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COMPRENDRE
LE MIXAGE
Partie 1
Optima
COMPRENDRE
LE MIXAGE
Partie 1
Éric Noël
Reddac
1615, avenue du Lac-Saint-Charles
Québec (Québec) G3G 2W5
info@reddac.com
Édition : Reddac
Révision linguistique : Carole Noël
Couverture et mise en page : Reddac
3. L’acoustique 23
3.1 L’acoustique de studio 23
3.2 Les améliorations acoustiques 25
3.3 Le traitement acoustique du reste de la pièce 28
D
ans la vie d’une formation musicale, il vient inévitablement un moment où
quelqu’un lance : « Et si on faisait un album ? » Dans le cas du groupe dans
lequel j’étais guitariste à l’époque, l’idée a surgi en 1997. Évidemment, il était
hors de question de compter sur autre chose que nos propres moyens pour financer
et réaliser ce projet. On m’en a donc confié les rênes.
Il faut dire que j’ai toujours été fasciné par la production musicale. Dès le milieu des
années 1980, armé d’un redoutable Mac SE beige, d’un logiciel midi, d’une boîte de
son et de deux microphones SM-58, j’élaborais les maquettes de mes compositions.
Le tout était couché sur un enregistreur multipiste cassette qui m’offrait quatre pistes
de bonheur. Voilà de quoi forger rapidement son sens des priorités !
Qui dit musicien dans les pubs et les bars dit aussi faire fonctionner du matos loué
le moins cher possible. Au début des années 1990, j’avais régulièrement le mandat de
choisir, louer et, bien sûr, de transporter cet équipement de sonorisation jusqu’au lieu
du spectacle. J’aboutissais donc régulièrement derrière une console dont l’une des
composantes maîtresses semblait être le ruban adhésif ! Une belle époque !
Dans les mêmes années, j’étais également assistant technique au département de
communication de l’Université Laval. L’une de mes tâches était d’initier les étudiants
au fonctionnement des appareils d’enregistrement afin qu’ils puissent produire une
bande-son pour leur... diaporama ! Explications sommaires de la console, ABC de la
prise de son, rudiments de mixage, montage de rubans à la lame de rasoir : rien de
bien vilain.
Tout ce charmant préambule pour dire que je semblais être la personne toute dé-
signée pour mener à bien notre ambitieux projet d’album. J’ai donc franchis le pas
en enrichissant mon embryon de studio maison du plus récent logiciel de montage
(Cubase VST) et de quelques microphones supplémentaires.
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Au terme de cette première aventure, j’ai dû me rendre à l’évidence qu’il faut plus que
du matériel et quelques recettes de réglages glanées ici et là pour réaliser un album.
Il faut des connaissances. Un tas de connaissances ! Des connaissances en enregistre-
ment, en acoustique, en mixage, en réalisation, en arrangement et même en gestion
de crise et en psychologie. Je me suis alors lancé à fond dans l’acquisition de ces no-
tions par tous les moyens possibles : expérimentations, rencontres, livres, Internet,
DVD, etc. Plus qu’une passion, c’est devenu une véritable obsession !
Aujourd’hui, j’exploite, depuis déjà plus de quinze ans, un studio maison dans lequel
je réalise, enregistre et mixe des projets musicaux. Depuis 2014, j’ai également le pri-
vilège d’enseigner la production studio à Québec, travail dont je retire énormément
de satisfaction et qui me garde au fait des défis à surmonter dans l’exercice de ce
merveilleux métier.
Un livre en français
Une chose m’a frappé durant toutes ces années d’apprentissage : le peu de ressources
en langue française. Il y a bien ça et là quelques sites Web et une poignée d’ouvrages
sur les divers sujets touchant la production musicale, mais étant donné que la ma-
jorité des ingénieurs de son, réalisateurs et mixeurs de renom sont des Américains
ou des Anglais, les documents les plus complets sont, la plupart de temps, dans la
langue de Shakespeare. C’est d’ailleurs l’élément déclencheur qui m’a incité à créer,
en 2014, un site francophone portant sur les techniques de production musicale,
nommé MusiqueProd.com, et, par la suite, m’a inspiré l’idée d’écrire ce livre.
Ce qui m’amène à vous glisser un mot sur la terminologie utilisée dans ce livre. Com-
me mon apprentissage s’est, somme toute, fait en anglais, je n’ai jamais pu m’habituer
à utiliser un logiciel MAO en français. Des termes tels que « porte de bruit », « confi-
guration de voie » ou « correction de hauteur » ne me sont tout simplement pas aussi
familiers que Gate, Channel settings ou Pitch corrector. Qui plus est, tous les appareils et
plug-ins audio comportent des réglages en anglais. Il me paraissait donc pratique pour
les éventuels lecteurs d’utiliser la terminologie anglophone pour nommer les réglages
ou faire référence à certaines techniques de mixage. N’ayez crainte cependant, tous les
termes anglais sont accompagnés de leurs équivalents francophones afin de faciliter la
lecture et d’accommoder celles et ceux qui en ont l’habitude.
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Dans la première partie
L’acoustique
Bien sûr, l’espace dans lequel on travaille a énormément de répercussions sur notre
perception du son et, par le fait même, sur notre capacité à prendre des décisions
de mixage éclairées. Nous tracerons donc les lignes directrices en ce qui a trait à la
disposition du poste d’écoute et des moniteurs et nous explorerons les principes fon-
damentaux de l’acoustique qui sollicitent notre attention lors de l’aménagement d’un
studio de mixage.
9
à travers nos divers équipements. Ce transit s’effectue selon certaines règles qu’il est
essentiel de connaître et de maîtriser.
Nous décrirons tout d’abord les fonctions et les caractéristiques des câbles analogi-
ques et numériques que nous sommes susceptibles d’employer en studio. Nous expli-
querons également les attributs de chacun des types d’entrées et de sorties analogi-
ques et la manière dont ils doivent être utilisés.
En mixage, la façon dont nous établissons les branchements, que ces derniers soient
physiques ou virtuels, dicte en grande partie le trajet d’un signal. Ce trajet peut ce-
pendant être modifié dans le but de réaliser des tâches précises, comme appliquer
des traitements audio, assigner des effets ou, simplement, accélérer le mixage. C’est
l’essence même du routage, une notion clé du mixage. Nous verrons les différences
fondamentales entre un insert et un send et les tâches que chacun d’eux permet d’ac-
complir. Les propriétés des auxiliaires, des bus, des sous-groupes et du bus de sortie
seront également décrites.
