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Marianne Lederer
Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle (ESIT)
La première publication d’Interpréter pour traduire date de 1984. Les textes qui y
sont réunis jettent les fondements de la Théorie Interprétative de la Traduction,
une théorie cohérente expliquant le processus de l’interprétation et de la traduc-
tion. Les avancées des sciences cognitives ont peu à peu confirmé les constata-
tions pragmatiques des auteurs, ce qui justifie cette cinquième édition par les
Belles Lettres.
1. Introduction
La première parution d’Interpréter pour traduire date de 1984. Il s’agit d’un recueil
d’articles de Danica Seleskovitch et Marianne Lederer, respectivement parus de
1970 à 1983, qui jettent les fondements de la théorie interprétative de la traduc-
tion et ont été d’abord publiés dans diverses revues. L’ouvrage a ensuite été réédité
plusieurs fois, jusqu’à sa récente et cinquième parution fin 2014 dans la nouvelle
collection Traductologiques, créée par J.-R. Ladmiral et J.-Y. Masson chez l’éditeur
Les Belles Lettres.
Voyons ce qui explique l’actualité de ces textes, justification de leur réédition.
2. La genèse de la théorie
Cette position a choqué et probablement choque encore ceux pour qui la traduc-
tion reste une opération de contact de langues.
Il n’est pas exagéré de dire que la théorie interprétative de la traduction avan-
cée dans les divers articles qui figurent dans cet ouvrage a été pionnière par rapport
à la pragmatique, à la psychologie expérimentale et aux sciences cognitives, qui
sont venues plus tard corroborer ce que certains ont longtemps considéré comme
de simples intuitions1 subjectives de notre part, bien que nous nous appuyions à
l’époque, en plus de notre expérience d’interprètes de conférence, sur la psycho-
logie génétique de J. Piaget et sur les observations cliniques du neuropsychologue
J. Barbizet .
1. Voir F. Rastier : « L’intuition peut refléter une réalité objective. Leurs insuffisances bien
connues ne les empêchent pas d’être utiles, voire indispensables, à l’activité scientifique ; ce que
tentent pourtant de dénier certains préjugés scientistes. « (1987,107)
Cette constatation faite sur l’interprétation a été confirmée, dans le cadre des re-
cherches sur la machine à traduire, par T. Winograd (1983): cet auteur affirme
que, contrairement à la machine, l’esprit humain élimine inconsciemment la po-
lysémie et l’ambiguïté linguistique en s’appuyant sur le contexte et sur la situation.
Par ailleurs, les travaux de T.A. van Dijk et W. Kintsch (1883, 22 et 134) démon-
trent que le sens se comprend d’abord et s’analyse ensuite. Le sens apparait en
– à propos de déverbalisation
Je reviens au concept fort discuté de déverbalisation, c’est-à-dire de la dissociation
du langage et de la pensée. Avant les neuropsychologues, D. Seleskovitch a posé
que la pensée ne dépend pas du langage, bien que celui-ci l’aide à se préciser et à
se développer. Le terme ‘déverbalisation’ se trouve pour la première fois en 1976
dans ‘De l’expérience aux concepts’ (2014, 118) mais elle avait déjà mis le doigt sur
le phénomène dès son premier livre paru en 1968.
Elle a détecté la déverbalisation à partir de sa pratique de l’interprétation
consécutive, mais aussi à partir de réflexions sur la mémoire: nous retenons dans
notre mémoire à long terme les faits, les notions, les abstractions, mais non les
mots qui convoyaient ces faits, ces notions, ces abstractions. Pour nous, par consé-
quent, langage et pensée sont bien deux phénomènes distincts. Et si la traduction
est possible, c’est bien parce qu’il y a séparation des mots et du sens dans le cerveau
du traducteur !
