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Cela n’empêche pas l’émotion. » À Bruxelles, avant


le Conseil européen, Emmanuel Macron a salué cette
Brexit: l’UE et Johnson annoncent un
«bonne nouvelle », tout en jugeant qu’« il faut rester
accord juste avant le Conseil européen raisonnablement prudent ».
PAR LUDOVIC LAMANT
ARTICLE PUBLIÉ LE JEUDI 17 OCTOBRE 2019
Boris Johnson, le conservateur pro-Brexit à la tête
Quelques heures avant le Conseil européen, l’Union du gouvernement britannique, peut-il réussir là où sa
européenne et Boris Johnson ont annoncé jeudi collègue Theresa May a échoué ? Il faudra attendre
17 octobre avoir trouvé un nouvel accord sur le le Conseil européen de jeudi et vendredi et surtout
Brexit « juste et raisonnable », selon les mots du le passage devant la Chambre des communes à
négociateur des Vingt-Sept Michel Barnier. Mais le Londres, lors d’une séance spéciale ce samedi. Le
premier ministre britannique doit encore trouver une dirigeant du parti travailliste, la principale formation
majorité à Londres. d’opposition, Jeremy Corbyn, a appelé les députés
britanniques à «rejeter » l’accord. « La meilleure façon
L’annonce en a été faite jeudi à la mi-journée
de résoudre le Brexit est de donner à la population le
séparément sur leurs comptes Twitter à la fois par
dernier mot lors d’un vote populaire », a-t-il dit.
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission
européenne, et Boris Johnson, le premier ministre
britannique. « Quand il y a une volonté, il y a un
accord. C’est un accord juste et équilibré pour l’Union
européenne et le Royaume-Uni et c'est un témoignage
de notre engagement pour trouver des solutions. Je
recommande au Conseil européen de soutenir cet
accord », a écrit le premier. « Ce nouvel accord Manifestation à Londres en 2018 contre le «no deal», qui pourrait provoquer des pénuries
garantit que nous reprenions le contrôle de nos lois, de médicaments et de nourriture, selon ses adversaires © Reuters / Peter Nicholls.

frontières, de notre argent et de notre commerce sans Dès lors, le Brexit pourrait avoir lieu, sinon au
perturbations, et établit une nouvelle relation avec 31 octobre, en tout cas au terme d’une période
l’UE basée sur le libre-échange et une coopération d’extension technique limitée à quelques semaines
amicale », a écrit le second, ajoutant : « Le Parlement au maximum, qui permette aux experts nationaux de
doit maintenant organiser le Brexit samedi afin que peaufiner la version juridique du texte.
nous puissions passer à d'autres priorités telles que le Très prudent, un responsable français prévenait
coût de la vie, le système de santé, les crimes violents toutefois, mardi, de l’ampleur de la tâche encore
et notre environnement. » à venir : « Si accord il y a, il n’existerait à ce
Ces cinq derniers jours, les négociations ont été stade qu’entre la “task force” des négociateurs pour
intenses. « Il y a un chemin possible vers un accord, l’UE, et les Anglais. Mais il faudra ensuite vérifier
mais il reste des questions à régler », déclarait son caractère opérationnel, pour s’assurer qu’une
encore mercredi matin Leo Varadkar, le chef du marchandise qui passe du Royaume-Uni à la France,
gouvernement irlandais, qui n’excluait pas un sommet par l’Irlande, subira bien les contrôles pour être en
supplémentaire... conformité avec le marché intérieur. »
Plus de trois ans et trois mois après la victoire du L’humeur avait changé en fin de semaine dernière.
Brexit au référendum de 2016, on commence peut- Lors de la rencontre le 10 octobre sur le sol anglais
être à voir la fin du tunnel, même si la prudence entre Johnson, le Britannique, et Varadkar, l’Irlandais,
reste de mise après les échecs précédents. « Nous Londres est entré dans le vif des discussions. Des «
avons de l’expérience en cette matière, a répondu aux propositions sérieuses », dit-on dans l’entourage du
journalistes Michel Barnier, le négociateur en chef. président français, ont été formulées. Des négociations