Les appareils et les plug-ins audio, tout comme nos interventions sur le routage, mo-
difient presque invariablement le volume de l’audio. Ces fluctuations peuvent com-
pliquer plusieurs aspects du mixage. La structure de gain vise à maintenir le signal
à un volume optimal tout au long de son trajet afin de préserver son intégrité et
d’obtenir le meilleur rendement de nos appareils. Nous relèverons les endroits clés et
les actions à poser afin de maintenir ce volume optimal, dans un environnement de
production tant analogique que numérique.
10
1
Qu’est-ce que
le mixage ?
D
e prime abord, le mixage semble facile à définir : on
prend un ensemble d’éléments audio individuels et
on les combine pour créer une piste stéréophonique.
Cette façon de voir les choses, bien qu’elle soit juste à bien des
égards, est une vision plutôt réductrice d’un art beaucoup plus
complexe.
11
les assembler dans le but d’obtenir l’ensemble le plus efficace
possible.
Même si une bonne chanson ne garantit pas un bon mixe, une
mauvaise chanson complique énormément le travail. Certaines
lacunes sur le plan des arrangements ou de l’enregistrement
peuvent en effet limiter les possibilités d’une pièce. Que nous
ayons ou non la capacité ou la liberté d’amoindrir ces lacu-
nes, l’objectif demeure le même : tirer le plein potentiel d’une
pièce... peu importe l’ampleur de ce potentiel !
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la plupart des gens transportent avec eux des centaines de chan-
sons à même leur téléphone portable, les plateformes de strea-
ming donnent aujourd’hui accès à un catalogue musical quasi
illimité. L’auditeur peut donc glaner ce vaste répertoire et, si une
pièce ne lui plaît pas, il passe à une autre d’un simple clic. Dans
ce contexte, capter l’intérêt de l’auditeur ne suffit plus : il faut le
faire durer tout au long de la pièce.
Il appartient donc au mixeur d’user de stratégies pour garder
la pièce intéressante et ainsi éviter que l’auditeur n’appuie sur
le redoutable bouton « suivant » ! Nous examinerons plus loin
quelques-unes de ces stratégies.
13
2
Les composantes
essentielles
M
ême si le mixage nécessite une bonne dose de créati-
vité, il n’en demeure pas moins un travail technique
qui requiert un équipement particulier. Ce chapitre
explore donc les composantes essentielles d’un studio de mixa-
ge numérique ainsi que les aspects à considérer en ce qui a trait
à l’acoustique de son environnement de travail.
PC ou Mac ?
Le choix entre PC ou Mac importe peu. Bien sûr, chacun de
ces systèmes d’exploitation possède son fonctionnement pro-
pre, mais l’un ou l’autre vous donnera d’excellents résultats.
Ce sont donc vos affinités et, comme nous le verrons plus loin,
votre logiciel MAO qui guideront votre choix.
14
Le système d’exploitation Linux est cependant à éviter, car très
peu de logiciels de mixage sont offerts sous cette plateforme.
Peu importe le système d’exploitation utilisé, les résultats se-
ront meilleurs en consacrant l’ordinateur uniquement à la pro-
duction audio. Éliminer les applications superflues et limiter
les tâches de fond soulageront le processeur et libéreront de Un ordinateur de
l’espace disque. milieu de gamme est
tout à fait adéquat
Le lecteur/graveur CD et DVD pour réaliser
Cette composante sert non seulement à l’installation de logiciels, du mixage.
mais aussi à la gravure de CD pour évaluer vos mixes dans des
environnements autres que celui de votre studio. Un graveur
permet également de faire des copies de sauvegarde, d’acheminer
les fichiers finaux à l’ingénieur en mastering ou simplement de
fournir des copies de travail à vos clients ou collaborateurs.
Bien qu’un lecteur/graveur de CD et de DVD soit inclus d’of-
fice dans la plupart des ordinateurs, plusieurs portables n’of-
frent pas cette composante. Il faudra donc les éviter ou prévoir
l’ajout d’un graveur externe.
La configuration
Les logiciels et plug-ins de mixage sont souvent gourmands.
Un ordinateur de milieu de gamme offrira vraisemblablement
un processeur suffisamment rapide, mais pourra généralement
bénéficier de l’ajout de mémoire vive. En maximisant la quan-
tité de RAM disponible, vous serez à même de traiter des pro-
jets comportant un nombre élevé de pistes sans être constam-
ment confronté aux limites de votre ordinateur.
De même, les fichiers audio sont relativement lourds et néces-
sitent beaucoup d’espace de stockage, tout comme les banques
d’échantillons (samples), les instruments virtuels et les logiciels
de remplacement de batterie. Un disque dur interne de bonne
capacité est donc tout à fait indiqué.
Enfin, vos logiciels et vos besoins évolueront avec le temps. Il est
donc préférable que votre ordinateur offre des capacités d’ex-
pansion et une variété de ports de connectivité, éléments im-
portants à vérifier surtout si vous comptez utiliser un portable.
Passif ou préamplifié
Les moniteurs de studio viennent généralement en deux ou
trois voix (nombre de haut-parleurs par moniteur). La dimen-
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sion du haut-parleur principal est en grande partie garante du
rendu des basses fréquences et donc de l’entendu du spectre de
fréquences qui sera reproduit.
N’importe quel haut-parleur a besoin d’un système d’amplifica-
tion pour rendre le son audible. Les moniteurs dits « passifs »
utilisent un amplificateur externe ; les « préamplifiés », un am-
plificateur intégré.
Les moniteurs préamplifiés offrent plusieurs avantages par
rapport aux modèles passifs. De toute évidence, ils évitent
d’ajouter une autre pièce d’équipement à la configuration du
studio. De plus, puisque son amplificateur interne est spécia-
lement conçu pour optimiser la performance du moniteur qui
le contient, il élimine la fastidieuse recherche de l’amplificateur
externe idéal.
20
2.2.2 Un analyseur de fréquences
Un analyseur de fréquences détaillé rend de fiers services lors
du mixage. Outre qu’il permet d’apprécier la distribution de
fréquences d’une piste ou d’un mixe entier d’un seul coup
d’œil, il facilite le repérage de problèmes plus pointus. Une
résonance, de la sibilance, du bruit de fond ou de l’excès dans
les basses deviennent rapidement évidents à l’écran de l’ana-
lyseur.
Certains affichent aussi graphiquement l’étendue du panorama
stéréo. Il devient alors plus facile de juger de la largeur générale
d’un mixe ou de balancer finement deux instruments placés de
part et d’autre de l’image stéréo.
Il existe une multitude de plug-ins d’analyse de fréquences. La
précision de l’analyse en terme d’octave et la clarté du graphi-
que sont les deux principaux éléments à considérer dans la sé-
lection d’un analyseur.
