Éric Besson
« Je ne me représenterai pas en 2020…
En mars 2020, vous représente-
rez-vous pour un 5e mandat ?
Non, je ne me représenterai
pas, ce ne serait pas raison-
nable. Cela fait 24 ans que je
suis maire, c’est beaucoup…
Un bon connaisseur de la
commune, Gilbert Fournier,
m’a même fait remarquer
un samedi matin, lors d’une
permanence des élus, que
j’avais « battu le record de
longévité » des maires de
Donzère. Après moi, Marcel
Rodet a été Maire pendant
22 ans et René Michel pen-
dant 18 ans.
Ce n’est pas la principale
raison ?
Évidemment, non.
La première raison est liée à
mes projets professionnels
et personnels. Aujourd’hui,
mon métier m’amène à me
partager entre la France et
l’étranger, notamment le
Maroc. Cela va s’accentuer
dans les mois et années à
venir.
Ensuite, je pense qu’il est
temps que Donzère soit
administrée par un autre
Maire qui apportera son re-
gard, son tempérament, sa
propre façon de faire.
… merci pour votre confiance constante
depuis bientôt 25 ans…
… je soutiendrai la candidature de Patrick Scotto »
Cette décision a-t-elle été
difficile à prendre ?
Oui, bien sûr. Je n’ai d’ailleurs
définitivement forgé ma convic-
tion que récemment. 25 ans de
gestion municipale, ça compte
dans la vie d’un homme.
Avec Marcel Rodet , lors d’un
déjeuner des personnes âgées.
Mais je partirai serein, avec
le sentiment du devoir ac-
compli. Grâce au travail
collectif des équipes suc-
cessives qui m’ont accom-
pagné (dont Patrick Goy, qui
comme moi, termine son
quatrième mandat) nous
avons respecté les objectifs
que je m’étais assignés
1 - je voulais que Donzère
redevienne une commune
dynamique ; ce que portait
le nom de l’équipe en 1995 :
« Agir pour Développer
Donzère ». Ce dynamisme,
aujourd’hui, personne ne le
conteste,
2 - je voulais que sa santé
financière soit restaurée ;
aujourd’hui les finances de
la commune sont saines et
grâce à notre vitalité écono-
mique et, donc, à la contri-
bution fiscale de nos en-
treprises, les impôts payés
par les Donzérois sont
bien inférieurs à ceux de la
moyenne des communes de
notre strate,
3 - je voulais qu’un enfant qui
naîtrait à Donzère en 2020
ait plus d’atouts en main
qu’un enfant qui y naissait
dans les années 90. C’est le
cas. Nos écoles ont été ré-
habilitées, dotées d’outils
pédagogiques, notamment
numériques, modernes.
Notre centre de loisir ac-
cueille enfants et adoles-
cents. Nos équipements
sportifs ont été et vont être
améliorés (football, rugby,
tennis, judo etc ). Des « city
stades « en libre accès ont
été créés, devant l’école An-
dré Jullien, à l’Enclos, aux
Chênes. Bientôt, fin 2020,
la Halle des sports permet-
tra de s’adonner aux sports
collectifs en salle et les bou-
listes auront quelques jeux
couverts. L’accès à la lec-
ture et à la culture a été en-
couragé et facilité,
4 - Avec Josette Roche, An-
dré Paris, André Louvat, puis
avec Brigitte Boyer et Marthe
Larmande, nous nous étions
promis de mieux traiter nos
anciens. Objectif auquel
veille aujourd’hui Roselyne
Robert, avec l’enthousiasme
qu’on lui connaît. Nos an-
ciens disposent désormais
de services améliorés, d’un
foyer-restaurant, d’une mai-
son de retraite et de loge-
ments adaptés.
Votre premier adjoint, André
Ferrandis, vous succédera-t-il ?
Je veux d’abord remercier
tous les premiers adjoints
que j’ai eus, à commencer
par le regretté René Artaud.
