Un dossier socio-économique
par
Pierre et Françoise GRENAND
Photo de couverture: Marie Françoise PREVOST -1985-
Village wayampi de Tamali (Trois Sauts)
Reproduction interdite.
Les propos tenus dans cette publication n'engagent que leurs auteurs.
- SOMMAIRE -
Avant-propos 3
Avertissement : 4
L'image de l'Amérindien, fabrication d'un mythe 7
..---Les Amérindiens et l'histoire ~ ~ Il
Les ethnies contemporaines : quelques données pratiques 17
Bilan démographique : de la décadence au renouveau 40
Les concessions foncières amérindiennes: un dossier fondamental .. 47
Conclusion : les chemins de l'harmonie 59
Orientation bibliographique · 65
- 1-
Remerciements.
Jean'NlICHOTIE
- 3-
AVERTISSEMENT
-4-
Enfin, notre ambition est d'expliciter l'émergence politique des
populations traditionnelles. La Guyane est loin de connaître les
tensions dramatiques de la Nouvelle-Calédonie, mais il serait très
grave, plus par négligence que par mauvaise foi, nous n'en doutons
point, de laisser s'installer un climat de tension et de .frustration qui
conduirait inéluctablement à la situation que l'on connaît. Là encore,
nous tenterons de montrer que quelques solutions pratiques et
beaucoup d'ouverture d'esprit et de bonne volonté pourraient éviter
l'escalade dans l'intérêt de tous.
- 8-
Basiquement, les Indiens, tels qu'ils sont, possèdent un certain
nombre de qualités physiques et de connaissances pratiques, mais ce
sont des gens qui vivent dans le désordre ou la paresse, ce qui les rend
inutiles à la colonie. Il faut les contraindre à se civiliser en leur créant
êles besoins, et, éventuellement en employant la force, les obliger à se
sédentariser. Coudreau avance un dernier pion, celui du métissage
planifié débouchant sur des colonies agricoles industrieus.es et
productives. il est donc clair que l'Indien n'a pas sa place en Guyane,
autrement que comme individu (assimilé ou métissé), producteur dans
un-contexte colonial. Cette conception d'apparence radicale est liée à
l'un des points fondamentaux de l'idéologie de la démocratie
bourgeoise, celle du progrès par le travail.
Selon eux, les Indiens sont des enfants de la Nature; libres, ils ne
doivent aucune allégeance à la France, mais l'expérience des deux
cents dernières années (nous sommes au XVIIIème siècle) montre
qu'ils sont rebelles -voire inaptes ?- à toute forme de civilisation. Il
convient donc de les laisser en paix, puisqu'ils ne peuvent en aucun cas
être intégrés dans le tissu économique de la région. Néanmoins, pour
des raisons humanitaires, la France leur doit protection, eu égard à
leur statut de premiers occupants. Nous sommes là face au discours
rousseauiste parfait, dans lequel l'on admet que ces frères de la Nature
ne peuvent qu'être pollués par la civilisation sans en retirer les
bénéfices.
-9-
alors que la France, en 1967, leur octroie à la va-vite une citoyenneté
au rabais, ni désirée ni comprise, la Préfecture, en 1971, instaure
l'interdiction de pénétrer en pays indien (pour le sud du département
seulement), afin de les protéger sanitairement et culturellement.
- 10-
LES AMERINDIENS ET L'HISTOIRE
. Le cas des Galibi, qui ont une connaissance claire de toutes leurs
subdivisions de l'Amapa au Vénézuela, demeure un cas exceptionnel.
L'appartenance aux grands groupes ethnolinguistiques que nous
venons d'évoquer n'est bien entendu pas faite selon les critères
européens de classement, mais cela n'empêche pas les Palikur par
exemple d'être parfaitement conscients de la typologie linguistique et
de pouvoir dresser une carte historique des anciennes langues parlées
dans l'Amapa, de la même manière que les Galibi ont une nette
conscience que leur langue présente des similitudes structurelles avec
celle des Wayana ou avec celle des Tirio.
