Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Tangente Hors-série n° 30
EDITIONS.
POLE
Histoire des mathématiques
de l'Antiquité à l'an mil
Sommaire
Mathématiques : chronologie
de quatre siècles d 'aventures
Les divisions du savoir dans I'Antiquité
Dupliquer un carré chez Platon
De l'astrologie à la science
La naissance des mathématiques
En bref
Jeux et Problèmes
Solutions
mathématiques : chronologie
de quatre siècles d' auentures
Présentes dans tous les aspects de nos vies, les mathéma-
tiques sont ancrées dans le passé, le présent et l'avenir d e
tous les peuples. Brossons un panorama de leur histoire jus-
qu'à l'An Mil.
' histoire des mathématiques com- une période spécia lement féco nde de
Les précurseurs
les os. Les fi gures et les nombres n'ont
cessé depui s de hanter l'esprit humain . Vers 3500 avant J .-C. , les Babylo-
L' Antiquité jusque vers l' An Mil est nien étaient déjà ex perts : ex perts e n
numération , il s gravaient de tables de
multiplication sur leurs tablettes d 'ar-
gile ; experts en algèbre, ils ré o lvaient
des équations du second degré ; ex perts
en géométrie, ils savaient calculer des
aires pl anes et construire des tables de
Comment partager 6 pains entre 10 personnes? Pour triplets pyth agoric iens ; ex pe rts en
nous aujourd'hui, c'est simple : donner à chacun six as tronomie, il s étaient capables d 'éta-
dixièmes de pain, mais comment le compter? Couper blir des prév isions fi ables des positions
chaque pain en dix et ne prendre que six parts? Que de des planètes.
miettes l Pour les Egyptiens contemporains du scribe Vers 1700 avant notre ère, le scribe
Ahmès, le transcripteur du papyrus Rhind, en 1700 Ahmes rassemble dans le papyru Rhind
avant J.-C., le problème trouve une solution très élé- plus de quatre-v ingt problèmes avec
gante qui repose sur le mode de calcul en vigueur à leur solutions, touchant essentie lle-
l'époque : la dêcomposition de toute fraction en ment aux domaines de la vie quotidien-
somme de fractions de numérateur 1. Comme, pour ne.
1
notre problème, ...!...
10
=.!..
2
+ - - , il suffira, pour faire
10 Ve rs 800 ava nt J .-C., lo in de là, en
le partage, departager un seul pain en dix, les cinq Inde, le prêtre Baudhaya na, en ex pli -
autres en deux et... de donner à chacun la moitié d'un quant comme nt construire des aute ls,
pain et un dixième. Cela fait beaucoup moins de dévo ile dans ses sulbasutras des pro-
découpes, et tous ont des parts de même forme. priétés qui ressemblent fo rt au théorè-
me de Pythagore.
Les diuisions
du sauoir dans l'Hntiquité
Nous avons l'habitude de séparer les savoirs puis de faire
éclater ces grandes divisions en catégories. Les Anciens
procédaient-ils de la même façon que nous ?
un carré
un fait mathématique qu'il mentionne pourtant
en d'autres occasions comme un résultat
essentiel.
chez Platon
Le plus ancien texte grec à teneur mathé-
OBSCURE RlPllQUE
Dan le Ménon , on trouve au si ce pas age :
« Quand on demande [à un géomètre] 'il est
matique est un texte de Platon, le Ménon, possible d'inscrire en tant que triangle une
écrit probablement en -385. Comment le telle surface dans un cercle donné, [il
grand philosophe y parle-t-il des maths ?
répond] : (. ..) Si la surface en question est
telle qu'une fois appliquée sur sa ligne don-
née, elle lai se pour reste un espace semblable
UN PROBLlME DU MIIIOII à l 'espace qui a été appliqué, je pense qu 'il
s 'ensuit telle cho e, et à l 'inverse telle autre
Dans Je Ménon de Platon, Socrate s'emploie,
choses 'il est impossible que cette situation se
ou les yeux de Ménon à discuter avec un
produise. »
e clave ur le problème de la duplication d'un
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce
carré : un carré
pa age ne brille pa par sa clarté : on en
étant donné, com-
dénombre aujourd hui des dizaines d' interpré-
ment con truire un
tations géométriques différentes ! Il s' agit ici
carré d'aire
bien plu d'une réplique pédante que de la
double ?
mi e en valeur d' un ré ultat de géométrie.
Certains commentateurs soupçonnent
Fidèle à a pratique de la maïeutique, art d 'ac-
d' ailleurs Platon de 'être ain i un peu moqué
coucher l 'esprit, le philo ophe athénien tente
du monde ...
d'amener l' e clave à la découverte de la bonne
répon e par le biais de ques-
Bien sûr, Platon tenait les mathématiques en
tions simples, san donner lui-
haute estime(« que nul n'entre ici s'il n'est
même tout ou partie de la
géomètre», lisait-on à l'entrée de son
répon e (en principe).
Académie), et il en est question dans d'autres
dialogues (en particulier le Théétète, cf article
LES MATHS AU SERVICE page 86).
DE lA PHILOSOPHIE
Référence
Dan le Ménon, Platon envisage le problème
Platon, Ménon, Garnier-Flammarion, 1993
de la duplication du carré avant tout comme
(traduit et commenté par Monique Canto-
un exemple pour illustrer des propo plus
perber)
généraux de philo ophie. Dè qu'il e time on
D.H. Fowler, The mathematics of Plato s
but atteint (l ' esclave a accouché d'un savoir),
Academv . ' Oxford Univer ity Pre , 1987 .
il cesse de s'intéres er au problème. En parti-
De l'astrologie
à la science
L'astrologie, née du besoin, chez l'homme antique, de prévoir
son avenir, est la mère de la numérologie. Cette dernière, s i
elle n 'est assurément pas une science sérieuse, influença et
motiva sans doute l'étude de l'arithmétique.
C
omprendre le monde dans lequel avo ir un di e u tuté lai re qui les meut,
il vit a toujours été pour comme Ne ptune le dieu de la mer,
l' homme le moteur de la Éo le, celui du ve nt ou, e n Égypte, le
connaissance. Pour ex pliquer une nature dieu du Nil qui règle es crues ...
complexe, il a recherché de causes L' homme cherche sa pl ace dans la na-
Illu s tration d ' un simples et effectué des assoc iations ture. D 'où vient-i l, que doit-il fa ire
ou v rag e pour
d ' idées lui permettant de cla ser les phé- pour év iter d 'être le jouet des forces na-
C h a rl es Quint
(n f s i è cle ) . nomènes. Le but ultime est de pouvoir turelles qui peuvent se révéler catastro-
anticiper, prévoir ce qu ' il va se passe r, phiques ? Les cos mo log ies ont pour
avoir un moyen d ' action sur le futur. but d 'ex pliquer la naissance du monde
et de l' homme, d ' imposer des conduites
faire des hypothèses à sui vre pour ass urer la pérennité de la
c ivi li sation . Pour cela , dans toutes les
Une des premières catégorisations cultures, il faut des sacrifices, mais
(et qui perdure largement aujour- auss i une étude attenti ve des divers
d ' hui , malgré le flou de certaines phénomènes pour trouver des règles qui
fronti è res) a pe ut-être été la dif- permettent d 'antic iper le urs venues. Et
férence entre animé ou vivant et ce fut le début de la science.
inanimé ou inerte. L'animé a
une âme et c'est a in si que l'on l'astrologie
rencontre les esprits des forêts ou
des plantes, les contes où les ani - L' observation du ciel étoi lé fai t appa-
maux ont un rôle quas i-humain , etc. raître sept astres dont la rég ul arité du
L' inerte ne pe ut se mou vo ir que s' il mouvement ne saute pas aux ye ux . Ce
est manipulé par un être vivant. Ainsi so nt le Soleil et la Lune a in si que les
la me r, le vent , les é toiles doive nt- il s c inq planètes (en utili sant le vocabul ai-
UNE RÉPUTATION
C"est l'astrologie des Grecs et des Arabes qui
D'ASTROLOGUE régnait sur le bassin méditerranéen autour de
l'an Mil et on a même pu par la suite attribuer au mathématicien Gerbert d'Auri llac (938-
1003 ). devenu par la suite pape sous le nom de Sylvestre Il . de s'être laissé tenter par
ses pratiques . Cette réputation qu'on lui a faite n'est pas étrangère au fait que c'est lui
qui a fait connaître l'astrolabe à l'Occident en le ramenant d'Espagne . Cet instrument.
qui permet de représenter le mouvement des étoiles sous la voûte céleste et dont l'utili-
sation était très répandue chez les astronomes arabes . est en fait davantage utilisé pour
l'astrologie que pour l'astronomie . Comme Gerbert d'Auri llac avait par ailleurs une répu-
tation de novateur et même un peu de prophète. de là à lu i attribuer la réputation su lfu-
reuse de pratiques astrologiques occultes . il n'y avait qu 'un pas '
la naissance des
mathématiques
La naissance des nombres remonte à la préhistoire. La
nouvelle qui suit en propose un scénario vraisemblable
sous forme de mythe. Elle débouche sur la naissance des
mathématiques.
L
a bergère descend de la colJjne ré unissez de ux tro upeaux , assemblez
en prenant de l' avance sur son leurs caillo ux et vous o btie ndrez un tas
troupe au . Elle court puis correspondant au troupeau total . En ver-
monte sur un rocher où e lle retrou ve les sion guerrière , une armée peut ai nsi faci-
ca illou x dé po és le m atin mê me. Son le me nt compte r e pertes . Avant de
chien fait défiler les moutons à ses pieds. partir en campagne, c haque ho mme
À chaque passage, la bergère enlève un dépose un cai llou dans un lieu consacré.
caillo u . Qua nd le de rnie r mo uto n est Au reto ur, c hacun e n reti re un. Le tas
passé, tro is reste nt sur le so l. E ll e restant re présente les pertes . To utes ces
regarde vers la colline . Pas trace de mou- o pérations sont simples à réali ser et ne
to ns . E lle crie aussitôt : devie nne nt fas tidieuses qu 'avec les
« Chien ! Il manque trois moutons! Va grands no mbres, que l'on re ncontre au
les chercher! » ni vea u de la gestio n d ' un état ou d' un
La issons la be rgère retrou ver ses mou- grand domaine.
De simples sou- to ns. So n évocation illustre la naissance Que lques millé na ires plus tard , un
des nombres , à l'aube de l' humanité. fi comptable croule sous les cailloux . Le
cis comptables s'agit d ' une sorte de pense-bête, ou plu- sol autour de lui e n est couvert. À sa
sont à l' origine tô t de pe nse-humain car si les chie ns droite, se tro uve le tas des mouto ns . À
de la naissance sont , comme nous, capables de distin- sa ga uche, celui des vaches, de rrière,
des nombres g ue r qu ' il manque un mouton parmi celui des chevaux. Le do mai ne do nt il
de ux, trois ou quatre, aucun n 'a jam ais s'occupe est immense, et il passe a vie
entiers naturels.
conçu l ' artifice de la bergère pour le à manipuler des ca illoux : en enlever en
détecter dans un plus grand no mbre. cas de mort ou de vente , en ajouter pour
Mê me nos cousins le c himpa nzés en les nais ances, etc. Pour fac iliter son tra-
sont incapables. La méthode pe rmet va il , devant chaque tas , il en regroupe
d 'ajo uter o u de ou stra ire. Si vous que lques uns à part , e n petites pyra-
mides. Il a sa technique : un caillou par base 10) dans lequel dix petits cailloux
doigt. Autrefois, son père a imaginé cet sont remplacés par un gros , dix gros par
artifice pour gagner du temps. Ainsi , il un très gros, et ainsi de suite.
est entouré de trois gros tas, chacun pré- Si on adopte la base 10 , rien ne sépare
cédé d'un bon nombre de pyramides. Une la notation « cailloux », des chiffres
main , à pei ne, sépare les moutons des romains. Il s uffit de noter un petit
vaches ou des chevaux. Un jour, il le ca illou par un bâton (I) , un gros, par
sent , les tas se mé langeront. .. et les une croix (X) et un plus gros, par un
ennui s commenceront. Le maître ne C. On continue e ns uite avec un M.
plaisante pas avec les comptes! Ainsi, le nombre cent so ixante- sept
Comment faire ? Il regarde à l'extérieur. s'écrit : C XXXX:XX llIIIII , ce qui est
De ouvriers construi sent un mur, e n difficile à lire. Pourquoi ? Parce que le
manipulant de gros blocs. L' un d 'eux dé nombrement in stinctif est limité à
crie : qu atre. À partir de cinq, il nou s faut
« Mets des petits ici à la place d'un compter. Pour vo us e n convaincre ,
gros . .. » regarder les deux groupes : IIIII et Illl.
Cette réfle xion fait jaillir un éclair dans Normalement , vo us devez voir d ' un
l'e prit du comptable : comme les coup d ' œi l que le second est composé
maçons , remplacer un tas de petits de quatre bâton s . En revanc he , vo us
cailloux par un gros! Quelques généra- êtes obligé de sci nder le premier en
tions plus tard , l' un de ses successeurs a de ux pour réa li ser qu ' i I e n contient
l' idée de faire de pyramides de gros c inq. Pour cette raison, les Romains
cailloux et de le remplacer par d 'autre utili saient des chiffres intennédiaires :
encore plus gros. V pour IIIII , L pour XXXXX et D pour
CCCCC, ce qui correspond à l' usage
les premiers chiffres d ' une seul e main . Cent so ixante-sept
s' écrit alors : C LX VII , deux mille
Ces cai lloux sont les pre mie rs chiffres quatorze : MM X UII. Si cette façon
de l' histoire de l' humanité, c 'est-à-dire la d 'écrire les nombre est économique ,
première façon d 'écrire les nombres ; e lle n' amène aucun progrès dans les
avan t même l'invention de l'écriture , le calculs. Au contraire , pour ajouter
premier alphabet. Nos comptables ont C LX VII à MM X llII , on revient aux
ainsi inventé le système déc imal (ou à cailloux. On les di spose sur une table ,
la Grèce antique
et sa zone d'influence
« Arithmétique », « géométrie » , « logarithme » : le grec
ancien vit en nous par les mathématiques. Pourquoi cette
influence du monde mathématique grec ?
ous parlons tous grec en pro- Grecs, qui avaient des comptoi rs com-
Socrate
f'Al? -lae1 Aristote [-lC~ ; -2f;J
' ArcblϏdc
f-470 ;-399) ffü; -füj f-287 ; -2121
-6"0 -51)0
''
-4d0 -300
.. .
-:ioo '
....... . . '
'' '
'
......... !
''.'
.. ..' ..'
...., ' :
. 1...,-1
~
Alexandre le
Guer~s Guerres du Gra nd (-356 ;
m~dl,uea ~loponhe -323) :
Hlexandrie ••
sept cents ans d'histoire des mathématiques
Lorsque Alexandre le Grand fonda Alexandrie, il ne se doutait
pas que cette cité serait pendant près d'un millénaire l'un des
centres culturels les plus importants . Dotée de la plus grande
bibliothèque de l'époque, la ville héberge a Euclide,
Ératosthène et Ptolémée.
hilippe II , é lève d ' Aristote et roi conquêtes jusqu ' en Inde et revient vers
P
Les noms des mathémati-
ciens de l'époq ue hellénis-
tique sont souvent connus
de Macédoine, réussit en quelques l' ouest et meurt à Babylone en - 323; il
en France sous leur fom1e années à conquérir la Grèce. Alors n'avait que 32 ans.
latine . Dans cet anicle. nous
avons conservé les fom1es
qu ' il fêtait sa victoire, il fut assass iné en
grecques originelles. Ainsi 336 avant notre ère par l' un de ses offi- le mouseîon
nous parlons d'Apollon ios,
de Mene laos el de Pappos .
ciers, peut-être à l'instigation de Darius,
roi des Perse . Son fi ls Alexandre accède Ami d ' Alexandre , généra l à ses côtés ,
à 20 ans au pouvoir et ne rêve que de Ptolémée 1er Sôter assoit son pouvo ir en
conquérir l' Asie. Après avo ir é liminé, Égypte et se fa it proclamer roi en -305.
aidé de sa mère Ol ympi as, ses ri va ux 11 fo nde a insi la dynastie des Lagide, du
potentie ls, il consolide les conquêtes de nom de son père Lagos. Choi issant
son père sur le continent européen. Cela Alexandrie com me capitale, il rêve d'en
fa it , il se lance en - 334 à la conquête de fa ire la ville la plus brillante du monde,
l' empire perse. Son grand sens straté- de surpasser Athènes. Pto lémée Sôter
gique mais aussi la dé liquescence de cet construit en -297 sur l'île de Pharos un
empire lui permettent d'avancer très rapi- phare qui deviendra )' une des ept mer-
dement. Les victoires se succèdent , lui veilles du monde. Souhaitant développer
ouvrant les portes de l' Asie mineure et dans cette ville les arts , les lettres et les
de la Phé nicie ; il e ntre en Égypte en sc iences , il fonde en - 288 le Mouseîon ,
décembre -332. Il est acc ueilli e n libé- c'est-à-dire le palais des muses; ce com-
rateur; les Égyptiens vivent en effet mal plexe com pre nai t une uni vers ité, une
la domination des Perses. académie et une bibliothèque. Celle-ci s'en-
Alexandre le Grand descend jusqu'à richit au cours des années pour devenir,
Memphis se faire couronner Pharao n, pendant neuf siècles, la plus grande du
pui s rev ient sur la côte et décide de fon- monde. On y trouvait un fo nds des plus
der une ville en bord de mer à l' ouest du exceptionnels, obtenu oit par achat, oit
de lta du Nil : e ll e portera so n no m , par copie. De nombreux textes sont tra-
Alexandrie . Il re part a lors combattre duits en grec, langue de culture de l'époque.