21
L’une des principales qualités d’un bon plug-in de remplace-
ment est sa capacité à ne pas introduire de décalage entre le son
original et l’échantillon. On doit également tenir compte de sa
facilité d’utilisation, ainsi que de la qualité et de l’éventail de la
banque de son qui l’accompagne.
22
3
L’acoustique
L
es caractéristiques de la pièce dans laquelle on se trouve
contribuent énormément à ce que l’on entend. Les murs,
le plancher, le plafond et les objets qui meublent le studio
interagissent entre eux et influent sur toutes les composantes
du son. Aussi fondamentaux que la qualité de nos équipements,
les attributs acoustiques de notre environnement de travail ont
un impact direct sur notre habileté à prendre des décisions de
Les attributs
mixage éclairées.
acoustiques de notre
environnement de
L’acoustique étudie les propriétés du son et son interaction
travail ont un impact
avec l’environnement dans lequel il se propage. Cette discipline direct sur notre
étant une science en soi, une explication approfondie de ses habileté à prendre
principes sort du propos de ce livre. Toutefois, il convient de des décisions de
présenter certaines notions de base afin de mieux comprendre mixage éclairées.
ses effets sur notre perception du son.
En ce qui a trait à l’aménagement d’une pièce dédiée à la pro-
duction musicale, deux branches de l’acoustique nous inté-
ressent particulièrement : l’insonorisation et l’acoustique de
salles.
25
Si la pièce n’a pas une forme régulière et comporte des angles
différents, choisissez un endroit où les murs situés de chaque
côté de vos moniteurs ont une forme similaire.
Dans le sens de la longueur, le poste d’écoute doit être décalé
vers l’un ou l’autre des côtés, de façon à ce que le mur arrière
soit éloigné de l’auditeur. L’emplacement idéal pour l’auditeur
se trouve environ à un tiers de la longueur de la pièce.
La disposition
des moniteurs.
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mesure de la distance se prend à partir du haut-parleur d’aigus
(tweeter).
Pour ajuster
La pointe du triangle imaginaire doit être située entre 30 et
l’orientation,
60 cm derrière la tête de l’auditeur. C’est aussi vers ce point que disposez un miroir
seront dirigés les haut-parleurs. En effet, si les enceintes sont de poche sur chacun
orientées directement sur l’auditeur ou si elles en sont trop des haut-parleurs
proches, la zone focale idéale (le sweet spot) sera de plus petite d’aigus de vos
dimension. Un simple mouvement de tête fera alors varier la moniteurs. Lorsque
distribution de fréquences et faussera l’image stéréo. vous verrez votre
visage dans chacun
Chacun des haut-parleurs d’aigus doit être à la hauteur des des miroirs, vos
yeux de l’auditeur assis en position d’écoute. enceintes seront
correctement
Il va de soi que rien ne doit être placé dans la trajectoire des
orientées.
lignes imaginaires liant les moniteurs à l’auditeur, point im-
portant à considérer lorsqu’on utilise deux écrans d’ordinateur
côte à côte.
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3.3 Le traitement acoustique du reste de
la pièce
Si l’emplacement de votre poste d’écoute est adéquat, que vos
moniteurs sont disposés correctement et que vous avez traité
les réflexions primaires, vous devriez déjà avoir une acoustique
tout à fait fonctionnelle à la position d’écoute. Même si vous
avez déjà accompli une part importante du travail, une atten-
tion au reste de la pièce vous permettra d’augmenter d’un cran
la qualité acoustique de votre espace. Voici quelques notions qui
aideront à mieux régir l’acoustique de votre espace de mixage.
3.3.5 recommandations
Éliminer les oscillations de résonnance
En ce qui a trait à l’acoustique, tout ce qui se trouve dans la piè-
ce est important. Il est essentiel de se débarrasser de tout ce qui
peut vibrer au son des moniteurs. Difficile donc de conserver
La stratégie du
live end, dead end,
où l’on applique plus
d’absorption dans la
partie la plus proche
du poste d’écoute (dead
end) et moins dans
celle qui en est éloignée
(live end).
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un piano, une guitare acoustique ou même une batterie dans la
pièce où l’on mixe. Il en est de même des objets pouvant pro-
duire des bruits parasites (un tableau mal installé, un classeur
en métal, une plinthe de chauffage, etc.) et de ceux qui vibre-
ront en raison de vis ou de boulons mal serrés.
Une façon simple de repérer les objets qui vibrent sympathi-
quement est de diffuser des basses fréquences à haut volume
dans la pièce. Tout ce qui vibre deviendra très rapidement
audible et pourra être localisé et corrigé.
Réduire le volume
Plusieurs ingénieurs de renom réalisent l’essentiel de leur tra-
vail de mixage à un volume si bas qu’on peut tenir une conver-
sation dans la pièce sans élever la voix.
L’un des avantages d’utiliser un volume modéré est de limiter
l’influence de l’acoustique sur le son à la position d’écoute. Les
objets environnants n’ont plus le volume nécessaire pour ren-
dre leur vibration audible, l’impact des ondes stationnaires est
réduit et les réflexions provenant des murs perdent de l’ampli-
tude. Tout cela en tournant simplement le bouton du volume
de sortie vers la gauche plutôt que vers la droite !
Nous verrons plus tard que le travail à bas volume offre une
multitude d’avantages qui vont bien au-delà de l’acoustique.
33
4
Câblage, routage et
structure de gain
S
i vous frayez dans le monde de la musique depuis un cer-
tain temps, vous connaissez immanquablement quelqu’un
qui croit que la qualité audio est en majeure partie attri-
buable à la qualité de l’équipement. Malheureusement (ou plu-
tôt, heureusement), ce n’est pas le cas ! Même le meilleur maté-
riel audio imaginable ne permet pas de se lancer tête première
dans l’aventure du mixage sans posséder certaines des notions
de base qui nous servent quotidiennement. Voilà l’objet de ce
chapitre.
Tous les câbles non balancés sont sensibles aux interférences ra-
dio et électriques. Cette sensibilité augmente avec la longueur de
câble utilisée. En studio, on s’efforce donc de toujours les garder Mise à la terre
Canal gauche
les plus courts possible. Il est également préférable de les éloi- Canal droit
gner des adaptateurs électriques, des lignes de tension, des écrans
d’ordinateur et autres sources potentielles d’interférences.
=
La propriété de la
+ Silence polarité électrique est
mise à profit dans les
câbles balancés.
Signal à
Signal
polarité inversée
35
spectacle, par exemple, ils servent à acheminer les signaux de
la scène à une console placée en retrait dans la salle.
En studio, le câble balancé sert aux branchements des mi-
Câble balancé crophones et à relier entre elles diverses composantes ana-
logiques (des préamplificateurs, des moniteurs, des boîtes
directes ou DI, etc.).
