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Jihane Gattioui
SAMIR CHAOUKI. DIRECTEUR DE PUBLICATION www.leseco.ma j.gattioui@leseco.ma

Administration. Statégie digitale. E-services.


Le citoyen au cœur Les banques en pole Économie de temps et de
des priorités position moyens pour la DGI
P. 2 P. 14 P. 15

E-services

Dans l’ère 2.0


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Vendredi 28 septembre 2018

E-services

Services en ligne. tions dont les collectivités territoriales. Le


jeu en vaut la chandelle. En effet, ce projet
permettra non seulement de faciliter les dé-

Peut mieux faire !


marches administratives aux usagers, mais
aussi de développer la coordination entre
les différentes administrations et de donner,
ainsi, un véritable coup de fouet au rende-
ment des services publics. Pour y arriver, il
L’accélération de la cadence s’impose pour le développement des faut lancer une véritable politique d’ouver-
services en ligne. Des avancées considérables ont certes été réalisées, ture des données. À ce titre, parmi les enga-
au cours des dernières années, par certaines administrations, mais il gements du Maroc dans le cadre du gouver-
reste beaucoup à faire, surtout en matière de promotion des services nement ouvert figure le plan d’action relatif
en ligne les plus demandés par les usagers. à «la mise à niveau de l’Open Data». Les ad-
ministrations sont invitées à partager et pu-
blier leurs données sur un portail national.
Le développement des services Par ailleurs, il s’avère nécessaire de prioriser,
en ligne est l’un des axes straté- dans un premier temps, le développement
giques en vue de réconcilier des services dans les domaines les plus cou-
l’usager, qu’il s'agisse de l'entre- rants à l’instar de ce qui est fait dans plu-
prise ou du citoyen, avec l’admi- sieurs pays. Conscient de cet enjeu, le gou-
nistration. Cela fait presque vernement s’attelle au développement de
deux décennies que ce chantier certains de ces services comme la création
est inscrit parmi les priorités d’entreprise par voie électronique, dont le
gouvernementales visant à as- projet de loi, adopté en février 2018 par le
seoir la réforme tant attendue Conseil de gouvernement, est en phase
de l’administration. Mais, avancée au Parlement. Rappelons que la
jusque-là, les objectifs escomp- création en ligne de l’entreprise était prévue
tés n’ont pas été totalement at- pour 2011, avec l’objectif d’atteindre un taux
teints, même si des avancées d’utilisation de ce service de 40% fixé pour
considérables ont été enregis- 2013. S’ajoute à cela l’impératif de suivre la
trées au cours des dernières an- qualité des services en ligne de l’administra-
nées. Comme l’a si bien souligné tion pour évaluer leur impact et redresser
la Cour des comptes dans son les dysfonctionnements le cas échéant,
dernier rapport, on note une ad- d’autant plus que la demande des services
ministration à plusieurs vi- en ligne au Maroc devrait être de plus en
tesses en raison de l’absence d’une stratégie l’État civil, la mise en place de l’identifiant plus importante avec la forte évolution de
fédérant l’ensemble des départements. En unique du citoyen, qui va permettre de ré- l’accès des citoyens à Internet.
effet, chaque département a avancé selon gler nombre de problématiques, ou encore La promotion de la e-participation n’est pas
l’importance des moyens dont il dispose. du projet «Gateway», qui s’assigne pour ob- en reste. En dépit des efforts déployés, dont
Aucune priorisation des services à dématé- jectif de permettre aux citoyens et entre- le lancement de la plateforme numérique
rialiser selon leur importance pour l’usager prises de s’adresser uniquement à l’admi- des pétitions en ligne, le Maroc a en effet dé-
n’a été effectuée par le gouvernement. Très nistration responsable du service demandé, gringolé, passant de la 17e place mondiale
attendus, certains projets phares accusent qui a pour mission de demander aux autres en matière d’e-participation en 2016 au 56e
un retard abyssal dans leur développement administrations les informations néces- rang dans le rapport 2018 sur le développe-
voire leur lancement alors qu’ils sont struc- saires à l’accomplissement de ce service. Le ment du e-gouvernement publié par la Divi-
turants pour la promotion de l’administra- gouvernement est appelé à accélérer la ca- sion de l’administration publique et la ges-
tion électronique et la facilitation des dé- dence en vue de l’activation de ce chantier tion du développement du Département
marches administratives. Il s’agit, entre d’envergure, qui nécessite le partage d’infor- des Nations unies pour les affaires écono-
autres, de la digitalisation des services de mations entre les différentes administra- miques et sociales. q

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Mostafa Bentak, Jihane Gattioui, Jihane Bougrine, Rédaction : Younès Saoury, Jazia El Hammari, Assistante Commerciale : Leila Moukafih Les Inspirations ÉCO est édité par Horizon Press S.A.
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E-services

Administration axée sur cette transformation culturelle, le gouverne-

l’utilisateur. Un vaste
ment numérique est utilisé comme un mot à
la mode qui dissimule l’application des tech-
nologies numériques par rapport aux procé-