- 12-
Certes, comme dans le cas des Galibi et des Palikur, les relations
étaient loin d'être toujours harmonieuses, mais -nous avons là,
cependant, une des clés des relations intertribales, et l'émergence
actuelle d'une Association des Amérindiens de Guyane n'est qu'un
nouvel avatar, qui, quoique modelé selon des normes occidentales
contemporaines, ne tire pas moins ses racines de ces réseaux anciens.
On ne peut pas comprendre autrement le caractère festif marqué par
les flots de cachiri et les grondements des tambours, qui, à l'appel des
Galibi en Décembre 1984 à Awala, saluèrent le premier rendez-vous
. contemporain des Amérindiens de Guyane.
Mais ils en furent souvent aussi les bénéficiaires: soit parce qu'ils
acquéraient dans ces alliances multiples, les objets manufacturés si
convoités, soit parce qu'ils trouvaient auprès des Français ou des
Hollandais une protection armée, voire des alliés offensifs dans leurs
propres stratégies guerrières: ainsi, en 1624, Jesse des Forest se vit
contraint de s'allier aux Palikur et aux Arakaré pour attaquer leur
ennemi commun, les Mayé.
Tout ce qui vient d'être énoncé sur les entités que peuvent
représenter les ethnies amérindiennes, avec leurs stratégies, leurs
alliances, le poids de leur histoire, fut soudain confronté à une notion
étrange sortie il y a maintenant plus vingt ans des dossiers des
politiciens etde l'Administration: celle de citoyenneté française. Que
l'on nous permette de tenter ici une analyse! dépassionnée de la
question. y
1 Une fois de plus. nous renvoyons le lecteur aux pages désabusées dans
lesquelles J. Hurault fait l'histoire de la francisation et en dresse un
accablant bilan (Ethnies. nOI-2; 1985. pp. 42-49).
Pour les premiers, être citoyen français constitue
indiscutablement un acquis, qui, à condition que l'on prenne le temps
d'en expliciter le fonctionnement, les devoirs et les droits, et
d'accepter d'y apporter des aménagements, peut s'avérer très utile aux
individus.
- 16-
LES ETHNIES CONTEMPORAINES:
QUELQUES DONNEES PRATIQUES
- 17-
ARAWAK
Jeune homme el jeune fille.
Cliché w. WISSER
- 18 -
ARAWAK
1. Nom de l'ethnie, synonymes
3. Démographie actuelle
1- Larivaut 1 33 h.
2- Sainte Rose de Lima 84 h.
3- Saut Sabbat 24 h.
4- Balaté 135 h.
5. Potentialités
Après les Noirs Marrons, les Arawak s'avèrent" être de bons
spécialistes pour les travaux forestiers (ce sont eux qui dominent ce
marché en Guyana), comme layonneurs, bûcherons et surtout
prospecteurs.
- 20-
GALIE!
Thomas APPOLINAIRE , Félix nOUKA el Paul HENRI ,
responsables de l'AAGF Awara. -1981 -
Cliché A/ais T10UKA
- 22 -
GALIBI
1. Nom de l'ethnie, synonymes
Galibi est le nom accepté dans les relations avec les autres ethnies.
Tülewuyu est l'autodénomination actuellement revendiquée, Kalina ou
Kalinia restant encore l'autodénornination classique, bien qu'il tende
désormais à désigner l'ensemble des ethnies amérindiennes..
3. Démographie actuelle .
- 23-
Voici les données, malheureusement disparates, dont nous
disposons actuellement:
. 5. Potentialités
- 25-
EMERILLON
Edouard MA5ALA, chez lui, à Camopi. -1972-
Cliché Eric NAVET
- 26-
EMERILLON
1. Nom de l'ethnie, synonymes
Le mot Emerillon, couramment accepté aujourd'hui par l'ethnie
qui s'autodénomme Teko, "les Hommes", est la corruption francisée
d'un nom amérindien, soit d'origine galibi, Mauriu, "Porc-épie", soit
plus probablement palikur, Mauyune, "les Gens du coton".
li s'agit, avec les Galibi et les Palikur, "des Indiens les plus
anciennement implantés" en Guyane (E. Navet, 1985). Grâce à ce
même auteur, nous savons qu'ils sont les derniers descendants d'une
nébuleuse de peuples de langues tupi qui peuplaient au XVllème siècle
la Guyane centrale, du confluent du Camopi à celui de l'Inini d'est en
ouest, et du moyen Approuague au haut Tampock du nord au sud. Les
Emerillon contemporains sont essentiellement le produit de la fusion
de ces éléments à la suite de la baisse démographique des XVillème et
XIXème siècles. (E. Navet, corn.pers.).
