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Conversions analogique-numérique

et numérique-analogique (partie 3)

par Claude PRÉVOT


Responsable des produits de conversions analogique-numérique
et numérique-analogique à Thales Research & Technology France

1. Marché et applications........................................................................... E 372 - 2


1.1 Répartition des besoins et solutions.......................................................... — 2
1.2 Évolutions du marché ................................................................................. — 2
2. État de l’art des CAN et CNA ............................................................... — 3
2.1 État de l’art des CAN sur le marché ........................................................... — 3
2.2 État de l’art des CNA du marché ................................................................ — 5
3. Technologies des CAN et des CNA ..................................................... — 7
4. Produits intégrant des CAN ou des CNA .......................................... — 8
5. Utilisation des CAN et des CNA .......................................................... — 12
5.1 Interprétation des spécifications ................................................................ — 12
5.1.1 Erreurs de gain et de décalage .......................................................... — 12
5.1.2 Erreurs de linéarités ........................................................................... — 12
5.1.3 Non-monotonicité, codes manquants .............................................. — 13
5.1.4 Caractéristiques dynamiques ............................................................ — 13
5.1.5 Exemple de spécifications ................................................................. — 14
5.2 Techniques de tests ..................................................................................... — 14
5.2.1 Tests des CAN ..................................................................................... — 14
5.2.2 Test des CNA ....................................................................................... — 17
5.3 Choix des CAN et des CNA ......................................................................... — 17

e marché et les applications à fort volume et faible coût ont permis et


L obligé l’industrie à développer, pour chaque application, le meilleur produit
possible. Au fur et à mesure de l’amélioration des technologies, du développe-
ment du marché, les solutions évoluent et les produits sont en général de plus
en plus intégrés. Par exemple, on peut voir les modems xDSL qui passent
d’une carte complète avec de multiples composants de différentes familles à
un seul composant en quelques années. Il en est de même pour le téléphone
portable qui voit ses premières réalisations en un seul composant.
Les principaux critères à satisfaire pour suivre le marché et assurer la baisse
des coûts sont : vitesse, consommation, précision, taille, intégration.
Dans les produits complexes, on retrouve, presque toujours, les interfaces
avec le monde extérieur en analogique. Les signaux d’entrée viennent en géné-
ral des capteurs et les signaux de sortie vont, en général, vers les actionneurs.
Les convertisseurs AN sont en général associés aux capteurs et les NA aux
actionneurs.

Cet article sur les conversions analogique-numérique et numérique-analogique se compose


de trois parties :
— [E 370] : Principes ;
— [E 371] : Description technique et architectures ;
— [E 372] : Marché, technologie et applications.

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CONVERSIONS ANALOGIQUE-NUMÉRIQUE ET NUMÉRIQUE-ANALOGIQUE (PARTIE 3) ________________________________________________________________

1. Marché et applications 26

Résolution N
(nombre de bits)
22
1.1 Répartition des besoins et solutions CNA
18
■ Besoins
14 CAN Rares
Les besoins sont pratiquement illimités, en termes de fréquence, réalisations
de bande passante et de résolution. 10 commerciales
Il est évident qu’un CAN et/ou un CNA ayant 120 dB de dyna- 6
mique, des vitesses au-delà du gigahertz pour une consommation 10 100 1 10 100 1 10 100 1 10 100
d’un dixième de watt et un coût inférieur à 1 € résoudrait beau-
Hz kHz MHz GHz
coup des problèmes de l’électronique. Malheureusement, ces
Fréquence de conversion = féch
composants idéaux n’existent pas et, en pratique, on constate une
limite qui peut être résumée par le facteur de mérite F qui est le
produit de 2 à la puissance du nombre de bits (effectif) multiplié Figure 1 – Graphe résolution × vitesse des convertisseurs AN et NA
par la fréquence d’échantillonnage divisée par la puissance
consommée :
N eff ■ Évolution des performances
F = 2 f éch / P consommée
L’évolution moyenne des performances peut, de la même
Selon les possibilités techniques, les efforts de développement manière, être mesurée par l’évolution du facteur de mérite F. Cette
des fabricants, on s’approche plus ou moins de ces limites. valeur croît d’environ un facteur 1,5 à 2 tous les deux ans.
Là où les besoins techniques de résolution et de fréquence sont
■ Solutions
satisfaits, les progrès en technologie et en architecture sont utilisés
Les solutions s’étalent sur pratiquement tout le spectre des fré- pour diminuer le coût et la consommation.
quences utilisées dans le grand public et l’industrie, depuis le
Il existe évidemment des limites de performance, par exemple le
quasi-continu (pesage, compteur) jusqu’aux hyperfréquences,
bruit théorique de la résistance d’entrée, qui, conjuguées à la
au-delà du gigahertz, pour les oscilloscopes et les radars, en pas-
baisse des tensions utilisées, limiteront ces évolutions.
sant par le vaste domaine des communications, allant de quelques
dizaines à quelques centaines de mégahertz. Par exemple avec une impédance de source de 5 kΩ, dans 1 kHz de
En ce qui concerne la résolution, les solutions recouvrent éga- bande on a un bruit de – 136 dB V (dB V : dB volts).
lement une très large gamme, de quelques bits à plus de 24 bits Si on quantifie sur 24 bits une tension de 3 Vcc (≈ 1 Veff), le bruit de
(figure 1). quantification est de q / 12 soit : 10 dB V – 6 × 24 – (≈ 10) = 10 – 134
– 10 = 134 dB V.
Exemples
Le bruit de la source et le bruit de quantification sont proches.
● Le pesage, le comptage utilisent 20 à 24 bits en quasi-continu
avec des consommations extrêmement faibles mesurées en micro- ■ Fabricants de CAN et CNA
watts. Le domaine des CAN/CNA est devenu un marché de volume tiré
● Une vingtaine de bits sont utilisés pour un son haute fidélité resti- par les applications grand public. Les fabricants de circuits pro-
tué à 20 kHz par exemple, avec un échantillonnage à 44,1 kHz. posent les CAN/CNA sous deux formes : circuit indépendant avec
● 8 à 10 bits à quelques dizaines de MHz sont utilisés pour recevoir son boîtier propre, ou intégré dans un circuit plus complexe de
et démoduler la TV numérique avec quelques MHz de bande passante. type DSP, microcontrôleur, ASIC spécifique, par exemple un
Mais la conversion directe depuis la porteuse, qui est de quelques récepteur-décodeur TV satellite ou câble (Set Top Box ), modem
centaines de MHz en diffusion hertzienne, ou de 11,7 à 12,7 GHz en classique ou ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line).
diffusion numérique par satellite, nécessite encore des étages analo- Le marché des CAN/CNA représente plus de 1,4 milliard de
giques de transposition et de filtrage, jusqu’à une f i de, par exemple, dollars de chiffre d’affaires en 2001.
70 MHz.
La conversion de données est toujours dominée par les Améri-
● 12 à 14 bits à plusieurs dizaines de MHz sont utilisés dans les cains, avec sept fabricants, dont les trois plus importants, et 88 %
stations de base (pour téléphone cellulaire), mais les besoins sont plus du marché ! (tableau 1).
élevés pour les nouvelles générations.
Analog Devices, le numéro un, est présent dans la quasi-totalité
● Enfin la mesure avec les oscilloscopes utilise 8 bits, de 500 MHz
des domaines et des technologies et particulièrement sur
jusqu’à plus de 20 GHz en haut de gamme. l’ensemble du haut de gamme.
La représentation graphique du domaine accessible aux conver- À l’opposé, MicroChip ne fait que des convertisseurs CMOS bas
tisseurs AN et NA est donnée figure 1. et milieu de gamme pour les associer en discret et/ou en intégré à
On observe de grandes dispersions lorsque l’on place les CNA et sa gamme de microcontrôleur (où il est numéro un mondial).
CAN sur ce type de graphe, et il faut admettre que l’on n’observe
ainsi que la tendance sur ces produits.
Les différences d’architecture et de technologie introduisent des
1.2 Évolutions du marché
discontinuités dans ces comparaisons. Vers les très hautes perfor- On sait que la part de l’électronique augmente sans cesse dans
mances, il y a (très) peu de réalisations commercialisées, et la la quasi-totalité des biens de consommation, des équipements
courbe perd en partie de sa signification ; entre autres, la consom- industriels et que, dans cette électronique, le numérique, le trai-
mation est sacrifiée pour favoriser au maximum la vitesse. tement du signal et l’informatique y prennent la plus grande place
De même, il y a un écart entre la résolution affichée (nombre de et que cette part croît rapidement. Cependant, les capteurs et les
bits) et la résolution effective N eff (mesurée avec le SINAD ou le actionneurs restent analogiques. Par exemple, les premier et der-
SNR), et si l’on traçait des courbes semblables à celles de la nier étages d’une chaîne de radio-communication, de télévision,
figure 1 avec le nombre de bits effectif, elles seraient environ 1,5 à d’un modem, image vidéo, scanner, audio, etc. conservent des
2 bits plus basses selon les fortes ou faibles résolutions. récepteurs et des amplificateurs analogiques.

