ces ressorts/amortisseurs est soumis à l’application
d’un signal sismique correspondant au mouvement cinématique
déterminé à l’étape 1.

Le problème est généralement traité dans le domaine fréquen-


tiel et suppose implicitement un comportement linéaire du sys-
tème « sol + structure + fondation ».
Les liaisons fondation-sol sont modélisées par un ensemble d’éléments
analogique de Kevin-Voigt.
2.2.2 Rappel des modèles analogiques usuels
L’étape 2 du théorème de superposition de Kausel et Roesset Figure 4 – Principe de la prise en compte d'une souplesse relative
fait appel à la notion d’impédance dynamique qui est l’un des fondation/sol
modèles analogiques usuellement considérés pour la représenta-
tion de la réponse dynamique d’une fondation en interaction avec 2.2.3 Prise en compte de la souplesse
le sol qui le supporte. de la fondation
On rappelle ici les principaux modèles analogiques élémentaires La validité de l’hypothèse d’interface « rigide » entre la fonda-
utilisés pour l’étude du comportement des structures et des sols tion et la structure requiert une rigidité relative sol/fondation suffi-
(voir le tableau 1 [9]). Ces modèles élémentaires peuvent ensuite sante afin de garantir une transmission uniforme des actions
être combinés pour rendre compte de lois de comportement plus localisées reçues par la superstructure, comme il est fort juste-
raffinées. ment rappelé dans l’Eurocode 8 (figure 4).

Tableau 1 – Les modèles analogiques élémentaires et composés


Modèles Schémas Éléments constitutifs Lois de comportement

Ressort Solide hookéen Élastique linéaire


K

Modèles élémentaires Amortisseur Fluide Newtonien Visqueux


C

Patin (ou fusible) Solide de St Venant Plastique

Modèle de Solide hookéen et fluide Visco-élastique


Maxwell K C Newtonien

Modèles composés K

Modèle de Kelvin- Solide hookéen et fluide


Voigt Newtonien Visco-élastique

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 251 – 5

TY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUQ

BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME _________________________________________________________________________________

La prise en compte de la souplesse relative fondation/sol peut problématiques liées aux conditions aux limites inhérentes aux
être traitée en pratique moyennant une discrétisation avec un modèles numériques complets
nombre suffisant d’éléments représentant l’interface sol/structure
et en évaluant, numériquement et par de modèles analytiques
adaptés, les impédances dynamiques « locales » à considérer au 2.4 Méthode hybride
droit de chaque zone.
La méthode de sous-structuration [10] suppose implicitement la
validité du principe de superposition qui requiert notamment un

Q 2.3 Méthode de sous-structuration


La méthode de sous-structuration est une méthode d’analyse assez
comportement linéaire élastique du sol.
Pour pallier cette difficulté, la méthode hybride a été dévelop-
pée. Elle est intermédiaire entre l’analyse directe et la méthode de
répandue dans la pratique de l’interaction sol-structure sous séisme sous-structuration (figure 6). Elle consiste à décomposer le sol en
et a fait l’objet de programmes informatiques spécifiques tels que deux domaines :
SASSI ou MISS3D. Son principe est celui de la construction d’un
modèle « hybride » combinant une discrétisation numérique « du – le premier est un domaine « champ proche », intégrant
champ proche » (qui peut être limitée à l’emprise de la fondation) et l’ouvrage lui-même, le massif de sol situé dans la zone d’influence
de solutions semi-analytiques de propagation d’ondes pour le champ de l’ouvrage, et permettant un traitement des non-linéarités liées
lointain. au comportement du sol ;
– le deuxième domaine est le « champ libre » suffisamment éloi-
La mise en équation repose sur une formulation dans le gné de la fondation et où le comportement du sol n’est pas affecté
domaine fréquentiel et fait appel au principe de superposition par l’interaction avec l’ouvrage. Le problème consiste alors à défi-
(théorème de superposition de Kausel et Roesset) comme le sché- nir les coefficients de la matrice d’impédance du champ lointain.
matise la figure 5. Ainsi, le champ lointain peut être traité par les techniques adap-
tées pour les problèmes linéaires (exemple : impédances dyna-
miques), alors que le champ proche est incorporé dans le modèle
de la superstructure et peut être traité par une méthode directe.
Nœuds
f : frontière du modèle
complet Remarque
i : interface sol-structure Le point délicat des méthodes hybrides est la définition de la
e : volume de sol excavé frontière entre le champ proche et le champ lointain, élément
p : partie restante du site qui doit être déterminé indépendamment selon les particulari-
f i e p en champ libre tés du problème traité.
s : structure
a système complet
e i s

– + i

b système b : c système c : d système d :


la propagation le volume de sol la structure
d’onde en champ excavé elle-même
libre

Figure 5 – Illustration du principe de sous-structuration

Trois systèmes d’équations matricielles sont alors considérés :


Fonctions d’impédance
– système (b) traduisant la réponse du sol en l’absence de la
structure au niveau des nœuds de la zone maillée. Ce système
résulte d’une résolution analytique des équations de propagation
d’ondes dans le cas d’un sol multicouche ;
– système (c) traduisant la réponse du volume de sol excavé au
niveau de l’ensemble des nœuds de la zone maillée. Ce système
résulte d’une discrétisation numérique de ce volume (même mail- Figure 6 – Principe de la méthode hybride
lage que celui de la partie ancrée de la structure) ;
– système (d) traduisant la réponse de la structure seule exprimée
au niveau des nœuds d’interface avec le sol. Ce système résulte éga-
lement d’une discrétisation numérique de l’élément structure. 3. Réponse des structures
La combinaison, puis la condensation, de ces trois systèmes (au
point où devront être exprimées les fonctions d’impédances) per-
sous séisme
met ainsi de remonter directement à la matrice de souplesse
(puis, par inversion, à la matrice d’impédances) pour une fré- 3.1 Méthodes de dimensionnement
quence de sollicitation donnée. sismique
Par rapport à un traitement numérique complet, cette méthode
présente l’avantage décisif d’avoir une discrétisation limitée à Contrairement aux charges habituelles, les sollicitations sis-
l’emprise de la fondation avec un traitement rigoureux des condi- miques n’engendrent pas d’efforts « externes » car elles sollicitent
tions de radiation vers l’infini, ce qui permet de s’affranchir des les structures à travers les mouvements du sol et ces efforts

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 251 – 6

UP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUS

Bases de l’interaction sol-structure


sous séisme
Effets cinématiques et stabilité sismique Q
par Stéphane BRÛLÉ
Ingénieur géotechnicien et géologue
Responsable Agence Rhône-Alpes de MENARD (Solétanche-Freyssinet-VINCI Construc-
tions)
et Fahd CUIRA
Ingénieur X-Ponts civil
Directeur scientifique de Terrasol (Groupe Setec)

1. Rappel des notions essentielles ................................................................ C 253 - 2


2. Notions préliminaires sur la dynamique des sols.................................... — 3
2.1 Propagation des ondes dans les milieux terrestres ................................. — 3
2.2 Période propre des sols.............................................................................. — 5
2.3 Cas d’un sol multicouche : méthode simplifiée de Madera .................... — 6
3. Effets cinématiques .................................................................................... — 6
3.1 Description du phénomène........................................................................ — 6
3.2 Calcul des déplacements cinématiques sous séisme .............................. — 7
3.3 Pieux sous effets cinématiques ................................................................. — 8
4. Stabilité des ouvrages sous séisme.......................................................... — 10
4.1 Stabilité au renversement .......................................................................... — 10
4.2 Stabilité au glissement ............................................................................... — 14
5. Ouvrages de soutènement sous séisme................................................... — 16
5.1 Méthode pseudo-statique .......................................................................... — 16
5.2 Évaluation des poussées/butées dynamiques.......................................... — 18
5.3 Stabilité au glissement d’un mur de soutènement .................................. — 21
6. Perspectives et conclusions....................................................................... — 24
Pour en savoir plus ............................................................................................. Doc. C 253

spect essentiel dans la compréhension du comportement des ouvrages


A sous sollicitation sismique, l’interaction cinématique est une des compo-
santes de l’Interaction sol-structure (ISS).
Faisant appel à des notions à la croisée de plusieurs disciplines telles que la géo-
technique, la sismologie de l’ingénieur, la dynamique des sols et des structures, la
pratique de l’interaction sol-structure (ISS) est devenue une véritable spécialité.
Par ailleurs, sous l’impulsion des textes du référentiel « Eurocode » et, en
particulier des Eurocodes 7 et 8 (normes EN 1997 et 1998), s’est enclenchée
une révision complète des documents en lien avec le sol et les fondations des
ouvrages. En particulier, la dernière génération des codes de dimensionne-
ment des ouvrages en zone sismique, comme l’Eurocode 8, encourage la
pratique de l’interaction sol-structure en condition statique et dynamique dans
le dimensionnement des ouvrages.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQX

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 253 – 1

UQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUS

BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME _________________________________________________________________________________

Ainsi, l’approche proposée dans cet article, relatif aux effets cinématiques,
est de rassembler, avec celui publié sous la référence [C251] pour les effets
inertiels, les bases de l’ISS afin de donner à l’ingénieur les étapes essentielles,
ainsi que les niveaux successifs de détail qu’il peut porter à son analyse tout
en identifiant les paramètres sur lesquels il peut agir lors du
dimensionnement.
Pour compléter ces aspects d’interaction sol-ouvrage, se décrivant grâce à la
Q mécanique des milieux élastiques et/ou visco-élastiques, il a été jugé pertinent
d’explorer la frontière de la stabilité des ouvrages sous sollicitation dyna-
mique, comme les effets de renversement et de glissement au niveau de
l’interface sol-structure.
Ce qui permet de conclure l’article par l’approche du calcul des ouvrages
de soutènement sous séisme, notamment par une approche de calcul à la
rupture.
Les principes de la propagation des ondes dans les milieux terrestres sont
rappelés pour permettre la présentation des évaluations des périodes propres
des sols à usage de l’ingénierie des ouvrages de surface. À cette fin, des
méthodes de calcul des profils de déplacement horizontal du sol sont passées
en revue pour différents cas de sols stratifiés horizontalement. Ces déplace-
ments permettent d’évaluer les efforts se développant dans les fondations
profondes.
En complément des approches réglementaires concernant la stabilité des
fondations superficielles au glissement et au renversement, un développement
est proposé concernant les effets spécifiques, pouvant être « bénéfiques », sur
le dimensionnement du décollement d’une semelle, ainsi que sur ses déplace-
ments irréversibles.
L’article est complété par la stabilité des ouvrages de soutènement sous
séisme avec une exploration de la méthode à la rupture dite de « Monobé-
Okabé » usuellement utilisée pour les sols frottants. Toutefois, l’extension
de l’usage de cette méthode aux sols cohérents est proposée, ainsi qu’un
développement pour des surfaces de rupture non-planes dans un sol bi-
couche.
Enfin, une discussion sur les déplacements irréversibles pour ce type
d’ouvrage conclut cet article.

1. Rappel des notions


essentielles z

x
L’interaction cinématique se traduit par la différence entre le L’onde en trait plein représente le mouvement en champ libre.
mouvement sismique en champ libre (déformation du sol au pas- La fondation, elle, obéit à un mouvement qui lui est propre, fonction de
sage des ondes sismiques en l’absence de structures anthro- la raideur relative sol-fondation
piques interférant avec leur propagation) et celui correspondant à
la présence d’un ouvrage en surface et son mode de fondation
(fondations superficielles, fondations profondes). Figure 1 – Cas d’une fondation rigide reposant sur un sol homogène

Elle ne résulte que de la différence de « raideur » entre le sol et


la fondation, contrariant les mouvements imposés par le sol Ainsi, l’influence de la structure sur le sol et celle du sol sur la
[C251]. structure existent de manière simultanée (figure 1). L’étude de
la réponse dynamique du système sol-fondation sous l’effet de
l’interaction inertielle nécessite une analyse cinématique préa-
Le mouvement sismique en champ libre est la déformation lable en vue d’obtenir le mouvement à la base de la structure
du sol au passage des ondes sismiques en l’absence de pour, ensuite, déduire les efforts d’inertie induits par la
superstructures pouvant influer sur leur propagation. superstructure.
L’interaction cinématique, souvent négligée dans les codes
En revanche, l’interaction inertielle provient des efforts d’inertie parasismiques qui adoptent généralement une méthode simpli-
engendrés par la masse de la structure, appliqués à la base de fiée consistant à calculer les efforts sismiques à partir des forces
l’ouvrage et donc au niveau des fondations. Elle s’ajoute à l’inte- inertielles, est prise en compte dans les codes de dernière géné-
raction cinématique, et modifie aussi le champ de déplacement. ration.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 253 – 2

UR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUS

__________________________________________________________________________________ BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME

2. Notions préliminaires décroissance de l’énergie et une atténuation exponentielle de


l’amplitude des ondes au cours de leur propagation. Une simula-
sur la dynamique des sols tion numérique réaliste de la propagation des ondes sismiques
dans les bassins sédimentaires afin d’obtenir des sismogrammes
spécifiques, nécessite de prendre en compte ces propriétés vis-
coélastiques [1].
2.1 Propagation des ondes
dans les milieux terrestres

2.1.3 Ondes de volume et ondes de surface

2.1.1 Équation de l’élastodynamique La solution de l’équation d’onde peut s’exprimer pour des
ondes de volumes de pression (P) et de cisaillement (S), enregis-
Les ondes sismiques sont des ondes élastiques régies par les trées respectivement en premier (forte composante horizontale) et
équations de l’élastodynamique. en second (composante horizontale dominante) sur un sismo-
gramme capturant les déplacements en x, y et z en fonction du
Cette hypothèse est valable pour les petits mouvements u et les
temps.
déformations, ce qui est réaliste pour le risque sismique dans les
conditions de sismicité faible à modérée, comme évoqué au § 1. Se déplaçant à une vitesse proche des ondes de cisaillement,
les ondes de surface, dont les ondes de Rayleigh, sont énergé-
tiques et notablement responsables des dégâts sur le bâti
(1) (figure 2).

Le terme de force de volume fi s’exprime généralement en un


terme de pesanteur fg et un terme source fs. 2.1.4 Principales caractéristiques du signal
sismique et vitesse des ondes
Le terme de pesanteur est un facteur important à très basse fré-
quence dans l’étude des modes représentant les oscillations libres Pour l’ingénierie sismique, le contenu fréquentiel des ondes sis-
de la planète, mais peut être négligé pour les ondes de volume et miques est compris entre 0,1 et 50 Hz, et, plus particulièrement
de surface pour les longueurs d’ondes étudiées. jusqu’à 20 Hz.
Dans le cadre des sujets abordés dans cet article, le terme fi est Dans les sols superficiels, soit sur quelques dizaines voire cen-
négligé. La loi de Hooke définit une relation linéaire entre le ten- taines de mètres pour les remplissages les plus épais, les maté-
seur de contrainte ij et le tenseur des déformations eij en notation riaux offrant des vitesses d’ondes de cisaillement Vs inférieures à
indicielle selon la convention d’Einstein. 800 m.s-1 font l’objet d’une analyse du phénomène d’amplification
du signal incident. Les sols pour lesquels Vs ≥ 800 m.s-1 consti-
2.1.2 Phénomène d’atténuation dans les sols tuent le substratum sismique, se différenciant du « substratum
géotechnique », sol dont la cote du toit représente conventionnel-
Les sols sont des milieux tri-phasiques (eau, air, grains solides) lement la profondeur au-delà de laquelle la déformation induite
qui, soumis à des déformations, dissipent de l’énergie mécanique. par le chargement des ouvrages de surface est faible à nulle.
Le mouvement moyen d’un fluide par rapport à la matrice élas- À titre indicatif, pour les sols tels que les sables, graviers com-
tique conduit à un mécanisme dissipatif (Loi de Biot pour la pro- pacts, marnes, la valeur de la vitesse des ondes de cisaillement
pagation d’ondes dans les milieux poreux), et donc à une est de quelques centaines de m/s.
atténuation des ondes. Pour les sables lâches et argiles molles, ces valeurs peuvent se
De plus, les origines de la dissipation incluent aussi les effets situer dans la gamme 100 à 300 m/s [10].
thermiques liés au frottement grains à grains, les mouvements Dans certaines conditions exceptionnelles de dépôt en milieu
locaux de fluide, etc. continental, les valeurs de Vs peuvent être inférieures à 100 m.s-1
Ces milieux terrestres, et en particulier les sols saturés, sont le comme pour les argiles supérieures de l’ancien lac de Mexico (30
siège de phénomènes de dissipation intrinsèque provoquant une à 50 m.s-1).

Surface
λRayleigh

Mouvement rétrograde

h = 0,19 λR ~ λR/5

z
Mouvement prograde

x
Propagation des ondes de Rayleigh

a mouvement elliptique rétrograde b illustration de l’inversion de la polarisation


en surface (z = 0) du mouvement dans le plan (O, x, y)

Figure 2 – Illustration du mouvement des particules de sol au passage d’une onde de surface de type Rayleigh, pour une fréquence donnée

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 253 – 3

US
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUS

BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME _________________________________________________________________________________

2.1.5 Représentation de la propagation des ondes 2.1.6 Amplification des ondes : effets de site
par la théorie des rais « lithologiques »
La notion de rai sismique, représentant la ligne perpendiculaire L’amplitude des ondes sismiques incidentes peut être amplifiée
au front d’onde (analogie avec le rai optique), est souvent utilisée par les sols « mous » de surface [2] en raison du contraste d’impé-
pour interpréter des données sismiques (approximation « hautes dance de ces matériaux de couverture avec le substratum sis-
fréquences »). mique, ou encore par les effets de piégeage des ondes dans des
Si l’on considère une onde sphérique générée par un séisme, bassins remplis de sédiments détritiques peu consolidés.