chantier
dures et structures traditionnelles. «Mettre les
mêmes formes complexes en ligne alors que
l’administration continue de mal comprendre
l’utilisateur et que les systèmes publics conti-
L’administration marocaine a encore un long chemin à parcourir pour nuent d’être fragmentés n’a rien à voir avec le
développer des services axés sur l’utilisateur. Le changement de la culture gouvernement numérique». L’enjeu est de
parvenir à transférer le centre de gravité de
s’impose pour le développement du gouvernement numérique. l’administration, responsabiliser les citoyens
et réorganiser la façon dont fonctionnent les
services publics. L’administration marocaine
est appelée à se concentrer sur les résultats
plutôt que sur les processus qui ont été mis en
place depuis des décennies. Dans l’ensemble,
les données indiquent qu’on peut encore faire
davantage pour promouvoir une culture nu-
mérique et ouverte dans le secteur public ma-
rocain. L’état d’esprit doit être axé sur le déve-
loppement des données dans le secteur
public. La mise en œuvre d’approches vérita-
blement axées sur l’utilisateur exige que l’ad-
ministration publique marocaine reconnaisse
la valeur des données comme un atout straté-
gique, selon l’OCDE. En effet, la capacité de re-
cueillir, de produire et de traiter des quantités
massives de données pour dégager des en-
seignements et identifier les tendances est
Il reste beaucoup à faire en matière de déve- quête auprès des institutions publiques ma- une caractéristique essentielle des nouvelles
loppement des services en ligne adaptés aux rocaines sur le gouvernement numérique», organisations numériques et des modèles
besoins des citoyens en dépit d’initiatives no- 64% des administrations ne mesurent pas la commerciaux. Ce n’est qu’en tirant partie des
vatrices lancées de part et d’autre. Peu d’insti- satisfaction des utilisateurs par rapport aux données provenant de sources tradition-
tutions utilisent des plateformes numériques services gouvernementaux numériques. Il est, nelles et alternatives que l’administration
pour permettre aux acteurs externes de par- par ailleurs, constaté que le développement publique peut mieux comprendre les besoins
ticiper aux décisions publiques et 36% unique- du gouvernement numérique est plutôt une des utilisateurs, améliorer continuellement
ment des institutions marocaines surveillent question de changement de la culture de l’ad- ses performances et engager les acteurs ex-
la satisfaction des utilisateurs par rapport aux ministration publique qu’une question de ternes dans la création de valeur publique. Il
services publics numériques, selon l’Organisa- technologie. En attestent les avancées consi- faut dire que les données deviennent la res-
tion de coopération et de développement éco- dérables réalisées par certaines administra- source la plus précieuse de l’économie nu-
nomiques (OCDE). Les institutions déclarent, tions alors que d’autres sont à la traîne. Au- mérique et l’un des éléments fondamentaux
dans certains cas, avoir des systèmes hors jourd’hui, le développement de services dont dépend le gouvernement numérique.
ligne de gestion des plaintes dont les résultats numériques dédiés aux utilisateurs par l’ad- Or, «le gouvernement du Maroc n’a pas en-
sont évalués sur une base annuelle. Une ap- ministration n’est plus un luxe mais une né- core développé un cadre de gouvernance
proche vertement critiquée par l’OCDE : l’éva- cessité pour offrir de meilleurs services et fa- pour les données du secteur public, une poli-
luation de la rétroaction des utilisateurs avec ciliter la vie des citoyens. Les services doivent tique spécifique pour les données gouverne-
une année de retard risque de ne pas être suf- être accessibles par des moyens numériques mentales ou pour chercher de manière
fisamment réactive pour l’environnement en ou des points d’accès physique. L’OCDE est on proactive à développer des capacités de don-
évolution rapide d’aujourd’hui. Selon une en- ne peut plus clair sur cette question : sans nées dans le secteur public». q

Les recommandations de la Cour des comptes


Dans son dernier rapport, la Cour des comptes a fait un diagnostic détaillé de l’état des lieux des services en ligne orientés usagers relevant bon nombre de fai-
blesses. Plusieurs recommandations ont été émises par cette institution. Il s’agit notamment de la nécessité d’adopter et de diffuser officiellement une stratégie
de développement du numérique et veiller à l’intégration des principaux projets de services en ligne des différents départements afin d’assurer une cohérence
d’ensemble. La cour appelle à la focalisation des efforts sur les services en ligne les plus demandés par l’usager et l’adoption pour cela d’une approche par évé-
nements de vie, comme c’est le cas en Europe. Il est aussi recommandé d’introduire par une démarche volontariste la réalisation automatisée par l’adminis-
tration, des services aux usagers, sans demande préalable des personnes concernées. Les collectivités territoriales devront être incitées à travers des mécanismes
d’appui financiers et techniques adéquats, à s’investir davantage dans le déploiement des services en ligne en veillant à leur bonne intégration dans les stratégies
numériques nationales. La cour des comptes plaide pour l’adoption d’une politique et d’un cadre légal d’ouverture des données (Open Data) visant à instaurer
ce concept comme un objectif durable et accorder la priorité à l’ouverture des données en relation avec les besoins réels des usagers. Par ailleurs, il faut déve-
lopper la communication autour des services en ligne en particulier à travers le portail «service-public.ma» dont le contenu doit être exhaustif, fiable et régu-
lièrement actualisé et étudier la possibilité de transformer ce portail en un point d’entrée unique à l’ensemble des services en ligne. À cet égard, le ministère de
l’Industrie appelle à prendre aussi en considération le portail dédié à la promotion et à la communication sur les projets/services en ligne (www.egov.ma), lancé
en 2010. Il est également préconisé d’améliorer la qualité du suivi de l’évolution des services en ligne en y intégrant notamment les aspects qualitatifs et faire
des évaluations régulières du degré d’utilisation de ces services et de leur impact sur l’usager et l’administration.
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E-services

Comment ?
Dans un premier temps, cette plateforme
«Gateway gouvernementale» sera utilisée
pour l’accès commun aux informations rela-
tives à la carte d’identité nationale électro-
nique dans le but de réduire le nombre de do-
cuments administratifs et faciliter
l’accomplissement des démarches adminis-
tratives. Une fois ce pilote lancé, le ministère
prévoit de généraliser cette plateforme de
telle façon qu’un usager ne devra plus fournir
à une administration une information ou un
document fourni par une autre administra-
tion. Ce projet permettra aux administrations
Mohamed Benabdelkader. d’interfacer leurs systèmes d’information
avec la Gateway gouvernementale afin
Ministre de la Réforme de l’administration et de la fonction publique d’échanger entre elles tout type d’informa-
tions nécessaires à l’accomplissement des dé-
marches administratives initiées par les usa-
gers. Le but étant de simplifier les procédures
administratives par la minimisation du nom-