Mise à la terre Bien entendu, sa capacité à conserver l’intégrité du signal
Signal nous porte à l’utiliser chaque fois que la possibilité nous en
Signal inversé
est donnée. Ainsi, même si certains moniteurs acceptent une
connexion non balancée, il est préférable d’éliminer le ris-
que de parasites en utilisant des câbles balancés.
4.1.3 Recommandations
Optez pour des câbles de bonne qualité
En ce qui a trait aux câbles analogiques, le calibre des fils et la
qualité des connecteurs utilisés ont une incidence directe sur
leur durée de vie et l’intégrité du signal. Bien sûr, la quantité
de câbles nécessaires au fonctionnement d’un studio d’enregis-
trement peut rapidement faire grimper la facture. Avouons ce-
pendant que les câbles de studio ont la vie beaucoup plus facile
que ceux utilisés pour des applications de scène, par exemple.
Je vous suggère donc d’opter pour des câbles efficaces à prix
abordables. En gros : n’achetez pas le moins cher, ni le plus cher,
visez plutôt entre les deux.
Le panneau de
Apprenez la soudure
connexion, appelé La soudure de câbles analogiques simples n’exige ni matériel
patchbay, permet extravagant ni compétences pointues. Un fer à souder de base
d’effectuer les branche-
ments entre les appareils et une bobine d’étain vous suffiront pour réparer les fils dé-
en un seul endroit. fectueux. Au besoin, vous trouverez rapidement sur le Web le
schéma de câblage des connecteurs nécessitant un peu plus
d’attention, tels que les câbles XLR ou de type send/return. Vous
pourrez ainsi prolonger la vie de vos câbles et vous dépanner en
cas de besoin.
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Les câbles et les connecteurs analogiques courants
Le câble XLR dispose de connecteurs mâle et femelle dont les prises comptent 3 points de
contact. La plupart du temps, il sert à établir des connections balancées, que ce soit pour le
branchement des microphones ou celui d’autres équipements entre eux (des moniteurs, par
exemple).
Le câble TS (tip, sleeve) cache deux fils et achemine un signal monophonique. Dans sa version
la plus courante, les prises ont une dimension de 1/4’’. Il sert principalement à brancher des ins-
truments (guitare, basse, clavier, etc.) à un amplificateur. Non balancé, il est sujet aux parasites.
Pour le branchement d’équipement, on utilisera plutôt un câble TRS partout où il est possible de
le faire.
Le câble TRS (tip, ring, sleeve) dispose de connecteurs à 3 points de contact. Dans sa version
1/4’’, il sert couramment à établir des connections monophoniques balancées de type Line
entre divers appareils.
Le TRS est également utile pour acheminer un signal stéréophonique non balancé. Dans ce cas,
un fil transmet l’information du canal de gauche, l’autre du canal de droite et le dernier fil est
une mise à la terre. La fiche TRS est bien sûr le connecteur standard des casques d’écoute.
Plusieurs appareils domestiques (Ipod, tablette, ordinateur, téléphone portable, etc.) pourront
être branchés aux équipements de studio à l’aide d’une variante de ce câble ayant une fiche TRS
de 1/8’’ à une extrémité et deux fiches TS (1/4’’) ou RCA à l’autre.
Certains appareils de traitement nécessitent une connection de type send/return, où l’un des fils
d’une prise TRS envoie le signal original et un autre ramène le signal après traitement. Le dernier
fil sert de mise à la terre.
Le câble RCA sert principalement aux branchements d’appareils domestiques, comme les
lecteurs CD, DVD ou les tourne-disques. Il n’est pas balancé et est donc sujet aux parasites.
Dans la très grande majorité des cas, il acheminera un signal de type Line Level domestique.
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Les câbles et les connecteurs numériques
La connection TDIF (Tascam Digital Interconnect Format) achemine 8 canaux d’audio numérique
par l’entremise de ses connecteurs de 25 broches.
Le TOSLINK est une connexion numérique optique. Sous le protocole SPDIF, il véhicule deux
canaux d’audio numérique. Sous le procole ADAT, il peut acheminer jusqu’à 8 canaux selon la
résolution utilisée.
Le SPDIF (Sony/Phillips Digital Interface Format) transmet un canal stéréo sous le protocole SPDIF.
Même si le connecteur SPDIF a la même apparence qu’un connecteur RCA standard, les câbles ne
sont pas interchangeables. Le câble SPDIF permet en effet de réaliser une connection numérique,
tâche qu’un câble RCA ne peut accomplir.
Le câble AES/EBU (mis au point conjointement par l’Audio Engineering Society et l’European
Broadcast Union) utilise le protocole AES pour acheminer un signal numérique stéréo. Même s’ils
ont les mêmes connecteurs, il ne faut pas confondre ce câble avec un fil XLR standard, puisque ce
dernier ne peut transmettre efficacement des données numériques.
Le BNC est un câble coaxial qui achemine le signal d’horloge (Word clock) assurant la synchronisa-
tion de l’échantillonnage entre les appareils numériques.
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trons-nous plutôt sur les câbles numériques qui véhiculent des
données audio.
Contrairement aux câbles analogiques, les câbles numériques
transportent l’information sous forme de données. Il ne peut
donc pas y avoir de dégradation de signal. Ce qu’il y a de bien
avec le câble numérique, c’est qu’il est en effet aussi binaire Dans la mesure où la
que l’information qu’il transporte : soit il fonctionne, soit il ne connexion est viable,
fonctionne pas ! De plus, une fois qu’il est branché, le fil ne sera la qualité d’un câble
numérique n’a aucun
que très rarement manipulé. Ainsi, étant donné que la qualité
impact sur l’intégrité
des composantes du câble n’a que très peu d’impact sur celle
du signal.
du signal, il est inutile de dépenser une fortune en câbles nu-
mériques.
Vous trouverez une liste des câbles numériques les plus cou-
rants et de leur fonction dans le tableau intitulé : « Les câbles et
les connecteurs numériques ».
Le Mic Level
Comme son nom l’indique, l’entrée de type Mic sert principa-
lement à brancher des microphones. Sans surprise, ces entrées
présentent une fiche XLR femelle.
39
Les microphones transmettent un signal de très faible inten-
sité se situant généralement entre 0,001 et 0,010 volt. Étant
donné que la majorité des consoles et interfaces audio sont
conçues pour fonctionner à un niveau Line Level professionnel,
un préamplificateur est ajouté à chacune des entrées pour aug-
menter la force du signal.
Les entrées Mic servent également à acheminer l’alimentation
fantôme (phantom power), un courant électrique de 48 volts
nécessaire à l’utilisation des microphones statiques et de certai-
nes boîtes d’injection directe (DI).
