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UNIVERSITÉ

MOHAMMED V-RABAT
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES,
ÉCONOMIQUES ET SOCIALES- AGDAL

3ème année de la Licence en Sciences économiques


Parcours : Monnaie- Finance-banque
Semestre 5

IMF

Chapitre 4 :
La banque et la gestion des institutions financières

Année académique 2017-2018


Plan de séance
• Bilan d’une banque
• Structure des ressources et des emplois des banques
• Comment une banque réalise des profits
• Gestion du bilan
– Gestion des liquidités
– Gestion de l’actif
– Gestion du passif
– Adéquation du capital
• Niveau du capital et rentabilité des actionnaires
• Gestion du risque de crédit
• Analyse des impasses et des durations
• Activités hors-bilan

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Bilan d’une banque- Passif
Présente les ressources de la banque (fonds collectés).
– Dette envers la banque centrale et les autres établissements de crédit
– Ressources émanant de la clientèle : dépôts (dépôts mobilisables
par chèques, dépôts sans instruments de paiements).
– Titres de créance émis: titres du marché monétaire, certificats de
dépôts, emprunt obligataires.
– Provisions : les provisions sont destinées à couvrir la dépréciation
future d'un poste d'actif, en cas de matérialisation d'un risque.
– Dettes subordonnées: ne seront remboursées, en cas de liquidation,
qu'après les autres dettes.
– Capitaux propres : actions, bénéfices non distribués, réserves.

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Bilan d’une banque- Actif
Présente l’utilisation des ressources de la banque :
• Trésorerie et opérations interbancaires : Réserves (avoirs que les
banques détiennent en caisse, en compte à la banque centrale (réserves
obligatoires + réserves excédentaires), et dépôts auprès des
établissements de crédit (comptes de correspondants).
• Créances sur la clientèle : crédits à court et long terme, de trésorerie,
consommation, immobilier, équipement; créances commerciales :
escompte de lettres de change, comptes ordinaires débiteurs : facilités
de caisse, découverts.
• Titres détenus par les banques pour leur propre compte : titres de
transaction et de placement ainsi que les titres d’investissement.
• Valeurs immobilisées : prêts subordonnés, parts dans des entreprises
liées, immobilisations corporelles et incorporelles.

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Exemple du bilan d’une banque

Source: BCP 5
Exemple du bilan d’une banque

Source: BCP 6
Exemple du CPC d’une banque
En milliers de DH

Source: BCP
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Structure des ressources des banques
Evolution de la structure des ressources des banques, en milliards de dirhams

Source: BKAM
8
Structure des emplois des banques
Evolution de la structure des emplois des banques, en milliards de dirhams

Source: BKAM
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Exploitation bancaire
Comment une banque réalise des profits ?
• En vendant des dettes ayant des caractéristiques spécifiques
(liquidité, risque, montant, rendement, échéance) et en achetant
des actifs aux caractéristiques différentes.
Elle procède ainsi à une double transformation:
– une transformation d'actifs.
– une transformation d’échéances: la banque emprunte à court
terme pour prêter à long terme.
Exemple: transformer les dépôts d'un ménage (un actif du ménage)
en prêt hypothécaire à un autre ménage (actif de la banque).
• En vendant des services (gestion des paiements, traitement des
chèques, relevés bancaires, analyse de crédits) qu'elle facture à
ses clients.
• En effectuant des opérations de portefeuilles titres.

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Exploitation bancaire
Comment les banques gagnent et perdent des réserves?
• Quand une banque reçoit de nouveaux dépôts, ses réserves augmentent d’un
montant égal.
• Quand des dépôts sont retirés, elle perd un montant égal en réserves.
Bank A
Actif Passif
Réserves +100 Dépôts 100

Comment une banque réagit à une hausse de dépôts?


• une partie est conservée en réserves obligatoires
• l'autre partie sert à accorder des prêts
Bank A Bank A
Actif Passif Actif Passif
Réserves +10 Dépôts +100 Réserves +10 Dépôts +100
obligatoires obligatoires
Réserves +90 prêts +90
excédentaire

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Principes de gestion de bilan
La banque a quatre préoccupations principales en matière de
gestion de son bilan :
– Gestion des liquidités: s'assurer qu’elle a suffisamment de
réserves (liquides) pour rembourser ses déposants quand il y a
des mouvements de retrait des dépôts ;
– Gestion de l’actif: poursuivre un objectif de niveau de risque
faible et acceptable en acquérant des actifs avec un taux de
défaut réduit et en diversifiant les actifs détenus;
– Gestion du passif: acquérir des fonds à faible coût ;
– Adéquation du capital: décider du montant de fonds propres à
détenir et obtenir le capital désiré.