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à trois ans de retard sur le produit bipolaire. Cet écart pourrait
Tableau 1 – Les neufs premiers fabricants de CAN même se réduire, car, pour les besoins des processeurs, les tech-
et CNA en 2001 nologies CMOS isolée (SOI) et « low k » permettent un gain subs-
tantiel dans les vitesses, à précision de gravure constante. Ce
Chiffre domaine nécessite des DSP toujours plus puissants et plus rapides.
Part
d’affaires 2001 Certains sont entièrement dédiés à la communication et ont franchi
de
Place Société pour la les 4 milliards d’instructions par seconde.
marché
conversion
■ Mesure et métrologie
(millions de $) (%)
En très basse fréquence, ce domaine recouvre des besoins de
1 Analog Devices (ADi) 465 33 masse pour les compteurs, le pesage et un domaine professionnel,
2 Texas Instruments (TI) 200 14 avec de très grandes précisions (typiquement à quelques millio-
nièmes : ppm).
3 Maxim 154 11
Les solutions sont du type Sigma-Delta (Σ∆) 20 à 24 bits, en
4 Philips 95 7 monolithique CMOS avec calibrage. Les convertisseurs intègrent le
5 National Semiconductor (NSC) 55 4 plus souvent des réjections très élevées à 50 et 60 Hz.
À l’autre extrême des fréquences, on a des applications dans les
6 MicroChip 50 4 oscilloscopes à 8 bits et plusieurs gigahertz à mesure très rapide
7 Intersil 50 4 pour 16 bits et 100 MHz ainsi que dans des analyseurs de spectres
rapides avec des échantillonnages très précis. Les solutions sont
8 Hitachi 39 3
du type flash 8 bits en monolithique SiGe, ou pipeline 16/14 bits en
9 Sony 33 2 technologie bipolaire monolithique.
Total des 9 sociétés 1 141 82 ■ Médical
Total marché ≈ 1 400 100 On utilise des convertisseurs rapides et précis pour les applica-
tions d’imagerie : typiquement 16 bits et quelques MSPS, plus
lents mais de très grande précision pour le dosage et l’analyse, et
La conversion se fait « le plus tôt possible », voire même grâce très économiques en consommation pour tous les appareils im-
au progrès de l’intégration dans le capteur ou l’actionneur lui- plantés dans le corps humain qui sont alimentés sur pile : prothèse
même. Cette intégration permet aussi, par exemple, de corriger les auditive, doseur implanté, etc.
imperfections de la partie analogique par une calibration automa- ■ Défense
tique, de simplifier la transmission de la mesure en la codant, etc.
Ce marché, qui a été un précurseur, a complètement disparu en
La conversion de données est étroitement liée à ce développe- termes de volume. La plupart des applications sont couvertes par
ment du traitement de signal. les composants développés pour le marché industriel et grand
Les codeurs bénéficient pour toutes ces raisons d’efforts de public.
développement importants. Ils suivent les très dynamiques mar- Il reste des besoins très spécifiques notamment dans les très
chés du son, de l’image et de la communication numérique en hautes fréquences pour les radars, les contre-mesures.
incluant le téléphone portable et les modems associés au dévelop-
pement de l’Internet, de la TV numérique, des DSP. Ces composants sont réservés à la défense et leurs perfor-
mances et technologies sont le plus souvent classifiées. Les pro-
Son, vidéo, micro-informatique grammes américains citent, par exemple, au travers des
Le son, la vidéo, la micro-informatique et le traitement d’image publications scientifiques, des vitesses qui visent la centaine de
sont un marché de masse qui a des besoins continus d’améliora- milliards d’échantillons par seconde.
tion notamment en termes de coût, de faible consommation, mais
aussi de dynamique pour le haut de gamme et les studios profes- ■ Automobile
sionnels. La diffusion numérique de la télévision (par satellite, par Ce marché est en progression régulière ces dernières années.
câble et aussi en numérique hertzien) permet de placer environ Pour réaliser des économies de câblage dans les voitures tout en
une dizaine de chaînes dans la bande passante d’une seule chaîne augmentant le nombre d’accessoires et d’options, les bus de
analogique avec une qualité de diffusion constante et des services données ont fait leur apparition (normes CAN).
améliorés. De plus, les normes antipollution imposent un contrôle électro-
Le marché de la micro-informatique, qui pour le grand public se nique du moteur (allumage et injection). La sécurité est aussi très
tourne vers le multimédia avec son, photo, vidéo et DVD présente avec les systèmes antiblocage de roues au freinage et le
consomme beaucoup de conversions de données. C’est aussi le contrôle actif de suspension et de direction en virage.
cas d’Internet qui consomme lui aussi beaucoup de produits de Les vitesses et précisions requises sont classiques. Les
conversion pour la partie modem. convertisseurs sont en revanche soumis à des exigences de fiabi-
■ Communications et télécommunications lité importantes car ils contrôlent les fonctions critiques de la voi-
ture et ce, dans un environnement électromagnétique, thermique
C’est le marché le plus dynamique. Les progrès puis l’explosion et mécanique sévère.
du marché des données liées à Internet, au téléphone portable et
l’interconnexion locale filaire ou sans fil ont accéléré le dévelop-
pement de la conversion de données.
Le domaine des fréquences intermédiaires (f i ) est entièrement 2. État de l’art des CAN et CNA
accessible, avec des produits de 8,10 voire 14 bits sur la partie
infrastructure et des fréquences de quelques dizaines à quelques
centaines de mégahertz. La plupart des produits sont en technolo- 2.1 État de l’art des CAN sur le marché
gie CMOS, architecture pipe-line. Seul le très haut de gamme reste,
en bipolaire, avec l’inconvénient d’un coût et d’une consommation ■ Les techniques de CAN se sont développées en fonction des
supérieurs au CMOS au profit d’une vitesse supérieure et d’un exigences et des besoins du marché et vont des convertisseurs à
bruit plus faible. Sur le haut de gamme, le CMOS a environ deux rampe pour les basses fréquences aux CAN flash pour les hautes

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fréquences. Les premiers reposent sur une conversion en série, les


seconds sur une conversion en parallèle. Entre ces deux extrêmes 26

Nombre de bits N
se sont développées des techniques par approximations succes-
sives pour des vitesses moyennes, et pipeline ou subranging (à 2, 22 Sigma-Delta
3 ou N étages) pour des vitesses plus élevées. Les très hautes réso-
lutions sont fournies par les Sigma-Delta (Σ∆). 18
L’architecture et la technologie utilisées résultent, dans chaque SAR
14
cas, de la recherche du meilleur compromis performance/en-
combrement/prix/consommation. La dernière décennie (1990-2000) 10 Pipeline
a vu la disparition totale des technologies hybrides qui étaient
extrêmement chères au profit des technologies monolithiques, per- 6 Flash
mettant un coût de série très bas et un fort volume de production. 10 100 1 10 100 1 10 100 1 10 100
En particulier, les architectures ont été développées et adaptées Hz kHz MHz GHz
pour pouvoir utiliser la technologie CMOS qui domine le marché, Fréquence
profitant ainsi des énormes investissements faits sur cette techno-
logie.
Figure 2 – Courbe enveloppe fréquence × résolution pour les CAN
Pour des CAN grand public tels ceux de l’audionumérique, on et architectures les plus fréquentes
trouvera du monolithique CMOS Sigma-Delta qui se prête bien à la
production de série avec des coûts bas et de faibles consom-
mations. Le domaine des communications, la TV numérique font
appel aux architectures pipelines toujours en monolithique CMOS. La performance optimale (produit résolution × vitesse) est repré-
Cela permet ainsi l’intégration de ces convertisseurs dans les ASIC sentée par un convertisseur 14 bits 100 MHz, un 24 bits 100 kHz
dédiés au Set Top Box. ou encore un hypothétique 4 bits 100 GHz qui n’existe pas sur le
marché. Le premier produit résolution × vitesse vaut 2 1 4
Pour certaines applications d’électronique professionnelle LSB × 100 MHz, soit 1 638 400 000 000 LSB × Hz (1,6 · 1012).
comme les oscilloscopes, qui exigent une fréquence au-delà du
gigahertz, les fabricants font appel aux technologies bipolaire, Le facteur de mérite qui s’exprime en LSB × hertz/watt
BiCMOS et éventuellement à des matériaux SiGe, AsGa qui per- (LSB × Hz / W) n’est pas souvent le meilleur pour les produits les
mettent les vitesses les plus élevées. plus rapides, mais plutôt pour des convertisseurs un peu moins
rapides qui visent une intégration importante où la puissance est
Sur la figure 2, on peut voir les domaines accessibles aux CAN un critère majeur.
suivant les différentes architectures.
Ce facteur de mérite est actuellement représenté par un conver-
■ Dans le tableau 2 sont données quelques performances de CAN tisseur de 14 bits 20 MHz et consommant 0,100 W soit environ
disponibles sur le marché. Les bits sont les bits de résolution, les 3 000 000 000 000 LSB × Hz/W (3 · 1012). C’est le TSA1401 : 14 bits,
consommations et les prix de ces produits ne sont pas directement 20 MHz, 0,100 W, CMOS 0,25 µm, 2,5 V, boîtier TQFP48 du fabricant
comparables [technologies et architectures différentes, volumes de ST Microelectronic.
production complètement différents (de millions à quelques
milliers)]. Ils sont donnés ici comme indication (les dates de sortie et ■ Dans le tableau 3 sont données les vitesses et consommations
de conception ne sont pas les mêmes et sont étalées sur plus de extrapolées par rapport à l’état de l’art à la vitesse maximale et
quatre ans). au 1/8 de la vitesse maximale en fonction de la résolution.

