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Chapitre 1

L’APPROCHE SEMIOLOGIQUE
La sémiologie s’interroge sur le comment de la production du sens.
1. Apparition et développement de la sémiologie moderne
1. Historique
• Antiquité : sémiologie = étude des symptômes en médecine. Signes = symptômes = preuves = indices. Le
quoi > le comment.
• Les philosophes réfléchissent au langage. Constante : fonction d’échange et matérialité du signe.
• Dans le bouillonnement intellectuel et artistique du début 20ème, apparition du terme : science générale des
signes. Pères de la sémiologie : le logicien Peirce (1839-1914) et le linguiste Saussure (1857-1913).
• Pour Saussure, la langue est un système de signes exprimant des idées. Opposition langue (= stock) à parole
(= performance). Autres signes que ceux de la langue. La linguistique n’est, pour lui, qu’une partie de la
sémiologie. (après Barthes, cela se discute aujourd’hui : voir ci-dessous).
• Pour Peirce, the Semiotics se propose de classer et d’étudier le mode de fonctionnement de tous les signes.
Connu et reconnu tardivement. En Europe, surtout après 1970 !
• Postérité américaine de Peirce : Ch. Morris. Trois branches :
a.la sémiotique pure (linguistique et philosophie du langage),
b.la sémiotique descriptive (comportements et non-verbal) ,
c.la sémiotique appliquée (pragmatique, rapports signe-individu)
• Postérité européenne de Saussure :Deux écoles. Les orthodoxes : sémiologie de la communication utilisant
des codes comportant un nombre fini d’éléments. Les "souples" : sémiologie de la signification pour
lesquels un code peut être un système ouvert (Jakobson, Hjemslev).
• Premiers sémiologues français de la signification : Roland Barthes et Christian Metz.
• Italiens Emilio Garroni et Umberto Eco.
1. Sémiologie/sémantique
• Distinction sémiologie et sémantique.
• La sémantique étudie la question du sens même, son évolution, ses changements, sa structure = le sens
susceptible d’être produit par la langue, les signifiés (en diachronie ou en synchronie) : le produit du
système sémiotique.
• La sémiologie étudie les systèmes de signes et les processus de signification et d’interprétation, les relations
signifiant-signifié, le fonctionnement du signe, linguistique ou non : le système en soi.
1. Sémiologie/sémiotique
• Les deux termes continuent d’être employés. L’usage : sémiotique = philosophie du langage et sémiologie
= étude de langages particuliers (image, cinéma, etc.)
• Sémiologie de l’image : deux activités à distinguer.
a.donner des éléments de la théorie de la signification par l’image (= sémiotique spécifique)
b.donner des éléments d’une méthode d’analyse de l’image (= outils de la sémiotique appliquée)
1. De l’écrit à l’image
Nombreuses prises de position qui opposent violemment la communication par le texte à la communication
par l’image. Procès implicite : l’image est menace le langage, la personne, la pensée ! Débat moralisateur et
même apocalyptique ! Il faut critiquer ce mauvais procès.
1. Image/langage
• Première idée reçue : A) l’image évacue le langage verbal et le rend caduc.
• Réfutation de A) : tout système de signes se mêle de langage verbal ; presque aucune image ne peut
fonctionner sans le verbal, même le cinéma muet (ou sourd comme l’appelle Chion), la peinture ou la photo
de famille. Nous sommes encore et plus que jamais dans une civilisation de l’écriture. (R. Barthes)
• Seconde idée reçue : B) le langage verbal domine tout langage (y compris visuel) car comprendre, c’est
dire et nommer.
• Réfutation de B) : Pour Barthes, percevoir une signification nécessite le recours au langage verbal. Pour
Metz, la nomination d’une chose perçue achève l’acte de perception. En fait, pas de pensée sans langage.
Penser n’est pas un processus incorporel qui apporte vie et sens au parler et que l’on puisse détacher de la
parole. (Wittgenstein) Donc, contrairement à la proposition de Saussure, la sémiologie est une partie de la
linguistique. (Barthes). Le débat sur ce point théorique reste vif (Cf. théories gestaltistes d’Arnheim).
• Conclusions :
A.Le langage verbal n’est pas le tout de la communication ;
B.Le langage verbal reste un outil privilégié de la pensée achevée ;
C) L’image mobilise toutes les parties du cerveau et échappe en partie au langage verbal.
1. Limites de la sémiotique
• La lecture des messages visuels met en œuvre différents niveaux : sensible, perceptif, affectif, intelligible.