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Gestion de liquidité
• Gestion des sorties de dépôts en cas de réserves excédentaires
suffisantes :
• La banque n'a pas besoin de modifier les autres postes de son bilan
• Ex : taux de réserves obligatoires = 10% ; retrait de dépôts = 10

Avant retrait Après retrait

Actif Passif Actif Passif


Réserves 20M Dépôts 100M Réserves 10M Dépôts 90M
Prêts 80M Capital 10M Prêts 80M Capital 10M
Titres 10M Titres 10M

La banque perd 10 de dépôts et 10 de réserves excédentaires; mais


garde toujours 10M de réserves.

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Gestion de liquidité
• Gestion des sorties de dépôts en cas de réserves excédentaires
insuffisantes.
• Ex : taux de réserves obligatoires = 10% ; retrait de dépôts = 10

Avant retrait Après retrait

Actif Passif Actif Passif


Réserves 10M Dépôts 100M Réserves 0M Dépôts 90M
Prêts 90M Capital 10M Prêts 90M Capital 10M
Titres 10M Titres 10M

• A la suite du retrait de 10 des dépôts et donc de réserves, la banque se


trouve dans une situation difficile car elle doit répondre à la contrainte
réglementaire de 10% de 90M, mais elle n’a pas de réserves.
• Quatre options lui sont possible pour faire face à cette situation.

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Gestion de liquidité
1ère option : Emprunter auprès d'autres banques sur le marché
interbancaire

Avant emprunt Après emprunt

Actif Passif Actif Passif


Réserves 0M Dépôts 90M Réserves 9M Dépôts 90M
Prêts 90M Capital 10M Prêts 90M Emprunts IBF 9M
Titres 10M Titres 10M Capital 10M

• Cette opération coûte à la banque les intérêts sur cet emprunt au


taux interbancaire.

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Gestion de liquidité
2ème option : Vendre une partie de ses titres

Avant vente Après vente

Actif Passif Actif Passif

Réserves 0M Dépôts 90M Réserves 9M Dépôts 90M

Prêts 90M Capital 10M Prêts 90M Capital 10M

Titres 10M Titres 1M

• Cette opération coûte à la banque des frais de commissions et des coûts


de transactions ainsi que les intérêts sur les titres auxquels la banque
renonce = coût d'opportunité.

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Gestion de liquidité
3ème option : Emprunter auprès de la banque centrale

Avant vente Après vente

Actif Passif Actif Passif


Réserves 0M Dépôts 90M Réserves 9M Dépôts 90M
Prêts 90M Capital 10M Prêts 90M Emprunts BC 9M
Titres 10M Titres 10M Capital 10M

• Les emprunts des banques auprès de la banque centrale (opération de


refinancement qui coûte le taux directeur ou le taux marginal, selon les
modalités...)

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Gestion de liquidité
4ème option : Réduire le montant de ses prêts

Avant vente Après vente


Actif Passif Actif Passif
Réserves 0M Dépôts 90M Réserves 9M Dépôts 90M
Prêts 90M Capital 10M Prêts 81M Capital 10M
Titres 10M Titres 10M

• La réduction du montant de ses prêts :


– ne pas renouveler des prêts à court terme arrivant à échéance, au risque de
perdre des clients.
– vendre des prêts à d'autres banques moyennant une décote sur la valeur
nominale.

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Gestion de liquidité
La détention de réserves excédentaires est une assurance contre les coûts
associés aux mouvements de retrait des dépôts qui permet d’éviter :
– d'emprunter auprès d'autres banques
– de vendre des titres émis par l'Etat (réserves secondaires)
– d'emprunter auprès de la banque centrale
– de résilier ou de vendre des prêts

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Gestion d’actif
• La stratégie de gestion des actifs a trois objectifs principaux:
– Chercher des rendements les plus élevés possibles (sur les prêts et les
placements en titres)
– Réduire les risques.
– Préserver une liquidité suffisante.
• Pour réaliser ces objectifs, une banque peut utiliser quatre moyens:
– Trouver des emprunteurs qui paieront des taux élevés, et peu susceptibles de
faire défaut (examen sélectif pour réduire les problèmes d'antisélection).
– Acheter des titres à rendement élevé et risque faible.
– Diversification des risques : en achetant différents types d'actifs avec
corrélations négatives.
– Gérer la liquidité : décider du montant des réserves excédentaires, des titres
émis par l'Etat (réserves secondaires), en arbitrant entre liquidité et
rendement attendu.

