Vous êtes sur la page 1sur 24

Filière Génie Civil

GC2 2019-2020

Mécanique des sols

Chapitre 5:
Le postulat de Terzaghi et la distribution des
contraintes initiales dans le sol

Khamlichi Abdellatif

1
Plan
• Introduction
• Contraintes initiales dans un sol
• Contraintes dans un sol saturé sans écoulement
• Effet de l’infiltration sur la contrainte effective
• Interprétation de l’effet de l’écoulement
• Contraintes effectives dans un sol non saturé

2
1 Introduction

 La conception des fondations des structures de génie civil exige l’analyse des
contraintes et déformations générées par la descente des charges.

 Contrairement aux structures qui demeurent habituellement élastiques avec des


déformations réversibles, les sols ont un comportement nonlinéaire irréversible et
les tassements se produisent de manière permanente (comportement plastique).

 Pour être en mesure d’évaluer l’importance des tassements, il faut commencer par
décrire la distribution des contraintes qui se transmettent au sol.

 Etant donné la nature poreuse du sol, la notion de contrainte effective sera


introduite pour décrire la part des contraintes s’appliquant au squelette qui est le
seul constituant du sol capable de reprendre le cisaillement.

3
2 Contraintes initiales dans un sol

 Lorsque le sol est au repos, avant imposition d’une surcharge, ses caractéristiques
physiques tels que l’indice des vides et la masse volumique, de même que ses
propriétés mécaniques comme la résistance au cisaillement dépendent entre autres de
la force résultant de son poids propre, laquelle tend à rapprocher les grains solides
entre eux et à réduire les vides.

 Le poids de sol augmente avec la profondeur. Réparti sur une unité de surface à une
profondeur donnée, il correspond à la pression ou contrainte initiale dans le sol.

 En mécanique des sols, les contraintes de compression sont positives par


convention, et donc les tractions sont négatives. Cette convention est le contraire de
celle qui est utilisée en MSD (ou MMC).

4
2 Contraintes initiales dans un sol

 A une profondeur donnée, la contrainte initiale dans un sol varie dans le temps selon
l’histoire géologique: elle augmente lorsque se déposent de nouveaux sédiments en
surface et elle diminue quand il y a érosion.

 La contrainte initiale subit une réduction suite à une excavation. Cependant le dépôt
excavé, ayant déjà supporté un certain niveau de contrainte, pourra supporter de
nouveau sous la forme d’une charge une pression équivalente à celle de la réduction,
sans pour cela montrer de tassement important.

 Les contraintes initiales sont celles qui résultent donc du seul poids propre du sol.

 Lorsque le calcul de ces contraintes prend en considération le poids volumique total


du sol, y compris le poids de l’eau présente dans les vides, on parle de contrainte
totale.

5
2 Contraintes initiales dans un sol

A une profondeur z, la contrainte verticale totale σV équivaut au poids du sol au-dessus


du niveau z réparti sur la surface de l’élément unitaire. D’où

σV = γ z

z
σv

σh

6
2 Contraintes initiales dans un sol

Pour connaître la contrainte verticale totale en un point, lorsque les couches de sol ne
sont pas de même nature ou présentant des taux d’humidité différents, on utilise la
formule suivante:

n
σ V = ∑ γ i zi
i =1

z1
z2

zi
zn
σv

7
2 Contraintes initiales dans un sol

En prenant une facette verticale, elle subit une contrainte (normale) horizontale. En
supposant le sol confiné dans son milieu, la déformation horizontale est négligeable
et la contrainte horizontale est directement proportionnelle à la contrainte verticale:

σ H = KσV

K: coefficient des pressions des terres.

Le coefficient K n’est pas constant car il varie avec les fluctuations du niveau de
la nappe phréatique par exemple.