Dariu s, qu 'i l bat à la bata ille de Gau- Cette atmosphè re favo rab le au déve-
gaméles en -33 1. Il le poursuivra jusqu 'à loppe me nt des cie nces et des lettres
sa mort en -3 30. Alexandre poursuit ses attira les plus grands savants et de nom-
Cepe nda nt , le ma thé m ati c ie n le plu s Vi va nt à la fin du ive s ièc le, Théo n
brill ant est a ns conteste Cl a ude Pto lé- d ' Alexandrie est astro no me e t mathé-
mée. Il vit à Alexandrie au W sièc le et matic ie n . Son œ uvre est avant tout de la
sa production c ientifique se s itue pro- compil a tion . Avec sa fill e H y pa tie, il
bable ment e ntre 140 et 160 . Il est à la commente les Éléments d ' Euclide . Hypa-
reche rc he d ' une compré he ns io n ration- ti e e t d 'a ill e urs la pre mi è re fe mme
ne lle du mo nde e t de l' uni vers par di f- mathématic ienne connue ; e lle enseig ne
fé re ntes approc hes . A ins i est-il à la fo is au Mo useîon e t domine les mathé ma-
as tro nome et géog raphe, ma is ) 'étude tiques de l'époque. Ce pe nda nt l'Égypte
de ces matiè re le po u se à di ve rs tra- a beaucoup évolué . La chri sti ani sation
vaux mathématiques e n géométrie et e n est déso rma is bie n a nc rée, e t e ll e ne
trigo no métrie, compléta nt ceux d ' Hip- pousse pas au développement des sciences.
parque. Il est le pre mie r à c he rc he r à En 391 , l'empere ur Théodose fait fermer
démontre r le c inqui è me postulat d 'Eu- le Mouseîon et Théon e n est do nc le der-
cl ide. So n o uvrage l 'A lmageste exer- nie r directe ur. Le patriarche C yrille est
cera un e profonde influe nce s ur ses très virule nt pour dé fe ndre la foi c hré-
successeurs et sa conception du mo nde tie nne e t combat les païe ns comme les
fera référe nce jusqu 'à Cope rnic, tre ize hé résies du c hristia ni sme; il s'oppose
siècles plus tard . e n ce la à Oreste, le préfet rom a in de
L' acti vité mathé matique s'est po ursui- l'Égy pte, pourta nt lui -mê me c hré tie n .
vie à Alexandrie, ma is no us di sposons C yrille cons idé rait Hy patie comme un
de trop pe u de ré fé re nces à son suje t . da nge r pour la pe nsée c hré ti e nn e, e t
Zénodo re, qui trava ill a e n géomé trie, c'est semble-t- il sur son o rdre qu 'ell e
vivait au UC siècle. Est-il passé à Alexan- fut assass in ée de la m a ni è re la plu s
drie, nul ne le sa it , ma is il est c ité par ig no ble. Alexandrie se fe rme a lo rs aux
Pappos et Théon , ce qui pe ut le fa ire sciences et c'est dans l' indifférence géné-
supposer. ra le que brGl e la bibliothèque e n 642
Dio phante, quant à lui , est une é ni g me. lo rs de l' in vasion des Arabes. Co mbie n
On ne sa it pas mê me exacte me nt quand d 'o uvrages ont a lo rs di s pa ru à tout
il vivait ; l' inte rvalle d ' incertitude varie ja ma is !
e ntre 150 et 350 de no tre è re. De plu s, B.H.
son approche sur les équatio ns est nova-
trice. Son œ uvre a été longtemps mécon-
nue; Bac het de Méz iri ac l'a traduite
du grec vers le latin e t Pie rre de Fe r-
mat l'a véritable me nt sortie de l'ombre.
Pappos est le de rnie r g ra nd géomè tre
de I' Antiquité. Il e nseigne à Alexandrie
au dé but du IV 0 s ièc le . S o n o uv rage
Co llections ma th éma tiques re pre nd
to utes le conna issances e n géomé trie
de l'époque. Lis les complète et démontre Claude
de no uvea ux résulta t , e n pa rtic uli e r Ptolémée.
dans l'étude des sectio ns conique . Il
fa ud ra atte ndre après lui plus d ' un mil -
léna ire po ur voir de no uvea ux prog rès
e n géométrie !
aufrage
-
Deux ième gucm=
pun;que Construction de la machine
Archimède HJpparque
1
1
Ctésibios Posidonios !
Marcellus Pompée I
Cicéron
construction vers 180 à 200 avant notre o bservation s as tron o miques e t vo ulu
ère. La princ ipale source de renseigne- fa ire co ll e r plu s pré ci sé m e nt les R éférences:
me nts sur la machine n'est rien mo ins modè les aux observatio n ... • Jo Marchant.
que les nombreux textes mis à jour par Modé liser les c ieux avec des engrenages Decod ing the
les tomographies de 2005. Dans ce scé- est une tradition qu ' il fa ut voir en para l- Anti kythera. New
nario, la mac hine aura it été construite à lè le de celle qui consiste à construire des Scie11tisr , déce mbre
Syrac use puis emmenée à Rhodes pour y animaux, des jouets ... non pas avec des 2008.
être montrée, a mo ins que to ut simple- eng renages, ma is avec des systè mes à • Jo Marchant.
me nt son propriéta ire a it dé mé nagé et a ir chaud o u à vapeur. C e tte traditio n Decod ing the heav-
que, plus tard, les Romains l'aient rame- commença avec Ctésibios d ' Alexandrie ens: So lving the mys-
née. Le plus troublant , dans cette affaire, (ver -285 ; vers -222), le fo ndateur de tery of the world 's
est que Syracuse était justement la patrie l'école de mécanique d ' Alexandrie. Or, firs t computer.
d'Arc h imède (vers -287; -2 12). Les Archimède travailla avec lui lors de son Hei11ema1111, 336
desc riptio n de C icéron no us la issent séjour à Alexandrie. Les deux traditions pages, 2008 .
penser qu ' il aurai t pu être à l'ori gine de pourra ie nt avoir une source commune . . . • Tony Freeth.
ce type de machines . Hé ro n d 'A lexa ndri e (sa ns doute 1er Decod ing an Anc ient
s ièc le) res te le plu s co nnu d e ce tte Computer. Scienrijic
L'école de mécanique d'Alexandrie école. N 'a-t-il pas réa li sé la pre miè re American, décembre
machine à vapeur po ur infirmer la thèse 2009.
ous savons, d 'après d 'anc ie ns textes, d ' Ari stote, selon laque lle un corps ne • Tony Freeth.
q u 'A rc himè d e fut un pi o nni e r d a ns pouvai t se mettre en mo uve ment que si Alexander Jones.
l' utili sation d 'engrenages afin de lever o n le poussait ? Yi iblement , les Grecs John Steele et Yanis
des charges. D 'autre part , d 'aprè le e serva ie nt de le ur techno log ie po ur Bitsakis. Calendars
quelques détails biographiques qui nou comprendre et modé li er l' uni vers. On with Olympiad d is-
so nt parve nu s, no us savons qu e so n ne aurait rêver plu be lle utili atio n de play and ecl ipse pre-
père éta it astrono me. li serait logique de la tec hn o lo g ie. La m ac hin e diction on the
pe nse r qu ' il a ura it pu mo dé li se r les d ' A nticythère n'a pas encore Ii vré tous Antikythera
déplace ments des a tres avec des e ngre- ses ecrets ! L'équipe pluridi sciplinaire Mechan ism. Nature
nages. Surto u t qu ' un d e es li v res, pour uit on travail. Le décryptage des (454),j uillet 2008.
a ujo urd ' hui pe rdu , s'a ppe ll e S ur la textes révélés par le to mographie de • Phili p Ball. Complex
construction de la sphère. 2005 continue et nous permet d ' aller de clock combines calen-
La théorie de épicycles éta it en germe surprise en surpri se . Après de nouvelles dars, Nature (454),
à l'époque d 'Archimède, pe ut-être ini- plo ngées sur le site, une autre épave a j uillet 2008 .
tiée par Apo llonios de Perge (mort vers été local isée, proche de l'anc ienne . Qui Le site officiel de la
- 190) e t re pri se p a r Hipp a rqu e. sait quelles merveilles attendent encore machine:
H ipparq ue no us es t j uste me nt connu d 'être mises à jour! www.antikylhera-
pour avo ir collecté de très nombreuses J.-J. D. mechan ism.gr.
Babyloniens ~
•
1ens
Les civilisations babyloniennes et égyptiennes, très avancées
dans bien des domaines (législation, administration, irri-
gation, service postal même ... ) l'étaient aussi dans le domaine
des mathématiques, allant bien au-delà de la science du calcul.
ur les bords de l'Euphrate, les Leur maîtrise du calcul réside dans
0; 30
sortes : on a retrou vé sur des
tablettes babyloniennes d'en-
en soixante minutes et les viron 2000 avant J .-C. des
minute en oixante se-
3 0 ; 20 tables de carrés, de cubes et
conde , comptaient en 4 0 ; 15 d' inverses (cf. encadré).
ba e oixante. Pour eux, 5 0 ; 12
5 ; 15 , 30 (comme on di- 6 0 ; 10
rait 5h 15mn 30 ), en 8 0 ; 7, 30 Table
choi is ant de faire figurer
un point-virgule en gui e
9
10
0 ; 6, 40
0 ;6
d'inverses
de virgule décimale pour
12 0 ;5 à Babvlone
plus de clarté dans
15 0 ;4
l'écriture, représentait Ici , par exemple,
5+ li+-2!L. 16 0 ; 3,45
8 a pour inverse
60 3600 18 0 ; 3,20
1 = 7 + 30
0 ;3 8 60 60 2
et pour les « tro us » dans
la table, on utili sait des va leurs appro-
chées ! Ces tables serva ient en particu-
lier à la résolution d 'équations du type
ax = b dont la so lution s'obtient en
multipli ant b par l' in verse de a.
LES CIVILISATIONS
Nou dirion aujourd ' hui que l'algorithme e générali e à tout nombre rationnel x et peut ' écrire,
en langage de programmation :
Tant que x ~ 0 , calculer : n, le plus petit entier> l
Recommencer en remplaçant x par x - l . x
n
38
LES CIVILISATIONS
La méthode
de Héron
Héron d'Alexandrie est connu pour ses travaux en hydrau-
lique, mais aussi pour une formule donnant l'aire d'un triangle
en fonction de la longueur de ses côtés ainsi que pour une mé-
thode de calcul des racines carrées. C'est à cette méthode que
s'intéresse cet article.
H à. . . Alexandrie, au premier
sièc le après Jésus-Chri st,
donc en Égypte sous domination ro-
maine du point de vue administratif,
mais grecque au niveau culturel. Il
était connu comme ingénieur, pour sa
conception d ' automates mus par l' eau.
Il a décrit en particulier un mécanisme
permettant d 'ouvrir les portes d ' un
temple automatique ment, ainsi qu ' une
fontaine fonctionnant selon le principe
des vases communiquant.
Fontaine de Héron
(réplique moderne).
Si je t'oublie Babylone...
mathématiques en
Chine ancienne
Bien qu'une grande partie de la production mathématique
chinoise antique ait été perdue, nous pouvons nous faire une
idée de sa profonde originalité dans l'histoire mathématique
mondiale. De récentes études mettent ainsi en évidence, der-
rière un pragmatisme très calculatoire, le fréquent recours à
des structures algorithmiques pour la résolution de pro-
blèmes.
Un boulier chinois.
l'aune de notre propre pen sée, que des la base 5. La numération déc imale nous
concepts abstraits plutôt qu'une philo- paraît maintenant si naturelle que nous
soph ie (modèle de pensée), une sagesse en oublions la profonde ur et l' impor-
(modèle de comportement). tance. Ce système utilise dix signes dif-
Confucius, ce roi sa ns co uronne , ne férents et e t positionne! : la pl ace du
put jamais ap pliquer ses idées. Ses signe détermine sa valeur. Les Chinois
« entretiens » sont une co mpil ation de développèrent un te l système , dont on
discussion avec ses di sc ipl es et on ne trouve les premjères traces dès la dynas-
dispose donc pas d ' un système de pen- ti e Shang ( 1 600 avant J .-C.) sur des
sées cohérent. li n' utili se pas les outils éca ill e de tortue portant des inscrip-
logico-déd uctifs de nos philosophes, tions divinatoires. Pui s, il y a e nviron
mais use de tautologies, et d'analogies. deux mille cinq cents ans, apparaît sur
Suit la période fertile des « Cent des bronzes un système de treize signes,
Éco les » où ses idées sont mi ses e n neuf pour les chiffres de I à 9 et quatre
systèmes et donne nt naissance à de pour 10 , 100 , 1000 et 10000. Pour
nombreux courants . L' étude de ses l'écriture du nombre 2000, par exemple,
textes a nourri le système éducati f chi- le sy mbole du chiffre deux est dess iné
nois et fournira le modè le politique de au-dessus de celui représentant 1000 . Le
la Chine pendant des siècles. passage à une notation positionnelle ne
demande alors qu 'à supprimer les parties
Système décimal inférieures. Chose faite avec l' apparition
des baguettes à calculer. Elles é taie nt
Les systèmes de numération furent fabriquées , le plus souvent, en bambous
variés sui vant les c ivili sation s : les et servirent comme instruments de cal-
Baby lonien utili aient la base 60, les cul au début de la dynastie des Han (200
Celtes et les Mayas la base 20 , d'autres avant J .-C.) . Pour lever les ambiguïtés ,
a
TT lb TT c ~TT ,
5 7
11111~ 50 X 30
5o x2 ~ I D
3 2
-- Il -- 11 ~ 1 =Il
d O TT e
TT f D
T ~5o x 32 -T - llr = 1111
7x30 ~Il 1 8 2 4
7x2 ~
1111
__. -= Il -- Il DO
Algorithme de multiplication.
+
important fut certainement Liu Hui (cf.
encadré p. 35). Il s'efforça de justifier les
procédures de résolution des problèmes
des Neuf Chapitres.ce qui peut être con i-
<7 . <>
Carré m agiqu e « Lo Shu ».
déré comme une tentative de démonstra-
tion. Il fa it référence à des figures, alors
que les Neuf Chapitres n'en contiennent
aucune, pour utiliser un mode fondamen-
tal de démonstration par coloriages des
pièces d 'un puzzle (figure ci-dessous) .
Plutôt qu'un inventaire des productions
Les Neuf Chapitres sur l'art mathéma- mathématiques , insistons sur la di ffé-
tiques, compilation de 246 problèmes rence conceptuelle des textes et démons-
entre - 1OO et + 1OO, commentés et déve- trations en s'appuyant sur le plus riche
loppés par Liu Hui vers 263 de notre ère.
Somme des connaissances mathématiques
jusqu 'au milieu du troisième siècle, ce
vademecum est composé de neuf chapitres
distincts, ensemble de problèmes unis par
une procédure commune de résolution.
Trois chapitres fournissent des formules
pour le cadastre et l' ingienierie, trois sont « Démonstr ation visuelle » du
dédiés aux problèmes de taxation et de théorème de Pythagore.
bureaucratie administrative, et les troi s
autres présentent des techniques de cal- ouvrage parmi les « classiques » et son
cul spécifiques. Une présentation du plus brillant commentateur. Il fa ut y
contenu des chapitres permet de cerner voir bien plus qu'une collection de pro-
blèmes pratiques pour fo nctionnaires
impériaux. Les explicati ons, les ajo uts
et critiques de Liu Hui nous montrent à
' Zu Chongzhi : astronom e, ingé- l'év idence qu'il considérait ces pro-
nieur, mathém aticien . Il t rouve blèmes des Neuf Chapitres comme des
3,1415926 < 1t < 3,1415927, paradigmes, volonté de généralisa-
' et :rc est quelquefoi s nommé
« nombre de Zu ».
Il établit avec son fil s le « principe
de Zu », correspondant au prin-
cipe de Cavalieri.
cuisson, fermentation, délayage. On y présente 8. Fangcheng : fang est lié à la notion de jux-
un algorithme fondamental, celui de la règle de taposition et cheng à celle de mesure. Fangcheng
trois (certainement d'origine indienne), sous le consiste donc à mettre côte à côte des relations
nom de procédure du « supposons ». quantitatives entre des éléments dont on cherche
3. Parts pondérés en fonction des à évaluer les valeurs, ce qui constitue un système
degrés : deux algorithmes sont présentés de d'équations linéaires. Nous donnons en encadré
façon abstraite indépendamment de tout pro- (page 40) un exemple référence tiré du premier
blème, la procédure des parts pondérées en problème de ce chapitre, appliqué à la produc-
fonction des degrés qui permet des partages tion de céréales. Naturellement, il peut arriver au
pondérés et la procédure de l'inversion des cours du processus d'élimination des inconnues
coefficients de la pondération qui explique un qu'apparaissent des nombres négatifs et une
partage en parts inversement proportionnelles règle abstraite, la procédure du positif et du
à des facteurs donnés, et qui se ramène à la pro- négatif, est introduite pour gérer les additions et
cédure précédente. Les outils utilisés sont les soustractions entre nombres positifs et négatifs.
progressions arithmétiques, géométriques, les Le haut degré de complexité de l'ensemble de ces
proportions et la règle de trois. techniques fait que la procédure Fangcheng est
4. Petite largeur : peut-être la partie la plus certainement, aux dires de Karine Chemla, la
abstraite des Neuf Chapitres. On y traite princi- plus élaborée des Neuf Chapitres.
palement de la division, cherchant à déterminer 9. Base et hauteur : ce dernier chapitre est
les côtés d'une figure dont on connait la surface, entièrement consacré au triangle rectangle. Le
ou volume, et une dimension caractéristique. théorème de Pythagore y est donné sous forme
On y établit l'agorithme d'extraction d'une d'algorithme. En notant a le plus petit côté (la
racine carrée et la mesure du volume de la base), b le plus grand (la hauteur) etc l'hypoté-
sphère, qui occuperait les 9/16 du cube qui lui nuse, les premiers problèmes consistent à
est circonscrit. déterminer les côtés d'un triangle dont on
5. Discuter des travaux : concerne le calcul de connait deux des neuf données qu'il est possible
vingt-et-un types de solides, initialement pour de former par addition ou soustraction à partir
régler des problèmes liés à des travaux de terras- de a, b, c, comme par exemple a et c - b, ou
sement. c + a etc + b. Un des problèmes (9.19) nécessite
de résoudre une équation quadratique !