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Gestion de passif

• Au niveau international, la gestion de passif n'était pas développée


avant les années 1960. Les banques considéraient leur passif
comme fixe.
– La plus grande partie des ressources étaient constituées de dépôts à
vue, non rémunérés ; pas de concurrence active en matière de taux
sur les dépôts;
– Le marché interbancaire était peu développé; possibilités limitées
d'obtenir d'autres ressources.
• Le même mouvement est constaté au Maroc à partir des années
90s, mais à un degré plus réduit.
• Les dépôts à vue constituent toujours une part importante dans le
passif des banques.

21
Gestion de passif

• A partir des années 1960 aux Etats-Unis puis en Europe plus tard
(particulièrement à partir du début des années 1980), le
développement des marchés de capitaux et l’apparition de nouveaux
instruments financiers (certificats de dépôts négociables) a
complètement modifié le comportement des banques au niveau de la
gestion du passif.
– flexibilité dans la gestion du passif, recherche de fonds au fur et à
mesure des besoins liés à la croissance de l'actif, au-delà du montant
des dépôts.
– les banques gèrent les deux côtés du bilan en même temps, dans des
comités de gestion actif-passif (ALM).
Conséquence: changements importants dans la composition des bilans
bancaires.

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Adéquation du capital
• Une banque doit avoir un ratio des actifs au capital adéquat pour la
protection des déposants et des actionnaires et pour réduire sa probabilité
de devenir insolvable.
Exemple: Deux banques ayant même actif, mais la banque (B) est
insuffisamment capitalisée.
Banque A Banque B
Actif Passif Actif Passif
Réserves 10M Dépôts 90M Réserves 10M Dépôts 96M
Prêts 90M Capital 10M Prêts 90M Capital 4M

Si on suppose que les deux banques enregistrent des créances en


souffrances de 5M, elles doivent être passées en pertes.

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Adéquation du capital
Si on suppose que les deux banques enregistrent des créances en
souffrances de 5M, les bilans des banques se présentent comme suit:
Banque A Banque B
Actif Passif Actif Passif
Réserves 10M Dépôts 90M Réserves 10M Dépôts 96M
Prêts 85M Capital 5M Prêts 85M Capital -1M

• La banque A supporte la perte. Sa valeur nette est encore positive.


• La banque B est en difficulté : sa valeur nette est négative.
• La banque B court le risque de tomber en faillite.

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Niveau du capital et rentabilité des actionnaires
• Taux de rentabilité des actifs ( ROA: Return on Asset) :
résultat net
𝑅𝑂𝐴 =
actif
– Ce coefficient permet de mesurer l'efficacité de la gestion de la banque en
matière de rentabilité des actifs: combien de bénéfices sont générés en
moyenne par unité d'actif.
• Taux de rentabilité financière (ROE: Return on Equity ):
résultat net
𝑅𝑂𝐴 =
Fonds propres
– Ce coefficient mesure la rentabilité du capital investi par les actionnaires.
• Il y a une relation directe entre ces deux coefficients, déterminée par le
multiplicateur de fonds propres noté EM (Equity multiplier), qui est
égal au montant d'actifs par unité de capital.
𝐴𝑐𝑡𝑖𝑓𝑠
𝐸𝑀 = ⟹ 𝑅𝑂𝐸 = 𝑅𝑂𝐴 𝑥 𝐸𝑀
𝐹𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒𝑠

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Niveau du capital et rendement des actionnaires
• Pour un ROA donné, moins la banque est capitalisée (plus EM petit), plus la
rentabilité du capital est élevée (ROE élevé).
Exemple :
• la banque A et la banque B ont le même ROA = 1%. 𝐸𝑀7 = 100/10 = 10 et
𝐸𝑀8 = 100/4 = 25
⇒ 𝑅𝑂𝐸7 = 10% et 𝑅𝑂𝐸8 = 25%

Arbitrage des actionnaires entre sécurité et rentabilité


• Un capital insuffisant augmente la probabilité de faillite.
• un capital élevé diminue la rentabilité de la banque (à ROA donné).
• En période difficile (probabilité élevée de défaut des emprunteurs), les
banquiers ont intérêt à augmenter le capital (baisser EM) pour mieux
protéger la banque.
• En période faste, ils ont intérêt à avoir un multiplicateur plus élevé
(baisser le capital) pour augmenter la rentabilité du capital.