Q son rayon de courbure est tel qu’en surface la simplification de sa


représentation par une onde plane est acceptable.
Cela est illustré par la figure 3 pour laquelle le milieu de pro-
Cet effet s’appelle l’effet de site « lithologique » et c’est l’un
des effets les plus importants à considérer dans la pratique du
pagation est homogène en vitesse v. Les ondes arrivent en sur- génie parasismique [3] (voir la figure 4).
face avec un angle d’incidence θ par rapport à la verticale. Entre
les temps t et t + Δt, les fronts d’ondes sont séparés d’une dis-
tance Δx’. La vitesse apparente du front d’onde en surface est La répartition des dégâts lors d’occurrence de séisme reflète les
supérieure à la vitesse réelle du front d’onde. variations locales du sol. On a des ondes de surface de type
Rayleigh, ou encore des ondes de volume à incidence oblique
(2) arrivant en surface.
Si le rapport largeur sur profondeur d’une vallée sédimentaire
est important, alors la simplification à un modèle de sol unidimen-
sionnel (1D), pour traduire les effets de site avec des ondes sta-
Δx tionnaires à incidence verticalisée, est envisageable.
En dehors de ces conditions, des effets de site bidimensionnels
Front d’onde au (2D) et tridimensionnels (3D) se manifestent [4] avec, notamment
temps t Δx’ θ
y
pour conséquence, des angles variables d’incidence des ondes en
ue surface.
sismiq
Rai Front d’onde au temps t + Δt Ces effets de site sont communément attribués à deux phéno-
z
mènes :
Le rai sismique forme un angle θ avec la verticale – un effet de résonance verticale et unidimensionnelle dû à la
stratigraphie ;
Figure 3 – Onde plane incidente à la surface du sol – un effet bidimensionnel dû à la géométrie du bassin.

Figure 4 – Schématisation de l’effet de site « lithologique »

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 253 – 4

UT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUS

__________________________________________________________________________________ BASES DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE SOUS SÉISME

Pour l’effet stratigraphique 1D, le modèle de sol considéré est À noter que l’angle d’incidence de l’onde modifie également la
alors constitué d’une superposition de couches unidirectionnelles valeur d’amplification à la résonance. L’amplification maximale
d’épaisseurs constantes surmontant un substratum « élastique » est alors obtenue pour une onde d’incidence verticale.
qui correspond au milieu de propagation de l’onde incidente. En plus de l’effet d’amplification, la résonance pour le cas 1D pro-
Dans le cas le plus simple, il s’agit généralement d’une onde duit aussi un prolongement de la durée du signal. L’atténuation, sou-
plane d’incidence verticale, en relation avec l’hypothèse de la ver- vent importante dans les sols peu consolidés, joue dans la réalité un
ticalisation du rai sismique. On se limite à la composante horizon- rôle favorable en diminuant ces effets. Son influence est faible sur le


tale de cette onde car c’est elle qui agit directement sur la mode fondamental et ne concerne que les modes supérieurs.
déstabilisation des constructions en surface.
L’amplification du mouvement surfacique dépend alors des 2.1.7 Effets de site « topographiques »
contrastes d’impédance entre les différentes couches homogènes.
Les observations relatent des effets destructeurs plus impor-
Par exemple, dans le cas simple d’une couche unique au-dessus tants au sommet de collines qu’en pied de celles-ci.
d’un semi-espace rigide élastique, la fonction de transfert T est le rap-
port de l’amplitude des mouvements dans le domaine fréquentiel Les exemples de séismes marquants, en France, sont ceux de
d’un point situé à l’interface des deux couches (point B) et du point Rognes et Vernègues (séisme provençal de 1909) et de Castillon
situé en surface (point A) [5] : (séisme ligure de 1887). Le séisme de 1971 de San Fernando en Cali-
fornie a activé l’intérêt pour ce phénomène en raison des fortes accé-
lérations enregistrées sur une crête proche du barrage de Pacoima
Dans l’hypothèse d’un milieu « moins raide » en surface, ce rapport situé sur le Comté de Los Angeles en Californie ([6] et [7]).
est supérieur à 1 (figure 5).
Les observations qualitatives ont été confirmées par des
L’amplification maximale du mouvement de surface se produit mesures instrumentales, bien que moins nombreuses comparati-
à des fréquences particulières, caractéristiques de la résonance de vement à celles réalisées pour évaluer l’effet de site « litholo-
la couche reposant sur le substratum sismique. Elles sont fonction gique ».
de la célérité des ondes dans la couche 1 et de son épaisseur :

(3) 2.2 Période propre des sols


Cette amplification à la résonance est due au piégeage des
ondes incidentes dans la couche superficielle. La prise en compte
2.2.1 Notations
de l’amortissement dans le milieu diminue la valeur du pic maxi- Trois cas de figure unidimensionnel (1D) peuvent être distin-
mum. gués (figure 6) :
Le premier pic, correspondant à f0 = Vs1 / 4h1, est le moins atté- – le modèle monocouche (figure 6a) ;
nué : il est communément appelé « fréquence fondamentale de – le modèle bicouche (figure 6b) ;
résonance » de la couche d’épaisseur h1.
– le milieu stratifié horizontalement à n couches (figure 6c).
Les couches de sol sont toutes considérées comme homogènes,
élastiques et isotropes.
A ux Dans les paragraphes qui suivent, on considère que la
recherche de la période d’un monocouche ou la période équiva-
ρ1, Vs1 B h1 lente d’un sol multicouche s’obtient à partir des données telles
z que le module de cisaillement Gi ou la vitesse de cisaillement Vsi
ρ2, Vs2 h2 ainsi que l’épaisseur Hi de chaque couche i.
x Cela sous-entend la réalisation d’essais spécifiques de recon-
naissance (investigations par essais en forages, méthodes géo-
Figure 5 – Amplification du signal ux pour la composante SH en sur- physiques en forage ou à base d’ondes de surface) conduisant à
face dans le cas d’un modèle 1D de sol bicouche avec Vs2 > Vs1 un modèle discrétisé verticalement.

ux(z,t) Vs1, ρ1 H1
Vs1, ρ1 H1

Vs, ρ H
Vsi, ρi Hi
z H2
Vs2, ρ2

x Vsn, ρn Hn
Substratum sismique

a modèle monocouche b modèle bicouche b milieu stratifié


horizontalement
à n couches

Figure 6 – Modèles monocouche, bicouche et milieu stratifié horizontalement à n couches

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 253 – 5

UU

UV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

Les géosynthétiques de renforcement

par Laurent BRIANÇON



Maître de conférences SMS-ID – INSA (Lyon, France)
et Philippe DELMAS
Professeur Le Cnam, (Paris, France)

1. Notions de base .......................................................................................... C 305 - 2


1.1 Différentes familles de géosynthétiques................................................... — 2
1.2 Différentes fonctions des géosynthétiques .............................................. — 4
1.3 Différents domaines d’application des géosynthétiques ........................ — 6
2. Géosynthétiques de renforcement ........................................................... — 6
2.1 Différents types ........................................................................................... — 6
2.2 Caractéristiques nominales........................................................................ — 6
2.3 Facteurs d’influence (coefficients de réduction)....................................... — 6
2.4 Caractéristiques admissibles à long terme............................................... — 7
3. Mécanismes de renforcement des sols .................................................... — 10
3.1 Traction ........................................................................................................ — 10
3.2 Frottement ................................................................................................... — 13
3.3 Ancrage........................................................................................................ — 16
3.4 Effet membrane........................................................................................... — 17
4. Ouvrages renforcés..................................................................................... — 17
4.1 Murs et talus raidis renforcés par géosynthétiques................................. — 17
4.2 Dispositifs géosynthétiques sur pentes .................................................... — 20
4.3 Remblais sur sol compressible .................................................................. — 24
4.4 Plateforme sur cavités potentielles ........................................................... — 26
4.5 Plateforme de transfert de charge sur inclusions rigides........................ — 30
5. Instrumentation .......................................................................................... — 32
6. Normalisation et contrôles ........................................................................ — 33
7. Conclusion ................................................................................................... — 34
8. Glossaire ...................................................................................................... — 34
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 305

es géosynthétiques de renforcement des sols sont employés dans les


L ouvrages géotechniques depuis plus de quarante ans. Leur domaine
d’application est très vaste puisqu’ils peuvent être installés :
– sur des talus d’ouvrages hydrauliques ou d’installations de stockage de
déchets ;
– à la base de remblai construit sur :
• sol compressible,
• sur zone à risque de cavité,
• sol amélioré par inclusions rigides ;
– dans des ouvrages en terre pour construire des talus renforcés ou des
ouvrages de soutènements…
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQW

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 305 – 1

UW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT ____________________________________________________________________________________________

L’intérêt de ces produits est qu’ils apportent au sol une résistance en traction
que le sol seul ne possède pas (ou très peu pour les sols cohérents) permettant
ainsi d’augmenter la stabilité d’un ouvrage. Leur emploi permet en général un
gain économique en comparaison à d’autres solutions de construction et
permet d’exploiter de nouvelles zones, actuellement délaissées, car présentant
des risques pour la sécurité des usagers.


De nombreux types de géosynthétiques de renforcement existent sur le
marché ; bien qu’ils soient de constitutions différentes, ils doivent tous présenter
des caractéristiques nominales déterminées par des essais normalisés en labora-
toire. Ces caractéristiques peuvent être ensuite dégradées lors de la mise en
œuvre des produits et pendant la durée de service de l’ouvrage renforcé, et le
dimensionnement des géosynthétiques doit intégrer ces dégradations possibles.
Cet article présente :
– les géosynthétiques de renforcement ;
– les essais en laboratoire permettant de déterminer leurs caractéristiques ;
– les mécanismes d’interaction entre les géosynthétiques et leur
environnement ;
– la prise en compte des facteurs d’influence ;
– les principes de leur mise en œuvre et leur dimensionnement dans des
ouvrages géotechniques.
Pour certains ouvrages, des exemples de prescriptions sont donnés permet-
tant à l’ingénieur de rédiger un cahier de charges.
Le domaine des géosynthétiques est un domaine très normalisé. Ce point est
aussi abordé pour que le lecteur comprenne ce cadre normatif essentiel pour
le développement des techniques.

1. Notions de base – les non tissés thermoliés ;


– les non tissés aiguilletés…

1.1 Différentes familles 1.1.2 Produits apparentés


de géosynthétiques Sont regroupés sous l’appellation de « produits apparentés de
géotextiles », tous les produits perméables qui ne sont pas des
Parmi les géosynthétiques, on distingue en général : géotextiles (figure 2).
– les produits perméables : les géotextiles (§ 1.1.1) et produits
On distingue dans cette famille :
apparentés de géotextiles, (§ 1.1.2) ;
– les produits essentiellement étanches : les géomembranes et – les géogrilles utilisées pour le renforcement des sols ;
les géosynthétiques bentonitiques (§ 1.1.3). – les géomats assurant la fonction anti-érosion ;
– les géoespaceurs (geonets) assurant la fonction de drainage ;
L’association de ces produits forme des géocomposites (§ 1.1.4).
– les géocellules permettant de confiner une couche de sol de
faible épaisseur ;
1.1.1 Géotextiles – les géoconteneurs remplis de sol ou d’un autre matériau.
Les géotextiles sont des produits textiles en polymères (naturels
ou synthétiques), plans, perméables, pouvant être non-tissés, tri- 1.1.3 Géosynthétiques étanches
cotés ou tissés, utilisés en contact avec un sol et/ou d’autres maté-
riaux pour les applications géotechniques et de génie civil. Les géomembranes [C5430] sont des produits adaptés au génie
civil, minces, souples, continus, étanches au liquide même sous
Les principaux polymères utilisés pour la fabrication de géotex-
des déformations de service, principalement en traction. L’étan-
tiles sont :
chéité d’une membrane doit être inférieure à 0,1 l/j/m2 sous une
– le polyéthylène (PE) ; charge hydraulique de 100 kPa (hors joints).
– le polyamide (PA) ;
– le polyester (PET) ; On distingue les géomembranes synthétiques [C5436] et les
– le polypropylène (PP). géomembranes bitumineuses [C5437].
Ces polymères ont des propriétés différentes et le choix d’un ■ Parmi les géomembranes synthétiques (figure 3), il y a :
géotextile peut être motivé dans certains cas par le type du – les plastomères :
polymère.
• polychlorure de vinyle (PVC),
Parmi les géotextiles (figure 1), on distingue :
– les tricotés ; • polyéthylène haute densité (PEHD),
– les tissés ; • polyestercarbonate (PEC) ;

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 305 – 2

UX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

_____________________________________________________________________________________________ LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT

Tricotés

Tissés

Monofilament/monofilament Monofilament/bandelette Monofilament/multifilaments

Non tissés

Thermoliés Aiguilletés

Figure 1 – Différents types de géotextiles

– les élastomères : en sablant une de leur face. Un film anti-racinaire peut être ajouté
sur la face opposée.
• éthylène-propylène-diène monomère (EPDM),
Les géosynthétiques bentonitiques sont des matériaux compo-
• polypropylène (PP).
sites étanches composés d’un ou plusieurs géosynthétiques et
Leur formulation comprend en plus du polymère, des plasti- d’une couche d’argile.
fiants, des stabilisants, des lubrifiants, des pigments qui per- Il existe deux types de géosynthétiques bentonitiques :
mettent d’améliorer les caractéristiques de la géomembrane :
– ceux pour lesquels l’argile est fixée entre deux géotextiles ;
– flexibilité sous basse température ; – ceux pour lesquels l’argile est collée sur une géomembrane.
– résistance aux UV ;
– augmentation du frottement… 1.1.4 Géosynthétiques composites
■ Les géomembranes bitumineuses sont constituées d’un géosyn- Les géosynthétiques composites sont des produits qui asso-
thétique imprégné de bitume. Leur frottement peut être augmenté cient au minimum un géosynthétique (figure 4).

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 305 – 3

UY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT ____________________________________________________________________________________________

Géogrilles


Extrudée Tissées ou tricotées Bandes soudées
(uni-or bi-axiale) (imprégnée ou enduite) (laser ou rayon X)

Géomats Géocellules Géonets

Géoespaceurs Géoconteneurs

Figure 2 – Différents types de produits apparentés de géotextiles

1.2 Différentes fonctions


des géosynthétiques
Les principales fonctions assurées par les géosynthétiques
sont :
– la séparation ;
– la protection ;
– la filtration ;
– le drainage ;
– le renforcement ;
– l’étanchéité ;
– l’anti-érosion.
Chaque géosynthétique assure en général une fonction précise.
Cependant, certains géosynthétiques peuvent assurer plusieurs
Figure 3 – Les géomembranes synthétiques
fonctions simultanément.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 305 – 4

VP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

_____________________________________________________________________________________________ LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT

Figure 4 – Les géocomposites

1.2.1 Séparation Mésopotamie pendant des dizaines de siècles. La mieux conser-


vée est celle d’Our (fin du IIIe millénaire).
Les géotextiles ont été développés à l’origine pour séparer deux
Depuis, il y a eu une quelques évolutions dans les techniques
couches de sols de caractéristiques différentes : couche de forme de renforcement.
avec un matériau d’apport ou deux matériaux d’apport.
Les géosynthétiques utilisés en une ou plusieurs nappes super-
La fonction de séparation est assurée par tout type de géotextile posées, permettent, grâce à leur résistance mécanique élevée
quelle(s) que soi(en)t leur(s) autre(s) fonction(s). dans une ou plusieurs directions, de reprendre les efforts de trac-
Le dimensionnement d’un géotextile de séparation passe par la tion du sol et de limiter les déformations. Ils permettent ainsi le
caractérisation : renforcement des sols à faible portance, jouent le rôle d’arma-
tures dans des ouvrages en terre, préviennent les effondrements
– de sa résistance à la traction ;
ou stabilisent les terrains susceptibles de glissement.
– de son allongement à l’effort maximum ;
– de son ouverture de filtration.
1.2.5 Drainage
1.2.2 Filtration Dans les ouvrages de génie civil, le rôle du drainage est de :
Le rôle du filtre géosynthétique consiste à retenir les éléments – rabattre les nappes ;
du sol tout en laissant passer l’eau. Cette fonction est souvent – contrôler les écoulements intermittents ;
associée à celle de séparation dans le cas, par exemple, de – diminuer et maîtriser les pressions d’eau ;
construction d’ouvrages sur sols mous humides. – accélérer les phénomènes de consolidation ;
– évacuer les eaux de ruissellement.
Mais, on la retrouve principalement dans les systèmes de drai-
nages où le géosynthétique doit permettre le passage de l’eau de L’efficacité et la pérennité des systèmes de drainage sont assu-
la zone à drainer vers le drain, en gravier, sous forme de tube rées par l’association d’un drain et d’un filtre. Le rôle du drain est
drainant, voire de géosynthétique, tout en évitant la contamina- de recueillir et d’évacuer les débits collectés.
tion du drain par des particules fines du sol environnant, ainsi que La fonction drainage est donc toujours associée à celle de filtra-
l’érosion régressive du terrain à l’amont du drain. tion.