Tous m’ont aidé à accomplir
mes mandats, me permet-
tant de me partager entre
Paris et la Drôme.
Avec Michel Hidalgo lors
de l’inauguration du nouveau
stade de football.
Avec une mention particulière
pour Michel Lantheaume.
Même si nous avons eu ré-
cemment un désaccord ma-
jeur, je n’oublie pas le rôle
essentiel qu’il aura joué
dans le développement de
Donzère, porteur à la fois
d’une vision et d’une ambi-
tion.
Quant à André Ferrandis, il
aura été pour moi un pre-
mier adjoint et un complice
exceptionnels. Gros travail-
leur, homme de dialogue, de
concertation. J’aurais aimé
qu’il me succède, il l’aurait
mérité.
Je lui ai même proposé , du-
rant ce mandat, de prendre
ma place et de devenir Maire
mais il ne l’a pas souhaité.
Il m’a indiqué que pour des
raisons personnelles il avait
décidé de ne pas se repré-
senter en 2020 et je res-
pecte sa décision.
Alors, qui vous succédera ?
Ce sont les Donzérois qui
en décideront par leur vote.
Mais mon équipe et moi-
même soutiendrons avec
conviction la candidature
de Patrick Scotto. C’est
quelqu’un que j’ai connu en
2002 lorsque j’étais Député
et qu’il a été nommé Com-
mandant de la Compagnie de
Gendarmerie de Montélimar.
Très vite, comme tous ceux
qui le connaissent, j’ai appré-
cié l’homme  : direct, franc,
doté d’une autorité natu-
relle et d’une grande capa-
cité d’écoute et de dialogue.
Lorsque nous avons discu-
té ensemble cet été, il m’a
dit « si je suis élu, je serai un
Maire de terrain, de proximi-
té ». C’est à mon avis ce dont
Donzère a aujourd’hui besoin.
A présent, beaucoup de com-
pétences que nous assumions
directement, par exemple la
compétence économique,
sont devenues intercommu-
nales, déléguées à la Commu-
nauté Drôme Sud Provence à
laquelle nous appartenons. Le
Maire de 2020 devra être à la
fois actif au sein de la CDSP et
très proche des Donzéroises
et Donzérois. Je suis persuadé
que Patrick possède toutes les
qualités nécessaires pour cela.
Quels sont vos meilleurs sou-
venirs en tant que Maire ?
Il y en a tant. Le souffle ami-
cal de la campagne de 1995.
Des inaugurations, par
exemple celles de l’Espace
d’Aiguebelle, du stade Mi-
chel Hidalgo, de la nouvelle
salle du conseil et de ma-
riages… Des moments parta-
gés, des fêtes : les Fêtes du
Rhône, Donzère Autrefois,
les Cerfs-Volants, les fêtes
des voisins, le jumelage, la
venue de Jean-Pierre Rives
ou de Bernard Laporte et
Sébastien Chabal etc. Des
moments de partage, de
rassemblement, d’émotions
collectives, de rires et de
chants…
Avec Bernard Laporte et Sébastien
Chabal au stade JP Rives.
Et sur le plan électoral ?
J’ai adoré la période où
j’étais Député-maire.
Mais ce dont je suis le plus
fier, c’est de la confiance
que m’ont toujours témoi-
gnée les Donzérois.
J’ai été candidat 6 fois, 4
fois aux Municipales, 2 fois
aux Législatives. Et 6 fois j’ai
été élu, soit parce que les
Donzérois m’ont élu Maire
soit parce qu’ils ont contri-
bué à mes élections en tant
que Député.
Cette confiance, j’ai tout fait
pour la respecter et je ne
l’oublierai jamais.
À Donzère, quelle est la vic-
toire qui vous a fait le plus
plaisir ?
Les deux dernières. En 2008,
j’étais ministre et la presse
nationale pariait sur ma dé-
faite et celle de mon équipe.