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Niveau du capital et rendement des actionnaires
Profitabilité des banques au Maroc en %
ROE ROA

Source: BKAM
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Niveau du capital et rendement des actionnaires
Que peut faire une banque pour augmenter la rentabilité des fonds
propres (à rentabilité des actifs donnée) ?
– Diminuer le montant du capital en rachetant ses propres actions.
– Réduire le capital en payant des dividendes plus élevés.
– Accroître les actifs de la banques (emprunter en émettant des CD et
accorder de nouveaux prêts, ou acheter de nouveaux titres).
Que peut faire la banque B pour augmenter sa capitalisation ?
– Emettre de nouvelles actions;
– Diminuer les dividendes payés et accroître le résultat net inclus dans
le compte de capital
– Réduire les actifs en accordant moins de prêts ou en vendant des titres
pour réduire les dettes.
→ la réduction de l'actif des banques peut avoir des conséquences
macroéconomiques négatives (contraction du crédit) entraînant une baisse
de l'activité économique et une hausse du chômage.
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Niveau du capital et rendement des actionnaires
Exigences réglementaires de fonds propres:
• Les banques détiennent du capital à cause des exigences de la
réglementation.
• En application des règles de Bale III, l'autorité de supervision impose un
minimum légal du ratio de fonds propre.
• Au Maroc, BKAM a relevé le du ratio de solvabilité à 10% en 2008 puis
à 12% en 2013, avec l’instauration à partir de 2013
– d’un ratio de fonds propres de catégorie 1 de 9% et ;
– d’un ratio de fonds propres de base dit ”core tier 1” de 8%, (cf. cours
Réglementation).

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La gestion du risque de crédit
• Les banques doivent accorder des prêts qui seront intégralement
rembourser. Elles doivent surmonter deux problèmes:
– Antisélection : les personnes avec le plus mauvais risque de crédit ont
le plus de chance d'être sélectionnés.
– Risque moral : les emprunteurs sont incités à mener des actions
indésirables du point de vue du prêteur.
• Les banques et IF doivent surmonter ces problèmes qui rendent les
défaillances plus probables via :
– Sélection et screening
– surveillance
– établissement de relations de long terme
– engagements de financements
– collatéral
– rationnement du crédit.

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Sélection et surveillance
Sélection:
• Pour éviter le problème d’antisélection, la banque doit trier les
bons risques des mauvais à travers la collecte de l’information
fiable sur ses clients particuliers.
– clients particuliers : niveau du salaire, charges, biens, âge,
relevés de prêts et d’amortissement, etc.
– entreprises : comptes passés et prévisionnels, plan de
financement, projets futurs, façon dont le prêt sera utilisé,
etc.

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Sélection et surveillance
Spécialisation des prêts:
• La banque se spécialise dans le financement d’entreprises locales ou
d’entreprises appartenant à des secteurs spécifiques connus des
banques et ne présentant pas de risque de remboursement.
• Permet à la banque d'améliorer sa connaissance d'un secteur, et de
mieux prédire les risques de défaut de certaines entreprises.
Surveillance et application de clauses restrictives:
• Permet de réduire le risque moral de l’emprunteur en l’empêchant à
utiliser les prêts dans des activités incertaines et en l’obligeant à
respecter les clauses prévues dans le contrat de crédit.

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Relations de long terme
Les relations de clientèle à long terme présentent un double avantage:
1er avantage :
– Permettent à la banque de déduire le comportement de l’emprunteur à
travers l’historique des comptes détenus chez elle (activité passée,
liquidité de l’emprunteur, incidents de paiement, relevé de ses
remboursement, ouverture d’autres comptes…);

2ème avantage :
– Elles permettent aux clients, mieux connus, d’emprunter plus tard plus
facilement, et bénéficier de taux préférentiels.
– Elles permettent à la banque de limiter le risque moral non anticipé. Le
client est incité à éviter les activités risquées qui perturberaient la
banque (même si ces activités ne sont pas explicitées dans les clauses
restrictives du contrat)

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Engagements de financement
Les engagements de financement ou conventions de crédits permettent
de créer des relations de long terme avec des clients professionnels:
– la banque offre un engagement de financement = promesse
contractuelle de fournir des prêts à une entreprise, pour une durée
déterminée et selon un taux d'intérêt lié aux taux de marché.
– L'entreprise dispose d'une source de crédit en cas de besoin, mais
s'engage à fournir à la banque des informations sur ses comptes et
son activité.
• la banque bénéficie de la réduction des asymétries d'information et
des coûts de collecte d'information et de sélection.