3. Démographie actuelle
TAMPOCK
1- Wempi
2- Edouard en 1981 43h
_ ",.,7 _
CAMOPI-OYAPOCK
3- Chaumier
4- Civette
5- Mompéra en 1981 . 105h
6- Tekelelupa
7- Juan
- 28-
PALIKUR
Louis NORINO, sur la Crique Gabaret. -1981-
Cli ché M F. PREVOST
- 30 -
PALIKUR
1. Nom de l'ethnie, synonymes
3. Démographie actuelle
En 1982, la population totale des Palikur était de 1026 personnes
par défaut, mais ce chiffre incluait quelques éléments venus des ethnies
voisines (Karipuna et "Galibi" de Uaça). Le groupe localisé au Brésil
était de 561 personnes (1982) et celui de Guyane française de 465
(1978), y compris les éléments résidants temporairement en ville ou
sur des chantiers.
- 31 -
Là encore, nous sommes face à une population en très rapide
essor démographique.
4- Mirambeau 15 h.
5- Rozé 21 h.
6- Couman-couman 27 h. 98 h.
7- Trois Palétuviers. 35 h.
3) Région de Cayenne
D'une façon générale, les Palikur ont subi plus durement que les
Galibi l'impact négatif du monde occidental, et l'on observe chez eux à
la fois une perte plus lourde des traits culturels et une intégration à un
niveau social inférieur. La situation est aggravée par l'influence
S. Potentialités
Oyapock.
- 33-
WAYANA
Tipiti, chef wayana du haut Maroni, paré pour la fête du maraké, - 1964 -
Cliché Jean HURAULT
- 34 -
WAYANA
1. Nom de l'ethnie, synonymes
- 35-
1982
- ltany (Guyane)
• rive
. française
. . 300h.
• nve sunnamtenne 200h. 500h.
1988
Les chiffres ne nous sont pas connus pour l'Itany, mais nous
savons que les Wayana forment 10 villages sur l'Itany et le Tampock,
dont les plus importants sont, par ordre décroissant:
4· Anapaike (Surinam)
6· Antecoume-pata (Guyane)
9· Twenke (Guyane)
1· Aloike (Guyane)
5. Potentialités
WAYAMPI
Alasuka et sa famille en canot sur l'Oyapock . -1976-
Cliché J M . BEAUDET
- 38 -
WAYAMPI
1. Nom de l'ethnie, synonymes
3. Démographie actuelle
1982
La population des deux groupes de l'Oyapock totalisait alors 412
personnes réparties comme suit:
- région de Camopi
.·1· Camopi 119 h. 179h
2· MuIa 6üh
639-
1985
1987
-40 -
4. Situation culturelle, linguistique et économique
5.P·otentialités .
- 41 -
BILAN DEMOGRAPHIQUE :
DE LA DECADENCE AU RENOUVEAU
Les divers éléments que nous venons de développer auront fait
sentir combien la démographie a pesé et pèse encore lourd sur le destin
des Amérindiens. A la période contemporaine, le thème de l'extinction
physique de ces peuples a souvent été agité comme un argument
justifiant l'abandon de toute politique à leur égard ou au contraire
comme un argument pour hâter leur assimilation.
,...+'" Gallbl
5000 _ Pallkur
3000
\"0
.."
"
"
., ,
... ..
"
" ... '......
2000 .'+., ",
.~ .... " .
-. ",
..........
..... -.......
1000
<,
',.
1690
1700
1710
1720
:1730 480
1740 550
1750
1760 3000·
1770 400
1780
1790 2001 270
1800 2000
1810
1820 5500
1830
1840 220 80p
1850 250 350
1860
1870
1880
1890 250 1200 600 100
1900 300
1910 1000
1920 240
1930 70
1940 280 600
1950 120 550 550 50
1960 670 370 150 600 500 65'
1970 1200 450 200 670 490 85
1980 1550 950 310 920 570' 135
1990 2000 1100 730 180
1 En gras est indiqué, pour chaque ethnie, le seuil démographique le plus bas atteint.
- 43-
GALIBI
En 190 ans (tabl, 1), l'ethnie se trouve réduite à 200 personnes.