Le phantom power s’enclenche généralement par un sélecteur
dûment identifié. Sur certaines consoles ou interfaces audio,
chacune des entrées a son propre commutateur alors que, sur
d’autres, le sélecteur distribue l’alimentation fantôme simulta-
nément sur plusieurs entrées contiguës. Dans ce dernier cas, on
doit être particulièrement attentif afin de ne pas activer invo-
lontairement le phantom power d’un canal où serait branché un
microphone à ruban. Cette catégorie de microphones peut en
effet être endommagé par l’alimentation fantôme, ce qui n’est
heureusement pas le cas des autres types de microphones.
Le préamplificateur
Essentiellement, un préamplificateur sert à porter le volume d’un
microphone à un niveau Line. Les consoles et n’importe quelle inter-
face audio auront donc un préamplificateur interne pour chacune de
leurs entrées XLR.
Les préamplificateurs externes réalisent le même travail, mais
sont surtout utilisés pour donner au son une couleur particulière. Ils Le préamplicateur double 2-610S
peuvent être à lampe (tube peamp), à transistors (solid state preamp) de Universal Audio.
ou hybride. À la sortie de l’appareil, on trouve des fiches 1/4’’ ou XLR
qui serviront à relier le préamplificateur à l’entrée de niveau Line
d’un interface ou d’une console.
Le channel strip externe est aussi un préamplificateur. Il offre
cependant des fonctionnalités étendues (égalisateur, compresseur, Le channel strip Portico II Channel
etc.) qui rappellent celles que l’on trouve sur un canal de console. de Rupert Neve Designs.
40
C’est pourquoi les signaux n’ayant pas les caractéristiques
d’impédance et de voltage du Line Level seront, d’une manière
ou d’une autre, portés à ce standard durant leur trajet.
Sur les consoles et les interfaces audio, les entrées et sorties de
type Line servent principalement à brancher des appareils en-
tre eux. Ils utilisent majoritairement des connecteurs TRS.
Certains préamplificateurs et appareils de traitement établis-
sent la connexion Line à l’aide d’un connecteur XLR. Pour
éviter toute confusion, l’entrée ou la sortie est généralement
identifiée comme étant de niveau ligne. Il faut donc prendre le
temps de vérifier à quel type de signal on a affaire et ensuite de
réaliser le branchement qui convient.
41
ment d’un instrument et de le porter au niveau de ligne profes-
sionnel. Sans grande surprise, la fiche d’entrée est de type TS
de format 1/4’’.
4.6 Le routage
Supposons que vous deviez vous rendre à l’autre bout de la ville
pour rencontrer un réalisateur et un auteur-compositeur-inter-
prète dans le but de définir les grandes orientations de mixage
d’un projet d’album.
Étant donné que le temps est superbe, le réalisateur choisit de
rouler dans sa superbe décapotable pour se rendre à destination.
L’auteur-compositeur-interprète (écoresponsable et, avouons-
le, un peu moins bien nanti) serpente plutôt les rues à vélo. De
votre côté, vous décidez d’utiliser les services de transport en
commun. Vous montez d’abord dans un bus pour vous rendre
à une première station de métro. Malheureusement, la ligne de
métro ne se rend pas directement à la destination ; vous devez
donc prendre un second métro afin de vous rapprocher suffi-
samment pour finir le reste du trajet à pied.
Tous arrivent au rendez-vous à l’heure fixée : une première !
Bon, avouons que le réalisateur est légèrement décoiffé après
45
sa balade en décapotable, mais il a un teint basané que l’auteur
regarde avec envie tout en reprenant lentement son souffle. De
votre côté, vous êtes fin prêt pour la réunion étant donné que
vous avez eu le temps d’écouter les rough mix de l’album à trois
reprises durant le trajet.
Tous ont donc utilisé des itinéraires totalement différents pour
se rendre au même endroit. Comme nos voyageurs, un signal
audio peut circuler à travers nos appareils de différentes façons.
Le routage nous sert à définir le trajet que le signal empruntera
pour atteindre la ou les destinations où nous voulons l’envoyer.
Pour aborder les notions de base du routage, nous utiliserons
comme modèle une console analogique simple. Étant donné
que le fonctionnement des logiciels MAO est grandement ins-
piré de ce type d’appareil, vous verrez rapidement les nombreu-
ses similitudes en ce qui a trait aux termes utilisés, au trajet du
signal et aux possibilités d’en modifier le parcours.
Sans intervention de
Ce qu’il y a de bien avec les consoles analogiques, c’est que,
routage, le signal traverse règle générale, le signal y voyage du haut vers le bas. Ainsi, si on
les sections du channel n’intervient pas dans son trajet, il pénètre dans la section d’en-
strip du haut vers le bas
et est ensuite dirigé vers trée au haut de la console, traverse les diverses subdivisions du
le bus de sortie. channel strip et finit sa course au fader de sortie, situé au bas du
canal. Vous trouverez en page suivante l’image du channel strip
d’une console analogique simple et une description sommaire
de ses sections.
Une fois son trajet dans le channel strip terminé, le signal est
dirigé d’office vers une section de la console que l’on nomme
46
Le canal d’une console analogique (Mackie 1642 VLZPro)
h
Entrée Mic
h
Low-cut : notons que le filtre coupe-basse
La section « Auxiliaires » est plus régulièrement placé dans la section
Cette section sert à dévier une égalisation.
partie du signal vers une sortie
auxiliaire. Les auxiliaires sont
numérotées et fonctionnent
généralement par paires. Elles Commutateur pré ou post-fader : ce commutateur
sont typiquement utilisées pour détermine si le signal acheminé à l’auxiliaire sera
acheminer le signal à un effet prélevé juste avant le fader de sortie (pré-fader)
(une réverb, par exemple) ou pour ou à sa suite (post-fader).
préparer le mixe de monitoring.
h
La section « Égalisation » Filtre à plateau des hautes fréquences (high-shelf)
Selon le type de console utilisée,
cette section sera plus ou moins Sélecteur de fréquence médiane
complexe. Normalement, on y
trouve minimalement des filtres à Volume de la fréquence médiane sélectionnée
plateau (shelf) pour les hautes et
les basses fréquences et un filtre
h
de type cloche au volume ajustable Filtre à plateau des basses fréquences (low-shelf)
pour les fréquences médianes.
Pan : permet de positionner le son dans l’axe horizon-
tal gauche/droit.
Mute : rend le canal muet.
