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Festugière André-Jean, Tonneau R. M. Le Compendium Timaei de Galien. In: Revue des Études Grecques, tome 65, fascicule
304-305, Janvier-juin 1952. pp. 97-118;
doi : https://doi.org/10.3406/reg.1952.3262
https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1952_num_65_304_3262
(i) Cf. Libr. Propr. 13, p. 122.9 (Script. Min. II Mûller) : icspl των έ*ν τφ
Πλάτωνος Τιμαίω ιατρικώς ιίρημένων υπομνήματα τέτταρα, de plac. H. et ΡΙ.Ύ
ρ. 708.2 Μ. ταΰτα μέν ίκανα· περί χυμών εΐρηται. .., βΐμέλλομεν ...ίξηγεΐσθαι τα χατα
τον Τίμαιον ΐατριχώς β!ρημίνα, de tremore, VII 632.1 Kûhn περί μέν ouv τής
Πλάτωνος δόξης κατά την έξήγησιν των εν τφ Τιμα(φ γ (γραμμένων ΐατριχώς έπισχι-
ψόμεθα. La discussion de Schroder (ν. infra), pp. χ s., sur le point de savoir si
ce Commentaire médical s'inspire du Commentaire hypothétique de Posidonios
paraît entièrement vaine. Aussi bien l'auteur avoue (p. xi) : Praeterea Galtno,
ulpote medico sua arte dignissimo, opus non fuit aliorum commenlaria de rebus
medicinalibus consulere.
• (2) Cf. Libr. Propr. 13, p. 122.9 Πλατωνικών διαλόγων συνόψιως οχτώ.
(3) Deuxième édition latine de Galien, Venise^ 1550. Traduction corrigée dans
la ?e édition. Cf. B. 0. Schroder, Galeni in Platonis Timaeum Cemmentarii
Fragmenta, CMG, Suppl. I (Teubner, 1934), pp. xviu s.
(4) Fragments du Commentaire de Galien sur le Timée de Platon, Paris, Masson,
1848. ,
(5) Sur Taccord de la traduction latine et du texte grec, cf. Schroder, l. c,
p. xix.
REG, LXV, 195Î, n· 304-305. 7
98 A. J. FESTUGIÈRE
(1) Noter pourtant que la suite Rép. Tim. Lois est celle aussi des tétralogie»
VIH-IX.
(2) Ajouter Albinos, cf. infra, p. 101.
(3) Substantiel sennibilis a sans doute un cachet aristotélicien (W. ad loç.), mais
a été préparé par Tim. 35 a i τής αμέριστου ...ουσίας χαΐ της αδ περί τα
σώματα γιγνομέντ,ς μ*ρ(«της, cf. Albin. Did. M, p. 169.20 H. λέγων ούν είναι
τίνα νοητήν ούσίαν αμέριστον, χαΐ ίλλην π»ρΙ τα σώματα μιρκττήν ύπεβ-
τήσατο έμφαίνων, δτι Ικατέραςτών ουσιών ίνάπτεσθαι δύναται τ^ νοήσει (se. -^
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), Apul. de Plat. I 6, p. 88.1 Tb. ουσίας ...duas esse ait, per quas cuncta
gignantur mundusque ipse ; quorum una cogitatione sola concipitur, altéra sen·
sibus subici potest, p. 88.9 ss. et primae quidem subslantiae..., sbcundak substan-
tiae omnia quae informantur quaeque gignuntur etc. C'est donc une expression
courante chez les Platoniciens du n· siècle.
LE « COMPENDIUM ΤΙΜΑΕΙ » DE G ALIEN 101
2e axiome : ότου μεν ούν... ου καλόν 28 a 6-b 3 = Cause
«exemplaire.
Application au cas cfu monde : 6 δή πας ουρανός κτλ. 28 b 3 ss.
A la question ην άει η γέγονεν, on répond γέγονεν 28 b 8.
Preuves : ορατός γαρ απτός τε κτλ. 28 b 8-c 2.
Conséquence du 1er axiome : Puisque le monde γέγονεν, il a
un αιτών (quelque difficulté qu'on ait à connaître cet auteur) =
τφ δ' αυ γενομένω κτλ. 28 C 2-5.