1.2.3 Protection 1.2.6 Anti-érosion


Cette fonction est utilisée essentiellement lors de l’utilisation L’érosion pluviale des sols pentus est un problème récurrent
d’une géomembrane. Des essais permettent d’évaluer la protec- lors de la construction d’ouvrages géotechniques faisant appa-
tion de la géomembrane par l’interposition d’un géosynthétique raître des pentes. Une méthode simple pour diminuer cette éro-
de protection et l’endommagement subi pendant la mise en sion est de végétaliser la pente.
œuvre de la couche granulaire. Le problème de l’érosion se pose donc avant que l’enherbement
soit effectif. Pour limiter l’érosion avant que l’enherbement soit
1.2.4 Renforcement effectif, on peut disposer sur les sols pentus des dispositifs géo-
synthétiques.
Le renforcement des sols n’est pas une technique nou-
velle puisque déjà en –2 100, en Mésopotamie, des architectures 1.2.7 Étanchéité
artificielles, les ziggourats, dont la réalisation requérait un énorme
effort en matériau et en main-d’œuvre, étaient renforcées par des La fonction étanchéité est assurée par une géomembrane ou un
tissés de paille. La première ziggourat, construite à Ourouk, servit géosynthétique bentonitique. L’étanchéité est définie comme la
de modèle à toutes les tours à terrasses qui furent élevées en prévention ou la limitation de la migration de fluides.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 305 – 5

VQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT ____________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Fonctions qui peuvent être assurées suivant les applications


(normes EN 13249, EN 13250, EN 13251, EN 13252, EN 13253, EN 13254, EN 13255, EN 13256,
EN 13257, EN 13265, EN 13361, EN 13362, EN 13491, EN 13492, EN 13493)
Fonctions Relaxation
Séparation Protection Filtration Drainage Renforcement des Étanchéité
Applications contraintes

Q Terrassements routiers et
ferroviaires
x x (1) x

Ouvrages de drainage x x x
Berges fluviales x x (1)
x
et maritimes
(1)
Canaux x x x x x
Barrages et réservoirs x x x (1) x x
Soutènements et fondations x x (1)
x
(1) (1)
Tunnels x x
Déchets solides x x x (1) x x
Déchets liquides x x x (1)
x
Chaussées x x x
(1) pour les systèmes de drainage voir l’application « Ouvrages de drainage »

1.3 Différents domaines d’application 2.2 Caractéristiques nominales


des géosynthétiques Les caractéristiques associées à la fonction renforcement sont
définies dans la norme NF EN 13251 (tableau 2).
1.3.1 Principaux domaines d’application On distingue les caractéristiques fonctionnelles :
des géosynthétiques – liées à la mise en œuvre ;
Les géosynthétiques sont utilisés dans de nombreuses applica- – liées au comportement à long terme (durabilité) (figure 5).
tions de géotechnique. Selon les applications, telle ou telle fonction Celles-ci permettent d’appréhender les caractéristiques utiles à
devra être assurée par le dispositif géosynthétique (Tableau 1). la justification du comportement des géosynthétiques pour la
durée de vie de l’ouvrage dans lequel ils sont utilisés et ce, en
fonction des contraintes de service et de l’évolution physico-
chimique des matériaux constitutifs des géosynthétiques.
2. Géosynthétiques La figure 6 montre l’évolution type d’une propriété fonction-
nelle en fonction de l’historique des sollicitations subies par le
de renforcement géosynthétique, depuis l’installation jusqu’à la fin de la durée de
service de l’ouvrage. La bonne conception de l’ouvrage et le choix
adéquat du géosynthétique visent à assurer une valeur de la pro-
priété fonctionnelle supérieure au niveau de service requis pour la
2.1 Différents types durée de service et ce, avec une sécurité suffisante.
Dans le principe, il est possible de renforcer une structure avec Les géosynthétiques sont caractérisés par les valeurs nominales
différents types de géosynthétiques comme montré par Baraize et (valeurs maximales, en général) et les plages de variation relative
son équipe [1] qui ont réalisé, et comparé, des renforcements de (à 95 % en général), obtenues lors des essais en laboratoire réali-
massifs de soutènement chargés en tête et renforcés par des non- sés sur des échantillons vierges sortie usine.
tissés et des géocomposites.
Cependant, dans la pratique, le renforcement par géosynthé- 2.3 Facteurs d’influence (coefficients
tiques est généralement réalisé au moyen de :
de réduction)
– tissés ;
– géogrilles ; Compte tenu de l’importance du comportement en déformation
– géocomposites. du géosynthétique dans le comportement des ouvrages renforcés,
il est important de rappeler les principes généraux d’évolution
Les polymères qui constituent ces géosynthétiques sont, en dans le temps du comportement des géosynthétiques.
général, mais de manière non exclusive : Trois principaux facteurs influencent le comportement dans le
– le polyester (PET) ; temps :
– le polypropylène (PP) ; – le comportement et la résistance vis-à-vis de l’endommage-
– le polyéthylène (PE) ; ment lors de l’installation et le compactage ;
– le comportement au fluage en traction ;
– mais aussi le Poly-Vinyle Allcool (PVA) ; – le vieillissement du géosynthétique dépendant des conditions
– voire l’aramide (AR). d’environnement.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 305 – 6

VR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

_____________________________________________________________________________________________ LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT

teur (Γinstal). L’annexe C de la norme précise les différentes


Tableau 2 – Caractéristiques nominales associées méthodes de détermination de la réduction de résistance.
à la fonction renforcement définies
L’incidence de l’installation et du compactage sur la raideur des
dans la norme NF EN 13251
produits a été étudiée par de nombreux auteurs. En particulier,
Méthodes Müller-Rochholz [2] distingue les endommagements externes qui
Caractéristiques Renforcement correspondent à des coupures des barres de renfort (ou des
d’essai
câblés), des endommagements internes pour lesquels l’intégrité


(1) Résistance à la traction EN ISO 10319 A des éléments de renfort est préservée.
(en kN/m)
C’est le cas par exemple des produits dont les éléments de renfort
(2) Allongement à l’effort EN ISO 10319 A sont protégés par un gainage ou un autre géosynthétique.
maximum (en %)
(3) Raideur à 2 %, 5 % et EN ISO 10319 S La figure 7 [2] montre que si, pour les géosynthétiques subis-
10 % d’allongement sant des endommagements externes, l’installation et le compac-
tage entraînent une réduction de raideur. Pour ceux ne subissant
(4) Résistance à la traction EN ISO 10321 S que des endommagements internes, il n’y a pas de perte de rai-
des joints et coutures b) c) deur.
(en kN/m)
(5) Résistance au EN ISO 12236 A 2.3.2 Comportement au fluage
poinçonnement statique
(CBR test) a) (en N) L’incidence du fluage en traction des géosynthétiques sur la
résistance à la traction a été étudiée depuis longtemps et est inté-
(6) Résistance à la EN ISO 13433 A grée dans les normes de dimensionnement des renforcements par
perforation dynamique géosynthétique (NF G 38064) sous la forme d’un coefficient réduc-
(chute de cône) a) (en mm) teur (Γflu).
(7) Frottement (en °) EN ISO 12957-1 ; S L’incidence du fluage sur la déformation est souvent représen-
tée en utilisant les courbes isochrones (NF EN ISO 13431)
EN ISO 12957-2 (figure 8) [3].
(8) Fluage en traction EN ISO 13431 S
(Γfluage, εfluage) 2.3.3 Résistance au vieillissement chimique
(9) Résistance à EN ISO 10722 S Concernant l’étude du vieillissement des géosynthétiques,
l’endommagement à la mise (voir note) divers auteurs ont essayé d’établir des lois de comportement dans
en œuvre le temps ([4], [5] et [6]).
(Γinstal)
La perte de résistance à la traction dépend du type de dégrada-
(10) Ouverture de filtration EN ISO 12956 –  tion subie et peut être approchée par des modèles spécifiques.
caractéristique (en μm) Cette diminution de résistance est intégrée dans les normes de
dimensionnement des renforcements par géosynthétique
(11) Perméabilité normale au EN ISO 11058 S (NF G 38064) sous la forme d’un coefficient réducteur (Γvieil).
plan (en mm/s)
L’influence sur la raideur a été moins étudiée. On pourra cependant
(12) Durabilité Suivant annexe A retenir les quelques éléments suivants. En ce qui concerne l’hydrolyse
EN 13251 (en pH neutre ou acide), on observe en général pas, ou très peu, de
réduction de raideur. Ce qui n’est pas le cas de l’hydrolyse alcaline où
A : pertinent dans tous les cas d’utilisation une perte de raideur est observée dès le départ.
S : pertinent dans certains cas d’utilisation Concernant les autres types de dégradation comme l’oxydation,
« – » : caractéristique non pertinente pour le cas de la fonction la perte des propriétés mécaniques est différente. On peut obser-
renforcement ver dans certains cas une augmentation sensible de la raideur,
liée à une augmentation du taux de cristallinité.
a Résistance au poinçonnement statique pouvant ne pas être
pertinente pour certains types de produits, par exemple les
géogrilles et les géocomposites de renforcement 2.4 Caractéristiques admissibles à long
b La résistance interne des joints structurels des géocellules doit
terme
être testée suivant EN ISO 13426-1.
c La résistance interne des joints structurels des géocomposites Connaissant les caractéristiques nominales correspondant aux
doit être testée suivant EN ISO 13426-2 fonctions requises dans l’ouvrage, il est donc possible de calculer
les caractéristiques admissibles à long terme des géosynthé-
Note : essai de laboratoire jugé non représentatif de la réalité, il tiques, c’est-à-dire pour la durée de service de l’ouvrage.
n’est pas utilisé et est en cours de révision ; on lui préfère les
essais à l’échelle 1 (§ 3.1.2) En prenant, par exemple, comme caractéristique la résistance à
la traction du géosynthétique, il est possible d’évaluer la valeur
nominale correspondante que l’on appelle aussi la résistance
caractéristique à court terme (Rt;k) en la mesurant suivant la
2.3.1 Résistance à l’endommagement norme NF EN ISO 10319. On peut alors définir la résistance ultime
en traction Rt;d du géosynthétique :
La réduction de résistance des géosynthétiques lors de l’instal-
lation et le compactage a été étudiée depuis longtemps et est inté- (1)
grée dans les normes de dimensionnement des renforcements par
géosynthétique (NF G 38064) sous la forme d’un coefficient réduc- avec Γgéo le coefficient qui intègre

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 305 – 7

VS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cSPU

LES GÉOSYNTHÉTIQUES DE RENFORCEMENT ____________________________________________________________________________________________

Fonction Caractéristique fonctionnelles


Caractéristiques Caractéristiques
liées liées à la mise
à la durabilité en œuvre

Durée de vie

Évolution
Contraintes de services physico-chimique

Figure 5 – Décomposition des propriétés des géosynthétiques en caractéristiques fonctionnelles, liées à la mise en œuvre et liées au
comportement à long terme

Propriété
Vitesse fonctionnelle
fonctionnelle
contraintes
de service
100 % Sécurité sur
le matériau au bout
de la durée de vie

Niveau requis
Sécurité
de service
sur la durée de vie

Temps
– Vieillissement physico-chimique
{ – Évolution macroscopique
at ge

rv ise
io
ul a
n

e
se M
t
ip ock

la

ic
io

al
an St

st

Durée de vie Vraie durée


In

en

requise de vie
m

(D’après ISO / TR 13434 – 1998)

Figure 6 – Évolution type d’une propriété fonctionnelle en fonction de l’historique des sollicitations subies par le géosynthétique

Rt;k les coefficients réducteurs qui permettent de prendre en Γvieil le coefficient de réduction lié à la réduction de la
compte le comportement dans le temps du géosynthétique. résistance en traction due au vieillissement des
produits géosynthétiques dépendant des
(2) conditions d’environnement,
Γinstal le coefficient de réduction correspondant à la
avec γM;t le facteur partiel de la résistance en traction, réduction de la résistance en traction due à
Γflu le coefficient de réduction lié à la réduction de la l’endommagement des renforcements
résistance en traction lors du fluage des géosynthétiques lors de leur installation et du
renforcements géosynthétiques, compactage des remblais.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 305 – 8

VT
Stabilité des sols, fondations
(Réf. Internet 42219)

1– Stabilité des sols R


2– Fondations Réf. Internet page

Fondations supericielles C246 67

Fondations profondes C248 71

Eurocode 8 : fondations supericielles et profondes C250 81

Efets de site sismique pour les ouvrages de surface C260 85

Constructions métalliques. Fondations pour pylônes et mâts C2682 93

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

VU

VV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTV

Fondations superficielles
par Olivier BENOIT
Responsable Métier Géotechnique - Docteur UJF - Ingénieur ISTG
WSP France

1. Définitions propres aux fondations superficielles................... C 246v2 – 2


1.1 Contexte normatif .............................................................................. — 2
1.2 Comprendre une fondation superficielle ........................................... — 2
2. Actions, combinaisons, situations, états limites ..................... — 3
3. Excentrement du chargement des fondations superficielles — 4
4. Capacité portante des fondations superficielles ..................... — 5
4.1 Notions fondamentales du comportement des fondations
superficielles ...................................................................................... — 5
4.2 Principe de la vérification de la capacité portante ............................ — 6
4.3 Méthode pressiométrique .................................................................. — 7
4.3.1 Détermination de la pression limite nette équivalente ple* ... — 7
4.3.2 Détermination de l’encastrement équivalent De ..................... — 8
4.3.3 Détermination du facteur de portance pressiométrique kp .... — 8
4.3.4 Détermination du coefficient de réduction de portance id lié
à l’inclinaison du chargement ................................................. — 8
4.3.5 Détermination du coefficient de réduction de portance ib lié
à la proximité d’un talus ......................................................... — 9
4.4 Méthode pénétrométrique ................................................................. — 9
4.4.1 Détermination de la résistance de pointe équivalente qce ..... — 9
4.4.2 Détermination de l’encastrement équivalent De ..................... — 9
4.4.3 Détermination du facteur de portance pressiométrique kc .... — 10
4.4.4 Détermination des coefficients de réduction id et ib ............... — 10
4.5 Méthode « c-j » ................................................................................. — 10
4.6 Vérification de la portance sous séisme ............................................ — 12
4.6.1 Capacité portance Nmax ............................................................ — 12
4.6.2 Force d’inertie sans dimension ............................................... — 13
5. Glissement des fondations superficielles.................................. — 13
5.1 Résistance au glissement de la base de la fondation Rh,d ................ — 13
5.2 Résistance frontale de la fondation Rp,d ............................................ — 14
5.3 Vérification du glissement sous séisme ............................................ — 14
6. Stabilité générale des fondations superficielles ...................... — 14
7. Tassements des fondations superficielles ................................. — 14
8. Structure des fondations superficielles..................................... — 15
9. Soulèvement hydraulique des fondations superficielles ........ — 16
10. Conditions de site et dispositions constructives ..................... — 16
11. Conclusion........................................................................................ — 16
12. Glossaire ........................................................................................... — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 246v2

es fondations permettent la transmission des efforts de la construction au


L sol par l’ensemble de ses éléments géométriques (base et faces latérales).
Suivant le type de fondations, l’influence de ces éléments est plus ou moins
prépondérante.
Une des caractéristiques des fondations permettant de les classer en famille
est leur encastrement défini comme la profondeur entre la base de la fondation
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQW

et la surface du sol.

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 246v2 – 1

VW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTV

FONDATIONS SUPERFICIELLES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les fondations superficielles se caractérisent par un encastrement faible par


rapport à ses dimensions, ce qui induit des modes de transmission des efforts
au sol favorisant la base plutôt que les éléments latéraux.
Les vérifications à réaliser dans le cadre d’un dimensionnement de fondations
superficielles sont de plusieurs natures et découlent de l’analyse des différentes
interactions entre le sol et l’ouvrage.
La vérification de la portance du sol est la plus intuitive. Elle permet de s’assu-
rer que le sol est capable de supporter les charges de l’ouvrage. Cependant le
torseur d’effort induit par la structure ou les éléments extérieurs n’est pas obli-
gatoirement vertical. La vérification au glissement entre la base de la fondation
et le sol peut donc être essentielle dans certains cas.

R Ces efforts induisent des déformations du sol qu’il faut également appréhen-
der. Là aussi, les déformations les plus intuitives (et les plus communes) sont
les tassements, c’est-à-dire les déformations verticales du sol sous-jacent.
Il faut également s’assurer que les matériaux composant les fondations aient
la résistance nécessaire aux efforts qu’elles reprennent.
Enfin, il faut vérifier que les fondations soient stables dans leur environne-
ment général, cas particulièrement important lorsque la construction se situe
dans des zones sensibles du type terrain en pente, bord de talus,…
Bien que l’ensemble de ces vérifications doivent être effectuées pour chaque fon-
dation, leur importance doit être appréhendée et hiérarchisée par l’ingénieur géo-
technicien qui décidera ensuite de ce qui relève du dimensionnement par le calcul.
Cet article a pour objectif de donner les clés pour réaliser ces vérifications en fai-
sant un point sur les approches utilisées et les façons de les intégrer dans le cadre
de la normalisation que sont les Eurocodes 7 et 8 et leurs normes d’application.

soient bâtiments ou ouvrages de Génie Civil. Ces ouvrages corres-


1. Définitions propres pondent à des ouvrages classiques représentant la majorité des
sujets d’études. Pour des ouvrages plus complexes présentant des
aux fondations risques exceptionnels ou fondés dans des sols très difficiles, les
superficielles principes de l’Eurocode 7 peuvent être également appliqués, mais
complétés par des vérifications supplémentaires en adéquation
avec la complexité de l’ouvrage, du terrain et de son
environnement.
1.1 Contexte normatif
Au sein du corpus normatif des Eurocodes, plusieurs normes 1.2 Comprendre une fondation
font référence aux fondations superficielles et à leur superficielle
dimensionnement.
Une fondation peut se définir selon plusieurs caractéristiques
L’Eurocode 7 (NF EN 1997-1) traite des calculs des ouvrages géo-
géométriques (figure 1). Bien entendu, par sa largeur B et sa lon-
techniques. Dans ce cadre, la norme d’application traitant des pro-
gueur L, mais aussi par son encastrement D qui est la profondeur
blématiques de fondations superficielles est la NF P 94-261. Il faut
entre la base de la fondation et la surface du sol.
également noter la norme NF P 94-281 traitant des murs de soutè-
nement poids et dont une partie est consacrée aux fondations En géotechnique, la notion d’encastrement a été améliorée par
superficielles dans ce cas plus spécifique. l’introduction de l’encastrement équivalent De prenant en compte
la qualité mécanique du sol le long de la profondeur d’encastre-
L’Eurocode 8 traite du calcul des structures pour leur résistance
ment D. Cet encastrement équivalent De est utilisé dans l’Euro-
aux séismes et particulièrement sa partie 5 (NF EN 1998-5) qui,
code 7 pour définir les types de fondations tels que :
entre autres, aborde les fondations superficielles sous sollicitations
sismiques. – De/B < 1,5 Æ fondations superficielles ;
– 1,5 < De/B < 5 Æ fondations semi-profondes ;
Ces documents ont remplacé les documents plus anciens – De/B > 5 Æ fondations profondes.
qu’étaient le DTU13.12 pour les fondations superficielles des
bâtiments et le Fascicule 62 titre 5 du CCTG pour les fondations & Deux types de fondations : rigide ou souple
des ouvrages de Génie Civil, ainsi que les règles parasismiques Une fondation superficielle peut être rigide ou souple. Cette dis-
PS92 pour les applications sous sollicitations sismiques. tinction, importante dans la détermination des tassements, est
Les justifications développées dans les Eurocodes s’appliquent basée principalement sur le rapport entre l’épaisseur de la fonda-
pour des ouvrages de catégorie géotechnique 2 (tableau 1) qu’ils tion h et sa largeur B (figure 1).