Tableau 2 – Performances de CAN disponibles sur le marché


Estimation
Consommation Référence
N bits Fréquence Architecture Technologie de prix Boîtier Fabricant
(€) (mW) commerciale

2 × 24 96 kHz Σ∆ CMOS 5 300 28 TSSOP AD1871 Analog Devices

18 800 kHz SAR CMOS 30 100 46 LFCSP AD7679 Analog Devices

16 5 MHz Pipeline CMOS 35 500 44 LQFP SPT8100 Signal Processing


Technology

14 65 MHz Pipeline CMOS 35 500 48 PQFP AD9244 Analog Devices

12 210 MHz Pipeline BiCMOS 80 1 300 100 TQFP AD9430 Analog Devices

14 105 MHz Pipeline Bipolaire 50 1 500 48 PQFP AD6645 Analog Devices

8 1,5 GHz Flash Bipolaire SiGe 500 5 000 192 ESBGA MAX 108 Maxim

10 2 GHz NC (1) Bipolaire SiGe NC (1) 4 600 CBGA152 TS83102 ATMEL

(1) NC Non communiqué.

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Les convertisseurs intégrés à des produits complexes, micro-
Tableau 3 – Vitesses et consommations extrapolées processeurs, DSP, Set Top Box..., sont tous en CMOS et on ren-
par rapport à l’état de l’art contre principalement les architectures Sigma-Delta, SAR et
pipeline.
Vitesse Consommation 1/8 de la Consommation Pour les téléphones portables, on rencontre des Sigma-Delta en
N bits vitesse
maximale (mW) (mW) passe-bande, qui permettent le multistandard.
maximale
24 100 kHz 550 12 kHz 70
2.2 État de l’art des CNA du marché
22 390 kHz 550 48 kHz 70
■ Les techniques de CNA se sont développées en fonction des
20 1,56 MHz 550 195 kHz 70 exigences et des besoins du marché. Ils reposent sur une
conversion en parallèle avec différents types de réseaux de résistan-
ces pondérées ou R/2R ou encore C/2C, avec des sorties en tension
18 3,125 MHz 550 781 kHz 70 ou en courant. Les très hautes résolutions sont fournies par les
Sigma-Delta (Σ∆).
16 12,5 MHz 550 3 MHz 70
L’architecture et la technologie utilisées résultent, dans chaque
cas, de la recherche du meilleur compromis performance/en-
14 50 MHz 550 12 MHz 70 combrement/prix/consommation. Les technologies monolithiques,
permettant un coût de série très bas et un fort volume de produc-
12 200 MHz 550 50 MHz 70 tion, sont presque exclusivement utilisées. En particulier, les
architectures ont été développées et adaptées pour pouvoir utiliser
10 800 MHz 550 200 MHz 70 la technologie CMOS qui domine le marché, profitant ainsi des
énormes investissements faits sur cette technologie. Le coût d’une
usine de production, pour des wafers de 20 cm et 0,1 µm de gra-
8 1,6 GHz 550 800 MHz 70 vure, est d’environ 3.109 $ US.
Pour des CNA grand public tels ceux de l’audionumérique, on
trouvera du monolithique CMOS Sigma-Delta qui se prête bien à la
On peut constater des écarts très importants entre les meilleures production de série avec des coûts bas et de faibles consom-
performances estimées et celles constatées (voir tableau 2). Par mations.
exemple, la puissance consommée réelle varie de plus de Pour certaines applications d’électronique professionnelle
2 décades par rapport à l’état de l’art. comme la génération de signaux rapides pour la communication
Le tableau 4 résume les performances des produits commer- ou les radars qui exigent une fréquence au-delà du gigahertz, les
ciaux usuels ou standards, vendus en boîtiers, en fonction de fabricants font appel aux technologies bipolaire, BiCMOS et éven-
l’architecture. La plupart des produits sont en technologie CMOS, tuellement à des matériaux SiGe, AsGa qui permettent les vitesses
seuls les convertisseurs très rapides sont en technologie BiCMOS les plus élevées.
ou bipolaire. On peut voir sur la figure 3 les domaines accessibles aux CNA.
(0)

Tableau 4 – Performances des produits commerciaux usuels ou standards


Architecture Résolution Vitesse (1) Avantages/Inconvénients

+ Résolution élevée
 30 kSPS + Faible consommation
Intégration 8 à 18 bits + Excellente réjection analogique du bruit
– Très faible vitesse d’échantillonnage
+ Résolution élevée et précision
SAR 8 à 16 bits  3 MSPS + Faible consommation
– Vitesse d’échantillonnage limitée
+ Résolution la plus élevée et précision
+ Excellente linéarité
Σ∆ 16 à 24 bits  3 MSPS + Faible consommation
+ Excellente réjection numérique du bruit
+ Adaptabilité potentielle
– Vitesse d’échantillonnage limitée
+ Très rapide
Pipeline subranging 8 à 16 bits entre 10 et 400 MSPS + Correction digitale des erreurs
+ Meilleur compromis vitesse résolution
+ Les plus rapides
– Résolution limitée
Flash 6 à 8 bits entre 1 et 20 GSPS – Puce de dimension importante
– Capacité de l’entrée élevée
– Forte consommation
– Codes erratiques
(1) La vitesse est donnée en Sample Per Second (nombre d’échantillons par seconde). 1 SPS = 1 Hz.

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Tableau 5 – Performances de CNA disponibles sur le marché


Estimation de prix Consommation Référence
N bits Fréquence Architecture Technologie (€) (mW) Boîtier Fabricant
commerciale

2 × 24 46 kHz Σ∆ CMOS 2 64 20 VQFN PCM1772 TI

2 × 24 196 kHz Σ∆ CMOS 7 200 28 SSOP AD1955 AD

16 100 MHz Parallèle 4 × interp. CMOS 80 860 64 QFP MB86060 Fujitsu

12 400 MHz Parallèle CMOS 80 300 80 LQFP MB86061 Fujitsu

14 250 MHz Parallèle CMOS Non communiqué 54 Fabless (1) Fabless (1) Impinj

14 300 MHz Parallèle 40 115 48 PQFP AD9755 AD

2×8 40 MHz Parallèle CMOS 4 20 28 QSOP MAX 5182 Maxim

(1) Produit « conceptuel ».

originale proposée par le concepteur : il s’agit de « fabless » (pro-


26
duit « conceptuel ») du fabricant Impinj, 14 bits 250 MHz 0,054 W
Nombre de bits N en CMOS 0,25 µm 2,5 V.
22 Le produit ADi le plus proche est à environ 42 · 1012.
18 On retrouve que les CNA sont meilleurs que les CAN d’environ
1 ordre de grandeur, voire 1,5.
14
■ Dans le tableau 6 sont données les vitesses et consommations
10 extrapolées par rapport à l’état de l’art, à vitesse maximale et au 1/8
de la vitesse maximale, en fonction de la résolution.
6
10 100 1 10 100 1 10 100 1 10 100 On peut constater des écarts très importants entre les meilleures
performances estimées et celles constatées.
Hz kHz MHz GHz (0)