Racine carrée
La procédure, semblable à celle de la divi-
sion, est illustrée sur la figure suivante pour
l'extraction de la racine carrée de 53 361.
Nous avons pris un carré exact pour la sim-
plicité de l'illustration, mais le calcul pour-
rait se continuer en donnant un nombre
décimal. Dans ce cas, un symbole représen-
tant l'unité de mesure se situe sous le chiffre
des unités, les chiffres situés à droite consti-
tuant la partie décimale. Pour extraire une
racine carrée (a), on découpe le nombre par
tranches de deux chiffres (b) et la racine (2)
du premier paquet (5). On se décale vers la
droite (c), on double notre résultat (4=2 x 2),
et on essaie 3, division de 13 par 4 (d). On
soustrait de notre paquet en cours (133) la
quantité 3 x 43 = 129, et on se décale (e) : il
nous reste 461, on double notre résultat :
46=2 x 23, on essaie 1 (f), et on trouve
231 (g) . Les moins jeunes d'entre nous se
souviendront peut-être avoir appris cette
méthode en primaire !
b V c
Il Il
Miroir des vers chinois
11111 = 111 .L 1 =Ill .L I
et japonais (1833 - 1834),
11111 -
Hokusai Katsushika. 14 4 4 4 -- 1
d
Il
V
!l Il - f Il =i 8JII - 1
Ill .L I 1111 .L I .L I 2 3 1
mathématiques indiennes :
les origines
Dès l'âge du bronze, certaines civilisations indiennes pra-
tiquaient les mathématiques indiennes. Tantôt liées à des
considérations commerciales, religieuses, astrono-
miques ou autres, les mathématiques indiennes ont une
histoire très riche qui nous a légué le zéro et les chiffres
« arabes ».
' hi sto ire des mathéma- va llée de l' Indu s ont un rapport lon-
Vers l'an 1900 avant notre ère, la le propo rtion s à re pecter pour les
rég ion connut un boul everseme nt aute ls re li g ieux . Un autre, le Vedanga
important : le fl e uve Saraswati , res- Jyotisha, daté de 1300 avant notre ère,
ponsable de la prospérité de cette civi- ex plique co mme nt sui vre les mo uve-
li sation, semble avoir lais é place à un me nts de la Lune et du So le il , et est
canal asséché (aujourd ' hui connu sous l' un des exemples les plu s anc ie ns
le nom de ri vière Ghaggar-Hakra). La d ' usage de la géométrie et de la tri go-
civi li sati on de la vallée de l' Indu s nométrie en astronomie .
décl ina donc très rapidement. Dans la chronologique védique, le Rig-
Verb. est sui vit par le Yajur- Verb. Dans
Les mathématiques uédiques ce texte co mposé e ntre 1200 et 900
avant notre ère, apparai ssent les pre-
La chute de la civi li sation de la vallée miers chi ffres indiens, mais sans utili-
de )' Indus semble avoir été sui vie, vers ser un système positionnel (c'est-à-dire
le xvi° siècle avant notre ère, par l' arri- où la pl ace des chi ffres e t importante).
vée progressive de tribus aryennes dans Le nombre « parardha» val ant mill e
la rég ion. Ces tribus se mé langère nt milli ards y est mentionné ainsi que le
avec la population loca le et s'établirent concept d ' infini (appelé« puma», plé-
princi palement dans la pl a ine du nitude). D'autres textes é laborés à la
Gange, formant la civilisation védique. même époque s'attaquent à la résolu-
La religion tient une pl ace très impor- tio n sommaire de certaines équations
tante da ns cette civili satio n et les pre- du econd degré.
mier textes sac rés hindo us sont Composé au IXe siècle avant notre ère,
élaboré à cette période. Certains de ces le Shatapatha Brahmana s' intéresse de
tex tes reli gieux contie nne nt des é lé- nouveau à la di sposition des autels reli-
ments mathé matiques. L' un d 'eux, le gieux avec une approximation de n cor-
R ig- Verb, datant de 1500 - 1200 avant recte deux chiffre après la virgul e. Ce
note ère, décrit en termes géométriques texte contient aussi des règles qui sem-
Chiffres utilisés
en Inde vers l'an blent indiquer que l'auteur connaissait ce diagonale à partir du centre ; construire
que nous appelons le théorème de un cercle à partir de cette ligne , I /3 de
100 de notre ère.
Pythagore . Reprenant de travaux anté- ce cercle se trouve en dehors du carré. »
rieurs, le Shatapatha Brahnuma donne Cette méthode donne effecti veme nt un
une estimation re lativement précise de cercle dont! 'aire est très proche de celle
la durée d ' une année tropique (année du carré initial. Les sout ras de
solaire) différant de eulement ix Baudhayana contiennent de nombre ux
minutes de la valeur admise aujourd ' hui . autres tra va ux mathé matiques de pre-
Peu de temps après, les Sulba Soutras, mie r plan pour l'époque, te l qu ' une
rédigés entre 800 et 500 avant notre ère, approximation (correcte c inq c hiffres
s' intéressent de nouveau à la construc- après la virgule) de la racine carré de 2
tion des autels religieux , avec cette fois- et la rec he rc he de solution pour un
ci une tentative de quadrature du cercle et polynôme de second degré.
!' usage de nombres irrationnel s. Les Les travaux de Baudhayana furent repris
Sulba Soutras contiennent de nombreux quelques décennies plus tard par Manava
soutras (textes relig ieux) provenant de (750- 690 avant notre ère). Manava les
différents auteurs et écrits à des dates dif- perfec tionna e t y ajo uta plusieurs
férentes. Ces soutras ont avant tout été approximations de la valeur de rt.
rédigés par des prêtres dans le but de Vers l' an 600 ava nt J.-C., Apastamba
résoudre des problèmes liturgiques, les re prit le travaux de ses prédécesseurs
mathé matiques étant ici un outil permet- et y ajouta, entre autre, une dé monstra-
tant de résoudre ces problè mes et non tion numé rique du théorè me de
une finalité. Pythagore ai nsi que des équation dio-
Le prêtre et mathé maticien Baudhayana phantie nnes contenant cinq variables.
est l'auteur de certains des plus anciens Ve rs 500 a ns ava nt notre è re , le lin-
soutras de ce recueil. L' un des passages gui ste Pa nini ( - 520 , - 460, approxi-
de ces soutras indique (au suje t d ' un mativement) décida de recenser le règles
rectangle) qu ' « une corde tendue le long grammatica les du sanscrit (parlé à cette
de la diagonale détermine une aire que époque en Inde). n proposa 3 959 règles ,
les cotés vertical et horizantal forment qui utili sent une log ique très ava ncée
ensemble » , ex prima nt ainsi le théo- avec, par exemple la notion d 'opérateur
rè me de Pythagore environs troi s cent booléens (ET / OU / NON). Certa ines
an avant Pythagore . Baudhayan a s' in- règles utilisent aussi des récurrences ou
té re sa aussi à la quadrature du cercle. des transformation avancées donnant à
Dans l' un de ses soutras, il cherche à son systè me grammatical une capaci té
construire un cercle ayant la mê me a ire de résolution log ique comparable à celle
qu ' un carré et il propose la construc- de la machine de Turing (le système
tion suivante : « Tracer la moitié de sa log ique utilisé pour décrire les ordina-
te urs moderne ). La notation utili sée
pour décrire les règ les syntaxiq ues des
L? étude des mathématiques permet-elle
langages formels (comme par exemple
une meilleure réincarnation ? les langages de programmation informa-
tique) repose sur le système é laboré par mathé mati c ien s j aïn s identifi e nt plu -
Panini . sie urs types d ' inifini s : l' infini dan s
Avec les travaux de Panini , la période une seul e direction , l' infini dans deux
du sanscrit véd ique s ' ac hève la issant directions , l' aire infinie, l' infini omni-
pl ace au sanscrit c lass ique dont la présent et l' infini éterne l (une te ll e
grammaire éta it « figée » par ces tra- compréhension de l' infini en Europe ne
vaux. On retiendra principalement de la sera pas atte inte ava nt le XIXe sièc le).
période védique que les travaux mathé- Dans ce contexte, les nombres pe uvent
matiques y éta ie nt do minés par des être di visés e n troi s catégories : les
nécess ités liturg iques , principa le ment nombre énumérables , les nombres non-
la détermination de règles géométriques énumérables (trop grands pour être énu-
de construction des aute ls et bûchers. mérabl es) et les nombres infini s. Dès
Les progrès mathé matiques réa li sés à 400 avant notre è re, des constructions
cette é poque en Inde ava ient donc une ava ient été proposées pour des nombres
moti vatio n fortement re li g ie use et de chacune de ces familles.
furent souvent l'œuvre de prêtres . Plus tard , le mathé-
matic ie n et mu si-
les mathématiques jaïnes c ie n Pinga la fut
le premier à pro-
Les six siècles sui va nt apportè rent un poser un système
grand changement : les mathématiques bina ire et il l' uti-
quittèrent leur statut d ' « outils » re li - li sa pour former
gieux et furent enfin considé rées un code (comparable au
comme une di sc ipline abstraite méri- code morse). Pingala introdui -
tant une étude de ple in dro it. it auss i dans ses trava ux ce
Le Jaïnisme est à la fois une re li g ion que nous connai sons aujour-
et une philosophie. Il est proche du d ' hui sous le nom de triang le
bouddhisme et de l' hindoui sme. Selon de Pascal et de suite de
les croyances jaïnes, il est poss ible Fibonacci. Dans certains de
d ' obtenir une meille ure ré incarnation ces trava ux , il utili sa un
en menant une vie juste et acco mplie. point pour noter « zéro » .
La recherche de l' accompli ssement spi - À peu près à la même époque,
rituel encourage les tra va ux inte ll ec- un li vre intitul é Vaishali
tue ls et , pour les jaïns, réa li ser des Ganit di scute de l' utili sation
travaux mathématiques est donc une d ' un système déc imal, des frac-
source d ' accompli ssement spiritue l. tions, des carrés et des cubes , de
Le jaïnisme semble avoir pri s sa forme l' utilisation des mathématiques
actue ll e aux alentours du v ie siècle dans le commerce (de nombreux
ava nt notre ère. Po ur les j aïn s , jaïns sont des marchands) . Des
l' Uni vers a toujours été et ne di sparaî- tra va ux contemporains s' intéres-
tra jamais , cependant il suit des cycles sèrent à des équations quartiques Une sculpture
durant lesquels le bien et le mal domi- (d'ordre 4) et aux méthodes de multipli- d'Aryabhata.
nent tour à tour. Chaque cycle est censé cations et divi sions.
durer 2 588 ans . Cette ex istence sans Au début de notre ère, certains travaux
limite de l' Univers crée chez les jaïns s' intéressent aux combinaisons et permu-
une fascination pour l' infini , qui se tations (introduisant ce que nous connais-
retrou ve dans le urs trava ux . Ainsi, les sons sous le nom de formule du binôme
la science arabe
racontée par Shéhérazade
Imaginons un instant ce qu'une Shéhérazade particulière-
ment visionnaire aurait pu raconter au roi Shahriyar si elle
était née un siècle plus tard, c'est-à-dire au IXe siècle de notre
ère, sur les apports incommensurables de la science arabe.
// o
''
A mon roi, nous sommes
&ig~ad au of s~èc/e. Écoute-
mot, mats ne t endors pas!
à est à ses pieds. Dans la nouve lle
« Ma ison de la sagesse» qu ' il vient de
fa ire construire pour y fa ire travai ll er
Je vais te raconter la science arabe , ses ensemb le des savants de tout le monde
acteurs et son rayonnement. » méditerranéen, il re nd visite à son vizi r
et lui demande si son trava il ava nce.
Ala maison de la sagesse « Maître de to us les croyants. j'ai res-
pecté vos o rdres, les scribes sont à
Le ca life a l-M amun , successeur du l'œ uvre. Près de ce nt parmi les plus
ca life Haroun al-Rac hid , a e n ma in érudits tradui sent les livres des Grecs.
tous les pouvo irs et l'empire abbass ide Déjà le Li vre des Hypothèses œ
Pto lé mée, les Coniques d ' Apollonius ,
les Éléments d 'Euclide, les Sphères et
les Cylindres d ' Archimède se trou ve nt
dans notre bibliothèque à la di spos ition
de tes savants et de tes astronomes. Et
la li ste s'a llon ge de jour e n jour. Très
--<
bi e ntôt , l'A lmageste de Ptol émée sera
terminé.
- Pas ma l, mo n viz ir. Et po ur les
sciences?
- Les Miroirs de Dioc lès, les
Sphériques de Théodose, les Travaw: de
1
/ Mécanique de Pappu s, le Planisphère
1 , ,. '
de Ptolémée.»
Le souvera in semble sati sfa it , il se dit
que bien après sa mort , on continuera à de Ptolé mée et estimant avec précision
magnifier sa pui ssance et sa c la ir- la durée de l'année.
voya nce.
Et pui s l' hi sto ire avance e t le royaume fil-Khwarizmi, le magicien
poursuit sa c roissance. À cette époque, de l'algèbre
Thabit ibn Qurra e t Qu sta ibn Luq a
o nt e n c harge de l'astrono mi e. Ce Alors que le prince comme nce à s'as-
sont Sahl a l-Tabari et a l- Hajjaj be n soupir, Shéhérazade l'interpelle encore.
Yusuf les responsables des traductions : « Maintenant , je veux te parler de al-
le ca li fe a l- Mam un compte s ur e ux Kha warizmi . Originaire de Ki va, au
pour diriger ce ll e de l 'A lmag es te œ sud de la Mer d'Aral. où il est né en
Claude Pto lé mée. Les constructions de 780, l 'homme va voyager et aller jus-
deux no uvea ux ob e rvatoires, qu 'en Inde pour apprendre, voir et com-
Shammasiya à Bagdad e t Qas iyun à prendre. Il sait que seuls les contacts
Damas sont ac hevées : l'étude du c ie l entre les homm es des contrées loin-
sera entrepri se . L'astrono mi e est a lors taines enrichissent la science et la
la sc ie nce la plu s nob le, la plus ha ute mathématique. »
puisque c'est celle qui se rattache a ux Po urta nt e n Inde, on ne trou ve g uè re
exigences du culte. li s'agit de détermi- d 'écrits mais seulement une tradition
ner avec préc is ion le mo is de prière e t ora le . Al-Khwarizmi doit donc se rap-
de jeûne: le ramadan . pe ler de tout e t le transcrire. Il e n fera
On peut maintenant vérifier les chi ffres un tra ité où il ex posera la numération
de Pto lémée, et s'assure r de la position e t les frac tio ns sexagés im a les e t déc i-
des astres. De nou velles éphé mérides ma les. À la suite du ma thé mati c ie n
seront établies : les Ta bl es vérifi ées, indi e n Brahmag upta, le pre mie r à le
remettant en cause le modè le du sole il défi nir, il va introduire e t utili ser le
LES CIVILISATIONS
ceux de Dama et du Ca ire, que Thabit l' arithmétique, sur l'espace e t le te mps,
ibn Qurra passe to utes ses nuits a lors sur l'optique, sur la théorie des para l-
que ses jours sont consacrés à l'ense i- lè les (qui in spira éga le me nt d 'autres
g ne me nt e t à la corresponda nce . Il a savants arabes, voir l'e ncadré page 50),
bi e n ré fl échi : les affi rmation s de adoptant pour tou s ces s uje ts une
Claude Pto lé mée manque nt de consis- approc he résolument scie ntifique.
tance. C'est a in s i qu ' il re pre nd les
sché mas des mouve me nt des planètes « Sais-tu , mon. roi, que la science,
de faço n complète me nt géométrique et désormais écrite en langue arabe par des
aboutit à la pre mi è re ana lyse d ' un érudits de toutes origines, et touchant
mo uve ment accéléré. Encore mieux : à aux mathématiques, à la mécanique, à
ses moments perdu s, ce fou d 'astrono- l 'optique , à la médecine et à la philo-
mie étudie l'arithmé tique e t se pas- sophie, s 'étendra jusqu'en Europe ?
sionne pour les nombres «a imab les » , Sais-tu qu 'un. jour rou tes les œuvres
ces coupl es d 'entie rs dont la somme que les savants arabes ont traduites du
des di viseurs propres de l'un est éga le à grec et qu 'ils ont enrichies de leurs
l'autre, co mme 220 e t 284. Il trouve connaissances, seront traduites en
mê me une formule pe rme tta nt d 'en latin ? »
obte nir de manière systé matique ! Ce ne
sont là que que lques exemples de la for- Avant d 'avoir fini sa de rniè re phrase ,
midable impul s ion donnée à l'activité tout é mue de cette ré uss ite,
sc ie ntifique sous l'ég ide des califes Shéhérazade voit le roi , e nfoui da ns les
abbassides à Bagdad . profond s couss in s rouges qui ga rni s-
sent l'estrade, s'endormir douce ment ,
Des sauants éclectiques be rcé pe ut-être lui auss i par le mê me
rêve. De main elle lui racontera l' hi s-
Mon roi, sais-tu que d 'autre gra nd s toire de ! 'eau qui actionne des e ngins.
savants o nt rayonné dans ! ' hi stoire
arabe? Al-Kindi, pa r exempl e, dont c.z.
tout é rudit doit reconnaître ce qu ' il lui
do it. Encouragé par a l-M a mun , a l-
Kindi connaît tout sur tout : la classi-
fication d 'Aristote a pour lui fait long
feu et il juge qu ' il est te mps de mettre
de l' ordre dans l'énumération des Bibliographie
branches du savo ir c ie ntifique. Il • Al-Hassan e t D .R . Hi Il , Sciences et Techniques en Islam
entreprend la rédaction de Ihsa al-Ulum, ( 1991 ), Pari s Unesco.