Quelques journalistes pa-
resseux étaient allés traî-
ner autour de la place du
Champ de Mars comme ils
le font habituellement pour
soi-disant « connaître l’opi-
nion des Donzérois » et ils
en avaient conclu que j’étais
rejeté par la population. Ré-
sultat  : avec mon équipe,
nous avons dépassé les
68 %... En 2014 on a com-
mencé à entendre la même
petite musique. Comme
j’avais hésité à me repré-
senter et que nous étions
entrés tard en campagne,
certains vendaient déjà la
peau de l’ours. À l’arrivée,
une fois encore, les Donzé-
rois nous apportèrent large-
ment leur soutien, à plus de
62% dès le premier tour mal-
gré la présence, cette fois-là,
de 3 listes.
Avec René Salard et les
responsables du comité des fêtes.
Vos plus mauvais souvenirs ?
J’en ai très peu. Ma mémoire
ne retient que les meilleurs
moments. Sur le plan de la
gestion municipale, les pre-
miers mois, en 1995, furent
difficiles ; nous n’avions
pas un sou pour investir et
nous avons dû nous battre
comme des forcenés pour
obtenir quelques succès
économiques qui nous ont
permis d’infléchir le cours
de l’histoire locale. Heu-
reusement, dès 1995, sous
la houlette de René Salard,
plus tard de Claude Clapier
et Noël Fargier, Donzère
s’était dotée d’un comité
des fêtes extraordinaire qui
faisait souffler un vent d’en-
thousiasme collectif.
Et sur le plan personnel, des
mauvais souvenirs ?
Me manquent, comme à
chacun de nous, des vi-
sages, des proches, qui nous
ont soutenus, accompagnés
avec mon équipe et qui au-
raient été heureux de cer-
taines de nos réalisations.
Je pourrais citer cinquante
noms. Je ne cite qu’une per-
sonne, pas nécessairement
la plus connue : Bozana Krga,
qui vivait aux Chênes. Ses
conseils, sa franchise, par-
fois ses reproches ou sug-
gestions. Son amitié. Tout
était précieux.
Sur le plan politique, très
peu aussi. Je peux, parfois,
me mettre en colère sur
l’instant et être très com-
batif dans la bataille électo-
rale mais je ne suis pas ran-
cunier et je pense toujours
qu’il faut dépasser, tendre
la main. Cela dit, je recon-
nais avoir été très déçu par
quelques personnes que
je croyais être des amis et
qui se sont livrées à des at-
taques personnelles. Mais
au final, cela leur a plus por-
té préjudice qu’à moi… et
cela m’a donc aidé à oublier.
Ce sont des personnes qui
n’ont pas accepté que vous
ayez rejoint Nicolas Sarkozy
en 2007 ?
Pour certaines c’était lié à
des désaccords avec telle
ou telle personne de mon
équipe et à la fin cela rejail-
lissait sur moi…
Pour d’autres, sans doute, oui.
Vous les comprenez ?
Oui et non. Chacun était libre
de ne pas partager mes choix,
que je continue pour ma part
d’assumer totalement.
Mais je rappelle que de-
puis 1995, mes équipes ont
toujours été d’intérêt local,
non partisanes  : à part les
extrêmes, j’ai toujours for-
mé des équipes comptant
des personnes de gauche,
du centre ou de droite.
Souvent, je ne connaissais
même pas leurs votes na-
tionaux …et chacun(e) était
libre de ses choix.
Mais n’en parlons plus. Car,
au bilan, les Donzérois m’ont
élu sans étiquette, puis
membre du parti socialiste,
puis ministre de Sarkozy,
enfin de nouveau sans éti-
quette. Cela veut donc dire
qu’ils avaient confiance en
moi et reconnaissaient mon
travail. Là est l’essentiel.
Comment voyez-vous l’ave-
nir de votre équipe ?
Avec beaucoup de confiance.