Des neuropsychologues, dont J. Barbizet dès 1968, dans leurs études sur
l’aphasie en particulier, ont démontré l’existence dans le cerveau d’une aire du
langage spécifique qui, lorsqu’elle est atteinte, rend les sujets incapables de parler,
alors qu’ils conservent leurs capacités cognitives, un argument fort en faveur de la
dissociation du langage et de la pensée qui a été repris sous diverses formes et avec
diverses argumentations, entre autres par S. Pinker en 1994, ou par D. Laplane en
1997 et en 2005. Par ailleurs, de nombreuses études ont été faites sur des bébés, des
singes, des oiseaux, qui semblent montrer que le langage n’est pas indispensable à
un comportement raisonné (Weiskrantz 1988). Les neurosciences, avec les avan-
cées technologiques (IRM, tomographie par émission de positrons, etc.) affinent
la connaissance du fonctionnement du cerveau et vont aujourd’hui dans le même
sens. Alors que l’aire du langage est bien délimitée, on peut suivre aujourd’hui le
cheminement des pensées (et non les pensées elles-mêmes) dans les circuits neu-
roniques qui parcourent l’ensemble du cerveau.
Le Monde du 3 décembre 2014, dans son supplément Science & Médecine,
publie un article très sérieux intitulé « Transmission de pensée par connexion
directe entre cerveaux ». La lecture des pensées est effectuée grâce à un casque
d’encéphalographie, la transmission par internet et la restitution dans l’autre cer-
veau par un appareil de stimulation magnétique transcrânienne…Autant dire
que le système ne sera pas commercialisé demain ! Mais la raison pour laquelle
l’information vaut d’être mentionnée, c’est qu’il s’agit bien de communication non
verbale.
– à propos d’explicite et d’implicite
Toujours s’agissant de déverbalisation, j’ai, dans mon article ‘Implicite et explicite’
(1976), baptisé de ‘principe de la synecdoque’ le fait que la plupart des signifiants
mais aussi des énoncés explicites ne font jamais que désigner un tout composé non
seulement de l’explicite linguistique mais aussi d’une part d’implicite qui le com-
plète. Voici ce que j’écris :
Tout énoncé, par l’implicite conceptuel auquel il renvoie, est plus large que sa for-
mulation ne l’est en langue. Plus la compréhension de l’implicite est vaste, mieux
le sens se libère de la signification linguistique. (2014, 52)
De son côté, Seleskovitch, dans ‘Les mécanismes du langage vus à travers la tra-
duction’ (1979), insiste sur le fait que «l’apport de connaissances banales est im-
plicite dans les échanges quotidiens et se fait souvent à notre insu, mais il survient
obligatoirement chaque fois qu’il y a communication effective par le truchement
de la langue. » (2014, 350). La formulation explicite de tout texte est toujours ac-
compagnée du côté du locuteur d’un implicite, dont il s’attend qu’il sera comblé
par le récepteur, ce qui est le cas lorsque ce dernier dispose du bagage cognitif
pertinent.
C’est à peu près à cette époque que Seleskovitch découvre l’ouvrage de J. Searle
Expression and Meaning (1979), qui confirme certaines de ses idées sur ce que lui
appelle les ‘actes de parole’. Un peu plus tard (1985) parait en français Lector in
fabula de U. Eco. L’idée de l’existence dans tout discours d’un non-dit mais néan-
moins compris était dans l’air du temps, mais n’avait pas encore été appliquée à
l’interprétation ou à la traduction.
Cet implicite, ou plutôt les inférences effectuées par les récepteurs du discours,
ont un peu plus tard été étudiées très en détail, pour la communication unilingue,
par D. Sperber et D. Wilson dans leur ouvrage Relevance – Communication and
Cognition (1986) et par d’autres qui les ont suivis pour la traduction. Mais on peut
déplorer que, dans la mesure où les mêmes idées n’ont pas recours aux mêmes
explicites dans les différentes langues, les traductologues soient encore fort peu
nombreux à avoir mesuré la portée de ce phénomène pour la traduction, alors
qu’il explique les équivalences de textes et infirme clairement la possibilité d’une
traduction littérale généralisée
4. La réexpression
Quelques années plus tard, M. Snell-Hornby, dans son ouvrage de 1988, loin de
reprendre la division effectuée par la théorie interprétative entre correspondances
linguistiques et équivalences discursives, critique le terme et le concept d’équiva-
lence. L’usage mal défini qui en est fait est critiquable, mais M. Snell-Hornby ne
prend pas conscience de l’utilité d’une démarcation terminologique entre ce qui
est de la langue et ce qui relève du discours :
In this study, the view is also taken that equivalence is unsuitable as a basic con-
cept in translation theory: the term equivalence, apart from being imprecise and
ill-defined (even after a heated debate of over twenty years) presents an illusion of
symmetry between languages which hardly exists beyond the level of vague ap-
proximations and which distorts the basic problems of translation.