Ordre de grandeur (élasticité):


ν
K=  0.5
1− ν
8
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

La figure suivante montre une colonne de sol saturé, ne subissant aucun écoulement.
La contrainte totale agissant sur une facette horizontale centrée sur A peut être
obtenue à partir du poids de la colonne de sol située au-dessus d’une aire de surface
unitaire sous la forme:

σ = Hγ w + ( H A − H ) γ sat (1)

Pore

Particule
a solide
A
a'

Aire de la section
9
transversale: A
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

a
 a'
F1   
F2 F3 F4
Aire de la section
transversale: A

L’analyse de la contrainte donnée par (1) montre qu’elle se divise en deux parties:
-une partie qui est supportée par l’eau remplissant la phase continue des vides,
cette partie agit de manière isotrope dans toutes les directions;
-le reste est supporté par les grains solides à travers les points de contact inter-
granulaires.
La somme des composantes verticales de toutes les forces inter-granulaires agissant
à travers la coupure (aa') produit la contrainte effective définie par:

F1v + F2v + F3v + ... + Fnv


σ′ =
A
10
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

Désignons par as l’aire de la section transversale qui est occupée par les seuls
contacts de type solide-solide. Alors:
a S = a1 + a 2 + a 3 + ... + a n

L’aire de la section transversale occupée par l’eau est donc donnée par:

A − aS
La contrainte totale s'écrit:

σ′A + u ( A − a s ) (2)
σ= = σ′ + u (1 − a 's )
A

as
a ′s =
A

u: pression interstitielle, notation qui sera retenue dans toute la suite du cours.

u = HA γ w (en posant Patm=0) 11


3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

La valeur de a’s est extrêmement petite dans la pratique et peut être négligée.
On obtient alors:

σ = σ′ + u (3)

où u apparaît comme une contrainte neutre.


En substituant (3) dans (1), il vient:

σ′ = σ − u = Hγ w + ( H A − H ) γ sat − H A γ w

soit
σ′ = ( H A − H ) ( γ sat − γ w ) (4)

Ce qui correspond au poids déjaugé de la colonne ne prenant en compte que


les grains solides de la colonne (en retirant l’eau).
12
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

L’équation (4) montre que la contrainte effective est indépendante de la hauteur


d’eau au-dessus su sol submergé (du moment bien sûr que le sol est entièrement
saturé).

L’équation (4) se réécrit sous la forme:

σ′ = ( H A − H ) γ sat − ( H A − H ) γ w
     
Sol Poussée d 'Archimède

La contrainte effective s’interprète aussi comme étant la contrainte totale diminuée


de la poussée d’Archimède.

13
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

 Le « principe » des contraintes effectives, équation (2), a été développé par


Terzaghi (1925,1936). Skempton (1960) a étendu le travail de Terzaghi et a
proposé la relation entre contrainte effective et contrainte totale sous la forme
de l’équation (2).

 De manière approchée, la contrainte effective représente la force par unité


de surface qui est reprise par le squelette solide.

 Le tenseur des contraintes effectives dans un sol conditionne ses variations de


volume et aussi sa résistance au cisaillement.

 Augmenter la contrainte effective a comme conséquence d’entrainer une


densification du sol.

14
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

 Le concept des contraintes effectives est sans doute la notion la plus importante en
mécanique des sols et géotechnique. La compressibilité et la résistance au
cisaillement d’un sol dépendent dans une large mesure des contraintes effectives.

 La définition de la contrainte effective en tant que la somme des composantes


verticales des forces de contact inter-granulaires agissant sur une section droite n’est
valable que pour les sols grenus. Pour les sols fins, le contact inter-granulaire peut ne
pas se produire physiquement, du fait que les particules d’argile sont entourées d’un
fin film d’eau adsorbée. Pour être général l’équation (2) s’écrira sous la forme:

σ = σig + u (1 − a 's ) + A '− R '


 (5)
Forces électriques

A’: forces électriques attractives par unité de surface


R’: forces électriques répulsives par unité de surface

15
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

 Pour les silts et les argiles peu plastiques, les forces d’origine électriques peuvent
être oubliées et on retrouve l’équation (2):

σ′ = σig

 Par contre, pour les argiles très plastiques les forces électriques sont grandes et

σ′ ≠ σig

 Mais même dans ce cas le postulat de Terzaghi reste une très bonne hypothèse
pour résoudre les problèmes de géotechnique en écrivant l’équation (5) sous la
forme:
σ= σ' + u

σig + A '− R '

16
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement
Exemple de calcul
On considère un sol dont une coupe est montrée sur la figure ci-dessous. On
demande de calculer la contrainte verticale totale, la pression interstitielle et la
contrainte verticale effective.