La section « Sortie »
Cette section réglera les derniers Solo : permet d’entendre uniquement la ou les pistes
paramètres avant que le signal sélectionnées.
ne quitte le canal. On y détermine
bien sûr le volume de sortie Destination de sortie : cette série de sélecteurs
à l’aide du fader, mais aussi permettent de définir la destination de sortie du signal.
sa position dans l’image stéréo On pourra donc choisir le bus de sortie ou l’un des
et sa destination. sous-groupes (généralement nommés « bus »).
47
le bus de sortie ou le Master bus. Le bus de sortie est la der-
nière étape qu’un signal franchit avant de quitter la console.
Peu importe les fonctionnalités que comporte cette section, elle
compte généralement deux faders, nommés Master faders, qui
règlent le volume général de sortie de la console.
Les mixeurs des logiciels MAO fonctionnent exactement de la
même façon. Le signal traverse donc le channel strip du haut
vers le bas et termine sa course dans le bus de sortie. Un chan-
nel strip de mixeur MAO et ses différentes sections sont illus-
trés à la page 54.
Les inserts
Le premier endroit où l’on peut modifier la trajectoire du signal
se nomme l’insert. L’insert sert à dévier le son vers un appareil
de traitement externe ou un plug-in dans le but de réintégrer
le son traité dans la chaîne. Ce qui est essentiel de comprendre,
c’est qu’en passant par l’insert, la totalité du signal d’origine est
remplacé par le signal traité.
L’insert a donc principalement pour fonction d’appliquer des
traitements généraux à une piste. Égalisateurs de fréquence,
L’insert remplace
la totalité du signal
compresseurs, gates, deesser et divers outils de saturation se pla-
d’origine par le cent généralement en insert.
signal traité. Les consoles analogiques ont souvent un nombre restreint d’in-
Il est mieux adapté serts. Ainsi, dans le cas où plusieurs traitements doivent être ap-
à l’application de pliqués par l’entremise d’un seul insert, on branche les appareils
traitements généraux de manière à ce que le signal les traverse dans l’ordre voulu.
qu’à la gestion
des effets. En MAO, chacun des canaux du mixeur dispose d’une série
d’inserts. On choisit le plug-in de traitement à utiliser parmi
ceux qui apparaissent dans le menu déroulant de l’insert sélec-
tionné.
Il faut bien sûr garder en tête que le signal traverse les inserts du
haut vers le bas. Le premier insert se verse donc dans le deuxiè-
me qui, lui, se verse dans le troisième et ainsi de suite. Comme
nous le verrons plus loin, l’ordre dans lequel on place les inserts
influence grandement le résultat du traitement et a d’impor-
tantes répercussions sur la structure de gain.
48
Le canal d’une console Mao (Cubase)
h
La section « Routage »
C’est dans cette partie que l’on Input : permet de choisir le canal de l’interface audio
détermine d’où provient le signal à partir duquel on reçoit le signal.
et quelle est sa destination finale. Output : définit la destination du signal (bus de sortie,
Les diverses possibilités s’affichent sous-groupe, etc.).
h
dans des menus déroulants.
La section « Insert »
Cette section nous permet Insert : permet d’insérer des plug-ins de traitement.
d’insérer un ou plusieurs plug-ins Le signal y chemine du haut vers le bas.
de traitements dans la chaîne. On
a aussi accès à la panoplie d’outils Égalisation : s’ouvre vers l’égalisateur de fréquence
inclus dans le logciel. du logiciel.
h
Channel Strip : s’ouvre sur les divers traitements
offerts dans le logiciel (gate, compresseur,
saturation, etc.).
La section « Send »
Cette section sert à dévier une
partie du signal vers un effet,
un auxiliaire ou un sous-groupe. Send : achemine une portion de signal vers une
Les diverses possibilités s’affichent destination. Même si les sends sont post-faders d’office,
dans des menus déroulants. il est possible de les placer en pré-faders à l’aide d’une
commande clavier.
h
Pan : permet de positionner le son dans l’axe horizontal
gauche/droit.
Mute (M) et Solo (S) : « Mute » rend le canal muet et
« Solo » permet d’entendre uniquement la ou les pistes
sélectionnées.
La section « Sortie »
Cette section réglera les derniers
paramètres avant que le signal
ne quitte le canal. On y détermine Vumètre : affiche le volume de sortie. Le nombre
bien sûr le volume de sortie à au pied du vumètre indique le volume maximal
l’aide du fader, mais aussi sa atteint en dB.
position dans l’image stéréo
et sa destination.
Fader : règle le volume de sortie. Le nombre sous le
fader indique sa position dans l’échelle.
h
Automation : Read ( R) permet la lecture des élé-
La section « Automation et ments automatisés et Write (W) permet leur écriture.
enregistrement » Enregistrement : le haut-parleur envoie le signal
au monitoring et le cercle permet l’enregistrement
h
de la piste.
La section « Identification » Identification : on y trouve le numéro de la piste et
son nom. On peut aussi assigner une couleur ou une
icône au canal pour faciliter le repérage.
49
Il est également possible de placer des effets en insert, comme de
la réverbération, de la modulation ou de l’écho. Généralement,
cette façon de procéder a toutefois tendance à nous compliquer
la vie plutôt qu’à nous la simplifier. D’abord, l’effet placé en
Égalisateur insert sur une piste donnée n’est pas accessible aux autres pis-
tes, ce qui peut nous obliger à les répéter à plusieurs reprises
Compresseur
dans notre mixe. De plus, les algorithmes des plug-ins d’effets,
comme la réverbération, par exemple, nécessitent généralement
beaucoup de travail de calcul. Ainsi, si l’on gère les effets par
l’entremise des inserts des pistes à traiter, le processeur de l’or-
dinateur risque de se retrouver rapidement à bout de souffle.
Autre contrainte, la proportion entre le signal original et l’effet
placé en insert doit être ajustée dans le plug-in par l’entremise
de son bouton mix ou dry-wet. Il nous faudra donc ouvrir ce
plug-in chaque fois qu’on désirera modifier cette proportion. Il
va de soi que plus on utilise cette méthode, plus la gestion des
effets du mixe devient fastidieuse.
Bref, avant d’insérer un effet sur une piste, il faut s’assurer que
ce dernier ne sert qu’à la piste choisie et qu’il ne nécessite que
très peu de manipulation durant le mixage.
Les sends
Contrairement à l’insert qui touche la totalité du signal d’un
canal, le send permet d’en dévier une portion vers une seconde
Ici, le signal quitte le destination sans modifier le signal d’origine. Tous les sends
channel strip par la possèdent un gradateur de volume qui détermine la quantité
fiche d’insert. Il traverse
un égalisateur puis un de signal dirigée hors du canal.
compresseur externes et
réintègre le canal pour En audio analogique, le send envoie une portion du signal à
poursuivre son trajet vers une sortie indépendante nommée auxiliaire ou bus. Il est re-
la sortie.
lativement rare de voir l’appellation « send » sur une console
analogique simple. On trouve plutôt une section nommée Aux
ou Aux send qui joue exactement le même rôle. Peu importe le
terme utilisé, c’est normalement à partir de cette section de la
console que l’on crée la balance qui sera envoyée aux moniteurs
sur scène ou aux casques d’écoute en studio.