Énumération des Sciences, e t trouve • Benoît et F. Mi c heau, L 'intermédiaire arabe dans M. Serres
raisonnable de diviser la science en c inq (dir. ) . Éléments d'Histoire des Sciences, ( 1989), Pari s, Bordas.
branches : la ling ui stique e t la philolo- • Djebbar, Enseignement et recherche 111arhémariques dans le
gie, la log ique, le sc ie nces mathé ma- Maghreb des x11(-x 11r siècles. pub. de l'Université d'Orsay,
tiques (l'arithmé tique pure, la sc ie nce 11"8 1-82, s.d .
du calcul, la co mpta bilité, la géomé- • Rashed (dir.) Histoire de la Science Arabe, 1997 , 3t., Pa ri s,
trie), l'arpentage, les mé tie rs de mesure Seuil.
des dimensions. No n seule me nt philo- • Re né Du gas, Histoire de la mécanique chez Dunod (Éditions
o phe, ma is auss i m athé ma ti c ie n , al- du Griffon).
Kindi a la issé des écrits sur
Dans l'Hmérique
précolombienne
Isolées de l'Europe et de l'Asie, les civilisations d'Amérique
avaient, elles aussi, développé une culture scientifique. Bien
que peu de documents aient survécu à l'invasion espagnole, il
est néanmoins possible d'avoir un aperçu des connaissances
mathématiques de ces civilisations.
-----
des unités, donc le nombre 20 est formé
d' un point au-dessus d'un coquillage, 2 1.
est formé de de ux po ints l' un au dessus
• • •••••••• Les chilTrcs
Mayas de Où 19.
de l'autre. Une anomalie du ystè me est
-----
15 16 17 18 19
que la troisième position est utili sée
• • ••••••••
pour les multiples de 360 ( 18 x 20 au
lieu de 20 x 20 = 400). La quatriè me
-----
Hors-série n° 30. Histoire des mathématiques Tc:ingente
HISTOIRES Dans l'Amérique précolombienr,
« 8. 14.3. 1.12 » ce qui signifie que cet mayas n'ayant pas été détruit par les Ruines mayas.
éd ifice a été construit 1 253 912 jours Espagnols contient de très nombreuses
après la création (8 x 18 x 203 observations astronomiques et en parti -
+ (4 X (8 X 20 2 culiers de Vénus.
+3x 18x20+ 1 x20+ 12), ce qui Il s avaient aussi mesuré avec une très
correspond à l'an 320 de notre ère . grande précision la longueur d ' une
année solaire comme étant 365,242
L'astronomie maga jours (la valeur moderne est
365 ,242 198 jours) .
Les Mayas s' intéressaient beaucoup à
ce qui se passa it dans le cie l. Ils effec-
tuaient leurs observations grâce à deux
bâtons placés en forme de croi x pour
viser I astre céle te voulu. Bien que
n' ayant développé aucun instrument
avancé , ils avaient observé de nom-
breux phénomènes qui ne furent décou-
verts en Europe que grâce aux lunettes
astronomjques comme par exemple la
nébuleuse d ' Orion. Les Mayas atta-
chaient beaucoup d ' importance à
Vénus, encore plus qu ' au sole il. Le
codex de Dresde , l' un des rares textes
Les Incas
objets différents (par exemple le mations de nature autre que numé rique.
nombre de lamas dans une couleur et En outre, certaines légendes incas font
l' abondance d ' une récolte dans une ré fére nce à un systè me d 'écriture . Si te l
autre). Chaque ville avait un ou plu- est le cas, peut-être les quipus contien-
sieurs Quipucamayocs (noueur de qui- ne nt-il s auss i des textes.
pus) do nt le rô le é ta it de no ue r les
in formations importantes sur le qui - Lor de la conquête espagnole, les tra-
pus qui devaie nt e nsuite ê tre envoyés à ditions et écrits des civilisations de
Cuzco , la capita le de l'empire inca . l'Amérique précolombienne furent
Cuzco recevait donc régulièrement des jugés hé rétique e t dé truits.~
Si..-.-- - - - - . - . .
statistiques très déta illées sur l' état de
l'empire. Le traitement des ces infor- parvenues, de nombreu
mations aurait probable ment demandé tent donc à éclaircir.
l' utili sat io n de ca lcul s sta ti stiques
avancés (pour l' époque). Il n 'ex iste
malheureusement aucune relique docu-
mentant comment ces informatio ns
éta ient traitées .
De nombre ux mystères subsiste nt au
sujet des quipus et de l' e mpire inca. De
récents travaux semble nt indiquer que
les quipus conti enne nt aussi des infor-
le latin,
langue des mathématiques
Les Romains ne furent pas un peuple de mathématiciens.
Cependant, l'influence de leur langue dans cette discipline,
comme dans toutes les sciences, fut considérable. À défaut de
mathématiques latines, jetons un œil aux mathématiques en
langue latine.
Bo èc e e n se i-
g nant ,
manusc rit de la
Co nso lati o n de la
phil oso phi e, 138 5 .
Cependant , toute la tradition mathéma- Après Boèce, les mathé matiques som-
tique médiéva le n 'a tenu qu 'à un nole nt en Occ ide nt. Cependant,
homme, Anicius Boetiu s, connu sou s quelques intellectuels polyvalents ur-
son nom franci sé de Boèce (475 - 524) . nagent. Sans élaborer des mathé ma-
om mé con ut par le roi Theodoric en tiques nou ve lles, il s transmettent le
522 , il sembl e avo ir été un homme connaissances et permettront ('éclosion
d 'État intègre et compétent. Pour des des sciences dès le XIVe siècle .
raiso ns restées obscures , il tombe e n L'écrivain latin Cas iodore (480- 575)
disgrâce et se retrouve en pri on. C'est s' intéresse à la mu sique , di sci pline
là qu ' il écrit son ouvrage De consola- considérée à l' époque comme une
tione plilosophiae, alors qu ' il se doute branche des mathématiques. Il traite des
déjà de son exécution prochaine. Ce relations e ntre les nombres et de le ur
li vre tra ite de tous les domaines de la représentation géométrique .
pensée, on y trouve donc des mathéma- On peut auss i citer Bède le Vénérable
tiques. Boèce n'y traite rien d ' original (673 - 735) , un moine bénédictin
pui squ ' il reprend en arithmétique les anglais. On lui doit des ouvrages de
œuvres de Nicomaque ; il donne sans mathé matiques. Il s'est particulière-
démonstration une partie des Éléments ment pe nché sur le calendrier et sur le
d'Euclide et s' inspire del' Almageste œ phénomène des marées.
Ptolémée pour ce qui concerne l' a tro- Alcuin de York (735-804) est appe lé
nomie . L' importance de Boèce provient par Charlemagne pour impulser un
du fa it que on œuvre a servi de base à renou veau culturel dans on empire. Il
l'enseignement mathématique médiéval cherche à développer les sciences et les
et la date de a mort est souvent consi- lettres. Il propose des problè mes pour
dérée comme la charnière entre stimuler la réflexion des j eun es (vo ir
('Antiquité et le Moyen Âge . encadré). À cette époque, de nombreux
le pape mathématicien
Quelques problèmes
proposés par Alcuin Es prit in venti f e t c ulti vé, le mo ine
Gerbert d 'Aurillac (environ 945- 1003)
est vite re marqué pour ses aptitude
Soit un plateau qui pL•se :{o li\Tes ou 600 sous. Il est inte llectue lles exceptionne ll es. Il s ' in-
composé d"or, d'argent. de cui\Te et d 'étain. Il est té resse à tou le do m a ines de la
composé dl' trois fois plus d"argL' nt que d"or, trois conn a issance. Il étudie tro i an e n
fois plus de cui,Te que d 'a rgent. trois fois plus Espag ne e t se fa mili ari se avec les
d'étain que de cui\Te. Dise qui peut quel poids de chiffres arabes ma i ignore le zéro. On
chaque métal il contient. lui do it de ux tra ité d 'arithmétique ,
Un acheteur dit : « .Je \'eux acheter cent porcs pour l' un ur la di vi io n e t l ' autre s ur la
cent deniers, en payant 10 dL•niers pour un Yerrat, multiplication . Il che rche à perfectio n-
s deniers pour une truie et 1 denier pour deux por- ne r l'abaque et do nne des mé thodes
celets. » Dise qui sait raisonner combien de ,·e1Tats pour compte r avec les doi gts. En géo-
et de truies d'une part, combien de porcelets d'autre métrie, il développe des calculs d ' aires
part il doit acheter pour que les deux nombres tom- et de volumes. Il im ag ine et construit
bent juste. toutes sortes d 'obje ts à vocation cultu-
En mourant. un père de famille laissa en héritage ù re ll e comme un g lo be te rrestre, un
ses fils JO bouteilles de \"l'!Te . Dix d'entre elles org ue o u des ho rloges , et cec i avec tant
étaient pleines d'huile , dix autres ù moitié pleines, d ' habileté qu ' il est soupçonné d ' avo ir
les dix dnnit•res C:•taient vides. Partage qui peut vendu son âme au diable . Ceci ne l'e m-
J"huile et les bouteilles, de telle sorte que chacun des pêche pas de devenir pape de 999 à
trois fils obtienne la même quantile'.• d 'huile et de 1003 sous le no m de S y Ivestre Il .
boutcillL•s.
Un homme qui se dl'.•pla,ait sur unL' route ,·it ,·enir
, ·ers lui d 'autres homnws et leur dit : « .J'aurais aime'.·
que ,·ous soyez deux fois autant qm• Yous êtes. En
ajoutant ù ce nombre la moitil'.· de sa moitié et la
moitit'.> de ce dernier nombre , a\'L'C moi Yous auriez
été 100 » . Dise qui ,·eut combien d"hommes il a ren-
con très.
G) @©©
,J'ai une pi èce dt• tissu qui mesure 100 coudées de
long et 80 de large. ,Je Yeux en tirL' r des pièces telles Abaque de Gerbert d'Aurillac.
que chacune mestll"e s coudl'.•es de long et 4 de large.
Ditl's . je , ·mis prie, aprt•s rè tlexion, combien de Ge rbe rt n 'est pas un grand mathé mati -
pit•ces on peut obtenir. c ie n au sens actue l du terme ma is il est
un re la is e ntre la c ulture ara be et celle
de l'Occ ide nt. Ce fré missement cul tu-
tex tes mathé matiques sont retra nscrits re l mettra plu s de cent ans à se concré-
dans la nouve lle écriture caroline , plus ti ser avec les pre miè res uni ve rs ités du
fac ile à lire, ce qui a fav ori é le ur diffu- x1f siècle et les pré mices d ' une sc ience
s io n . mode rne surg iro nt que troi s ce nt s a ns
plus tard , avec Nicole Oresme ou Jean
Buridan .
B. H.
Thalès
et l'ombre de la pyramide
En mesurant une ombre, il est possible de calculer la
hauteur d'un bâtiment. D'après certains ouvrages, Thalès
de Milet fut le premier à utiliser ce principe sept siècles
avant Jésus-Christ, pour déterminer la hauteur de la
pyramide de Khéops. Légende ou réalité?
Rapport d'ombres
elon la légende , Thalès de Milet
Soleil
Malheureu ement , comme le centre de
la pyramide n'est pas access ible, il est
Le rapport de la pyramide impos ib le de mesurer directement la
à son ombre. longueur de son ombre . On peut cepen-
dant la ca lculer quand les rayon s sont
perpe ndicul aires à l' un des côtés . Les
pyra mides étant orientées ple in sud
po ur des ra i ons re li g ieuses, ce la est
pos ibl e tou s le jours à midi , he ure
sol aire du lieu.
Soleil
·-·---------··--···------·--:
L
L' ombre de la pyramide à midi
La pyramide de
avec l' équateur. No u savons qu 'e ll e
Khéops.
varie e ntre ::t 23 ,5 degrés du sol sti ce
d ' hi ver à celui d ' été . Ains i, la hauteur
du sole il à midi est de 36,5 degrés le
2 1 décembre . Bien sûr, la variation de
la déc lina ison n'est pas linéaire ma is,
en pre mière approximation , nous pou-
vo ns le suppose r. No us o bte no ns
a lors - 10 degrés (23 ,5 di v isé par 2
e nviron ) un mo is et de mi ava nt le so l-
sti ce. L'événement cherché se produit
a in s i pe nd a nt un pe u plu s de troi s
mo is a uto ur du 2 1 décembre.
L' utili sati on d ' une tabl e d 'éphé mé-
rides permet d 'a ffine r ce ca lcul : la
période favorable se situe entre les 2 1
octobre et 2 1 fév rier.
la mesure de Thalès
H.L.
les pythagoriciens ••
des maths ésotériques et secrètes
Étonnement ! Voilà que ces mathématiques, idéal du
savoir scientifique, de la raison, de la rigueur et de la
logique, si exemptes, a priori, de croyances et de foi,
auraient quelque chose à voir avec de la religion ! On
savait les origines communes, nobles, des mathéma-
tiques et de la philosophie, on en découvre d'autres plus
sulfureuses.
ait hi storique incontestable, leuer de rideau
F les mathématiques grecques,
canon universe l d ' un type
d ' intelligence du monde et de produc-
Studi euse me nt assis, il s écoute nt. La
voix c la ire et persuasive porte bie n.
tion de certitudes, ont nées et ont été « IL » parle . li s l'entendent mais ne le
crées au ein d ' une secte : les voient pas. Un rideau tendu les en
Pythagoricien . Scandale des Origines empêche. Pl acés à l'exté rie ur de l'es-
souvent pa é ou silence! pace privilégié, ce sont les exotériques .
Y a-t-i l une génétique des pratiques cercle extérieur des adeptes.
humaines, qui révèlerait ce qui , dan De l'a utre côté du rideau, le Maître.
les conditions de leur naissance , consti- D'autres adeptes l'entourent. Us entendent
tue leur essence? Le caractère « ésoté- Pythagore ET le voient. Ceux-là ont tra-
rique», tant dé noncé, des versé le rideau, ce sont les ésotériques,
mathématiques, y trouverait-il sa cercle rapproché du Maître.
ource? Ce qui préside à cette distinction , concréti-
En mathématique s, pourtant , on ne sée par le passage, effectif, du rideau ?
s'appuie que sur des vérités établies, Les premiers, purs auditeurs, les acousma-
tandi s que dan s le doma ine religieux , tiques, n'ont accès à la connaissance que
sur des vérités révélées. Qu 'y aurait-il par l'entremise des akousmaJa. Catalogue
de commun entre le caractère absolu de de doctrine auxquelles « on prête
ces deux types de certitudes? l' oreille » : elles ne sont transmises
qu' oralement. Ce ont des maximes débu-
tant par «C'est ainsi qu ' il faut faire ». i
explication , donc ni sens, ne les soutien-
Déjà les mathématiques sont réservées nent ; elle se présentent comme de pures
aux jeunes qui travaillent dur. recettes dépourvues de démonstrations et
Pythagore,
détail de l'École
d'Athènes de
Raffaello
Sanzio, 1509,
Stanza della
Segnatura,
Palazzi
Pontifici,
Vatican.
Selon certains historiens, Théano était la fille d'un .philosophe et médecin crétois nommé
Pythonax, admirateur de Pythagore. Disciple de l'école pythagoricienne, elle devint
l'épouse du maître dont elle prit la relève après sa mort, aidée de ses deux enfants. Selon
d'autres sources, Théano était en fait la fille de Pythagore et l'épouse de Brontin (c'est
ainsi que la présente Jamblique dans l'extrait qui précède), pythagoricien important ori-
ginaire de Métaponte.
Malgré la difficulté d'attribuer avec certitude les travaux issus de l'école à des personnes
particulières, Théano est l'auteur présumé d'écrits de mathématiques, de physique et de
médecine.
La tradition en fait aussi une féministe avant l'heure, plaidant la cause des femmes de
Crotone en demandant à Pythagore d'enseigner aux hommes « le respect dû à l'épouse ».