“La e-stratégie est d’abord bre des documents administratifs demandés,


la réduction des déplacements des usagers
ainsi que les délais d’obtention des services.
au service du citoyen” À cet égard, le ministère s’est engagé dans son
plan national de la réforme de l’administra-
tion 2018-2021 à achever la première phase de
ce projet en attendant sa généralisation sur
Quelle est la vision gouvernementale pour les postes de responsabilité et les em- l’ensemble des administrations publiques
pour le développement de l’administra- plois supérieurs. Le portail de géolocalisation d’une manière progressive et selon un plan
tion digitale ? des services publics avec son application mo- d’action de 2018 à 2021. Avec nos partenaires,
Comme vous le savez, le Maroc dispose d’une bile vise, pour sa part, à aider les citoyens notamment le ministère chargé de l’Écono-
nouvelle stratégie «Maroc Digital 2020» et a dans l’accomplissement de leurs démarches mie numérique et son bras armé en la ma-
créé récemment une Agence de développe- administratives en leur facilitant l’accès aux tière, l’Agence de développement digital, la
ment digital qui reflète pleinement l’engage- services publics à travers la géolocalisation de DGSN et la CNOPS, nous lancerons un ser-
ment du gouvernement. Néanmoins, le plus de 14.000 points d’intérêt administratif. vice numérique pilote permettant l’accès
Maroc devrait tirer parti de la dynamique ac- Quant à «chikaya.ma» avec son application commun aux données de la carte d'identité
tuelle pour progresser dans la mise en place mobile, c’est un portail national unifié et mul- nationale en faveur de la Caisse nationale des
d’un cadre de gouvernance adéquat ainsi que ticanal pour le traitement et la gestion des ré- organismes de prévoyance sociale (CNOPS).
de mécanismes de coordination des efforts clamations, des suggestions et des observa-
de numérisation dans le secteur public. Dans tions des usagers. Enfin, le centre d’appel et Quel regard portez-vous sur l’utilisation
cette perspective, mettre en œuvre un pro- d’orientation couvre l’ensemble des do- par les usagers des services publics ?
gramme cohérent d’une réforme ambitieuse maines des quatre portails. Conscient des attentes fortes de nos conci-
est un impératif pour développer une admi- toyens qui souhaitent, à court terme, des
nistration efficace, transparente et compé- Que faut-il encore faire pour développer changements effectifs dans leurs relations
tente, capable d’offrir des services publics de les services en ligne ? avec l’administration avec un véritable im-
qualité et d’appuyer les stratégies sectorielles. Pour développer les services en ligne, il faut pact sur leur vécu quotidien, il est indispen-
C’est dans ce sens que le ministère a com- intégrer dans nos stratégies plusieurs prin- sable aujourd’hui d’élaborer une politique pu-
mencé la préparation d’un schéma directeur cipes clés. En premier lieu, l’usager deviendra blique visant l’amélioration de la relation de
garantissant une certaine complémentarité, le centre des préoccupations de l’administra- l’administration avec les citoyens et usagers
harmonie et convergence des chantiers sec- tion, ce qui revient à mieux canaliser les ef- ainsi que celle de la gestion des services déli-
toriels qui sont en cours de réalisation, no- forts de coordination et de collaboration vrés en rendant ceux-ci accessibles, sans en-
tamment les chantiers de la transformation pour satisfaire l’usager «citoyen et entre- traves ni difficultés, dans des conditions de
numérique de l'administration publique. prise». Il s’agit aussi des stratégies digitales célérité, d’accueil, de respect, d’égalité,
sectorielles tant interdépendantes que com- d’éthique et de transparence. Face à l’évolu-
Où en est le dispositif «Idarati» ? plémentaires ; de la mise à niveau des infra- tion des besoins de la société, aux impacts de
Le dispositif Idarati d’interaction numérique structures des différentes administrations la mondialisation et des révolutions techno-
multicanal avec l’usager de l’administration pour répondre aux exigences actuelles, du logiques, l’administration doit se hisser à la
publique qui a été mis en place regroupe plu- renforcement de la formation continue au hauteur des nouveaux enjeux qui lui sont im-
sieurs e-services. On peut citer le portail «ser- niveau des différents départements en prio- posés. Aussi veut-elle s’inscrire dans une ap-
vice-public» avec son application mobile, qui risant les technologies de l’information et de proche proactive et une vision commune et
regroupe plus de 800 procédures administra- la réglementation pour accompagner ce intégrée pour une réforme globale. Enfin,
tives réparties selon 14 thèmes (papiers, fa- chantier. Pour augmenter le nombre d'e-ser- notre ministère vise à travers le Plan national
mille, fiscalité, emploi…) et plus de 170 services vices offerts par le gouvernement, notre mi- de la réforme de l’administration 2018- 2021,
publics électroniques. Le portail «Emploi-pu- nistère procède en collaboration avec le mi- à inscrire le citoyen au centre des préoccupa-
blic» avec son application mobile permet l’ac- nistère de l’Industrie, de l’investissement, du tions de la fonction publique. Cela requiert un
cès à toutes les annonces de recrutement commerce et de l’économie numérique à la changement dans les comportements et les
dans les administrations publiques, les collec- généralisation de la plateforme Gateway mentalités ; des législations de qualité visant
tivités territoriales et les établissements et en- gouvernementale qui va constituer le gui- un service public toujours plus efficace au
treprises publics, aux appels à candidature chet unique des services publics. service du citoyen doivent être adoptées. q
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E-services