Donzère a désormais beau-
coup d’atouts. Forte écono-
miquement. Et cela va encore
s’améliorer puisqu’après la
déception du refus par le
Conseil d’Etat du « projet
Auchan », nous avons très
vite rebondi et vendu à Fau-
bourg Promotion l’ensemble
des 45 hectares disponibles
sur la zone des Eoliennes.
Visite de quartier.
Un premier permis de
construire sera bientôt dé-
posé pour la base logistique
d’Intermarché. En quelques
années, ce sont plusieurs
centaines d’emplois qui
sont en jeu sur cette nou-
velle partie de la zone.
Solidaire sur le plan social.
Et mon équipe dispose de
personnes expérimentées,
je pense à Brigitte Laurent,
Gilbert Arsac, Patrick Goy,
Babeth Havoudjian, Noël
Fargier, Sonia Pruvost, So-
phie Meresse, Jean-Marc
Guinet, Abde Hannou, Noël-
la Matringhen, Thierry Se-
venier, et bien d’autres, qui
sauront, candidat.e.s ou
non, transmettre le flam-
beau et s’ouvrir à de nou-
veaux talents. Nous avons
aussi plusieurs jeunes de qua-
lité (Christophe Montchaud,
Fabien Chastagnier, Malika
Boukelmoune, Cyril Dallard)
qui sauront, à l’avenir, prendre
plus de responsabilités.
J’ajoute que le fait d’avoir
en son sein un conseiller ré-
gional, Mounir Aarab, très
actif et très efficace pour
soutenir les actions de la
commune par l’octroi de
subventions, est un atout
supplémentaire.
Patrick Scotto Di Carlo a 55  ans. Il est né
à Marseille et il est père de 4 enfants
(2 jumeaux de 26 ans, une fille de 12 ans, un
fils de 7 ans).
Après avoir réussi en 1993 le concours
Quel message aimeriez-vous nés et ont grandi les 3 en-
leur transmettre ? fants que j’ai eus avec mon
Celui du rassemblement. ex-épouse, Sylvie  : Alexan-
Mon équipe municipale doit dra, Guillaume et Marianne.
rester rassembleuse, s’ou- Un soutien ensuite. Si la fu-
vrir, tendre la main à cer-
taines ou certains qui se ture équipe municipale me
sont parfois opposés à elle le demande, je me rendrai
mais qui sont prêts à la re- toujours disponible pour un
joindre pour gérer ensemble conseil, un appui, une aide.
le bien public.
Et, plus largement, celui
de l’unité de la commune.
Donzère est une commune
paisible où tout le monde
cohabite et s’intègre sans
difficulté, au-delà des ori-
gines et des catégories so-
ciales. Il faut y veiller sans
relâche , combattre les
idées extrêmistes qui ne dé-
boucheraient que sur désil-
lusions et tensions.
Après les élections de 2020
quel sera votre lien avec
Donzère ?
D’abord un lien affectif fort. Précision :
J’ai consacré pendant 25 ans ce document personnel
une partie importante de est financé par Éric Besson
ma vie à la gestion muni- et non par la mairie.
cipale. Et c’est ici que sont
d’officier, il fait l’essentiel de sa carrière
dans la Gendarmerie.
En 2002, il prend le Commandement de
la compagnie de Montélimar. C’est aussi
à cette époque qu’il rencontre une Don-
zéroise, Kérima Sadouni, infirmière libé-
rale, qui deviendra son épouse en 2006 .
Il fait bâtir sa maison aux Opilias.
Affecté ensuite dans les Hautes-Alpes
puis en Guadeloupe et enfin à Marseille,
il multiplie les séjours à Donzère où,
jeune retraité de la Gendarmerie, il s’éta-
blit définitivement en décembre 2017. Il
Imprimerie : graphot.fr
travaille aujourd’hui au CEA en tant que
chef de la formation locale de sécurité.