Même si l'on accuse une nette migration vers Surinam après 1760,
l'essentiel de cette diminution est à attribuer aux épidémies,
tardivement accentuées par la concentration artificielle sur' les
missions jésuites. Pendant 110 ans, jusqu'en 1900, la population va
stagner avec cependant une légère tendance à la remontée. En fait,
l'abandon de toute politique de rassemblement à leur égard et le statut-
quo existant avec les communautés créoles voisines, expliquent cette
survie,
PALIKUR
. Leur décroissance initiale est parallèle à celle des Galibi, incluant
ici comme cause supplémentaire l'exploitation par les petits planteurs
esclavagistes du bas Oyapock au XVIIIème siècle. Le point minimal
. atteint est plus tardif (18.40), lesPalikur ayant absorbé les débris de
quelques peuples amérindiensvoisins, ta stagnation sera plus longue,
car elle sera aggravée en 1900 par les décès qui marquèrent l'exode de
la population dans une région fortement impaludée du bas Oyapock,
lors de la perte par la France du Contesté d'Amapa.
- 44-
sur la rive française n'a cessé de croître au détriment de la fraction
"brésilienne" pour atteindre aujourd'hui près de 45 % ·dü total.
ARAWAK
Ce groupe arrivé en 1950 en Guyane est en croissance régulière
quoique moyennement lente. En dépit d'une natalité élevée, l'ethnie
subit régulièrement des pertespar mariages inter-ethniques ; cette
tendance sociologique ne pouvant aller qu'en s'accentuant, leur
croissance, à terme, ne peut qu'être lente.
WAYANA
J. Hurault (1989) a bien analysé l'évolution démographique de ce
peuple et a en particulier montré que les nombreuses phases
d'isolement qu'il s'est imposé, jointes à une grande mobilité naturelle,
ont largement freiné sa décadence démographique.
WAYAMPI
Nous sommes là face àun exemple effarant de chute
démographique, essentiellement dû au choc microbien, avec une perte
de 85 % de l'effectif de l'ethnie en 20 ans ! La survivance des
Wayampi ne fut due qu'à l'isolement volontaire total d'une grande
partie des villages, en particulier ceux situés au Brésil.
- 45-
d'une assistance sanitaire, s'est accompagnée de nouvelles épidémies et
d'autres problèmes de contact.
EMERILLON
Petit groupe longtemps. isolé, les Emerillon se sont maintenus .
jusqu'au milieu du XIXème siècle en absorbant des résidus d'ethnies
voisines ayant eu contact avec les missions jésuites de l'Oyapock,
comme les Aramisho, les Kaikushiana, etc...
- 46~- _
b· tendance globale
3000
,- ,- --
-- .----
2000
,---' --'
1000 ------. courbe vraie
courbe lissée
O+-----.---,---..-------r--.....----.......- - - - . - - - - - - - j
1950 1960 1970 1980 1990
- 48-
LES CONCESSIONS FONCIERES
AMERINDIENNES :
UN DOSSIER FONDAMENTAL
La Préfecture de la Guyane, les Directions Départementales de
l'Equipement et de l'Agriculture et des Forêts' ainsi que l'üRSTüM
ont souvent eu à traiter, depuis une quinzaine d'années du problème
des "terres indiennes". De surcroît, les terres parcourues ou utilisées
par les Amérindiens ont souvent été incluses dans des projets de
réserves ou de parcs naturels. La promulgation du décret n087-267 du
14 Avril 1987 ouvre, au cœur d'un tel débat, des perspectives
entièrement nouvelles.
C'est dans cet esprit que les cartes jointes montrent donc:
-les contextes géographiques (guyanais et extra-guyanais) dans
lesquels évoluent les Amérindiens et les Noirs Réfugiés;
- les contextes historiques des mouvances territoriales des
populations amérindiennes ;
- la localisation précise des communautés actuelles ;
- les limites possibles des concessions foncières, ethnie par ethnie.