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Collatéral et dépôt de garantie
• Le collatéral correspond aux actifs confiés au préteur pour compenser
la défaillance de l’emprunteur. Ces actifs peuvent être vendus en cas
de défaut de paiement de l'emprunteur.
• Dépôt de garantie : une entreprise qui contracte un emprunts auprès
d’une banque doit conserver une somme minimale réglementaire de
ces emprunts dans son compte de dépôt.

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Rationnement du crédit
Refuser d'accorder des prêts, même à des emprunteurs qui sont prêts à
payer un taux d'intérêt donné, ou plus élevé. Ce rationnement peu
prendre deux formes:
1ère forme : refus d'accorder un prêt à un emprunteur, quelque soit le
montant et quelque soit le taux d’intérêt que celui-ci est disposé à
payer.
– pourquoi ne pas accorder un prêt à un taux plus élevé ?
– Antisélection => les plus risqués sont prêt à payer plus cher...
– Monter le taux accroît le problème d‘antisélection (accroît la
probabilité de prêter à de mauvais risque).
2èmeforme : accorder un prêt d'un montant inférieur à celui souhaité par
l’emprunteur, pour se préserver du risque moral en forçant l'emprunteur
à augmenter son apport personnel et à ne pas prendre de risque
excessif.

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Gestion du risque des taux d'intérêt
• Si une banque possède plus de dettes que d'actifs sensibles aux taux,
une hausse du taux d'intérêt réduit son profit, une baisse des taux
l'augmente.
Application:
Le bilan consolidé d’une banque se présente ainsi:
Actif Passif
Actifs sensibles 20M Dettes sensibles aux 50M
aux taux d'intérêt taux d'intérêt
Actifs à taux fixes 80M Dettes à taux fixes 40M
Capital 10M

On suppose que les actifs à taux sans risque sont détenus jusqu’à
l’échéance, montrer comment le profit de la banque réagit à une hausse
des taux d’intérêt de 2 points (de 5% à 7%), puis à une baisse
équivalente de ces taux?

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Analyse des impasses et des durations
Méthode simple des impasses comptables
• Dans cette méthode, le montant des dettes sensibles aux taux d'intérêt est
soustrait du montant des actifs sensibles aux taux.
• Reprenons les données de l’exemple précédent : l'impasse (ou gap ) est
égale à –30M.
• En multipliant le gap par la variation du taux, on trouve l'effet sur le profit
: impasse (–30M) x variation du taux (2%) = variation du profit (–600k).
Cette analyse peut être menée avec plus de précision:
• Une analyse en terme d’impasses temporelles (gaps temporels): mesurer
l’impasse pour différents intervalles de maturités de manière à calculer les
effets des variations de taux sur des périodes pluriannuelles, puisque tous
les actifs et toutes les dettes à taux fixe n'ont pas la même maturité.
• Une analyse en terme d’impasses standards : prend en compte différents
degrés de sensibilité aux taux pour différents actifs et dettes sensibles aux
taux.

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Analyse des impasses et des durations
Méthode alternative : analyse des durations
• La duration (de Macaulay) mesure la durée de vie moyenne des flux
actualisés de paiement d’un titre. C’est la moyenne des dates de paiements
pondérées par les cash-flows (CF) actualisés d'un titre :
n Où t = durée restant jusqu'à la date
å t
t .C .(1 + i ) -t du paiement du CF
C(t) = paiement à la date t
D= t =1
n i : taux d'intérêt actuariel
å C .(1 + i)
t =1
t
-t
n= durée restant à courir
jusqu'à maturité
• La duration peut être utilisée pour estimer la sensibilité la valeur de
marché d'une obligation à la variation du taux actuariel.
• La duration modifiée (ou la sensibilité) : D
DUR∗ =
𝟏 + 𝒊
La duration modifiée permet d’estimer la variation en pourcentage du prix
d'une obligation en réponse à une variation de 1 point de pourcentage du
taux actuariel.
∆P
= −DUR∗ 𝒙 ∆𝒊 39
𝑷
Analyse des impasses et des durations
Exemple:
Soit une obligation, d’une valeur nominale de 1 000, a une maturité de 5
ans. Le taux de coupon est de 5 % et un taux actuariel de 7%.
– Calculer la duration de cette obligation.
– Calculer la duration modifiée.
– Déterminer la variation en % du prix de cette obligation si le taux
baisse de 2%.