Ma CNSS. Plus de 5 millions au profit des entreprises à travers le portail

de téléchargements
DAMANCOM qui a quinze ans d’existence. La
CNSS compte 155.839 entreprises télé-décla-
rantes, sur un total de 200.000 et 2,9 millions
d’assurés sur un total de 3,2 millions.
La CNSS a lancé en 2003 une stratégie de dématérialisation de sa Quelque 84.475 entreprises télé-paient via le
relation avec sa clientèle aussi bien les salariés que les entreprises et les portail sans aucune obligation légale. Cette
partenaires. Plusieurs services en ligne sont lancés dont l’application obligation ne sera possible qu’après l’adop-
mobile Ma CNSS. tion du texte en cours d’examen au parle-
ment. Le portail DAMANCOM permet la
consultation du détail de la situation de l’en-
Cela fait quinze ans que la Caisse nationale des dossiers et paiement des prestations treprise vis-à-vis de la CNSS, l’immatricula-
de sécurité sociale investit dans les nouvelles comme l’AMO et la pension et allocations fa- tion en ligne, l’affiliation en ligne, l’adhésion
technologies de l’information pour mieux in- miliales, la simulation du montant de la re- en ligne au portail, la gestion du compte en
former les usagers et leur faciliter l’accès aux traite. À cela s’ajoute la géolocalisation per- ligne, la télé-déclaration groupée, les notifi-
différents services. L’interaction avec les mettant de situer sur une carte les cations des missions d’inspection et
clients est visiblement au rendez-vous représentations locales et régionales de la contrôle/ recouvrement. La démarche de dé-
comme en témoignent le nombre des télé- CNSS. Cette application qui est candidate matérialisation permet de renforcer la trans-
chargements de l’application mobile Ma pour remporter le prix Emtiaz 2018 fait par- parence et le droit d’accès à l’information
CNSS qui a atteint plus de cinq millions. Lan- tie des services en ligne offerts aux usagers pour que les salariés vérifient leurs cotisa-
cée en mai 2014, Ma CNSS se positionne dés- dont la version 2.0 du portail dédié aux assu- tions de leur employeur. Par ailleurs, un autre
ormais en tête des applications profession- rés. La moyenne mensuelle des utilisateurs portail est dédié aux professionnels de la
nelles. Elle permet de consulter les actualités, en 2017 atteint 480.075 pour la version web et santé (établissements de soins et pharma-
le récapitulatif de la carrière de l’assuré dé- 383.810 pour la version mobile. Aux services cies d’officine). Il permet la consultation des
clarée à la CNSS ainsi que l’état de traitement en ligne destinés aux salariés s’ajoutent ceux prises en charge et des paiements. q
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E-services

Développement
des services
électroniques.
Le point sur
les projets phares
Très attendue, la palteforme «Gateway gouvernementale» est le projet
phare du développement des services électroniques, lequel nécessite
l’adhésion de toutes les administrations pour relever le pari de la
constitution d’un guichet unique des services publics.

L’opérationnalisation du projet «Gateway digitalisation des services. Le gouvernement administratives électroniques au niveau des
gouvernementale» dont la mise en œuvre a El Othmani est très attendu sur ce dossier. Il différents ministères et établissements pu-
démarré il y a plus de quatre ans se fait tou- s’avère nécessaire d’accélérer la cadence de bliques pour pouvoir identifier et prioriser la
jours attendre. C’est un chantier de grande la généralisation de la Gateway gouverne- digitalisation des services publics les plus de-
envergure visant l’augmentation du nombre mentale qui permettra la facilitation des dé- mandés par les usagers, lesquels ne sont pas
des e-services offerts par le gouvernement, marches administratives à travers la coordi- encore numérisés. Par ailleurs, pour accom-
mené par le ministère de la Réforme de l’ad- nation et l’échange d’informations entre les pagner les administrations dans la numéri-
ministration et de la fonction publique en administrations. Il s’agit aussi de «renforcer sation de leurs processus de gestion interne
collaboration avec le ministère de l’Industrie, l’interopérabilité des systèmes, la mutualisa- et faire une économie d’échelle, le départe-
de l’investissement, du commerce et de l’éco- tion des efforts de l’administration et l’opti- ment de Benabdelkader a réalisé une étude
nomie numérique. On s’attend à ce que la gé- misation des flux d’information avec un réel qui va recenser les besoins des administra-
néralisation de la plateforme Gateway gou- pouvoir d’impact organisationnel». À cela tions en applications de gestion et de support
vernementale permette de constituer le s’ajoute l’intégration de la signature électro- pour préparer la liste des solutions mutuali-
guichet unique des services publics en vue nique dans les applications métiers des ad- sées à développer par l’agence de développe-
de faciliter la mission des usagers. Dans un ministrations, quelle que soit la nature de ment du digital dans le cadre de la mutuali-
premier temps, cette plateforme «Gateway l’application. Certains départements ont sation. Parmi les projets phares figure aussi
gouvernementale» sera utilisée pour l’accès adopté la signature électronique mais ce le système d’information commun de la ges-
commun aux informations relatives à la n’est pas encore banalisé. Il s’agit d’un mo- tion des ressources humaines de l’adminis-
carte d’identité nationale électronique (de- dule de dépôt et de suivi des demandes en tration publique qui s’assigne pour objectif la
mandée dans plus de 170 services publics) ligne pour la dématérialisation des télé-ser- dématérialisation de l'ensemble des proces-
dans le but de réduire le nombre de docu- vices administratifs initiés par le dépôt d’une sus de gestion des ressources humaines dans
ments administratifs et d’optimiser le temps, demande par l’usager et nécessitant le suivi la fonction publique. Il est conçu en partena-
le coût et le délai nécessaires au citoyen pour du traitement par l’administration ainsi riat avec douze départements ministériels.
l’accomplissement de ses démarches admi- qu’un module de workflow de traitement et On s’attend à ce que ce système améliore net-
nistratives. Jusque-là, l’adhésion des admi- de validation pour la dématérialisation du tement l’efficacité des administrations dans
nistrations se fait toujours attendre. Pour processus métiers avec une gestion appro- la gestion des ressources humaines et per-
rendre cette plateforme opérationnelle, il priée des habilitations. Le ministère de la Ré- mette d’extraire des indicateurs consolidés
faut adopter un texte juridique pour inciter forme de l’administration et de la fonction et partagés qui renforceront la prise de déci-
tous les départements et organismes publics publique est en voie de réaliser un autre pro- sion ayant trait aux différentes stratégies en
à adhérer à ce projet qui changera l’image jet : la mesure de la maturité des démarches la matière dans l’administration publique.q
écornée de l’administration auprès des usa-
gers car il permettra un gain considérable de
temps et de moyens. On est encore à la phase
de l’expérimentation. Le projet en commun Une dématérialisation pour améliorer l’efficience de l’administration
de la CNSS et de la commune de Tétouan sur
la déclaration de décès est réussi. Et une La mise en place de l’administration électronique vise à améliorer les performances et l’efficience du système de
convention entre la CNOPS et la Sûreté na- gouvernance du secteur public. Elle permet selon le ministère de tutelle d’atteindre bon nombre d’objectifs à com-
tionale sur l’usage de la carte d’identité natio- mencer par la simplification des procédures administratives et l’amélioration, par conséquent, du service orienté
nale sera bientôt lancée. La généralisation vers le citoyen et l'entreprise. À cela s’ajoute la dématérialisation des échanges entre l’administration et les usagers
des expériences pilotes à toutes les adminis- ainsi que la facilitation de l’accès aux services publics par différents canaux (internet, mobiles, bornes interac-
trations nécessite la mise en place de l’équi- tives…). Certaines administrations ont déjà relevé ce défi. La promotion de l’administration permet aussi de ré-
pement nécessaire notamment pour les duire les coûts, de développer l’efficacité des services publics, d’accélérer et de fiabiliser le traitement de l’infor-
communes. Il faut dire que même si la stra- mation, d’améliorer la communication avec le citoyen, l’entreprise et les administrations et de lutter contre le
tégie est partagée, le problème se pose au ni- fléau de la corruption en raison de la réduction de l’interaction physique des usagers avec les fonctionnaires de
veau de sa mise en œuvre car les administra- l’administration. En outre, le renforcement de la transparence et du droit d’accès à l’information détenue par l’ad-
tions ont d’autres priorités que la ministration n’est pas en reste.
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E-services