C 246v2 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

VX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTV

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– FONDATIONS SUPERFICIELLES

Tableau 1 – Catégories géotechniques d’après l’annexe N


de la norme NF P 94-261

Classes de Catégories
Conditions Bases de
conséquen- géotechni-
de sites justifications
ces (1) ques

Expérience et
Simples et Sol
1 reconnaissance
connues
CC1 qualitative admises

Complexes Reconnaissance


2 géotechnique et D
Simples calculs nécessaires h
L
CC2
Complexes
Reconnaissance B
3 géotechnique et
Simples ou calculs approfondis
CC3
complexes Figure 1 – Fondation superficielle type
(1) Les classes de conséquences par rapport à la ruine ou l’endommage-
ment de l’ouvrage sont établies vis-à-vis des personnes, des ouvrages justification fait l’objet de méthodes et de textes différents
et des constructions avoisinantes, ainsi que de la protection de l’envi- (DTU13.3 norme NF P 11-213) qui ne sont pas l’objet de cet article.
ronnement

 Si h << B, la fondation est considérée comme une fondation


souple. Dans ce cas, la répartition des contraintes appliquées au 2. Actions, combinaisons,
sol est peu influencée par la fondation.
situations, états limites
 Si h est important par rapport à B (cette importance est bien
entendu relative et fonction du type de matériau constitutif), la fonda-
tion est considérée comme une fondation rigide. Dans ce cas, la Les méthodes de justification des fondations superficielles
répartition des contraintes appliquée au sol peut être considérée basées sur l’Eurocode 7 et ses normes d’application sont des
comme relativement linéaire (uniforme, trapézoı̈dale ou triangulaire). méthodes semi-probabilistes avec une sécurité obtenue au travers
Il est toutefois à noter qu’il n’est pas possible de donner une de coefficients partiels.
limite chiffrée à la rigidité d’une fondation qui dépend de sa taille,
Cette méthode est basée sur l’identification d’états limites caracté-
du sol support, de son exécution…
risés par une combinaison spécifique d’actions dans une situation par-
& Semelles et radiers ticulière. Ces actions spécifiques sont de plusieurs natures (tableau 2).
Trois types de fondations superficielles se distinguent : Les états limites sont représentés par des combinaisons de
– les semelles filantes sont des fondations rigides dont le rapport valeurs caractéristiques de ces actions pondérées par des coeffi-
entre la longueur L et la largeur B est très grand (L >> B, générale- cients y prenant en compte l’occurrence d’apparition de chacune
ment L > 10 B) ; d’elle. Chaque combinaison prend en compte la probabilité d’occur-
– les semelles isolées sont des fondations rigides dont le rapport rence et la concomitance des actions variables suivant les situations.
entre la longueur L et la largeur B est faible. Parmi ces semelles iso- Les situations possibles en cours de construction ou d’exploita-
lées, toutes les géométries de base sont possibles, les plus couran- tion sont multiples :
tes étant les semelles rectangulaires, les semelles carrées (B = L) et – les situations durables ;
les semelles circulaires (diamètre B) ; – les situations transitoires ;
– les radiers sont des fondations souples dont les dimensions L – les situations accidentelles ;
et B sont très grandes. – les situations sismiques.
& Les États limites ultimes (ELU) sont les états limites associés à la
La notion de fondation souple pour un radier peut être toute ruine, l’instabilité ou toute forme de rupture de l’ouvrage qui peu-
relative. Un exemple parfait de radier souple est un radier sous vent mettre en danger la sécurité des personnes. Les combinaisons
un réservoir de grande dimension (type cuve pétrolière). associées aux ELU sont :
Dans certains cas, il est recherché de rigidifier le radier afin, – les combinaisons fondamentales en situations durables et
notamment, de répartir des charges ponctuelles descendues transitoires ;
par la structure en un chargement plus uniforme sur le sol. – les combinaisons accidentelles ;
Cette rigidité est obtenue généralement en renforçant le ferrail- – les combinaisons sismiques.
lage et en augmentant l’épaisseur de béton qui peut alors attein-
dre plusieurs mètres. Ce type de fondation est très utile lorsque & Les États limites de service (ELS) sont les états au-delà desquels
le sol d’assise de l’ouvrage présente des hétérogénéités impor- des critères de service précis de l’ouvrage ne sont plus satisfaits.
tantes afin de limiter les tassements différentiels. Dans ces Les combinaisons associées aux ELS sont :
conditions, les radiers « rigides » peuvent s’apparenter à des – les combinaisons caractéristiques(combinaisons subies par
semelles isolées de grande dimension. l’ouvrage au moins une fois dans sadurée de vie) ;
– les combinaisons fréquentes (combinaisons subies par
Il est important de distinguer les radiers des dallages. Ces der- l’ouvrage avec une fréquence non négligeable) ;
niers ne supportent pas – ou très peu – de charges permanentes – les combinaisons quasi-permanentes (combinaisons subies par
et sont destinés à reprendre des charges variables. Leur l’ouvrage pendant la grande majorité de sa durée de vie).

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 246v2 – 3

VY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTV

FONDATIONS SUPERFICIELLES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Certaines de ces vérifications (situation accidentelle, soulève-


Tableau 2 – Catégories géotechniques d’après l’annexe N ment…) ne sont à produire que selon les cas (type de projet, envi-
de la norme NF P 94-261 ronnement, situation géographique…).
Toutes les vérifications doivent être réalisées, mais toutes ne
Types d’actions Descriptions Exemples nécessitent pas de savants dimensionnements.

Poids propre du sol, des Par exemple, la vérification de la stabilité générale d’une fondation
structures, des équipements superficielle chargée verticalement ancrée dans un terrain plat de
bonne qualité ne nécessite pas de calculs particuliers, mais il
Poussée/butée du sol conviendra dans une note de dimensionnement d’écrire qu’il n’y a
Action à ca- pas de risque d’instabilité.
ractère per- Ceci permet à chacun de s’assurer que la vérification a été faite et
Tassement ou fluage du sol
Actions manent (lon- surtout à l’ingénieur de penser à le faire lorsque les conditions ne
sous l’effet d’un charge-
permanentes G gue durée sont plus aussi favorables (par exemple une fondation avec un char-


ment, d’un abaissement de
d’applica- gement important sur un terrain très médiocre en pente).
la nappe ou de phénomènes
tion)
de retrait-gonflement
Il est à ce stade particulièrement important de remarquer l’inter-
Action de l’eau assimilée à action entre le bureau d’études géotechniques, qui doit réaliser les
un effet de pression statique vérifications, et le bureau d’études de structure qui doit fournir tout
ou partie des valeurs d’actions suivant les situations et les états
Action climatique limites.
(vent, neige, température)

Charge d’exploitation

Actions variables Q
Action à ca-
ractère non Mouvements de fluides
3. Excentrement
permanent (vagues, vidange…) du chargement
Actions hydrodynamiques des fondations
Vibrations superficielles
Chocs, explosions
Les vérifications des fondations superficielles sont réalisées au
Actions dynamiques de niveau de la base des fondations (figure 2) par rapport au torseur
l’eau (marées exceptionnel- des efforts (effort vertical Vd, efforts horizontaux Hd,x et Hd,y,
Action de
les, embâcles…) moments Md,x et Md,y). Lorsqu’un moment est présent dans le tor-
Actions accidentelles phénomènes
A exception- seur appliqué, la charge résultante n’est plus centrée et il apparaı̂t
Actions gravitaires (chute de un excentrement défini comme :
nels
pierre, glissement de
terrain…) Md, y Md, x
eB = et e L = (1)
Vd Vd
Séismes (1)
avec eB excentrement dans le plan transversal (conte-
(1) Les séismes provoquant des actions particulières sont traités à part des
actions accidentelles « classiques » dans les Eurocodes (combinaison
nant B),
accidentelle π combinaison du séisme). eL excentrement dans le plan longitudinal (conte-
nant L),
Les formulations des combinaisons, les valeurs des coefficients y Vd valeur de calcul de la composante verticale du
sont données dans les différents Eurocodes, notamment les Euroco- torseur des efforts,
des 0, 1 et 7.
Hd,x valeur de calcul de la composante horizontale
L’ensemble des vérifications aux ELU pour les fondations superfi- suivant l’axe x du torseur des efforts,
cielles sont réalisées selon l’approche 2 (préconisation de l’annexe
Hd,y valeur de calcul de la composante horizontale
national de l’eurocode 7) c’est-à-dire la pondération des actions suivant l’axe y du torseur des efforts,
(combinaisons évoquées précédemment) et celles des résistances
(pondérations données dans les paragraphes suivants). Les carac- Md,x valeur de calcul du moment par rapport à
téristiques de sol ne sont pas pondérées. l’axe x du torseur des efforts (perpendiculaire
à la longueur L),
Il est à noter que seule la vérification de la stabilité générale du Md,y valeur de calcul du moment par rapport à
site (cf. § 6) est généralement réalisée en approche 3 (pondéra- l’axe y du torseur des efforts (perpendiculaire
tions des caractéristiques de sol, limitation des pondérations à la largeur B).
des actions et des résistances).
Ces excentrements eB et eL dépendant directement des combinai-
sons d’actions et des états limites définis précédemment, ils doi-
Concernant les fondations superficielles, les types d’états limites vent être déterminés pour chaque cas.
à considérer pour les vérifications sont repris dans le tableau 3. Les inégalités du tableau 4 doivent ensuite être vérifiées.
La vérification de la capacité portante du sol porte aux ELU sur Aux ELU, si l’excentrement dépasse 30 % de la largeur B (ou dia-
l’absence de poinçonnement et aux ELS sur la limitation de la mètre), des précautions spéciales doivent être prises sur la raideur
charge transmise au terrain. du sol support, la vérification détaillée des valeurs de calcul des

C 246v2 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

WP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

Fondations profondes
par Roger FRANK
Ingénieur Civil des Ponts et Chaussées
Docteur-Ingénieur, Docteur ès Sciences Physiques
Directeur du Centre d’Enseignement et de Recherche en Mécanique des Sols (CERMES)
Professeur adjoint de Mécanique des Sols à l’École Nationale des Ponts et Chaussées
Ce chapitre est une refonte de la précédente édition rédigée par François Bourges
et Roger Frank.

1. Classification des pieux ......................................................................... C 248 - 2



1.1 Pieux refoulant le sol à la mise en place ................................................... — 2
1.2 Pieux ne refoulant pas le sol à la mise en place ....................................... — 4
1.3 Pieux particuliers ......................................................................................... — 5
2. Actions sur les pieux. Introduction à la théorie des états-limites — 6
2.1 Définitions des actions ................................................................................ — 6
2.2 Combinaisons et sollicitations de calcul.................................................... — 8
3. Pieu isolé sous charge axiale ............................................................... — 9
3.1 Définitions. Introduction ............................................................................. — 9
3.2 Prévision de la charge limite Q  et de la charge de fluage Qc à partir
d’un essai de chargement statique ............................................................ — 11
3.3 Prévision de la charge limite Q  par la méthode pressiométrique ......... — 12
3.4 Prévision de la charge limite Q  à partir des résultats
du pénétromètre statique ........................................................................... — 16
3.5 Prévision de la charge limite Q  à partir de méthodes dynamiques....... — 17
3.6 Évaluation du frottement négatif maximal................................................ — 19
3.7 Tassement d’un pieu isolé .......................................................................... — 21
4. Pieu isolé sous charges latérales ........................................................ — 22
4.1 Comportement du sol. Définitions ............................................................. — 22
4.2 Équation d’équilibre .................................................................................... — 23
4.3 Méthode générale de résolution ................................................................ — 24
4.4 Prévision du déplacement libre du sol g (z ).............................................. — 25
4.5 Choix de la courbe de réaction P /∆y.......................................................... — 27
4.6 Conditions aux limites................................................................................. — 30
4.7 Essai statique de pieu isolé sous effort transversal.................................. — 31
4.8 Formulaire pour pieux souples et pour pieux rigides, dans le cas d’un
sol homogène et linéaire ............................................................................ — 31
5. Comportement des groupes de pieux ................................................ — 34
5.1 Modifications du comportement d’un pieu par effet de groupe ............. — 34
5.2 Calcul général des efforts et des déplacements d’un groupe de pieux .. — 39
5.3 Répartition des efforts sur les pieux d’un groupe. Cas simplifiés........... — 40
6. Justifications d’une fondation sur pieux .......................................... — 41
6.1 États-limites à considérer............................................................................ — 41
6.2 États-limites de mobilisation du sol........................................................... — 41
6.3 États-limites concernant les matériaux constitutifs des pieux ................ — 42
6.4 État-limite de déplacement ......................................................................... — 44
7. Dispositions constructives et marche à suivre ............................... — 44
7.1 Types de pieux ............................................................................................. — 44
7.2 Dimensions. Inclinaison .............................................................................. — 44
7.3 Disposition en plan des pieux d’un groupe............................................... — 45
7.4 Recommandation particulière pour les pieux exécutés en place
et les barrettes ............................................................................................. — 45
7.5 Contrôle des pieux exécutés en place et des barrettes ............................ — 45
7.6 Marche à suivre pour une étude de fondations profondes...................... — 45
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 248
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@QYYU

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 248 − 1

WQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

FONDATIONS PROFONDES _______________________________________________________________________________________________________________

L es fondations profondes sont celles qui permettent de reporter les charges


dues à l’ouvrage qu’elles supportent sur des couches situées depuis la sur-
face jusqu’à une profondeur variant de quelques mètres à plusieurs dizaines de
mètres, lorsque le sol en surface n’a pas une résistance suffisante pour
supporter ces charges par l’intermédiaire de fondations superficielles (semelles
ou radiers : cf. chapitre spécialisé dans ce traité [C 2 314] [C 2 319]).
Pour le calcul, les deux types de fondations (profondes et superficielles) se
différencient essentiellement par la prise en compte d’un frottement sur les parois
latérales de la fondation.
Pour les fondations profondes, le mode de travail et l’interaction avec le sol
environnant conduisent à introduire la notion de profondeur critique (§ 3.1.3.4),
R mais qu’on peut définir, en première approximation, comme le niveau
au-dessous duquel, en sol homogène, la résistance sous la base n’augmente
plus. Les fondations profondes, stricto sensu, ont leur base située au-dessous
de cette profondeur critique : ce sont les pieux, les puits et les barrettes.
Les barrettes sont des parois moulées porteuses, qui bien que de forme diffé-
rente et faisant appel à une technique d’exécution particulière, ont en général
un comportement comparable à celui d’un pieu moulé en place sans
tubage (§ 1.2).
Entre les deux extrêmes, fondations superficielles et fondations profondes, on
trouve les fondations semi-profondes, dont la base se situe au-dessus de la
profondeur critique, mais pour lesquelles le frottement latéral ne peut être
négligé : il s’agit des pieux ou parois de faible longueur et de tous les types de
caissons. Il n’y a pas de méthode de calcul propre à cette catégorie de fondations
qui ne constituent que des cas particuliers ; il faudra adapter, suivant les cas,
les méthodes retenues pour les fondations superficielles ou pour les fondations
profondes.
Dans le cadre de ce chapitre, on restera dans le domaine classique des pieux,
que leur longueur soit ou non supérieure à la profondeur critique (les barrettes
pouvant s’y rattacher de façon relativement simple).
On ne développera pas les fondations sur caissons, dont les problèmes
spécifiques résident essentiellement dans les techniques de mise en œuvre.