En effet, non seulement l'école pythagoricienne était mixte, fait remarquable en soi, mais
la fidélité et l'interdiction de battre sa femme figuraient parmi les règles de vie auxquels
étaient soumis les pythagoriciens !
G.O.
La maison de
Diogène par
John William
Waterhouse,
1882.
la légende , Hippase mourut peu après n'est pa le cas des autres sciences : la
dans un naufrage. physique , par exemple . La production de
vérités n'est animée que par la croyance
Des uérités inoxydables à la toute puissance de la démonstration .
Celle-ci se révélant capable de prouver
Les pythagori ciens ont dématérialisé jusqu 'à la non-ex istence d ' un nombre ,
l' arithmétique et la géométrie par une dont pourtant la mesure s'affiche sur
« vision » non empirique des êtres une fi gure.
mathématiques , conçus comme de pures Jamblique parle de « science de la vérité
idéalités . Les pythagoriciens ont créé un des êtres, de ce qui est dépourvu de
uni ver inéd it , les mathématiques , peu- matière et qui est éternel », c'est-à-dire
plé d' être idéaux , les idéalités , qu 'au- les incorporel s. C' e t )' honneur des
cune action concrète, matérie lle , ne mathématiques que de pouvoir démon-
pourra altérer, mettant en jeu des vérités trer une impossibilité.
pures , transcendantes au monde , des
vérités éternelles : ce qui a été démontré D.G.
ne pou rra jamais être infirmé. Ainsi en
va-t- il de toute allégation re ligieu e, le
temps ne fa it rien à l'affa ire. Ce qui
par plus grand et toujours constitue s' imposer. Le mathé maticien Jean-
une figure dont l'un des côtés est plus Pierre Kahane fut le premier à l'expri-
grand que l'autre, nous l 'avons repré- mer.
senté par la figu re du rectangle et En effet, comme nous l' apprend le pro-
l'avons appelé nombre rectangulaire. logue du dialogue éponyme de Platon ,
- Socrate: Excellent, mais ensuite? la mort de Théétète est conséquente aux
- Théétète : Toutes les lignes dont le blessures et à la maladie qu ' il
carré constitue un nombre plan équila- contracta lors d ' une des deux
téral , nous les avons définies lon- guerres de Corinthe. La pre-
gueurs. Toutes celles dont le carré mière guerre eut lieu e n 395
constitue un nombre dont les deux fac- avant J .-C . et la seconde en
teurs sont inégaux, nous les avons défi- 369 avant J .-C. Le hi sto-
nies puissances, parce que, non riens tranchèrent sans doute
commensurables aux premières si on en faveur de la seconde
les considère selon leur longueur, elles guerre à cause de la qualité
leur sont commensurables si l 'on du livre x des Éléments. Il
considère les surfaces qu 'elles ont puis- était invraisemblable que l'au-
sances pour former. Pour les solides , te ur d ' une œuvre si riche , s i
enfin, nous avons fait des distinctions profonde , fût mort à 20 ans !
analogues.» Pourtant , plu sieurs détail s
Théétète nomme ici puissances les donnent à penser que
racines carrées des « nombres dont les Théétète est bel et bien
deux facteurs sont inégaux», c'est-à- mort pendant la première guerre de Socrate
dire les racines d 'entiers non carrés, et
affi rme bien que ces racines sont
incommensurables aux longueurs (aux le lhrre • des l/émemsd'Eucllde
entier , donc) : autrement dit , elles
sont irrationnelles. La dernière phrase Le livre x des Éléments d'Euclide traite des
semble suggérer que Théétète a établi irrationnels. Il comprend cent-quinze propo-
la même dé monstration pour les sitions et constitue à lui seul le quart des Élé-
rac ines cubiques . Il s'ag it sans doute ments. Au fil des siècles, on a souvent déploré
d'une erreur de Platon car une telle sa difficulté, le qualifiant de « croix des
démon tration est imposs ible par mathématiciens», d'ouvrage à la lecture
anthyphérèse. pénible, voire même, comme le père
Dechalles au XVIIIe siècle, d' « inutile à p1·esque
La précocité de Théétète toutes les parties des mathématiques».
Même si d'autres mathématiciens, comme
On a longtemps pensé que Théétète Woepcke, au x1x•· siècle, y voient le « chef
était mort à 46 ans et quelques biogra- d'œuv,·e de la science grecque», il reste, de
phies le tipulent e ncore, mais, assez tous les Éléments, le livre le plus mystérieux
récemment , l'idée qu ' il fût décédé bien quant à sa motivation et son intérêt.
plus jeune , à 20 ans , a commencé à
Euclide
sés et pré entés avec la clarté qui caractérise cet
ouvrage remarquable.
Euclide fut aus i l'auteur d'ouvrages d 'optique
et de mu ique.
A
istote n 'est pas considéré
omme un mathématic ien ; il plus tard , entreprendra de ' intére er au
dmettait d 'ailleurs lui-même comment , ce que l' on considère aujour-
qu ' il n'était pas vrai ment doué pour d' hui comme la seule façon de se poser
cette di scipline. Pourtant , il reconnaît un problème cientifique (ce qui ne
aux mathématiques beaucoup de veut pas dire que la question du pour-
valeurs, et il s'est posé certaines ques- quoi soit dénuée de sens ou d' intérêt).
tions do nt les liens avec les mathéma-
tiques sont évidents : ainsi de la nature la logique
et de l'ex i tence de l' infini , du problè-
me de la continuité (du temp , de la Ari stote élabore la distinction entre
ligne droite) et de la logique. ax iomes, propo itions, définiti ons. Il
Lorsque Aristote parle de mathéma- explique la notion de syllogisme dans
tiques, il se réfere en fai t toujours à des les Premiers Analytiques . L'exemple le
résultats déjà très c lass iques pour plus connu de sy llogisme (qui n'est
l'époque. Il cite par exemple souvent le d'ailleurs pas d' Aristote) est le sui vant :
théorème selon lequel la somme des Tout homme est mortel
angles d' un triangle est égale à deux Socrate est un homme
droits, ou encore l' irrationalité de fi, Donc, Socrate est mortel.
démontrée par les pythagoric iens. Le syllogisme se compose de deux pré-
Aristote considère que la question pri- mi sses (une majeure , une mineure), et
mordi ale est celle du pourquoi des d ' une conclusion. Trois termes appa-
choses, ce en quoi il se range c laire- raissent : le grand , le moyen et le petit
ment du côté de la philosophie. C 'est là (ic i « morte l », « ho mme »,
« Socrate »). Pour établir la li ste de
Pour Aristote, la question primordiale est tous les sy llog ismes poss ibles , on
celle du pourquoi des choses. C'est là tient compte du mode :
• uni ver el affirmati f, comme « tout
une grande différence avec Galilée, qui, homme est morte l » ;
plus tard, s'intéressera au comment • uni versel négatif, comme «aucun che-
val n'est un ho mme » ;
Hrchimède,
le quadrateur
Archimède a développé, pour déterminer l'aire d'un segment
de parabole, une méthode proche du calcul infinitésimal et
pouvant évoquer l'idée d'infiniment petit.
C y l i n dr e ,
sphè re et cône.
li légende d'Archimède
Archimède est, avec Euclide s'il a existé, le plus grand mathématicien de l'Antiquité. Il
passe son enfance à Syracuse. n fait un séjour à Alexandrie où il rencontre Conon de
Samos et Eratosthène. Plus tard, il les tiendra au courant de ses découvertes. A Syracuse,
le gouvernement lui demande souvent conseil car son astuce à résoudre les problèmes
théoriques ou techniques est reconnue de tous. n meurt à Syracuse lors du siège de la ville
par le général romain Marcellus. Lors de l'attaque finale, Marcellus ordonne à ses soldats
de laisser la vie sauve à Archimède. L'un d'entre eux entre chez lui alors qu'il étudie une
figure géométrique dessinée sur le sable. Il demande au soldat de se tenir à l'écart pour ne
pas l'endommager. Se sentant
insulté, celui-ci le tue. Comment
savoir quelle est la part de la
légende dans cette belle histoire ?
4 :n; R 3
V= - -
3
H. L.
Hypatie
d'Hlexandrie
D'Hypatie, il ne reste plus guère que le nom d'un cratère
lunaire et un poème de Charles-Marie Leconte de Lisle. C'est
pourtant un personnage hors du commun, une des rares
mathématiciennes connues de l'Antiquité. Portrait d 'une
femme troublante, brillante et libre.
emme phil osophe, mathémati- coniques d ' Appoloniu , l 'A lmageste œ
Cyrène, cité par Éric Sartori dans son délicate dans une oc iété où l'empire
Histoire des f emmes scientifiques de cédait le pas devant le déve loppement
r
/'Antiquité au x siècle (Pion, 2006) : de l' ég li se chrétienne qu i soutenai t le
« Nous avons vu , nous avons entendu nati onali sme égyptie n contre les juifs
celle qui préside aux mystères sacrés de et les Grecs , mê mes si ce dernie rs
la philosophie. Elle est sainte et chère comptaient au si nombre de chréti ens
à la di vinité, ma bienfai trice, mon parmi eux.
maître, ma sœur, ma mère . » Célibataire, refu sant de prendre époux ,
Di sc iple de Pl aton, il est vraisemblable se mêlant sans gêne aux hommes et se
qu 'elle défendait les idées phil oso- comportant vis-à-vis des autorités avec
phiques de son maître : la recherche de ass ura nce (les mag istrats la consul -
la vérité derrière les apparences , taient souvent pour tra iter les affaires
apprend re à domine r les choses et à de la cité) , son attitude, fé mini te avant
penser librement. De même, elle défen- l' heure, devait apparaître comme une
dait ses idées politiques : chacun devait provocation.
avoir, da ns un État stricteme nt hiérar- E ll e mourut assass inée pendant le
chisé , une fo ncti on préc ise, cet État carême de mars 4 15 , au cours d ' un
ayant à sa tête un chef éc lairé par la attentat perpétré par un groupe de chré-
connaissance ph ilosophique et une tiens fa natiques, avec à sa tête , le lec-
armée chargée de contrôler le peuple . te ur Petru s . L' historie n chrétien du y e
sièc le Socrate Sco lasticus, cité dans
Libre et rebelle Hypatia d ' Arnulf Zitelman (Médium ,
2000), raconte ain si le me urtre :
Restée fidè le aux dieux anciens de la « Hypatia fur arrachée de son char et
Grèce, Hypatie était dans une situation traînée dans l'église de Césarion. On
lui arracha ses vêtements, puis les par ve nue . H y patie, qui ava it po urta nt
meurtriers la rasèrent et lui déchirèrent jo ué un rô le de pre mie r pla n dans le
la peau avec des coquillages aiguisés. do maine des sciences et des techniques,
Lorsque la vie quitta son corps pante- to mba lo ngte mps dans l'oubli ava nt
lant , ils le brisèrent en morceaux qui qu 'érudits et arti stes ne s'y intéressent
furent enterrés au lieu appelé Cinéron de no uveau à partir du siècle des
et le brûlèrent sur un bûcher.» Lumières. E lle est évoquée princ ipa le-
S ' il est impossible de prou ve r que m e nt pa r Gibbo n a u xv111• s ièc le. Un
l'évêque d ' Ale xandrie, C yrille, a parti - artic le de l' Encyclopédie de Diderot la
c ipé pe rsonne lle me nt à ce complot , il célè bre comme un précurseur du sièc le
est certa in qu ' il contribua large me nt à des Lumiè res. Sc hille r, e n A lle magne,
susciter le climat dan s leque l la conspi- projeta it d 'écrire un dra me ur les ci r-
ration se développa. Le préfet Oreste, consta nces de sa mo rt. E nfi n , e n
ami d ' Hypatie, dénonça le crime et ex i- Ang le te rre, un roman de C harles
gea une enquê te qui , faute de té moins, Kingsley, Hypatia, la fit connaître à un
n ' aboutit pas . Il dé mi ss ionna et quitta large public.
Alexandrie sur cet échec . Ces o urce sont c itée dans l'ouvrage
Ave c Hypatie, de rniè re hé ritiè re des Hypatia d ' Arnulf Zite lm an , une vie
Lumiè res d ' Ale xandrie, le savoir g rec romancée de celle qui , au moment de sa
di sparut de cette ville, qui éta it re tée mort , éta it le plus g rand mathé matic ie n
près de sept ce nts a ns la capita le de du monde gréco- roma in (voire du
l' intelli ge nce. mo nde e ntie r d 'après M . Deakin da ns
American Math ema tical Mon thly,
Ce qui nous reste d'Hypatie 1994). Il fa udra atte ndre Maria Agnes i
( 171 8 - 1799), phil osophe, mathé ma-
Se ules subsiste nt que lques lettres adres- ti c ie nne e t po lyg lotte é rudite, po ur
sées par Synés ius à Hypatie lui deman- retrouver une fe mme comparable.
dant con seil pour la constructi o n d ' un
astro labe. Auc une autre de ses publica- M . Z.
tion s ne nou s est m a lhe ure useme nt
Debout, dans ta pâleur, sous les sacrés portiques Comme un jeune lotos croissant sous l'œil des sages,
Que des peuples ingrats abandonnait l'essaim, .F1eur de leur éloquence et de leur équité,
Pythonisse enchaînée aux trépieds prophétiques, Tu faisais, sur la nuit moins sombre des vieux âges,
Les Immortels trahis palpitaient dans ton sein. Resplendir ton génie à travers ta beauté !
Tu les voyais passer dans la nue eriflammée ! Le grave enseignement des vertus éternelles
De science et d'amour ils t'abreuvaient encor; S'épanchait de ta lèvre au fond des cœurs charmés;
Et la terre écoutait, de ton rêve charmée, Et les Galiléens qui te rêvaient des ailes
Chanter l'abeille attique entre tes lèvres d'or. Oubliaient leur Dieu mort pour tes Dieux bien-aimés.
•
-
Al-Kindi, surnommé« le philosophe des Arabes», est un des
grands savants del'Antiquité. Voici un portrait de celui qui fut
aussi géomètre, arithméticien, physicien, logicien, médecin,
astronome et même musicien.
bû YoussoufYa ' qûb ibn lshâq
Un philosophe
et quelques califes
Kûfah était un des grands centres intel-
lectue ls et culturels arabes du 1x•
siècle. al-Kindi y a sans doute reçu une
éducation exemplaire, qu ' il alla com-
pléter par la suite à Bagdad. C'est là Maison de la ages e (Baït al-hikma),
qu ' il fut remarqué par le cali fe al- un lieu où les avants de différentes
Ma ' mun, qui avait fondé à Bagdad la disciplines pouvaient travailler, dispo-
sant notamment d'une bibliothèque
(cell e constituée par al-Ma'mun était la
Pour Cardan,Al-Kindi était l'un des plus importante bibliothèque antique
douze plus grands esprits de l'humanité. après celle d'Alexandrie) et d'observa-
toires.
Hl-Khwarizmi,
manre de l'algèbre
Al-Khwarizmi, qui faisait partie d'un groupe de savants qui ont
œuvré au sein de la Maison de la sagesse, peut être considéré
comme le père de l'algèbre.
D
e Muhammad ibn Mussa al- jabr » dés ig ne la tra nspos 1t1o n des
Khwari zmi (env. 780 -850 , pro- termes d ' un membre dans l'autre d ' une
bable me nt o rig ina ire du équation . De ce mot sera issue notre
Kh arez m , actue lle me nt en « algèbre » . « Al muqabala » est la
Ouzbéki stan), nou s savons pe u de réduction des termes semblables dans
choses avec certitude, sinon qu ' iI fit chaque membre et « al hatt » , la di vi-
partie du groupe de savants arabes tra- s io n chaque me mbre par un même
va ill ant à la M aison de la sagesse, fon - no mbre.
Dans les dée par le calife al-Ma mun . Il y fut En homme de sc ience souc ie ux de péda-
écrits d' al- notamment le collègue de fameux gogie, al-Khwarizmi a rédigé son trai -
frè res Banu Musa. De es o uvrages, té d 'arithmétique e n l'ouvrant essentiel-
Khwarizmi, c inq nous sont parvenus, qui traitent le me nt sur la pratique de la vie
pas de symbo- d ' arithmétique, d 'astrono mie, de géo- quotidienne: problè mes d ' héritage et de
lisme, pas de graphie, du calendrier et d ' algèbre, et partage , considératio ns commerciales ,
qui e ure nt une influence majeure sur le mesures de terrains et autres ...
lettres à la développe ment des mathématiques. To ut cela sonne aujourd ' hui curieuse-
place des ment à nos ore illes habituées à I' al-
inconnues, Leuer le uoile... gèbre abstraite.
seulement des Dans les écrits d 'al-Khwarizmi , pas de
nombres Kitab aljabr w'al muqabala, autre me nt symbolisme, pas de lettres à la place des
dit lever le voile sur la science de la inconnues, seul e me nt des no mbres
écrits en transposition et de la réduction , est écrits e n toutes lettres o u e n chi ffres
toutes lettres l'ouvrage le plus important et le plus romains, mais surto ut la description très
ou en chiffres célèbre d 'al-Kharizmi. Il est considéré précise d' une technique particulière.
romains. comme le premie r traité d 'algèbre pro- Sa théorie concerne des équations du pre-
pre me nt dit. Pour al-Khwari zmi , « al mier ou du second degré, à une incon-
LES PERSONNAGES
Thabit ibn
urra
Thabit ibn Qurra fait partie des grands mathématiciens
arabes qui œuvrèrent à Bagdad au IXe siècle. Il s'illustra dans
le domaine des nombres, en géométrie et en astronomie.