Fréquence

Figure 3 – Courbe enveloppe fréquence × résolution pour les CNA Tableau 6 – Vitesses et consommations extrapolées
par rapport à l’état de l’art

■ Dans le tableau 5 sont données quelques performances de CNA 1/8 de la


Vitesse Consommation Consommation
disponibles sur le marché. Les bits sont les bits de résolution, les N bits vitesse
maximale (mW) (mW)
consommations et les prix de ces produits ne sont pas directement maximale
comparables [technologies et architecture différentes, volumes de
productions complètement différents (de millions à quelques 24 390 kHz 90 48 kHz 11
milliers)]. Ils sont donnés ici comme indication (les dates de sortie et
de conception ne sont pas les mêmes et sont étalées sur plus de 22 1,56 MHz 90 195 kHz 11
quatre ans).
La performance (produit résolution × vitesse) est représentée 20 6,25 MHz 90 780 kHz 11
par un convertisseur 16 bits 100 MHz ou encore un hypothétique
6 bits 100 GHz qui n’existe pas sur le marché. Le premier
produit résolution × vitesse vaut 2 16 LSB × 100 MHz, soit 18 25 MHz 90 3,1 MHz 11
6 553 600 000 000 LSB × Hz (6,5 · 1012).
Le facteur de mérite qui s’exprime en LSB × Hz/W n’est souvent 16 100 MHz 90 12,5 MHz 11
pas le meilleur pour les produits les plus rapides, mais plutôt pour
des convertisseurs un peu moins rapides qui visent une intégration 14 400 MHz 90 50 MHz 11
importante où la puissance est un critère majeur. Beaucoup de
convertisseurs, dont les convertisseurs vidéo, sont en général mal
placés selon ce type de critère car ils sont conçus pour fournir 12 600 MHz 90 200 MHz 11
directement la puissance nécessaire pour l’application des signaux
vidéo d’écran. 10 6,4 GHz 90 800 MHz 11
Ce facteur de mérite est actuellement représenté par un conver-
tisseur de 14 bits 250 MHz et consommant 0,054 W soit environ 8 25 GHz 90 3,2 Hz 11
76 000 000 000 000 LSB × Hz/W (76 · 1012), avec une technologie

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3. Technologies des CAN Les convertisseurs les plus rapides pour des besoins militaires
ou de mesure ultrarapide ont été en AsGa dans les années 1990.
et des CNA La fin des années 1990 et le début des années 2000 ont vu l’appa-
rition du SiGe pour beaucoup d’applications ultrarapides indus-
trielles et grand public.
La technologie SiGe, développée entre autres par IBM, est en
Le lecteur pourra utilement se reporter à l’article Micro-
train de prendre le pas sur l’AsGa dans les applications allant
électronique [E 2 400] dans le présent traité.
au-delà du GSPS. IBM annonce des process SiGe HBT BiCMOS à
120 GHz (HBT : Heterojunction Bipolar Transistor ) et cette valeur
Le marché de la conversion de données s’est beaucoup déve- est en amélioration constante. Les matériaux InP, développés entre
loppé ces dernières années. Les exigences des convertisseurs, tant autres pour l’OC 768 (40 Gbits/Sec), offrent aussi de belles pers-
au niveau des performances que des coûts ou de l’encombrement, pectives pour réaliser des convertisseurs.
ont amené les industriels et les universitaires à étudier de nou- ■ Perspectives de développement
velles architectures et des technologies spécifiques. Les CAN/CNA dans le domaine de l’ultrarapide
sont aujourd’hui réalisés sur une seule puce (monolithique). Ils
bénéficient des avantages d’une intégration poussée, c’est-à-dire Dans les programmes militaires américains, on voit apparaître
d’une augmentation de la densité et de la vitesse, et d’une des publications sur l’utilisation des HEMT (High Electron Mobility
consommation moindre. Aujourd’hui, beaucoup de CAN/CNA sont Transistor ) et des RTD (Resonant Tunneling Diodes ), associés à
de véritables systèmes qui comprennent à peu près tout ce qui est des gravures de quelques dizaines de nanomètres, qui devraient
analogique (multiplexeurs, échantillonneurs-bloqueurs, etc.) mais permettre de réaliser des circuits analogiques et logiques pour des
également du numérique avec du traitement du signal (correction convertisseurs à 100 GHz.
d’erreur, moyennage, calibrage). Ils utilisent souvent une tension Les supraconducteurs (qui utilisent l’effet Josephson) sortent
d’alimentation unique de 5 V, voire de 3,3 V, en gardant une grande des laboratoires, et il existe, notamment pour les besoins en télé-
rapidité, mais parfois aussi des tensions plus basses, par exemple phonie mobile « 3G », quelques produits commerciaux.
1,8 V, avec quelques milliwatts de consommation pour des pro-
duits dans la gamme des dizaines de kSPS avec 14 bits et quelques ■ Tension d’alimentation
microwatts pour du 16 bits à quelques échantillons par seconde.
L’alimentation se fait maintenant avec une tension unique et de
Les boîtiers sont, comme pour tous les composants, de plus en plus en plus basse grâce au process et aux matériaux. Les plus
plus petits et montés en surface. Les tailles varient : du modèle hautes vitesses sont encore en 5 V (14 bits 105 MSPS), mais ST
SOT23-x (x, nombre de broches = 6 à 8) pour les plus simples, avec Microelectronics commercialise des convertisseurs analogiques
évidemment une interface série, à des PQFP avec 52 broches au numériques 14 bits 20 MSPS avec seulement 2,5 V.
pas de 0,8 mm et des interfaces parallèles rapides de type LVDS.
Beaucoup de publications montrent des solutions diverses pour
Les boîtiers type CSP (Chip Size Package ) et contacts type leadless
réaliser des convertisseurs autour de 8 bits et quelques dizaines de
ou BGA (Ball Grid Array ) permettent une intégration maximale
MSPS, en technologie CMOS à des tensions de 1 V. Cette baisse de
dans le boîtier en diminuant le ratio surface de boîtier/surface de
la tension entraîne une baisse de la pleine l’échelle et donc du pas
puce.
de quantification. On atteint alors des limites dues au bruit : le bruit
■ Technologie monolithique interne inhérent aux résistances et aux transistors, mais aussi le
bruit induit par toutes les autres fonctions internes de la puce ainsi
À peu près toutes les technologies monolithiques sont utilisables que ceux induits par les autres circuits présents sur la carte.
pour faire des convertisseurs : CMOS, BiCMOS et bipolaire. Pour
les convertisseurs, la technologie monolithique représente la tota- ■ Technologie hybride
lité des produits.
La technologie hybride a été couramment utilisée pour réaliser
● Process CMOS des convertisseurs performants et complexes que l’on utilisait en
Le CMOS (MOS complémentaire) offre la consommation la plus électronique professionnelle et militaire dans les années 1980-
basse et le meilleur coût en bénéficiant des investissements 1995. Cette technologie, très coûteuse, a totalement disparu au
énormes faits dans cette technologie pour développer les circuits profit de produits monolithiques standards ou d’ASIC spécialisés
numériques. Tous les convertisseurs destinés à une large diffusion, dans certains cas. Il reste néanmoins quelques produits hybrides
ou qui ne requièrent pas la vitesse la plus élevée et le plus faible pour des besoins de maintenance et/ou des applications militaires.
bruit que peut offrir le bipolaire, sont réalisés dans cette techno- On trouve maintenant des circuits du type « multichip » qui utili-
logie (voire intégrés dans les processeurs). sent des encapsulations usuelles plastiques au lieu des boîtiers
métalliques hermétiques historiques.
Dans les années 1980 et 1990, le CMOS avait l’inconvénient
d’être sensiblement inférieur au point de vue rapidité et précision ■ Calibrage, ajustage, correction
pour l’analogique. Il a maintenant une rapidité et une précision
Afin d’obtenir la meilleure résolution pour les convertisseurs,
suffisantes pour presque toutes les applications. Les technologies
tout en évitant le tri des puces et des circuits encapsulés pour amé-
CMOS isolées et les progrès de la finesse de gravure vont encore
liorer les rendements de fabrication, beaucoup de fabricants utili-
améliorer les performances et la domination de masse du CMOS.
sent des techniques de calibrage. Il s’agit à la fois de calibrer et de
● Process bipolaire compenser des dispersions en sortie de fabrication, mais aussi des
Le bipolaire convient bien pour les produits ultrarapides au dérives en fonctionnement, par exemple, dérives liées à la tempé-
détriment d’une consommation plus élevée, mais ne peut pas être rature, par des corrections d’erreur.
intégré facilement sur les processeurs qui sont tous en CMOS. Les ■ Boîtiers
convertisseurs en technologie bipolaire sont en général meilleurs
en termes de bruit, ce qui est nécessaire pour les hautes résolu- On peut voir dans la figure 4, à titre d’exemple, la comparaison
tions rapides sous faible tension. de trois types de boîtiers ayant 28 connexions, qui montre les pro-
grès de la miniaturisation des boîtiers.
■ Matériaux Pour mémoire, le boîtier historique « PDIL » 28 broches (plastic
Les matériaux sont le silicium pour la presque totalité des dual in line ) à piquer fait environ 16 mm × 36 mm soit 576 mm2 et
convertisseurs. donc le LFCSP est 23 fois plus petit !