1. Classification des pieux 1.1 Pieux refoulant le sol à la mise en place


Les principaux types de pieux actuels entrant dans ce groupe
Traditionnellement, on classe les pieux : sont les suivants.
— soit suivant la nature du matériau constitutif : bois, métal, ■ Pieu battu préfabriqué
béton ;
Ces pieux, préfabriqués en béton armé ou précontraint, sont fichés
— soit suivant le mode d’introduction dans le sol :
dans le sol par battage ou vibrofonçage.
• pieux battus, façonnés à l’avance et mis en place, le plus sou-
vent, par battage, ■ Pieu en métal battu
• pieux forés, exécutés en place par bétonnage dans un forage, Ces pieux, entièrement métalliques, constitués d’acier E 24-2 ou
à l’abri ou non d’un tube métallique. similaire avec addition éventuelle de cuivre (0,2 à 0,5 %), sont fichés
Pour l’évaluation de la force portante, notamment, il est plus dans le sol par battage. Leurs sections sont (figure 1) :
important de considérer le type de sollicitation imposée au sol par — en forme de H ;
la mise en place du pieu. C’est ainsi que l’on distingue : — en forme d’anneau (tube) ;
— les pieux dont la mise en place provoque un refoulement du — de formes quelconques, obtenues par soudage de palplanches
sol ; par exemple (palpieux).
— les pieux dont l’exécution se fait après extraction du sol du Ils ne sont classés dans ce groupe que si leur base est obturée.
forage et qui, de ce fait, ne provoquent pas de refoulement du sol ; Sinon, ils font partie des pieux particuliers (§ 1.3).
— certains pieux particuliers dont le comportement est intermé-
diaire. ■ Pieu en béton foncé
On se reportera aux références bibliographiques [6] [12]. Ces pieux sont constitués d’éléments cylindriques en béton armé,
préfabriqués ou coffrés à l’avancement, de 0,50 à 2,50 m de
longueur et de 30 à 60 cm de diamètre. Les éléments sont foncés
dans le sol à l’aide d’un vérin qui prend appui sous un massif de
réaction.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 248 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

WR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

______________________________________________________________________________________________________________ FONDATIONS PROFONDES

■ Pieu en métal foncé bage en remplissant le vide annulaire laissé par le débord de
Ces pieux, entièrement métalliques, sont constitués d’acier E 24-2 celui-ci.
ou similaire avec addition éventuelle de cuivre (0,2 à 0,5 %). Ils sont ■ Pieu tubulaire précontraint
foncés dans le sol à l’aide d’un vérin qui prend appui sous un massif Ce pieu est constitué d’éléments tubulaires en béton légèrement
de réaction.
armé, assemblés par précontrainte, antérieurement au battage. Les
■ Pieu battu pilonné éléments ont généralement 1,5 à 3 m de longueur et 0,70 à 0,90 m
de diamètre intérieur. Leur épaisseur est voisine de 0,15 m. Des
Un tube, muni à sa base d’un bouchon de béton ferme, est
passages longitudinaux de 2 à 4 cm de diamètre sont ménagés
enfoncé par battage sur le bouchon. En phase finale, le béton ferme
pour permettre l’enfilage des câbles de précontrainte. La mise en
est introduit dans le tube par petites quantités, successivement
pilonnées à l’aide du mouton de battage au fur et à mesure de œuvre est normalement faite par battage avec base ouverte. Le
lançage et le havage (benne, émulseur) peuvent être utilisés pour
l’extraction du tube. Suivant les cas, les pieux peuvent être armés.
la traversée des terrains supérieurs. Ils sont interdits sur la hauteur


■ Pieu battu moulé (figure 2) de la fiche.
Un tube, muni à sa base d’une pointe métallique ou en béton
armé, ou d’une plaque métallique raidie ou d’un bouchon de béton,
est enfoncé par battage sur un casque placé en tête du tube ou par
battage sur le bouchon de béton. Le tube est ensuite rempli tota-
lement de béton d’ouvrabilité moyenne, avant son extraction. Le cas
échéant, ces pieux peuvent être armés.
■ Pieu battu enrobé
Ce pieu à âme métallique (acier E 24-2 ou similaire) est constitué :
— de tubes d’acier de 150 à 500 mm de diamètre extérieur ;
— de profilés H ;
— de caissons formés de profils ou de palplanches à 2, 3 ou
4 éléments.
La pointe du pieu comporte un sabot débordant qui assure un
enrobage du métal du fût du pieu de 4 cm au minimum. Au fur et
à mesure du battage, un mortier est envoyé par un ou plusieurs
tubes débouchant au voisinage du sabot afin de constituer l’enro-
Figure 1 – Profilés métalliques battus

Figure 2 – Pieu battu moulé (d’après doc. Études et Travaux de Fondation)

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 248 − 3

WS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

FONDATIONS PROFONDES _______________________________________________________________________________________________________________

Figure 3 – Pieu foré à la boue (d’après doc. Solétanche)

■ Pieu vissé moulé


Ce procédé, qui ne s’applique pas aux sols sableux sans cohé-
sion situés sous la nappe en raison des éboulements importants
qu’il risquerait de provoquer, consiste à faire pénétrer dans le sol,
par rotation et fonçage, un outil en forme de double vis surmonté
d’une colonne cannelée. Cet outil est percé dans l’axe de la
colonne cannelée et muni d’un bouchon. Au sommet de la colonne
est disposé un récipient rempli de béton. L’extraction de l’outil est
obtenue en tournant dans le sens inverse de celui de la pénétra-
tion. Le béton prend en continu, sous l’effet de la gravité, la place
laissée par l’outil. Figure 4 – Différents types de barrettes

■ Pieu foré tubé


1.2 Pieux ne refoulant pas le sol
Mis en œuvre à partir d’un forage exécuté dans le sol par des
à la mise en place moyens mécaniques tels que tarière, benne, etc., sous protection
d’un tubage dont la base est toujours située au-dessous du fond de
forage. Le tubage peut être enfoncé jusqu’à la profondeur finale
■ Pieu foré simple (et barrette exécutée dans les mêmes conditions)
par vibration, ou foncé avec louvoiement au fur et à mesure de
Mis en œuvre à partir d’un forage exécuté dans le sol par des l’avancement du forage. Le forage est rempli partiellement ou
moyens mécaniques tels que tarière, benne, etc. Ce procédé, qui totalement d’un béton de grande ouvrabilité, puis le tubage est
n’utilise pas le soutènement de parois, ne s’applique que dans les extrait sans que le pied du tubage puisse se trouver à moins de
sols suffisamment cohérents et situés au-dessus des nappes 1 m sous le niveau du béton, sauf au niveau de la cote d’arase
phréatiques. (figure 5).
■ Pieu foré à la boue et barrette ■ Puits
Mis en œuvre à partir d’un forage exécuté dans le sol par des Fondations creusées à la main. Les moyens de forage employés
moyens mécaniques tels que tarière, benne, etc., sous protection exigent la présence d’hommes au fond du forage. Les parois du
d’une boue de forage. Le forage est rempli de béton de grande forage sont soutenues par un blindage.
ouvrabilité sous la boue, en utilisant une colonne de bétonnage
(figure 3). ■ Pieu tarière creuse
Les formes de section des différents types de barrettes exécutées MIs en œuvre avec une tarière à axe creux, d’une longueur totale
dans ces conditions sont données à la figure 4. au moins égale à la profondeur des pieux à exécuter, vissée dans
le sol sans extraction notable de terrain. La tarière est extraite du
sol sans tourner pendant que, simultanément, du béton est injecté
dans l’axe creux de la tarière, prenant la place du sol extrait.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 248 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

WT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

______________________________________________________________________________________________________________ FONDATIONS PROFONDES

Figure 5 – Pieu foré tubé (d’après doc. Études et Travaux de Fondation)

On distingue trois types de matériel : Lorsque la nature du sol le permet, le forage peut être remplacé
— type 1 : la tarière creuse continue sans enregistrement spéci- par le lançage, le battage ou le fonçage ;
fique des paramètres de forage et de bétonnage ; — type IV : c’est un pieu foré de diamètre inférieur à 250 mm. Le
— type 2 : la tarière creuse continue avec enregistrement spéci- forage est équipé d’armatures et d’un système d’injection qui est
fique des paramètres de forage et de bétonnage (profondeur, pres- un tube à manchettes mis en place dans un coulis de gaine. Si
sion du béton, quantité de béton) ; l’armature est un tube métallique, ce tube peut être équipé de man-
— type 3 : la tarière de type 2 équipée d’un tube de bétonnage chettes et tenir lieu de système d’injection. On procède à l’injection
télescopique rétracté pendant la perforation et plongeant dans le à l’obturateur simple ou double d’un coulis ou mortier de scelle-
béton pendant l’opération de bétonnage (exemple : pieu Starsol, ment à une pression d’injection supérieure ou égale à 1 MPa.
figure 6). L’injection est répétitive et sélective.
■ Micropieux Lorsque la nature du sol le permet, le forage peut être remplacé
La technique et l’utilisation de micropieux prennent de plus en par le lançage, le battage ou le fonçage.
plus d’importance dans la géotechnique contemporaine, pour les ■ Pieu injecté, sous haute pression, de gros diamètre
problèmes les plus variés. On distingue, dorénavant, quatre types
de micropieux : Ce type de pieu, par opposition aux micropieux de type III et IV,
regroupe les pieux de forts diamètres, supérieurs à 250 mm. Le
— type I : c’est un pieu foré tubé, de diamètre inférieur à forage est équipé d’armatures et d’un système d’injection constitué
250 mm. Le forage est équipé ou non d’armatures et rempli d’un
par un ou plusieurs tubes à manchettes. Lorsque l’armature est un
mortier de ciment au moyen d’un tube plongeur. Le tubage est
tube métallique, ce tube peut faire office de tube à manchettes. Dans
récupéré en l’obturant en tête et en le mettant sous pression
certains cas, le tube métallique peut être équipé d’une succession
au-dessus du mortier. de clapets spéciaux indépendants ou de rampes spéciales qui per-
Ces micropieux ne sont pas utilisés pour les ouvrages de génie mettent l’injection. L’armature peut être également constituée par
civil ; des profilés (H ou caissons de palplanches). Le scellement au terrain
— type II : c’est un pieu foré, de diamètre inférieur à 250 mm. Le est effectué par injection sélective sous haute pression d’un coulis
forage est équipé d’une armature et rempli d’un coulis ou de mor- ou d’un mortier à partir d’un obturateur simple ou double.
tier de scellement par gravité ou sous une très faible pression au
moyen d’un tube plongeur.
Lorsque la nature du sol le permet, le forage peut être remplacé 1.3 Pieux particuliers
par le lançage, le battage ou le fonçage ;
— type III : c’est un pieu foré, de diamètre inférieur à 250 mm. Il s’agit des pieux métalliques (H, tubes, palpieux) étudiés au para-
Le forage est équipé d’armatures et d’un système d’injection qui graphe 1.1 (figure 1), mais qui sont battus sans obturation de la
est un tube à manchettes mis en place dans un coulis de gaine. Si base. Leur section réelle en pointe est faible par rapport à l’encom-
l’armature est un tube métallique, ce tube peut être équipé de brement extérieur du pieu. Pour le calcul de la force portante, ils
manchettes et tenir lieu de système d’injection. feront l’objet de recommandations particulières.
L’injection est faite en tête à une pression supérieure ou égale à
1 MPa. Elle est globale et unitaire.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 248 − 5

WU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

FONDATIONS PROFONDES _______________________________________________________________________________________________________________

Figure 6 – Pieu Starsol de Solétanche

2. Actions sur les pieux. 2.1.2 Actions dues à l’eau Fw

Introduction à la théorie Ce sont, essentiellement, dans le cas des fondations sur pieux :
des états-limites — la poussée d’Archimède ;
— l’effet hydrodynamique des courants sur les appuis en rivière
et en mer.

2.1 Définitions des actions 2.1.3 Poussées latérales G sp

Le lecteur pourra se reporter à la référence [6] de la bibliographie. Le phénomène est illustré par l’exemple de la figure 7 qui cor-
respond au cas d’une culée d’ouvrage d’art fondée sur pieux et rem-
On se contentera de donner ici quelques principes généraux sans
blayée. Ces poussées latérales se produisent, d’une façon générale,
entrer dans le détail des calculs aux états-limites. Les différents
lorsque le pieu traverse une couche de sol mou compressible et que
types de sollicitations et leurs valeurs à prendre en compte dans les
cette couche est chargée de façon dissymétrique (par un remblai en
calculs sont définis dans des textes officiels et varient suivant le type l’occurrence). Sur l’exemple présenté, le sol mou a tendance à se
d’ouvrage considéré. déplacer vers l’aval, et cela d’autant plus que le coefficient de sécu-
Pour les ouvrages de génie civil, on distingue communément les rité vis-à-vis d’un grand glissement (suivant la courbe (C ), par
actions suivantes. exemple) est plus faible. Ces déplacements entraînent des efforts
sur les pieux, qui peuvent être importants.
La méthode de calcul proposée au paragraphe 4.2 prend en
2.1.1 Actions permanentes G compte la rigidité relative sol-pieu, ainsi que le déplacement g (z )
que subirait le sol mou sous charge dissymétrique en l’absence de
Ce sont des actions permanentes de toute nature (autres que Gsp , pieu.
Gsf et F w définies ci-après). Citons, par exemple :
Pour l’application de la théorie des états-limites de service et
— le poids propre de la fondation proprement dite ; ultime (ELS et ELU), il faut noter que c’est g (z ) qui est considéré
— le poids propre de l’appui (pile, culée, semelle de liaison, etc.) ; comme action. Ainsi, les coefficients de pondération appliqués à
— la fraction du poids propre de l’ouvrage considéré et de ses G sp (§ 2.2) sont à appliquer, lors des calculs, à la fonction g (z ).
équipements reprise par la fondation ; Cela est dû au fait que le phénomène des poussées latérales pré-
— les efforts dus au retrait, fluage, etc. ; sente un caractère non linéaire (voir son étude par la notion de
— les efforts dus au poids et aux poussées du sol. courbe de réaction, § 4).
Notons qu’à l’état-limite ultime, sous combinaisons fondamen-
tales (§ 2.2.1.1), il y a lieu, pour chaque problème étudié, de séparer :
— les actions G défavorables notées G max ;
— les actions G favorables notées G min .

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 248 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

WV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

______________________________________________________________________________________________________________ FONDATIONS PROFONDES


Figure 7 – Poussées latérales sur les pieux d’une culée remblayée

Figure 9 – Cumul du frottement négatif et des actions variables [6]

Dans la pratique, les actions variables de courte durée ne sont


prises en compte que si elles sont supérieures à la charge de frot-
tement négatif. Sinon, c’est cette dernière qui est retenue (§ 2.2).
Cela se traduit par la condition suivante (valable dans le cas où
l’effort normal est défavorable), illustrée par la figure 9 :
F d = Max (Fnd ; FQd ) + FGd
avec Fd effort normal de calcul, supposé constant le long du
Figure 8 – Frottement négatif sur les pieux d’une culée remblayée fût,
Fnd frottement négatif de calcul,
FGd effort normal de calcul dû aux autres actions perma-
2.1.4 Frottement négatif Gsf nentes et, éventuellement, les valeurs quasi perma-
nentes des actions variables,
Dans le cas où les pieux traversent une couche de sol compres-
FQd effort de calcul dû aux autres actions variables.
sible, il faut envisager, en plus des poussées latérales, la possibilité
de frottement négatif. Celui-ci se produit, d’une manière générale, Cependant, dans le calcul de la capacité portante (§ 3), on ne
lorsque le tassement du sol est supérieur au tassement du pieu qui le prend jamais en compte de terme de frottement latéral (positif)
traverse. La figure 8 donne l’exemple d’une couche de sol compres- dans les couches de sol susceptibles d’être soumises à un frotte-
sible chargée par un remblai (cas fréquent dans les culées rem- ment négatif.
blayées fondées sur pieux). On donne aux paragraphes 3.6 et 5.1.5 une méthode d’évaluation
Le tassement progressif, par consolidation de la couche compres- du frottement négatif maximal (à long terme). Dans les justifica-
sible, provoque sur le pieu un frottement dirigé vers le bas, le dépla- tions, on peut être amené à prendre en compte une valeur réduite,
cement relatif sol-pieu étant dirigé dans ce sens. voire nulle, du frottement négatif, suivant le degré d’avancement de
la consolidation au temps considéré.
Ce frottement, qualifié de négatif, agit non seulement sur les
pieux, mais également sur la semelle de couronnement et, comme
le remblai descend par rapport à la culée, il y a aussi frottement
négatif du remblai sur le mur de front. Notons que, dans ce cas, la
2.1.5 Actions variables Q
poussée sur le mur est inclinée vers le bas et que sa composante
tangentielle tient lieu de frottement négatif. Il s’agit essentiellement :
Le frottement, augmentant avec la pression effective horizontale — des charges d’exploitation : surcharges routières, freinage,
agissant normalement à la surface du pieu, croît au fur et à mesure stockage temporaire, etc ;
de l’avancement de la consolidation. Il est donc maximal à long — des charges dues aux effets climatiques : vent, neige, etc.
terme. Ces actions variables Q sont susceptibles d’intervenir dans toutes
Notons que le frottement négatif, dans les combinaisons aux les combinaisons aux états-limites ultimes et aux états-limites de
états-limites ultimes et états-limites de service (§ 2.2), ne s’ajoute service, soit comme action variable de base Q 1 , soit comme action
pas, en principe, aux actions variables de courte durée. En effet, on variable d’accompagnement Q i (i > 1).
peut admettre que, lors d’une application d’une action de courte Lorsque Q est prise comme action de base, on distingue :
durée, le tassement du pieu provoque une diminution du déplace- — sa valeur caractéristique Q 1 , généralement donnée par les
ment relatif sol-pieu (donc une diminution du frottement négatif), textes réglementaires ;
en partie haute tout au moins, et peut même l’inverser. Par ailleurs, — sa valeur fréquente ψ 1 Q 1 .
la charge maximale de frottement négatif se situe en profondeur,
alors que ces actions agissent en tête.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 248 − 7

WW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

FONDATIONS PROFONDES _______________________________________________________________________________________________________________

Lorsque Q est prise comme action d’accompagnement, on Les sollicitations de calcul sont :
distingue :
— sa valeur de combinaison ψ 0 Q i ;   G + F w + F A + G sp + ∑ ψ 2 Qi + Max  Gsf ; ψ 1 Q 1 
— sa valeur quasi permanente ψ 2 Q i . i>1

Le plus souvent, pour les ouvrages de génie civil, ψ 1 Q 1 , s’il


existe, est négligeable vis-à-vis de F A , et ψ 2 Qi = 0.
2.1.6 Actions accidentelles F A
2.2.1.3 Combinaisons vis-à-vis des états-limites (ultimes)
Pour les ouvrages de génie civil, l’action accidentelle peut être : de stabilité d’ensemble
un choc de bateau, un choc de véhicule sur un appui, un séisme, etc.
Dans le cas d’une fondation en tête de talus, on considérera,
pour le grand glissement, les sollicitations de calcul suivantes :

R 2.2 Combinaisons et sollicitations


de calcul
1,125  [ 1,05 G max + 0,95 G min + F w + γ f 1 Q 1 Q 1

+ ∑ 1,15 ψ 0 Qi ]
i>1

Les règles techniques de calcul et de conception des fondations (en remarquant qu’il n’y a pas lieu, en général, de considérer de
des ouvrages de génie civil du ministère de l’Équipement (CCTG, forces hydrodynamiques de courant dans F w ).
fascicule no 62, titre V) ont été approuvées en mars 1993 et sont Ces sollicitations sont celles proposées par les Recommandations
applicables depuis septembre 1993 aux marchés publics de tra- Clouterre 1991 [29].
vaux de génie civil [6]. Ce document définit les règles qui suivent.