Conséquence du 2e axiome : Puisque le monde est beau, la
Cause exemplaire est parfaite, donc immuable, donc
intelligible = τόδε δ' ουν πάλιν επισκεπτέον κτλ. 28 C 5-29 d 5.
Ajoutons que ce passage difficile, qui engage le problème de
l'éternité du monde, a été infiniment discuté depuis l'Ancienne
Académie (Speusippe, Xénocrate) et Aristote (de caelo) jusqu'à
Philopon et Simplicius, qu'au ne siècle, au temps même de
Galien, il est classique dans l'École, les uns penchant pour le
commencement dans le temps (Plutarque, Attikos), les autres
suivant l'interprétation de Crantor, en ce sens que γέγονεν
dénoterait seulement la dépendance dans l'être, que cette
dépendance soit éternelle (puisque la Cause elle-même est éternelle)
ou qu'elle ait commencé à un moment donné, cf. Proclus, I,
276.30 ss. (i).
Il est donc intéressant de voir quelle est ici la paraphrase
de Galien et s'il a pris position dans ce débat. C'est d'autant
plus intéressant que Galien a été, dans sa jeunesse, l'élève, à
Smyrne, d'Albinos (cf. P. W., VII 579.7), et qu'Albinos et
Apulée, Tun et l'autre disciples du platonicien Gaios, ont nié
le commencement temporel du monde, cf. Albin. Did. 14,
p. 169.26 H. όταν δε ειπη γεννητον είναι τον κο'σμον, ούχ ούτως
άκουστέον αυτού, ώς δντος ποτέ χρόνου, εν φ ουκ ην
*όσυ.ος* αλλά διότι άει.εν γενέσει εστί (Albinos lit donc το
γιγνόμενον uiv άεί Tim. 27 d 6) καΐ ε υ.» αίνε ι της αυτού
υποστάσεως άρχικώτερόν τι αίτιον (2), Apul. de Plat. 18, p. 91.12
Th. et hune quidem mundum nunc sine initio esse dicit, àlias
originem habere natumque esse, nullum autem eius exordium
atque ΐΝίτΐϋΜ esse iDEO, quod semper FUERiT ; nativum vero videriy
quod ex his rebus substantia eius et natura constet, quae nos-
cendi sortitae sunt quaiitatem. hinç et tangitur et videtur (ορατός
γαρ απτός τέ εστίν Tim. 28 b 8) sensibusque corporeis est obvius.
sed quod ei nascendi causam deus praestitit^ ideo immortali
perseverantia est semper futurus. Albinos et Apulée
maintiennent donc l'éternité du monde, comme, plus tard, Plotin et
son école (Porphyre, Jamblique, Proclus, cf. Procl. 277.8 ss.).
Galien simplifie l'argumentation de Tim. 27 d 5 ss.
Omettant le 2e axiome (Cause exemplaire), il établit d'abord le
syllogisme suivant :
Tout engendré dépend d'une cause : omne quod gignitùr etc.
[38.3.
Or le monde est engendré : mundus in generatione {versatur)
[38.10
<Donc le monde a une cause>.
γέγονε, dont le sens est équivoque — ou « est né, a été
produit à un moment donné » ou « est un être devenu, dépendant
d'une cause », cf. Aristote de caelol 10-12, 279 b 4 ss., Proclus,
I 279.30 ss. — est donc pris ici dans le sens de la dépendance
dans l'être.
Ce point acquis, Galien pose la question du commencement
dans le temps, 39.41 : Utrum autem ab aeterno fuerit (se. le
monde) an initium habuerit, in eis quae subsequuntur singu-
latim enarrat atque eius generationem initium habuisse dicit.