vent relier le travailleur local aux marchés


mondiaux et le protéger de l’informel et des
faiblesses de l'économie locale. Les technolo-
gies émergentes telles que l'intelligence arti-
ficielle et l'IoT peuvent fondamentalement
changer le paysage des services d'infrastruc-
ture. Aussi, les micro-réseaux permettant
une production et une utilisation durables de
l'énergie peuvent-ils être alimentés par des
«Big Data» et contribuer à l’émergence de
villes durables. L'agriculture peut également
être transformée par la numérisation, par
une intégration plus étroite des chaînes d'ap-
provisionnement locales avec les marchés
mondiaux, l'optimisation de l'utilisation de
l'eau et des fertilisants et même des modèles
d'accès partagé aux outils de production es-
sentiels (l’uberisation des machines agri-
coles, comme «tractor-as-a-service»).
Carlo Maria Rossotto. Comment le Maroc peut-il développer
Spécialiste TIC et coordinateur régional Moyen-Orient/Afrique du Nord des plateformes numériques concur-
et Europe/Asie centrale, Banque mondiale rentielles au service du plus grand
nombre de citoyens ?
C'est une excellente question pour laquelle je
ne suis pas certain d’avoir toutes les ré-
ponses. Il est en effet avéré que les plate-

“Le développement formes numériques modifient radicalement


l'économie mondiale. On estime que les pla-
teformes étrangères domineront les mar-
des services numériques chés émergents dans les prochaines années,
entraînant une série de défis économiques et
s’impose” concurrentiels notamment pour les écono-
mies moins numérisées. Je pense que, même
si le phénomène est récent, il existe un bon
Carlo Maria Rossotto, spécialiste TIC et coordinateur régional nombre de contre-exemples notamment
Moyen-Orient/Afrique du Nord et Europe/Asie centrale au sein de la dans les pays du Sud, où on a vu émerger des
Banque mondiale, fait le point sur l’importance du développement des plateformes numériques nées dans les mar-
services en ligne. chés émergents et capables de capter une
part de marché significative. Un exemple:
Jumia, la plateforme numérique panafricaine
Pourquoi le développement numé- vestir dans le secteur, y compris dans les qui fut la première licorne d'Afrique. Jumia
rique est-il important pour la crois- zones reculées et mal desservies. Le dévelop- concurrence efficacement des géants
sance socio-économique du Maroc ? pement des paiements numériques et l'émer- comme Amazon et eBay sur les marchés ré-
L'économie numérique est essentielle à la gence de nouveaux modèles d'innovation et gionaux. Et il existe d'autres exemples, tels
croissance future du Maroc. En cette «qua- de financement, y compris le financement que Go-Jek en Indonésie et Careem dans la
trième révolution industrielle», les innova- participatif, sont également des facteurs es- région, qui ont été des concurrents efficaces
tions de la technologie numérique pertur- sentiels. à des plateformes étrangères reconnues
bent les industries et les emplois comme Uber.
traditionnels et voient émerger de nouveaux Quel regard portez-vous sur les e-ser-
services, de nouveaux modèles économiques vices au Maroc, en comparaison avec Le numérique présente des opportuni-
et des entreprises de nouvelle génération. Les les pays de la région ? tés intéressantes, mais aussi des
technologies numériques offrent donc de Le Maroc a fait des efforts importants dans risques. Quelle responsabilité incombe
nouvelles opportunités et outils au Maroc des domaines clés de la numérisation, mon- aux pouvoirs publics en la matière ?
pour accélérer la croissance, créer des em- trant le plein potentiel des services électro- Les plateformes numériques nécessitent
plois, améliorer l'accès aux services et accroî- niques pour la population et les entreprises. une nouvelle approche de la politique de la
tre l'efficacité du rendement du gouverne- Par exemple, les services numériques liés au concurrence. Elles devraient être aussi sur-
ment. Capitaliser sur ces opportunités est paiement des taxes (telles que l’IR, l’IS et la veillées pour leurs implications sur les mar-
fondamental pour atteindre les objectifs TVA) sont bien avancés et les douanes maro- chés en amont et en aval. Il est très impor-
stratégiques de croissance et de création caines ont atteint un bon niveau de maturité tant de mettre en place des mesures
d’emplois. La numérisation est reconnue en ce qui concerne les services numériques. réglementaires permettant aux plateformes
comme une priorité par le gouvernement En revanche, certains services importants, locales de rivaliser avec celles étrangères.
marocain. Mais une telle priorité ne pourra se tels que la création d'une entreprise via l'ac- Dans le même temps, un bon environne-
réaliser sans une infrastructure Internet cès numérique et l'immatriculation en ligne ment de développement des plateformes de-
considérablement renforcée au Maroc. Cela de véhicules, ont connu des retards impor- vrait être encouragé, grâce à un système de
nécessite de poursuivre les réformes en aug- tants. Au-delà des services existants ou pro- paiement numérique performant et à une
mentant le niveau de concurrence parmi les grammés, le développement des services nu- infrastructure large bande rapide et écono-
opérateurs, en renforçant la réglementation mériques peut avoir un impact très mique, afin que les citoyens de toutes les ré-
sectorielle et en créant les conditions per- important sur la qualité de vie des citoyens. gions du pays puissent bénéficier de l'écono-
mettant au secteur privé de continuer à in- Les plateformes d'emploi numériques peu- mie numérique. q
12. Les Inspirations ÉCO Docs
Vendredi 28 septembre 2018