Par ailleurs, les lignes qui suivent ont pour but de mieux
expliciter le bien-fondé de ces demandes de concessions foncières. Il
est bien évident que ces propositions ne constituent qu'une base de
discussion et doivent être soumises à une analyse détaillée par les
organismes compétents, l'AAGF et les autres personnes susceptibles .
de fournir des informations pertinentes.
.ARAWAK
1) Situation antérieure
2) Limites proposées
- 50 - ..
CARTE .°1
REGION NORD_OUEST
"Ir 11111 ,'lb
GUYANE: AMERINDIENS
•• Galibi, villages actuels
\')
"
'Ch.n.: 11500000
..:/
-"
-
VI
'-'-~
~
GALIBI
1) Projets anciens et réserves naturelles
A cette réserve, s'en sont ajoutées cinq autres dans les communes
-de Saint Laurent et d'Iracoubo réservées aux Galibi et aux Arawak
(voir les cartes la et lb).
2) Limites proposées
- 52
CARTE N°la
PROJET DE RESERVES
•• Il.lIbl :011I.11••••h ••I.
",.r.ce,••
:...., prolet
.... d. r•••,y.. DDA
! -_/
, - - , projet da r••• " •• ORSTOII
Î
.eh.n.. : 1/100000··' Î
\
~
P... F. GI'ell811d13.' .aa
CARTE N"lb
;
.e
GA lIBI
••
ET ARAWAK: PROJET DE RESERVES
....-
: ••••• prOjel de r'.er.e. DDA
- 53-
• Concession B : Elle vise aussi à donner un espace vital décent à
ce groupe qui vit d'agriculture et de pêche en mer. Les limites
cherchent également à intégrer le village 4 (Flèche), qui, on ne sait
pourquoi, avait été exclu du projet DDA.
Les limites des deux réserves s'appuient sur des cours d'eau et la
façade maritime et sont donc faciles à délimiter à l'aide de chasseurs
indiens. On note l'interférence des projets de réserves nouvelles avec
des zones attribuées à des colons entre 1975 et ·1980. La commission
d'étude devra s'attacher tout particulièrement à faire le bilan de l'état
actuel de mise en valeur de ces concessions.
- 54-
• Région de Couachi : cet ancien village, sis sur le territoire de la
commune de Mana, a été réoccupé en 1988: Ses habitants
souhaiteraient y obtenir une concession agricole.
PALIKUR
li s'agit pour l'essentiel de projets déjà présentés en 1978 et 1980
par nous-mêmes et S. Dreyfus-Gamelon, et repris sur la carte 3.
- 55-
GUYANE: AMERINDIENS
BAIE D'
Palikur : villages actuels .
palikur :f.mll1es vivants che"z les créoles OYAPOCK
reliefs Isolés
~ marécages
~
... ...
....... limite de la forêt de
terre ferme
....
...
···
tChelle 1/200000'"
P.• f. GREUID
L3_1B
LES ETHNIES MERIDIONALES :
WAYAMPI, WAYANA, EMERILLON
- 57-
• Concession B : Elle concerne le reste des Emerillon et les
Wayampi dits de Camopi. Elle tient compte des aires de parcours
intenses et exclut une zone d'exploitation mixte entre Wayampi de
Camopi et Wayampi de Trois Sauts, sise entre la crique Kuluwatü et le
Saut Kumalawa du haut.
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CONCLUSION
Les chemins de l'harmonie
Les anthropologues sont, moins par nature que par expérience,
pessimistes; les gestionnaires de la République ne le savent que trop,
qui doivent régulièrement endiguer les flots de leur mécontentement
et de leurs désillusions.
lis ont aussi souvent raison, mais hélas, cela ne leur fait pour ainsi
dire jamais plaisir, car c'est alors pour constater une suite d'échecs,
soit que les communautés amérindiennes n'aient pas répondu
favorablement à certaines propositions, soit que les décideurs n'aient
tenu aucun compte de leurs recommandations. .
- 61 -
La seconde raison est d'ordre philosophique. Il n'y a plus,
actuellement, de présence religieuse dans les villages amérindiens
d'obédience française: c'est là un bon point gagné par l'esprit de
tolérance.