C'est une affirmation nette : Galien prend cette fois γέγονεν,
Πλατωνικός Άλβΐνος άξιοι κατά Πλάτωνα τον κόσμον άγένητον ίντα γενέσεως αρχήν
ϊχειν · ψ καί πλεονάζειν του όντως όντος (le monde a quelque chose de plus que
l'Etre vrai), εκείνου μόνως άεΐ δντος, τοϋ Si κόσμου -προς τφ αεί είναι καΐ γενέσεως
Ιχοντος αρχήν, Υν' ή καΐ άεΐ ών καΙ γενητός, ούχ οϋτως ων γενητός ως κατά
χρόνον — où γαρ άν ?|v καΐ άεΐ αν — άλλ' ώς λάγον έ*χων γενέσεως δια τ*,ν ε*κ
πλειόνων καΐ άνομο ίων σύνθεσιν, ήν ανόγχαΐον εις έλλην αΐτίαν αύτοΰ
της υποστάσεως (scripsi, coll. τί\ς αύτοΐ3 υποστάσεως ...αίτιον Alb. : την ύπόστασιν
codd.) αναπέμπε ιν πρεσβυτέραν (cp. άρχιχώτερόν τι αίτιον Alb.).
LÉ « COMPENDIUM ΤΙΜΑΕΙ ». DE GALIEN 103
άπ' αρχής τίνος άρζάρενος dans le sens d'un commencement dans
le temps. Ueius generationem initium habuisse dicit de Galien
s'oppose directement au hune quidefn mundum nunc sine rama
dicit d'Apulée. Quelle que soit l'opinion propre de Galien sur,
l'éternité du monde (1), il interprète ce passage du Timée dans
le sens d'un commencement temporel, au contraire de son
maître Albinos et d'Apulée, mais avec Plutarque et Attikos (2).
39.13 ss. Gomme on l'a vu plus haut (p. 101), après avoir
conclu que le monde γέγονε, et après en avoir donné la preuve,
(ορατός γαρ κτλ. 28 b 8), Platon en tire deux conséquences d'après
les deux axiomes : le monde a une Cause efficiente, quelque
difficulté qu'on ait à connaître l'Auteur du monde; le monde
étant beau, la Cause exemplaire du monde est nécessairement
le Modèle éternel (l'Intelligible).
De la première conséquence, Galien omet le point essentiel
(le monde γενητός a une Cause) pour ne mentionner que le,
secondaire (difficulté de trouver la Cause), mais cette fois par,
une citation littérale (Et dicit : « creatorem mundi etc.). On
observera en outre que cette citation vient brusquement
(initium habuisse dicit. Et dicit), et qu'elle n'a au vrai pas grand
sens une fois omis le point essentiel. Tout s'explique si l'on
songe qu'on a ici un locus fameux (Τον μεν ούν ποιητήν κτλ.
28 c 3) (3), indéfiniment répété sous l'Empire par les chrétiens
comme par les païens (4)■» . -,
Passons à la 2e conséquence, Tim. 28 c 5 ss. Platon raisonne
ainsi : (Étant donné, d'après 28 a 6, qu'il faut un Ouvrier et
un Modèle), ce modèle est-il le Modèle identiquement
immuable, c'est à dire le Modèle Intelligible (το κατά ταύτα καΐ ώβταύ-
2) DOXOGRAPHIES. .
Aétios, Box, 287.17 D. (περί αρχών) : Πλάτων... τρεις αρχάς,
τον θεον την ΰλην την ίδέαν. é δε θεός νους εστί του κόσμου κτλ.
Indéfiniment répété, soit qu'on emprunte au Ps. Plutarque:
LE « COMPENDIUM ΤΙΜΑΕΙ » DE GALIEN 107
(i) Cinq causes encore chez Proclus, in Tim., I, 3.22 D. : τό <$γαθ<ίν, τό νοητόν
•παράδειγμα, xà ποιούν, τό βϊδος {id in quo de Sénèque = «Ιδος ?νυλον), τήν ôicoxei-
μένην φύσιν.
LE « COMPENDIUM ΤΙΜΑΕΙ » DE GALIEN 109
(1) Sur ce passage 57.14 W., cf. Walzer ad loc. etpraef. pp. 9-10.
(2) P.- 9.17 m.
LE <( COMPENDIUM ΤΙΜΑΕΙ » DE GALIEN 111
(1) Elle remonte bien au limit (l. c.) et ne doit être confondue ni avec la
division stoïcienne τό ποιούν — to ιτάσχον (ν. gr. Si. V. F., 1, p. 84.5 ss.), ni avec
celle d'Aristote το τί ivn — ή δλτι Met. A 6, 988 a 7 (cité supra p. 110).