(1988/1995, 22)
à bien des discussions qui auraient pu être évitées à propos d’équivalence en tra-
duction …
Ceci dit, le volet reformulation, pour les textes de manière générale mais plus
particulièrement pour les textes littéraires, n’a véritablement été développé qu’à
partir des années 1990 par un autre disciple de D. Seleskovitch, F. Israël.
5. Le sens
J’en viens au sens, notion bien floue elle aussi et qui donne lieu à nombre de contro-
verses.
On nous a reproché de ne traiter que du sens purement notionnel que l’on ex-
trairait facilement des textes pragmatiques, alors que certains textes, et plus parti-
culièrement les textes littéraires déclenchent chez le lecteur des effets émotionnels ou
esthétiques. Il est vrai que, nos recherches portant essentiellement sur des discours
ou des textes pragmatiques, nous avons tardé à inclure dans le ‘sens’, en plus du
notionnel, le caractère émotionnel/esthétique qui transparait aussi parfois dans ces
textes ou discours. En 1979, D. Seleskovitch l’exclut encore expressément du cadre
de la théorie interprétative. Elle écrit : « (le côté esthétique de la littérature pose des
problèmes spécifiques de forme qui doivent être traités séparément).2 » (2014, 147)
Cependant, sous l’influence de certains de ses doctorants, son attitude change
peu à peu et en 1988, c’est-à-dire quelques années après la publication d’Interpréter
pour traduire, elle reconnait que la forme peut affecter le sens :
It is often believed that the difficulties met in translating literary works are due to
the necessity of reproducing an author’s style; but style stems from sense as much
as it contributes to sense; whatever the style of a written or oral utterance, as long
as it is meant as a message, that style will be part of the sense to be conveyed. It will
be reflected in the other language by style that is not a conversion of the original
style but by the expression of the translator’s understanding of sense (1988, 88)
2. Remarquez les parenthèses, qui semblent montrer qu’il s’agit d’un aspect qui ne l’intéresse
guère.
Enfin, dans ‘la compréhension d’une pensée à travers son expression’ (1982), elle
distingue, à propos du sens
trois plages sur lesquelles l’attention peut se fixer. La première est celle du sens
qu’un émetteur veut communiquer à autrui et qui est saisi spontanément par ce-
lui qui l’écoute avec le désir de le comprendre. Cette première plage inclut tous
les implicites charriés par les compléments cognitifs [déjà mentionnés] et exclut
tout ce qui chez l’émetteur n’est pas délibéré. La deuxième plage est celle de la
forme, support matériel du discours et de ses attributs sémantiques. Enfin il y a la
plage des intentions, du vouloir, de l’effet que le sujet parlant cherche à produire,
consciemment ou inconsciemment et de l’interprétation que l’auditeur donne à
ses motifs et à ses buts. (2014, 412)
Nous savons tous en effet que même les déclarations les plus factuelles publiées
dans les journaux peuvent, elles-aussi, donner lieu à la recherche des intentions de
Un mot encore à propos des retombées sur le langage de nos recherches sur l’inter-
prétation et la traduction. Elles sont traitées dans la troisième partie de l’ouvrage et
j’y ai fait allusion à plusieurs reprises à propos de traduction, car pour nous, la tra-
duction et l’interprétation sont des processus mentaux qui permettent d’étudier
le langage : « Le traductologue (…) prétend décrire les mécanismes de la compré-
hension en décrivant les mécanismes de la traduction.» (Seleskovitch [1979] 2014,
358) De mon côté, j’avançe en 1978 qu’étant donné que l’interprétation « implique
de nombreuses et complexes activité mentales, elle semble pouvoir ouvrir une voie
prometteuse à l’étude des processus de pensée qui jouent dans la compréhension
et dans l’expression du langage. » (2014,344)