Polyglotte, il contribua à traduire les grandes œuvres
scientifiques grecques.
habit ibn Qurra ibn Marwan al- Entre Harran et Bagdad
Le pape
qui aimait
les chiffres
Les chiffres arabes sont un peu
auvergnats ! Galéjade? Pas tant
que cela puisque leur introduction
en Europe est due à un jeune
Auvergnat: Gerbert d'Aurillac,
alias Sylvestre II, premier pape
français.
HISTOIRES par Élisabeth Busser
.,
Ecrire les
mathématiques
Les mathématiques d'aujourd'hui ne sont souvent lisibles que
par les seuls initiés : signes et symboles se succèdent et rares
sont les non-mathématiciens qui les comprennent sponta-
nément. Il n 'en a pas toujours été de même : avant l'an mil, les
mathématiques s'écrivaient comme elle se parlaient.
'
/
: r•
/
f
,t
I -
.,\.
!
l
!,''r~
'1
~
, .-
I
I
.
:
,
!1
Une tablette babylonienne.
Phase ( 1) : X
X
Pha e (2):
30' 30' X
X
Sur le plan de la ymbolique , notons
X que la même opération peut 'expri-
Pha e (3): mer de deux façon différente . La
multiplication , par exemple , désigne
1 au i bien l'opération arithmétique
que l' association (les tablettes disent
le « croisement ») d' une longueur et
d'une largeur pour former un rec-
tangle.
HISTOIRES Écrire les mathématiques
On a retrouvé sur des tablettes babylo- ment , même s' il parle d 'algèbre , est
niennes (environ 2 000 avant J .-C.) des fi gurati f : on découpe et on colle rec-
séries de problèmes avec leurs solu- tangles et carré . L' habillage, tout en
ti ons, tous décrits avec la même procé- étant réa liste et lié aux con idérations
dure : l'énoncé, avec des données quan- ociales de l'époque (problèmes d' ar-
tifiées, la procédure de résolution sous pentage, construction de chemins et
forme d' une suite d' opérations et de canaux, répartition des horaires et des
leur traduction géométrique, la réponse sa laires du travail , taux d' intérêts, pro-
e nfin et, pour clore le tout , souvent la blème d ' héritage par exemple), ouvre
fo rmule « telle est la f açon d 'opérer ». souvent sur une réfl ex ion plus vaste
Chez les Babyloniens, le raisonne- débordant largement le cadre pratique.
Une histoire
'inconnues
Si vous avez tout oublié des mathématiques, il vous reste au
moins en tête « les x et les y », ces fameuses inconnues avec
lesquelles vous étiez parfois si fâché. Ces lettres-symboles des
équations nous viennent de la nuit des temps. Petit tour
d'horizon de l'histoire des inconnues et des équations.
y=lx
4 Le savant arabe donne à ses résolutions
d'équations une double méthode : d'abord
L'énoncé initial éta it - le rapproche- la « recette » de la résolution, puis une
ment avec le théorème de Pythagore visualisation géométrique, qui tiendra
n'est pas interdit ic i - : « L 'aire d 'un lieu de démonstration, que nous appelons
a:uTé, de 100, est égale à celle de deux « complétion du carré». On« complète»
<XUTés plus petits, le côté de l 'un d'eux en effet une identité pour y faire interve-
étant la moitié plus le quart de celui de nir un carré, comme x2 + 10.x = 39 devient
l'autre. Quels sont les côtés des deux (x + 5) 2 = 64.
œrrés inconnus ? »
Sur les bords du Tigre et de l'Euphrate
comme sur les rives du Nil , entre 1 000 positifs, il s ramenaient les problèmes
et 2 000 an ava nt notre ère , on résol- du premier degré à des constructions à
vait donc déjà de équations du premier, la règ le et au compa , ceux du second
du second ou même du troisième degré. degré à celui de l' intersection d' une
Sans théori sation excessive , en mettant courbe et d' une droite , ceux du troi siè-
parfois en avant une interprétation géo- me degré à celui de l' intersection de
métrique, on le faisait en tout cas très deux courbes (ellipses, paraboles et
efficacement. hyperboles).
S 'agissant par exemple de résoudre des
La Grèce antique : équations du premier degré , les incon-
équations ulsuelles nues étaient figurées par des segments,
les produits par des aires. L'équation
Le Grecs, pas trè algébristes comme que nous écririons aujourd'hui
on peut le voir par ailleurs, rendaient ax =b va se représenter, comme dans la
les équations li sibles en les géométri - proposition 24 du livre I des Éléments
ant. Ne considérant que des nombres
D E F
À le ur suite, même ' il s
L'équation a est la longue ur du segment AB et b
ne fo nt pas to ujours
ax = b l'aire du rectangle ACDE . On construit
usage des acqui s des
chez les Grecs. avec ces données la fi gure complète
Indiens , les mathémati -
dans laquelle le rectangles ACDE et
c iens arabes , dont le
ABGT ont même aire . C'est dire que la
plus célèbre est al-Kh warizmi , défi ni s-
longueur inconnue x est celle du seg-
sent clairement une class ification des
ment BG. Le rai sonnement se fa it ,
équation du second degré et les opéra-
chez Euclide par « anal yse et synthè-
tion à mener pour les résoudre . Ici , on
se » : on commence par supposer le
« parle » le équations, qui s 'écri vent
problème résolu (figure faite en entier)
en langage ordinaire, l' inconnue étant
et on termine en exhibant une méthode
« la chose » , son carré « le carré » . Les
de construction effective de x . Pour les
problèmes étaient parfois compliqués ,
équations de degré 2, Euclide se servira
les équations pour les résoudre auss i et
de la décomposition de plaques en
quelques plaques simples selon deux
méthodes différentes pour obtenir fin a-
le ment la vi suali sation d 'éga lités
comme par exemple px + (p + x)2 =
x(2p + x) + p 2 + p x , qui servira à
résoudre l'équation x 2 + 2p x = q en
montrant que son unique racine positi -
ve est :
X = {i7"+q- p .
p p +x
X X
px+(p+x)~
=x(2p+x)+p 2 +p x
p p
,.
L'équation : r + lOX = 39
La recette:
Prends la moitié des racines
(ici 5, moiti' de 10)
Multiplie ce nombre par lui-
même (ce qui donne 25)
Ajoute le résultat à 39 (ce qui
donne64)
Prends la racine de ce nombre
(ce qui donne 8)
Soustrais-en la moitié
racines (ce qui donne 3)
La visualisation :
5 X
25 5x
5x
--
même. Si les méthodes de calcul
étaient très sophistiquées, ! 'absence de ...
notation sy mbolique ne fac ilitait pas la ,.. ,,... ,..
tâche des calculateurs de ! 'époque. li a
fa llu patienter jusqu 'à François Viète
- - -- -
,.....
pour arri ver à utiliser des lettres pour dient les mathématiques , de près ou de
représenter des quantités : voyelles pour lo in . Elles sont devenues un langage,
les quantités connues , consonnes pour qui permet aussi au x hommes et aux
les inconnues. Pui s Descartes est venu , ordinateurs de si bien se comprendre.
et son usage s'est générali sé : les pre-
mières lettres de l' alphabet pour les É.B.
quantités connues , les dernières pour
les quantités inconnues . Aujourd ' hui ,
outil indispensable, les équations fo nt
partie du quotidien de tous ceux qui étu-
1 1 1 il 1
~--·
1 1 Des irrationnels chez les Babyloniens
,....- ~
- --,J
-- ~·- La tablette babylonienne YBC (comme
. ---
""~- ~h .. :---::~
,--·. .;.l• . --· •' '!' _.. __ Yale Babylonian Co llecti on) 7289
- ... '...~........
-~-
•• . . , ,__ -
"":
• -~
'
, ___ ,
-
,,y
~-~i -., . ~
(figure 1, page 109) nous apprend plu-
sieurs choses sur le ni veau des connais-
~-'!
.. ...
\.
:.t.. Ill' "," sance mathématiques de la civi lisation
-.1. .....
-"'.....
'·,
~
D
nombres écrits dans un système sexagé-
Bah)'lone.
niennes aux Livres d ' Euclide, les imal. Le lo ng du côté , e n obliq ue ,
Anciens nous ont la issé , sinon nous lisons, traduit en chi ffres arabes :
des ouvrages mathématiques, tout au 30 , et sur la diagonale, superposés :
mo ins de vestiges nous permettan t de
nous faire une idée de l'état de leurs 1 24 5 1 10 et 42 25 35 . (fi gure2)
connais ances mathématique . Voyons ce
que ces documents nous di ent des gran- Leurs transcriptio ns en nomb res déc i-
deurs incommensurables . maux (à 10 - 5 près) correspondent res-
pecti vement à :
) ,4 142 13 et 30 X ) ,4 )42 )3 =
La tablette babylonienne YBC étonne 42,42639
par la précision des nombres inscrits La première réflex ion que cette tablette
et des relations entre eux. nous suggère, c'est que les
Fi~ure 1 : Tahleltl'
bah) Ionienne.
Figure -' :
Soit E le milieu de [AD] et F sur la droite (AD ) tel
queAF= EC. Posons OF= c.
Un rai sonnement géométrique simple permet de
démontrer
2 a b
que a x c = b ou que - = - .
b c
Cela s ignifie que le rectangle CDFG est semblable
au rectangle ABGF et donc qu ' il es t constitué lui
aussi d'un carré
de côté c et a
d 'un rectangle
CGHK , à nou- Euc lide présente au Li vre Il , pro p. 11
veau semblable des Éléments le cas d ' un rectangle ab
aux rectangles construit à parti r d' un carré ABCD de
ABGF ou côté b (c f fi gure 4).
CDFG , et cela à b li pose un rée l pro blè me : contraire-
l ' infini. H
me nt au cas précédent : je ne pourra i
Ce rectangle
pas trouver de mesure commune pour a
es t devenu
c et b, et do nc, quelle que so it )' unité de
B
mesure que je c ho isira i, je ne pourra i
'
Figure 5.
4 6 ~ B
. 9
r 11: 12
. ..:13 11 15 ; 16
.' 17 11 19
1 ':
Comment sortir de cette impasse? Cette défi nition est diffic ile à com-
Comment pa rle r rationne lle me nt de prendre pour des esprits mode rnes habi -
s itu ati o ns perçues comme irration - tués à ! ' usage du formalisme
nelles? Le Livre V des Éléments algé brique. Le mathé matic ie n e t log i-
d ' Euclide (très probable me nt inspiré c ie n ang la is De Morgan e n donne
par Eudoxe de Cnide (environ l' illu stration plu s access ibl e s uiva nte,
406 - 355 av. J .-C.)) résout la question e n dés ignant pa r a, b, c, d les quatre
e n construi sant une remarquable théo- grandeurs . On a ura , e n notation
rie des proportions. Celle-ci arrive à la
fois à traiter e n toute rig ue ur la compa- moderne : !!.... = .!:..__ s i e t seule me nt s i
raison des grandeurs incomme nsurables
b d
et à les re ndre access ibles au calc ul la suite des multiples de a e t b est ran-
ap proché. Le fondement e n est la défi - gée exactement dans le même ordre que
nition 5 (ex traite des Éléments celle des multiples de cet d, comme , par
d ' Euclide, Li vre V, traduction exemple pour le rapport du côté a d' un
B. Vitrac, PUF, vol.2, p.41 ), dont la carré à sa diagonale b (cf. fi gure 5) :
com pli cation appa re nte ne fait que
refléter la complex ité de la s ituation : Pour ces lon g ue urs a e t b on a les
« Des grande urs sont dites être dans le inéga lités suivantes :
même rapport , une prem iè re re la tive-
me nt à une de uxiè me e t une troi s iè me a < b < 2a < 2b < 3a < 4a < 3b < Sa
relati veme nt à une quatriè me quand des < 4b < 6a < 7a < Sb < ... < l 4a <
éq uimultipl es de la pre miè re e t de la I Ob < 1Sa < 11b < l 6a < 12b < 17a
troi siè me o u s imultané me nt dé passent , < 18a.
o u sont s imulta né me nt éga ux ou
s imulta né me nt infé rie urs à des équi - ma is a uss i pour le lon g ue urs c e t d,
multipl es de la deuxième e t de la qua- côté et di ago nal e d ' un autre carré (cf.
tri ème, se lon n ' importe que ll e figure 6):
7 b 17
c < d <2c < 2d < 3c < 4c < 3d < Sc - < - < - .
S a 12
< 4d < 6c < 7c < Sd < .. . < l 4c <
IOd< IS c < I Id< 16c < 12d< 17c. Toutes les inéga lités sont strictes sauf
Ces suites d ' inégalités ont caractéri s- si à un mo me nt do nné les multipl es
coïnc ide nt , ce qui vo udra di re que les
tiques du rapport des grandeurs !!.... ou deux grandeurs ont une mesure com-
b
mune et donc que le rapport est ration-
nel. Nous avons illustré graphiquement
.!:..__ et o n pe ut démo ntrer que si l' une ces suites d ' inéga lités, ma is il ne fa ut
d
pas cro ire qu 'elle découlent de la
des grandeurs a o u b varie d ' une quan- simple observation, laque lle sera it rapi-
tité auss i petite so it e ll e, la suite des dement incapable de les mettre en év i-
inéga lités sera modifiée. dence de faço n certaine. Dans les livres
Dans la suite d ' inégalités concernant a V à X, Euc lide met e n pl ace tous les
e t b, no us en avo ns e ncadré deux : ressort s dé mo nstrati fs et a lgorith -
?a < Sb et l 2b < l 7a, qui no us do n- miques nécessa ires à l'exerc ice rigou-
nent un encadre ment du ra ppo rt des reux du raisonne ment géométrique
deux grandeur , sous la fo rme : autant qu 'à la compara ison des gran-
de urs. Ses conte mporain s o u ses suc-
cesseurs pourront démontrer ou calculer
1 70
3 + - <n:<3+
7 71
En conclusion, la déco uve rte de l' ex iste nce de
grande urs inco mmen surabl es a mi s en év ide nce
l ' impo ss ibilité d e mes ure r n ' importe qu e ll e
gra nd e ur au moye n d ' un nombre (enti e r ou
fra ctionn a ire). Les géo mè tre g recs re levè re nt
ce défi à la raison e n co nstrui sant une théori e
capabl e de traiter par le raisonnement et par le
calc ul les rapports qu a lifiés d ' irrationne ls, sans
pou r au ta nt le ur donn e r le statut de nombre .
Ceux-ci devront attendre le xv,c ièc le, e n par-
en toute rigueur des rapports te ls que sur la figure ti c uli e r avec Stev in affirmant avec force dans
7: so n Traité des incommensurables grandeurs (in
Arithmétique, 15 85) « qu ' une racine quelconque
e t no mbre » e t « qu ' il n ' y a aucun nombre
absurde, irrationne l , irréguli e r, in ex pli ca bl e o u
sourd » . Cette évo lution es t corrélative du
déve loppement des éc ritures sy mboliques et du
ca lcul a lgé brique, qui pe rme tte nt de ca lcul e r
E avec des sy mbol es comme avec des no mbres .
J.-P.F.
F
Figure 7.
O mathématiques grecques se
soient , depui s Alexandre le
Grand , répandues dans tout le monde
général.
L'acte de naissance de l'a lgèbre est le
traité du mathé matic ien ara be al-
méditerranéen sans que la science de l' al - Khwari zmi , ma is ses sources ne sont
gèbre , dont se sont plu s tard e mparées pas grecques .
les mathématiques indie nnes pui s En e ffe t , on trou ve bi e n - e t no us y
arabes, ne se soit plus déve loppée chez rev iendrons - des « traces » d'algébri-
les Grecs . sation dans les Arithmétiques de
L'Académie d e Diophante , ma is l'ouvrage n'a été tra-
Platon , mosaïque Prédestinés tl la géométrie duit e n ara be qu 'à la fi n du IXe sièc le ,
romaine (Pompéï, après la di sparition d'al Khwarizmi. De
1er siècle avant J.-C.). L'algèbre est avant tout une form ali sa- plu s, le mathématic ien ara be , qui n' hé-
tion de l 'écriture des calculs et des équa- site pas à c ite r ses sources, ne c ite
tions où l' on remplace des nombres par guère les Grecs en ce qui concerne l' al-
de lettres, ce qui permet de donner à la gèbre. Le mot lui -mê me d 'a lgèbre ne
vient-il pas d 'ailleurs de l'arabe « al
/)ans les l~léments d'Euclide, au /\'' siècle djabr » , qui s ig nifi e « réduction » (des
fractu res) ?
avant notre ère, les calculs de grandeurs Les mathématiques grecques , e ll es ,
sont tous liés à des images géométriques, so nt essentie lle ment log iques et géo-
les nombres à calculer sont des longueurs métriques, avec peu d 'arithmétique et
de segments ou des aires, et le texte ne d'algorithmes de calcul. Le problèmes
géométriques qu 'on a, par la uite, fac i-
prend tout son sens que s'il est accompagné le ment résolu s par le calcul algébrique
de son diagramme. le sont de faço n purement géométrique.
I""~ "°" --
<°';PP''"~ di.,goullc 8 Ccn l,& dcmbcfpar1«i.r ,//,.
G H parallck • A Il , le 1our par la I' . pcop. ,. te cü,
prcm1erc111<~1 q1t ln '1,'!ldrilartffl HF 1k IIG (1>11t quurn.