Dans un environnement MAO, bien qu’il soit possible de gé-
rer le monitoring à partir du logiciel, il est souvent plus facile
d’effectuer ce travail à l’interface audio. Les signaux des ins-
truments sont alors redirigés vers les casques d’écoute avant
d’entrer dans l’ordinateur. On évite ainsi que la latence du logi-
ciel provoque un décalage entre le son original et celui entendu
dans les casques d’écoute.
50
Puisqu’il ne modifie pas le signal d’origine et rend l’effet ac-
cessible à tous les éléments du mixe, le send est le meilleur
moyen de gérer les effets du mixe. Réverbération et écho sont,
à quelques rares exceptions près, toujours utilisés avec ce type
de routage.
Sur une console analogique, si l’on veut affecter une réverb à
plusieurs pistes, par exemple, on branchera les sorties de deux
auxiliaires à l’entrée d’une réverb et la sortie de cette dernière
réintégrera le signal traité dans la console par un ou deux de Aux 1
ses canaux. Aux 2
Aux 3
En MAO, l’utilisation d’un send exige généralement que l’on
Aux 4
crée une piste d’auxiliaire, un bus ou une piste d’effet (selon le
logiciel utilisé) afin de définir une nouvelle destination audio.
On place ensuite dans l’insert de ce nouveau canal l’effet que
l’on désire utiliser. La destination contenant l’effet pourra dès
lors être sélectionnée à partir du menu déroulant de tous les
sends de notre mixeur.
Il va de soi que si une proportion des signaux d’origine, aussi
infime soit-elle, est reconduite dans la sortie de l’effet, le volume
de sortie des pistes traitées variera selon la valeur de leur send.
Ce qui n’est rien pour faciliter le mixage ! Il faut donc s’assurer
de toujours placer le réglage mix ou dry/wet de l’effet à sa posi-
tion maximale afin que le signal émanant de l’auxiliaire ou de
la piste d’effet ne contienne que l’effet lui-même. Les sends de cette console
permettent d’acheminer
Plusieurs consoles analogiques et la majorité des logiciels MAO une portion de signal
vers quatre sorties
disposent d’un sélecteur permettant d’utiliser un send en pré- auxiliaires.
fader ou en post-fader.
51
Le send et l’image stéréo réglage de panning de la piste, le signal acheminé est placé
automatiquement au centre de l’image stéréo. On peut donc
La position des éléments dans le panorama gauche/droit lors les qualifier de pré-fader et de « pré-pan ». Voilà qui limite
de l’utilisation des sends nécessite quelques éclaircissements. grandement nos options, surtout quand vient le temps de
Soulignons d’abord que bien peu de logiciels MAO offrent un préparer le mélange pour les casques d’écoute, par exemple.
réglage de panning particulier aux sends qui nous permet Pour recréer l’image stéréo, on crée d’abord deux auxiliaires
de définir leur emplacement dans l’image stéréo. C’est évi- (ou bus) monophoniques de destination. Le pan du premier
demment encore moins fréquent dans le monde des consoles est placé à gauche, celui du second, à droite. Ensuite, on
analogiques. Il nous faut donc comprendre comment cette assigne un send à chacun de ces auxiliaires. Dès lors, le
position est attribuée selon le routage utilisé. volume du premier send envoie le signal à gauche et celui
Lorsqu’un send est en mode post-fader, l’emplacement du du second le place à droite. On peut donc déplacer le son en
signal acheminé est similaire à celui de la piste elle-même. variant la proportion entre le volume de chacun des sends. Ce
Prenons l’exemple d’une piste que l’on envoie à une réverb type de routage, très fréquent dans le domaine analogique,
stéréo. Si le réglage de pan de cette piste est placé à droite, sa fonctionne tout aussi bien en MAO.
réverbération tendra elle aussi vers la droite. On peut donc dire
que le send est post-fader et « post-pan ». C’est de cette façon
que fonctionne d’office la majorité des logiciels et des consoles
analogiques.
C’est en mode pré-fader que les choses se compliquent un
peu. Étant donné que les sends ne prennent pas en compte le
Gauche Centre Droit
Le sous-groupe
Un sous-groupe sert à modifier le routage habituel d’une ou
de plusieurs pistes en ajoutant un point de passage commun à
leur itinéraire. Ainsi, au lieu de se rendre directement au bus de
sortie, elles sont regroupées en un endroit où il est possible de
les traiter et de gérer leur volume en tant qu’ensemble.
52
Ici, des sends pré-faders
alimentent deux sorties
auxiliaires servant au
monitoring lors de l’en-
registrement. La balance
gauche/droite s’effectue à
partir des sends. On re-
marque, par exemple, que
la guitare 1 n’est entendue
que dans le côté gauche
du casque, étant donné
que le send 2 est fermé.
Puisque les sends sont
pré-faders, la position du
fader de chacune des pis-
tes n’a aucune influence
sur le résultat au casque
d’écoute. D’ailleurs, on
constate que le mixe
moniteur a plus de piano
et moins de guitare que le
mixe de sortie.
54
4.7 La structure de gain
Vous mixez une pièce et tout va allègrement. Après plusieurs
minutes de travail acharné, vous vous rendez soudainement
compte que vos faders sont à peine ouverts. Ils croupissent tous
au bas de votre console ! Les réglages fins vous demandent dé-
sormais tellement d’efforts que vous avez peine à respirer dans
votre pénible ascension du mont Mixage ! Consolez-vous : nous
avons tous vécu cette situation. C’est simplement que vous
avez négligé une notion fondamentale de la manipulation de
l’audio : la structure de gain.
Lorsqu’on mixe, le volume d’un signal est modifié à plusieurs
reprises durant sa course, que ce soit par l’insertion d’un outil
de traitement ou par son routage. Le concept de structure de
gain vise à préserver l’intégrité du signal en conservant un vo-
lume optimal de son entrée dans la chaîne jusqu’à sa sortie sur
le bus stéréo final.
De plus, une fois que le volume d’un signal est réglé à l’entrée
de la chaîne, il ne devrait pas avoir à être amplifié en cours de
route, et ce, peu importe son routage ou les appareils de traite-
ment qu’il traverse. Même si, pour plusieurs raisons, cette règle
est moins rigide en MAO, elle nous inspire une habitude de
travail qu’il vaut la peine d’adopter.