E-services

Toutes les compétences existent au Maroc


pour développer ce type de services et mener
les projets à bien. Il faut maintenant avoir des
projets et des appels d’offres. En tant que fé-
dération, on sensibilise et on donne au sec-
teur privé la possibilité d’exprimer son sa-
voir-faire. Mais il faut des appels d’offres. On
est dans l'attente, et on est heureux de cette
ambition royale.

Que reste-t-il encore à faire, et


quelles sont les contraintes qui
demeurent posées ?
Le gouvernement et les pouvoirs publics
sont appelés à lancer des projets importants
de digitalisation tout en prenant en considé-
ration la question de la sécurité. Il faut accé-
lérer la mise en œuvre des projets. Les minis-
tères disposent des compétences requises. Il
Saloua Karkri-Belkziz. faut revoir le système de consultation et
d’appels d’offres. Avec les procédures de mar-
Présidente de la Fédération des technologies de l’information, chés publics telles qu’elles existent actuelle-
des télécommunications et de l’offshoring (APEBI) ment, on ne pourra jamais y arriver. C’est un
secteur qui demande un CPS spécifique pour
le digital afin de passer rapidement des mar-
chés négociés en toute transparence. Les mi-
nistères savent ce dont ils ont besoin et les

“Le Maroc ne dispose opérateurs ont le savoir-faire. Mais le pro-


blème reste contractuel avec les ministères
qui sont obligés de respecter les dispositions
pas d’un plan global des appels d’offres et les délais. Le rythme est
ainsi long. Il faut imaginer un mode des mar-
de développement chés publics spécifique pour le digital.

Quelle comparaison faites-vous


des e-services” entre le Maroc et des pays similaires,
en termes de services en ligne ?
Comme je l’ai souligné, la Côte d’Ivoire de-
L’accélération du rythme de la digitalisation des administrations s’im- vance le Maroc en matière de e-services ainsi
pose. Les services en ligne qui existent déjà nécessitent d’être développés, que d’autres pays en Afrique comme le
selon la présidente de l’APEBI Saloua Karkri-Belkziz. Le Maroc est à la Rwanda. Il faut dire que le digital est un
moyen de structurer l’économie et de répon-
traîne par rapport à des pays similaires. dre aux défis socio-économiques, notam-
ment l’enseignement et la santé.
Quel regard portez-vous sur les plan de développement global «e-services»
e-services au Maroc ? comme dans d’autres pays. À titre d’exemple, Le secteur privé a-t-il pris conscience
De manière générale, les e-services au Maroc la Côte d’Ivoire a lancé, l’année dernière, un de l’importance des e-services ?
ne sont ni très professionnels, ni faciles à uti- ensemble de 50 projets en ligne impliquant Les filiales de multinationales sont obligées
liser, ils sont assez compliqués pour un utili- beaucoup de départements ministériels de suivre les process et les projets de trans-
sateur lambda. Seuls deux ou trois minis- dans le même portail. C’est ce qui nous formation digitale déjà menés par la maison-
tères se distinguent en la matière, à manque au Maroc, les actions entreprises mère. La PME ou les groupes familiaux im-
commencer par les différentes directions du restant assez isolées, et on n’a pas encore de portants commencent à prendre conscience
ministère de l’Économie et des finances portail collectif. Cela figure dans l’appel du roi de l’intérêt de la digitalisation, mais ne savent
comme la Trésorerie générale et la Direction dans le discours du Trône. Il faut que les ad- pas comment se lancer. Pour cela, la CGEM a
générale des impôts, qui ont déployé de ministrations s’échangent les données. C’est un rôle important. Une commission a été
grands efforts pour accélérer le développe- l’objectif du projet de Gateway, développé par mise en place au niveau du Conseil d’admi-
ment des services en ligne mais qui restent, le ministère de l’Industrie, qui reste toutefois nistration. C’est, d’ailleurs, le moyen de ren-
en dépit de tout, difficiles à utiliser car il n’y a en suspens. dre nos entreprises plus compétitives.
pas assez de sensibilisation et de fédération L’agence de développement digital nous a as-
autour du sujet. En effet, l’assistance en ligne Le rythme va peut-être s'accélérer, avec sociés à l'envoi d'un questionnaire destiné à
manque. Il faut que ces services soit faciles à la nouvelle agence du développement l’ensemble des industries au Maroc sur les
utiliser pour tout le monde. Parfois, même digital... besoins 4.0. Par ailleurs, il y a encore la
des ingénieurs ont du mal à les utiliser et les En effet, il s’agit de l’un des chantiers priori- PME/PMI qui est obligée de passer à la digi-
citoyens sont, en fin de compte, obligés de se taires de l’agence qui ont été définis par son talisation grâce aux nouvelles démarches de
déplacer car ils n’arrivent pas à finaliser les premier Conseil d’administration. L’agence la DGI et de la CNSS. Il faut parfois assurer
formalités. Des efforts ont été déployés par va fédérer toutes les initiatives. l’accompagnement (le rôle de Maroc PME),
des organismes comme la Conservation fon- mais pour d’autres, il faut passer à l’obliga-
cière et la CNSS, qui est pionnière en la ma- Quid de la responsabilité du secteur tion. En ce qui concerne les banques, elles ont
tière. Mais ce sont des initiatives plutôt iso- privé dans le développement des mis en place un service digital. Celles-ci sont
lées. Le Maroc ne dispose pas encore d’un e-services ? informatisées depuis longtemps. q
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Vendredi 28 septembre 2018