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se sont ouvertes, dans la foulée à Bruxelles. Michel Selon le projet qui circule, l’Irlande du Nord resterait
Barnier, le négociateur pour l’UE, multipliait les dans l’union douanière britannique, mais des contrôles
sorties optimistes. Avant l’annonce de jeudi midi. douaniers s’effectueraient désormais entre l’Irlande du
La quasi-totalité du plan de départ est en fait déjà Nord et le reste du Royaume-Uni, c'est-à-dire en mer
connue : c’est un copier-coller de ce qu’avaient d'Irlande. Il resterait alors à trouver comment taxer
négocié les équipes de Theresa May. Ce projet les produits qui ne seraient pas destinés à l’Irlande du
d’accord de 600 pages avait été publié en novembre Nord, mais à la république d’Irlande, au moment de
2018 (Mediapart l’a analysé ici), puis rejeté, à trois passer la mer.
reprises, par la Chambre des communes début 2019. On l’a dit, tout cela n’a de sens que si Boris Johnson
Les discussions actuelles se concentrent sur l’écriture, parvient à former samedi une majorité à la Chambre
ou la réécriture, de deux points. D’abord, une des communes, là où Theresa May avait échoué. C’est
déclaration politique sur ce que les négociateurs pourquoi le premier ministre enchaîne les entretiens
nomment le « level playing field ». Les partenaires à Londres depuis mardi, en même temps que les
du Royaume-Uni s’inquiètent de voir se développer négociations se poursuivent à Bruxelles.
un paradis fiscal sur le modèle de Singapour à leurs Allié de Johnson, Jacob Rees-Mogg s’est dit confiant
frontières. Ils demandent donc aux Britanniques, s’ils dans l'arithmétique du parlement. L’attitude de deux
veulent conclure un accord de libre-échange avec groupes de députés s’annonce clé, dans l’hypothèse
l’UE, une fois sortis du bloc, de s’engager à respecter d’un vote. D’abord, le groupe des conservateurs
des « conditions de jeu équitables », en matière de eurosceptiques de l’ERG, dont Johnson faisait partie
normes fiscales ou environnementales. lorsque May dirigeait le gouvernement (21 députés).
Mais c’est surtout l’annexe sur l’Irlande du Nord qui Ensuite, les élus du DUP, le parti unioniste nord-
fait figure de nœud de la négociation. L’équation, irlandais d’Arlene Foster (10 sièges).
on le sait, est d’une complexité redoutable. Le Les premiers sont restés prudents depuis mardi, l'un
rétablissement d’une frontière en dur est exclu, de d'eux évoquant un accord qu'ils pouvaient « tolérer
peur d’enterrer les accords du Vendredi saint de », en attendant d'en savoir plus. Pour le DUP, le
1988. Mais les Européens s’inquiètent dès lors du compromis négocié semble bien plus difficile à avaler.
devenir passoire de l’Irlande du Nord : des produits Des discussions entre l'exécutif et le DUP durent
qui ne respecteraient pas les normes sanitaires ou depuis le début de la semaine, mais le parti irlandais a
phytosanitaires de l’UE, pourraient entrer dans l’UE, publié jeudi matin un communiqué qui rejette l'accord
via l’Irlande. « en l'état actuel des choses ».
Côté britannique, on se refusait jusqu’à peu à doter « En l'état actuel des choses, nous ne pouvons pas
l’Irlande du Nord d’un statut spécial, différent du reste soutenir ce qui est suggéré concernant les questions
du Royaume-Uni, par exemple en la maintenant sous de douane et de consentement et il y a un manque de
les règles du régime douanier de l’UE. Mais Boris clarté sur la TVA », écrivent Arlene Foster et Nigel
Johnson a fait des concessions ces derniers jours. Dodds.

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