J’ai déjà donné toute une série d’indications sur les retombées sur le langage
de nos études de l’interprétation et de la traduction. J’ajoute quelques points qui
n’ont pas encore été mentionnés :
Dans ‘la traduction simultanée, poste d’observation du langage’, article tiré de
l’étude empirique de l’interprétation simultanée effectuée pour ma thèse d’État
(1981), je démontre que la compréhension du langage n’est pas linéaire, qu’elle
ne s’effectue pas mot après mot, mais qu’elle surgit par petites unités de sens, seg-
ments d’énoncés dont la longueur varie selon les connaissances préalables des ré-
cepteurs. Cette constatation est confirmée par F. Smith à propos de la lecture :
Si l’on essaie de lire un texte lettre à lettre ou mot à mot, on ne peut espérer com-
prendre. Il faut lire, à chaque fixation, la plus grande partie du texte possible, en
lui trouvant un sens. […] Un lecteur ne peut pas comprendre s’il lit moins de 200
mots à la minute car, dans ce cas, il perçoit les mots comme des unités isolées et
non comme des séquences chargées de sens. (1986, 42)
On comprend par unités de sens, mais celles-ci n’ont pas toujours besoin de sup-
port verbal complet. Dans ‘Les anticipations de la compréhension’ (1978), D.
Seleskovitch décrit les cas où l’auditeur comprend ce que veut dire le locuteur
avant que celui-ci ait terminé sa phrase. Il s’agit là d’un phénomène que nous
connaissons tous dans la vie courante et qui se produit aussi en interprétation. Un
collègue interprète-chercheur, Ghelly Chernov (2004) s’est longuement penché
sur la redondance des discours et sur les anticipations du sens, pointant la com-
binaison d’inférences linguistiques et cognitives faites par l’auditeur du discours.
Conclusion : les mots du discours n’ont pas toujours tous l’importance que cer-
tains leur donnent car ils sont parfois rendus superflus par le déjà-dit, le contexte,
la situation et les connaissances de l’auditeur/lecteur.
7. La pédagogie
Dans ce qui précède, j’ai abordé le contenu du premier chapitre « Qu’est-ce que
traduire ? », ainsi que celui du troisième chapitre « La traduction et le langage ».
Impossible de passer sous silence le deuxième chapitre intitulé « L’enseignement
de l’interprétation » qui pose les bases d’une pédagogie inexistante à l’époque.
L’article portant sur les ‘ Principes et méthodes de l’enseignement de l’inter-
prétation’ est une version améliorée de l’exposé fait par Danica Seleskovitch en
1965 lors du premier colloque de l’AIIC sur l’enseignement de l’interprétation.
A une époque où l’interprétation en tant que profession n’en était encore qu’à ses
débuts et où s’ouvraient quasiment tous les jours des ‘écoles d’interprètes’ attirées
par des débouchés prometteurs, l’enseignement était souvent dispensé par des
professeurs de langues sans expérience de l’interprétation ou, au mieux, par des
professionnels de l’interprétation sans expérience de l’enseignement. Consciente
du problème, D. Seleskovitch proposait dès 1965 un plan de cours sur deux années
au niveau appelé aujourd’hui Master. Exercices pratiques et principes théoriques
s’y mêlaient harmonieusement. Elle écrit:
Les explications théoriques et les exercices progressent du facile au difficile et
doivent permettre aux étudiants de passer, du niveau où ils se trouvaient à leur
entrée à l’école, à un plan de connaissances générales, de capacité intellectuelle,
Les quatre articles qui composent ce chapitre représentent une première esquisse
de La Pédagogie raisonnéede l’interprétation, ouvrage qui nous a été commandé en
1989 par le Service Commun Interprétation Conférence (SCIC) de la Commission
européenne, et dont une version élargie est parue à sa demande en 2002.
8. Conclusion
Interpréter pour traduire est écrit sans jargon, dans un langage clair et simple.