Le mathématiciens grecs vont
donc , sur les traces de Platon,
C.,dcJia il •ppcn 'l•ill foa1 panllclog,ammci; clam defait, eutte
l' ami d ' Archytas de Tarente,
Identiti- rcmartiuahlc à la manière d'Euclide. d'Eudoxe de Cnide et de
Théétète, mathématicien à
On trouve déjà chez Apo ll onius ( Ill e l'origine des livres x et xm des Éléments
siècle ava nt J .-C.) la réso lutio n géomé- d' Euclide, délaisser le contexte de l'arith-
trique du problème « des trois cercles » métique géométrique de leurs ancêtres .
(trois cercles étant donnés, décrire un Ils vont oublier le monde de Pythagore ,
quatrième cercle que ceux-ci touchent) habité d'entiers, oublier la crise des irra-
dont Descartes va donner en 1643 , dans tionne ls , pour « penser - comme le dit
une de ses lettres à la princesse Michel Serres - dans l'univers de la géo-
Eli sabeth de Bohè me, une so luti on métrie, e~pace pur, métrique rigoureuse ,
algébrique. Les résolutions d 'équations irrationalité maîtrisée » .
- et il y en a da ns les mathé matiques Mê me s' il s'est un pe u par la suite
grecq ues - se font sans symboli sme, détaché de Platon , Ari stote lui auss i,
avec de fréquentes références à l'arith- faisant de la log ique une science en soi,
métique et surtout un recours constant a , par sa théorie de la dé monstration ,
à leur interprétation géo métrique . contribué à renforcer la nécess ité d'en-
Pourquoi cette absence de vision algé- chaîner le é noncés en une véritab le
brique chez les mathématiciens grecs ? construction déductive , de bâtir une
Log ique et géométrie sont les de ux arg ume ntation ri goureuse , ce qui
piliers des mathématiques grecques tout consacrait de fait la prédomjnance de la
comme Pl aton et Aristote sont les deux géométrie . En « nouve ll es mathé ma-
pilier du système philosophique grec , tiques », on va désormais travailler sur
et cela e t lié à l'absence de référe nce des concepts plutôt que sur des objets,
algébrique dans les mathématiques sur l' idée d ' une droite plutôt que sur le
grecques . dess in d ' un trait. Les mathé matiques
Po ur Pl aton , e n effet , les mathé ma- grecques vont donc, sous l' influence de
tiques doi vent joue r d 'abord un rô le ces philosophes, quitter la réalité quo-
pédagog ique pour former des philo- tidienne pour passer dans le champ de
sophes qui géreront les affa ires de la la pensée et de venir une branche de la
Cité. li leur fixe, dan un texte d 'orien- philosophi e. Leurs concepteurs vo nt
tation po litique, sa République, le rô le inve nter un autre univers que celui des
« non point de [les} faire servir, tables numériques , un monde purement
comme les négociants et les mar- abstrait où le calcul algébrique n'aura
chands, aux ventes et aux achats, mais que très peu de place , la issa nt les
[ ...] pour fac iliter à l 'âme elle-même le Arabes du Moyen Âge gagner la
passage du monde sensible à la vérité bataille de l'algèbre.
et à l 'essence» .
_
t}IOPH.ANTI les Éléments d 'Euclide , au contient toutefoi s des « caractère arith-
&LIJl&NORINl
iv e s ièc le ava nt no tre è re, mé tiques » : c hi ffres o u sy mbo les ,
. . ..
a.- Andiaicoan.m
.....,_
_. ........
...............
....- i:-.. ~ · ,
............
;-:;:~
,.___ les ca lcul s de g ra nde urs
sont to us I iés à des
im age géomé trique , les
indi spe nsable po ur la compréhe ns io n
du texte .
Ici , le mo t « a rithmos » , dés ig nant le
nombres à ca lcule r so nt no mbre indé te rminé ( le « requi s
des lo ngue urs de segments inconnu »), est re mpl acé par une lettre
ou des a ires, e t le tex te ne s
voi s ine du e t le mo t « d y na mo s »,
pre nd tout son se ns qu e le carré du no mbre indé te rminé , est
s ' il est accompag né de son fi g uré pa r le s ig ne !::i,Y co nte na nt so n
di ag ramme. Les tex tes ne initi a le. Le c ube est re présenté par KY,
............. . . . . sont cepe ndant pas vie rges les autres pui ssances par juxtapos itio n
······· ·- de tout ca lc ul a lgé brique de ces s ig nes . Diophante utili se do nc,
pui squ 'on dé mo ntre pa r presque ex plic ite me nt , du ca lc ul a lgé-
exempl e des ide ntités brique, ma is ne va pas très lo in da ns
re ma rqu a bl es . . . m a is s ur la résoluti o n gé né ra le d ' équ ati o ns .
Diophanli Alt•xandrini.
des fi gures géomé triques. Lo rsqu ' il c he rc he , par exempl e, que l
Rerum , \rit h 1111'1 Î<'c11·11111,
Chez Euclide, la « dro ite no mbre « ajouter à deux nombres don-
( 11,dt•. l'.)-,)
AB » désig ne e n réalité le nés pour que chacun d 'eux fo rme 1111
segment [AB], le « carré de carré », il pa rt a us itô t s ur un
AB » à la fo is le carré de exempl e numé rique. Les de ux
AD ILLVSTRIS f. côté AB et l' aire de ce no mbre se ront fi xés à 2 e t 3 e t , la
.. YN 40 IYNIIA& IJl'. I P &O T A•
, _ . , , ......... 1 ......................... ..
,....._..,....... O!'-""-•rJ.
•·"*'--lrt. mê me carré , le « rectang le di ffé re nce des de ux carrés à obte ni r
.........
-
• o,. ,. •. ,,......,__J,--, ~
d ' icelle AF et FB » le rec- é ta nt 1, o n pre ndra le produit de 4 e t
... ... , • . 1, • • • • • .
t . .. . . . . .. tangle AFTG aussi bie n que 1/4. On ne tro uve év ide mme nt a u pro-
son a ire . On reconnaît , bien blè me qu ' une se ul e so luti o n , sa ns
sûr, l' identité : avo ir décrit de méthode généra le .
(a + b) 2 = a 2 + b 2
+ 2ab
ma is o n ne pe ut pas parle r Les m a thé m ati c ie ns g recs n ' a uro nt
d 'algèbre puisqu ' il n'ex iste do nc pas in ve nté l'a lgèbre et il fa udra
aucun traite ment géné ral et atte ndre les mathé matic iens arabes du
que les calculs se bornent à x 0 s iècl e po ur a ll e r plu s lo in da ns l' a l-
fa ire inte rve nir des gra n- gè bre des sy mbo les , Vi è te a u XV Ie
de urs très particulières. s ièc le po ur gé né ra li ser ! ' usage de
À partir de Diopha nte le ttres, pui s Descartes au XV II e pour le
d ' Alexandrie (2 14 - 298) , rendre o pérato ire .
l' un des de rnie rs mathé matic ie n du
mo nde g rec, les c hoses c ha nge nt. De É.B.
type « réthorique géométrique », n ' uti -
li sa nt a uc un c hi ffre, ex prim a nt les
l'inuention de la
trigonométrie
Durant l'âge d'or d'Alexandrie, aux 1er et n e siècles après J.-C.,
de nombreux savants, les plus illustres étant Ménélaüs,
Hipparque et Ptolémée, reprennent et développent les
travaux de leurs prédécesseurs en géométrie, en astronomie,
en mécanique, en optique, etc. C'est à cette époque que naît ce
que nous appelons aujourd'hui la trigonométrie.
ux 1°' et 11° sièc le de notre ère, nomi e , méca nique, géographi e,
De la trigonométrie
Claude Ptolémée, dans l'Rlmilgeste
~ra\ure du
\. \'I'' siècle. L'ouvrage comprend tre ize livres, et
rassemble les connaissa nces mathéma-
tiques et astronomiques de l'époque.
d'où DH = AD - AE
Nombre Valeur de Longueur 2
des l'angle du côté en
côtés au centre fonction de R=1 Le tri angle AC D étant rectangle en C,
un théo rème c lassique relati f aux
Triangle équilatéral 3 120° 1,73205 1 triangles rectangles permet d'écrire
CD2 = AD x DH d'où :
Carré 4 90° 1,4 142 14
AB BE AE
BD BC CD
d ' oùAE x BD = AB x CD.
Le théorème de Ptolémée.
Corde sous-tendue par la
différence de deux angles
a) Les ang les inscrits BAC et BDC Soit [ADJ un di amètre d ' un
sont égaux car ils interceptent le même cercle de centre O et de B
arc. JI en va de même des angles ACB rayon R. Considérons
etA DB. un quadrilatère ABC D
in sc rit dans
~ Soit E le point de [AC] tel que ce cerc le. Posons
ABE = éBb .
Il en résulte : AC = corde (a) et A D
éBÈ = ÂBb. 0
AB = corde (f3).
Ex primons
C) Dan le triang le ABD ,,........_.._ BC = corde (a - 13) en
BAb = 180° - (Mm + ADB) fonction de a et de f3.
et, dans le triang le EBC~
BÊè = 180° - (CIIB
+ BCE). On a BC = corde (a - f3). En exami-
On en tire BAD= BÊè. nant la figure , on obtient facilement
Les ang les des triangles ABD et C D = corde (180° - a) et
EBC sont respectivement égaux. Ces BD = corde ( 180° - f3).
deux triangles sont semblabl es et : D 'après le théorème de Ptol é mée,
AC x BD = AB x CD + AD x BC
AB BD AD
d ' où BC = AC x BD - AB x CD.
BE BC CE
AD
On en tire :
d ' où CE X BD = BC X AD
corde (a - 13) =
corde (a) x corde ( 180° - B) -corde (B) x corde ( 180° - a)
2R
la trigonométrie
sphérique aussi
•
Des chiffres« romains>>
au,c chiffres« arabes»
Les chiffres, tels qu'ils se présentent graphiquement de nos
jours, furent introduits en Europe par les Arabes.
Auparavant, nous utilisions les chiffres dits romains, legs des
Étrusques, aujourd'hui confinés aux plaques commémo-
ratives et aux cadrans d'horloges. Les avantages de la
numération dite arabe sur le système romain, repose sur le
« critère positionne!».
L= 50
Métamorphose dans le temps des signes-
..__~ -.i..__ _, C = 1OO chiffres en lettres-chiffres : les chiffres
D = 500 romains L, C, D et 1 sont les descendants
des signes V et X modifiés (barrés, inscrits
M = 1000 dans des cercles ... ).
fig. 1 152
11007,04
fig. 2
c)
D
epuis le simple marquage d' un
emplacement an chiffre chez Jés us-Chri st) : V, X , L , C ... remp la-
les Babyloniens jusqu 'au zéro cent des ribambelles de traits qui
que nous connaissons, il s'est écoul é seraient devenus très rapidement illi -
presque mille ans ! Tout ava it com- sibles. Ce type de numération , le plu s
mencé par l' invention du chiffre. Les courant pendant longtemps, a le grave
premiers chiffres furent des symboles défaut de prendre de la place et de néces-
utili sés pour regrouper les bâton s qui ite r toujours de nouveaux sy mbo les.
servaient à compter. Très naturelle- Ainsi , les Égyptiens, qui ava ient auss i
ment , ces regroupements se firent par adopté le système décimal, disposaient
paquets de 5 ou de 10, pui squ ' une main de sept sy mboles, pour représenter 1,
compte cinq doigts et les de ux main s 10 , ... , ju squ 'à un million , mais au
dix . Le système décimal était né. Nous del à, il s ne pouv aient plu s éc rire de
connaissons tous les chiffres romains, nombre. Et pour écrire le plu s grand .
mai ces derniers furent parmi les plus 9999999, il s ava ient beso in de
tardifs à fonctionner selon ce modèle oixante-trois caractères !
Une idée géniale avait pourtant été trou-
Une idée géniale, trouvée indépendam- vée, indépendamment , par les
Babyloniens ( 1 800 ans ava nt Jésus-
ment par les Babyloniens, les Mayas Christ), les Mayas (entre le ve et le ,xc
et peut-être les Chinois et les Indiens, sièc le), et peut-être les Chinois et les
permettait de se contenter d'un petit Indiens (environ deux siècles avant
Jé us-Chri st) . Elle permettait de se
nombre de symboles en attribuant au contenter d' un petit nombre de symboles
même symbole différentes valeurs en attribuant au même sy mbole di ffé-
suivant son emplacement. rente valeurs suivant son emplacement.
Les ambassa-
deurs (détail),
Holbein, 1533,
National Gallery,
Londres.
Le livre d'arithmé-
tique représenté
est l'ouvrage de
Peter Apian publié
en 1527 et intitulé
Eyn Newe unnd
wohlgegründte
underweysung
aller
Kauffmanss
Rechnung
(Nouvelles et com-
plètes instructions
pour tous les cal-
culs mercantiles).
C'est la numération de position , que premier groupement de symboles à droite
nous employons encore aujourd ' hui : le représente un nombre entre 1 et 59, que le
chiffre I vaut IOO dans 143 et 1 dans 2 1. deuxième est entre 60 et 3 599, et ainsi de
suite.
Des clous ... et des cheurons Mais cette numération , si elle marque à
coup sûr un progrès déc isif sur le
Les Babylonie ns , pre mie rs « in ve n- nombre de symboles à employer pour
teurs » , n' utili sa ie nt qu e de ux sy m- écrire des grands nombre , entraîne
boles, le c lo u e t le c hevro n . On encore des ambiguïtés. Par exemple , si
commence par co mpter avec des clous on écrit un chevron tout seul , que signi-
de 1 à 9. Pui s o n utili se un c hev ron fie-t-il? 10 ou 600? Et trois clous repré-
pour le dix, de ux po ur le vin g t , etc. sentent-il 3 (trois clous côte à côte), 62
On po urra it ai nsi continue r jusqu'à (un clou tout seul pui s deux groupés),
cent , mais pour év ite r les confu ions 12 1 (deu x clous pui s un tout seul ),
(ou en rajouter?) , la numération baby- 366 1 (troi s clous séparés)? Tout dépend
lon ienne reprend le clou pour marquer de l'espacement entre chaque symbole,
60 . Ain i, chaq ue no mbre de 1 à 59 et du contexte. Une erreur peut donc vite
est représe nté par une confi gurati on aniver, ce qui aurait des conséquences
unique de clous précédé de chevrons. particulièrement cocasses si elle concer-
Pui s on repart avec un clou , des che- nait , par exemple , le montant d ' un
vrons et des c lo us jusqu'à 120 (deux compte en banque !
clo us) e t a in si de suite jusq u 'à 600 ,
qui au lieu de di x clous , est à nouveau Qui a inuenté le premier zéro ?
représenté par un chevron .. .
Formidable ! On peut dès lors compter Jusqu 'au af iècle avant J.-C. , les
aussi loi n que l'on veut, avec seulement Babyloniens se contentèrent pourtant de
deux symboles! Il suffit de savoir que le cette écriture , e n laissant des espaces
Évolution
de la graphie
des chlffres indiens.
l'infini,
potentiel ou actuel 7
Les anciens Grecs ont montré une grande prudence en ce qui
concerne la manipulation de l'infini. Pourquoi ? Retour sur
une notion délicate et riche en paradoxes.
M 'as-tu percé de ce fle jlèche ailée ? C de Paul Valéry fait écho aux para-
doxes que Zénon d'Élée fabriqua
pour réfuter les modèles continus et dis-
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas! crets du temps, et finalement de toute
mesure. L' infini est au cœur de chacun .
Le son m 'enfante et la flèche me tue !
le lièure souleué par la tortue
Ah! Le soleil ...
Quelle ombre de tortue ! La to rtue a un stade d 'avance sur
Ac hill e ma is court di x fo is mo in s
Pour l'âme, Achille immobile vite. Il s'élance à sa pours uite et par-
à grands pas! court le stade, croyant l' avoir rattrapée
à cet in stant. Le pre mi e r de notre
lon gue suite. Appe lons- le l' instant 1 !
Hé las, la tortu e est to ujo urs deva nt
lui , à un di x iè me de stade . Achille
re part et se trou ve très vite o ù la
tortu e éta it à l' in sta nt 1. In stant
2 ! Il ne l'a toujours pas atte inte!
La malédiction se poursuit. Qu and
il e trou ve o ù était la tortue à I' ins-
tant 2 , e ll e e n es t parti e. In stant 3 !
L' hi stoire se poursuit a in s i. Achill e
doit vivre une infinité d ' instants sans
même rejo indre la tortue!
la vision d'Euler
Euler évite la méthode d'exhaustion en considérant que le nombre :
1 1 1
x= 1 +- + - - + - - - + etc.
10 100 1000
'
resou . : x = -10 .
d re. On en d e' d mt
9
Cet argument demande certaines précautions pour être utilisé, ce qui
justifie les prudences des anciens Grecs. Par exemple, si :
x = 1 + 2 + 4 + 8 + 16 + etc.
alors : 2X = x - 1. En résolvant cette équation, nous obtenons : x < o
ce qui est absurde. La notion de somme infinie (actuelle) doit donc
être précisée, ce qui sera l'œuvre du XIXe siècle.