Les niveaux ne se dissocient qu’artificiellement dans l’analyse.
• Le sémiologue, c’est celui qui voit du sens où les autres voient des choses. (U. Eco) La sémiotique tente de
décrire un noyau minimal et collectif de sens induit. Elle ne rend pas compte de l’émotion esthétique, ni du
plaisir. Elle contribuera à la compréhension de l’expérience visuelle en verbalisant l’interprétation et en
empruntant ses outils à la linguistique, à la psychanalyse, à l’esthétique, à la sociologie, à l’histoire ou à la
philosophie.
1. A propos de l’image
• Définition consensuelle : " quelque chose qui ressemble à quelque chose d’autre ", représentation
analogique principalement visuelle (mais aussi images sonores, tactiles, etc.)
• En finir avec le mauvais procès fait à l’image. Ni plus ni moins manipulables que les textes, ni plus ni
moins aliénantes que les discours…
1. L’image pour le sémioticien
Multiplicité des sens du mot image. Variété des images. Mais spécificité de la communication par l’image.
En fait, l’image est un type particulier de signe.
1. La notion de signe
• Partir du sens commun : signes intentionnels (donner un signe d’amitié) et signes non-intentionnels
(nuages, signe de pluie). Signes perçus comme tels et signes " transparents ".
• Dialectique du présent/absent : quelque chose est perçu qui " parle " d’autre chose absent. Un signe est la
place de quelque chose d ‘autre = tenant lieu.
• Les signes sont la plupart du temps assemblés dans des réseaux interactifs.
• Les signes ont deux faces : une face perceptible (le signifiant) et la signification.
• Peirce : Un signe est quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose sous quelque rapport ou
à quelque titre.
• Le schéma dynamique du signe a trois pôles : le référent (= l’objet du monde), le signifiant (= la matérialité
perceptible du signe) et le signifié (= le concept associé).
1. Propositions de classification des signes
• Multiples propositions de classification des signes.
• Classification de Peirce. Selon le type de rapport entre le signifiant et le référent :
a.les icones : relation de similarité, de ressemblance. Mêmes propriétés que le référent = dénotation. (les
signifiés dépendent en partie de l’observateur et des conditions de réception = connotations)
b.les indices ou index ou traces : relation de contiguïté physique = ombre, empreinte.
c.Les symboles : relation arbitraire = allégories, symboles, langage verbal.
• Classification de Sebeok. Complémentaire de celle de Peirce. Selon d’autres critères.
a.le signal qui appelle automatiquement une réaction chez le récepteur.
b.Le symptôme qui a des significations différentes pour l’émetteur et pour le récepteur.
c.Le nom propre dont le référent est une classe d’extension.
• Toujours tenir compte des différents aspects en fonction du contexte de manifestation.
1. L’icone et l’image
• Pour Peirce, l’image est une sous-catégorie de l’icone. Trois types d’analogie : trois types d’icones :
a.l’image (proprement dite) imite ou reprend certaines qualités de l’objet. L’image n’est pas nécessairement
visuelle.
b.Le diagramme : l’analogie entre signifiant et référent est relationnelle, ce sont les relations entre des éléments
de l’objet qui sont figurées (= cartes, organigrammes).
c.La métaphore : le parallélisme qualitatif. Cf. hypothèse de Barthes : on doit retrouver dans l’image toutes les
grandes figures rhétoriques. Pour Peirce, la métaphore est un mécanisme de substitution : analogie implicite
et comparative.
1. Vers la sémiologie de l’image
• Barthes, 1961 : La représentation analogique peut-elle produire de véritables systèmes de signes ?
• A cette époque, la sémiologie de l’image est inféodée à la linguistique. Insistance sur la continuité du code
analogique de l’image opposé à la discontinuité de signes discrets de la langue. Impossibilité de donner
alors naissance à la sémiologie de l’image.
• IL faudra Peirce et le GroupeMu (Traité du signe visuel, 1992) pour élaborer les outils de la sémiologie de
l’image.
1. Conclusion
• L’image est outil de communication, signe parmi d’autres, exprimant des significations par interprétation.
• L’image se caractérise par son mécanisme (= analogie avec le représenté) plus que par sa matérialité.
• L’image visuelle fixe n’est qu’une catégorie d’images : images sonores, tactiles, verbales, mentales…
• Il n’y a pas d’images pures : elles empruntent toutes aux mécanismes d’autres signes.
• S’exprimer par l’image, c’est choisir de mettre en action des types d’association spécifiques (analogique,
qualitatif, relationnel, comparatif)

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