2.2.2 États-limites de service


2.2.1 États-limites ultimes
Pour les fondations profondes, on envisage essentiellement :
Pour les fondations profondes, on distingue essentiellement : — l’état-limite de service de mobilisation du sol (déplacements
— l’ELU de mobilisation du sol (capacité portante) ; faibles) ;
— l’ELU de résistance des matériaux constitutifs de la fondation. — l’état-limite de service du matériau constitutif de la fondation
Il s’agit d’éviter des ruptures catastrophiques. On admet de (durabilité de la fondation) ;
réparer. — lorsque la structure portée l’exige, l’état-limite de déplacement.
Il s’agit d’éviter une dégradation de l’ouvrage.
2.2.1.1 Combinaisons fondamentales
Les combinaisons fondamentales correspondent à une probabi- 2.2.2.1 Combinaisons quasi permanentes
lité d’occurrence de l’ordre de 10–5 sur une année et à une durée Les sollicitations dues aux combinaisons quasi permanentes cor-
d’application faible (quelques heures au plus). respondent aux sollicitations réellement subies par la structure pen-
On considère généralement les sollicitations de calculs dant la majeure partie de sa durée de vie. Elles sont intéressantes
suivantes : pour étudier les déplacements à long terme de la fondation.
Les sollicitations de calculs suivantes sont à envisager :
1,125  [ 1,2 G max + 0,9 G min + γ fw F w + γ sp G sp
 G + F w + G sp + G sf + ∑ ψ 2 Qi

+ Max γ sf G sf ; γ f 1 Q 1 Q 1 + ∑ 1,15 ψ 0 Qi  i1

i>1
avec, le plus souvent, pour les ouvrages de génie civil, ψ2 Qi = 0.
avec γ fw = 1,05 pour la pression de l’eau défavorable,
=1 pour la pression de l’eau favorable, 2.2.2.2 Combinaisons fréquentes
= 1,2 ou 0,9 pour la partie relative aux forces hydro- Ces combinaisons sont à considérer lorsqu’un état-limite de dép-
dynamiques de courant, de manière à obtenir lacement est exigé par la structure portée. De tels calculs des
l’effet le plus défavorable, fondations en déplacement sont encore, à l’heure actuelle, délicats.
γ sp = 1,2 lorsque les poussées latérales sont défavo- On s’attachera à tenir compte, le plus possible, des phénomènes phy-
rables, siques réels d’interaction sol-pieu et à faire intervenir toutes les
actions concomitantes (par exemple, frottement négatif et actions
= 0,6 lorsque les poussées latérales sont favorables, variables réglementaires).
γ sf = 1,2 lorsque le frottement négatif est défavorable,
=1 lorsque le frottement négatif est favorable, 2.2.2.3 Combinaisons rares
γ f 1 Q1 = 1,33le plus généralement (1,2 pour les charges Les sollicitations dues aux combinaisons rares correspondent
d’exploitation étroitement bornées ou de aux sollicitations qu’une grande partie des ouvrages auront à subir,
caractère particulier), au moins une fois au cours de leur durée de vie.
ψ0 = 0,77 dans les cas courants des charges d’exploita- Les sollicitations de calcul à considérer sont données par :
tion et des effets de la neige et du vent.
  G + F w + G sp + Max  G sf ; Q 1 + ∑ ψ 0 Qi 
2.2.1.2 Combinaisons accidentelles i>1

Les combinaisons accidentelles correspondent à des événements avec ψ 0 = 0,77 dans les cas courants des charges d’exploitation et
très exceptionnels, dont la probabilité d’occurrence n’est pas chif- des effets de la neige et du vent.
frable et les effets difficilement quantifiables.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 248 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

WX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

______________________________________________________________________________________________________________ FONDATIONS PROFONDES

3. Pieu isolé sous charge axiale


3.1 Définitions. Introduction
On développe ici principalement les méthodes de détermination
de la capacité portante des pieux basées sur les résultats d’un essai
statique de chargement ou sur les résultats d’essais pressio-
métriques et pénétrométriques. Ces recommandations sont issues
des résultats de plus de 200 essais de chargement statique de pieux
en vraie grandeur réalisés par les Laboratoires des Ponts et Chaus-
sées depuis 1964 [4]. Elles forment les bases des Règles techniques


de conception et calcul des fondations des ouvrages de génie
civil [6].
Par ailleurs, on donne des indications sur l’utilisation des
méthodes dynamiques.
Tout ce qui est dit dans ce paragraphe concerne aussi bien les
pieux inclinés que les pieux droits, à condition de considérer les
charges axiales.

3.1.1 Charge limite et charge de fluage Figure 10 – Courbe de chargement axial d’un pieu

3.1.1.1 Charge limite Q 


Considérons un pieu dont la base est située à la profondeur D — pour les pieux ne refoulant pas le sol :
dans un sol homogène (figure 10). Ce pieu, dont on néglige le
poids, est chargé axialement en tête par une charge Q. Q Q
Q c = ------p- + -------s-
Si l’on accroît progressivement Q à partir de 0, le pieu s’enfonce 2 1,5
en tête, de st , et la courbe représentant Q en fonction de st a
l’allure indiquée sur la figure 10, avec une charge limite Q  cor- — pour les pieux travaillant en arrachement :
respondant à la rupture du sol. L’enfoncement ne se stabilise plus Q p = 0 et Q c = Q s /1,5
sous la charge et la vitesse d’enfoncement est relativement grande.
Conventionnellement, Q  sera la charge correspondant à s t = B /10 Les méthodes de dimensionnement données aux paragraphes 3.2
(avec B diamètre du pieu) ou à une vitesse d’enfoncement de 1 à à 3.5 visent à déterminer la charge limite Q  . La charge de fluage
5 mm/min. Q c en sera déduite par ces formules empiriques, sauf dans le cas
Au moment de la rupture, la charge Q  est équilibrée par les de l’essai de chargement statique, où elle sera évaluée directement.
réactions limites du sol suivantes :
— résistance unitaire du sol sans la pointe qp , conduisant à la
charge limite de pointe :
3.1.2 Théories classiques rigides-plastiques
Q p = qp A p
Les théories classiques du calcul de la charge limite axiale d’un
avec Ap section droite de la pointe ; pieu reposent sur l’hypothèse du comportement rigide-plastique
— résistance q s due au frottement du sol sur la surface latérale du sol, supposé partout en état de rupture dans une certaine zone
du pieu ; si q s est le frottement latéral unitaire limite, la charge limite autour du pieu.
par frottement latéral est : Dans ces théories, les efforts résistants unitaires (résistance de
Q s = qs A s pointe qp , frottement latéral limite q s ) ne dépendent que des carac-
téristiques de rupture du sol mesurées en laboratoire (cohésion c
avec A s surface latérale du pieu ; et angle de frottement ϕ ) et sont reliés directement à la profondeur
et l’on a : Q = Qp + Qs (par l’intermédiaire de la contrainte verticale q z due au poids des
terres au-dessus du niveau z considéré).
3.1.1.2 Charge de fluage. Relation avec Q  Ainsi, dans les sols frottants, pour un sol homogène de poids
volumique déjaugé γ ’ :
La courbe représentant la charge appliquée au pieu en fonction de
q p = c′ N c + q 0′ N q
l’enfoncement présente une partie sensiblement linéaire se limitant
à une charge Q c appelée charge de fluage (figure 10). Pour les avec q′0 = γ ’ D si D est la longueur ou la profondeur du
charges supérieures à Q c l’enfoncement du pieu ne se stabilise plus pieu,
dans le temps, à charge constante.
N c et N q facteurs de capacité portante de cohésion et de
Les nombreux essais de chargement de pieux en vraie grandeur profondeur, fonctions de ϕ uniquement,
effectués par les Laboratoires des Ponts et Chaussées ont permis
d’établir des corrélations entre la charge de fluage Q c et les charges et : q s = Kq z tan δ + c’
limites de pointe Q p et de frottement latéral Q s . Ces corrélations
avec qz = γ ’ z,
sont différentes suivant le mode de mise en place du pieu dans le
sol. On peut retenir : K rapport entre la contrainte normale au pieu et la
— pour les pieux refoulant le sol : contrainte parallèle à l’axe à la profondeur z (assimilée
à la contrainte verticale q z ),
Q Q Q δ angle de frottement entre le sol et le pieu (fraction prise
Q c = -------p- + -------s- = --------
1,5 1,5 1,5 souvent égale à 2 /3 de l’angle de frottement interne du
sol).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 248 − 9

WY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRTX

FONDATIONS PROFONDES _______________________________________________________________________________________________________________

Suivant les auteurs et suivant les schémas de rupture adoptés 3.1.3 Encastrement équivalent. Pression limite
(figure 11), les coefficients Nc et Nq peuvent varier dans le rapport et résistance de pointe équivalentes.
de 1 à 10, et même davantage. Profondeur critique
Pour les sols purement cohérents (ϕ = 0 et c = cu ) :
qp = Nc c u + q0 3.1.3.1 Hauteur d’encastrement équivalente
Elle est définie à partir des résultats des essais de sols en place :
avec N c souvent pris égal à 9,
pressiomètre ou pénétromètre. Si l’on considère la courbe
et : qs = α cu représentant, en fonction de la profondeur z (figure 12) :
avec α  1 suivant la nature du sol, du pieu et de sa mise en — soit, dans le cas du pressiomètre, la pression limite nette :
œuvre. p* = p  – p 0

On en développera pas plus ici ces théories classiques. Elles

R sont, en effet, de moins en moins utilisées en France pour les


ouvrages de génie civil, notamment grâce au développement de
méthodes empiriques basées sur les résultats d’essais de recon-
avec p  pression limite mesurée,
p 0 contrainte totale horizontale au même niveau dans le
sol avant essai ;
naissance en place (pressiomètre, pénétromètre, principalement) — soit, dans le cas du pénétromètre statique, la résistance de
et les résultats d’essais de pieux en vraie grandeur, méthodes pointe (ou résistance de cône) q c ,
jugées opérationnelles et plus fiables.
la hauteur d’encastrement équivalente De est définie par :
On trouvera dans tous les ouvrages de base de mécanique des
sols et des fondations de plus amples informations sur les théories — cas du pressiomètre :
classiques de capacité portante des pieux. D
1
D e = ------------
p* e
 0
p * ( z ) d z

— cas du pénétromètre statique :


D
1
D e = ---------
q ce

0
q c ( z ) dz

p*e
et q ce étant respectivement la pression limite nette et la résis-
tance de pointe équivalentes définies ci-après.

3.1.3.2 Pression limite nette équivalente


au pressiomètre p*e
C’est une pression moyenne autour de la base du pieu. Elle est
déterminée de la manière suivante (figure 13) :
D + 3a
p*
e
1
= -----------------
3a + b

D–b
p * ( z ) d z

avec a = B /2 si B > 1 m,
Figure 11 – Exemples de schémas de rupture selon les théories a = 0,5 m si B < 1 m,
classiques
b = min {a, h } où h est la hauteur de l’élément de fondation
dans la couche porteuse.
Ce calcul n’est cependant valable que dans le cas d’une forma-
tion porteuse homogène, c’est-à-dire une couche pour laquelle les
valeurs maximales de p  n’excèdent pas 2 fois les valeurs mini-
males de p  .

3.1.3.3 Résistance de pointe équivalente au pénétromètre


statique qce
C’est une résistance de pointe moyenne autour de la base du
pieu définie, à partir d’une courbe q c (z ) lissée, par (figure 14) :
D + 3a
Figure 12 – Définition de l’encastrement équivalent
1
q ce = -----------------
3a + b

D–b
q cc ( z ) d z

avec qcc résistance de pointe q c écrêtée à 1,3 q cm :


D + 3a
1
q cm = -----------------
3a + b
 D–b
qc ( z ) d z

a et b ayant même définition que dans le cas du pressiomètre


(§ 3.1.3.2).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 248 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

XP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUP

Eurocode 8 : fondations
superficielles et profondes
par Léo QUIRIN
et Stéphane MULLER
Keller Fondations Spéciales Duttlenheim (France)

1. Zonage réglementaire, classification des sols


et coefficients d’importance ........................................................ C 250 – 2

1.1 Zonage réglementaire ........................................................................ — 2
1.2 Classification des sols selon l’Eurocode 8 ........................................ — 2
1.3 Coefficients d’importance .................................................................. — 3
2. Comportement dynamique du sol ............................................... — 3
2.1 Module de cisaillement G et amplitude des déformations
de cisaillement ................................................................................... — 3
2.2 Définition du degré d’amortissement ................................................ — 3
2.3 Corrélations pour estimer le module de cisaillement G ................... — 4
2.4 Liquéfaction des sols ......................................................................... — 4
2.5 Amplification du mouvement sismique et effets de site .................. — 5
3. Définition des efforts appliqués aux fondations...................... — 5
4. Justifications des fondations superficielles ............................. — 5
4.1 Préambule .......................................................................................... — 5
4.2 Portance selon l’EN 1998-5 [Annexe F] .............................................. — 5
4.2.1 Expression générale ................................................................ — 5
4.2.2 Courbes enveloppes ................................................................ — 7
4.2.3 Force d’inertie .......................................................................... — 7
5. Justifications des fondations profondes ................................... — 7
5.1 Préambule .......................................................................................... — 7
5.2 Effet inertiel ........................................................................................ — 8
5.2.1 Méthode élasto-plastique aux modules de réactions
à fréquence nulle ..................................................................... — 8
5.2.2 Liaisonnement en tête ............................................................. — 9
5.2.3 Effets de groupe ...................................................................... — 9
5.3 Effet cinématique ............................................................................... — 9
5.3.1 Profil de sol de type monocouche .......................................... — 10
5.3.2 Profil de sol de type bicouche ................................................. — 10
5.3.3 Profil de sol de type multicouche ........................................... — 10
5.4 Cumul des effets inertiels et cinématiques ....................................... — 10
6. Conclusion........................................................................................ — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 250

S elon l’EC8-1 (§ 1.1), la protection parasismique consiste à assurer que :


– les vies humaines sont protégées ;
– les dommages sont limités ;
– les structures importantes pour la protection civile restent opérationnelles.
Trois types de conceptions peuvent être envisagés, qui impliquent des
méthodes d’analyse différentes, mais également des conséquences variables
en termes de performance et de niveau d’endommagement sismique :
– conception « élastique » ;
– conception « ductile » ;
– ou conception basée sur les principes d’isolation sismique et d’amortissement.
Il appartient donc au maı̂tre d’ouvrage, en fonction du contexte (sismicité,
valeur attribuée à l’ouvrage, aspects stratégiques, organisation des secours),
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQU

de se prononcer en faveur de l’une ou l’autre.

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 250 – 1

XQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUP

EUROCODE 8 : FONDATIONS SUPERFICIELLES ET PROFONDES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Zonage réglementaire, Le paramètre retenu pour décrire l’aléa sismique au niveau natio-
nal est une accélération agr, accélération du sol au rocher (le sol
classification des sols et rocheux est pris comme référence). La figure 1 illustre la situation.

coefficients d’importance 1.2 Classification des sols


selon l’Eurocode 8
1.1 Zonage réglementaire La nature locale du sol (dizaines de mètres les plus proches de la
surface) influence fortement la sollicitation ressentie au niveau des
Le zonage réglementaire définit cinq zones de sismicité crois- bâtiments. L’Eurocode 8 distingue cinq catégories principales de
sante basées sur un découpage communal. La zone 5, regroupant sols (de la classe A pour un sol de type rocheux à la classe E pour
les ı̂les antillaises, correspond au niveau d’aléa le plus élevé du ter- un sol mou) pour lesquelles est défini un coefficient de sol S, le


ritoire national. La métropole et les autres DOM présentent quatre paramètre S permet de traduire l’amplification de la sollicitation
zones sismiques, de la zone 1 de très faible sismicité (bassin aqui- sismique exercée par certains sols.
tain, bassin parisien…) à la zone 4 de sismicité moyenne (fossé rhé- Le tableau 1 reprend le tableau 3.1 du paragraphe 3.1.2 de
nan, massifs alpin et pyrénéen). l’EN 1998-1 en le complétant par des ordres de grandeur des

Zone de
sismicité Niveaux d’aléas agr (en m/s2)

Zone 1 Très faible 0,4

Zone 2 Faible 0,7

Zone 3 Modéré 1,1

Zone 4 Moyen 1,6

Zone 5 Fort 3

Figure 1 – Zonage réglementaire et valeur de agr associée

Tableau 1 – Classes de sol – Ordres de grandeurs des valeurs de qc, SPT et Pressio
Paramètres Ordres de grandeur
Description du profil stratigraphique Vs,30 Cu qc EM Pl
NSPT
(en m/s) (en kPa) (en MPa) (en MPa) (en MPa)
Rocher ou autre formation géologique de ce type com-
A portant une couche superficielle d’au plus 5 m de maté- > 800 – – > 100 >5
riau moins résistant.
Dépôts raides de sables, de graviers ou d’argiles surcon-
solidés, d’au moins plusieurs dizaines de mètres d’épais- > 3,5 (argile) > 1,2 (argile)
B 360 - 800 > 50 > 250 25 - 100
seur, caractérisés par une augmentation progressive des > 20 (sable) 2,0 à 5,0 (sable)
propriétés mécaniques avec la profondeur.
Dépôts profonds de sables de densité moyenne, de graviers
De 1 à 3,5 (argile) 0,5 à 1,2 (argile)
C ou d’argiles moyennement raides ayant des épaisseurs de 180 - 360 15 - 50 70 - 250 5 - 25
De 6 à 20 (sable) 0,8 à 2 (sable)
quelques dizaines à quelques centaines de mètres.
Dépôts de sol sans cohésion de densité faible à moyenne
< 1 (argile) < 0,5 (argile)
D (avec ou sans couches cohérentes molles) ou comprenant < 180 < 15 < 70 <5
< 6 (sable) < 0,8 (sable)
une majorité de sols cohérents mous à fermes.
Profil de sol comprenant une couche superficielle d’allu-
vions avec des valeurs de Vs de classe C ou D et une
E – – – – – –
épaisseur comprise entre 5 m environ et 20 m, reposant
sur un matériau plus raide avec Vs > 800 m/s
Dépôts composés, ou contenant, une couche d’au moins
S1 10 m d’épaisseur d’argiles molles/vases avec un indice de < 100 10 - 20 < 0,6 – < 0,2
plasticité élevé (PI > 40) et une teneur en eau importante.
Dépôts de sols liquéfiables d’argiles sensibles ou tout autre
S2 – – – – – –
profil de sol non compris dans les classes A à E ou S1