- 62-
La commune d'Awala-Yalimapo est l'aboutissement d'un rêve
galibi ; la commune de Camopi, n'est, sous le vernis démocratique,
qu'un produit supplémentaire du réflexe colonial. Il est donc clair
pour nous qu'il n'existe encore actuellement en Guyane qu'une seule
commune amérindienne.
- 63-
De là à dire que les populations amérindiennes n'ont pas besoin de
dialoguer et de coopérer avec les autres composantes culturelles de la
Guyane et de la République, il y a là un fossé que nous ne saurions
franchir.
- 64-
Reprenons la définition que J. Hurault donnait déjà en 1972 :
"L'école adaptée doit se fixer pour but non pas de faire passer des
diplômes, mais d'introduire de nouvelles connaissances dans le milieu
tribal sans en briser les structures". En 1989, non seulement cet
objectif n'est pas atteint, mais en parler soulève encore des tempêtes
dans les milieux concernés. Le temps passant, la polémique nous
importe moins que les résultats qui demeurent ridiculement négatifs
ou totalement confidentiels et les effets dangereusement
acculturateurs. Or, tant que la "finalité de l'enseignement en pays
indien n'aura pas été clairement définie, dans un sens ou dans l'autre,
dans celui d'une logique d'ouverture ou dans celui d'une politique de
l'autruche, presque tous les petits indiens continueront, non seulement
à ne rien apprendre de notre monde, mais encore à tout oublier du
leur...
C'est d'ailleurs sur cette question du choix des hommes que nous
aimerions clore ce travail. Les meilleures lois du monde ne seront
jamais rien si l'on en confie l'application à des incapables, des aigris,
des filous ou des gens sans cœur. Dans un pays comme la Guyane, où
les rudes conditions de vie, en dehors des bulles surprotégées que sont
les villes côtières, révèlent bien plus rapidement et bien plus sûrement
qu'ailleurs la valeur réelle des individus, quels qu'ils fussent au départ,
la sélection des hommes doit être d'une sévérité exemplaire. Un bon
fonctionnaire dans le contexte cayennais peut, en brousse, livré à lui-
. même, à la solitude, à son seul libre-arbitre, s'enfler, devenir un
odieux petit chef et exercer une dictature de fait sur des populations
décontenancées ; il peut aussi, à l'inverse, se révéler à lui-même,
s'épanouir, se cultiver, être heureux et infléchir durablement les
1
directives qu'il reçoit dans le sens d'une application raisonnée et
raisonnable.
- 66-
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
GRILLET, Père Jean, 1716, "Journal du voyage que les Pères Jean Grillet et François
Béchamel, de la Compagnie de Jésus, ont fait dans la Guyane en 1674", in : Cpte Roger
WOODES, Voyage autour du monde, Amsterdam, 1. II, pp. 201-235.
- 67-
2. Travaux historiques
fis sont récents et de nombreuses recherches restent à faire tant sur le
terrain que dans les archives.
FROIDEVAUX Henri, 1894, "Explorations Françaises à l'intérieur de la Guyane
pendant le second quart du XVIIIème siècle (1720-~742)", Bu. GHD 218-301.
1
HURAULT Jean-Marcel, 1972 (1ère éd.), 1989 (2ème éd.), Français et Indiens en
Guyane, 1604-1972, Cayenne, Guyane Presse' Diffusion.
LOMBARD L, 1928, "Recherches sur les tribus indiennes qui occupaient le territoire de
la Guyane Française vers 1730", Jo. SA., 20: 121-153, Paris.
..WIDTEHEAD Neil L., 1984, "Carib cannibalism : the historica1 evidence", Jo. SA, 70,
Paris.
HURAULT J.M., 1961, "Les Indiens Wayana de la Guyane Française", Jo. SA 50 (3) :
136-83, Paris.
KLOOS Peter, 1971, The Maroni River Caribs of Surinam, Van Gorcum & Cie,
Assen, Pays-Bas.
Bien que les observateurs aient toujours été fascinés par la philosophie
profonde des Amérindiens, il reste beaucoup à étudier dans ces domaines.
ARNAUD Expedito, 1970, "0 Xamanismo entre os Indios da regiâo Uaça (Oiapoque,
territorio, do Amapa)", Bol. do Mus. Par. Emilio Goeldi, nov. sere Antropo1., 44 : 1-22,
il1., Belém. .