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• Synthétiseur numérique « direct » DDS


10 mm 5 mm
• Palette graphique pour station de travail, PC haut de gamme
• Driver d’écran à cristaux liquides
• Microcontrôleur avec convertisseur AN
• Compteur électrique
• Interface AN/NA pour modem large bande

5 mm
Les références commerciales et les blocs diagrammes sont don-
nés à titre indicatif.
On peut aussi noter des familles de processeurs spécifiques
dédiés à l’interfaçage spécifique des CAN/CNA. En effet, le pro-
cesseur principal n’est pas toujours capable d’atteindre le débit

19 mm
souhaité et, même s’il en a la capacité, sa consommation est alors
trop élevée. Ces processeurs dédiés prennent typiquement en
charge, à la réception après le CAN, les premières opérations de
filtrage/décimation, FFT, corrélations éventuelles, tandis que, en
émission avant le CNA, ils prennent en charge l’extrapolation, le
suréchantillonnage, le filtrage.
Par exemple, chez le fabricant Analog Devices, ces familles
spécifiques sont les familles « RSP » Digital Receive Signal Proces-
sors et « TSP » Digital Transmit Signal Processors.

■ Digital Vidéo Disque DVD


Le CS98200 de Cirrus Logic (figure 5) est un produit à très haute
Boîtier Surface (mm2) Comparaison intégration qui fournit toutes les fonctions audio et vidéo pour les
SOIC 28 ≈194 nouvelles générations de produits DVD haut de gamme. En inter-
face de sortie, on trouve 6 CAN vidéo. Le boîtier est un 240 MQFP.
TSSOP 28 ≈ 64 3 fois plus petit que SOIC
LFCSP 28 ≈ 25 2,6 fois plus petit que TSSOP ■ Interface AN pour capteur d’images CCD
7,8 fois plus petit que SOIC
L’AD9826 d’Analog Devices (figure 6) est un AFE (Analog Front
End ) complet pour des applications couleur telles que scanneur de
documents, copieurs numériques, etc. Il comporte trois voies,
Figure 4 – Exemple des progrès de la miniaturisation des boîtiers réglage de gain (6 bits) et offset (9 bits), multiplexage et numé-
risation sur 16 bits. Sa consommation est de 400 mW, il coûte
environ 6 € et son boîtier est un 28 SSOP.

4. Produits intégrant ■ Synthétiseur numérique « direct » DDS


L’AD9858 d’Analog Devices (figure 7) est un DDS (Digital Direct
des CAN ou des CNA Synthesizer ), CNA 10 bits, qui fonctionne jusqu’à 1 GSPS. Il
comporte un convertisseur NA rapide. Il est capable de générer
une sinusoïde agile en fréquence jusqu’à 400 MHz. Sa tension
Les très grands progrès de l’intégration permettent de réaliser, d’alimentation est de 3 V pour une puissance de 2 W dans un
en un seul circuit monolithique, un ensemble ou sous-ensemble boîtier 100-lead EPAD-TQFP. Les applications sont la synthèse
fonctionnel. de fréquence VHF/UHF-LO, station de base « 3G » à saut de fré-
L’intégration des étages de conversion existe maintenant sur une quence, etc.
vaste gamme de produits.
Les microprocesseurs, les microcontrôleurs et les DSP intègrent
naturellement des interfaces, souvent multiplexées en AN et NA
avec des performances telles qu’ils couvrent la plupart des appli-
cations usuelles de 8 à 12 bits voire 14 bits et des vitesses de
quelques kilohertz à quelques mégahertz. On trouve aussi des pro-
duits très simples tels que les capteurs de température, qui peu-
vent alors transférer les mesures en numérique et aussi devenir
calibrables, programmables...
On peut citer les grands domaines d’application :
• Multimédia : audio, vidéo, TV, DVD, photo, scanner, impri-
mantes...
• Communication avec l’émission et la réception : téléphone, télé-
vision numérique par satellite ou câble, Internet avec les modems,
classique ou xDSL...
• Informatique : PC multimédia
• Contrôle, process, produits blancs, automobile...
Dans la suite de ce paragraphe, nous donnons des exemples de
produits intégrant des CAN ou des CNA, dans les applications
suivantes :
• Digital Vidéo Disque DVD
• Interface AN pour capteur d’images CCD Figure 5 – Bloc diagramme du CS98200

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Figure 6 – Bloc diagramme de l’AFE AD9826

Figure 7 – Bloc diagramme du DDS : AD9858

■ Palette graphique pour station travail, PC haut de gamme ■ Driver d’écran à cristaux liquides
L’ADV7160 (figure 8) et l’ADV7162 d’Analog Devices sont des Le MPT57571B de Texas Instruments (figure 9) est un driver à
palettes graphiques couleur de haut de gamme. Elles incluent trois 384 sorties pour des écrans couleur à cristaux liquides « LCDS
CNA 10 bits et permettent des applications 24 bits couleur réelle. TFT ». Les trois drivers, rouge, vert, bleu, ont chacun des CNA 8 bits
La résolution maximale d’écran est de 1 600 × 1 280 pixels à la (soit 28 × 28 × 28 = 16 772 216, c’est-à-dire environ 16,77 millions de
vitesse 85 Hz soit 174 MHz. Le boîtier est un 160-PQUAD. couleurs). La compatibilité XGA/VGA est donnée par les 384 sorties.

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Figure 8 – Bloc diagramme de la palette


graphique ADV7160

Figure 9 – Bloc diagramme du driver écran


LCD : MPT57571B

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■ Microcontrôleur avec convertisseur AN numérique, une fonction de calcul rapide de la puissance et une
Le PIC12C671 de MicroChip est un microcontrôleur ayant un interface série. Il mesure très précisément l’énergie, la puissance,
temps de traitement de 400 ns par instruction avec un CAN le courant et la tension efficaces pour les applications simple phase
4 canaux de 8 bits. Il est dans un boîtier 8 broches et vise les appli- et trois phases. Il est calibrable, sa précision est de ± 0,1 % sur une
cations d’entrée de gamme pour l’automobile, l’industrie et les dynamique de 1000:1. Il consomme moins de 12 mW dans un boî-
applications grand public. tier 24 SSOP.
(0)

■ Interface AN/NA pour modem large bande


Tableau résumé des spécifications du PIC12C671
Broadband Modem Mixed Signal Front End
Serial Brown
Data Speed I /O L’AD9875 (10 bits) (figure 11) et l’AD9876 (12 bits) d’Analog
Ram MHz Ports ADC Compa- Devices sont des interfaces AN et NA pour les modems large
I /O PWM rators Timers Out ICSP
bande (xDSL, sans fil, etc.). Ils incluent les filtres d’interpolation
NA, nécessaires à l’émission : 10/12 bits NA à 64/32 MSPS,
128 10 6 4 – – – 1 + WDT False True 2x/4x filtres, etc.).
Les circuits de réception comprennent PGA (Programmable Gain
Amplifier), LPF (Low Pass Filter) et CAN : convertisseurs 10/12 bits,
■ Compteur électrique 50 MSPS AN ; filtres passe-bas du 4e ordre 12 MHz ou 26 MHz ;
Le CS5460A de Cirrus Logic (figure 10) est un produit qui intègre amplis programmables de – 6 dB à + 36 dB. Ce produit est alimenté
sur une seule puce deux convertisseurs Sigma-Delta analogique- en 3,3 V dans un boîtier 48 LQFP.