40
Analyse des impasses et des durations
Application au bilan d’une banque:
Actif Passif
Actifs 100M Dettes 90M
Capital 10M

La duration moyenne des actifs de la Banque est de 5 ans (la durée de vie
moyenne des revenus est de 5 ans), tandis que la duration moyenne des
dettes est de 4 ans.
Calculer l’impact d’une hausse de 2 points du taux d'intérêt sur le bilan
(pour un taux actuariel de 7%).
∆P
= −DUR∗ 𝒙 ∆𝒊
𝒑
I
– %∆P des actifs = - ∗ 2% = - 9,35% (soit une baisse de 9,35M)
J,LM
N
– %∆P des dettes = - ∗ 2% = - 7,48% (soit une baisse de 6,73M)
J,LM
– Ainsi, la baisse de la valeur nette est 2,62M.
41
La duration et la maturité d’une obligation
duration Vs. maturité Propriétés :

1. La duration d'une obligation à


coupon zéro correspond à son
échéance.
2. A maturité constante, la duration
d'une obligation est plus faible
lorsque le coupon est plus élevé.
3. A coupon constant, la duration
'une obligation généralement
augmente avec la maturité.
4. Tenir d'autres facteurs constants,
la duration est plus élevée lorsque
le taux actuariel est inférieur.
JOP
5. La duration d'une perpétuité =
P

Source: Zvie Bodie et al. (2014), Investments

42
Duration et Convexité
• La duration est une bonne approximation pour de petites variation dans le taux
d’intérêt, mais elle est moins précise pour les variations plus importantes en raison
de la convexité de la relation entre le prix et le taux actuariel d’une obligation.
• Tenant compte de la convexité la formule de la duration est donnée par:
∆P 𝟏
= −DUR 𝒙 ∆𝒊 + x Convexité x (∆𝒊)𝟐

𝒑 𝟐

Bond price convexity: 30-year maturity, 8% coupon bond; initial yield to maturity = 8%
Source: Zvie Bodie et al. (2014), Investments 43
Quelle stratégie pour gérer le risque de taux ?

• Si vous anticipiez une baisse des taux d'intérêt : ne rien faire (pour
bénéficier de la baisse attendue)
• Diminuer la durations des actifs, augmenter celle des dettes... mais cela
peut être difficile à court terme (reflet de la spécialisation de la banque)
• Utiliser des produits dérivés (contrats à termes, futures, options, swaps)
pour réduire l'exposition au taux sans modifier la structure du bilan
(chapitre suivant).

44
Activités hors-bilan
• Les éléments hors-bilan sont composés d'un ensemble de compte
retraçant des engagements qui ne donnent pas lieu à des flux de
trésorerie immédiats.
• On distingue les engagements reçus et les engagements donnés :
– engagements de financements envers la clientèle (confirmations de
crédits...)
– engagements de garanties (avals, cautions)
– engagements sur titres (que la banque doit livrer ou recevoir)
– engagements sur instruments financiers à terme (taux de change, taux
d'intérêt)
• Ces éléments sont générateurs de commissions et de risques
(engagements conditionnels...).

45
Comment les banques sont contrôlées?
• Les régulateurs effectuent généralement un examen sur place de chaque
banque au moins une fois par année
• Ils évaluent la conformité de la banque à la réglementation en vigueur et à
sa situation financière
• Ils surveillent périodiquement les banques à l'aide de systèmes de
surveillance informatisés
• Ils surveillent les banques afin de déceler toute déficience grave afin
qu'elles puissent corriger les défaillances avant que la banque ne tombe en
faillite.
• Les régulateurs évaluent les banques sur la base de six caractéristiques
(rating CAMELS):
– Capital (adéquation des fonds propres)
– Assets (qualité des actifs)
– Management (qualité de la gouvernance)
– Earnings (rentabilité des fonds propres et des actifs)
– Liquidity (liquidité)
– Sensibilité (aux conditions défavorables du marché de capitaux) 46

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