SCHOEPF D., 1987, "Le Récit de la Création chez les Indiens Wayana - Aparai du
Brésil", Bull. Annuel du Musée d'Ethnographie, 29: 113-138, Genève.
5. Langues
Les documents des Pères Jésuites sont pour la plupart perdus ou
introuvables et les rares documents du XIXème sont très fragmentaires.
Nous ne citerons pour cette raison que les documents du XXème siècle.
GOEJE, C.H. de, 1928, "The Arawaklanguage of Guiana", Verhandelingen der
Kroninke te Akademie van Wetenschappen te Amsterdam, Afdeeling Letterkunde,
Nieuwe Reeks, 28 (2).
GOEJE, C.H. de, 1946, "Etudes linguistiques caribes", N.V. Noord Hollandsche
Uitgevers Maatschappij II: 274, Amsterdam.
- 7.0-
TAYLOR D., 1977, Languages of the West Indies, Baltimore, The John Hopkins
University Press (un chapitre sur la langue arawak). .
HURAULT J.M., 1965, La vie matérielle des Noirs réfugiés Boni et des.
Indiens Wayana du Haut-Maroni (Guyane Française), Paris, ORSTOM
(Mémoires 3).
ROTH W.E., 1924, An introâuctory study of the Arts, Crafts and Customs
of the Guiana Inâians, 38th ARBAE (1916-17), Washington D.C.
SCHOEPF Daniel, 1979, La marmite wayana : cuisine et société d'une tribu
d'Amazonie, Genève, Musée d'Ethnographie.
VAN VELTHEM, Lucia H., 1980, "0 Parque indigena Tumucumaque", Bol do Mus.
Par. Emilio Goeldi, n.s. Antrop01., 71 : 1-31, Belém: .
7. Organisation sociale
On a indiqué entreparenthèses fa cote des ouvrages, qui peuvent être consultés au Service
de c/ocumentation du Centre ORSTOM de Cayenne (Téf. : 30.27.85) poste 405.
MICHEL (M.) , JANNET (P.), PAJOT (F. X.), REMILLET (M.) • Papillonite et papillons urticants en Guyane
française .• 1980. (E 57)
DE GRANVILLE (J.J.). - Du Sommet Tabulaire aux monts Bakra : premières observations sur la flore et le milieu
naturel. - 1980. (B 98)
MORETTI (C.), GRENAND (P.) - Les nivrées ou plantes ichtyotoxiques de la Guyane française- 1980. (PM 35)
BOULET (R.), HUMBEL (F.X.) - Données nouvelles sur les sols guyanais • 1980. (P 184)
SYLVAIN (J.F.), REMILLET (M.) • Un cas de ravageurs des pâturages guyanais: les noctuelles - 1981. (EA 23)
PAJOT (F.X.), LE PONT (F.) • La leishmaniose tégumentaire en Guyane française· 1981. (E 64)
GASC (J.P.) - Les serpents venimeux et quelques autres en Guyane· 1981. (Z 12)
CREMERS (G.) - Végétation et flore illustrées des savanes: l'exemple.de la Savane Bordelaise - 1992. (B 113)
CHIPPAUX (J.P.) - Conduite à tenir en présence d'une morsure de serpent en Guyane française. 1982. (E 69)
CHIPPAUX (J.P.), DEDET p.P.), GEOFFROY (B.), TAVAKILIAN (G.), PAJOT (F.X.) - La maladie de Chagas en
Guyane française- 1983. (E 75)
CHIPPAUX (J.P.), PAJOT (F.X.)· Envenimation et animaux venimeux en Guyane françalse- 1984. (Z 15)
DOMENACH (H.), PICOUET (M.) - Dynamique de la population et migration en Guyane - 1988. (SH 105)
GRENAND (F.), - RENAULT-LESCURE (O.), • Pour un nouvel enseignement en pays Amérindien· 1990. (SH 107)
CREMERS (G.), HOFF (M.) - Réalisation d'un Herbier tropical • 1990. (B 194)
Achevé d'imprimer en août 1990
par
Imprimerie Guyane Matin
313524
Cayenne. ,