Figure 10 – Bloc diagramme du compteur


électrique CS5460A

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111

Sortie numérique
110
101
I
100
a
011
010
001
0
Entrée analogique
Erreur

Erreur

111

Sortie numérique
110
101
100
b
011 I
010
001
0
Entrée analogique
Figure 11 – Bloc diagramme du front end pour modem : AD9875 I droite théorique

Figure 12 – Erreurs de décalage (offset) (a) et de gain (b) dans un CAN

5. Utilisation des CAN


et des CNA 5.1.1 Erreurs de gain et de décalage
• Dans un CAN, l’erreur de décalage (ou offset) est la différence
Entre les deux domaines continu analogique et discret numé- qui existe entre la tension appliquée à l’entrée qui met dans l’état 1
rique, l’utilisateur potentiel de CAN et de CNA est habituellement le bit de plus faible poids et la valeur théorique de la tension effec-
confronté à trois problèmes principaux : il lui faut, tout d’abord, tuant ce changement (figure 12a).
être en mesure d’interpréter correctement les spécifications ; il lui
• Dans un CNA, l’erreur de décalage est la différence qui existe
faudra, ensuite, faire le bon choix et enfin, que ce soit à titre d’éva-
entre la tension que délivre le CNA lorsque tous les bits sont à
luation ou bien de contrôle, il pourra être amené à tester le
l’état 0 et celle que l’on devrait obtenir en sortie.
convertisseur.
Cette erreur entraîne une translation de la caractéristique de
Ces trois tâches, dans le cas des produits de conversion de
transfert.
données, sont particulièrement délicates, notamment dans le cas
des hautes vitesses et/ou des hautes résolutions. • Pour un CAN comme pour un CNA, l’erreur de gain se traduit
par une pente différente de la caractéristique de transfert
Les spécifications ne sont pas aisées à interpréter parce que les
(figure 12b ).
fabricants spécifient souvent leurs produits sur des cas simples,
tels que sinus pur, alors que dans la pratique on a des signaux Selon les applications, on peut être sensible ou insensible à ce
complexes et/ou transitoires. Mais, même bien spécifiée, l’utilisa- type d’erreur (couplage alternatif ou mesure absolue, présence
tion des convertisseurs présente des difficultés, car elle suppose la d’un gain variable dans la chaîne, recherche de distorsion).
maîtrise des deux domaines techniques : analogique et numérique.
Le choix du bon convertisseur est délicat pour ces raisons.
5.1.2 Erreurs de linéarités
Les tests, quant à eux, présentent également de nombreuses
difficultés dues à la grande précision et à la vitesse élevée. Les pro- Selon les applications, on peut être très sensible ou peu sensible
grès réalisés sur les convertisseurs sont difficiles à suivre au à ce type erreur (recherche de distorsions).
niveau des tests dans les méthodes ou dans les testeurs. Par exem-
ple pour tester un convertisseur à l’état de l’art avec 12 bits de • La caractéristique de transfert idéale d’un CAN est une suite de
400 MSPS, il faut générer une horloge (cf. [E 370, figure 10]) ayant paliers dont les centres sont alignés sur une droite idéale. Dans la
moins de 0,1 ps de bruit et encore pour ne mesurer que 0,1 LSB de pratique, les caractéristiques de transfert ne sont pas des escaliers
DNL (erreur de linéarité différentielle). parfaits et les fabricants de convertisseurs garantissent que les
erreurs ne dépassent pas une certaine limite.
• L’erreur de linéarité ou linéarité intégrale ou encore linéarité
absolue est définie comme l’écart entre la caractéristique de trans-
5.1 Interprétation des spécifications fert réelle et l’escalier idéal (figure 13a).
• L’erreur de linéarité différentielle représente la différence, pour
Usuellement, il y a deux familles de paramètres : statiques et chaque LSB (marche de l’escalier), des valeurs analogiques corres-
dynamiques et, selon les applications, il peut être nécessaire ou pondant à deux codes successifs (figure 13b) par rapport au pas
inutile de les considérer. de quantification idéal.

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Sortie analogique
111
Sortie numérique

110
101 IV
100
a
011
010 Erreur
001
0
Entrée analogique

0 001 010 011 100 101 110 111


111 Entrée numérique
Sortie numérique

110 a CNA monotone


101 I
IV
100 II

Sortie analogique
b
011 III
010
001
0
Entrée analogique

I erreur différentielle +1/2 LSB


II erreur différentielle --1/2 LSB
III pas d'erreur (palier = 1 LSB)
IV droite théorique
0 001 010 011 100 101 110 111
Entrée numérique
Figure 13 – Erreurs de linéarités intégrale (a) et différentielle (b) b CNA non monotone

Figure 15 – Non-monotonicité dans un CNA

111
Sortie numérique

5.1.3 Non-monotonicité, codes manquants


110
101 Dans les deux cas, il s’agit d’erreurs de linéarité différentielle. Un
100 convertisseur AN ou NA dont la linéarité différentielle est garantie
011
à ± (1/2) LSB dans toute la gamme de fonctionnement est, de façon
MinMax
(extrêmes) implicite, monotone. Les fabricants spécifient habituellement si le
010 convertisseur AN ou NA est monotone et/ou est sans codes
001 moindres carrés manquants.
0 Un non-respect de ces deux caractéristiques constitue du point
Entrée analogique de vue de l’utilisateur un défaut qui pourrait être lourd de consé-
quences dans certaines applications, par exemple lorsque le
convertisseur est placé dans une boucle d’asservissement.
Figure 14 – Mesure de la non-linéarité de la caractéristique
de transfert La non-monotonicité d’un AN ou d’un NA se traduit par le fait
que, alors que l’entrée croît, la tension de sortie décroît (figure 15).
On parle de codes manquants dans un AN ou un NA lorsque
aucune valeur de la tension d’entrée ne permet d’obtenir ce code
• Pour la mesure de la non-linéarité, plusieurs définitions en sortie (figure 16).
peuvent être utilisées ; deux définitions parmi les plus courantes
sont données ci-après :
5.1.4 Caractéristiques dynamiques
— dans la première, on considère comme droite idéale la droite
joignant les deux points extrêmes de la caractéristique de transfert Les caractéristiques dynamiques représentent pour les convertis-
(mais dans beaucoup d’applications, ces valeurs extrêmes de seurs les paramètres les plus importants.
codes ne sont pas utilisées car on évite de s’approcher de la
saturation) ; Généralement, les caractéristiques des convertisseurs se dégra-
— la seconde consiste à rechercher une droite passant au plus dent lorsque la fréquence de fonctionnement s’élève.
près des différents points de la caractéristique. On peut par Les caractéristiques dynamiques les plus importantes sont les
exemple calculer la droite des moindres carrés ou des moindres suivantes :
écarts (figure 14). • temps d’établissement ;
Il est dommage que ces définitions ne soient pas standardisées, • incertitude au point d’ouverture (Aperture Jitter Uncertainty )
car cela limite la comparaison des performances, voire induit l’uti- (figure 17) ;
lisateur en erreur. • rapport signal à bruit avec distorsion (SINAD) ;

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111 AVDD REFT REFB DRVDD

Sortie numérique
110
101 AD9244
100 EIGHT 14
VIN+ STAGE
011 SHA DFS
PIPELINE

OUTPUT REGISTER
VIN-- ADC
010
001 CLK+
OTR
0 CLK-- TIMING
Entrée analogique
a pas de code manquant DUTY
14
DB13-DB0
111 REFERENCE

Sortie numérique
OEB
110
101
AGND CML VR VREF REF REF DRGND
100
SENSE GND
011
010
Figure 18 – Bloc diagramme du convertisseur AD9244
001
0
Entrée analogique
b code manquant (011)
Une référence externe peut être utilisée si la précision statique
et/ou la dérive en température doivent être améliorées. Une
horloge à entrée différentielle est utilisée pour contrôler la
Figure 16 – Codes manquants dans un CAN conversion...
■ Caractéristiques
• 14 bits, 65 MSPS ADC
• Faible puissance :
— 590 mW à 65 MSPS avec f éch /2 à la fréquence de Nyquist
— 340 mW à 40 MSPS avec féch /2 à la fréquence de Nyquist
∆V Point d'échantillonnage • Référence et échantillonneur-bloqueur intégré
• 750 MHz de bande passante analogique
∆ V = ∆ t dV
∆t dt • SNR = 74 dB à la fréquence Nyquist
• SFDR = 83 dB à la fréquence Nyquist
• Non-linéarité différentielle = ± 0,6 LSB
Figure 17 – Incertitude au point d’ouverture
• Absence de codes manquants garantie sur toute la gamme de
température
• 1 Vcc à 2 Vcc entrée différentielle
• rapport signal à bruit sans distorsion (SNR) ; • Alimentation unique : + 5,0 V analogique, et 3/5 V numérique
• taux de distorsion d’harmoniques ; • Boîtier 48 LQFP
• dynamique de codage (SFDR : Spurious Free Dynamic Range ) ;
• bande passante pleine puissance (Full-Power Bandwidth ) ; ■ Applications
• taux d’intermodulation (IMD : Intermodulation Distorsion ). • Communications microcellules, picocellules
Ces caractéristiques sont souvent mesurées sur des signaux • Médical et imagerie haut de gamme
simples et il est parfois difficile d’en extrapoler les performances • Appareil à ultrasons
sur des signaux complexes.
Nota : pour la définition des termes, se reporter en [E 370, § 1].
5.2 Techniques de tests
5.1.5 Exemple de spécifications
Ces tests sont généralement séparés en tests statiques et dyna-
Le produit que nous allons décrire est l’AD9244 14 bits, miques. Les paramètres statiques pouvant se mesurer plus facile-
40/65 MSPS Monolithic CMOS A/D Converter (figure 18). ment à l’aide de voltmètres, ampèremètres, etc.