E-services

lier, selon une étude récente. Les investisse-


ments réalisés par les banques pour la mo-
dernisation de leurs systèmes d’information
et fluidifier le workflow, dans un contexte de
développement du numérique, et le renfor-
cement de leur effectif ont induit un accrois-
sement de leurs charges générales d’exploi-
tation de 4,6% à 23,3 MMDH en 2017, contre
3,9% en 2016, précise la Banque centrale. Les
efforts déployés au cours des dernières an-
nées ont permis de donner un coup de fouet
à l’inclusion financière, le taux de bancarisa-
tion ayant atteint environ 70%. Les banques
misent visiblement plus sur la digitalisation
que l’expansion du réseau des agences ban-
caires. Dans son rapport sur la supervision
bancaire, Bank Al-Maghrib souligne que,
dans un contexte de digitalisation des ser-
vices bancaires et d’usage croissant de la
technologie, le rythme d’évolution du réseau
bancaire poursuit son ralentissement en-
clenché en 2012, revenant à 1,7% en 2017
contre 2,3% en 2016, 3,8% en 2015 et 9% en
moyenne au cours de la période 2007/2016.
Bien qu’un intérêt particulier soit accordé au
volet digital, il reste encore à développer les

Digital. Les banques


relations numériques entre les banques et les
clients. Selon une étude de l’agence de me-
sure de performance digitale D-Rating, sur le

en pole position
marché bancaire marocain, les Marocains vi-
sitent 10 fois moins les sites web des banques
que les Européens. Cette étude indique que
les banques marocaines n’ont pas encore
réussi à mettre en œuvre une relation régu-
Les banques investissent dans leur digitalisation en vue de construire lière avec leur client à travers le canal web ou
des processus simplifiés et de fluidifier l’interaction avec les clients. les canaux digitaux. Cette situation s’ex-
Cette tendance leur a permis de donner un coup de pouce à l’inclusion plique en grande partie par l’usage massif du
financière. En dépit des avancées, il reste encore à développer davan- cash ainsi que d’autres facteurs. Pour renfor-
tage les relations numériques entre les banques et les clients. cer leur interaction avec les clients, les
banques sont appelées à développer leur pré-
sence sur les réseaux sociaux. Certaines ont
Face à la mutation des habitudes de consom- tisation des processus d’instruction de dos- d’ailleurs pu relever ce défi, selon D-Rating,
mation et à la montée en puissance des nou- siers clients, demande de chéquier…). La ten- alors que d’autres sont encore à la traîne. Le
velles technologies dans l’économie mon- dance actuelle est plutôt aux applications développement des services financiers en
diale, les banques ont lancé des stratégies mobiles. Les projets de transformation digi- ligne est un processus continu qui doit s’ali-
pour adapter leur offre aux nouvelles exi- tale des banques au Maroc s’élèvent à un mil- gner sur les mutations rapides que connaît le
gences en combinant les canaux physiques secteur des nouvelles technologies. Les prin-
à ceux numériques. Le processus de digitali- cipales banques marocaines sont visible-
sation en cours, qui est d’ailleurs en ébulli- ment conscientes de l’opportunité qu’offre la
tion, vise entre autres à renforcer la liste des
services en ligne et à transformer en profon- qqq transformation digitale pour développer leur
relation clientèle. Le secteur financier est ap-
deur l’interaction avec les clients, dont les at- pelé à pérenniser les efforts de transforma-
tentes sont grandissantes. Les principaux Les investissements réalisés par tion numérique. Pour réussir ce challenge,
services physiques sont reproduits en ligne les banques pour la modernisation les experts soulignent l’impératif pour les
et sur mobile pour les rendre plus accessibles de leurs systèmes d’information banques de mettre l’expérience client au cen-
et rapides (ouverture d’un compte bancaire et fluidifier le workflow, ont induit tre de leurs préoccupations. Cela implique la
en ligne, accès au crédit en ligne, opérations un accroissement de leurs charges générales nécessité de mieux comprendre le client en
bancaires, paiement mobile, consultation du d’exploitation de 4,6% à 23,3 MMDH mettant en place des plateformes d’analyses
compte, gestion de cartes bancaires, automa- en 2017, contre 3,9% en 2016. des données clients. q

Cybercriminalité: BAM veille au grain


La digitalisation implique un recours de plus en plus important aux plateformes web et mobile. Ainsi, le risque de cyber-attaque s’accroît. La vigilance des
acteurs bancaires est, de ce fait, de mise, tient à souligner Bank Al-Maghrib (BAM). À ce titre, la Banque centrale a édicté une directive fixant les règles minimales
à observer par les établissements de crédit pour réaliser les tests d’intrusion de leurs systèmes d’information. Par ailleurs, un protocole d’échange et de coopé-
ration entre Bank Al-Maghrib et la Direction générale de sécurité des systèmes d’information, relevant de l’Administration de la Défense nationale, vise à pro-
mouvoir la sécurité des infrastructures informatiques, considérées comme vitales pour le secteur bancaire. Plusieurs mesures ont été prises pour pallier les
risques liés à la cybercriminalité.
Les Inspirations ÉCO Docs
Vendredi 28 septembre 2018 15.