C 250 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

XR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUP

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– EUROCODE 8 : FONDATIONS SUPERFICIELLES ET PROFONDES

valeurs de qc (essai Cone Penetration Test), NSPT (essai au Standard – des conséquences économiques et sociales en cas
Penetration Test) et EM/pl (essai pressiométrique Ménard) pour la d’effondrement.
classification des sols.
À chaque catégorie d’importance est associé un coefficient
Il convient de classer le site selon la valeur moyenne de la vitesse d’importance g l qui vient moduler l’action sismique de référence
des ondes de cisaillement Vs30 si elle est disponible. Dans le cas conformément à l’Eurocode 8.
contraire, il convient d’utiliser les ordres de grandeur des valeurs La figure 2 apporte une description complémentaire à l’Euro-
des NSPT, de Cu, Pl ou de qc sur les 30 m supérieurs. code 8 concernant cette classification et les valeurs du coefficient
Les ordres de grandeurs annoncés doivent être représentatifs de d’importance g l.
la stratigraphie du sol sur plusieurs dizaines ou centaines de mètre
(30 m minimum).
Le paramètre S est défini dans le tableau 2. 2. Comportement dynamique
1.3 Coefficients d’importance
du sol

Les bâtiments à risque normal sont classés en 4 catégories
d’importance qui dépendent :
2.1 Module de cisaillement G
– des conséquences en termes de vies humaines en cas
et amplitude des déformations
d’effondrement ; de cisaillement
– de l’importance du bâtiment pour la sécurité publique et la pro- Les modules de déformation dépendent de l’amplitude de la
tection civile immédiatement après un séisme ; déformation. Les ordres de grandeur des déformations pour les
ouvrages sont en moyenne compris entre 10-4 et 10-2 alors que
les essais classiques (pénétromètre, œdomètre, triaxiaux classi-
Tableau 2 – Définition du paramètre S en fonction
ques) donnent des modules représentatifs de déformations supé-
de la zone de sismicité rieures à 10-2.
Pour le calcul d’ouvrages sous l’action d’un séisme, la connais-
Classes de sol S (zones 1 à 4) S (zone 5) sance du module de cisaillement G dans la gamme de déforma-
tions 10-4 et 10-6 est nécessaire de même que l’amortissement x.
A 1 1

B 1,35 1,2 2.2 Définition du degré d’amortissement


C 1,5 1,15 L’amortissement global de la structure sur support flexible inclut
d’une part l’amortissement radiatif et d’autre part l’amortissement
D 1,6 1,35 interne engendré à l’interface sol-fondation, en plus de l’amortisse-
ment associé à la superstructure. Il convient de considérer séparé-
E 1,8 1,4 ment l’amortissement interne, causé par le comportement inélas-
tique du sol sous chargement cyclique, et l’amortissement radiatif,

Catégories d’importance Description

I
 Bâtiments dans lesquels il n’y a aucune activité humaine nécessitant
un séjour de longue durée.

 Habitations individuelles.
II  Établissements recevant du public (ERP) de catégories 4 et 5.
 Habitations collectives de hauteur inférieure à 28 m.
 Bureaux ou établissements commerciaux non ERP, h ≤ 28 m, max 300 pers.
 Bâtiments industriels pouvant accueillir au plus 300 personnes.
 Parcs de stationnement ouverts au public.

 ERP de catégories 1, 2 et 3.
III  Habitations collectives et bureaux, h > 28 m.
 Bâtiments pouvant accueillir plus de 300 personnes.
 Établissements sanitaires et sociaux.
 Centres de production collective d’énergie.
 Établissements scolaires. Catégories Coefficients
d’importance d’importance γi
 Bâtiments indispensables à la sécurité civile, la défense nationale et le
IV maintien de l’ordre public. I 0,8
 Bâtiments assurant le maintien des communications, la production et
le stockage d’eau potable, la distribution publique et l’énergie. II 1
 Bâtiments assurant le contrôle de la sécurité aériene.
 Établissements de santé nécessaires à la gestion de crise. III 1,2
 Centres météorologiques. IV 1,4

Figure 2 – Descriptif des catégories d’importance et valeurs du coefficient d’importance

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 250 – 3

XS

XT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

Effets de site sismiques


pour les ouvrages de surface
par Emmanuel JAVELAUD
Docteur ès sciences de l’ingénieur du Tokyo Institute of Technology,


Ingénieur de l’ENSG-Nancy
Ingénieur EDF
EDF-CEIDRE-TEGG (Aix-en-Provence, France)
et Jean-François SEMBLAT
Docteur de l’École Polytechnique, Ingénieur en Chef des Travaux Publics de l’État
IFSTTAR (Champs-sur-Marne, France)

1. Observation des effets de site sismiques................................................. C 260 - 2


1.1 Phénomènes physiques ............................................................................. — 2
1.2 Observation in situ des effets de site sismiques ...................................... — 4
2. Comportement des sols sous chargement cyclique ............................... — 8
2.1 Observations expérimentales .................................................................... — 8
2.2 Effet de la nature des matériaux (roches et sols) ..................................... — 11
2.3 Cas des sables : effets de la contrainte effective et de l’indice
de densité .................................................................................................... — 11
3. Caractérisation des sols in situ et en laboratoire .................................... — 11
3.1 Essais in situ ................................................................................................ — 12
3.2 Essais en surface......................................................................................... — 13
3.3 Essais en laboratoire................................................................................... — 14
4. Évaluation des effets de site sismiques : compétition
entre amplification et désamplification ........................................... — 16
4.1 Observation expérimentale des effets de site .......................................... — 17
4.2 Évaluation des effets de site lorsque le sol a un comportement
élastique....................................................................................................... — 19
4.3 Évaluation des effets de site lorsque le sol a un comportement
visco-élastique linéaire ............................................................................... — 25
4.4 Évaluation des effets de site lorsque le sol a un comportement
non-linéaire.................................................................................................. — 25
5. Des phénomènes à leur intégration pour la justification des ouvrages..... — 25
5.1 Approche forfaitaire : exemple de l’Eurocode 8....................................... — 26
5.2 Approche détaillée 1D : méthode linéaire-équivalente............................ — 27
5.3 Vers la prise en compte d’effets géométriques 2D .................................. — 28
6. Modification de l’effet de site .................................................................... — 28
6.1 Modification de l’effet de site lithologique 1D.......................................... — 28
6.2 Modification de l’effet de site géométrique 2D ........................................ — 29
7. Conclusion ................................................................................................... — 29
8. Glossaire ...................................................................................................... — 30
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 260

a présence de matériaux meubles dans les couches géologiques de sub-


L surface modifie le mouvement sismique. Cette modification est
essentiellement fonction de la nature des matériaux constituant les forma-
tions superficielles, de leur géométrie et de l’amplitude du mouvement
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQW

sismique.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 260 – 1

XU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

EFFETS DE SITE SISMIQUES POUR LES OUVRAGES DE SURFACE _____________________________________________________________________________

L’évaluation de la réponse des formations superficielles à une sollicitation


sismique est fondamentale en génie parasismique pour déterminer les caracté-
ristiques du mouvement sismique en surface.
La connaissance du mouvement sismique en surface est requis pour nombre
d’applications pratiques telles que :
– le dimensionnement des fondations sous sollicitation sismique ;
– l’évaluation des risques éventuels de liquéfaction sous nappe et de tasse-
ment induit hors nappe ;
– et la justification des structures.
Le mouvement sismique en surface est également nécessaire comme


donnée d’entrée pour les analyses d’interaction sol-structure.
Cet article a pour but de présenter l’influence des effets de site sismiques sur
le mouvement sismique en champ libre, en termes d’amplitude et de fré-
quence. Il s’attache tout d’abord à détailler les phénomènes en jeu en les
illustrant d’exemples réels. Il présente ensuite le comportement des sols
lorsqu’ils subissent des sollicitations sismiques et les reconnaissances géo-
techniques pour l’étude des effets de site.
Cet article détaille également, à partir d’exemples analytiques simples, les
paramètres qui concourent aux phénomènes d’amplification ou d’amortisse-
ment (dé-amplification) des ondes sismiques.
La prise en compte des effets de site sismiques dans les codes de construc-
tion du bâti courant est ensuite replacée dans le cadre des approches
simplifiées ou détaillées existantes. Cela permet d’introduire les évolutions
potentielles dans les générations de codes futures.
Enfin, ce travail présente une méthode de protection parasismique des
ouvrages en agissant sur les différentes composantes des effets de site
sismique.

– en champ lointain, ce sont les mouvements vibratoires.


1. Observation des effets L’amplitude des mouvements vibratoires dépend essentiellement
de site sismiques de la source (magnitude, géométrie, mécanisme de rupture), ainsi
que des matériaux traversés.

L’onde sismique générée par les failles se propage dans la croûte


terrestre. Elle s’atténue au fur et à mesure de son parcours, en parti- 1.1.1 Absence d’effet de site
culier car son énergie se répartit sur une surface plus grande.
Les ondes sismiques émises autour de la zone de rupture se
En fonction de la configuration et de la nature physique du propagent dans la croûte terrestre et interagissent avec les struc-
milieu traversé en surface, elle peut être localement modifiée :
tures géologiques.
amplifiée ou diminuée (dé-amplifiée) en amplitude, fréquences et
durée. L’amplitude du mouvement sismique diminue globalement
avec la distance à la source, comme illustré sur la figure 1, en rai-
son de :
1.1 Phénomènes physiques – l’expansion géométrique : il s’agit de la diminution de l’ampli-
tude de l’onde avec la distance et l’expansion du front d’onde, en
Un séisme correspond à la rupture soudaine d’une faille, d’une
lien avec la conservation d’énergie ;
longueur pouvant excéder 500 km, sur des surfaces pouvant
dépasser 10 000 km2, et avec un déplacement différentiel le long – la multiplicité des trajets : en raison de réflexions ou diffrac-
de la faille pouvant atteindre plusieurs mètres. tions partielles sur les hétérogénéités de la croûte ;
La rupture le long de la faille entraîne plusieurs phénomènes – l’atténuation intrinsèque dans les géomatériaux : cette atté-
physiques pouvant être classés de la façon suivante (figure 1) : nuation est due à la dissipation d’énergie au sein des matériaux
constitutifs de la croûte (par exemple par frottement entre les
– en champ proche, sont prépondérants :
grains). Elle est spécifique à chaque matériau.
• la rupture en surface, ainsi que des déplacements différen-
tiels sur la faille active,
• un mouvement tectonique et des déformations permanentes
1.1.2 Présence d’effets de site
(déplacements permanents ; rotation), y compris du substra- Lors de l’interaction avec la géologie de surface, les mouve-
tum rocheux, ments vibratoires peuvent toutefois être fortement modifiés ; ce
• des mouvements vibratoires ; sont les effets de site.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 260 – 2

XV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

______________________________________________________________________________ EFFETS DE SITE SISMIQUES POUR LES OUVRAGES DE SURFACE

Champ proche Champ lointain

Atténuation

Légende :

Substratum rocheux

Ondes de volume

Faille

Figure 1 – Phénomènes physiques et effets directs liés à l’aléa sismique en l’absence d’effets de site

Ceux-ci incluent : Les principales configurations lithologiques et géométriques


– des effets de site lithologiques 1D liés aux contrastes de carac- pouvant conduire à un effet de site sont présentées sur la
téristiques mécaniques entre couches de sol à stratification hori- figure 2.
zontale (figure 2a) ;
– des effets de sites géométriques liés à la géométrie 2D/3D des La modification du mouvement sismique due aux effets de site
interfaces entre couches, par exemple dans les bassins sédimen- (figure 3b, 3c, 3d et 3e) s’apprécie par rapport à la situation de
taires (figure 2b) ; référence (figure 3a) dans laquelle le substratum rocheux est pré-
– des effets de sites géométriques liés à la géométrie 2D/3D de sent jusqu’en surface.
la topographie de surface, c’est-à-dire du relief (figure 2c).

L’interface entre le substratum rocheux et les formations L’effet de site peut conduire à une augmentation (amplifica-
superficielles de caractéristiques mécaniques plus faibles est tion) ou à une diminution (dé-amplification) de l’amplitude du
appelé « substratum sismique ». Il représente le niveau à partir mouvement sismique, à la modification de son contenu fré-
duquel l’effet de site se développe. quentiel, ainsi qu’à son allongement.

a effet de site lithologique 1D


Légende :

Vs1 < Vs2 Formation superficielle

Vs2 Substratum sismique

Substratum rocheux

b effet de site géométrique c effet de site géométrique


de bassin 2D/3D de relief 2D/3D

Rai sismique
incident

Figure 2 – Schéma de principe des différents effets de site

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 260 – 3

XW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

EFFETS DE SITE SISMIQUES POUR LES OUVRAGES DE SURFACE _____________________________________________________________________________

a situation de référence Légende :


(absence d’effet de site)
Formation superficielle

Formation superficielle

Substratum rocheux
Pas d’effet
de site L’effet de site s’apprécie par rapport
à la configuration (a) de référence.

R Source
Atténuation

b effet de site lithologique 1D c effet de site lithologique 1D et


effet de site géométrique 2D/3D
de bassin

Effet de site Effet de site

Atténuation Atténuation
Source Source

d effet de site géométrique 2D/3D de relief e effet de site lithologique 1D et


effet de site géométrique 2D/3D
de relief

Effet de site Effet de site

Atténuation Atténuation
Source Source

Figure 3 – Présentation schématique des principales configurations lithologiques 1D et géométriques 2D/3D de bassin ou de relief pouvant
induire des effets de site

1.2 Observation in situ des effets de site Enfin, la compétition entre les phénomènes d’amplification et de
désamplification est particulièrement bien illustrée dans le troi-
sismiques sième exemple du barrage d’Aratozawa. Le phénomène de dé-
amplification est dominant lors de forts séismes tandis que le phé-
Trois exemples typiques d’observations in situ d’effets de site
nomène d’amplification domine lors de séismes plus petits
sismiques sont présentés dans les paragraphes suivants. Ils
(voir § 1.2.3).
mettent en évidence les phénomènes d’amplification et de dé-
amplification du mouvement sismique.
1.2.1 Amplification du mouvement sismique :
Le premier exemple historique ayant contribué à la mise en évi- effets de site lithologiques lors du séisme
dence des effets de sites est celui de Mexico en 1985 (voir § 1.2.1). de Mexico-Michoacan (Mexique)
Le deuxième exemple (Nagaoka-shisho, 2007) permet de com- Les effets de site ont été mis en évidence de façon très nette
prendre l’augmentation du déplacement dans la colonne de sol lors du séisme de Mexico-Michoacan de 1985. Alors que l’épi-
lorsque l’onde s’approche de la surface. Il introduit également les centre du séisme était situé sur la côte Pacifique à près de
différences entre les notions de substratum géotechnique et sis- 400 kilomètres de la ville de Mexico, cette dernière a subi des
mique (voir § 1.2.2). dégâts très importants.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 260 – 4

XX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

______________________________________________________________________________ EFFETS DE SITE SISMIQUES POUR LES OUVRAGES DE SURFACE

Cet effet de site, observé dans le bassin de Mexico, est causé Cet exemple permet également d’introduire les différences
par un effet de site lithologique 1D très prononcé, lié à la nature entre les notions de substratum sismique et de substratum géo-
particulièrement molle des argiles constituant le bassin. technique.
Les enregistrements réalisés à différentes distances de l’épi-
centre jusqu’au bassin de Mexico (figure 4 [2]) permettent de 1.2.2.1 Instrumentation du site
quantifier l’évolution du mouvement sismique avec la distance :
Le site de Nagaoka-shisho est équipé (figures 5a et 5b) de trois
– station Campos : cette station est située très près de l’épi- stations des réseaux accélérométriques nationaux japonais K-Net
centre et a subi une accélération maximale de 150 cm/s2 ; et Kik-Net : deux accéléromètres S1 et S2 sont placés en surface à
– station Teacalco : cette station est située à plus de 200 km de quelques mètres de distance, dans les abris photographiés sur la
l’épicentre. L’accélération maximale enregistrée de 18 cm/s2 est figure 5a.
bien plus faible, en accord avec une décroissance d’amplitude due
à l’atténuation des ondes au cours de la propagation. Ils sont complétés à l’aplomb de la station S1 d’un troisième


appareil placé en forage (capteur P), dans le rocher, à une profon-
On observe ensuite au niveau du bassin de Mexico une aug- deur de 100 m par rapport à la surface. Une vue schématique en
mentation très forte de l’amplitude du mouvement sismique due à
coupe de l’instrumentation est présentée sur la figure 5c.
l’effet de site :
– station UNAM : cette station est située à plus 300 km de l’épi- Les accélérations enregistrées en 2007 pendant le séisme de
centre et a subi une accélération maximale de 35 cm/s2, supérieure Niigata-ken Chuetsu-Oki (M 6,8) ([3], [4]), par trois accéléromètres
à celle enregistrée à la station Teacalco ; (composantes Est-Ouest), sont données sur la figure 5d, qui pré-
– station SCT : cette station est située au centre de Mexico à sente également les vitesses et déplacements obtenus par simple
presque 400 km de l’épicentre. Elle a subi une accélération maxi- et double intégrations.
male de 170 cm/s2, du même ordre de grandeur que celle enregis- Plusieurs phénomènes sont mis en évidence :
trée près de l’épicentre.
– les accélérations enregistrées par les deux capteurs situés en
Ainsi, dans le bassin de Mexico, l’effet de site conduit à une surface sont extrêmement similaires, et les différences sont liées à
triple modification du mouvement sismique : la variabilité spatiale du mouvement entre les deux points de
– une augmentation de son amplitude ; mesure ;
– une modification de son contenu fréquentiel, avec des oscilla- – l’accélération mesurée en profondeur est bien inférieure en
tions régulières de période proche de 2 à 3 s beaucoup plus longue amplitude à celle mesurée en surface. En réalité, ces accélérations
que près de l’épicentre ; ne sont pas directement comparables en raison, particulièrement,
– une augmentation de sa durée. de la condition de surface libre présente uniquement pour les
enregistrements S1 et S2 ;
1.2.2 Amplification du mouvement sismique : – les vitesses calculées en surface et en profondeur suivent une
même évolution globale, mais avec des vitesses supérieures en
cas du site de Nagaoka-shisho (Japon)
surface ;
L’exemple du site de Nagaoka-shisho permet d’aborder l’effet – les déplacements calculés en surface et en profondeur suivent
de site sismique en examinant l’augmentation du déplacement la même évolution, mais avec des déplacements maximum supé-
horizontal dans la colonne de sol. rieurs en surface.