■ Description du produit
L’AD9244 est convertisseur analogique-numérique, monoli- 5.2.1 Tests des CAN
thique, à alimentation unique + 5,0 V, de résolution 14 bits, et de
vitesse 40 ou 65 MSPS avec référence et échantillonneur-bloqueur Les tests dynamiques des CAN font le plus souvent appel à une
intégré haute performance. L’AD9244 utilise une architecture pipe- ou deux sinusoïdes. Bien que certains utilisateurs puissent rejeter
line à plusieurs étages différentiels. Un bloc de correction d’erreur l’idée d’utiliser une sinusoïde comme signal de référence, puisque
logique donne la précision de 14 bits à 65 MSPS et garantit contre dans leurs applications ils numérisent généralement des signaux
les codes manquants sur toute la gamme de température. La réfé- transitoires, la sinusoïde présente les avantages spécifiques sui-
rence interne est programmable. vants :

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— elle est reproductible ; cela signifie que les résultats des tests
peuvent être dupliqués et vérifiés un grand nombre de fois à l’aide
de synthétiseurs de haute qualité (ce qui n’est pas le cas des signaux Analyseur
transitoires) ; Synthétiseur # 1
N bits
logique
Signal analogique Filtres CAN ou
— elle est facilement caractérisable : une sinusoïde se décrit sim-
plement de façon mathématique et ses caractéristiques sont bien mémoire
connues, en particulier celle de sa pente ;
— elle est bidirectionnelle, ce qui signifie qu’elle mettra en Synchronisation Horloge
évidence les problèmes du CAN dépendant de la pente, positive ou d'échantillonnage
négative, du signal d’entrée ; Synthétiseur # 2 Mise Traitement
Horloge en FFT
— enfin, pour les signaux les plus rapides, c’est la seule forme Analyse
que l’on sache faire et qui de plus reste inchangée, voire amélio- Échantillonnage forme
PC
rée, par un filtrage intentionnel ou parasite.
Les tests dynamiques comprennent :
— le test par transformée de Fourier ; Figure 19 – Synoptique typique d’un banc de test
— la régression sinusoïdale ; de convertisseur analogique-numérique
— le test de l’histogramme ;
— le test de l’enveloppe ;
— le test de la bande passante analogique.
■ Régression sinusoïdale
Tous ces tests se réalisent généralement avec une, deux ou plu-
sieurs sinusoïdes, pleine échelle à l’entrée ou PE – 10 %, mais aussi La technique de régression sinusoïdale (Sinewave curve fitting
en fonction de différentes amplitudes du signal à l’entrée, ce qui en anglais) est moins répandue que celle de la FFT, car elle ne per-
est important en communication. Ils ont été choisis car ils donnent met pas l’obtention de résultats tels que le niveau d’harmoniques
une meilleure compréhension des performances intrinsèques du et la dynamique de codage.
CAN et se rapprochent le plus des situations réelles auxquelles le
Dans ce test, une sinusoïde pleine échelle à une fréquence spé-
CAN est confronté.
cifiée est numérisée par le CAN, de résolution N bits. En utilisant
les techniques de minimisation par les moindres carrés, un logiciel
■ Test par transformée de Fourier
calcule une sinusoïde idéale se rapprochant le plus des données.
La transformée de Fourier discrète (DFT) est un outil très utile La sinusoïde est de la forme :
pour évaluer les performances dynamiques des convertisseurs.
Utilisant l’algorithme de transformée de Fourier rapide (FFT, Fast A sin (2 π f t + θ) + Cte
Fourier Transform ), la FFT convertit une séquence d’échantillons avec A, f, θ, Cte les paramètres sélectionnés pour la régression.
finie dans le temps dans le domaine fréquentiel. La représentation
du domaine fréquentiel des données échantillonnées permet de On obtient ainsi A 0 , θ0 , Cte 0 .
mesurer la linéarité de la fonction de transfert dynamique du
Pour calculer les défauts introduits par le convertisseur, la sinu-
convertisseur.
soïde se rapprochant le plus des données A 0 sin (2 π f t + θ0 ) + DC0
La figure 19 montre le synoptique d’un test de CAN par FFT. est idéalement numérisée par calcul.
Un filtre passe-bas ou passe-bande est utilisé pour améliorer la
pureté spectrale de la sinusoïde d’entrée. En général on utilise On calcule ensuite l’erreur efficace idéale qui n’inclut donc que
2 N +2 points, N étant la résolution du convertisseur à tester les erreurs de quantification d’un CAN N bits parfait. Puis on
(1 024 points dans le cas d’un 8 bits). Le signal d’entrée étant sup- calcule l’erreur efficace réelle qui comprend toutes les erreurs de
posé pur, sans harmoniques, les harmoniques qui sont observés quantification, de non-linéarités, différentielles et intégrales, les
dans le spectre sont dus à la non-linéarité éventuelle du codes manquants, le jitter et les autres bruits. Le rapport de ces
convertisseur. deux erreurs mesure donc l’écart entre un convertisseur parfait et
le convertisseur réel en test. L’avantage (et le défaut) de cette
Il faut respecter un certain nombre de conditions : méthode est de mettre toutes les erreurs dans un « même
— la fréquence de la sinusoïde d’entrée doit être choisie en évitant paquet ».
les sous-multiples (ou multiples) de la fréquence d’échantillonnage ; Trois points doivent être respectés afin d’utiliser cette technique :
— le plus souvent, on choisit une puissance de 2 pour le nombre
d’échantillons M, par exemple : M = 2N+2 (ce qui facilite le calcul de — le nombre de points d’acquisition doit être important pour que
la FFT) ; l’estimation par les moindres carrés soit suffisamment précise ;
— de plus pour éviter les fuites de spectres, il faut qu’il y ait un — la fréquence d’entrée ne doit pas être reliée de façon harmo-
nombre J de périodes entières du signal sur la longueur de nique à la fréquence d’échantillonnage ;
l’échantillonnage. — le signal d’entrée doit être pleine échelle de façon à exciter la
dynamique complète ainsi que tous les codes du CAN.
Ces conditions sont souvent appelées conditions d’échantillon-
nage cohérent et sont résumées par la formule ci-dessous :
■ Test de l’histogramme
J f éch Ce test consiste à mesurer le nombre d’occurrences des codes
f signal = ----------------
M numériques et à le comparer à la valeur théorique espérée. L’ana-
lyse de l’écart permet de retrouver la fonction de transfert.
avec J et M premiers entre eux, et M = 2m.
En général, dans le test de l’histogramme, une sinusoïde pleine
On peut aussi mesurer le rapport signal à bruit à partir du échelle est numérisée par le convertisseur, et on se place dans les
spectre obtenu. Du rapport signal à bruit, avec ou sans distorsion, conditions d’échantillonnage cohérent, pour ne pas favoriser
ainsi calculé, peut se déduire le nombre de bits effectif du l’apparition de certains codes. Selon la précision recherchée et le
convertisseur par la formule suivante : nombre de bits du convertisseur, il faut acquérir de plusieurs
SINAD = 6 N eff + 1,76 milliers à plusieurs centaines de milliers de points. À la fin de
l’acquisition, un histogramme est réalisé indiquant le nombre
avec N eff nombre de bits effectif. d’apparitions de chaque code.