E-services

Justement, quels étaient les avantages


de la dématérialisation pour la DGI ?
La dématérialisation a des avantages clairs
dont l’économie de temps. Le client de la DGI
n’a plus besoin de venir perdre son temps
dans les couloirs de l’administration pour
des services de niveau basique. Pour les pro-
blèmes complexes et l’accompagnement per-
sonnalisé, nous sommes en train de dévelop-
per les services de conseil de nouvelle
génération. Une partie des ressources hu-
maines qui faisaient de l’accueil au niveau
des guichets va être formée pour des conseils
2.0 au profit des clients. En outre, la dématé-
rialisation permet d’avoir un service norma-
lisé partout au Maroc et quelle que soit la ca-
Omar Faraj. tégorie sociale. Finie l’appréciation humaine
en matière d’octroi ou de refus d’un service.
Directeur général de la Direction générale des impôts L’équité est ainsi assurée par la dématériali-
sation. Il s’agit de mettre fin à toutes les
niches d’appréciation pouvant être mal utili-
sées de part et d’autre. La machine est para-

Dématérialisation de la DGI.
métrée pour octroyer le service selon des cri-
tères objectifs. Les niches de corruptions qui
ne sont pas réelles mais possibles sont, de ce

Une économie de temps fait, palliées. Le gain pour l’État est évident en
raison de l’économie des ressources. L’opéra-

et de moyens
tion du paiement de la vignette est un cas
d’école. Par le passé, plus de 2.000 cadres
étaient mobilisés pendant deux mois. La dé-
matérialisation a marqué un tournant dans
Le chantier de la dématérialisation de la Direction générale des impôts le traitement d’un service à grand spectre po-
a franchi le premier palier. Une deuxième étape beaucoup plus complexe pulaire destiné à plus de deux millions de
vient d’être entamée. Les détails avec Omar Faraj, Directeur général de consommateurs. Même les modalités de
contrôle changent.
la DGI, qui doit être érigée en modèle pour nombre d’administrations.

Avez-vous senti un changement au ni-


Sur le plan qualitatif, quel bilan faites- marche nous permet d’être plus efficaces et veau du rendement de la DGI ?
vous du chantier de la dématérialisa- plus efficients. Le premier palier de la trans- Bien sûr, le changement est palpable. Aupa-
tion que la DGI a lancé ? formation numérique est plus simple que ce ravant, certains ne déclaraient pas et on ne le
À fin juin 2018, l’essentiel de nos interfaces que nous venons d’entreprendre. Le vérita- savait pas. On commençait à faire la saisie à
publiques seront dématérialisées. Pratique- ble enjeu est de savoir quelle intelligence la quatrième année qui tombe dans la pres-
ment toutes les déclarations et les paie- sommes-nous capables d’introduire pour cription. Quatre ans après, on se rendait
ments se font en ligne par différents canaux traiter l’information en vue de lui donner du compte du non-paiement. Maintenant, on le
et les attestations et certificats dont les usa- sens. Nous sommes en train de travailler sur sait immédiatement. On a industrialisé
gers ont besoin peuvent être obtenus en les big data et l’intelligence artificielle. même les relances. Dès qu’un client est dans
ligne. Le premier palier d’une administra- la base de données, on sait qui a déposé la dé-
tion numérique en interface publique com- Ce chantier nécessite-t-il beaucoup de claration et qui ne l’a pas fait. En parallèle à
plètement dématérialisée a été franchi. La moyens humains et techniques ? la facilitation des procédures et au conseil, on
dématérialisation et la transformation nu- La première phase de la dématérialisation est train de muscler notre approche vis-à-vis
mérique ne forment qu’un moyen. En effet, nous a permis de gagner en ressources hu- de ceux qui manquent à leur devoir. Avec la
la finalité est de permettre de disposer de maines. Toute la matière grise qui était mo- dématérialisation, les informations à l’inté-
suffisamment de profondeur en matière de bilisée pour effectuer des tâches à faible va- rieur du système peuvent être recoupées et à
data pour créer de l’intelligence économique leur ajoutée a été complètement libérée par un certain moment, la machine détecte les
et sociale. De plus en plus d’informations qui la dématérialisation et affectée à des mis- premiers niveaux d’incohérence dans une
figuraient sur papier sont maintenant intro- sions à plus grande valeur ajoutée. Tout le déclaration. La dématérialisation a complè-
duites dans le système. Des centaines de monde est sorti gagnant de cette opération. tement changé notre positionnement avec
millions de flux d’informations étaient inex- notre environnement.
ploitables. Les saisies de toutes les déclara-
tions étaient la croix et la bannière. Mainte- Quid des difficultés techniques ?
nant, le paradigme a complètement changé.
Nous avons de l’information saisie par les qqq In fine, les problèmes techniques finissent
par être corrigés mais si on veut attendre
clients selon les normes et les formats fixés jusqu’à ce que tout soit parfait du point de
par l’administration pour pouvoir être ex- Toute la matière grise qui était vue technique, rien ne sera fait. Nous avons
ploitée et traitée immédiatement. Nous mobilisée pour effectuer des tâches pris à la DGI la décision de brûler nos ba-
avons besoin d’intelligence macro par rap- à faible valeur ajoutée a été complètement teaux. Nous avons introduit volontairement
port à l’évolution du système fiscal. À cela libérée par la dématérialisation dans la loi des mesures avec des délais. Nous
s’ajoute l’intelligence opérationnelle au ni- et affectée à des missions à plus grande nous sommes mis la pression pour aller de
veau de la détection des fraudes. Cette dé- valeur ajoutée. l’avant. q

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