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... NOTICE HISTORIQUE .

XXVUJ

N ous avons vu Octave devenir Auguste; il devint die u. La reconnoissance et la flatterie


lui érigerent des statues, des temples, et des aute~, en Espagne. 11 est vrai que. tout 'y pros-
péra sous ses auspices; non seulement il étouffa le:S discordes qui troubloient la tranquillité
des provinces et des villes, mais il sut encore réprimer la cupidité des gouverneurs par
des lois sages qui les forcerent d' etre équitables.
La justice et la prévoyance de ce grand homme se démentirent ou se tromperent dans
le choix qu'il fit de son successeur. Le gouvernement de Tibere, d'abord favorable a l'Es-
pagne, la couvrit de deuil par la suite. Plongé dans 1'abyme de ses plaisirs, . troublé par
ses crimes et ses terreurs _. ce tyran ayoit-ºublié_pendant :Qlusieurs années d'envoyer des
gouverneurs dans cette province; il n'en fut averti que par le soulevement qu'y exciterent
les cruautés du proconsul Serenus et du préteur Pison, et les vexations des préfets. Les
opprimés obtirent du sénat 1'eiil du premier; le second, digne ami de 1'empereur, fut
absous.
En vain l'adulátion tachoit-elle de désarmer Tibere; les éloges luí répugnoient, il. ne
vouloit qu~ de l'or. To\lt délateur d'un homme riche obtenoit les récompenses et les dis-
tinctions qui jusqu'alors n'avoient été accordées qu'au mérite. Dans ces accusations odieuses
la calomnie témoignoit, et la mort servoit de preuves. Tacite 1 raconte celle de Sextus Marius,
le plus opulent des Espagnols, qui ayant voulu soustraire ses richesses ala rapacité de 1'em-
pereur, l'innocence et la beauté de sa filie a sa luxure, fut accusé d'inceste, et précipté de
la roche tarpéienne. Quoique par la condamnation de Marius ses biens appartinssent au
peuple, Tibere se les appropria.
Ce monstre fut étouffé. Caligula lui succéda : son avarice peu satisfaite des énormes
, exactions dont il accabloit l'Espagne, 1~ suggéra l'envie d'aller lui-meme la dévorer; et il
étoit en chemin quand il fut obligé de s'arre ter dans les Gaules.
On pourroit s'étonner que sous le regne du parricide Néron, fléau du genre humain,
l'Espagne ait été gouvernée avec une sévere équité : elle en fut redevable a Galba, et lui
témoigna sa reconnoissance en le proclamant empereur. Sa mort violente~ celle de ses deux
compétiteurs 2 , ayant ~pplani lechemin du tróne aVespasien, le sort des Espagnols s'améliora_;
ils jouirent dans les provinces des memes privileges que les peuples du Latium. Vespasien
fut assez ferme pour résister aux clameurs de cette populace militaire dont il falloit sans
cesse payer le silence o u les suftrages, qui se croyoit en droit d'óter la couronne parcequ'elle
avoit- usurpé celui de la donner. Loin de commettre des crimes pour enrichir. ses soldats,
il mit 1'ordre dans les finan ces, la discipline dans les camps. Les trésors qu'il laissa a son
fils Titus furent la source de la réputation de bonté et de générosité que ce prince acquit, et
qu'il auroit eu de la peine a soutenir. L'affre?-x Domitien corro~pit tout le bien qu'avoient
fait son pere et son frere. Il fut bientót puní de sa cruauté. N'ayant point laissé d'héritier,

( 1) Annal., lib. VI, cap. 19; Dion, lib. XLVIII; vie de Tibere. (2) Othon et Vitellius. Voy.Suétone, vie des Césars~ l. VII, c. 9·

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