3
Sable sec γ d = 16.5kN / m

Niveau de la nappe

Sable saturé
γ sat = 19.25kN / m3

Argile saturée

17
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

 Puisqu’on définit la contrainte effective comme étant celle s’exerçant effectivement


entre les grains de sol, il sera plus pratique d’y avoir recours pour exprimer la fraction
de la contrainte verticale traduite en contrainte horizontale:

σ′h = K 0σ 'v

 Dans ce cas, on introduit le facteur K0 ou coefficient des terres au repos qui est
indépendant de la pression interstitielle.

 Toutefois, ce coefficient dépend de l’histoire géologique de sol. Selon Hunt, dans


les dépôts de sable ou de gravier ainsi que dans les dépôts d’argile n’ayant jamais
été surchargées, la valeur de K0 est de l’ordre 0.4 à 0.5.

18
3 Contraintes dans un sol saturé sans écoulement

 On peut augmenter artificiellement la valeur de K0 jusqu’à 1 ou 1.5 par compactage


mécanique.

 Dans le cas des dépôts d’argile ayant connu de fortes pressions dans le passé, la
valeur de K0 peut varier de 0.5 à 3 et peut même être amenée à 6 par compactage
mécanique.

 La conversion d’une contrainte verticale en pression horizontale s’applique à l’étude


de la stabilité des pentes, au calcul des forces de poussée latérale agissant contre
les ouvrages de soutènement et au calcul de la friction latérale des pieux.

19
4 Effet de l’infiltration sur la contrainte effective

Débit de sortie
h
i=
H2

Etat critique de boulance:


γ′ = γ sat − γ w = ic γ w
γ'
ic = ∈ [ 0.9,1.1]
Valve ouverte γw

Débit d’entrée σ u σ′

O
Ecoulement
ascendant
u
hC = − z − H1
γw
h
= z
H2 z 20
4 Effet de l’infiltration sur la contrainte effective
Débit d’entrée

Dans cette configuration, il n’y a pas de risque


de boulance car le sol est consolidé.

Valve ouverte
σ u σ′
Débit de sortie
O

Ecoulement
descendant
u
hC = − z − H1
γw
h
=− z z
H2 21
5 Interprétation de l’effet de l’écoulement

 L’écoulement a comme effet d’augmenter ou bien de diminuer la contrainte


effective en un point donné dans une couche de sol. Nous avons déjà exprimé
la force d’écoulement par unité de volume sous la forme:
 
j = γw i

 Tout se passe comme si au champ de pesanteur et à la poussée d’Archimède,


nous superposons le champ des forces volumiques d’écoulement:

ez
     
−γez + γ w ez → − γez + γ w ez + γ w i g

Effet de l’écoulement

22
6 Contraintes effectives dans un sol non saturé

Dans le cas d’un sol partiellement saturé, l’eau dans la phase des vides n’est
pas continue et le problème implique un système à trois phases.
La contrainte totale en un point donné est due au contact inter-granulaire, et aux
pressions d’air et de l’eau dans les pores.
En s’appuyant sur des essais de laboratoire, Bishop (1960) a proposé la relation
suivante pour la contrainte effective dans un sol partiellement saturé.

σ′ = σ − u a + χ ( u a − u w )

Air dans Grains


ua: pression d’air
les pores solides
uw: pression de l’eau

χ : fraction de la surface des vides


occupée par l’eau.

Eau dans
les pores
23
6 Contraintes effectives dans un sol non saturé
Relation entre la fraction de surface des vides occupée par l’eau et le degré
de saturation.

Théorie

Degré de saturation Sr (%)


24

Vous aimerez peut-être aussi