C’est aussi un souci de clarté qui nous a poussées à normaliser notre termi-
nologie. En effet, nos étudiants se heurtaient souvent, lors de la lecture d’ouvrages
traductologiques, à des difficultés de compréhension provenant du flou de cer-
tains termes fréquemment utilisés dans cette littérature. C’est ainsi que nous avons
été amenées à faire une distinction nette, dès la deuxième édition d’Interpréter
pour traduire en 1986, entre ‘langue’ et ‘discours’, entre ‘signification linguistique’
(meaning) et ‘sens des discours’ (sense) et évidemment, comme je l’ai dit plus haut,
entre ‘correspondance’ et ‘équivalence’. Il est permis de se demander si bien des in-
compréhensions, et même des controverses entre traductologues du monde entier
ne seraient pas évitées, si ces distinctions étaient adoptées par tous !
Depuis la première parution de l’ouvrage en 1984, qui décrit les grandes étapes
du processus, la traductologie a pris son essor ; certains modèles ont étudié le
processus de la traduction plus en détail ou sous d’autres aspects. Aucun de ces
modèles, cependant, ne contredit ni n’invalide la théorie avancée dans Interpréter
pour traduire. En revanche, la théorie a été enrichie et élargie vers la traduction
écrite par J. Delisle, puis vers la traduction littéraire par F. Israël, vers l’interpréta-
tion en Langue des Signes par Ph. Séro-Guillaume, et de nombreux ouvrages ont
été publiés après 1984, qui s’appuient sur la théorie interprétative pour étudier des
aspects particuliers de la traduction. Je pense entre autres à Théorie du langage –
Théorie de la traduction de C. Laplace (1994), à La Traduction des jeux de mots de
J. Henry (2003), à Lire pour traduire de F. Plassard (2007), à la Poétique du récit
traduit de G. Roux-Faucard (2008). D’autres vont bientôt suivre dans la collection
des Cahiers Champollion chez Lettres Modernes Minard qui, après la disparition
du regretté Michel Minard, a été reprise par les Classiques Garnier.
La théorie que propose ce recueil est une théorie explicative, d’où d’ailleurs le
fait qu’elle a conquis les praticiens et qu’elle a en outre des retombées précises et
très bénéfiques sur la pédagogie de la traduction, puisqu’elle décrit et expose aux
Références
Seleskovitch, Danica. 1981. “Introduction”, in Comprendre le langage, éd. par Jacques Barbizet,
Maurice Pergnier et Danica Seleskovitch, 9–15. Paris : Didier Érudition.
Seleskovitch, Danica 1987. “Technical and literary translation, a Unifying View” ITI Conference
2, 83–88. London: Aslib.
Seleskovitch, Danica et Marianne Lederer. 1989/2002. Pédagogie raisonnée de l’interprétation.
Luxembourg : OPOCE et Paris : Didier Erudition.
Smith, F. 1986. Devenir lecteur. Paris: Armand Colin.
Snell-Hornby, Mary. 1988/1995. Translation Studies – An integrated approach. Amsterdam: John
Benjamins.
Sperber, Dan and Deirdre Wilson. 1986. Relevance – Communication and Cognition. Oxford:
Basil Blackwell.
Van Dijk, Teun A. and Walter Kintsch. 1983. Strategies of Discourse Comprehension, New York:
Academic Press.
Weiskrantz, L., ed. 1988. Thought Without Language, A Symposium of the Fyssen Foundation.
Oxford: Clarendon Press.
Winograd, Terry. 1983. Language as a Cognitive Process, vol. 1. Reading, Mass. : Addison-Wesley.
Abstract
Interpréter pour traduire, first published in 1984, laid the foundation of the interpretive theory
of translation. A number of its findings are today being validated by cognitive scientists. The
fact that it remains quite topical explains why it was republished in 2014 by Les Belles Lettres.
Adresse de l’auteur
Marianne Lederer
2, square Jean-Baptiste Colbert
FR 92340 Bourg-la-Reine
France
marlederer@wanadoo.fr
Notes biographiques
Marianne Lederer is Professeur émérite at Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle (ESIT).