Cette hi sto ire d 'Achille courant après les deux infinis : actuel et potentiel
la tortue , Zénon la renouvelle avec une
flèc he qui ne peut atte indre sa c ibl e. Les mathé matic ie ns de I' Antiquité
Bien entendu , Zéno n n 'a jama is pré- résolurent ce paradoxe en refu sant toute
tendu que le mouvement n'ex istait pas. ex iste nce à la notion d ' infini actue lle ,
Il vo ul a it soulever la cont radi ctio n celle qui consiste à penser les nombres
contenue dans le mo t : un in stant. e ntiers dans le ur ensemble par
Cette idée est une fi cti o n . L' in stant exempl e. Il s pré fère nt parle r d ' infini
n'ex iste pas. Il ex iste seul e me nt des pote nti e l : to ut no mbre pe ut être
interva ll es de te mps très courts. li est dé passé, en lui ajoutant une unité , par
imposs ibl e que no us vivio ns une in fi- exempl e. L' uni vers est illimité, pas
nité d ' instants dans notre vie , ma is ce infini . Ainsi, Euclide n'affirme j amai s
n'est pas le cas. Avec la notion d' inter- que )'ensembl e des nombres pre miers
valle de temps, il est fac ile de résoudre est infini . Il é nonce :
ce paradoxe. En termes modernes, nous
écri vons impl ement : Les nombres premiers sont plus nom-
breux que toute multitude de nombres
1 1 1 10
1 +JO+ 100 + 1000 +etc.=9 premiers proposés .
r~
IOO 200
~
300
r 1·
400 500
11
600
r Pr 1 i 1 ~ ·1
700 800 900
1
1~ ~ 9
1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
L ~ ~ k 1, L h 6 J ~ ~ Â .1 J rl d
21 mars 1997
s'écrira ainsi : 1
11
-f (\ L.tJen r 11
=K = 1414 soit les quatre premiers
chi ffres de raci ne de 2.
Le système géocentrique
de Ptolémée
Arist_ote avait imaginé que tous les astres visibles - cinq planètes, la Lune et le
Soleil - se meuvent sur des cercles fixes centrés sur la Terre. Cette
hypothèse dut être abandonnée car certaines observa-
tions ne cadraient pas avec elle : l'éclat de la planète
~ars par e~emple ~'~st pas constant et cette pla-
nete connait des periodes de mouvement rétro-
grade (on la voit aller en «arrière »). Hipparque
et Ptolémée ont donc conservé l'idée des
orbites _ci~culaires mais les ont placées de
façon d1fferente. La Lune et le Soleil tournent
autour de la Terre qui occupe le centre de
l'Univers mais les planètes se meuvent sur un
premier cercle dont le centre décrit un second
cercle ayant la Terre pour centre .
. ~e systè~e géocentrique de Ptolémée :
Cett~ v1s10~ ~e I U~1vers ne fut remplacée par le
systeme hel1ocentrique de Copernic qu'en 1543,
après la mort de celui-ci .
rait être un abaque. Enfin , nombreux sont une colonne (que ce oit celle des unités
ceux qui voient dans les mots grecs abax ou celle des di zaines, des centaines, et
et abakion la racine sémitique alxq, qui ainsi de suite), pui s la quantité 5 par un
désigne la poussière, ce qui les incite à cailloux dans une colonne ou un empla-
penser qu 'avant les Grecs certains peuples cement adjacents que nous appelons qui-
du Moyen-Orient connaissaient le calcul naires , et les quantités uivante par un
au moyen de cai lloux sur un abaque tracé caillou 5 en position quinaire et la quan-
dans la poussière. Un support fugace par tité voulue d 'autres cailloux dans la
excellence, dont il ne reste év idemment colonne de base correspondante. Les
nen. abaques à colonnes quinaires sont dits à
colonnes alternées, et ceux qui ont un
Pas plus de quatre emplacement quinaire en tête de chaque
colonne sont dits à colonnes décimales.
Les anciens Grecs nous ont en revanche Le phénomène exploité ici par les Grecs
laissé une trentaine d 'abaques en marbre - et déjà connu des Égy ptiens, qui ne
- c'est dans le ur littérature que le mot l' ont to utefo is mi s e n valeur que dans
abaque apparaît - très lourds et encom- le ur numération - est le fa it que l'œ il
brants , qui nous amènent à supposer humain ne pe ut dénombrer instantané-
qu ' il s en ava ient surtout en boi s pe int , ment que quatre objets au max imum ;
et qui nous permettent de déterminer de et qu 'au-delà de quatre, il doit le comp-
surcroît comment ils exécuta ie nt leurs ter d ' une manière ou d ' une autre. C 'est
opérations au moyen de cailloux. ce qu 'on appelle le pas plus de quatre.
Ces opérations re posaient sur l' utili sa- Les fi gures I et 2 permettent de com-
tion de la quantité 5 comme une sorte prendre l'astuce : avec la position qui -
d'auxiliaire : on représenta it les quanti - naire du jeton 5, on peut déchiffrer d'un
tés de I à 4 par autant de caill oux dans coup d 'œil la quantité représentée, de I à
7 8 9 •
• • • • •
•
••• •• ••• ••
•
1 2 3
•4 5 6 7 8 •9
Fig. 2 Les mêmes quantités qu'à la figure précédente, traduites cette
fois dans une colonne quelconque d'un abaque à colonnes décimales.
Les carrés gris sont les emplacements des chiffres définissant la
colonne, comme on les voit à la figure 3.
50050 5
500100 50 5
10 1
r1Hr'16f' 1
••••
100 10 1
C'est l' occas ion d ' illustrer ce que nous L' hi stori en du calcul imag ine fac ile-
avons dit du calcul écrit impossible dans ment co mme nt o n y faisait une addi -
les numérati ons anc iennes. Vo ici deux ti o n o u un e soustrac ti o n : e ll e
nombres (376 et 438) écrits en numéra- resse mble en effet très fo rte me nt au
tions grecque et romaine, la seconde boulier j aponais, et les chiffres gravés
ayant été calquée sur la première en ne sur chaque co lonne dés ignent c laire-
modifiant que les signes (les deux struc- ment les unités, les di za ines, les ce n-
tures sont donc identiques). Regardez taines et ai nsi de suite. Ma is e lle est un
alors la version romaine - la plus acces- pe u plu s dé li cate à utili ser que
sible à tout un chac un - et de mandez- l'abaque , car le surnombre possible sur
vous comment vo us additionneriez ces celui -ci - la présence provi soire de plus
deux nombres par écrit. .. dans le sable, de quatre ca illoux dans une colonne - y
car le papier n'ex istait pas et le papyrus est matérie lle ment interdit comme on
était hors de pri x pour servir de pourra le voir e n compara nt les deux
brouillon . La cause est entendue ! encadrés.
Au Moye n Âge, le ca lcul par les jetons
HHH~.6..6.r11 HHf-t1.6..6..6.r1111 s'est pe rpétué. Et on retro uve un
CCCLXXV l + CCCCXXXVllJ.
500 50 5 500 50 5
100 10 1 100 10 1
FHF16f'I FHF16f'I
•••• • •••
• •• ••
••
abaque très proche de celui des Grecs l'abaque présente en plus l'avantage
dans son princ ipe - autre raison de pen- d ' une grande fac ilité d ' utili sation.
ser que les Ro ma ins ava ie nt des L'auteur prend pl aisir, lorsqu ' il donne
abaques sembl ables à ceux des Grecs - une confére nce sur ces sujets, à fa ire
dans les premiers li vres d 'arithmétique réa li ser ses dé mo nstrations par des
paru s à la fin du xve s ièc le. On pe ut enfa nts ; et l'ex périence montre qu 'à
donc imaginer que jusqu 'à l'an mil , qui parti r de huit ans ils y arri vent parfaite-
sert de limite à ce numé ro spéc ial de me nt. Mie ux e ncore : e n répétiti o n à
Tangente, le ca lc ul « à la Ro ma ine» ou do mic il e, il s e n rede mandent tant il s
« à la Grecque» était encore en usage . trouvent ces additions ludiques !
Un dernie r point pour terminer : A.S.
5000 500 50 5
as as as as Étape 3 : li aurait ensuite voulu ajouter 90, en
activant 9 dans la rainure des dizaines, mais il
n' y avait pas a ez de place ; il a donc anticipé: 1000 100 10 1
il a levé un bouton unitaire dans la rainure de as as as as
centaine , ce qui revenait à additionner l OO et il
a déduit l'excédent (10) dans la rainure de
dizaine , en de cendant un bouton unitaire.
1000 100 10 1
as as as as
E
n dimension 2, celle du pl an ,
il ex iste une infinité de poly- Dess in extrait du livre d'Ernsl
gones réguliers. On peut ainsi Haeckel , Kunstforme der Natztr·,
approcher autant que l'on veut le cercle : 1890.
c 'est d' ailleurs en encadrant le cercle par © The virtual library of Kurt Stueb.
excès et par défaut qu ' Archimède calcula
plu ieurs décimales de Jt .
En dimension 3, celle de l'espace , la
sphère, équivalente tridimensionnelle du
cercle, ne se laisse in crire ou circons-
crire que par cinq polyèdres réguliers.
« Les nombres impairs plaisent aux
Dieux » se plaisa it à dire Virgile (les
Bucoliques, VIII , 75) . En tout cas , ce
petit nombre impair 5 a marqué les
esprits des Grecs. Les polyèdres réguliers
feront l'objet d'études approfondies , dont
voici un résumé.
nature. Des cri staux nature ls ont la ses informations ? D 'après les auteurs
fo rme du tétraèdre, du cube ou de l' oc- de I'A ntiquité tardive, Pl aton éta it un
taèd re . Pour trou ver les deux autres , il fidèle pythagoricien . li aurait acheté un
fa ut se déplacer dans le vivant où la li vre du pyth ago ricien Philol aos do nt
structure du dodécaèdre ou celle de I' ico- il se serai t in spiré pour écrire le Timée.
saèdre apparaissent dans le squelette des Cette rumeur s ' appuie sur l'éni g ma-
radiolaires microscopiques ou dans cer- tique protagoni ste éponyme de l' ou-
tains virus. vrage de Platon : Timée de Locres . En
fa it , nou s savon s te ll ement pe u de
Platon choses de ce personnage supposé
pythagoricien qu 'aujourd ' hui , certa ins
La première mention écrite des ci nq pe n e nt qu ' il est une invention litté- Les cinq
polyèdres réguliers se trou ve dans le raire de Platon . Le trouble a été intro- polyèdres
Timée de Platon, aussi les nomme-t-on duit par un faussaire de l'époque réguliers
solides de Platon. D ' où Pl aton tenait-il hellénistique qui rédigea un traité signé inscrits dans
leur sphère.
Théétète
Construction du dodécaèdre Qu a tr e
parEucllde des cinq
polyè dres
peuvent se
construire
avec des
p y r a -
mides, des prismes et des anti-
prismes. Il n'existe pas de
construction simple du dodé-
caèdre. Comment Euclide a-t-il
contourné le problème ?
Il est parti d'un cube (aux arêtes
vertes sur la figure ci-contre, à
gauche), puis a construit un « toit »,
au sens de toit de maison, sur
chaque face du cube (arêtes
rouges)!
Pappus
•
nuse vaut deux fo is la longueur du plus petit côté. Grouper deux ou six de
ces triangles donne un triangle équilatéral. Grouper :
• trois triangles autour de chaque sommet donne un tétraèdre régulier ;
• quatre triangles autour de chaque sommet donne un octaèdre régulier ;
Un dodécaèdre • cinq triangles autour de chaque sommet donne un icosaèdre régulier.
aux arêtes vertes, Pour construire le carré, Platon assemble deux triangles rectangles isocèles .
aux sommets rouges Avec ces carrés il forme le cube.
et un icosaèdre bleu Par contre, il ne dit rien du dernier solide, sinon qu 'il existe !
aux sommets jaunes Le fait que trois des polyèdres soient constitués de triangles permet à
dans la configuration Platon d 'expliquer les transformations entre l'air, l'eau et le fe u en recom-
de Pappus vu de posant les triangles :
côté, les cercles noirs
montrent les
sommets dans le
même plan.
de douze siècles
Alcuin d'York (Ealhwine ou Alchvine, nom latinisé en
Albinus, auquel on ajoutera plus tard le surnom de Flaccus)
est un des intellectuels les plus importants de la seconde moi-
tié du premier millénaire. Il nous a laissé un des premiers
recueils de jeux mathématiques destinés à « aiguiser l'esprit
de lajeunesse ».
lcuin nait prè d ' York re naissance carolingie nne. A lcuin
première fois tout court , dans un texte 3. Un père et son fils et une ueuue La chute
qui nous soit parvenu . et sa fille d'Icare,
Beaucoup de ces problèmes ne dépare- Pieter Bruegel
raient pas dans un ouvrage contemporain Si un pè re et so n fil s é po use nt un e l'Ancien,
de jeux mathématiques ! Nous vous ve uve et sa fill e , de te ll e sorte que le
1558.
in vitons à découvrir et à résoudre ces père é pou se la fill e , et le fil s la mè re, Musées Royaux
éni gmes qu 'A lcuin proposa it à la je u- quel sera le lien familial des des Beaux-Arts,
nesse il y a douze siècles. fils issus de ces deux mariages? Bruxelles.
Commençons par une série de pro- Alcuin ne dédaignait pas les pro-
blèmes pour le moins originaux blèmes impossibles, comme en
les problèmes familiaux. témoigne l'exemple suivant.
Vo ic i d eu x vari a nt es s ur ce m êm e
th è m e.
1 - Les deux homm es é pou sant chacun la 12 - Le loup , la ch èvre et la bott e d e chou x
sœur d e l'autre L' ho mm e tra nspo rte la c hèv re e t la isse le loup e t le
Les fil s des deux ho mmes so nt double ment cousins . chou . li rev ient et prend le loup qu ' il fa it trave rser et
dé pose e n re pre na nt la c hèv re. li dé pose a lors la
2 - Les d e u x homm es é pou s ant c ha c un la chèv re et reprend le chou qu ' il dépose avec le loup . li
mère de l' autre rev ient en uite cherc he r la chèv re.
Chaque fi ls es t à la fo is l' onc le et le neveu de l'autre
qui est le fi ls de son demi -frère. 13 - Troi s ami s et leur s sœur s
Le pre mier homme trave rse avec sa sœur et la dépose
3 - Un pè re e t son fil s e t une ve u ve e t s a sur l'a utre ri ve. li rev ie nt , descend , et les deux sœ urs
fi li e res ta ntes trave rse nt a lors e t desce nde nt sur l'autre
Chaqu e fi ls est à la fo is l'o ncle et le neveu de l' autre ri ve , la sœur du pre mie r revenant avec le batea u. Elle
qui est le fi ls de son demi-frère ou de sa de mi -sœur. desce nd a lor et les deux autres ami s trave rsent. L' un
des deux reste sur l' autre ri ve avec sa sœ ur, tandi s que
4 - Les trent e po rc s l' autre rev ie nt acco mp ag né de sa sœ ur. Le pre mi e r
Le tripl e d ' un no mbre impa ir es t un no mbre impa ir. ho mm e retraverse a lors avec ce lui qui é ta it reve nu .
Le probl è me es t do nc imposs ible. La sœ ur qui éta it sur l' autre ri ve revient alors e n cher-
che r une autre. Elles descende nt toutes les de ux, et il
5 - Un père et ses tro i s fil s reste un a lle r-retour à effec tue r par l' ho mme dont la
On do nne di x jarres à mo itié ple ines au pre mi e r fi ls , sœ ur éta it res tée sur la ri ve de départ.
et cinq jarres pleines et c inq jarres vides à chacun des
deux autres. 14 - L' homm e et la femm e très lourd s
Les deux enfa nts traversent la ri vière, et l'un des de ux
6 - Deu x homm es condui sa nt leurs bœufs rev ie nt. La mè re trave rse a lo rs, e t so n a utre fil s
Le premier ho mme ava it qu atre bœ ufs et le second en rev ie nt. Les de ux e nfa nts trave rse nt à no uvea u , e t
ava it huit. l' un des deux rev ie nt. Le père traverse, et le fil re té
de l'autre côté rev ient. Enfin les deux enfa nts traver-
7 - Le ma rch a nd et les ce nt pe nce se nt.
Le marchand a ac heté un verrat, neuf truies et qu atre-
vin gt-di x porce lets. 15 - Le ge ntilhomm e
Au pre mi e r voyage, le c ha mea u tra ns po rt e tre nte
8 - L' homm e qui a ch etait ce nt bêtes mes ures à v in gt lie ues . li e n co nso mm e ving t e t e n
L' homme a ac he té v ing t-tro is c heva u x, v in g t-ne uf dé pose di x. Il reco mm e nce les de ux j ours sui va nts.
bœufs et qu ara nte-huit moutons. Le qu atriè me jour, il tra ns po rte a lo rs les tre nte
mes ures dépo ées au but de so n voyage, e n co nsom-
9 - Le vie il ho mm e et l 'e nfant mant di x de ces mesure . li e n reste do nc v in gt.
L'e nfa nt a huit ans e t tro is mo is.
16 - Le bœuf
10 - Le promeneur Un bœ uf ne la isse aucune trace dans le derni er sillon,
Les marc he urs so nt trente-s ix . car il précède la charrue.
11 - Le laboureur
li a tracé se pt sill ons.
Oui, je m'abonne à
• Tous les titres avec les HS «kiosque ». •• Tous les titres avec les HS Bibliothèque. "' Tous les titres avec les deux HS.
Total à payer ~ - - - - - - - ~
Je joins mon paiement par (établissements scolai.res,joindre bon de commande adm inistratif):
!;OITIONS -
Prix: 19,80 € POLE9