112 A. J. FEST13G1ÈRE
•
δντα, παραίτια δε και τοις άλλοις του είναι τοιαύτα Ικαστα, οϊαπέρ έστι.
κατά την προς αυτά ομοιότητα (cp. Alb. Did. 167.4 της ιδέας ούσης
αιτίας αρχήν του είναι Ικαστον τοιούτον, οίον αύτη υπάρχει). Ascfe-
pius 14, 313. 5 : inerat mundo spiritus, sed non simïliter ut dep·
NEC Deo haec de QuiBus MUNDos = « le souffle était dans la
matière, mais non pas de la même façon qu'il était en Dieu ou
qu' étaient en Dieu les principes d'où le monde a tiré son orï-
gine ».
Les Idées une fois assimilées aux pensées de Dieu, il n'était
pas difficile de mettre en Dieu aussi le mobile (propositumt
Sen. 65, 10) qui le fait agir et qui est sa propre bonté. Dieu
est le Démiurge et il est bon : αγαθός ήν Tim. 29e 1. Théo-
phraste lie la cause efficiente à la δύναμις de Dieu H du Bien.
\? Asclepius hermétique dit (c. 8, 305.8 N.-F.) : ergo ut tantus
et bonus, esse voluit alium, etc. Ce même Asclepius nous
montre qu'au ne (ou 111e) siècle, .la yolonté de Dieu est tenue
pour identique à sa bonté : 20 (321 .9) Hic ergo^ solus ut omnia,
... semper voluntatis praegnans suae, paru semper quicquid
voluerit procreare. Voluntas eius est bonitas omnis. 26 (330. 2 ss.)
deus ...voluntate sua, quae est dei benignitas. (331.13J Dei
enim natura consilium est voluntatis. — Bonitas summa consi-
lium, ο Trismegiste? — ■ Voldntas, ο Asclepi, consilio nascùur...
Vull autem omnia bona... Omnia autem bona et cogitât et vulL
Comme d'habitude, notre auteur n'est pas clair. Comme
d'habitude aussi, il est un précieux témoin sur les questions
disputées de son temps. De ce nombre est le problème voiuntas
(dei) = bonitas (dei). L'interrogation même du disciple
(Asclepius) le prouve. C'est en ce temps un dogme reconnu que la
voiuntas de Dieu s'identifie à son action créatrice (cf. 8,305.12
voiuntas etenim dei ipsa est summa perfectio), en ce que
vouloir et accomplir coïncident dans le cas de Dieu. Si
Dieu est donc essentiellement activité créatrice, sa voiuntas
exprime son essence : dei ènim natura consilium est voluntatis.
Mais alors, demande Asclepius, en raison évidemment d'un
problème d'école, mais alors, « ce conseil (du Vouloir Divin)
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414 A. J. FESTCG1ÊRE
(1) Sur les ressemblances avec Plutarque {de an. procr.), cf. W. ad 43.10 et
praef., p. 10.18 ss. Je doute qu'il faille ranger Albinos dans la même catégorie
{Did. 13, 169.3 laisse le problème ouvert, sans préjuger le fond : matière mue par
elle-même (mais sans âme), matière mue par une âme). Albinos nie le
commencement temporel (supra, p. 101) et les deux δόξαι vont ensemble.
(2) M. W. ne se prononce pas, cf. praef. p. 12.
(3) G. résume en cinq lignes le discours aux dieux {Tim. 41 a 7 ss.), cf. 48.1 ss.
Deindedixil : Deus... angelis (interprétation arabe des dieux inférieurs) orationem
communem habuit {dicens) etc. On comparera, en contraste, l'abondance des
descriptions (mélange dans le cratère) et des discours dans la Korè Kosmou
hermétique. — 6. résume en deux lignes la belle conclusion Tim. 90 a 2-d 7, cf. Gai.
94.38 s. Inter homines autem felix is est in quo haec anima (le νους, dit δαίμων
σύνοιχος) fortissima et compositissima animae specierum (se. pleinement mat-
tresse du θυμός et de Γβπιβυμητ;χό*ν) invenitur. Sécheresse bien significative,
quand on songe à l'immense influence de ce texte sur le mysticisme païen.
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