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Pour revenir à ma première rencontre avec Pasqua en 1978, à peine

venais-je de le quitter que Tany Zampa, qui jusque-là faisait les cent pas
devant son bureau, m’interpellait « amicalement », ce qui n’était pas tout à
fait dans ses manières ni dans ses habitudes… « Salut Gégé, me lança-t-il
familièrement, avec un accent à couper au couteau. Si tu as un moment à
perdre, je t’invite à déjeuner.
– J’ai tout mon temps aujourd’hui. Après, je ne sais pas, tout dépendra
du “patron”.
– O.K. Alors je t’emmène dans un super restaurant italien. On pourra
parler en toute tranquillité… »
Je ne savais pas vraiment ce qu’il venait faire à Paris ni ce qu’il me
voulait, mais les amis de mes amis étant supposés être mes amis, je ne fis
aucune difficulté pour le suivre.
On nous installa à la plus belle table avec les honneurs que l’on réserve
aux présidents. À peine avions-nous passé commande que Tany me
regarda fixement dans les yeux en me demandant : « Tu es toujours ce
mec intelligent, aventurier et couillu que l’on m’a décrit ? »
Oubliant toute modestie, qui n’a jamais été mon point fort, je
répondis : « On peut dire ça, oui.
– Tes potes en Espagne parlent beaucoup de toi et à grand renfort de
superlatifs. Comme tu le sais, je suis le parrain de Marseille et je contrôle
aussi quelques quartiers à Paris. Je suis bien dans ces deux villes, et si je le
voulais je pourrais conquérir toute la France. Mais, tu vois, je dois être
l’arrière-petit-fils de Napoléon, parce que je ressens toujours le besoin
d’agrandir mon espace vital en lorgnant vers l’étranger… Tu peux
comprendre ça, toi ?
– Bien sûr, puisque moi-même je n’ai jamais pu rester en place. J’ai
toujours ressenti le besoin de naviguer dans le monde et en même temps
de le conquérir. Comme je le fais en ce moment, entre la Hollande, la
Belgique, l’Espagne, le Luxembourg, l’Allemagne, le Maroc et la France.
L’Italie, il m’est arrivé d’y mettre un pied avec la mafia croate. Mais je suis
vite parti, avec la concurrence déloyale des voyous italiens et leurs mauvais
coups incessants… Pour avoir le dessus sur les étrangers, ils s’allient aux

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