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CONVERSIONS ANALOGIQUE-NUMÉRIQUE ET NUMÉRIQUE-ANALOGIQUE (PARTIE 3) ________________________________________________________________

100

Nombre d'occurrences
Code en excès
Code manquant

Non-linéarité
différentielle
10
Sinusoïde reconstruite Histogramme

Figure 21 – Test de l’histogramme. Détection de code manquant


ou de code en excès
1
0 50 100 150 200 250
Code j de 0 à 255
Tracé de la fonction continue h (j )
Histogramme des codes H (j ) Points échantillonnés Enveloppe
(nombres entiers)
1

Amplitude
Convertisseur 8 bits parfait, sinusoïde pleine échelle, avec
2 048 points acquis (211)

Figure 20 – Exemple d’histogramme théorique 8 bits et 2 048 points


0

Une sinusoïde idéale, d’amplitude pleine échelle, normalisée en


LSB et variant du code 0 au code 2N –1, réalise un histogramme
théorique dont la courbe est la suivante dans l’ensemble des réels :
-1
M Temps

π 
h ( j ) : = --------- arcsin  ----------------------- – arcsin  -------------
2

j+1–A
A 
j–A
 A  
Figure 22 – Représentation temporelle du test de l’enveloppe
avec A amplitude crête de la sinusoïde : A = 2N–1 normalisée en
LSB,
h(j ) nombre d’occurrences du code « j » lorsque l’on ■ Test de l’enveloppe
acquiert 2M points.
Ce test est le plus exigeant de tous les tests pour le temps
Cette sinusoïde, une fois numérisée sur 2M points par un CAN d’établissement du convertisseur (voir § 5.2.2). Lors de ce test, les
parfait ayant 2N bits, donne un histogramme théorique H (j ) dans extrêmes du signal d’entrée sont successivement numérisés ainsi
l’ensemble des entiers (voir figure 20). que les points opposés maximaux des dérivées. Avec une sinu-
Après avoir acquis 2 M points avec un CAN réel, on peut soïde pleine échelle en entrée, la valeur positive de la pleine
comparer l’histogramme mesuré et l’histogramme théorique H (j ). échelle sera numérisée, suivie immédiatement de la valeur
Si un code « i » apparaît plus souvent que sa valeur théorique, cela extrême négative, etc. Pour réaliser le test de l’enveloppe, le signal
signifie que la marche de la fonction de transfert de ce code est d’entrée est une sinusoïde pleine échelle qui est proche de la
proportionnellement plus grande que sa valeur théorique. moitié de la fréquence d’échantillonnage. Cela assure que chaque
échantillon sera pris successivement sur chaque demi-période
On peut construire la non-linéarité différentielle DNL (i ) à partir opposée du signal d’entrée. Le faible décalage par rapport à la
de cette comparaison par la formule suivante : fréquence moitié (cf. théorème de Shannon) permet de recalculer
l’amplitude de la sinusoïde et de la comparer avec les codes réel-
Nombre d′occurrences mesuré ( i )
DNL ( i ) : =  ----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nombre d′occurrences théorique ( i )
- – 1 lement obtenus.
Dans l’exemple de la figure 22, la fréquence d’échantillonnage
ainsi que la non-linéarité intégrale INL (i ) : est le double de la fréquence du signal, au décalage près, qui est
de 5°. On ne mesure pas le temps d’établissement, mais la défor-
i mation (éventuelle) de la sinusoïde due à ce phénomène.
INL ( i ) : = ∑ DNL ( k ) On peut réaliser le même type de test avec une fréquence du
k=0 signal plus élevée que la fréquence d’échantillonnage, pour tester
la capacité au sous-échantillonnage du convertisseur. Dans l’exem-
Un code manquant (resp. un code trop présent) sera immédia- ple de la figure 23, le rapport des fréquences est de 1,5.
tement apparent car il n’aura jamais été enregistré (resp. trop
souvent enregistré). Ces deux défauts sont souvent liés (figure 21). ■ Bande passante analogique
Le test de l’histogramme permet également de calculer les Pour mesurer la bande passante analogique du convertisseur, on
erreurs d’offset et de gain. Pour un offset zéro de la sinusoïde augmente la fréquence d’entrée jusqu’à ce que l’amplitude de la
d’entrée, l’histogramme devra être symétrique autour du code de sinusoïde mesurée soit de 3 dB inférieure à la sinusoïde mesurée
milieu d’échelle. en basse fréquence.
Des erreurs de gain seront détectées en mesurant la largeur de Lorsque la fréquence du signal dépasse la moitié de la fréquence
l’histogramme. d’échantillonnage, on est dans la situation du suréchantillonnage.

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1
Amplitude

Analyseur
N bits
Mémoire
de spectre Filtre* CNA
rapide

1,5 période
+ décalage Synchronisation
0 éventuelle Horloge
d'échantillonnage
Mise Calcul
Synthétiseur de
en du signal
signal d'horloge
forme PC

-1 * optionnel
Temps
Figure 25 – Synoptique typique d’un banc de test
Figure 23 – Représentation temporelle du test de l’enveloppe de convertisseur numérique analogique
avec un rapport 1,5 en fréquence

temporelle et d’amplitude nécessaire. Pour mémoire, il faut une


bande passante supérieure à 1/(π t r ) pour mesurer un temps de
montée (descente) égal à t r , soit, pour 0,3 ns, une bande passante
V
meilleure que 1 GHz.
■ Linéarité ou distorsion spectrale des CNA
± ∆V
La linéarité – ou la distorsion – du CNA est observée à l’aide d’un
analyseur de spectre placé directement en sortie du convertisseur.
Une mémoire, préalablement programmée, est utilisée afin de
générer continuellement une ou plusieurs sinusoïdes à l’entrée du
CNA. Un filtre optionnel permet de limiter le spectre observé, si
besoin (figure 25).
tr

5.3 Choix des CAN et des CNA


Ayant bien assimilé les problèmes posés par les spécifications et
Figure 24 – Représentation temporelle du temps d’établissement
les tests des CAN et des CNA, l’utilisateur peut cependant se trou-
ver en difficulté lorsqu’il s’agit de faire son choix. En effet, de nou-
veaux produits apparaissent tous les ans, plus performants, plus
5.2.2 Test des CNA compacts, dont certains seront rapidement dépassés et seront
obsolètes quelques années plus tard. Seule une bonne connais-
Dans un CNA, les principales caractéristiques qu’il faut contrôler sance du marché et de son évolution permettra à l’utilisateur de
sont la linéarité, le spectre et le temps d’établissement. De même minimiser les risques consécutifs à son choix.
que pour un CAN, les tests dynamiques des CNA font le plus
Il existe, en gros, deux catégories de fabricants : d’une part, les
souvent appel à une ou deux sinusoïdes et on mesure aussi les
spécialistes de l’acquisition de données tels que Analog Devices,
réponses impulsionnelles.
qui est le leader incontesté ; d’autre part, les fabricants généralistes
Le test des CNA rapides et leurs paramètres dynamiques sont de circuits intégrés tels que STM, Texas Instruments, National
ceux qui posent le plus de difficultés de mesure, les paramètres Semiconducteur, etc.
continus (tension, courant) pouvant se mesurer facilement à l’aide
Une fois pris en compte le critère de la performance (réso-
de testeurs (voltmètres...).
lution × vitesse), de nombreux autres critères de choix sont à
■ Temps d’établissement considérer, tels que : consommation, mode veille, nombre de voies
(avec ou sans multiplexage), interface série ou parallèle, boîtier,
Le temps d’établissement d’un CAN est traditionnellement défini prix, possibilité d’évolutions, etc., et beaucoup de fabricants
comme étant l’écart temporel entre la transition de l’entrée numé- proposent ainsi, dans la gamme classique de produits
rique et l’instant où la sortie du convertisseur s’établit à l’intérieur résolution × vitesse, un choix de quelques dizaines à une centaine
d’une bande d’erreur usuellement de ± (1/2) LSB, centrée autour de de références, pour satisfaire au mieux tel ou tel type d’application.
sa valeur finale. Le temps d’établissement peut être observé sur la De plus, l’utilisateur peut s’imposer de ne choisir que des produits
figure 24. Mesurer le temps d’établissement d’un CNA n’est pas ayant plusieurs sources équivalentes sur le marché, cela afin de
facile. réduire les risques d’approvisionnement.
Par exemple pour un CNA de performances très moyennes, 16 bits Chaque cas ayant ses particularités, l’ingénieur qui choisit un
3 MHz, il faut mesurer ± 15 mV sur 2 V pleine échelle, et une durée convertisseur doit peser les aspects techniques, industriels, éco-
de 333 ns. nomiques pour faire le meilleur compromis dans le cadre de son
La résolution classique pour un oscilloscope est de 8 bits à sa projet.
vitesse maximale et 12 bits par traitement pour les vitesses plus On peut noter qu’il existe sur le site Internet de tous ces grands
lentes. A fortiori, pour les convertisseurs NA les plus rapides, fabricants des guides de choix multicritères et des tableaux des
de 300 MHz à 1 GHz, les oscilloscopes ne sont pas assez rapides en caractéristiques principales par résolution, vitesse, boîtier, par type
instantané et il faut répéter le signal pour atteindre la résolution d’application, etc., qui aident à faire rapidement le meilleur choix.

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