170 PGA = 170 cm/s2

–170
SCT
170 PGA = 35 cm/s2

–170
UNAM
170 150 cm/s2 170 18 cm/s2

–170 –170
Campos Teacalco

Mexico
Épicentre ville

~ 400 km

Figure 4 – Effet de site à Mexico – Coupe schématique et enregistrements du séisme de 1985, de l’épicentre jusqu’au bassin de Mexico

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 260 – 5

XY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

EFFETS DE SITE SISMIQUES POUR LES OUVRAGES DE SURFACE _____________________________________________________________________________

a photographie de l’instrumentation b carte du Japon et localisation c vue schématique en


(Photographie : Emmanuel Javelaud) de la station coupe de l’instrumentation

(S1 et S2)
(S2) 0 Surface
Surface
Mer du Japon

Profondeur (en m)
(S1) : Surface

R (P) : 100 m
de profondeur
JAPON

Océan Pacifique 100


(P)

d accélération enregistrée par les composantes EW des trois accéléromètres


Il s’agit de deux accéléromètres en surface et d’un accéléromètre placé à 100 m de profondeur, des réseaux accélérométriques
japonais K-Net et Kik-Net.
Les vitesses et déplacements sont obtenus par simple et double intégrations des accélérogrammes non corrigés.

Légende :
500
(P)
Accélération
0
(en cm/s2)
(S1)
–500
(S2)

Légende :
50
(P)
Vitesse
0
(en cm/s) (S1)
–50
(S2)

20
Légende :
(P)
Déplacement 0
(en cm) (S1)
(S2)
–20
14 16 18 20 22 24 26 28

Temps [en s]

Figure 5 – Effet de site de Nagaoka-Shisho – Exemple du séisme de Niigata-ken Chuetsu-Oki en 2007

1.2.2.2 Déplacements horizontaux dans la colonne de sol Si l’on s’intéresse aux maxima de déplacement différentiel à
chaque profondeur de la colonne, en partant du bas de la colonne
La comparaison des déplacements du sol en surface et en pro- et en remontant :
fondeur permet d’apprécier directement (figure 5d ; figure 6a)
l’augmentation du mouvement sismique due à l’effet de site. – ce déplacement est nul en bas de la colonne tant que l’on est
dans le rocher sous le niveau du substratum sismique ;
La colonne de sol subit un déplacement horizontal d’ensemble – il augmente dans la formation superficielle lorsqu’on se rap-
imposé à sa base (P). En surface, le déplacement observé est la proche de la surface ;
somme du déplacement (P) et d’un déplacement relatif complé- – le déplacement atteint en surface dmax qui est le maximum du
mentaire dont l’amplitude augmente lorsque l’on se rapproche de déplacement différentiel (S)-(P).
la surface.
Dans le repère d’entraînement lié au bas de la colonne 1.2.2.3 Substratum sismique et géotechnique
(figure 6b), le déplacement est nul au bas de la colonne et égal au L’étude de l’effet de site nécessite une connaissance du bassin
déplacement différentiel (S)-(P) en surface. sédimentaire jusqu’au substratum sismique. Elle ne doit pas se

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés


C 260 – 6

YP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVP

______________________________________________________________________________ EFFETS DE SITE SISMIQUES POUR LES OUVRAGES DE SURFACE

a déplacement temporel b déplacement temporel c déplacement maximal


relatif par rapport relatif par rapport
au bas de la colonne au bas de la colonne

20 10
(S1 et S2) (S1) - (P) dmax
(S1 et S2) dmax
0 0
0
0 0


–20 –10
14 16 18 20 22 24 26 28 14 16 18 20 22 24 26 28

Profondeur (en m)

Profondeur (en m)
20 1 Substratum
(P) sismique
0 0 100 –100
(P)
Déplacement relatif
–20 –1 maximal
14 16 18 20 22 24 26 28 14 16 18 20 22 24 26 28

Repère d’entrainement lié au bas de la colonne

Figure 6 – Site de Nagaoka-Shisho. Augmentation du déplacement dans la colonne de sol superficielle

Légendes :

Formations superficielles

Substratum rocheux

Substratum sismique

Substratum géotechnique

Bulbes de contraintes

Figure 7 – Schéma de principe présentant des ouvrages de différentes tailles dont l’échelle et le mode de fondation
permettent de définir la profondeur du substratum géotechnique

limiter à la seule zone superficielle d’intérêt pour la construction 1.2.3 Dé-amplification : cas du barrage
de l’ouvrage, c’est-à-dire jusqu’au substratum géotechnique. d’Aratozawa (Japon)
Dans les études, le substratum géotechnique est défini comme
Les observations faites lors de séismes mettent tout d’abord en
la surface en deçà de laquelle la déformation engendrée par
évidence l’importance de la lithologie des formations superficielles
l’ouvrage est faible à négligeable [C246]. La notion de substratum
et de leur géométrie sur l’amplification du mouvement sismique.
géotechnique est donc relative et elle dépend de l’ouvrage à
construire (figure 7). Elles montrent également qu’une compétition entre augmenta-
tion (amplification) et diminution (dé-amplification) du mouve-
Dans cet exemple, le substratum sismique est défini à l’interface ment sismique a toujours lieu.
entre le rocher et la formation superficielle meuble sus-jacente. Il est Le phénomène de dé-amplification augmente lorsque les sols sont
représenté sur la figure 6c à la profondeur de 95 m car le capteur (P) soumis à des séismes plus importants, et peut prendre le pas sur le
est placé à quelques mètres de profondeur dans le rocher. phénomène d’amplification observé lors de séismes plus faibles.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés.


C 260 – 7

YQ

YR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVXR

Constructions métalliques
Fondations pour pylônes et mâts
par Gérard PHILIPPONNAT
Ingénieur de l’École Spéciale des Travaux Publics


Directeur Technique de la société SOPENA

1. Généralités et classification ................................................................. C 2 682- 2


2. Pylônes monopodes et leurs fonctions ............................................. — 2
2.1 Fondations superficielles ............................................................................ — 2
2.1.1 Reprise d’un effort horizontal associé uniquement à une charge
verticale centrée. Condition de non-glissement .............................. — 2
2.1.2 Reprise d’un moment de renversement associé à une charge
verticale centrée.................................................................................. — 3
2.2 Fondations semi-profondes par massifs parallélépipédiques................. — 4
2.2.1 Domaine d’application ....................................................................... — 4
2.2.2 Méthode du Réseau d’État................................................................. — 5
2.2.3 Méthode élastoplastique.................................................................... — 7
2.3 Fondation semi-profonde par virole métallique ou profonde par pieu
unique. Calcul élastoplastique.................................................................... — 8
2.3.1 Exposé du problème .......................................................................... — 8
2.3.2 Formulation dans le domaine élastique ........................................... — 8
2.4 Fondations profondes par micropieux multiples...................................... — 10
3. Pylônes multipodes et leurs fonctions....................................... — 10
3.1 Massifs en béton.......................................................................................... — 10
3.1.1 Massifs sollicités à l’arrachement ..................................................... — 10
3.1.2 Massifs sollicités en compression..................................................... — 11
3.2 Fondations profondes ................................................................................. — 13
3.2.1 Types de pieux utilisés ....................................................................... — 13
3.2.2 Justification vis-à-vis des efforts d’arrachement et de
compression — 13
Références bibliographiques ......................................................................... — 14

es fondations des mâts et des pylônes se distinguent des fondations des


L ouvrages courants de génie civil par la prédominance d’efforts d’arrachement
ou d’efforts horizontaux, eux-mêmes associés avec des moments de renverse-
ment en tête de la fondation.
Le lecteur se reportera utilement :
— aux articles de la rubrique Géotechnique. Mécanique des sols et des roches du présent
traité ;
— aux articles Lignes aériennes [D 4 420] à [D 4 439] du traité Génie électrique.
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@QYYR

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 682 − 1

YS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVXR

CONSTRUCTIONS MÉTALLIQUES __________________________________________________________________________________________________________

1. Généralités et classification ■ Coefficients de sécurité


Il appartient à l’utilisateur de vérifier que les sollicitations trans-
mises aux fondations ainsi que les coefficients de sécurité totaux
Les pylônes monopodes appliquent des efforts horizontaux et des ou partiels sont conformes aux règlements en vigueur, ces
moments de renversement sur la fondation (figure 1a). règlements pouvant être soit des règlements généraux [fascicule 62,
titre V : Règles techniques de conception et de calcul des
Les pylônes multipodes conduisent à des efforts d’arrachement fondations des ouvrages de génie civil. Cahier des Clauses
sur certains appuis et de compression sur d’autres ; des efforts Techniques Générales [11] ; Règles BAEL (articles spécialisés dans
horizontaux souvent modestes sont également à prendre en ce traité) ; Eurocodes...], soit des règlements particuliers à certains
compte (figure 1b). organismes.
Les massifs d’ancrage des mâts et pylônes haubanés doivent Devant la complexité actuelle due au fait que de nombreux textes
résister à des efforts obliques d’arrachement (figure 1c). d’application du calcul aux états limites ne sont pas encore parus


L’objectif est de décrire la conception des différentes fondations au moment où nous écrivons, aucune valeur des coefficients de sécu-
appropriées à chaque type de sollicitations et de fournir les méthodes rité n’est donnée ici (à l’exception des fondations superficielles [2]).
usuelles de dimensionnement.
En ce qui concerne la justification vis-à-vis des efforts verticaux
de compression, il y a lieu de se reporter selon le type de fondation
aux articles spécifiques de ce traité : 2. Pylônes monopodes
— Fondations superficielles [C 246] ;
— Fondations profondes [C 248]. et leurs fonctions
Pour le calcul des fondations semi-profondes, on se reportera au
paragraphe 3.1.2.2. Nous traiterons dans ce paragraphe des fondations soumises à
des efforts horizontaux et à des moments de renversement en tête.

2.1 Fondations superficielles

Ce type de fondation n’est applicable qu’à des ouvrages de faible


importance (panneaux de signalisation, panneaux publicitaires, etc.).
L’effort horizontal F h0 et le moment de renversement M 0 doivent
être associés à un effort de compression V qui est souvent constitué
pour l’essentiel par le poids propre de la fondation.

2.1.1 Reprise d’un effort horizontal associé


uniquement à une charge verticale centrée.
Condition de non-glissement

L’association de F h0 et de V conduit à une résultante inclinée F


(figure 2). Il convient de vérifier la stabilité au poinçonnement par
la méthode décrite dans l’article Fondations superficielles [C 246] du
présent traité.

Figure 1 – Sollicitations prépondérantes


Figure 2 – Fondation superficielle soumise à un effort horizontal

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 2 682 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

YT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRVXR

_________________________________________________________________________________________________________ CONSTRUCTIONS MÉTALLIQUES

Par ailleurs, il faut également vérifier la stabilité au glissement à Si p 2 < 0, il y a décollement et il faut déterminer la largeur b′
l’aide de la formule : (figure 3b) sur laquelle la semelle reste en compression.
V tan δ + β c u A Cette condition ne peut être acceptable que pour des semelles
F G = ----------------------------------------- (1) en béton armé et sous ELU (états limites ultimes).
F h0
■ Justification de la semelle
avec FG coefficient de sécurité au glissement,
● Sécurité au renversement :
δ angle de frottement entre la fondation et le sol,
cu cohésion non drainée du sol d’assise, Vb
F R = -------------- (3)
2M 0
β coefficient inférieur à 1 (β c u = adhérence),
A aire de la fondation. avec F R coefficient de sécurité au renversement pris générale-
Les valeurs de β et de δ sont mal connues, aussi est-il usuel de ment égal à 1,5.
prendre tan δ = 0,67 tan ϕ (ϕ = angle de frottement interne) et de
négliger le terme de cohésion.
Si F h0 a une valeur élevée, il est judicieux de réaliser des bêches
● Poinçonnement du sol : conformément au DTU 13-12
Fondations superficielles [2], la condition suivante doit être vérifiée
sous ELU (états limites ultimes) :

comme indiqué en pointillé sur la figure 2. La résistance au cisaille- p 1 + 3p 2
ment du sol est alors correctement mobilisée, et il est possible de -⭐q
------------------------ (4)
remplacer dans la formule (1) δ par ϕ et de prendre β = 1. 4
avec q contrainte de calcul selon le DTU précité.
2.1.2 Reprise d’un moment de renversement
2.1.2.2 Fondation rectangulaire sollicitée simultanément
associé à une charge verticale centrée selon les deux axes. Méthode de Hahn
2.1.2.1 Fondation circulaire ou fondation rectangulaire Le moment de renversement M0 est appliqué par l’intermédiaire
sollicitée selon un axe de la résultante F h0 des forces horizontales, qui est supposée
s’appliquer à une hauteur H au-dessus de l’assise de la fondation
V et M0 sont les sollicitations réduites au niveau de l’assise de
(figure 4), tel que :
la semelle (figure 3).
M 0 = F h0 H
La réaction du sol sous la semelle est supposée se répartir selon
une loi linéaire. Dans ces conditions, les contraintes extrêmes p1 Si la force F h0 est nulle, il suffit de la rejeter à l’infini.
et p 2 sont données par les formules : La semelle rectangulaire est définie par ses côtés a dans le
sens Ox et b dans le sens Oy.
V 6M 0 V 6M 0
p 1 = ----- – -------------
- et p 2 = ----- + -------------
- (2) Dans cette méthode, on va s’attacher à déterminer la contrainte
b b2 b b2 maximale pmax qui s’exerce sous la semelle (figure 4b). Le problème
est beaucoup moins anodin qu’il n’en paraît à première vue. La valeur
de p max peut être obtenue par la méthode de Hahn [4] à l’aide de
la table de Pohl.
Les efforts au niveau de l’assise de la semelle peuvent être réduits
selon les axes Ox et Oy comme suit :
Fx ; M y = Fx H et Fy ; M x = Fy H
V = charge verticale de compression (y compris le poids propre de
la semelle et des terres qui la surmonte).
Le point d’application P de la résultante de F h0 et V a pour
coordonnées x et y telles que :
Fx H Fy H
x = ------------- et y = ------------- (5)
V V
La contrainte maximale est :
V
p max = µ ⋅ --------- (6)
ab
Le coefficient µ est donné par la table de Pohl (tableau 1) en fonc-
tion de x/a et y/b. (0)
■ Justification de la semelle :
● Sécurité au renversement : la sécurité au renversement est véri-
fiée selon les deux axes, comme précédemment [formule (3)], soit les
coefficients de sécurité F Rx et F Ry qui doivent être comparés aux
valeurs acceptables pour le cas de sollicitation considéré.
Figure 3 – Fondation superficielle soumise à un moment

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 682 − 3

YU
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE

Techniques de l’Ingénieur propose la plus importante


collection documentaire technique et scientifique
en français !
Grâce à vos droits d’accès, retrouvez l’ensemble
des articles et fiches pratiques de votre offre,
leurs compléments et mises à jour,
et bénéficiez des services inclus.

   
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES

 + de 350 000 utilisateurs


 + de 10 000 articles de référence
 + de 80 offres
 15 domaines d’expertise
Automatique - Robotique Innovation
Biomédical - Pharma Matériaux
Construction et travaux publics Mécanique
Électronique - Photonique Mesures - Analyses
Énergies Procédés chimie - Bio - Agro
Environnement - Sécurité Sciences fondamentales
Génie industriel Technologies de l’information
Ingénierie des transports

Pour des offres toujours plus adaptées à votre métier,


découvrez les offres dédiées à votre secteur d’activité

Depuis plus de 70 ans, Techniques de l’Ingénieur est la source


d’informations de référence des bureaux d’études,
de la R&D et de l’innovation.

www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur

  
ACCÈS

Accès illimité Téléchargement des articles Consultation sur tous


aux articles en HTML au format PDF les supports numériques
Enrichis et mis à jour pendant Pour un usage en toute liberté Des contenus optimisés
toute la durée de la souscription pour ordinateurs, tablettes et mobiles

 
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES

Questions aux experts* Articles Découverte Dictionnaire technique multilingue


Les meilleurs experts techniques La possibilité de consulter des articles 45 000 termes en français, anglais,
et scientifiques vous répondent en dehors de votre offre espagnol et allemand

 
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires

*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.

ILS NOUS FONT CONFIANCE

www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com

Vous aimerez peut-être aussi