Une saine structure de gain nous assure donc le meilleur rap- La structure de gain
vise à préserver
port signal/bruit et évite l’ajout de saturation involontaire.
l’intégrité du signal
Elle permet ainsi de tirer le maximum de nos modifications en conservant un
de routage et de nos outils de traitement, qu’ils soient virtuels volume optimal
ou physiques. Le respect du principe de structure de gain nous de son entrée
aide également à éviter la fâcheuse situation décrite ci-dessus jusqu’à sa sortie
en gardant nos faders près de leur valeur nominale, ce qui faci- de nos appareils.
lite les réglages fins.
Pour respecter la
structure de gain,
le volume d’entrée doit Gain Gain Gain
(trim) (trim) (trim)
être fixé avec le réglage
de gain alors que +10 +10 +10
le fader de sortie est +5 +5 +5
0 0 0
à sa position nominale. -5 -5 -5
-10 -10 -10
-15 -15 -15
-20 -20 -20
-30 -30 -30
-40 -40 -40
-50 -50 -50
-∞ -∞ -∞
1 1 1
X X √
56
disposent d’un réglage de gain à l’entrée de chacune des pistes.
D’autres permettent d’effectuer le même travail en plaçant un
plug-in nommé Gain ou Trim dans la première position d’in-
sertion de la piste. Peu importe la méthode utilisée, l’idée est
d’obtenir une lecture aux environs de −10 dB ou −15 dB lorsque
le fader est à sa valeur nominale (0 dB).
Dans le cas où un grand nombre de pistes du projet dépassent
cette recommandation, il devient fastidieux de régler un à un
les volumes d’entrée. Heureusement, la majorité des logiciels
disposent d’une fonction, souvent nommée Link, qui permet
de régler tous leurs volumes simultanément.
Le volume des instruments virtuels sollicite également notre
attention. En effet, il suffit de survoler la liste de presets de la
plupart de ces instruments pour se rendre compte que leurs
volumes s’approchent dangereusement du zéro numérique. La
solution la plus simple est de réduire le volume de sortie à l’in-
térieur de l’instrument lui-même.
Les sends
En ce qui a trait aux sends, l’intégrité du signal est souvent plus
intimement liée à la qualité de l’appareil de traitement qu’à la
quantité de signal qu’on lui fait parvenir. Si l’effet utilisé génère
du bruit de fond, nous devons acheminer suffisamment de vo-
lume pour le couvrir.
En MAO, ce problème se pose rarement. On s’attarde plutôt à
régler le volume des sends afin de garder le fader du canal d’ef-
fet le plus près possible de sa valeur nominale. Le Devil-loc de Soundtoys
ne dispose pas de réglage
de sortie. On insère donc
le plug-in de gain de
Les sous-groupes et le bus de sortie Logic pour ramener le
Quand un ensemble de pistes est acheminé à un sous-groupe, volume à un niveau
utilisable pour le plug-in
on doit avant tout réaliser une balance de volume des mem- suivant.
bres du groupe. Étant donné que tous les volumes individuels
s’additionnent, c’est à cette étape qu’il faut porter attention au
volume à l’entrée du sous-groupe. En effet, il faut à la fois évi-
ter de créer de la saturation involontaire en ayant un volume
d’entrée trop élevé et, comme nous l’avons souligné plus haut,
d’avoir à amplifier le signal à l’entrée, si ce dernier est trop
faible. La manière la plus simple d’y parvenir est évidemment
de placer le fader du sous-groupe à zéro et de réaliser la balance
interne du groupe.
Lorsqu’on y pense, le bus de sortie n’est en fait qu’un sous-
groupe qui reçoit l’ensemble des éléments du mixe. En audio
analogique, cette façon de faire s’applique donc également à
la gestion du volume d’entrée au bus de sortie (master). En
effet, un volume trop bas ou trop élevé risque de modifier le
X √
59
À gauche, le volume
d’entrée au bus de sortie
(master) est trop élevé.
La position des faders des
pistes et des sous-groupes
est cependant satisfai-
sante. La solution la plus
simple (à droite) est de
réduire le réglage de gain
à l’entrée du bus de sortie.
On évite ainsi d’avoir à
ajuster chacune des pistes
du mixe.
60
Dans la prochaine partie
Le travail préparatoire
Tous les professionnels du mixage vous le diront : la réussite d’un mixe repose en
grande partie sur la qualité de sa préparation. En effet, le travail préparatoire jette
les bases d’une méthode de travail qui permet de faciliter le mixage et d’en assurer
la fluidité. Pourtant, cette étape déterminante est souvent négligée par les aspirants
mixeurs. Nous examinerons donc les tâches à réaliser avant d’entamer un mixage et
leur gigantesque impact sur l’ensemble du processus de mixage.
61
Références
Ouvrages consultés
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San Francisco, É.-U., Backbeat Books, 2000.
MASSEY, Howard, Behind the glass Volume 2 : Top record producers tell how they craft
the hits, San Francisco, É.-U., Backbeat Books, 2009.
MIXERMAN, Zen in the art of mixing, Milwaukee, É.-U., Hal Leonard Books, 2010.
EVEREST, F. Alton & Pohlmann, Ken C., Master Handbook of Acoustics, 6th ed.,
McGraw-Hill Education, 2015.
Owsinski, Bobby, The mixing engineer’s handbook, 3rd ed., Boston, É.-U., Cengage
Learning PTR, 2014.
SENIOR, Mike, Mixing secrets for the small studio, Burlington, É.-U., Focal Press,
2011.
IZHAKI, Roey, Mixing Audio : Concepts, Practices and Tools, Burlington, É.-U., Else-
vier, 2008.
MASSY, Sylvia & JOHNSON, Chris, Recording Unhinged : Creative & Unconventio-
nal Music Recording Techniques, Milwaukee, É.-U., Hal Leonard Books, 2016.
62
Izotope Blog, www.izotope.com/en/blog
Lavry Engineering, www.lavryengineering.com/lavry-white-papers
Mix, www.mixonline.com
Mix with the Masters, www.mixwiththemasters.com
Pensado’s Place, www.pensadosplace.tv
Pro Audio Files, www.theproaudiofiles.com
Production Advice, www.productionadvice.co.uk
Produce Like a Pro, www.producelikeapro.com
Pro Tools Expert, www.pro-tools-expert.com
Puremix, www.puremix.net
Record Production, www.recordproduction.com
Sonic Scoop, www.sonicscoop.com
Sound on Sound, www.soundonsound.com
Tape Op, www.tapeop.com
Waves Tutorials, www.waves.com/videos/tutorials
Xiph.Org Foundation, www.xiph.org
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